Un thème m’a été proposé pour une future conférence, voici la synthèse que je développerai.
L’éveil:
Rien de mieux qu’une cabane, des journées courtes et un hiver qui semble enfin s’éveiller. Envie d’écrire, de me confier, de reprendre mes carnets de notes, de mettre en couleur mes rêves au travers de poésies boiteuses, de rimes brinquebalantes.
Eveil de la nature qui balbutie au gré des frimas et des pluies hivernales. Eveil de l’enfant qui découvre le sein de sa mère bien avant l’éveil de la prière des saints une fois en mer. Eveil de l’homo erectus promu sapiens, sans se douter qu’il déforesterait ses fondations pour vivre sur des décombres. Eveil des sans-culottes élevant des barrières de sang impur abreuvant les sillons. Eveil de l’adolescent prenant son sac et qui d’un pas révolutionnaire referme sans regret pour une dernière fois sa geôle familiale sans jamais se retourner. L’éveil, cette petite voix, cette flamme qui brule en nous et qui d’un seul coup, en une fraction de seconde nous fait lâcher prise. Mais pourquoi ne plus être Ulysse préférant les nymphes du large aux bras de Penelope, de la douceur d’un foyer à l’appel de l’horizon incertain. Une poitrine ferme et inconnue, aurait-elle plus d’attrait que des bras réconfortants et bienveillants ? L’éveil, le phare de nos vies. L’éveil celui qui nous portera loin des écueils de la routine. Pourquoi refuser le confort d’une couche bien ordonnée pour un bivouac boueux parsemé de doute ? L’éveil courant boréal qui bouscule les questions fades et sans intérêt. L’éveil qui se moque de la sécurité, de l’emploi et d’un mari bienfaisant. L’éveil compagnon de route de Dame Liberté, elle sans lui, lui sans elle et se brisent les ailes du Grand Voyage. Eveil, tel l’oisillon découvrant la forêt sans connaitre la légende du loup et du chasseur. Eveil, naïveté de la blancheur de la vierge Marie avant qu’elle ne soit enfantée par un soi disant charpentier ou un miracle, désolé je ne les ai pas connus ! L’éveil qui manque terriblement à mes frères, à mes semblables, un bonnet rouge, un gilet jaune, un black Friday, un badge arc en ciel. Mais où est la couleur de l’éveil de la Liberté, je n’ai pas de réponse, à moins que je sois trop pudique, trop orgueilleux pour vous la confier. L’éveil est la seule route vers Nous, l’éveil se passe d’une application ou d’un « like », l’éveil ébranle celui qui lâche-prise, qui se coupe de la virtualité. Pas de chef ou de subalterne, l’éveil est un freelance sur un chemin poussiéreux. Retournez-vous de temps à autres, vos traces de pas vous sembleront légères et libertines. Certains traiteront l’éveil d’utopie non conservatrice. D’autres la fuiront pour leur bien être, alors que l’éveil nous offre un mieux-être ! L’éveil ne connait pas les heures sup, les CDI, les ITT, l’impôt sur la fortune, les week-ends avec pont. L’éveil est une tortionnaire qui te demande de bosser à temps plein 24h/24. Pas de congé payé, pas de camping des Flots bleus ou de neige câblée et artificielle…
L’éveil serait un sale gosse qui te prend la main pour t’amener devant un miroir en te disant : tu vois là, devant la glace ; eh bien ce n’est pas toi, alors bouge tes fesses et devient Toi…