En Corse les chants ont une grande importance et pour conclure en beauté, Jean-François et Paul nous ont enchantés avec violon, mandoline et guitare. Mais avant cette belle soirée, la journée s’est déroulée avec une succession de nouvelles limites découvertes. Sans aucune exception, la totalité de la bande est sortie de la crique de l’éléphant. Les plus aguerris m’ont accompagné avec une surprise énorme, un spectacle que personne ne pourra oublier. Pour commencer une araignée de mer et une grande cigale nous ont longuement observés, mais une drôle de sensation me mettait la puce à l’oreille. Les anthias et amandes qui vivent normalement en pleine eau étaient regroupées en forme de boule, je prévenais la palanqué que le prédateur devait rôder. Soudain surgissant du grand bleu un banc de 8 thons de +- 100kilos nous contournaient, une vision rare en plongée. Le reste de l’exploration nous menait vers une succession de mérous bruns, corbs, dentis et barracudas, cette « bullade » restera gravée dans nos esprits pour longtemps. Les autres copains à leur tour se transformaient l’espace d’une plongée en explorateur de leur âme. Cette discipline est un retour dans le ventre de la mer(e), une bulle où la pesanteur est abolie. Sourires accrochés aux visages, les stagiaires rayonnaient de leur parcours, ils avaient trouvé peut-être un nouveau sens à leur injustice. Les langues se sont déliées, les âmes se sont ouvertes, quelques larmes ont apporté leur part de sel à la méditerranée. Nous sommes entre nous, nous pouvons oser l’épanchement, nous avons les oreilles calées sur la même fréquence. La Galiote a repris son mouillage dans la baie de Santa-Manza, chacun va retrouver son quotidien, sa vie, mais dans les passages tempétueux, quand les doutes s’inviteront aux cœurs des blessés de vie, les images de référence de ce stage seront les antalgiques naturels de la crise de doute. La semaine vient de s’achever, à mon tour je voudrais simplement dire à tous les stagiaires : » Merci ! vous êtes ma force… »
Ce n’est qu’un aurevoir…
7 juin 2014Encore au paradis…
6 juin 2014Ce matin au petit-déjeuner les commentaires enjoués du tour d’hélicoptère d’hier sont d’actualités. Mais le présent vient s’inviter, la journée ne fait que commencer. Encore au mouillage de Piantarella qui est une lagune turquoise, le programme est une initiation au palmage. Il n’est pas simple de se propulser quand une jambe manque mais la volonté va palier à ce manque. Le vent d’Ouest lève un clapot qui rend l’exercice des plus sportifs. Tout le monde y met du sien, ils n’ont pas le choix le « casse-pied » de service veille ! Après un bon kilomètre aller-retour les visages témoignent de l’effort donné, mais cet exercice était nécessaire pour l’apprentissage de la plongée. Nous levons l’ancre pour rejoindre le mouillage nord des Lavezzi, à l’abri du vent d’ouest qui s’apaise nous sommes cachés dans une piscine naturelle. Le cuistot-plongeur nous régale comme à chaque fois en plus d’être le moniteur attitré de Cathy. La plongée de l’après-midi va être une balade en eau « polynésienne », mais la plongée est une discipline qui demande beaucoup d’exercices de sécu pour pouvoir évoluer plus profond. Carole et Elisa sont les escortes de Gunther, Sylvain, bon plongeur, muni de sa caméra, fixe des souvenirs pour la bande de bulleur. Sophie au fil des jours devient rayonnante, la vie est vraiment un présent. Patrick et Amélie se plient aux règles d’Archimède, munis de leur jacket ils doivent réussir l’exercice d’équilibrage, Jean-Luc lui se transforme en reporter sans surface et s’amuse à effectuer des clichés de tout le monde. La journée passe à une vitesse folle, le vent est devenu un moignon de rafale et sur une mer plate comme une vie sans aventure, Gunther nous offre le tour des Lavezzi vu de la Galiote. Ce soir nous retrouvons la cale de l’éléphant pour un Everest de lasagne accompagné de beaucoup de bonne humeur…
Rêves en cours
4 juin 2014L’effet bateau est en mode intensif, les langues se délient, les histoires s’entrechoquent, « tabou » est mort sur le coup. Nos drames ont un lien commun : la renaissance. Je pourrai vous causer de notre escapade sur une zone archéologique dans 20mts d’eau, encore inviolée, mais j’ai bien envie que cela reste le jardin secret de l’équipe. De retour aux échelles de la Galiote, Ali, Frank le cuistot aussi moniteur s’occupent de nos guerriers pacifiques, mais mon bon Gunther est en train de préparer la sirène Elisa. Du haut de ses 13 ans elle a une histoire particulière par rapport à l’association, en effet, en 2004, encadrée par sa mère, elle avait rejoint le bord, mais les années ont passé. Cette fois elle est seule et sa complicité avec les jeunes embarqués fait plaisir à voir. Donc détendeur à la bouche mon vieil ami la prend en main. Sans déranger cette paire, je les suis de près sans me faire remarquer. Une émotion m’embarque, je sens Gunther aussi très ému, ce style d’expérience ne peut nous laisser insensible. La petite fille est devenue une jeune ado pleine d’énergie avec une folle envie de croquer la vie, elle est à l’aise, l’eau devient son élément. De sa poche son moniteur sort un quignon de pain, les « autochtones » sont prêts à l’assaut, oblades, sars, saupes et girelles l’encerclent lui contant légendes salées. Il est temps pour moi de rejoindre le bord cela fait presque 1h30 que je bulle… Cet après-midi petit tour d’hélico et encore du partage des confidences, chut laissez les rêves se réaliser…
Premières bulles…
3 juin 2014Comment décrire une nuit à bord de la Galiote ? Il suffit de la vivre dirait la palisse ! La rotation du vent à l’Ouest va nous assurer une journée sans aucun bateau de passage trouble fête, entre vous et moi : je jubile ! Ce matin c’est le départ pour une « bullade » générale. Dans l’équipe Sylvain et Jean-Luc ont à leur compte quelques centaines de plongées ; Patrick et Amélie ont déjà franchi le cap débutant, la palanqué est donc logique. Gunther et Alexander, un pote moniteur de longue date, vont s’occuper de l’autre équipe. La discipline est de rigueur, chacun doit anticiper son immersion. Le débutant valide peine à cerner la discipline de la plongée, pensez un peu ce que doit gérer en plus le « différent ». Avant le saut dans le grand bleu des exercices de sécurité vont devoir être réussi avec succès. A la proue de la Galiote une large tache de sable à 5mts de profondeur va nous permettre ce contrôle de routine. A genou calmement, des nuages de poissons semblent vouloir assister à ce cours accéléré, nous avons une fantastique sensation d’être dans un aquarium. Le lâcher d’embout, vidage de masque et équilibrage des bouées sont réussi sans peine, il est temps de partir rejoindre les grands fonds. Amélie la plus craintive s’accroche à mon bras, les garçons ont reçu la consigne de ne pas me lâcher. La passe ouest de la cale de l’éléphant est très riche en faune par régime de Libecciu, les sars pointus et les dorades semblent comprendre que les plongeurs ont un truc en moins, du moins ils ne fuient pas à notre passage. Une arche de granit à 8mts de fond pourrait être la porte des abysses, trois gardiens nous attendent; le mérou brun, maître de méditerranée. La houle se brise sur les écueils, l’écume rend la surface wagnérienne ! Sans aucune appréhension mes compagnons de palanqué, deviennent l’espace d’un instant, habitants des fonds. Mais le sablier lui ne stoppe jamais, il est temps de rentrer… De retour à bord, les sourires sont accrochés aux visages, la journée nous a offert de l’énergie pour les jours à venir…
Lavezzi, cala de l’éléphant…
2 juin 2014Le mouillage de la baie de Santa Manza est déjà dans notre sillage, là-bas au loin se dessine l’archipel des îles Lavezzi, le rêve va devenir réalité. Eole est en notre faveur il nous offre un visa. Les Lavezzi… j’aurai tellement de choseS à leur dire mais la sagesse me propose le grand silence, leur vibration sera leur guide privé ; à cette saison la cale de l’éléphant est encore en paix. Le granit, les fonds émeraudes, des myriades de poissons, non ce n’est pas un paysage virtuel, nous y sommes. La Galiote retrouve sa place, sans elle les lieux sont fades, les amarres frappées sur les mêmes cailloux depuis plusieurs décennies ont marquées la roche. Les stagiaires découvrent, le lien avec la terre est en train de s’effacer, doucement ici les « essentiels » se mueront. Un repas de crêpes de bienvenue n’est pas pour déplaire à la mascotte, mais la belle équipe ne restera pas sur sa faim à bord tout est prévu. La sieste est plus que bienfaitrice, n’oubliez pas que nous sommes en Corse ! Mais le grand bain est là pour nous envoûter, nous sommes les élèves des abysses. Chacun va gérer sa mise à l’eau suivant son handicap, oups, désolé : sa différence ! Le premier bain donc, est consacré à une initiation d’apnée, la rigueur capelle sa combinaison, le hasard n’a pas sa place dans le monde du silence. Les plus aguerris sont binômes des plus faibles mais la profondeur de la lagune nous donne toujours pieds, pour ceux qui en ont encore. Une heure de balade, 60’ de bonheur où les premières angoisses se sont déjà envolées. La cale ce soir est vide, le bonheur s’invite à une nuit de repos sous un beau ciel étoilé. Nous tous pour un cheveu nous avons failli ne pas le vivre, alors entre vous et moi ce n’est pas ici que l’on va se plaindre. Une fois de plus nous pouvons le crier à tue-tête, seul le présent est un cadeau.
12éme stage de plongée sous-marine
1 juin 2014
Le douzième stage de plongée sous-marine Bout de vie est en place, la Galiote fidèle à elle-même invite les apprentis de la mer avec toujours autant de chaleur. Yovadi,Gunther et Frank le cuistot sont prêts, la mascotte, elle, est déjà en cuisine à quémander quelques crêpes de rabe ! Comme à chaque fois la part d’inconnu a sa place, la routine n’est pas admise dans ma vie d’aventurier à cloche pied, pourquoi devrait elle poser prothèse à bord pendant ce partage ? Plein de surprises les attendent, donc par ce journal de bord vous le serez également, surpris, du moins je l’espère. Le handicap n’a pas sa place, cet adjectif est volontairement confié aux intellectuels de la boiterie, ici pas de technique, on se fiche du dernier pied high-tech, de la super guibole bionique, la patronne c’est la nature et le monde du silence se moque de nos misères. Je n’ai jamais vu un mérou s’épancher sur mon moignon blessé, je n’ai nullement entendu le vent se morfondre de ma mutilation. Ici la vie est un cadeau en forme de gâteau, alors nous allons nous resservir plusieurs fois. Le soir, les veillées dévoileront les expériences du jour mais certains silences seront en train de bâtir les jardins secrets d’un avenir plus serein. Sous l’eau on sera loin de la pesanteur si contraignante, loin des conventions. En une semaine de mer nous allons vivre autrement, car nos corps devenus différents nous dictent de grès ou de force d’exister, alors faisons ensemble le premier pas. S’en suivront d’autres et encore d’autres. Par ce billet je tiens à remercier tous ceux, qui de près ou de loin, rendent chaque année possible cette semaine Bout de vie. Je remercie tout les anciens stagiaires qui n’ont pas oublié et qui chaque année pensent et prennent le temps de contribuer à cette chaîne de solidarité en adhérant. Un grand merci à tous ceux qui dans l’anonymat nous épaulent et surtout un grand merci à ma compagne Véro qui depuis le début effectue les tâches les plus ingrates que se doit une association à vocation nationale. Pour ceux qui désirent rejoindre la belle aventure associative Bout de vie, en cliquant sur ce lien un bulletin d’adhésion pré-imprimé est à votre disposition.
Que Dieu vous prothèse !