La route des pommes de terre.

29 août 2012

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Une bonne nuit pour récupérer et un petit-déjeuner copieux et me voilà de nouveau parti. Hier soir j’ai méticuleusement pointé mon chemin d’aujourd’hui. Je n’ai pas volontairement un GPS de route mais un avec une cartographie précise qui me permet de connaître ma position. Se perdre dans les méandres d’une ville sont des situations que je veux absolument éviter. Le ciel est gris mais mon cœur est ensoleillé. Si chez nous nous avons la route des vins dans beaucoup de régions ici je pourrais l’appeler la route des pommes de terre ! Chaque ferme a son logo de patate stylisée, des remorques ont des monceaux de fécules. Le plat pays « teutonique » me permet d’avancer sans trop m’épuiser, je dois rouler à 90% sur des voies réservées aux vélos, un réel confort. La route est encore longue, elle vient souvent me noircir mes efforts, il faut que je ne vive que kilomètre par kilomètre. Le vélo tourne bien, hier Mike semble avoir fait un bon travail. La plaie de mon moignon commence à cicatriser mais le souci majeur est mon tendon d’Achille. Par moment il me fait souffrir, peut-être une sorte de tendinite. Je bois beaucoup et je surveille mes urines, elles doivent être blanches. Je positive, le vélo est réparé, le moignon est en voie de guérison, il n’y a qu’à surveiller ma cheville. Mon système de pointage par GPS me rassure, je pédale sans peur de me perdre. Les carrefours repérés, je sais de suite quelle est ma prochaine direction. J’avance sous une pluie fine intermittente, tant que cela reste comme ça, cela ne me gène pas. Les bornes s’égrainent, j’avance vers le sud. Je rentre dans la ville de Peine et loupe un carrefour car je suis trop en confiance et crois avoir assez visualisé la carte. Je suis devant l’entrée de la voie rapide, demi-tour. Je râle, je peste, je dois être encore plus concentré. Finalement, la ville est dépassée, c’est toujours bien d’avoir la ville de « Peine » derrière soi ! Je reprends ma « pédalerie », ma cheville par moment me rappelle à l’ordre, j’essaie tout en pédalant de lui pratiquer des étirements, ça à l’air de marcher. La première côte, le vent du sud s’est levé violement, je suis à la ramasse, je suis carbonisé. Le zef me mine l’esprit, je me doute qu’au sommet une belle descente va m’amener à mon point de chute pour ce soir. Effectivement je file, mais mon tendon me fait souffrir. J’arrive dans le village de Grasdorf, mais je veux avancer encore un peu, alors je suis mes points GPS. Je suis à la hauteur d’un camping, il est sordide ! Planter ma tente dans un terrain clôturé avec plein de monde autour de moi me désole mais au moins il me donne une sensation de liberté ! Je poursuis ; une pension sur ma droite mais elle est fermée alors j’avance. Il me tarde d’arrêter, mais le village de Holle en est un : (holle signifie trou en anglais !) Je contourne une colline, un gars sur un chantier me conseille de poursuivre juste après le pont ! J’ai compris j’ai fait une boucle pour retrouver mon zimmer de Grasdorf !!! 12km de perdu !!! Je me déshabille et constate que l’intérieur de ma cheville a un hématome. Je prends une longue douche et plutôt que de rester droit sur une jambe, puisque j’ôte ma prothèse pour me laver, je m’assois dans le bac et me masse longuement la jambe. Il me semble que cela lui fait un bien incroyable. Fatigue, blessure, j’ai subitement une baisse de moral incroyable. Le village est bien triste et ma chambrette a les couleurs du coin, gris cendré ! Je continue mon massage sur le lit, je vais chercher très profondément pour retrouver un peu d’espoir. Je me dis que si je suis drastique avec mon inflammation, cela devrait vite partir. Il faut que mon mental soit à la hauteur de ce que la guérison va me demander. Pour me donner un coup de pied aux fesses, j’allume mon GPS et constate que la France est à 370km à vol d’oiseau. Je suis congelé alors qu’il fait 21°, la fatigue tente de me saper le moral, je dois penser positif. Je vais me coucher très tôt et demain la route sera encore plus belle qu’aujourd’hui. Entre vous et moi quand c’est comme ça les mascottes ont droit au même oreiller que le mien. Ouais, je sais un sale gosse et rien d’autre le cabochard.
A pluche !