Je me rafraichis dans une fontaine d'eau glacée, la fontaine de jouvence!!!
Je ne sais pas pourquoi mais depuis hier soir le moral est descendu en chute libre, ce matin au réveil j’avais envie de partir en vélo comme d’aller me faire guillotiner. Je me remue les méninges, me raisonne. Je lis déjà vos commentaires ! Finalement j’enfourche mon deux roues et repars plein sud. Adieu les pistes cyclables nauséabondes, adieu le stress de se perdre avec du kilomètre en plus pour rien. J’ai bien calé mon GPS point par point pour rejoindre la nationale helvète qui me conduira vers Soleure. Je sais que j’ai du gros dénivelé au programme ce sera un test pour les Alpes. La première heure me demande une grosse concentration pour respecter mon fléchage électronique. Chaque carrefour est enregistré et en ce dimanche matin je suis assez heureux de constater que je contourne la grande ville grise et blafarde sans le moindre problème. Au fil des heures je comprends ma baisse de régime, le physique est à un bon niveau, le vélo est sans le moindre souci mais cette épreuve allemande m’a pompé une énergie incroyable. L’effort ne me fait pas peur mais il faut que j’évolue dans un cadre qui me convienne. Les routes que j’ai empruntées depuis Lubeck m’ont fait traversée des régions avec un taux de pollution que j’ignorais, si je devrais les qualifier je dirais la traversée des produits chimiques. La nature est mon moteur, la fourmilière des hommes polluante me fait fondre comme névé au soleil. Je prends des petites routes qui deviennent sympa, petit village de montagne avec le sifflet des marmottes et le son des cloches de mes copines les vaches. Le dénivelé n’attend pas pour me rendre visite. Je ne suis pas pressé et prend ma cadence, je suis à 6km/h ! Normalement quand c’est dur physiquement le moral devrait suivre. Là c’est le contraire, je peine à monter mais je sens l’énergie de la montagne me requinquer. La moyenne baisse aussi vite que mon moral remonte, je transpire à grosse goutte. Je vide ma bouteille d’eau de réserve ainsi que la plus grande partie d’eau chaude du thermos, 2litres en moins ! En quatre heures je franchis 3 cols, je me fais un break à l’ombre, la température est estivale, 27°. Une grande descente m’amène sur la nationale, je sais qu’il y aura une piste cyclable sur sa bordure. Ce n’est plus une descente c’est une épreuve de luge, j’enchaîne les virages les uns après les autres à plus de 55km/h. Puis au fond de la vallée la route reprend du dénivelé, je me résigne, je mouline en appréciant le paysage. Encore un col en perspective, je sens que quelqu’un se met dans ma roue, tiens je ne serai pas seul à transpirer. Sur un coin de dégagement je m’arrête à la demande de mon poursuivant. Joseph, je n’ai pas fait exprès, sur un beau vélo de route veut savoir d’où je viens. Je lui raconte mon périple, mais il me demande des détails. Il ne parle que la langue alémanique et avec un peu de mal nous partageons un bout de vie. Un détail, il a 96 ans et roule tous les jours de l’année. Nous reprenons la route et au moment de partir il me serre la main avec des larmes aux yeux. Je suis sous le charme de ce vieil homme, je ne connais pas son passé mais à mon humble avis ma « différence » a dû lui souvenir un bout de sa vie. Je le vois partir comme une fusée et moi avec mon poids-lourd je peine en souriant.
Finalement je passe le dernier col de la journée et file en roue libre vers Soleure. 92 km au compteur avec un moral au beau fixe mais une grosse fatigue que la nuit va estomper.
A pluche !