L’eveil

18 janvier 2019

Un thème m’a été proposé pour une future conférence, voici la synthèse que je développerai.

L’éveil:

Rien de mieux qu’une cabane, des journées courtes et un hiver qui semble enfin s’éveiller. Envie d’écrire, de me confier, de reprendre mes carnets de notes, de mettre en couleur mes rêves au travers de poésies boiteuses, de rimes brinquebalantes.

 Eveil de la nature qui balbutie au gré des frimas et des pluies hivernales. Eveil de l’enfant qui découvre le sein de sa mère bien avant l’éveil de la prière des saints une fois en mer. Eveil de l’homo erectus promu sapiens, sans se douter qu’il déforesterait ses fondations pour vivre sur des décombres. Eveil des sans-culottes élevant des barrières de sang impur abreuvant les sillons. Eveil de l’adolescent prenant son sac et qui d’un pas révolutionnaire referme sans regret pour une dernière fois sa geôle familiale sans jamais se retourner. L’éveil, cette petite voix, cette flamme qui brule en nous et qui d’un seul coup, en une fraction de seconde nous fait lâcher prise. Mais pourquoi ne plus être Ulysse préférant les nymphes du large aux bras de Penelope, de la douceur d’un foyer à l’appel de l’horizon incertain. Une poitrine ferme et inconnue, aurait-elle plus d’attrait que des bras réconfortants et bienveillants ? L’éveil, le phare de nos vies. L’éveil celui qui nous portera loin des écueils de la routine. Pourquoi refuser le confort d’une couche bien ordonnée pour un bivouac boueux parsemé de doute ? L’éveil courant boréal qui bouscule les questions fades et sans intérêt. L’éveil qui se moque de la sécurité, de l’emploi et d’un mari bienfaisant. L’éveil compagnon de route de Dame Liberté, elle sans lui, lui sans elle et se brisent les ailes du Grand Voyage. Eveil, tel l’oisillon découvrant la forêt sans connaitre la légende du loup et du chasseur. Eveil, naïveté de la blancheur de la vierge Marie avant qu’elle ne soit enfantée par un soi disant charpentier ou un miracle, désolé je ne les ai pas connus !  L’éveil qui manque terriblement à mes frères, à mes semblables, un bonnet rouge, un gilet jaune, un black Friday, un badge arc en ciel. Mais où est la couleur de l’éveil de la Liberté, je n’ai pas de réponse, à moins que je sois trop pudique, trop orgueilleux pour vous la confier. L’éveil est la seule route vers Nous, l’éveil se passe d’une application ou d’un « like », l’éveil ébranle celui qui lâche-prise, qui se coupe de la virtualité. Pas de chef ou de subalterne, l’éveil est un freelance sur un chemin poussiéreux. Retournez-vous de temps à autres, vos traces de pas vous sembleront légères et libertines. Certains traiteront l’éveil d’utopie non conservatrice. D’autres la fuiront pour leur bien être, alors que l’éveil nous offre un mieux-être ! L’éveil ne connait pas les heures sup, les CDI, les ITT, l’impôt sur la fortune, les week-ends avec pont. L’éveil est une tortionnaire qui te demande de bosser à temps plein 24h/24. Pas de congé payé, pas de camping des Flots bleus ou de neige câblée et artificielle…

L’éveil serait un sale gosse qui te prend la main pour t’amener devant un miroir en te disant : tu vois là, devant la glace ; eh bien ce n’est pas toi, alors bouge tes fesses et devient Toi…

Peut-on vivre dans un Monde qui va mal?

17 mars 2017

Mes départs me semblent salutaires, toniques, les sédentaires y voient une fuite, les solitaires une croisade pacifique, on fond de mes tripes, c’est un vrai stage de bonheur énergisant. La première question est sans réponse : est-ce la solitude qui m’a choisi ou le contraire ! A défaut de m’isoler, elle m’offre aux autres, mais pour ce présent elle me cajole au sein de ses entrailles pour enfin me libérer sans contrainte. Mais le sujet semble s’éloigner, alors revenons-y : peut-on vivre dans un Monde qui va mal ? Elle est pourtant liée à mon raisonnement précédent ! Le Monde va mal, serait le verbatim du moment, désordres après scandales, conflits après révolutions, épidémies après pandémies, tous nous poussent au plus grand pessimisme, mais est-ce le Monde qui va mal ou les Hommes qui y gravitent ? Depuis sa création, par un Big bang, la planète tient bon le rythme, ces cycles ne varient pas d’un iota, 24 heures par année, rien ne bouge. L’astronome américain Edwin Hubble  serait des premiers à l’affirmer, ma sensibilité Darwiniste me le suggère aussi. Le Monde se moquerait-il des religions, des possessions, des obsessions ? Les glaciers ont grandi puis fondu, les forêts ont recouvert les déserts puis péris, mais le Monde ne c’est point déréglé, il tourne sans métronome d’une précision parfaite. Un jour les Hommes se sont érigé, Homo erectus, puis, les plus savants ont découvert le feu, la première convoitise était en lumière. Le foyer protégeait, chauffait, rassurait, éloignait les prédateurs mais attirait aussi les « autres », ceux qui en rêvaient, car ils ne le maîtrisaient pas encore. Puis les grottes ont été murées, les cabanes assemblées, les murailles maçonnées, les portes blindées, le partage est devenu une sorte d’utopie sanguinaire. Les Hommes se sont regroupés pour mieux lutter, la solitude fût mise à la diète, mais des « sages » des ascètes, des oblates, ont résisté, on les a souvent pris pour des hérétiques, des sorciers, des illuminés. Les plus charismatiques ont su fédérer mais leurs mots ont été traduit, interprétés pour en faire des barrières et non des ponts. Le mot traduire viendrait de l’italien : Traduttore, traditore, expression signifiant littéralement : «Traducteur, traître », soit : « Traduire, c’est trahir ». Mais le solitaire ôte cette mue qui nous carapace dans la routine violente, dans le marasme psychique qui demande « du toujours plus » ! L’ascète se nourrit de rien, car il pratique le vide qui est propice à recevoir. Une cruche ne peut se remplir qu’à condition d’être vide, c’est encore mieux si elle est propre, car elle pourra nous désaltérer sans filtre. Mais le vide fait peur, le silence terrorise, notre Monde est de plus en plus bruyant pour peut-être cacher inconsciemment nos angoisses. Le nanti collectionne l’inutile pour ne jamais le partager, la foule propose le lynchage plutôt que la réflexion, l’émotion est mise en cage, le partage devient virtuel, aimer est un like, les larmes sont canalisées, alors oui le Monde va mal. Mais une part de la population ouvre les yeux, son cœur pour plus de simplicité, de silence, de quiétude, alors même si le Monde va mal, j’en suis convaincu nous pouvons vivre heureux, j’en suis sur c’est contagieux.

Et vous ?

Carnet de voyage d’un homme libre.

16 juin 2014

FBR01 - Couverture v4

D’ici quelques jours il sera chez votre libraire.  Pour vous faire patienter voici la quatrième de couverture écrite par la romancière Marie-Hélène Ferrari.

Parce qu’il y a deux façons de vivre, deux façons de réagir, quand frappe le malheur, le livre de Frank Bruno s’adresse à tous. De l’Océan Arctique à la Corse, il traverse le monde avec des ailes. » You are a free Man  » lui a-t-on dit… Il s’est fait lui-même un grand homme, parce qu’il démontre que rien, quand on ne le veut pas, n’est une fatalité. Cette jambe que la vie lui a prise, il l’a convertie à force de volonté, de courage, en une chance. Cela s’appelle l’orphisme, ou la renaissance. En tout cas, il nous propose avec optimisme, une vraie leçon de vie. Cette vie qu’il découvre dans les coins les plus secrets et les plus exotiques du monde… Une expérience rare et inoubliable.

Vivre ou survivre…

24 septembre 2012
Elle; eternelle!

Elle ; éternelle !

Elle va, elle vient mais je ne peux que l’admirer sans jamais la détester, elle est encore plus libre que ce que je suis. Des milliers d’années que l’homme la souille, mais elle s’en fiche elle vibre, c’est tout. Mer Méditerranée qui m’a façonné, formé, cicatrisé et souvent apeuré, elle est là devant moi mais elle freine mon voyage, elle se joue de mon projet, pour elle l’homme n’est que parasite. La phrase d’Alexandre Vialatte prend toute son importance : « l’homme n’est que poussière c’est dire l’importance du plumeau. » La femme de ménage s’appelle Nadine, elle est en pleine dépression alors elle chavire tout sur son passage et moi le voyageur capricieux je trépigne. Vous ne la connaissez pas ? Elle vit en Atlantique, elle a prêté aux habitant de Terre-neuve une belle haute pression, dans cinquante ans ils diront : Tu te rappelles le Roger c’était l’automne où il avait fait beau ! Alors la Nadine au caractère d’ouragan met la zizanie. Le vent du sud est son amant, chaud et humide, cela pourrait être sensuel mais moi, je ne veux que froideur et brise du pays d’Hélène. Me reposer, de quoi, des quelques kilomètres parcourus, mais j’en ai encore des millions à faire, j’en ai encore des trucs à gravir, des vents contraires à affronter. Se reposer, ça c’est pour ceux qui sont immortels, moi je suis cette chrysalide qui n’en pas pour longtemps, alors j’avance.  Vous voyez l’arrêt me met en réflexion, en position du tigre prêt à bondir. En face l’île de mon cœur, mais Eole veut profiter pleinement de l’été indien, il n’a pas envie de trêve. Ah si je pouvais être le vent, je virerais Est et je voguerais vers ma princesse pour lui caresser le visage, je lui soufflerais toutes les brises les plus intimes, elle en rougirait de plaisir. Mais je ne suis que de chair, d’acier et de carbone avec trop de fragilité pour être nature. Mon corps se repose maintenant mais ma tête a déjà gravi trois fois l’Everest aujourd’hui. Pour certains ne plus bouger est se reposer, pour d’autres le mouvement est la tisane du cerveau, on lui donne d’autres objectifs pour qu’il s’apaise. Des projets ? Des millions des milliards, chaque matin est la genèse d’une intention. Le voyage n’est pas qu’une destination sur une carte, le voyage est avant tout un long tunnel noir que l’on doit éclairer, un gouffre que l’on doit rendre sympathique. Les « moi j’ai fait » ne sont pas des voyageurs, ils ont coché des cases. Ma case est l’univers et je peux vous dire que je ne veux pas la cocher, mon voyage, peut-être le votre aussi, me mènera à ceux que les pessimistes appellent la mort. Il me plait de penser que cela peut-être le départ d’un nouveau raid, d’une nouvelle expédition, d’un nouveau défi. Pendant que j’écris ces quelques mots, les déferlantes n’ont cessé, elles n’aiment pas la philosophie, elles n’aiment pas les rêveurs. Leurs  trucs, déferler ! Ma houle n’est composée que de mots de maux, un rai de soleil et tout s’écroule, le confort va me remettre dans la routine pire qu’un tsunami. Demain est si loin mais mon doigt effleure malgré moi le clavier météo et un grand nuage noir m’envahit. Je tends la main, Véro peut presque la toucher, mais non pas assez près. La Bruyère, plante si chère au maquis corse me permet d’allumer le foyer pour cuire le pain, mais La Bruyère écrivain avait allumé mon feu interne en relatant dans son œuvre Les Caractères : « Rions un peu avant que d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Rire de moi, rire de vous, rire de la mort. J’entends le Grand Jacques là haut exploser de rire. Je suis exilé sur la terre Elbane, pâle copie d’une Corse si chère à mon cœur, vous voyez je m’égare, je ne maîtrise plus rien, donnez moi de grâce du vent portant et je me mettrais à l’œuvre, quelques dizaines de kilomètres pour nouer mes bras, plier mon dos, user mes mains mais apaiser mon âme…

Yes i’m a free man…

Liberté : Aller le plus loin possible pour être au plus proche de soi-même, de ce que peut signifier  « vivre maintenant ». Sylvain Tesson

A pluche !

La liberté et ses limites…

12 septembre 2012
12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

Jour de repos, si on peut dire, les grandes villes m’usent plus qu’elles ne me ressourcent. Ce qui est sur c’est que je ne suis pas en selle et mes jambes se reposent un peu. Alex m’a organisé une rencontre média, la suisse romande est toujours friande de mes aventures. Puisque je suis en stand by je vais essayer de répondre aux questions de Jean-Luc. Liberté où est la limite ? Un vaste sujet défendu depuis la nuit des temps. Si hier j’ai fait cet arrêt devant ce palace où j’avais donné une conférence il y  a deux ans, c’est juste par curiosité. Curieux de voir que j’avais été reçu en « héros » pour débattre du dépassement de soi, au petit soin, toutes les meilleures attentions m’avaient été apportées. En arrivant avec mon vélo poussiéreux et surchargé, les agents de sécurité de l’hôtel ne pouvaient se permettre de laisser ce nomade devant leur établissement de luxe. L’apparence défini de suite la personne. L’enveloppe a plus d’importance que le contenant. La limite n’est qu’une question d’habit et de présentation. Libre, oh, oui !  En connaissant la faiblesse et la limite des gens  on peut s’en servir à bon escient et devenir un électron LIBRE. Liberté de ne pas être dépendant de cette sorte de « luxe » car un 5 étoiles à mes yeux n’a pas la qualité d’hébergement qu’aura une plage isolée du golfe de Botnie. Libre de pouvoir choisir est le plus grand luxe qui existe à mes yeux. Pour le sujet de la Birmanie, la fin d’une dictature a son revers de médaille. Pour l’opprimé oriental, l’occident représente le must de la liberté et ses produits sont synonymes d’évasion. Si la grande marque US de soda va s’implanter ce n’est pas pour apporter de la liberté au birman mais pour créer le besoin et la dépendance. Le sucre rassure autant qu’il empoisonne le corps. La limite de la liberté est sur le fil du rasoir, déguster un hamburger en Asie pourquoi-pas, en devenir adicte, là est le danger ! Il est rassurant de parcourir le monde et manger pareil d’Istanbul à Pékin, les fast-foods, de dormir dans le même confort de Manille à Buenos-Aires, les grandes chaînes d’hôtels, de regarder le même programme TV dans sa langue, je ne parle pas d’Internet qui robotise une grande part de la jeune génération. Tout a sa limite, à chacun de la trouver. Liberté de pouvoir s’en passer comme le fumeur qui stoppe du jour au lendemain. La Birmanie va bénéficier d’un grand rush des trusts du monde entier qui vont amener leur part de « rêve » mais le revers de la médaille va une fois de plus être violent. La liberté c’est de savoir se passer de l’indispensable. Une retraite en terrain isolé fait apprécier le retour au « confort ». Le black-out d’une ville fait redécouvrir à l’urbain la joie d’une veillée, le manque de pitance ne permettra plus au consommateur de mettre à la poubelle de la nourriture encore comestible. Le tout est de savoir naviguer entre les deux. Mes réflexions se font au fil de mes rencontres et ce qui me sidère le plus dans des « soirées people » où je croise ceux qui font rêver le monde, c’est que ces gens là sont accrocs de la surconsommation. Quand la conversation s’engage autre que sur les apparences, le refrain est toujours le même : Frank ta liberté me fait rêver ! Le public qui pense les connaître par le biais du petit écran ou des magazines les considère comme des images de référence, alors que pour beaucoup détresse est compagne de voyage… La frontière de la liberté est une sacrée route sinueuse ouverte à tout le monde, dans son sac de voyage prévoir un miroir pour se regarder dedans droit dans les yeux, une trousse à pharmacie avec beaucoup d’arnica pour réduire les hématomes abondants sur ce chemin et un lexique du lâché prise indispensable… Pour finir ma bafouille perso avec JL, les tee-shirts sont usés, fatigués mais toujours aussi beau comme l’équipe Arcticorsica !!!

Par ce billet je voulais aussi faire un au revoir au cuistot du bateau la Galiote. Depuis 9 ans, Bout de vie, grâce à la vedette de plongée de Guenther, organise la semaine de stage plongée. Les repas soignés étaient conçus par Rudy alias Astérix, il a décidé de rejoindre les cieux. Sa liberté avait été emprisonnée par l’alcool qui a eu raison de lui. Du bar du ciel il nous regarde. Une pensée à l’équipage de la Galiote…

A pluche !