Elisa graine de championne…

3 mai 2016
Elisa ou la totale liberté

Elisa ou la totale liberté

 

Depuis 13 ans Bout de Vie tente de changer le regard des bipèdes, sur vous, sur nous, les « raccourcis ». Une longue croisade qui tout doucement donne ses premières boutures, j’aurais pu dire qui dévoile de nouveaux pieds ! Je me souviens d’une petite- fille de 3 ans qui posait sa petite prothèse sur la Galiote, elle venait à peine de perdre sa jambe, sa maman était soucieuse, mais Elisa ne voyait pas pourquoi son entourage s’inquiétait autant, avec deux ou une jambe sa vie ne serait que force et défi. Puis elle est venue aux 10 ans de l’association, je sentais une ado pleine d’énergie et de volonté alors elle a rejoint seule, le stage de plongée deux ans après. Une semaine où, elle a découvert de nouvelles limites, un nouvel horizon. Un jour de grand vent sur la plage arrière du bateau je l’engueulais pour qu’elle trouve sa serviette, car trempée comme un mérou elle grelottait face au mistral. Du haut de ses 12 ans elle me lâchait une tirade que je ne pourrais oublier : Si un jour tu m’amènes dans le Grand Nord il faut que je sache gérer le froid.  Ni une ni deux pour ses 14 ans elle embarquait pour une aventure hors norme. Vivre sur une île déserte de la côte Ouest du Groenland en autonomie complète, elle était la cadette du groupe. Là-bas sur la terre des « Nanoq » elle m’a ému profondément, elle a su s’adapter de manière remarquable. Nos journées étaient composées soit de balade en canoë, soit de randonnée en terrain très accidenté. Une muraille encerclée l’île et pour rejoindre le haut plateau à 600Mts au-dessus du niveau de la mer il valait crapahuter sur des corniches assez vertigineuses. Son emboîture l’avait blessée, mais pas une seule fois je ne l’ai entendu se plaindre, pas une fois je ne l’ai vu grimacer. Après 3h de marche nous trouvions une montagne sans nom, depuis sur l’île d’Ataa un sommet s’appelle le mont Elisa. Le retour en France, après de si belles expériences, permet de comprendre dans quel luxe nous vivons, dans quel confort nous évoluons. Alors Elisa encore plus forte, encore plus haut, continue sa vie de jeune femme et hier la une du quotidien régional Sud-Ouest lui a consacré un bel article dont voici un extrait qui m’a beaucoup touché :

L’adolescente, d’une maturité impressionnante, a même participé à des stages de survie, dont un au Groenland, avec l’association Bout de vie. « Je suis devenue plus volontaire, curieuse, résistante. Abandonner, ce n’est pas dans mon état d’esprit. Et quand je vois une personne valide abandonner parce que c’est dur, je l’encourage à continuer. »

Cliquez ici pour voir la totalité de l’article.

Pour conclure ce billet, je tiens à remercier toutes les personnes qui de prêt ou de loin permettent à Bout de Vie d’œuvrer dans ce partage si essentiel. Bout de Vie n’est pas là pour assister les amputés, Bout de Vie a la seule vocation de permettre à qui veut de vivre plus fort qu’avant.

Que Dieu vous prothèse !

Fin de la partie 4 en beauté…

23 septembre 2012
103 jours pour arriver en face de la Corse, encore un effort et les mascottes seront enfin à l'abri...

103 jours pour arriver en face de la Corse, encore un effort et les mascottes seront enfin à l'abri...

Cette fois je tiens le bon bout, il faut reprendre la route tout en restant prudent. Dimanche matin, enfin le calme, je peux enfourcher ma bicyclette… « Nous étions quelques bon copains Y’avait Fernand y’avait Firmin Y’avait Francis et Sébastien et puis Paulette à bicyclette »… Mais non, y’avait Gianni, Renato et puis Francesca in bicicletta !!! Toute l’Italie est en vélo ce matin, je suis enfin sur des routes tranquilles loin des fadas qui font du rase-motte corsé. Des pelotons entiers me doublent, un remake de l’étape du tour, je souris en marmonnant que si j’avais mon vélo de route je me régalerais à mettre le feu aux poudres. Pour l’instant « chu » en poids-lourd alors je subis la route. Puis un peloton de vététistes qui n’ont pas un rythme trop élevé me rattrape, je me mets au milieu du troupeau pour me faire aspirer gagnant +-25% d’économie d’énergie. Les langues se délient, facile, on est en Italie. Je raconte mon périple, Gianni fait mon porte voix, tout le monde veut me serrer la main, un coup à se retrouver à plat ventre ! Je tiens une demi-heure et implose, trop rapide pour moi, mais ce décrassage m’a dérouillé, je me sens mieux. Le Sirocco, veut sa part de gloire aujourd’hui, il  s’impose pour être dans mon blog, il veut que je raconte qu’il m’aura usé toute la journée, sacré Sud-Est. 2h de route et je m’autorise un café dynamite avec une petite brioche, chut, les mascottes dormaient dans le sac étanche ! Encore 40 bornes avant Piombino, il ne faut pas que je craque, tout devient douloureux, le mental veut son week-end, moi je m’acharne à avancer. Le vent se renforce, je deviens dingue, les uns après les autres les cyclistes du dimanche me doublent, je me ferme comme une huitre, il faut que j’y arrive avant ce soir. Je m’hydrate encore plus car le vent du sud brûle tout sur son passage, 27° à l’ombre. Une bonne nouvelle enfin, je suis sur une piste cyclable qui me mènera au port toscan. Au loin je vois deux compères en sacoches, les premiers depuis bien longtemps. Je me recale bien, je vais aller les chercher. C’est dur mais je constate que je leur grignote des mètres, ça c’est bon pour le moral. Une grosse côte je crois que je tiens mes lascars ! Eh eh, je suis dans la roue de l’un d’eux. Mickael sursaute tellement qu’il en perd l’équilibre, je veux aller chercher l’autre, je force comme un dératé et enfin  le rattrape. En haut du col nous nous arrêtons, Foka est russe, il a embarqué son père qui arrive tout essoufflé. Eux aussi sont sur la route, je suis heureux d’enfin trouver des compagnons de galère. Piombino en vue, je tombe des nues, des raffineries de pétrole, des usines chimiques, de nouveau une saleté désolante, c’est là où je devrais m’arrêter ce soir !!! Un peu cabochard le cycliste unijambiste, je pousse jusqu’au port de commerce. Devant moi, malgré une brume épaisse l’île d’Elbe à 10km, et si je prenais le bac pour y aller ? Les mascottes en cœur : Oh oui !!! Ok, j’embarque et nous voici en mer. Pas trop longtemps mais c’est quand même bon de se faire balloter par le Sirocco. Waouh on est les exilés d’Elbe, Napoléon rassure toi on vient te délivrer ! Zut, je me trompe d’histoire ! Mais cette île est une montagne qui surgit de la mer et pour la traverser cela devient alpin. Je suis cuit, extra cuit mais je veux finir en beauté, je reprends le rythme et mes 7km/h pour gravir mon dernier col. 100km pour arriver à Marino di campo, d’où je partirai en kayak, mais ça ce n’est pas pour demain.

Aujourd’hui la partie 4 d’Arcticorsica vient de se finir en beauté, 5100km en 103 jours. La partie 5 va commencer, il me reste 10km pour rejoindre la pointe la plus sud-ouest de l’île d’Elbe et 54km pour arriver sur une plage au sud de Bastia puis encore 145km pour finir sur la commune de Bonifacio. Pour l’instant je m’accorde 2 jours de vacances bien méritées.

A pluche !

La crêpe, al dente pour la mascotte, al dente !!!!!

La motivation

13 février 2011

Je me suis diverti à créer une rubrique Cabo-philo où de temps à autre je développerai des raisonnements à haute voix, ni philosophe encore moins littéraire, je vais jouer à l’apprenti penseur !!!

La motivation

Mais qu’est ce qui pousse l’homme à entreprendre les choses ? La motivation !

Décortiquer la motivation c’est démêler l’imbroglio de nos contradictions.

Pourquoi se réveiller pour aller travailler, pourquoi perdre du poids, pourquoi arrêter de fumer, pourquoi continuer à vivre alors que l’on est amputé, pourquoi faire du sport alors que l’on pourrait siroter un bon apéritif au comptoir.

Depuis la nuit des temps la motivation a été le moteur de découverte, mais pas une seule personne n’a la même motivation.

100 bateaux prêts pour un long voyage, avec les mêmes moyens matériels, aucun n’aura la même motivation.

La motivation n’est qu’un rétablissement d’équilibre, je vais au travail pour nourrir ma famille, j’arrête de fumer pour ma santé, je maigris car mes genoux me font souffrir, je vais continuer à vivre malgré mon handicap pour l’amour de mes proches, je vais pédaler car je sais que mes entraînements me mèneront aux bouts de mes rêves. Mais l’importance de la motivation est aussi primordiale que les raisons. La motivation peut avoir plusieurs raisons, mais elle ne doit pas se tromper de partenaire. On n’est pas motiver en premier pour les autres car l’effet ne sera qu’éphémère. Une motivation commence par un effort, mais si la notion plaisir n’arrive pas rapidement elle s’évaporera comme un flocon au soleil.

Le cas le plus flagrant est le régime, si la motivation est de séduire son partenaire, elle ne sera que temporaire, par contre si elle est personnelle, chaque jour apportera son petit lot de victoire et elle ne sera que grandissante.

De mon retour du Yukon je savais que ma fonte musculaire au niveau de mes membres inférieurs était énorme, une solution reprendre le vélo. Mais ma motivation fût difficile à trouver, rouler pourquoi faire, quel intérêt de reprendre du muscle ??? Mes premières sorties furent longues et pénibles et puis sur mon chemin, des réponses, des indications. Finalement 6 mois après mon retour, j’ai enchaîné plusieurs milliers de kilomètres dans le bonheur le plus simple. En fait j’ai clarifié mon but, pourquoi rouler, pourquoi m’imposer autant d’heures de selles. Les réponses trouvées, je voyais que ma motivation était de jour en jour plus cohérente.

En se posant des questions ciblées on obtient les réponses sans ombre. Suis- je capable ? La décision prise, la motivation sera le chemin vers son but. Estimer l’effort à fournir est indispensable, pour en revenir au vélo, je sais que mon alimentation est aussi importante que ma manière de penser, sortir avec des anciens pros me stimule malgré que j’ai bien accepté que je ne pourrai jamais les dépasser.

Sur un carnet je note toutes mes sorties et me fixe des minis compétitions face à moi-même, sans trop en demander pour ne pas plonger dans la négation. Sur une sortie de 3 heures j’essaie de gagner 2 voir 3 minutes par tranches de 15 jours. Au début je m’étais fixé 300 km par mois ; je me rapproche des 1000 km mensuel, car mon objectif arrivera dés le printemps.

Noter sur un cahier son poids une fois par semaine, rien ne sert de se ruer tous les jours sur la balance. Avoir un pantalon référence est le tester de temps à autre…

Bien-sûr le passé reviendra par un vasistas, mais il devra reprendre sa place de passé simple. Ah,si j’avais deux jambes, je pédalerais plus vite ! Ah, si j’avais la taille de mon adolescence ! C’est la 5éme fois que j’essaie d’arrêter de fumer…

Ces expériences ne sont là que pour nous faire avancer, estimer le pour et le contre. Je pourrais rester vautré sur ma bannette quand il pleut, quand il vente, mais le jour de l’épreuve je me morfondrais de n’avoir pas œuvré dans la réussite de mon projet.

Avec du poids en moins je pourrais accompagner mes enfants et mon mari dans leur prochaine randonnée, en cessant la cigarette je pourrais ne plus souffrir de bronchite au moindre changement de température, en acceptant la rééducation je pourrais plus vite supporter les premiers pas avec ma prothèse.

Certes l’environnement et les proches peuvent influer sur votre motivation, dans le bien comme dans le mal. Les choix de vos objectifs seront les seuls décideurs. Un athlète pour préparer une épreuve n’a aucune excuse pour renoncer à l’entrainement, les conditions météos où les événements extra sportifs ne le dévieront pas de ses motivations.

La notion plaisir est très importante, car si seule la souffrance est de compagnie, la motivation s’atténuera. L’engagement est important, donc il n’est pas concevable de courir plusieurs lièvres en même temps. Depuis ma rentrée j’ai eu le bonheur d’être sollicité par pleins d’événements, mais je n’ai pas cédé aux sirènes de l’éparpillement, plusieurs aventures m’ont été proposées, ainsi que des voyages, une radio nationale m’a demandé d’être chroniqueur, mais mes choix sont restés sur mon objectif fixé. Ce qui a encore plus augmenté ma motivation d’entrainement ciblé.

Tout ce mécanisme demande aussi une bonne connaissance du sujet, si je veux arrêter de fumer quelles seront les conséquences immédiates (prise de poids, irritabilités, découragement…)

En roulant beaucoup en vélo, je dois apprendre aussi la mécanique du corps, avoir un outil adapté a mes mensurations et surtout une envie de réussite non pas pour les autres, mais bel et bien pour moi. Ce qui  apportera, bien après, un message pour les autres. Une épreuve ne peut être vaincue pour autrui, la motivation est personnelle avant tout.

Christophe Colomb voulait se démontrer que ses calculs étaient justes, que son chemin était le bon et qu’il n’avait rien de satanique. Après avoir trouvé le nouveau monde, à ce moment là seulement il a transmis sa découverte à la vieille Europe. Son épopée n’a jamais été motivée pour la gloire ou autre fantasme, mais par sa curiosité de confirmer ses rêves les plus fous : La terre est ronde !

Ceci, une fois de plus est une conversation à haute voix qui me permet d’avoir tous les matins une motivation pour vivre le jour arrivant comme un présent. Nous sommes tous des explorateurs, mais avant de découvrir le nouveau monde il faut commencer par explorer son « moi » profond et les terres inconnues se dévoileront.

La gloire est au meilleur, l’estime est pour soi, la victoire à tous ceux qui n’auront pas cédé.

Maurice Vidal