Cap sur une autre vie…

16 juin 2015
Moment solennel d'écriture...

Moment solennel d'écriture...

Je ne pouvais pas imaginer le changement complet de ce demi-siècle passé. Les anniversaires sont des moments que je n’apprécie pas du tout, les dates n’ont aucune importance à mes yeux et les fêtes prévues longtemps à l’avance ne sont pas à mes goûts. Donc sans y prêter aucune attention, j’ai passé sur la pointe de la prothèse, le cap des 50 ans sans obligation affligeante au Cabochard que je suis ! Mais une succession d’événements m’ont amené non plus sur une autre page ou un autre chapitre mais bel et bien sur l’écriture d’un nouveau livre. Au moment où je rédige ces mots une pergola me cache du soleil devant une modeste cabane, le petit Cabochard repose pas trop loin d’ici mais il n’est plus ma demeure. En perdant la jambe il y a 32 ans, en revenant de longs mois d’hospitalisation, j’avais remarqué que tout mon entourage avait changé. Mais en vérité, eux n’avaient pas bougé d’un cheveu, c’était moi qui avait pris un autre cap ! Depuis janvier je me suis mis en mode machine pour bâtir cette petite maison et rien n’a pu m’arrêter ; depuis quelques jours le rêve est devenu réalité, j’y ai posé mon sac. Mais l’émotion a décidé de s’inviter, le Cabochard est vidé de mes affaires, il me semble plus grand mais aussi plus froid, moins confident. 22 ans que je m’y suis endormis, 22 ans que je m’y suis réveillé ! Il m’a permis de devenir le Freeman. De Gibraltar à la Turquie nous y avons laissé des amis, nous y avons trouvé des trésors enfouis, des victoires comme des défaites nous ont apposés quelques tatouages. Dans ma cabane je me sens par moment perdu, l’émotion me scie le ventre, deviendrais-je un oiseau sédentaire, la vue depuis ce nid d’aigle est à l’infini, alors mes yeux scrute l’horizon. J’y vois des voiles blanches, peut-être aussi quelques moutons, je me demande si un jour je n’y reconnaitrais pas un beau vieux bateau de bois reprendre le large pour d’autres aventures mais sans le capitaine boiteux ! Difficile de visualiser un avenir sans moi pour ce petit pointu si cher à mon cœur. Mon vieil ami de la Galiote lui aussi va changer de vie, il stoppe son activité pour une retraite bien méritée, les Lavezzi tourne une page, les fossoyeurs des Bouches de Bonifacio pourront y déverser des tonnes de touristes, nous ne serons plus là pour constater le désastre de l’appel au gain ! Personne n’a changé, c’est moi qui prends une autre route, en donnant quelques degrés à la barre du navire de ma vie j’ai certainement évité des hauts fonds qui m’auraient été fatales. J’ai trouvé l’endroit où va pousser un potager, Karin réussi à m’apaiser, l’oiseau du large n’est pas toujours facile à cerner. Plein de choses ont changé, plein de nouveaux projets tentent de pointer le bout de leur nez, et mes nuits sont agitées, comment oublier, comment tourner la page. L’écriture va reprendre sa place, depuis 6 mois mes pages n’étaient remplis que de côtes précises ou de matériaux à acheminer à pied d’œuvre. Les cigales chantent, le vent d’ouest fait claquer mon vieux drapeau de pirate, une nouvelle vie s’ouvre à moi, jamais je n’aurais pu imaginer cela. Je repose mon crayon, je referme ma page, je vais tenter de retrouver un sens à ce calepin de vie. De plus en plus je reçois des témoignages extraordinaires, des mots que je garde précieusement, je n’arrive pas à comprendre pourquoi vous êtes si élogieux à mon égard ! De l’extérieur peut-être vous me prenez pour ce que je ne suis pas vraiment, mais en tous les cas sachez que vous êtes tous bien calés dans mon cœur… Depuis la cabane du Freeman je vous envoie tout le meilleur du monde.

PS : Les mascottes Norra et Jo Zef ont trouvé leur place dans la kota et ils ne semblent pas trop souffrir du mal de terre !

Gérer ses émotions…

18 novembre 2013

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L’émotion nous prend en otage, à nous de nous en libérer sans jamais se faire reprendre. Une théorie que j’aime appliquer. En quelques mots je vais essayer de vous dévoiler ma vision le plus froidement possible sans émotion.                                                                                                                                                         Elle est une information qui subitement bouleverse notre quotidien, nous en sommes tous les victimes, mais il y a plusieurs catégories, la positive et la négative, les deux d’ailleurs doivent être traitées avec le même égard. Rudyard Kipling dans son très beau poème, Tu seras un homme mon fils, le démontre de très belle manière.

…Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre…

Nous somme bombardés d’informations au quotidien, nous sommes saturés, on ne sait plus que faire. Dans une partie du cerveau se trouve un complexe amygdalien qui va décoder les infos arrivantes, ces noyaux, vont suivant les cas, engendrer des réactions de peurs, d’angoisse… En cas de détérioration de ces amygdales les sujets ne développent pas de méfiance à l’égard de visages non familiers, jugés non fréquentables et indignes de confiance. Une lésion au niveau des amygdales entraine une incapacité d’exprimer ses émotions. S’il y a un serpent devant lui, le patient lésé dira : « je suis censé avoir peur mais je n’ai pas vraiment peur » et il n’aura aucune manifestation somatique de peur.

Ça c’est la partie théorique que je suis en train de potasser, mais c’est la pratique que j’applique au quotidien que j’aimerai vous transmettre. Comme un enseignement scolaire, sportif, artistique et autre nous pouvons apprivoiser et assouplir nos émotions. Une blessure nous met en rage, mais si dans l’instant où cette information arrive nous la décortiquons en lui donnant moins d’importance la colère disparaitra. Si l’on vous a agressé c’est que la personne en face a été blessée, à vous de contourner son énergie négative sans rentrer dans son jeu. Si vous lui répondez par un autre schéma que sa violence cela le bouleversera et s’en suivra autre chose que le conflit. Un torrent contourne toujours une roche en plein milieu de son lit, c’est bon d’être un torrent. L’émotion amoureuse est aussi source de trouble, la personne amoureuse ne dort plus, ne mange plus, elle ne pense plus qu’à son amant, qui lui peut-être sera sur une autre fréquence et la sensation d’injustice sera un abime de douleur. Personne n’appartient à personne ! L’émotion est nécessaire pour nous avertir mais à nous de savoir la canaliser sans lui donner une importance qui n’a pas sa place dans notre quotidien. Aimer ne veut pas dire être esclave, ne pas apprécier un geste d’une tierce personne ne veut pas dire la détester… De ma propre expérience je n’en retiens qu’une seule chose évidente, toutes les émotions que nous subissons dans notre vie sont des explications pour nous guider. Malheurs, bonheurs, ils sont toujours de paires, à nous de les inviter dans notre « Moi » mais ils ne doivent pas prendre toute la place. Un mot violent va affoler vos noyaux amygdaliens à nous de filtrer l’information pour ne pas se laisser submerger. Un apprentissage de respiration sera un premier pas, réduire l’information, nous sommes bombardés de mauvaises nouvelles rarement indispensables, sera le deuxième pas. Le sport et une bonne hygiène de vie rendent notre quotidien facile à nous de rajouter une manière d’accueillir les bonnes et mauvaises émotions sur le même pied !

Bixente Lizarazu est en train de cogiter pour une soirée débat sur ce sujet, vos avis nous intéressent, ils seront précieux.

A pluche !

 

Amour, sexe et handicap !

14 février 2013
A t'on déja vu une Juliette en fauteuil?

A t’on déjà vu une Juliette en fauteuil ?

Amour, sexe et handicap !

Je suis certain que ce thème fait partie du top 5 des sujets tabous. Comment une personne handicapée peut-elle avoir une vie amoureuse et sexuelle ? Depuis trente ans je suis classé mutilé de guerre et depuis dix ans président fondateur d’une association de personnes amputées, me permettant de croiser un grand nombre de personnes « différentes ». Le thème est vaste avec une infinité de modules possibles mais pour rester dans le schéma basique il y a deux cas majeurs. Un handi avec un valide, un handi avec une handi. Ma première réaction au lendemain de mon accident, alors que je n’avais que 18 ans, était de savoir si j’allais encore plaire aux filles ! Tel Attila je brulais tout sur mon passage profitant de cette « faiblesse » pour charmer mes pauvres victimes, mon amputation devenait une force de séduction destructrice. Par expérience associative je réalise que mon cas n’est pas révélateur de la majeure partie des nouveaux arrivants dans l’univers des handis. Cette différence peut devenir une sorte d’Everest insurmontable car la personne blessée créait elle-même ce gouffre infranchissable et la vis sans fin se met en route. Les femmes blessées dans leur chair sont encore plus sensibles à cet aspect. L’apparence en prend pour son grade, puisque la différence physique va à un moment ou un autre apparaître. Souvent les jeunes femmes ne savent pas quoi dire quand le prince charmant se présente, la question est récurrente ! Dois-je lui dire de suite que j’ai une jambe de bois ou plus tard ? La réponse est délicate, le dire de suite serait une sorte de mise en garde qui pourrait effrayer et l’annoncer plus tard pourrait être perçu comme une forme de trahison, chaque cas est particulier. Dans mon cas d’homme baroudeur, je le faisais comprendre plus comme une spécificité  qu’une chose incroyablement moche et terrible. Hélas je connais trop de jeunes femmes seules car elles n’arrivent pas à se dépêtrer de cette idée de laideur associé à la femme handicapée, pourtant leur beauté intérieur irradie.

Mais là où je voudrais en venir et avoir vos avis est une question simple : Vous, valides et handicapés seriez vous prêts et prêtes à faire un bout de chemin avec une boiteuse, avec un compagnon en fauteuil roulant, avec un amant non voyant qui ne pourrait vous voir qu’avec son imagination et ses autres sens ; seriez vous prêts à demander la main d’une nana qui n’en a qu’une, de main ? Accepteriez-vous d’avoir la mère de vos enfants qui ne pourra jamais gravir les escaliers de l’école de vos gamins, auriez-vous le courage de présenter à vos parents leur futur gendre sourd et muet.. ?

Régulièrement je pose cette question et je suis toujours très surpris de vos réponses. Ma demande n’est pas anodine car une société de production est en train de travailler sur un projet de documentaire sur ce sujet, je suis certain que vos réponses, valides et handis les éclaireront. Vos témoignages pourraient aussi aider les plus craintifs. A vos claviers et que les tabous explosent !

A pluche.

Quai de gare…

16 septembre 2012
Souffrance, mutilation, amputation qui unis les hommes... Sacrée vie!

Souffrance, mutilation, amputation qui unies les hommes... Sacrée vie!

Quai de gare : Il devient beau, quand ma  bien-aimée arrive et croule de tristesse quand elle me quitte…

Un week-end merveilleux de partage, pour finir en beauté. Mettre des mots m’est impossible, je ne saurais assez remercier tous nos amis valaisans, amis ne convient certainement plus, je dirais, famille d’adoption. Merci de vos sourires, merci de votre disponibilité, de votre sincère gentillesse. Une soirée au refuge de la Lourantze avec ma belle, pour énergiser nos âmes, endroit de carte postale qui possède des vibrations fantastiques. Réunis autour d’une table j’ai oublié quelques instants la dureté de vie que je me suis imposé pour ce périple, j’ai pu faire un lâché-prise si indispensable pour continuer. Gaby, stagiaire Bout de Vie 2010 avait fait le déplacement depuis Besançon, un autre plaisir partagé à l’écouter raconter sa deuxième vie. Plus de diététique, plus de contrainte, ma princesse me soigne, me gâte, je me régénère, je cicatrise. Mais le temps passe, le sablier n’a pas de sentiment, il nous file entre les doigts. Nous traversons la montagne pour retrouver Crans-Montana, encore des sourires, des échanges, c’est vrai que c’est bon le partage. Ma veste verte disparue, une jaune apparait, de grenouille bruyante, je deviens poussin itinérant !  Gâté à en rougir je ne saurais comment tous vous remercier. J’ai une idée, j’irais au bout de ma croisade en apportant vos sourires. Il y a bien longtemps un avion de chasse m’a broyé, humilié, martyrisé, son nom était « Crusader », en anglais cela signifie : Croisé. Je suis repartis dans ma croisade, pas de croix sur ma bannière, pas d’arme autour de ma taille, de l’amour et de la détermination. Ce soir je me sens seul physiquement mais mon âme est comblée de nouveau. Je viens de dresser mon camp à Brig, devant moi a surgi un grand dragon, le col du Simplon. Alexandre le grand aurait passé les Alpes avec des éléphants, moi je vais tenter à vélo sur une patte, il serait simpliste de croire que seul les moyens changent le voyage, pourtant c’est certain, je poursuis ma route pour un motif , un cri, un appel. Je me répète, je ne le fais pas pour une cause car je suis la cause. Plus de trois mois avec le même objectif, arriver au bout de mon rêve, donner mon meilleur pour finir tout là-bas, qui est de moins en moins loin. Merci à vous tous, ma belle m’attend au bout de la route, j’ai revêtu mon armure et vais repartir affronter mes peurs, mes doutes, mes souffrances, j’esquiverai les coups portés le sourire aux lèvres. Avancer, il n’y a plus que ça qui compte. Si ce soir la solitude est de nouveau ma compagne, vos rires tintent encore tout au fond de moi. Merci de tout mon cœur, je reviendrai…

Le profile du col Simplon...

Le profil du col Simplon...

Un vrai bonheur…

15 septembre 2012
Pur bonheur...

Pur bonheur...

Savoir, penser,rêver. Tout est là

Victor Hugo

Bout au vent…

16 juillet 2012
Il la protége, lui sussure le Sud, la Méditerranée, une île où les hommes sont rebelles mais ont un coeur gros comme le monde...

Il la protège, lui susurre le Sud, la Méditerranée, une île où les hommes sont rebelles mais ont un cœur gros comme le monde...

Encore et toujours une pluie fine, le soleil est certainement trop occupé à cramer la Méditerranée ! Un bon coup de Nord-ouest se prépare et à 5h25, heure de mon départ, il est déjà en forme. Le grand golfe d’Omnefjärden prend une allure moutonneuse, mais je passe sans problème.
Bien à l’abri je louvoie très prés de la côte pour m’éviter, les pires rafales. Hier j’étais  protégé du Sud-est ce matin planqué du Nord-ouest, ici le vent ne connait pas de répit. J’arrive à la deuxième baie du programme, je passe mais cela devient plus engagé, un poil sportif ! Je retrouve une côte sous le vent mais quelques grosses risées me plaquent au kayak, j’en ai failli perdre la pagaie. Au détour d’un cap je dois bifurquer cap au Nord-ouest sur 400 mètres, je ne dois surtout pas baisser la garde. Je mouline pour gagner du terrain, finalement je m’en sors pas trop mal. Le crachin ne cesse de jouer les supporters mais je crains la prochaine traversée, le Gaviksfjärden est profond de 6km et il aura assez d’espace pour lever un sacré clapot, cela va être dur à gérer. Je me cache derrière un gros caillou pour prendre un peu de répit et manger quelques bricoles qui vont m’aider à affronter cette épreuve. Je m’élance, branche la caméra et envoi les watts, je suis à fond, je ne peux pas donner plus. Je ne suis même pas sur que j’avance, une demi heure pour gagner 500mts et je sens que j’y passe une incroyable énergie. Sur mon tribord un fjord protégé apparait, je vais essayer de tirer un bord sur lui sans trop me mettre en travers des lames pour ne pas finir sans dessus dessous. Finalement je touche la plage, je crois que seule la pluie est mon témoin du jour, pourtant depuis un moment j’étais observé par un homme qui possède le cottage où j’ai beaché Immaqa. Je m’étire quelque peu, je m’extirpe avec peine du kayak et touche enfin la terre ferme. Je vois déjà où je pourrai monter ma tente, mais avant, ma conscience « professionnel » m’exige de comptabiliser la journée. 24km, il manque 6 pour faire mes 30 que je me suis imposé ! Mais hier j’en ai fait 42, ok, je reste !!! Oui je sais cela peut vous faire sourire, mais la rigueur et la discipline sont nécessaires dans des raids aussi long, si l’on passe sur certaines choses à la fin le projet avorte. Pendant que je me bois une tasse de café brulant, un homme apparait, il m’a surveillé à la jumelle et vient à ma rencontre. « Belle bataille, monsieur ! » Je souris et lui répond qu’avec la Botnie, il n’y a ni combat, ni lutte, juste une volonté d’avancer au mieux, aujourd’hui’hui je n’ai plus de jus pour continuer. Il m’invite dans sa maison et debout devant un feu de cheminée je me sèche de cette dure matinée pluvieuse et venteuse. Il m’offre un café et me propose une cabane voisine de la sienne. Je refuse gentiment, j’ai pris l’habitude d’être sous ma tente mais accepte d’aller prendre ma deuxième douche brulante en deux jours !!! En préparant ce projet, j’avais lu pas mal de bouquins sur les pays que j’allais traverser et souvent je remarquais que les suédois étaient froids sans accueil pour l’étranger !!! Je ne sais pas si c’est ma chance légendaire mais depuis que je suis dans ce beau pays je n’arrête pas d’être reçu comme un frère.
PS : La petite rescapée d’hier commence un peu à sécher et Jo Zef l’a prise en affection, je crois qu’elle va venir avec nous jusqu’au bout du voyage. Le Cabochard sera sa prochaine demeure, la mascotte partagera son coussin de bannette.
A pluche !

Liberté d’être un homme libre !

4 juillet 2012
Déja une semaine de bivouac au bord du golfe de Botnie

C'est une plage de galets qui m’accueille pour ce nouveau bivouac au bord du golfe de Botnie

Déjà une semaine que j’ai quitté Luléa, une semaine d’apprentissage, 7jours de cours intensifs. Je crois être attentif et bonne élève. Encore ce matin les trois première heures ont été un enfer, je crois que je radote mais c’était dur, flippant et très abrasif mentalement. 3 heures de cours pour comprendre que la Botnie est une dure à cuire et que le p’tit méditerranéen, il a intérêt à bien apprendre ses leçons sinon, dehors au piquet ! La journée s’est passée, j’ai pagayé, c’est mon boulot, pendant que vous vous étiez à « l’usine », moi j’avançais. Ce soir le bivouac est monté, le feu crépite, l’eau réchauffe ma gamelle et je suis seul au monde. Un sentiment qui me fascine, qui est une sorte de drogue. Seul face à moi-même, pas de chance de s’échapper, pas de : «chut je regarde le film ». Un échassier braille de tous ses poumons, de joie, de peur, de colère, je n’arrive pas à le comprendre, je vous rassure lui non plus n’arrive pas à comprendre les hommes. Ma Véro m’a envoyé une poésie fantastique sur la relation du couple, son père lui avait transmis. Deux âmes qui se rencontrent ne doivent se ressembler, elles doivent accepter l’autre tel qu’il est. Nous nous acceptons comme nous sommes, moi l’oiseau de mer, elle le merle bleu sédentaire. Pourtant notre union est profonde, sincère. Comme des enfants nous nous aimons et ni les tempêtes, ni les orages n’arrivent à nous séparer. Tout à l’heure alors que je tirais dur sur les pagaies une idée m’a traversé l’esprit… j’arrivais avec Immaqa aux Lavezzi, quatre mois d’effort pour rejoindre ce lieu qui m’est si cher. Soudain des bateaux autour de moi et sur l’un d’eux ma Vrai qui me regardait. Je me surprenais à avoir de l’eau salée sur mes joues alors que la mer de Botnie est douce. Le feu me réchauffe l’âme mais ce soir je suis le plus heureux des hommes car je suis libre, libre comme le vent, comme la houle, comme le sont les enfants.  Une semaine de mer qui fut très dure mais nécessaire pour ma survie d’homme errant.
Que vos rêves vous emportent là où la folie rime avec envie. Il n’y a pas plus beau comme être humain que celui qui est libre.
A pluche !

La plage aux romantiques…

27 juin 2012
un lieu imprégné de ma Vrai...

un lieu encore imprégné de ma Vrai...

48h que je suis arrivé à Lulea, mais le voyage est loin d’être fini, alors, c’est décidé je pars. Je n’avais pas fait attention quand j’avais posé mon bivouac en bordure du fleuve Lule, la personne à qui je demandais l’autorisation de camper, m’avait dit que la chapelle était ouverte tous les jours ?! Seul à être sous tente je comprenais mais un peu tard que j’étais dans un centre protestant pour jeunes. La prêtresse venait à ma rencontre et me présentait à ses élèves, il passait trois semaines dans ce camp pour une sorte de communion. Hier un à un ils sont venus me voir et m’ont posé des tas de questions sur mon mode de vie. Ils m’ont même aidé à porter mon kayak sur la grève. Ce matin malgré la pluie, le vent et un petit 9° je suis prêt. Hier ils m’avaient demandé à quelle heure était prévue mon départ… à ma grande surprise, malgré le crachin il n’en manquait pas un. La prêtresse entonne un chant puis une prière, ils me saluent très chaleureusement, je suis touché au plus profond de mon âme. Pour rentrer dans le sujet immédiatement un grain s’abat sur moi, des trombes d’eau et des rafales d’une violence inouïe.
Immaqa est chargé à bloque, je pars pour 50 jours de mer et les embardés que provoque les vagues me font faire des soucis. Mais c’est mal connaître mon kayak, malgré les 100kg de charge il répond merveilleusement bien. La descente du fleuve me vaut un vent de travers,
je me demande si je ne vais pas arrêter ma journée. La carte m’indique que je dois virer à tribord, l’enfer sur l’eau, je pars dans tous les sens les vagues par deux fois me passe par dessus la tête. J’ai la boule au ventre mais je ne peux plus rien y faire je dois traverser. J’ai
réussi ! Je beach Immaqa et me remets de ces deux premières heures incroyables. Un café me réchauffe et je reprends la mer. 12h l’heure du casse croute, mes fatigues dues au vélo sont déjà bien loin et je me sens bien, je vais pousser encore un peu, le vent est dans la bonne
direction sauf dans quelques baies que je traverse, j’avance bien. 14H30 je suis devant le bivouac que j’avais prévu, mais une idée germe, continuons. 17h je bifurque l’île par son bâbord encore 8 km et j’arrive. Où ? Mais à la plage aux romantiques !!! 19h 08 je suis sur
son sable, je n’ai pas de voix, un phoque semble attendri par mon émoi, il y a un an avec Véro nous avions passé plusieurs jours dans ce repaire d’amoureux, cela valait bien ces 11heures de kayak. Pour une entrée en matière je ne pouvais rêver mieux !!! Le moral est au beau fixe et je
dédicace cette journée à la puissance de l’amour. Demain repos, pour organiser le kayak et faciliter mes journées, qui ne sont qu’au commencement.
A pluche !

Du rêve vers la réalité…

9 juin 2012
Promis je reviendrais...

Promis je reviendrai...

Je caresse la coque de mon bateau, une dernière vérification du mouillage, je le sais, il le sait, on va se séparer quelques mois. Véro m’observe, elle le sait aussi ! Le vent d’Ouest est au rendez-vous, il ne pouvait ne pas être là. On se cause, on vibre ensemble depuis si longtemps ! Il me promet de ne pas trop secouer le Cabochard, je lui donnerai des nouvelles de son cousin éloigné en mer de Barents … Tout est en place, l’odeur des vernis tout frais, sera la fragrance de départ. Le rêve se réalise, quel privilège d’aboutir à mes plus forts désirs. L’aéroport a retrouvé son activité estivale, les scandales chaussettes sont de retour avec les « moi j’ai fait la Corse » saison 2012 ! Ma main ne peut  décrocher celle de Véro, encore de l’eau salée dans mes yeux ! Pourtant je me suis douché !!! Femme d’aventurier est un rôle pas donné à n’importe qui. Vivre l’adversité fait oublier l’angoisse, mais pour celle qui est la seule à communiquer avec moi, c’est un travail de grande sagesse. Depuis plus de dix ans elle a su décrypter ma voix qui tremblait, elle a su comprendre que mon corps était dans la lutte. Ses mots ont toujours étaient précis et mes maux se sont apaisés… Stéphanie, la stagiaire Bout de vie régionale est aussi au départ, une sorte de famille de bouts manqués…

Je suis au pied de l’avion, je touche une dernière fois la terre corse en lui promettant de tout lui raconter à mon retour. Le vol est toujours aussi merveilleux. Mon bateau, si petit de là haut, semble me faire un « coucou », sacré Cabochard ! La houle d’Ouest rend la côte majestueuse. Le phare des Moines, cap Sénétose, golfe du Valinco, les îles Sangunaires, la Scandola… A pied, en bateau, en kayak, sous l’eau, les souvenirs ressurgissent…  La phase A est bel et bien finie, j’y ai laissé moins d’énergie qu’avant, mais quand même encore un peu. Démarcher, « vendre » le projet, tout un programme que je gère pas trop mal. Par ce billet je tiens à remercier tous ceux qui ont accepté une fois de plus de me soutenir. Merci du fond du cœur. Merci à vous tous mes amis, de vos témoignages de sympathie. Du Canada à l’Ukraine, du nord au sud de la France, amis proches, connaissance d’un jour, vos témoignages m’ont énormément touché…

Robin et Nicolas qui ont traversé l’Europe avec le fourgon sont bien arrivés à Mehamn, il ne me reste plus qu’à être patient et de saut de puce en saut de puce je serai sur zone dimanche en fin de journée…

Ce n’est pas la destination qui compte mais le chemin qui y mène.

PS : Pour le fan club de la mascotte, vous risquez de l’apercevoir sur le petit écran dans l’Emission : Echappées Belles en Corse. A pluche.

2012: L’année Sans Différence!

28 décembre 2011
Ce qui me parait incroyable c’est que beaucoup l’aurait jetée à la poubelle, pourtant elle pince, elle tient seule au fil, c’est juste un peu différent à manipuler !!! Acceptez les « différents »…

Ce qui me parait incroyable c’est que beaucoup l’aurait jetée à la poubelle, pourtant elle pince, elle tient seule au fil, c’est juste un peu différent à manipuler !!! Acceptez les « différents »…

Chaque année une cause ou une nation est mise à l’honneur. Je propose, 2012 : Sans Différence !

Il y a quelques jours sur mon face book j’avais mis cette photo avec un commentaire sur la différence. A ma grande surprise vous avez été nombreux à réagir et pour commencer la nouvelle année de « bon pied » j’ai écrit ce billet.

L’oiseau ne sera jamais l’égal du poisson et pourtant ils partagent la même mer. Le soleil ne croisera que très rarement et de loin la lune mais ils ne peuvent vivre séparés. En électricité la batterie qui alimentera le démarreur est composée d’un plus et d’un moins. Cette pince à linge, malgré son bout en moins est toujours efficace pour sécher vos affaires. Alors pourquoi opposer les différences au lieu de les unir.

2011 est effacé de l’ardoise et le maître des lieux y inscrit 2012. Des résolutions comme chaque année : Fini les guerres, stop aux famines, moins de catastrophes naturelles… Et que le voisin nous regarde comme une personne à part entière !!! Abolition du : « Vous ne savez pas Madame Serfati ! J’ai un voisin handicapé, mais il est très gentil quand même ! Le Poooooooooooooovre ! »

Un habitant du Mans n’est pas un « menteur », celui de Bourges n’est pas un « bourgeois », le citoyen de la capitale n’est pas non plus un « parieur » ?!? Alors pour quoi un handicapé est un pauvre « différent »… Debout les culs de jattes, retroussez-vous les manches les manchots, travaillons « d’arrache pied » pour que nous soyons considérés enfin comme des êtres entiers. En changeant notre regard sur nous mêmes ; les « autres » nous verrons d’une autre manière. Moins de compassion, plus d’échange et de découverte. Celui qui pense que vous êtes handicapé, c’est parce que vous avez envie que l’on vous voit de la sorte. Aux beaux jours, hop en bermuda, en bras nues et que nos mutilations soient une sorte de tatouage et non une honte à cacher. Vous avez déjà vu une pin-up planquant ses attributs au printemps, un « musclor » emmailloter ses  biceps !  Le miroir, toujours et encore lui.  Petite expérience : Mettez vous à l’aise et si un regard semble vous défier faîtes  un grand sourire et approchez vous de lui. Qui sera gêné lui ou vous ? Si vous paraissez en harmonie avec votre corps, la personne en face ne sera plus mal à l’aise et un dialogue s’établira. Plutôt que de le réprimander ou de l’insulter charmez le, démontrez avec malice que vous pouvez être plus filou que lui et le courant s’inversera…

Pour 2012 je vous souhaite de la paix, de la santé. Que vos moignons cicatrisent, que vos emboîtures ne soient plus douloureuses à supporter et que vos rêves les plus audacieux se réalisent. La mascotte se joint à moi pour hurler : Que Dieu vous « prothèse » !!!