Fin de la partie 4 en beauté…

23 septembre 2012
103 jours pour arriver en face de la Corse, encore un effort et les mascottes seront enfin à l'abri...

103 jours pour arriver en face de la Corse, encore un effort et les mascottes seront enfin à l'abri...

Cette fois je tiens le bon bout, il faut reprendre la route tout en restant prudent. Dimanche matin, enfin le calme, je peux enfourcher ma bicyclette… « Nous étions quelques bon copains Y’avait Fernand y’avait Firmin Y’avait Francis et Sébastien et puis Paulette à bicyclette »… Mais non, y’avait Gianni, Renato et puis Francesca in bicicletta !!! Toute l’Italie est en vélo ce matin, je suis enfin sur des routes tranquilles loin des fadas qui font du rase-motte corsé. Des pelotons entiers me doublent, un remake de l’étape du tour, je souris en marmonnant que si j’avais mon vélo de route je me régalerais à mettre le feu aux poudres. Pour l’instant « chu » en poids-lourd alors je subis la route. Puis un peloton de vététistes qui n’ont pas un rythme trop élevé me rattrape, je me mets au milieu du troupeau pour me faire aspirer gagnant +-25% d’économie d’énergie. Les langues se délient, facile, on est en Italie. Je raconte mon périple, Gianni fait mon porte voix, tout le monde veut me serrer la main, un coup à se retrouver à plat ventre ! Je tiens une demi-heure et implose, trop rapide pour moi, mais ce décrassage m’a dérouillé, je me sens mieux. Le Sirocco, veut sa part de gloire aujourd’hui, il  s’impose pour être dans mon blog, il veut que je raconte qu’il m’aura usé toute la journée, sacré Sud-Est. 2h de route et je m’autorise un café dynamite avec une petite brioche, chut, les mascottes dormaient dans le sac étanche ! Encore 40 bornes avant Piombino, il ne faut pas que je craque, tout devient douloureux, le mental veut son week-end, moi je m’acharne à avancer. Le vent se renforce, je deviens dingue, les uns après les autres les cyclistes du dimanche me doublent, je me ferme comme une huitre, il faut que j’y arrive avant ce soir. Je m’hydrate encore plus car le vent du sud brûle tout sur son passage, 27° à l’ombre. Une bonne nouvelle enfin, je suis sur une piste cyclable qui me mènera au port toscan. Au loin je vois deux compères en sacoches, les premiers depuis bien longtemps. Je me recale bien, je vais aller les chercher. C’est dur mais je constate que je leur grignote des mètres, ça c’est bon pour le moral. Une grosse côte je crois que je tiens mes lascars ! Eh eh, je suis dans la roue de l’un d’eux. Mickael sursaute tellement qu’il en perd l’équilibre, je veux aller chercher l’autre, je force comme un dératé et enfin  le rattrape. En haut du col nous nous arrêtons, Foka est russe, il a embarqué son père qui arrive tout essoufflé. Eux aussi sont sur la route, je suis heureux d’enfin trouver des compagnons de galère. Piombino en vue, je tombe des nues, des raffineries de pétrole, des usines chimiques, de nouveau une saleté désolante, c’est là où je devrais m’arrêter ce soir !!! Un peu cabochard le cycliste unijambiste, je pousse jusqu’au port de commerce. Devant moi, malgré une brume épaisse l’île d’Elbe à 10km, et si je prenais le bac pour y aller ? Les mascottes en cœur : Oh oui !!! Ok, j’embarque et nous voici en mer. Pas trop longtemps mais c’est quand même bon de se faire balloter par le Sirocco. Waouh on est les exilés d’Elbe, Napoléon rassure toi on vient te délivrer ! Zut, je me trompe d’histoire ! Mais cette île est une montagne qui surgit de la mer et pour la traverser cela devient alpin. Je suis cuit, extra cuit mais je veux finir en beauté, je reprends le rythme et mes 7km/h pour gravir mon dernier col. 100km pour arriver à Marino di campo, d’où je partirai en kayak, mais ça ce n’est pas pour demain.

Aujourd’hui la partie 4 d’Arcticorsica vient de se finir en beauté, 5100km en 103 jours. La partie 5 va commencer, il me reste 10km pour rejoindre la pointe la plus sud-ouest de l’île d’Elbe et 54km pour arriver sur une plage au sud de Bastia puis encore 145km pour finir sur la commune de Bonifacio. Pour l’instant je m’accorde 2 jours de vacances bien méritées.

A pluche !

La crêpe, al dente pour la mascotte, al dente !!!!!

Triste Padiana…

19 septembre 2012
Le Pô, franchement il ne me donne pas trop l'envie d'y mettre mon kayak!!!

Le Pô, franchement il ne me donne pas trop l'envie d'y mettre mon kayak!!!

Je ne sais pas si c’est le fait qui me manque un bout mais depuis que je suis parti, il y maintenant plus de trois mois, chaque fois que je croise quelqu’un il se confie. Ce matin encore, alors que je me prépare, Sandro le boss de l’auberge s’est livré. Il a quitté sa Sicile il y a trente ans et la vie ici à Novara, lui pèse, il n’a pas le courage de tout plaquer pour retourner sur son île, alors je l’écoute… Je reprends ma route sous la pluie, le paysage plat de la Padiana sous l’averse est d’une tristesse incroyable. Enfin je peux tester ma veste couleur « poussin », merci Alex ! La ville de 100 000 habitants grouille, je me faufile en faisant attention, mes sacoches dépassent drôlement de chaque côté. A ma grande surprise il y a une piste cyclable qui sort de la ville et de plus elle va vers le sud. Je quitte la fourmilière et retrouve un peu de calme. Mon choix de route me fait foncer sur Gênes par la « nazionale », deux autoroutes descendent eux aussi ce qui devrait me laisser une route plus tranquille. Je ne suis pas un bon rouleur sur le plat et je le sais très bien. J’ai au moins 80 km absolument droit et monocorde, la moyenne sera bonne mais au niveau mental cela va me coûter une grosse concentration. La première heure se passe à merveille, je roule comme jamais et la pluie semble m’envelopper, j’aime bien cette sensation. Malgré le crachin je retire ma parka, j’ai besoin d’air, je suis en concurrence avec mon compteur, j’aimerais qu’il reste sur 20km/h de moyenne, je suis un peu au dessus de ma vitesse de croisière ! Jusqu’à la deuxième heure je ne suis pas trop mal, mais le manque de relief, me mine la cervelle, rien pour me divertir, des lignes droites à l’infini et des champs de riz à perte de vue. La troisième heure n’en finit plus, mes muscles vont bien mais au tableau de bord je suis proche de la surchauffe. La pluie laisse la place au soleil et je reprends ma cuisson commencée hier. La quatrième heure devient un calvaire, je n’arrive plus à tenir le rythme. Finalement la pause du déjeuné me délivre. 80km en quatre heures c’est super mais j’ai besoin de me changer les idées. Je franchi le fleuve Po qui coule doucement depuis la nuit des temps vers l’Adriatique, le voile de pollution se lève avec la brise et me dévoile juste devant, le massif montagneux des Apennins ligure. La route enfin prend du cachet, des virages, des villages, de la vie quo ! Je rejoins  Arquata Scrivia après 97km à ruminer. Je ne suis plus très loin de la Méditerranée, 188km du cap Corse à vol d’oie, mais cette journée fût difficile et longue. Je déniche une auberge, la seule du village et rebelote, le patron me parle de son accident qui a failli lui coûter une jambe. Il me demande des conseils sur sa rééducation, sur le sport qu’il doit pratiquer pour récupérer de sa blessure. Si ça continue je vais ouvrir un cabinet de coach psy itinérant !!!

A pluche…

Le 4000éme kilomètre enfin franchi…

9 septembre 2012
Peter et Mickael, duo improbable pour rejoindre Aigues-Mortes...

Peter et Mickael, duo improbable pour rejoindre Aigues-mortes...

Un bon p’tit 8° pour se remettre en jambe, je reprends la route du canal en me croyant sur la voie royale jusqu’à Bâle. Effectivement cela parait idéal, enrobé parfait en ligne droite vers le sud. Je me chauffe en faisant tourner les jambes sans forcer, petit plateau, je mouline. Je suis seul, la campagne alsacienne semble encore endormie. Un écureuil atteint certainement de « dinguotte » me précède en cavalant comme un dératé plutôt que de se jeter sur un arbre. Je tiens le rythme mais il doit s’avouer vaincu, il se pose sur ses fesses et me regarde passer. Quelle mouche l’aura piqué ? La piste passe par un pont sur l’autre berge, le canal devient celui du Rhône au Rhin mais semble abandonné. Les écluses sont ouvertes et des arbres morts gisent en pleine eau. La piste vire sur ma droite à 90°, bizarre ! La seule carte que je détienne est sur mon appareil photo qui par ce froid n’a plus de batterie. Je pédale 2km et m’arrête, ma grande carte m’indique que je fonce vers Mulhouse ! Deux dames en VTT, une aubaine. Je suis comme je me doutais sur le mauvais chemin. Je les suis jusqu’à une bifurcation qui doit m’amener à un village pour rejoindre le bon chemin. J’en ai marre de ces pistes cyclables qui ne figurent par sur les cartes routières que je possède et qui partent sans indication dans les directions opposées. Juré, dés que je suis sur la départementale je ne la quitte plus, en oubliant ce cauchemar de piste cyclable du Rhin si « romantique ». Je suis en pétard contre les ingénieurs intellectuels qui ont pondu ses voies sans avoir jamais mis leur cul sur un vélo. J’ai la rage, mais ce n’est pas bon, je perds bêtement mon énergie. La piste que je dois emprunter est défoncée et pendant 3km j’angoisse pour mon vélo tellement chargé. Finalement me voila sur la départementale vide de véhicule, je jubile ma carte me donne exactement ma position et enfin je n’ai plus la boule au ventre de me bouffer du kilomètre en plus. Deux allemands me rattrapent, l’un en VTC et l’autre en Solex. Je me mets dans leurs roues pour prendre l’aspiration. Nous roulons à un super rythme et l’effet de groupe une fois de plus me motive. A un carrefour nous commençons à faire connaissance. Peter et Mickael se dirigent vers Aigues-Mortes en Camargue, ils sont partis de Francfort. Ce duo improbable est surprenant, l’un en vélo l’autre en « pétrolette », l’année dernière ils avaient tenté la même aventure ; mais à Lyon un chauffard devait faucher Mickael et lui fracturer le bras. La route me fait toujours rencontrer des gens attachants et même par des journées noires ces personnes me remontent le moral. A midi tapante je trouve une table et des bancs à l’ombre, ils continueront leur route. La température monte à 27° avec un grand ciel azur, j’aime ce temps là car dès que je roule l’air frais annule la canicule. Je croise deux anglais, leurs vélos est muni de toutes petites roues, ils montent vers Rotterdam, finalement je ne suis pas le seul farfelu dans la région. A la frontière suisse je fais un stop au supermarché du coin pour mon diner et le casse croute de la journée de demain. Une dame  intriguée par ma dégaine me guidera pendant quelques kilomètres. Le cœur léger je suis très heureux de retrouver la vraie route et laisser derrière moi ses derniers jours de cauchemar de pistes pourries qui n’ont qu’une vocation, filer le blues au bouffeur de kilomètres sur une jambe.  Le gros point positif du jour et du raid c’est qu’aujourd’hui je viens de franchir le 4000éme kilomètres et ça ça fait plaisir !!!

PS : Depuis quelques jours nous croisons très régulièrement des cigognes et à chaque fois Jo Zef me demande si c’est vrai que les nouveaux nés étaient amenés par cet échassier. Un peu embarrassé par la question je le renfermais instantanément dans son sac étanche. Tout à l’heure nous avons passé le village de Petit-landau, il est ressorti en me demandant de sérieuses explications !!! Chu démoralisé !!!

A pluche !

Gengis Khan et le faucon…

13 avril 2011

l'indienne et le faucon

Comme je suis un adulte qui ne veut pas rejoindre le monde des adultes je suis absorbé par les légendes lointaines, l’imaginaire y a encore toute sa place et du coup tout est plus beau…

Un matin, le guerrier mongol Gengis Khan et sa cour partirent à la chasse. Tandis que ses compagnons emportaient arcs et flèches, Gengis Khan portait sur le bras son faucon favori, qui était meilleur et plus précis que n’importe quelle flèche, parce qu’il pouvait s’élever dans les cieux et voir ce que l’être humain ne voit pas.
Cependant, malgré tout leur enthousiasme, ils ne trouvèrent rien. Déçu, Gengis Khan regagna son campement, mais pour ne pas se décharger de sa frustration sur ses compagnons, il se sépara du cortège et décida de cheminer seul.
Ils étaient restés dans la forêt plus longtemps que prévu, et Khan mourait de fatigue et de soif. A cause de la chaleur de l’été, les ruisseaux étaient à sec, il ne trouvait rien à boire, et puis, miracle ! Il vit devant lui un filet d’eau qui descendait d’un rocher.
Immédiatement, il détacha le faucon de son bras, prit la petite coupe en argent qu’il portait toujours avec lui, mit un long moment à la remplir, et, alors qu’il était sur le point de la porter à ses lèvres, le faucon prit son vol et lui arracha la coupe des mains, la jetant au loin.

Gengis Khan était furieux, mais c’était son animal favori, peut-être avait-il soif lui aussi. Il saisit la coupe, nettoya la poussière et la remplit de nouveau. Le verre à demi-plein, le faucon l’attaqua à nouveau, renversant le liquide.
Gengis Khan adorait son animal, mais il savait qu’il ne pouvait tolérer en aucune circonstance qu’on lui manquât de respect; quelqu’un pouvait assister de loin à la scène, et plus tard raconter à ses guerriers que le grand conquérant était incapable de dompter ne serait-ce qu’un oiseau.
Cette fois, il tira son épée de sa ceinture, s’empara de la coupe, recommença à la remplir, gardant un oeil sur la coupe et l’autre sur le faucon. Dès qu’il vit qu’il y avait assez d’eau, il se prépara à boire, alors le faucon prit de nouveau son vol et se dirigea vers lui. Khan, d’un coup précis, lui transperça le coeur.
Mais le filet d’eau avait séché. Décidé à boire d’une manière ou d’une autre, il grimpa sur le rocher pour trouver la source. A sa surprise, il y avait vraiment une nappe d’eau et, au milieu, mort, l’un des serpents les plus venimeux de la région. S’il avait bu l’eau, il aurait quitté le monde des vivants.
Khan revint au campement avec le faucon mort dans les bras. Il fit fabriquer une reproduction en or de l’oiseau, et il grava sur une aile :
 » Même quand un ami fait quelque chose qui ne plait pas, il reste un ami.  »
Sur l’autre aile, il fit écrire :
« Toute action motivée par la fureur est une action vouée à l’échec. »