Bivouacs et baroude…

1 août 2019

 

Le petit bateau est chargé bien en ordre, le protocole de sécurité lui est toujours le même, nous devons être au maximum autonomes. Pas loin de 200 litres d’essence nous permettront d’être assez libre de manœuvre en cas de mauvais temps, notre cap sera vers le nord. Le vent d’Est quasi constant depuis quelques jours a poussé au large les immenses icebergs déversés depuis le fjord de Kangia, la mer est libre de glace, cela nous favorisera la navigation. Le golfe de Pakistoq est souvent ventilé, là, aujourd’hui, c’est le calme plat. Pour Marie-Noëlle c’est son premier voyage au pays de Nanoq, je me dois de trouver des bivouacs absolument nouveaux et loin de ce que je connais, ici il y a le choix. Au fond d’une petite baie, un nuage d’oiseaux de mer attire notre attention, phoques et baleines sont dans un festin de rois polaires. Tellement accaparés par l’orgie, nous arrivons à nous en approcher à une encablure, le spectacle est féérique. Le moteur est coupé, les baleines à bosse nous gratifient de sauts hors de l’eau, il en est de même pour les phoques groenlandais. Juste en face une dalle plate semble idéale pour le débarquement, derrière, une prairie de toundra nous semble parfaite. Ni une ni deux ma chérie saute à terre, nous déchargeons notre barda. Le silence est surréaliste, seul le bruit du casse-croûte de nos hôtes trouble la paix du lieu. Cette année les myrtilles pullulent, ce sera le dessert. Des branches mortes de camarines alimenteront un petit feu pour chauffer nos gamelles, ce sera un diner spectacle. Nous décidons de nous aventurer sur les hauteurs de notre camp. Pas de traces suspectes d’ours blanc, nous sommes rassurés. Les lacs sont tous plus beaux les uns que les autres, quel pays. Soudain, sur un promontoire nous devinons tout en bas un petit point orange, c’est notre tente ! Mon Dieu, comme c’est immense ici. Pas une maison, pas une route, pas un bateau, nous sommes seuls au monde. Même si en ce moment il fait tout le temps jour, il est quand même sage d’aller dormir un peu. Emmitouflés dans nos doux sacs de couchage, une baleine encore plus téméraire que les autres nous offre un spectacle merveilleux. A dix mètres du bateau elle arrive à sortir mi-corps de l’eau pour des « splashs » incroyables !                    La nuit fut douce et sereine, comment pourrait-il en être autrement ? Au matin nous démontons en silence notre camp, les phoques sont déjà là. Une bonne vingtaine de bouilles moustachues nous observent, à notre tour de leur dire un Takuss (au revoir). Le petit bateau nous amène sur une mer à peine ridée vers le nord. Un immense fjord est sur notre tribord, ce sera l’exploration du jour. Là aussi je n’y ai jamais posé prothèse. Au fond de cette échancrure longue d’une bonne dizaine de kilomètres, une baie parfaitement ronde nous attire, le seul hic est son débarquement ! La plage qui borde ce havre de paix est une berge à pente douce composée de vase, le bateau devra être mouillé loin du bord pour ne pas être pris par la marée basse. Nous trouvons un endroit convenable sans sable mouvant. Tout doucement nous débarquons le barda du bivouac. Un beau promontoire à 200 mètres de la plage sera le coin idéal pour monter la tente. Le vent d’ouest se lève, cela chassera les moustiques et brûlots et le petit bateau sera bien protégé des rafales. Après avoir dégusté une belle darne de morue polaire, nous nous offrons une sieste bien méritée. La tente une fois montée, je remarque un monticule de pierres à 20 mètres de nous, c’est une vieille tombe qui a une ouverture nous faisant comprendre qu’elle est vide. Les esprits très présents dans la culture groenlandaise m’ont certainement influencés, je n’aime pas cette proximité ! Donc je m’extirpe de la tente quand je réalise que l’amarre qui était frappée à terre, a lâché et notre Poka est au mouillage par l’ancre de poupe en plein milieu de la baie. Je me demande si un « qivitoq » ne nous aurait pas fait un tour de force pour nous tester ! Nous sommes sur la berge, la marée est haute, ici aucune chance que quelqu’un passe, nous devons trouver par nous même la solution. La température de l’océan Arctique en été doit être aux alentours des 4°, dans cette baie peu profonde je pense qu’on peut rajouter 2 à 3 ° ! La solution est là, je n’en vois pas d’autres, il faut que j’y aille à la nage. Je suis concentré, Marie-Noëlle a été briefé au cas il m’arriverait quelques choses. Téléphone satellite, position en longitude et latitude et tout un protocole que je lui ai rédigé calmement sur mon calepin. En slip, t-shirt et bonnet je pars en douceur vers notre embarcation. Le froid m’assaille, mais je ne dois pas flancher, je me ressaisi, je sais que ce n’est qu’une information, alors je nage tout en douceur. Ici il ne devrait pas y avoir d’orque, je me rassure comme je peux. Le bateau n’est qu’à une soixantaine de mètres, le froid me lâche, je me sens bien. Finalement j’atteins le bateau qui a le moteur en l’air. Sans m’affoler, je trouve la commande sur l’embase pour le faire descendre. Le genou sur les ailettes du moteur je me hisse enfin à bord. Ma chérie est rassurée, il me faut maintenant faire la manœuvre sur une seule jambe, puisque ma prothèse est restée à terre. Je récupère mes amarres et démarre le moteur qui part au quart de tour, ouf. Mais là mon sang ne fait plus qu’un tour, la direction ne donne plus. Je suis sans voix !!! En slip, t-shirt et sur une guibole je suis face au vent d’ouest qui se renforce, le froid commence à me jouer des tours. Je me concentre et laisse ce détail de coté, je dois trouver rapidement la solution. J’analyse, je diagnostique, je crois avoir compris, il manque de l’huile hydraulique dans mon système de direction. Mon bidon est plein, je n’ai pas d’entonnoir, ce n’est pas grave. Je dévisse rien qu’avec mes doigts sans encore savoir comment j’ai pu faire ça sans outil la vis de remplissage et finalement tout rentre dans l’ordre… Au bout d’une heure de bataille en plein vent, Marie- Noëlle prend les amarres et me remet mes affaires. Sans vous mentir je n’ai jamais eu froid !

De retour à la tente je vais me recueillir vers cette sépulture abandonnée, je suis athée mais j’avoue que j’ai fait une prière de pardon. Je me demande si quelques « qivitoqs » n’ont pas voulu nous jouer un tour.  Le soir sur notre petit promontoire nous nous sentons seuls au monde mais heureux d’être là dans ce bout de terre si mystérieux…

Le lendemain nous avons repris le large vers d’autres coins, d’autres lieux… Après plusieurs jours de mer le retour à la petite maison bleue nous a ravi mais avec un petit gout de regret. C’est vrai qu’on était bien si loin des autres…

Takuss

Stage sur-vie douce octobre 2018

31 octobre 2018

Vivre, vibrer, exister, encore un stage de sur-vie douce qui s’est déroulé au fil des rêveries automnales. Lucie, Nathalie, Yann, Clément, Christian et Gérald composaient la fine équipe des survivalistes ! Marches lentes mais silencieuses, la vallée perdue sait envouter ceux qui s’y perdent. Le but est de vivre sereinement au fil des ateliers qui se présentent à nous. Manier la ficelle pour l’apprentissage des nœuds, l’éternel feu qui rassure, réchauffe, éclaire les longues soirées humides mais si magiques, dégustation de glands de chêne, de poires sauvages, de fruits d’églantier et des premiers nombrils de vénus. Mais plus que tout cela, c’est l’unité que crée l’esprit de groupe: chacun vient de mondes si différents, de régions et de pays opposés. Cependant je n’ai vu qu’une bande de femmes et d’hommes toujours prêts à s’entraider, à se confier, à déléguer et à partager. Loin des très mauvaises caricatures de ce que doit être la survie, nous n’avons pas mangé de « bestioles » répugnantes et nous n’avons pas allumé de feu avec un silex en étant habillés en peau de bête. Les participants ne se sont pas évanouis d’efforts trop violents, je laisse ça aux autres. Ici c’est la découverte, de la bonne essence pour démarrer un feu avec une seule allumette, de l’emplacement zen pour monter le bivouac et du belvédère pour improviser le foyer qui nous fera repérer par les sauveteurs. Depuis quelques décennies, j’ai accumulé des expériences en expédition que je tente d’offrir aux participants. Le torrent n’est pas si froid que ça si la motivation est trouvée, la volonté n’a rien à voir, il faut juste comprendre pourquoi on fait les choses. Les marches sont lentes et silencieuses pour permettre un voyage de l’intérieur, qui va décrasser certaines situations floues et obscures de nos existences d’Hommes. Plus qu’un stage de survie, c’est un bout de vie partagé… Les bâches-abris, montées en fin d’après-midi définissent la tonalité qu’aura la longue soirée au coin du feu. Certains sont plus doués que d’autres, mais la compétition n’a pas sa place ici, alors chacun va aider et conseiller l’autre. La pluie nous remet en place, les grains se sont succédés, les fragrances de la forêt nous ont ravis, même si les habits sentaient une forte odeur de fumée… Ces 4 jours se sont envolés, j’espère qu’ils resteront gravés pour longtemps dans le cœur et l’âme des participants…

Le prochain stage aura lieu la première semaine de mars, il reste encore deux places… inscriptions bout2vie@wanadoo.fr

Truites

30 juillet 2017
Demain, comme chaque lundi,  on se retrouve sur les ondes de France Bleu RCFM avec Jean-Charles Marsily à 12h40.
 

Survie en compagnie de Zeus!

9 mars 2017

 

 

Premier arrêt, les doutes s’installent.

 

Ce qui me fascine dans ces stages de sur-vie douce c’est la diversité des participants, qui rendent chaque aventure différente. La date de début mars n’est pas un hasard, les conditions météos se prêtent à de vraies situations de crise à gérer, et une fois de plus l’on a été gâté ! Même protocole de fouille des sacs pour constater souvent des erreurs de matos qui me font à chaque fois sourire, presque tout le monde est en mode « ww », ça sent le neuf ! Pas de blabla dans la marche d’approche, je ferme la colonne, tout en observant « mon » équipe. Au bord du lac, rempli à bloc, les fesses dans la menthe, un sombre nuage nous annonce le menu. Quelques gouttes s’empressent de tester les coupe-vents tous neufs, certains ne cachent pas leur crainte de la première nuit sous les averses. Mon rôle est d’initier sans jamais materner, chacun doit trouver ses clés pour sur-vivre. Le premier montage des bâches est toujours fastidieux, la confection des nœuds s’associe à la recherche du bon spot pour étendre son sac de couchage, un savant dosage pas toujours évident. Une fois le camp monté, il y a le module feu, alors chacun à la tache de la récolte de tous les types de bois pour que le foyer puisse tenir une nuit même sous la pluie. Les plus costauds extrairont des souches de bruyères quant aux autres ce sera la collecte de bois mort pas encore tombé au sol. Une seule allumette par soir, le défi est simple mais ludique. La boule de bruyère séchée a des vertus magiciennes, alors un doux fumet envahie le bivouac du premier soir. La pluie ne loupe pas le rendez-vous, c’est que dans la vallée perdue, elle n’a pas trop l’occasion de tremper des touristes, alors elle s’en donne à cœur joie. Tout au loin de la nuit des frontales illuminent les bâches, signes d’insomnie, pour certain. Au petit matin les visages en disent long sur la nuit blanche, mais les émotions doivent être remisées au fond du sac à dos, qui aujourd’hui, devra faire le teste du maquis impénétrable. Le dénivelé s’annonce sympa puisque le module matinal s’avère être la recherche d’un sommet pour se faire voir par l’hélico de recherche. La montée est violente, l’eau ne cesse de tomber, en même temps que le moral de certain qui donneraient cher pour un toit chauffé ! L’ascension éprouve les organismes, les ronces déchirent les mains blanches, les racines raclent, les pantalons dégoulinants de trop d’eau et le guide sur une patte, se taille la belle toujours en tête pour mettre encore plus de pression. Mais le sommet est atteint enfin, nous sommes tous trempés mais heureux de l’effort et de cette symbiose que l’équipe dégage. Un exercice me met à mon tour la pression puisqu’une paire de binôme se perd pendant 1h30, le maquis ne fait aucun cadeau aux étourdis… La « balade » s’est poursuivi en toute quiétude et chaque jour à apporter sa part de victoire mais un invité surprise nous en pris en douce, Zeus ! Non pas le Dieu grec mais la tempête qui a traversé la Méditerranée, je vous rappelle que Zeus est le dieu des dieux, le dieu suprême. Tout comme Hésiode le spécifiait, « L’œil de Zeus voit tout, connaît tout ». Du haut du mont Olympe, Zeus surveille les humains et décide de leur sort. Il est le dieu du ciel qui décide du temps météorologique en fonction de son humeur et de ses caprices : orages, tonnerres, foudre, pluies, … Je peux vous dire que pour la dernière nuit nous fûmes gâtés, des rafales à plus de 120km/h nous ont secoués sans pour autant enlever la bonne humeur du groupe. Ces 4 jours de maquis ont été, une vraie odyssée de découverte et de cette escapade, nous nous en souviendrons longtemps, très longtemps.

 Un souvenir ne s’achète pas il se vit…

 Le prochain stage où il y a encore de la place, sera à la Toussaint

Seuls au monde!

Un bivouac bien douillet!

Emmanuelle s’est révélée très déterminée, une vraie guerrière…

Roland, la force tranquille…

Christophe, un futur Sylvain Tesson du Canada!

Benoit, découvreur de nouvelles limites…

Florian , le cadet de la bande au grand cœur…

Accalmie comme récompense…

Brancardage système D!

Concentration au plus haut niveau!

Détermination

Avec le sourire

Il l’a fait!

Un feu pour réchauffer le groupe

8° c’est l’heure de la baignade pour Florian et Christophe. Ils sont de vrais découvreurs de limites

 

 

Comme un seul Homme…

16 février 2015
Free man...

Free man...

Quand deux « Free man » se rencontrent, la liberté prend finalement plus de sens, l’horizon est encore plus lumineux. Pendant 4 jours avec le grand marin Eric Bellion nous avons pris le maquis, une excuse de vie sauvage en plein milieu de la « mère » nature. Cet élément, nécessaire aux oiseaux de mer que nous sommes, nous a apporté certaines réponses à nos demandes de nomade au long cours. La planète n’est qu’une petite île où il est bon de tailler son chemin, pas de trace, juste quelques herbes déplacées qui au premier coup de vent reprendront leur forme initiale. Un stage de survie douce pour vibrer, exister encore plus. Là-bas dans ce maquis sauvage, pas de houle dévastatrice, pas de pot au noir, pas de contre courant, là-bas, la forêt nous a offert sa sagesse, sa quiétude, sa bonne humeur. Vibrer de manière basique est une forme de nettoyage, déambuler avec pour maison son sac à dos est un luxe immense, un confort indescriptible. Juste avant la nuit nous avons monté nos bâches en forme de cockpit, en guise de cabane du Grand Nord, le feu nous a donné la chaleur nécessaire pour sécher nos affaires trempées par les caresses du torrent. Mais aussi il a réuni deux hommes en perpétuelle quête du bonheur de l’instant présent. Pendant que la purée se réhydratait, nos souvenirs des mers australes en ont profité, pour s’inviter à se poser sur un caillou pas forcement confortable. Et là, miracle ; le grand albatros est apparu, le canal du Drake nous a rappelé que nous étions des chanceux d’avoir vécu un bout de vie là-bas en Antarctique. Pourquoi ces jours de baroude ? Bonne question ! Aucune raison mais juste une forte envie de la vivre. Pourquoi toujours donner des réponses aux départs, pourquoi s’évertuer à trouver un sens à nos folies ! Nous avons vécu une histoire d’hommes libres, nous avons libéré nos émotions, par moments mêmes, le torrent eu droit à des gouttes d’eau salée, et pourtant l’océan n’était pas invité ! Cueillir une feuille pour cicatriser la main tuméfiée par trop d’effort, en récolter une autre pour obtenir un bon bouillon du soir, sont des choses si simples qu’elles en sont souvent oubliées. Marcher de nuit en plein milieu d’une forêt sans lumière est une sorte de prière pour la vie, pour la nature. Nos sens s’éveillent, nos existences prennent encore plus de raison, nous sommes deux simples brindilles. Mais attention un petit bout de branche peut faire chavirer l’équilibre du grand chêne, peut propulser au sol un immense arbre. Nous sommes devenus infiniment petit pour trouver enfin l’essentiel. Le paraître n’a pas sa place dans nos vies d’hommes de mer, la seule possibilité de s’apercevoir est par le reflet furtif dans l’océan quand il est assagi, comme quoi ce n’est pas si souvent. Dans nos marches humides et engagées les silences nous ont inspirés. Entre une bruyère et un arbousier, Eric se confie : Frank; avec toi pas de conversation meublée. La quiétude m’inspira cette réplique : Normal Eric dans nos vies de nomades les meubles n’ont pas de place…

Le 6 novembre 2016 Eric s’élancera dans la course du Vendée Globe challenge. La régate la plus dure au monde, des Hommes, un bateau et de l’eau à courir, l’Everest de la voile. Il a lancé cette opération dans la continuité de sa vie, son équipe à terre sera composée de personnes aussi différentes que compétentes, comme quoi : La différence est une force. Son bateau se nomme : Comme un seul homme, il a besoin de beaucoup d’énergie, de beaucoup de force pour aller tout au bout de son rêve d’homme libre, vous êtes sa force, alors apportez-lui votre soutien…

Que Dieu te bénisse Eric, va vibre et reviens.

Un pas après l'autre...

Un pas après l'autre...

Un cépe rescapé, accompagné de quelques herbes, un bouillon de luxe.

Un cèpe rescapé, accompagné de quelques herbes, un bouillon de luxe.

Home sweet Homme!

Home sweet Homme!

Aprés 4 jours de baroude un peu humide!

Aprés 4 jours de baroude un peu humide!

Compte rendu du troisième stage de survie…

4 novembre 2013

L’équipe est enfin réunie, 6 personnes qui ne se connaissent pas mais qui ont la même motivation pour vivre une belle expérience de partage dans un milieu sauvage voir hostile. La vérification des sacs est des plus importantes, bien que basique le matériel doit être complet : une bonne bâche en PVC comme toit, un film plastique en tapis de sol et un sac de couchage assez chaud pour des nuits qui s’annoncent orageuses. La nourriture je m’en charge, les rations seront suffisantes pour ces 4 jours de baroude, les binômes formés devront partager leurs lyophilisés. La vallée est profonde et la première matinée sera une marche d’approche pour rejoindre le maquis dense et sauvage. Le silence est de rigueur, le vide permet une totale immersion dans ce voyage de l’essentiel. Un repas simple mais consistant, nous permet de récupérer, la sieste est aboli en terre de survie, nous reprenons la route dans une forêt épaisse et surtout dépourvue de sentier et repère. Je sens une légère tension quand je m’égare, je vous promets ce n’était pas prévu ; quoi que ? Une « plage » de sable nous accueille pour monter le camp, l’aspect isolé du coin resserre les cœurs de certains, je tente de faire accélérer le mouvement, un orage approche. Quatre bouts de ficelle, 6m² de toile camouflé comme refuge et le tour est joué, le foyer doit être adapté pour que les gamelles fassent bouillir l’eau du repas du soir. La foudre claque, le vent se lève, le feu a déjà pris de l’ampleur il résistera aux trombes d’eau qui s’abattent sur nous, nos corps sont à l’abri, mais les esprits s’évadent. La nuit nous enveloppe, elle vient tôt à cette saison, le déluge a enfin fini de jouer avec les nerfs de certains, nous pouvons improviser des bancs avec des arbres morts. Le dialogue s’instaure, mais pas du bla bla « de moi j’ai fait », la rusticité du bivouac rend les échanges simples et dépourvues de parade. C’est bon la chaleur du feu sur les mains en quête de réconfort. Pas de télé, pas de net, pas de téléphone et encore moins d’infos parasites de l’extérieur, nous sommes devenus qu’un, la survie s’installe. Une âme en peine rôde autour du camp, un renard, une belette, nous ne le serons jamais mais les victuailles sont bien rangées dans le fond de nos sacs à dos, la survie c’est aussi prévoir. Nous nous saluons et chacun va s’enfouir au fond de son duvet, je sais par expérience que la première nuit est souvent blanche.  1h30 du matin une main tente de me sortir de mes rêves, une des fille a une crise d’angoisse, l’obscurité, la bâche, le silence, elle est mal. Nous chuchotons sans affoler les copains, la petitesse du « coin chambre » l’angoisse, la bâche est seulement à quelques centimètres de son visage, la crainte l’a saisie. Les étoiles ont repris du service, la nuit semble vouloir nous épargner d’un nouvel orage, alors Sylvie installe son couchage entre ma bâche et le feu, sous la voute céleste scintillante elle comptabilisera les étoiles filantes de sa première nuit d’aventure…

7h, le soleil n’a pas encore daigner rejoindre la vallée des survivants, le seul feu est notre foyer, en silence, nos céréales nous remplissent les estomacs. La journée va être rude, notre but sera de quitter le fond du torrent pour rejoindre le sommet de la montagne en espérant pouvoir émettre un feu de signalement pour que les secours nous aperçoivent enfin ! Bien évidemment pas de sentier, il faut se tailler un chemin à travers un maquis dense et vicieux. La progression est d’environ 400mts à l’heure, les sacs accrochent, les binômes sont attentifs entre eux, Dieu que s’est dur de sauver sa peau ! Au bout de trois heures d’efforts nous atteignons un promontoire de granit à couper le souffle, d’un bout à l’autre une seule et même forêt méditerranéenne aux saveurs corsées. Pour nous récompenser des champignons rejoignent le fond de nos gamelles, la survie c’est aussi savoir trouver sa nourriture sur zone. La journée est loin d’être finie, il faut dénicher un nouveau coin pour la nuit. Des blocs couverts de mousse nous obligent à encore plus de prudence, l’autre versant de la montagne gravie est exposé plein nord, sa descente est casse patte. Encore une belle berge paumée pour ce soir, les filles montent un beau bivouac plus aéré, Marc et Lionel prennent le rythme, Jean-Louis est très attentif à son compagnon Rémi qui ne présente aucune blessure en retirant sa prothèse. Le foyer crépite, la tentation est trop forte, le torrent nous offre une sorte de piscine de vingt mètres de long, malgré sa fraîcheur automnale, je me lance dans un crawl réparateur. Je pourrai encore et encore vous parler des rires échangés, des cueillettes pratiquées, de cette fraternité installée mais ça c’est notre jardin secret…

Prochain stage où il y a encore de la place du jeudi 13 mars au matin inclus au dimanche 16 au soir. Demande de formulaire d’inscription à bout2vie@wanadoo.fr

Un souvenir ne s’achète pas il se vit…

Premier bivouac, le doute s'installe, mais il sera absorbé par la magie du lieu...

Premier bivouac, le doute s'installe, mais il sera absorbé par la magie du lieu...

La magnifience du lieu décuple nos forces...

La magnificence du lieu décuple nos forces...

Rémi en pleine escalade, vous avez dit handicap?

Rémi en pleine escalade, vous avez dit handicap?

L'équipe au sommet aprés trois de jungle maquisarde!

L'équipe au sommet après trois heures de jungle maquisarde!

Même en survie les régles de savoir vivre existent, les filles se servent en premier...

Même en survie les règles de savoir-vivre existent, les filles se servent en premier...

La descente sur la mousse est un bon entrainement de cirque...

La descente sur la mousse est un bon entrainement de cirque...

Deuxiéme bivouac, le riviére nous apaise

Deuxième bivouac, le rivière nous apaise

Les berges des torrents sont des jungles de fougére et ronce.

Les berges des torrents sont des jungles de fougère et de ronce.

Rémi ouvre la voie, Marc est attentif...

Rémi ouvre la voie, Marc est attentif...

Dans les pas du général Massoud (la suite)…

9 octobre 2013
Aussi belles que fragiles, l'automne aussi à sa tendresse...

Aussi belles que fragiles, l'automne aussi à sa tendresse...

En cette nuit sombre et humide deux petits points lumineux avancent en silence, deux hommes apaisés et ravis de l’instant présent n’ont plus besoin de causer, leurs âmes errent dans l’infini des étoiles. Quand le jour sera sorti de sa léthargie automnale ils auront déjà parcouru beaucoup de sous-bois et franchi encore un ou deux torrents… Que vous dire de ces jours partagés, comment décrire nos échanges, quand deux solitaires se rencontrent, les mots deviennent inutiles. Nous avons crapahuté, ensemble, nous avons découvert de nouveaux passages vers des vallées inconnues, le feu du soir qui réchauffe les mains et les cœurs nous a permis de nous livrer. Du pont du porte-avion Foch aux montagnes afghanes sous l’occupation soviétique, nous avons mélangés nos maux. Lui aussi a perdu un membre, pas de son corps mais de sa famille. Le membre fantôme nous rend visite régulièrement à nous de savoir l’accueillir sans trop vouloir y donner une raison. Des « Choses » inexplorées, nous avons causé, questions universelles : mais qu’ y a-t-il après la mort, pourquoi les souffrances sont vécues comme des injustices… La forêt enchantée donne libre cours à nos sixièmes sens, et si les esprits existaient vraiment et si là-bas dans les étoiles il y avait de la vie comme ici, pourquoi serions-nous les seuls privilégiés. Nos réponses nous appartiennent, les « autres » ne peuvent plus comprendre, ils n’ont plus le temps, le rationnel et le sablier du temps qui passe ne laisse plus l’esprit vagabonder vers le surnaturel. Stéphane créateur du magazine Inexploré ne se laisse pas envahir par l’enthousiasme débordant de certains récits, le passé de reporter de guerre sont ses images de références, il décortique, analyse avant de rédiger ses pages. Des faits étranges non conventionnels nous croisent régulièrement mais les religions inventées par les hommes les jettent aux orties, si par hasard un scientifique laisse filtrer une information surnaturelle il sera rappelé à l’ordre. Curieux de nature, je lui ai causé de cette présence que j’ai eu pendant ma descente du fleuve Yukon, (voir dans mon dernier livre), je me sentais en proche relation avec une vieille dame qui m’accompagnait dans mes solitudes des plus profondes. Imagination pour les plus rationnels, guides spirituels pour des plus initiés, j’ai ma petite idée, lui aussi… Plus que des mots je vous joins quelques belles photos qui je l’espère vous feront voyager l’espace d’un instant.

Une soirée débat entre Stéphane et moi sera organisé le 17 décembre à Paris XVII 118 Bd Malherbes à 20h30 réservation en ligne sur le site de l’INREES… (Mon cachet sera reversé en intégralité à Bout de vie)

Et si c'était une âme tourmentée dans une racine!

Et si c'était une âme tourmentée dans une racine!

Un cerf se cache derriere cette écorce...

Un cerf se cache derrière cette écorce...

Loin des chemins tracès par les autres nous sommes devenus les explorateurs du temps présent.

Loin des chemins tracés par les autres nous sommes devenus les explorateurs du temps présent.

Derrière les nuages la lumiére, une sorte de refrain eternel...

Derrière les nuages la lumière, une sorte de refrain éternel...

Deux tragédies, deux hommes et pourtant nous sommes libres et heureux.

Deux tragédies, deux hommes et pourtant nous sommes libres et heureux.

Dans les pas du Général Massoud…

3 octobre 2013
Stéphane a su s'adapter à la vie de moudjhadin.

Stéphane a su s'adapter à la vie de moudjahidin.

Alors que vous êtes confortablement assis devant votre PC deux hommes sont en train de sillonner les crêtes des cimes corses. Ma prothèse est bien fixée et mon « Moi » mis au placard, Stéphane n’a peut être toujours pas dépoussiéré ses godillots de terre afghane, pendant plusieurs jours nous allons ensemble, écouter le bruit du silence. Depuis quelques temps je me prête souvent au rôle de guide sans en avoir les titres officiels, mais pas tout le monde n’a le droit de suivre les pas de ma guibole en carbone. Si je me socialise un peu plus, mes fondations sont bien ancrées sur une solitude volontaire et sereine, le partage est une huile essentielle que j’offre au plus méritants.

L’Afghanistan est une histoire de famille chez les Allix. Pour le meilleur et pour le pire. En 1956, le père de Stéphane arpente les montagnes afghanes avec Joseph Kessel. En 2001 Thomas son frère trouve la mort au sud de Kaboul. Le sang de la famille a coulé sur cette terre, rejoignant celui de plus de un million de civils afghans.

Stéphane Allix a découvert l’Afghanistan à l’âge de dix-neuf ans, en entrant clandestinement avec un groupe de moudjahidin. Envouté par ce pays, il lui a consacré sa jeunesse. Il est l’un des rares français à avoir vu se dérouler sous ses yeux l’occupation soviétique, la guerre civile et le règne taliban, l’unique occidental à avoir côtoyé à la fois Mollah Omar et le commandant Massoud.

Le hasard de la vie diront certains, coup de pouce de nos anges gardiens me souffle la mascotte qui ne se trompe que très rarement, Stéphane a croisé un boiteux cabochard. Que va-t-il se passer pendant ces jours de baroude, nous ne le savons pas et c’est pour ça que nous y allons. Nos souffrances seront bien-sur enfouies dans nos duvets, c’est de bonne compagnie quand on part loin des hommes qui jugent en boucle. Un projet dans tous ça, une grosse conférence au sein de l’INREES à Paris le 17 décembre, Stéphane journaliste aguerri anime un débat chaque mois avec  un homme un peu particulier sur un thème précis, celui que nous aurons le bonheur de partager sera : Faut-il dépasser ses limites ou les découvrir ? (Je vous donnerai les détails de cette soirée en temps voulu.)

La pluie, le vent et les orages sont au programme, ouf j’aurai eu peur de trop de beau, de trop de facile, c’est dans la difficulté que l’on grandi. En attendant notre retour vous pouvez suivre sur M6 ses émissions « Enquêtes extraordinaires » et vous plonger dans l’un de ses ouvrages remarquables aux éditions Robert Laffont Carnets afghans…

Un bref extrait de ce livre prenant : Je suis allé en Afghanistan pour comprendre les hommes  et les raisons de leurs meurtres. J’ai vu le sang, la souffrance et la mort, déjà. Cela m’a rendu attentif à la respiration de la terre. A ses millénaires de mémoire et d’héritage…

carnets afghans

Mystére polaire par Polar Mister alias Niko Dubreuil…

27 mai 2013

Le monde est divisé en deux, ceux qui se prennent au sérieux sans faire les choses sérieusement et ceux qui ne se prennent pas au sérieux en faisant les choses le plus sérieusement possible ; je suis du deuxième groupe ! Donc plutôt que me mettre à vociférer contre ceux qui nous pompent une énergie débordante par leur manque de sérieux je suis et je reste positif en m’esquivant dans mon camp retranché. Ici tout est excuse à jouer, la vie est jeu alors pourquoi louperais-je une partie. C’est Grand Corps Malade qui dit : la vie c’est gratuit alors je me ressers. Mon activité est très sérieuse cet après-midi de fin de semaine, elle est consacrée à la pose d’un mat de pavillon pour y arborer quelques bannières de régions du monde qui m’ont enchanté. Un petit aulne sera le martyr du jour, je l’écorce, sans jeu de mot et lui fixe une poulie récupérée sur quelques épaves de voilier des années passées qui ont décidé de mourir sur des récifs affleurant des Bouches de Bonifacio. Droit comme un I il est en place au flanc du tipi, les trois flammes sont hissées, la première est celle du Groenland, la deuxième de l’état du Yukon et enfin la troisième de la Laponie. Assis sur un caillou je contemple mon bivouac « five stars ». Ces trois fanions me ramène sur mes anciennes pérégrinations polaires, c’est vrai qu’il faut être « fada »  d’avoir enduré ces périples. Si je devais les réduire en quelques brefs avatars je dirais du Groenland : Boîte souffre et rêve ! Le Yukon : La solitude c’est quand on est seul, seul, seul et enfin la Laponie : Le Grand Nord sans les dangers !

Le feu crépite car ce printemps garde des allures d’hiver et je sais que je dois être un des rares à m’en réjouir. Assis tout près du feu, je rêvasse, mais mon « pif » animal me demande d’écouter d’une oreille attentive le bulletin météo marine de France Inter. Marine ; mais l’unijambiste est en montagne ! Ok mais n’oubliez pas que la Corse est une île ! Waouh, le gros coup de vent approche accompagné de violents orages ; 160km/ h annoncé, ça va être trois jours de pur bonheur !!! Après la bonne nouvelle le « speakeur » propose une rencontre radio avec un français qui vit au Groenland !!! Ce n’est pas vrai Nicolas Dubreuil à côté de moi au coin du feu, il est en campagne de promo pour son dernier ouvrage Mystère Polaire écrit par Polar Mister !  Encore plus fort, il raconte entre autre notre découverte de la base abandonnée américaine DYE, je suis attentif, je bois ces paroles, les souvenirs reviennent… Ouf il n’a pas dévoilé où j’avais planqué mon butin de visserie inox, ma boiterie sournoise me punissait en m’interdisant tout poids supplémentaire dans mon traineaux. Ne vous inquiétez pas je les ai bien cachés on ne sait jamais si quelques lutins des glaces auraient la sournoise idée de me les piquer ! Il est temps de rejoindre le tipi, je m’enfouis dans mon duvet, 7°, un immense bonheur m’envahit, c’est vrai qu’elle est belle la vie…

Vu que la mode quand on arrive dans une maison c’est qu’on vous la fasse visiter, de gré ou de force, il m’est venu l’envie moi aussi de vous faire une visite guidée par les mascottes.

Tout y est au premier plan: faut attendre que ça pousse; sur le mur en pierres séches les loustiques, le mat de pavillon et en enfin la tente lapone...

Tout y est au premier plan: faut attendre que ça pousse; sur le mur en pierres séches les loustiques, le mat de pavillon et en enfin la tente lapone...

Un minimum de carburant pour cuire les crêpes!

Un minimum de carburant pour cuire les crêpes!

Le coin cuisine. Cékankonmange?

Le coin cuisine. Cékankonmange?

Corvé de vaisselle les mascottes!

Corvée de vaisselle les mascottes!

Escaliers menant à la salle de bain!

Escaliers menant à la salle de bain!

Le jacuzi, pour l'eau chaude voir le plombier du coin!

Le jacuzzi, pour l'eau chaude voir le plombier du coin!

Un bon fauteuil moelleux pour prendre la douche, veuillez verifier de bien fermer le robinet aprés usage!

Un bon fauteuil moelleux pour prendre la douche, veuillez vérifier de bien fermer le robinet aprés usage!

Cha ché pa drole... Help!

Cha ché pa drole... Help!

Le sherpa des mascottes!!!

Le sherpa des mascottes!!!

Récit du deuxiéme stage de survie…

13 mars 2013
Nous sommes prêts...

Nous sommes prêts...

La pression monte d’un cran, le deuxième stage de survie est sur le point de démarrer, l’équipe est composée aussi de copains amputés, va falloir que je sois à la hauteur.

Véro et Claude nous déposent dans un hameau au pied du massif de Cagna qui porte son beau chapeau de vent du sud, pluie, vent violent et orage sont au programme. Je pèse les sacs qui sont à ma grande surprise plus légers que la normale, l’aventure peut enfin commencer. Le sentier muletier qui mène sur un cul de sac est très glissant, la bruine a bien bossé ! Le brouillard nous emmitoufle, je ferme la marche pour mieux observer mes compagnons, je constate qu’ils n’utilisent que très peu leurs bâtons, pourtant avec un bon usage, 30% d’effort peut être économisé. Au sommet du petit col nous attaquons vraiment, un adieu au beau chemin pour nous retrouver dans un maquis dense et non balisé. La dénivelé négatif est imposant, les arbousiers et bruyères nous barrent le pas, il faut enjamber sans chuter, exercice de style qui demande une grande concentration. La terre noire est gorgée d’eau ; les pluies incessantes depuis plusieurs semaines ont rendu la progression extrêmement « casse-gueule » ! Les chutes se succèdent, j’ai la boule au ventre, il faut que personne ne se blesse ! Aucun « bobo » à déclarer ! Nous tentons une traversée pour rejoindre une forêt de ronces qui a repris du terrain depuis mon dernier passage, le chemin est devenu un torrent. Les mures sauvages accrochent les prothèses, le ruisseau éphémère rend le cheminement encore plus astreignant mais personne ne se plaint. Un petit miracle au milieu des broussailles je retrouve l’embout de la pipette de mon camel back, perdu lors du dernier stage, ma chance légendaire ! Finalement au bout de trois heures d’effort nous rejoignons une piste en terre abandonnée, les corps sont éprouvés et les moignons semblent déjà protester. Une trêve nous est accordée par la pluie, il nous reste encore une petite heure de marche pour rejoindre une ruine en pierre qui nous servira de premier refuge…

Cela fait deux jours que nous marchons, l’équipe est bien soudée, nous avons un bon guide ; la pluie ! Dans un maquis très dense nous trouvons une ancienne aire de charbonnage, la nature a repris ses droits, le premier boulot est d’élaguer ce terrain plat qui va nous servir de refuge pour la nuit. Soudain un vent fort et chaud secoue la canopée, je sens un coup d’esbroufe  du ciel, le vent se déchaine, les éclairs nous encerclent, le déluge nous tombe sur la tête. Des tonnes d’eau  s’abattent sur nous comme j’en ai rarement vu, le torrent en contre bas, en quelques minutes monte de plus d’un mètre. Je sens qu’une partie de l’équipe perd pied, sans jeu de mots, mais l’autre moitié reste attentive. Je dois me montrer ferme et directif, tout le monde doit s’activer pour monter le camp quelque soit les conditions. Abatage d’un arbuste droit et assez long pour la charpente,  nettoyage des cailloux qui envahissent le replat et mise en place des bâches qui nous abriteront. Le montage du foyer est aussi très important, il doit posséder un muret en forme de chevron qui servira de réflecteur pour envoyer un soupçon de chaleur au « survivant ». La bruyère sèche s’enflamme une première fois, la pluie perd un peu de son intensité, mais ce n’est pas connaître le coin, un second éclair nous annonce le prochain round, les flammes ne résistent pas. La rivière augment encore, je ne l’ai jamais vu à cette hauteur, les arbres sont couchés, brisés nous nous sentons tout petits dans ce décor de cataclysme. Trempés comme des castors, le camp est finalement monté, des grands silences en disent long sur l’état mental de certains mais une bonne nuit semi-humide reposera partiellement les corps épuisés. Sébastien le plus jeune de la bande aura droit à une blague de sa bâche qui en pleine nuit se régalera de lui larguer une poche d’eau. Sans ciller il passera le reste de sa nuit à tenter de sécher ses affaires près du feu…

Quatrième jour, sales, boueux, boiteux nous sommes récupérés, la victoire est au bout du chemin. Le stage a été à la hauteur de ses participants, les images de références sont accumulées, certains conformistes nous plaindront par le manque de soleil, mais de la survie ce n’est pas de la randonnée, ni du trekking, la survie, c’est sauver sa peau coûte que coûte, c’est rendre le futile indispensable, c’est trouver le bol d’eau chaude savoureux au même titre qu’un millésime. La même « balade » sous le soleil aurait enlevé l’intensité de se deuxième stage de survie douce Bout de vie.

Pour conclure cette bafouille je tenais à remercier les cinq participants qui ont su trouver de nouvelles limites. Bravo à Christophe, Sébastien, Pierre-Alain, Gaby et Jean- Luc. Un grand merci à David Manise grand « gourou » des stages de survie qui m’a encouragé dans cette démarche de mixité, valide, moins-valide…

J’attends de pied ferme vos inscriptions pour le prochain stage, date à définir…

Marche silencieuse dans la brume et la pluie fine... Marche et rêve...

Marche silencieuse dans la brume et la pluie fine... Marche et rêve...

Que les ronces restent tranquilles, les jambes en carbones arrivent!!!

Que les ronces restent tranquilles, les jambes en carbones arrivent!!!

Jean-Luc et Gaby sourire aux lévres malgré les difficultées du stage...

Jean-Luc et Gaby sourire aux lèvres malgré les difficultés du stage...

Une ruine sans toit pour la premiére nuit...

Une ruine sans toit pour la première nuit...

Quand la riviére se déchaine, traversée interdite...

Quand la rivière se déchaine, traversée interdite...

Bivouac en forêt, la pluie veut nous tenir compagnie.

Bivouac en forêt, la pluie veut nous tenir compagnie.

Confection d'une pate à pain qui sera cuite sur une pierre de granit.

Confection d'une pâte à pain qui sera cuite sur une pierre de granit.

Sebastien se revelera très doué pour ce style de vie... Une vocation est née, j'en suis certain...

Sébastien se révélera très doué pour ce style de vie... Une vocation est née, j'en suis certain...

Christophe affine le montage de son bivouac "bio"!

Christophe affine le montage de son bivouac "bio"!

Un petit chez soi trés coquet!

Un petit chez soi trés coquet!