Un vrai bonheur…

15 septembre 2012
Pur bonheur...

Pur bonheur...

Savoir, penser,rêver. Tout est là

Victor Hugo

Terre valaisane, terre d’amis…

13 septembre 2012
Les Alpes soupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Les Alpes saupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Il m’est difficile de réaliser que je suis arrivé en Suisse romande pourtant ce n’est pas un rêve mais bel et bien une réalité. Une nuit sous un toit d’amis change les données, le partage, les retrouvailles, un pur bonheur. Ce matin je pars pour plus de 100km de route mais cette journée sera bien différente des autres ! Pour commencer, Maurice voisin de mes hôtes Juliette et Alex, passionné par le cyclisme, à ma grande surprise a sorti son vélo pour m’accompagner sur un bout de chemin. Plus de carte à contrôler je n’ai qu’à suivre. A Vevey on se dit au revoir et je poursuis. Au bout du Léman je fais une pause café, les montagnes sont saupoudrées de blanc, l’automne semble vouloir prendre sa place. Je vois que la presse romande est lue, une dame me félicite pour mon parcours sans que la connaisse. Le vent est dans le bon sens et il prend de la force, je suis la piste cyclable qui, à la différence des allemandes ou alsaciennes, est super bien indiquée. J’ai un rendez-vous dans quelques kilomètres alors je ne veux pas perdre de temps. Trop de pommiers pour ne pas être tenté, j’en chipe une, mais de la haut on m’a vu et l’on me puni ! Je perds ma veste de pluie, vert pomme ! Je peste, je râle, c’est inadmissible, dans un coin isolé égaré ce type de vêtement pourrait être fatale. Il faut que je reste concentré mais je sais ce qui m’attend ce soir, j’en perds les pédales ! Au nord de Martigny, je m’égare, tête en l’air, le cabochard aujourd’hui !!! Par téléphone je retrouve mes potes, que d’émotions, puis des autres arrivent. Je suis aux anges. Alex, Ricky, Yves et sa compagne m’escortent. Crans-Montana comme éclaireur, un sacré privilège. Ils retrouvent la piste et vent dans le dos nous filons vers Sion. On papote, on échange, je ne sens même plus les kilomètres parcourus. Le voyage partagé, c’est un peu comme faire un gâteau pour les personnes qu’on aime. « C’est Jo Zef qui m’a soufflé cette comparaison ». Ce soir je suis hébergé par d’autres amis, alors on m’accompagne jusqu’au moment où par hasard Gilles et son fidèle Taïko nous doublent en voiture, plus besoin de chercher l’adresse il n’y à qu’à suivre. 107 km de bonheur pour arriver au nord de Sion, l’équipe de Crans-Montana me laisse, on se reverra samedi pour une belle soirée en perspective. Gilles me loge dans sa maison d’enfance et repartira ce soir pour son refuge au lac de Tseusier. Vous allez vous dire : mais il va encore être seul , l’aventurier à cloche pied. Eh ben NONNNNNNNNNNN !!! Ma princesse arrive et ce soir après plus de trois mois d’absence nous allons enfin nous retrouver. Vous avez bien compris que demain matin je ne reprendrais pas la route, un long week-end en perspective pour un finish en beauté, comme l’île !!! Demain matin nous monterons au magnifique alpage du Rawil et Gaby ancien stagiaire de Bout de vie fera le déplacement, si cela vous tente vous êtes les bienvenus. Le lien du gîte de la Lourantze.

PS: 4300km  en trois mois depuis Mehamn pour arriver en Valais, les mascottes se demandent si en avion on n’aurait pas fait plus vite !!!

A pluche…

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

La liberté et ses limites…

12 septembre 2012
12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

Jour de repos, si on peut dire, les grandes villes m’usent plus qu’elles ne me ressourcent. Ce qui est sur c’est que je ne suis pas en selle et mes jambes se reposent un peu. Alex m’a organisé une rencontre média, la suisse romande est toujours friande de mes aventures. Puisque je suis en stand by je vais essayer de répondre aux questions de Jean-Luc. Liberté où est la limite ? Un vaste sujet défendu depuis la nuit des temps. Si hier j’ai fait cet arrêt devant ce palace où j’avais donné une conférence il y  a deux ans, c’est juste par curiosité. Curieux de voir que j’avais été reçu en « héros » pour débattre du dépassement de soi, au petit soin, toutes les meilleures attentions m’avaient été apportées. En arrivant avec mon vélo poussiéreux et surchargé, les agents de sécurité de l’hôtel ne pouvaient se permettre de laisser ce nomade devant leur établissement de luxe. L’apparence défini de suite la personne. L’enveloppe a plus d’importance que le contenant. La limite n’est qu’une question d’habit et de présentation. Libre, oh, oui !  En connaissant la faiblesse et la limite des gens  on peut s’en servir à bon escient et devenir un électron LIBRE. Liberté de ne pas être dépendant de cette sorte de « luxe » car un 5 étoiles à mes yeux n’a pas la qualité d’hébergement qu’aura une plage isolée du golfe de Botnie. Libre de pouvoir choisir est le plus grand luxe qui existe à mes yeux. Pour le sujet de la Birmanie, la fin d’une dictature a son revers de médaille. Pour l’opprimé oriental, l’occident représente le must de la liberté et ses produits sont synonymes d’évasion. Si la grande marque US de soda va s’implanter ce n’est pas pour apporter de la liberté au birman mais pour créer le besoin et la dépendance. Le sucre rassure autant qu’il empoisonne le corps. La limite de la liberté est sur le fil du rasoir, déguster un hamburger en Asie pourquoi-pas, en devenir adicte, là est le danger ! Il est rassurant de parcourir le monde et manger pareil d’Istanbul à Pékin, les fast-foods, de dormir dans le même confort de Manille à Buenos-Aires, les grandes chaînes d’hôtels, de regarder le même programme TV dans sa langue, je ne parle pas d’Internet qui robotise une grande part de la jeune génération. Tout a sa limite, à chacun de la trouver. Liberté de pouvoir s’en passer comme le fumeur qui stoppe du jour au lendemain. La Birmanie va bénéficier d’un grand rush des trusts du monde entier qui vont amener leur part de « rêve » mais le revers de la médaille va une fois de plus être violent. La liberté c’est de savoir se passer de l’indispensable. Une retraite en terrain isolé fait apprécier le retour au « confort ». Le black-out d’une ville fait redécouvrir à l’urbain la joie d’une veillée, le manque de pitance ne permettra plus au consommateur de mettre à la poubelle de la nourriture encore comestible. Le tout est de savoir naviguer entre les deux. Mes réflexions se font au fil de mes rencontres et ce qui me sidère le plus dans des « soirées people » où je croise ceux qui font rêver le monde, c’est que ces gens là sont accrocs de la surconsommation. Quand la conversation s’engage autre que sur les apparences, le refrain est toujours le même : Frank ta liberté me fait rêver ! Le public qui pense les connaître par le biais du petit écran ou des magazines les considère comme des images de référence, alors que pour beaucoup détresse est compagne de voyage… La frontière de la liberté est une sacrée route sinueuse ouverte à tout le monde, dans son sac de voyage prévoir un miroir pour se regarder dedans droit dans les yeux, une trousse à pharmacie avec beaucoup d’arnica pour réduire les hématomes abondants sur ce chemin et un lexique du lâché prise indispensable… Pour finir ma bafouille perso avec JL, les tee-shirts sont usés, fatigués mais toujours aussi beau comme l’équipe Arcticorsica !!!

Par ce billet je voulais aussi faire un au revoir au cuistot du bateau la Galiote. Depuis 9 ans, Bout de vie, grâce à la vedette de plongée de Guenther, organise la semaine de stage plongée. Les repas soignés étaient conçus par Rudy alias Astérix, il a décidé de rejoindre les cieux. Sa liberté avait été emprisonnée par l’alcool qui a eu raison de lui. Du bar du ciel il nous regarde. Une pensée à l’équipage de la Galiote…

A pluche !

Lausanne…

11 septembre 2012
Lausanne sous la pluie...

Lausanne sous la pluie...

Ne jamais se fier aux amis même proches pour vous donner des infos sur les dénivelés en vélo !!! Je ne donnerais pas de nom !!! Je me doutais bien qu’il était impossible qu’il n’y ait que du plat jusqu’au bord du Léman. Alors que je range mon bivouac les biquettes tentent de m’escroquer quelques bricoles à grignoter. Va pour un biscuit chacune ! La campagne est apaisante, et je file droit vers le sud, cela devient un rituel. Je passe la ville charmante d’Estavayer-le-lac pour me diriger vers Yverdon. Première surprise du jour une côte assez sportive en guise d’expresso. « Je le savais » pourrait être le refrain de l’hymne Arcticorsica. La piste cyclable 5 qui traverse la Suisse me donne Lausanne à 75km, la nationale, elle est à 55km. Mon choix est fait, goudron, camion on roule comme des avions ! Ouais, bof pour la rime ! Je me fais un  petit tour en rond dans Yverdon, ça aussi cela devient un rite dans les villes imposantes. Finalement je retrouve ma nationale et un long, très long dénivelé. Je monte entre 7 et 9 km/h, le vent au fil de ma grimpette devient violent, j’ai l’impression que quelqu’un d’invisible me tient le front pour ne pas que j’avance. 12 bornes à suer mais j’avance vers mon destin, alors je mouline. Je n’arrive toujours pas à réaliser que je suis proche de plein d’amis, cela me semble impossible. J’allume mon « natel » (portable en romand) et les SMS se succèdent, c’est bon les potes… Je fais abstraction de la fatigue et du cumul des mois passés, je veux arriver au plus vite dans la capitale vaudoise. Je rentre par le nord de la ville et je recherche l’auberge de jeunesse où je vais me poser. Je passe devant un palace luxueux où j’avais donné une conférence il y a une paire d’années. Je tente une expérience ! Je traverse la route à contre sens et me pointe devant l’hôtel de prestige. Du personnel abonde pour aider les riches clients à sortir leurs paquets des taxis. Un homme en costume de parade me demande expressément de ne pas rester là, je sens que je dérange. Je connaissais déjà la réaction du groom, cela me réconforte dans mon choix de vie, être libre c’est choisir ses contraintes. J’allume mon GPS et tombe nez à nez avec mon guest house. Je suis à Lausanne, c’est incroyable. Je vais faire un break demain et profiter de la ville pour effectuer quelques taches pour la suite des événements. En face, les Alpes, dans quelques jours je vais m’attaquer au col de Simplon mais pour l’instant je suis le pied dans le lac Léman. Pour finir mon journal de bord je voudrais juste vous faire partager ceci.  Ce matin au poste j’ai écouté les infos : Fin de la dictature en Birmanie ! Bonne nouvelle ! Coca cola va pouvoir s’implanter sur le territoire ! Les birmans sont libres, ils vont pouvoir avoir du diabète et des cancers sournois comme les occidentaux !!!

PS : Jo Zef poursuit ses leçons de langue à Norra. Ils sont en cours intensif de suisse romand : Fondu, raclette, croute, bec, septante, nonante et pour finir en beauté, becs.

Saluuuuuuuuuuuuuut et à pluche !

La route des trois lacs…

10 septembre 2012
Le lac de Neufchâtel en mode estivale.

Le lac de Neuchâtel en mode estivale.

Comme un métronome je démonte mon bivouac, malgré les dires je ne m’attends pas à une journée « sans dénivelé ». La Suisse le plat pays, ça se saurait, non ? Je prends une voie cyclable qui mène à Biel, le brouillard semble vouloir me cacher une barre d’immeubles sur ma droite, seul le massif du Jura m’observe. Un renard croise ma « pédalerie » un champ de maïs sera son maquis. J’arrive dans la grande ville juste à l’ouverture des magasins, il va falloir remplir la cambuse. Toujours le même dilemme, prendre juste ce qu’il faut, chaque gramme a son importance. Je m’offre un café expresso enfin serré, le premier en trois mois ! Protéines, sucre lent et légumes, j’ai de quoi tenir midi et ce soir, « yakapédaler ». Je remarque que les cyclistes font des arrêts en station de carburant pour vérifier la pression de leur pneumatique, je vais les imiter, ma pompe à main n’a pas de manomètre, je fais ça au petit bonheur la chance ! Première pompe je m’arrête pour faire le plein d’air. L’hôtesse de caisse doit me remettre les embouts, mais son Iphone est plus important que le reste du monde, le virtuel règne sur le réel quotidien. Je lui demande si la boite est complète mais elle absente. Pauvre fille elle a rejoint le camp des drogués du net qui grandit de jour en jour. J’essaie tous les embouts mais aucun ne vont, cela me gonfle mais pas mon pneu ! Je renonce, « l’Iphoneuse » sort fumer sa « clope », ok pour elle il n’y a plus rien à y faire. Je lui rends sa quincaillerie et prends ma pompe perso, il me semble que le pneu arrière est un peu dégonflé mais ce n’est même pas sur.1100km de kayak dans les bras je crois que j’ai la puissance pour forcer sur le piston, mais à vouloir toujours mieux on récupère le mauvais. Patatra la valve qui reçoit mes coups de pompe s’arrache de la chambre à air. Un pfeuuuu magistrale m’informe que je suis en avarie !!! Il m’en faut plus pour m’énerver. En deux temps trois mouvements je décroche les quatre sacoches et retourne le vélo, la roue démontée je change ma chambre à air, gonflée avec ma pompe à main. J’en suis toujours au même point ! Ai-je assez de pression derrière ? Je m’en occupe plus désormais, l’histoire m’a fait perdre une bonne demi-heure et beaucoup d’énergie. Je quitte le lac de Biel pour rejoindre celui de Neuchâtel, mais deux bosses m’attendent les bras ouverts, 200mts à 10% et 150mts à 14%, je savais bien que j’endosserai le maillot à pois rouge. Enfin j’arrive sur le bord du deuxième lac mais la route décide de prendre de la hauteur, j’en profite, on aura une belle vue. La température monte à 27° et les heures ont passé, je ressens la fatigue. Dans un village je croise un couple de cyclorandonneurs bien chargé. On fait route ensemble et malgré que leurs vélos soient moins lourds que le mien je constate qu’ils ne tiennent pas ma cadence. Je peux vous dire que ces « petits riens » me redonnent du peps. Je sais, un poil cabochard l’unijambiste ! Au 85éme kilomètres une ferme-camping, je vais voir comment est le lieu. Coqs, chèvres, moutons comme voisins me changera des campings cars que je n’arrive plus à supporter. Je suis accueilli comme j’aime, en toute convivialité. Un groupe de jeunes arrivent en vélo avec des profs de gym, je suis dans le canton de Vaud et le sport roi est le hockey sur glace. En 5’ ils ont compris que l’ancien coach mental du GSHC était de passage… Je monte ma tente et pars sur les bords du lac pour une longue baignade en eau presque fraîche. Séance d’étirement aquatique et je m’endors comme une souche en guise de sieste… Je ne suis plus qu’à 60km du musée olympique de Lausanne…

PS : Jo Zef explique au coq au moment où je vous écris que s’il fait son chant avant 6h demain matin on saura où trouver de la protéine pour le déjeuné de demain midi !

A pluche !

En Suisse…

9 septembre 2012
Je me rafraichis dans une fontaine d'eau glacée, la fontaine de jouvence!!!

Je me rafraichis dans une fontaine d'eau glacée, la fontaine de jouvence!!!

Je ne sais pas pourquoi mais depuis hier soir le moral est descendu en chute libre, ce matin au réveil j’avais envie de partir en vélo comme d’aller me faire guillotiner. Je me remue les méninges, me raisonne. Je lis déjà vos commentaires ! Finalement j’enfourche mon deux roues et repars plein sud. Adieu les pistes cyclables nauséabondes, adieu le stress de se perdre avec du kilomètre en plus pour rien. J’ai bien calé mon GPS point par point pour rejoindre la nationale helvète qui me conduira vers Soleure. Je sais que j’ai du gros dénivelé au programme ce sera un test pour les Alpes. La première heure me demande une grosse concentration pour respecter mon fléchage électronique. Chaque carrefour est enregistré et en ce dimanche matin je suis assez heureux de constater que je contourne la grande ville grise et blafarde sans le moindre problème. Au fil des heures je comprends ma baisse de régime, le physique est à un bon niveau, le vélo est sans le moindre souci mais cette épreuve allemande m’a pompé une énergie incroyable. L’effort ne me fait pas peur mais il faut que j’évolue dans un cadre qui me convienne. Les routes que j’ai empruntées depuis Lubeck m’ont fait traversée des régions avec un taux de pollution que j’ignorais, si je devrais les qualifier je dirais la traversée des produits chimiques. La nature est mon moteur, la fourmilière des hommes polluante me fait fondre comme névé au soleil. Je prends des petites routes qui deviennent sympa, petit village de montagne avec le sifflet des marmottes et le son des cloches de mes copines les vaches. Le dénivelé n’attend pas pour me rendre visite. Je ne suis pas pressé et prend ma cadence, je suis à 6km/h ! Normalement quand c’est dur physiquement le moral devrait suivre. Là c’est le contraire, je peine à monter mais je sens l’énergie de la montagne me requinquer. La moyenne baisse aussi vite que mon moral remonte, je transpire à grosse goutte. Je vide ma bouteille d’eau de réserve ainsi que la plus grande partie d’eau chaude du thermos, 2litres en moins ! En quatre heures je franchis 3 cols, je me fais un break à l’ombre, la température est estivale, 27°. Une grande descente m’amène sur la nationale, je sais qu’il y aura une piste cyclable sur sa bordure. Ce n’est plus une descente c’est une épreuve de luge, j’enchaîne les virages les uns après les autres à plus de 55km/h. Puis au fond de la vallée la route reprend du dénivelé, je me résigne, je mouline en appréciant le paysage. Encore un col en perspective, je sens que quelqu’un se met dans ma roue, tiens je ne serai pas seul à transpirer. Sur un coin de dégagement je m’arrête à la demande de mon poursuivant. Joseph, je n’ai pas fait exprès, sur un beau vélo de route veut savoir d’où je viens. Je lui raconte mon périple, mais il me demande des détails. Il ne parle que la langue alémanique et avec un peu de mal nous partageons un bout de vie. Un détail, il a 96 ans et roule tous les jours de l’année. Nous reprenons la route et au moment de partir il me serre la main avec des larmes aux yeux. Je suis sous le charme de ce vieil homme, je ne connais pas son passé mais à mon humble avis ma « différence » a dû lui souvenir un bout de sa vie. Je le vois partir comme une fusée et moi avec mon poids-lourd je peine en souriant.
Finalement je passe le dernier col de la journée et file en roue libre vers Soleure. 92 km au compteur avec un moral au beau fixe mais une grosse fatigue que la nuit va estomper.
A pluche !

Le 4000éme kilomètre enfin franchi…

9 septembre 2012
Peter et Mickael, duo improbable pour rejoindre Aigues-Mortes...

Peter et Mickael, duo improbable pour rejoindre Aigues-mortes...

Un bon p’tit 8° pour se remettre en jambe, je reprends la route du canal en me croyant sur la voie royale jusqu’à Bâle. Effectivement cela parait idéal, enrobé parfait en ligne droite vers le sud. Je me chauffe en faisant tourner les jambes sans forcer, petit plateau, je mouline. Je suis seul, la campagne alsacienne semble encore endormie. Un écureuil atteint certainement de « dinguotte » me précède en cavalant comme un dératé plutôt que de se jeter sur un arbre. Je tiens le rythme mais il doit s’avouer vaincu, il se pose sur ses fesses et me regarde passer. Quelle mouche l’aura piqué ? La piste passe par un pont sur l’autre berge, le canal devient celui du Rhône au Rhin mais semble abandonné. Les écluses sont ouvertes et des arbres morts gisent en pleine eau. La piste vire sur ma droite à 90°, bizarre ! La seule carte que je détienne est sur mon appareil photo qui par ce froid n’a plus de batterie. Je pédale 2km et m’arrête, ma grande carte m’indique que je fonce vers Mulhouse ! Deux dames en VTT, une aubaine. Je suis comme je me doutais sur le mauvais chemin. Je les suis jusqu’à une bifurcation qui doit m’amener à un village pour rejoindre le bon chemin. J’en ai marre de ces pistes cyclables qui ne figurent par sur les cartes routières que je possède et qui partent sans indication dans les directions opposées. Juré, dés que je suis sur la départementale je ne la quitte plus, en oubliant ce cauchemar de piste cyclable du Rhin si « romantique ». Je suis en pétard contre les ingénieurs intellectuels qui ont pondu ses voies sans avoir jamais mis leur cul sur un vélo. J’ai la rage, mais ce n’est pas bon, je perds bêtement mon énergie. La piste que je dois emprunter est défoncée et pendant 3km j’angoisse pour mon vélo tellement chargé. Finalement me voila sur la départementale vide de véhicule, je jubile ma carte me donne exactement ma position et enfin je n’ai plus la boule au ventre de me bouffer du kilomètre en plus. Deux allemands me rattrapent, l’un en VTC et l’autre en Solex. Je me mets dans leurs roues pour prendre l’aspiration. Nous roulons à un super rythme et l’effet de groupe une fois de plus me motive. A un carrefour nous commençons à faire connaissance. Peter et Mickael se dirigent vers Aigues-Mortes en Camargue, ils sont partis de Francfort. Ce duo improbable est surprenant, l’un en vélo l’autre en « pétrolette », l’année dernière ils avaient tenté la même aventure ; mais à Lyon un chauffard devait faucher Mickael et lui fracturer le bras. La route me fait toujours rencontrer des gens attachants et même par des journées noires ces personnes me remontent le moral. A midi tapante je trouve une table et des bancs à l’ombre, ils continueront leur route. La température monte à 27° avec un grand ciel azur, j’aime ce temps là car dès que je roule l’air frais annule la canicule. Je croise deux anglais, leurs vélos est muni de toutes petites roues, ils montent vers Rotterdam, finalement je ne suis pas le seul farfelu dans la région. A la frontière suisse je fais un stop au supermarché du coin pour mon diner et le casse croute de la journée de demain. Une dame  intriguée par ma dégaine me guidera pendant quelques kilomètres. Le cœur léger je suis très heureux de retrouver la vraie route et laisser derrière moi ses derniers jours de cauchemar de pistes pourries qui n’ont qu’une vocation, filer le blues au bouffeur de kilomètres sur une jambe.  Le gros point positif du jour et du raid c’est qu’aujourd’hui je viens de franchir le 4000éme kilomètres et ça ça fait plaisir !!!

PS : Depuis quelques jours nous croisons très régulièrement des cigognes et à chaque fois Jo Zef me demande si c’est vrai que les nouveaux nés étaient amenés par cet échassier. Un peu embarrassé par la question je le renfermais instantanément dans son sac étanche. Tout à l’heure nous avons passé le village de Petit-landau, il est ressorti en me demandant de sérieuses explications !!! Chu démoralisé !!!

A pluche !

Concerto privé pour violon sur les bords du Rhin…

7 septembre 2012
Violonceliste chinois en concert sur les bord du Rhin!

Violoncelliste chinois en concert sur les bord du Rhin!

Cette journée de break m’a bien reposé et je me sens d’attaque. Je fais une grossière erreur en me changeant le pansement du moignon juste avant de partir, j’arrache une partie de la croute et pendant une heure je suis gêné avant que tout rentre dans l’ordre. Un petit 9° de bienvenue et je rejoins la piste du romantique du Rhin. J’espère que la partie française sera plus agréable que celle allemande. Je suis pour de bon sur la berge du grand fleuve et le revêtement est un vrai tapis, cela me présage une belle journée. Un faisan ne semble pas vouloir me faire passer, parole de mascotte il a failli finir dans la sacoche cambuse. Quatre biches nous observent sans être trop apeurées par le convoi d’anges heureux ! Un vol d’oies filent vers le sud, je retrouve enfin la sensation d’être proche avec la nature. Mais tout a une fin, un panneau me fait filer vers l’ouest loin du Rhin. Adieu, veaux, vaches, cochons, les affres des nationales nous tendent un piège. Je traverse un village quand je tombe nez à nez avec une voiture immatriculé 2B. Jo Zef jette l’ancre, il faut le trouver, un bastiais en Alsace ça ne court pas les chemins. Je raisonne la mascotte, vu l’heure matinale il ne serait pas éduquer de réveiller un village pour retrouver notre compatriote, nous poursuivons. Les panneaux ont du être vendus, plus aucune indication sur la route du Rhin, je suis la nationale qui se dirige vers Strasbourg, il y a une piste cyclable donc pas trop de stress à avoir. Mais je râle un coup, normal non ? Je croise des cyclistes qui m’indiquent comment rejoindre la piste. Finalement je suis de nouveau dans le bon sens. La capitale européenne s’approche, déjà l’heure du déjeuné. Je me pose dans un parc sur un banc quand arrive un étudiant chinois avec son violon. Juste à porté d’oreille il se lance dans un concerto privé assez insolite. Cissé est venu étudier la philosophie en France et parle notre langue couramment. Nous échangeons philo malgré mon manque de bagages scolaires mais l’école de la vie m’a donné des cours du soir ! Je me lance dans la grande ville en confiance, il doit y avoir un parcours fléché pour rester sur le bon chemin. Eh ben non ! Je suis excédé par cette fausse pub que certains panneaux affichent : la piste cyclable du Rhin est tellement bien indiquée que l’on peut la pratiquer sans carte… Une heure de galère, des gens gentils à tour de rôle me font retrouver la route. Finalement je rejoins le canal navigable du Rhin et sa voix cyclable jusqu’à Bâle. Je souffle, je suis enfin sorti de cette pieuvre géante. Le canal est droit à n’en plus finir mais plutôt agréable la température monte d’un cran, cependant une longue allée de platanes donne une sensation de fraîcheur. Je dépasse le cap des 100km, au prochain village je vais me trouver un coin pour poser ma tente. Ce soir entre le Rhin et son canal je suis enfin en bivouac, ce n’est plus l’été mais en tout cas cela lui ressemble. La Suisse est à 115km, ça s’approche doucement…

A pluche !

PS: Une pensée pour Dominique Benassi qui va défendre son titre de champion du monde de triathlon half Iron man à Las-Vegas ce week-end… Forza Dumé…

Sur les bords du Rhin avec l’amiral Festor…

6 septembre 2012
Jo Zef très fier de présenter le grand Franck à Norra...

Jo Zef très fier de présenter le grand Franck à Norra...

Mon dernier break fut Northeim , tendinite disparue, vélo nickel « yakarouler » soit 611 km en 6 jours d’affilés. Je m’autorise un break, bien que je sois en forme. Le vieil adage le dit : Qui veut aller loin doit ménager sa monture… Ce matin ce n’est pas pour autant que je tarde au lit, la vie est trop courte pour dormir. La petite ville de Lauterbourg est paisible avec un certain charme qui me fait un bien énorme. Depuis presque trois mois que je sois parti, rares furent les moments où j’ai pu m’exprimer dans la langue de « Coluche » ! Je deviens une pipelette, je suis trop heureux de pouvoir échanger sans chercher mes mots. Mon vélo est un tas de sable, le patron de l’hôtel du Cygne me met à disposition tous les moyens pour le rendre comme neuf. De plus il me prête une lime à bande électrique pour rectifier enfin ma prothèse qui me blesse au niveau de la tête de péroné. Je peux vous dire que je m’en donne à cœur joie, je creuse, je rabote pour enfin laisser la plaie ne plus subir ces douloureuses frictions qui par moment me gâchent un peu la vie. Petite course au supermarché du coin pour remplir ma cambuse, mais je dois me freiner, je ne dois pas sortir de ma diététique stricte même si les produits en vitrine me font saliver. C’est dur de prendre que des salades alors que les choucroutes nous tendent les bras, une sorte de remake d’Ulysse et les sirènes façon charcuterie alsacienne !!! Mais la belle nouvelle de la journée c’est que je vais avoir de la visite. Fidèle de mon journal de bord, vous avez dû remarquer que régulièrement je suis encouragé par le grand Franck Festor, et bien aujourd’hui il a fait le déplacement depuis sa région de Metz. Aussitôt revenu de sa deuxième traversée océanique à la rame en courant un marathon il s’est blessé au moignon et ne peut plus porter sa prothèse pour cicatriser. Il a choisi l’opportunité pour partager un bout de vie avec le « cabochard ». Je suis toujours heureux de le croiser, un géant au cœur en or, toujours prêt à aller soutenir un nouveau venu dans le monde des raccourcis. Sous une tonnelle au bord du Rhin entre deux péniches qui luttent contre le courant nous échangeons nos idées, nos sentiments. C’est vrai qu’il est bon de savoir s’arrêter pour vivre le moment présent si riche. J’entends souvent parler de miracle pour certaines choses extraordinaires qui arrivent, mais pour moi le miracle c’est le fait de vivre chaque seconde les yeux ouverts. Ce n’est pas un miracle le soleil qui se lève tous les matins, le fleuve qui coule depuis des siècles, la plaie qui cicatrise, deux hommes qui papotent avec sourire de leur souffrance… Oups je me lâche, c’est vrai les jours de repos je cogite plus que d’ordinaire…

Merci amiral Festor, que les Dieux des vents, des océans et de tes rêves te protègent encore longtemps. Son blog…

A pluche !

Par Thor et Odin un pied en France…

5 septembre 2012
Jo Zef a l'idée d'en expedier quelques uns pour qu'ils gouttent au folklore locale de tire à la chevrotinne sur panneau!!!

Jo Zef a l'idée d'en expédier quelques uns en Corse pour qu'ils gouttent au folklore locale de tire à la chevrotine sur panneau!!!

La ville de Worms est encore endormie quand je m’égare une fois de plus dans son labyrinthe. Je râle comme d’hab pourtant hier j’ai pointé sur mon GPS le départ de la route cyclable du Rhin mais les autoroutes et voies rapides m’en empêchent l’accès directement. En plus, myrtille sur la crêpe, je viens de réaliser que j’ai égaré la lanière de mon GPS qui me l’assure en cas de chute. Ouf, je retrouve mon départ et qu’est ce que je vois par terre qui m’attend gentiment ? Ma courroie et son mousqueton… Je sais : Bordé de nouilles !!! La pub de la piste cyclable du Rhin dit que c’est si bien indiqué que l’on ne pas se perdre et que le chemin est romantique. Ça au moins c’est une bonne nouvelle. Le terrain est plat mais c’est un vrai gymkhana à travers une zone industrielle monstrueuse et des panneaux assez discrets pour rendre le trajet compliqué. Je suis bougon comme de coutume, le soleil n’arrive pas à traverser le nuage de pollution qui emmitoufle la plaine. Je tente d’avancer au mieux , je ne veux pas moisir ici. La route serpente, et on fait un demi-tour pour contourner l’usine, puis une épingle pour revenir derrière la bretelle d’autoroute, je sens que la journée va être longue.  Je  bouffe du kilomètre mais en ligne droite je n’avance pas très vite vers le sud. Enfin une piste en gravier pourri, cela faisait longtemps que je ne m’étais pas fait un shakeur au cerveau. Je pars dans tous les sens, ce serait ballot de tomber, non ? La ville de Ludwighafen barre la route et la piste a la bonne idée de la contourner largement, pour l’instant je ne suis pas trop en mode romantique mais plus hystérique ! Le temps passe, les kilomètres s’engrangent mais je n’avance pas trop vers le sud. Leçon de patience au programme. Enfin elle est là, j’en avais traversé une en kayak en Suède, il me manquait de m’en faire une en vélo ; une belle centrale nucléaire ! Pour l’instant le Rhin je ne l’ai pas encore vu. Je poursuis ma route, ma gorge gratte, l’air est nauséabond, vivre ici est un peu du suicide à mon humble avis. Le dialogue s’instaure avec ma petite voix  : Frank tais-toi, pense positif, avance et ouvre les yeux. Ouais, mais le coin est pourri et personne ne répond à mes guten morgen. Mais c’est des gens de la ville, ils sont dans la fourmilière et  se sont créer une grosse carapace… Je stoppe la connexion avec ma voix, me fermant comme une huitre, et tac ! Toujours pas de Rhin, ils l’ont peut être vendu au Qatar ? C’est l’heure du casse-croute, une petite table à l’ombre me permet de me rassasier du butin détourné ce matin au buffet du petit-déjeuner. Physiquement je me sens bien, j’avance à un bon rythme sans sensation d’épuisement. Je suis étonné du nombre de personnes âgés en deux roues, un vrai plaisir à croiser. Tiens l’aventure va recommencer, la piste est fermée pour travaux. Je suis sur qu’ il doit y avoir un parcours fléché pour la déviation. Rien du tout, je tente l’approche avec un couple de retraités mais je comprends que les carottes sont cuites, Ich verstehe nicht ! Cabochard  le garçon, non ? Je vais au feeling, je tente de suivre vers le sud, la carte ne me donne pas les « bleds » traversés, de là que je me retrouve en Norvège il ne manque pas grand-chose. J’allume le GPS juste pour comprendre un peu à quelle sauce je vais être croqué. Finalement je ne m’en sors pas trop mal quand après un long détour je retrouve la piste romantique du Rhin. Des jeunes m’expliquent que l’info a été diffusée dans toute la presse locale, il suffisait de la lire ! Ouais ouais les copains !!!

Finalement au bout de 4H40 de pédalerie « romantique » je suis enfin en bordure du fleuve, j’ouvre les gaz, je suis en forme, la chaleur monte d’un grand, mon thermomètre affiche 27° à l’ombre, je bois tous les quarts d’heures pour éviter les problèmes. 6 heures que je roule, l’Alsace n’est plus très loin, il faut que je tienne le choc. Je sens que ma plaie au moignon c’est ré ouverte, rien de grave mais ça me titille un peu quand même. Je mets ça de côté, on verra tout à l’heure, je passe le cap des 7heures de vélo, je commence à sentir de la fatigue. Je rattrape un vététiste local, on papote un peu en anglais, le courant passe bien. Uli réalise ça plus grosse sortie vélo de sa vie de cycliste, il est comme moi, carbonisé. Notre rencontre nous stimule, on plaisante et la forme revient. La moyenne reprend du rythme puis comme deux gamins nous nous lançons des défis, la moyenne devient anormalement haute, 30km/h. Quand ça va « péter » on ne va plus pouvoir repartir, mais le miracle arrive. Mon nouveau coéquipier stoppe sa course effrénée devant un panneau. On est en France !!! Par Thor et Odin, on est en France. 3850km depuis Slettnes pour arriver là, il comprend mon émotion et me serre chaleureusement la main. Il continuera vers Baden-baden je vais faire un break au petit village de Lauterbourg. 133km depuis Worms…

PS : Norra découvre enfin la France…

A pluche !