10 pages affligeantes!

23 mars 2014
A mes yeux cette image refléte l'esprit Bout de vie!

A mes yeux cette image reflète l'esprit Bout de vie!

Je ne vais pas en faire une « crêpe farcie, » mais j’avoue que je ne m’attendais pas à une lettre de 10 pages calomnieuses de la part d’un délégué d’une organisation aussi importante qu’elle. Qui ? Mais l’APF, l’Association des Paralysés de France. Cette missive reçue la semaine dernière m’a décoiffé, m’a écorché, m’a profondément blessé, cependant comme le chat qui retombe toujours sur ses pattes je m’en suis vite remis, mais je me devais de vous en faire part. (Je l’ai précieusement gardée en cas de coups tordus procéduraux de ces donneurs de leçons!) Oui, j’ai pris l’initiative seul de diffuser dans la presse une lettre ouverte au sujet du report de l’accessibilité des lieux publics pour les personnes à mobilité réduite.  Oui, j’ai poussé seul les politiques de l’extrême sud de Corse à ouvrir une plage à Bonifacio et deux à Porto-Vecchio pour les personnes à mobilités réduites. Si je n’ai pas cité cet organisme c’est qu’il a été inexistant et stérile dans ces démarches. Seul je suis monté à l’assaut des élus pour forcer ce pas supplémentaire d’accessibilité aux « assis ». Oui, j’ai conseillé aux personnes handicapées croisées de créer leur propre association sans se fédérer aux sectes du genre si vous voyez de qui je veux causer. Non je ne fais pas ça pour me mettre à l’honneur, la preuve on ne me voit jamais aux inaugurations de ces initiatives, les petits fours et caresses dans le dos, cela ne me convient pas. Depuis onze ans je mène Bout de vie à ma manière et comme j’ai osé le dire crument dans un droit de réponse sur les ondes de France Bleu RCFM, « je ne supporte plus qu’on me casse les c……s », c’est la première fois que je lâche une telle phrase dans les médias, mais là, c’est sorti du cœur. Je retiendrai deux magnifiques comparaisons dans tout les messages de soutien que j’ai reçu : Frank c’est une sorte de Coluche du handicap, un autre m’a qualifié de Kersauson, les deux me vont bien. Oui, Bout de vie est atypique mais entre vous et moi depuis onze ans de présidence quelques initiatives ont vu le jour, à chaque fois les « autres » m’ont dit : mais ça ne marchera jamais ton histoire. En 2001, bien avant Bout de vie, j’avais exaucé le souhait d’une jeune femme tétraplégique complète qui rêvait de plonger; je m’en souviens comme si c’était hier, le moment était d’une force inégalable. Une fois de plus les grandes instances avaient tenté de me laminer car je ne m’étais pas soumis à leur règle. En créant Bout de vie en électron libre on m’avait traité de dingo, mais en onze ans de vie associative des centaines d’amputés ont touché du bout de leur moignon leur possibilité infinie. Attention j’ai beaucoup appris sur le public handi, un grand nombre se cachent derrière le  carcan du handicap, plutôt que de se bouger les fesses. Avec Bout de vie ce n’est pas de l’assistance, demandez autour de vous, certains ont défrisé quand ils couinaient dans ma palme. L’incident est clos, j’ai trop de « trucs » en cours pour m’égarer dans ces gamineries de maternelle.

Dans ma brève réponse au délégué qui m’a « allumé » une pensée de Confucius lui a été soumise, je ne suis pas sûr qu’il a compris.                         Quand le sage montre la lune, le sot regarde son doigt. Je vous rassure je ne me prends pas pour un sage, d’ailleurs je n’ai jamais aimé être sage !

Rendez-vous : à la librairie Raconte-moi la Terre de Lyon le vendredi 28 mars à 19h et à la médiathèque de Firminy le samedi 29 mars à 10h pour des cafés littéraires. En effet mon dernier ouvrage Ayeltgnu le défi d’une vie debout a été présélectionné avec 180 autres livres par le Festival Curieux voyageur et à ma grande surprise il fait parti des quatre retenus par les lecteurs.

A pluche.

Résumé du stage de survie…

17 mars 2014

Mais où sommes nous?

Mais où sommes nous?

Les deux véhicules sont enfin garés au départ de la piste défoncée qui mène au sein de « ma » vallée perdue. Les quatre stagiaires, puisque deux se sont désistés au dernier moment, sont au pied du test grandeur nature de survie façon Cabochard. Les doutes sont leurs compagnons de route depuis leur folle décision de suivre l’aventurier à cloche-pied. Jean-Louis, sera mon binôme, une sorte de capitaine de stage, son épaule est réconfortante, à son effectif plusieurs années comme commando-para et de pompier spécialisé en intervention en montagne. Grâce à son expérience je peux compter sur lui pour partager nos trucs et astuces. En premier lieu le but est de savoir se placer sur le terrain, la carte et le compas sont là pour satisfaire à ce besoin essentiel pour l’évolution en tant que « survivants ». La piste suit le court d’un torrent qualifié de fleuve puisqu’il se jette directement en mer, la marche est forcément silencieuse, le passé n’a pas sa place ici, le futur est pris en otage par quelques « djinns » des forêts, le silence commence son effet de lavage de cerveau. Le pas est paisible bien qu’engagé, chaque 55’ une pose de 5’ permet de s’alimenter et de vérifier les éventuels « bobos ». Mais nous sommes  loin de la randonnée du dimanche, survivre est une quête de tous les sens, l’un des carburants de ce type d’expérience est la récolte de nourriture sur le terrain. Asperge, ail, épinard sauvage, ombilic, dent de lion, cépe amélioreront la soupe en poudre du soir. Le sentier corrompt la piste qui sera à son tour asphyxié par un maquis dense, épineux et surtout déroutant pour le novice. La marche devient plus compliquée les sacs à dos accrochent ; les pieds butent sur les racines, les genoux caressent les restes de granit, les mains enfin encaissent les piqures de ronces, la survie n’aime pas ceux qui gémissent. L’emplacement du soir est enfin choisi, une berge sableuse sera le « cocon » nocturne.  La journée est loin d’être terminée, les bâches servant de toit doivent être installées, le bois ramassé et le feu allumé pour le diner qui s’annonce frugal. Le protocole de bivouac est simple mais sans concessions, les tâches sont distribuées, l’usage du torrent comporte des règles immuables, au plus en amont ce sera le lieu où l’eau pour les gourdes sera puisée, puis la salle de bain et au plus en aval le nettoyage des gamelles et sous-vêtements. L’apprentissage des nœuds et du feu concentrent les élèves, sans ce savoir la vie de nomade est impossible. L’invité du soir intimide mes nouveaux amis, l’obscurité ; la forêt glace le sang des plus sensibles, les grands silences laissent place à tous les fantasmes, le  salut du soir collectif est une foutaise car la nuit bien que sombre sera blanche. Les bruits des arbres qui plient sous les rafales de vent semblent s’animer d’une âme de revenant, les autochtones eux s’adonnent à la récolte de leur nourriture tout en étant intrigués par ce groupe d’hommes et de femmes entassés autour d’un feu palot. Les sangliers et renards semblent prendre plaisir à faire du bruit pour rendre nerveux les SDF de la vallée. Le petit jour  dévoile au fur et à mesure les têtes qui émergent de sous les bâches, les cernes en disent long sur leur sommeil… Le feu réchauffe les âmes en peine mais la cohorte reprend la route dans une journée dense en imprévu, l’objectif du jour sera de rejoindre le point Ouest le plus haut de la montagne qui domine la vallée. De là, un feu pourra avertir les secours qu’un groupe en perdition qui a besoin d’aide. Le mode survie commence à rentrer dans la peau de chacun d’eux, les modules sont très variés, traversée de torrent les pieds dans l’eau, fabrication d’un brancard avec comme seul instrument un couteau,  le découpage d’un arbre à l’opinel est l’art de la patience et du savoir-faire. Puis la construction d’un four en pierre pour cuire du pain et bien sûr la baignade en eau vivifiante de fin de journée fournissant l’énergie aux  muscles courbaturés…                                                                                                                                                                                                                              Je pourrai encore vous raconter comment Sandrine a réussi à gérer le froid qui l’envahissait, comment Martine la doyenne du groupe a su faire preuve de sang-froid à l’occasion d’une chute dans le torrent, de quelle manière Karine m’a impressionné sur sa capacité à s’adapter, comment Samuel à accepter mon sermon sur le non-respect de quelques bases écrites pourtant noir sur blanc dans le dossier d’inscription, comment Jean-Louis a su rendre ce stage encore plus attractif…

La vie de groupe en mode survie est un exercice de style qui révèle instantanément le fin fond des personnalités, sans cohésion, l’esprit d’équipe ne peut se former car le seul but de ce type d’expérience est l’osmose des genres.

Si vous aussi vous rêvez d’une aventure similaire vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire au prochain stage en envoyant un mail à l’asso, qui vous enverra un dossier d’inscription.

NB : (Je rappelle que le règlement du stage doit être fait au nom de l’association Bout de vie, il sera considéré comme un don déductible de vos impôts.)

Un jour l'homme découvra le feu.

Un jour l'homme apprit le feu.

Samuel réfléchi au moyen de récuperer sa cuillére perdu au fond du torrent!

Samuel réfléchi au moyen de récupérer sa cuillère perdu au fond du torrent!

Le sommet est atteint le module sauvetage hélico peut-être exécuté.

Le sommet est atteint le module sauvetage hélico peut-être exécuté.

Le foyer, celui qui réchauffe l'âme des sur-vivants!

Le foyer, celui qui réchauffe l'âme des sur-vivants!

Karine, une aventuriére née...

Karine, une aventurière née...

Sandrine, se préte au jeu du "robinson" des forêts.

Sandrine, se prête au jeu du "Robinson" des forêts.

Rien ne vaut une bonne tasse de tisane pour se réchauffer.

Rien ne vaut une bonne tasse de tisane pour se réchauffer.

Stage de vie « sauvage » pour vous.

10 mars 2014
Ici la connexion n'est qu'avec la nature et le silence.

Ici la connexion n'est qu'avec la nature et le silence.

Depuis un an Bout de vie organise des stages de survie payants, le succès est très encourageant pour l’avenir de l’association, une manière simple de remplir la caisse de bord et financer les actions menées. Jeudi un nouveau départ est prévu, je vous ferais un petit résumé début de semaine prochaine. Souvenez vous, quelques amputés ont tenté avec brio cette aventure.

Mais parmi vous certains n’ont pas la capacité de marcher trop longtemps pour des raisons multiples et variées. Alors je me suis mis en tête d’en proposer un différent où le temps de marche serait inférieur à une heure et fractionné. En deux mots, l’idée serait de sélectionner 5 amputés-adhérents totalement autonomes, pour une semaine en tipi avec un apprentissage de vie à la « Robinson » des forêts. Les modules seraient axés sur la vie en pleine nature avec toutes les règles strictes que cela engendre. Montage du tipi, mise en place du coin latrine, hygiène de camp, cuisine au feu de bois, pain cuit sur une pierre, usage de geste de survie basique, connaissance simple des plantes comestibles et médicinales… L’arrivée se ferait le lundi en journée (date à définir) à Pianottoli, nuit à l’hôtel. (Les téléphones, I pad, i phone, appareil photo seront formellement interdits). Le mardi matin départ de bonne heure pour la vallée cachée. Après avoir emprunté une piste en terre privée nous devrons arpenter un semblant de sentier accidenté pour atteindre le camp et monter le tipi, temps de marche 60’ maximum, les cannes seront obligatoires pour les participants. Comme vous avez dû le comprendre la semaine sera basée sur l’adaptation, la rigueur et le partage. La vie de nomade a des règles qui  seront transmises. Vendredi matin démontage du camp pour un retour vers la civilisation avec un tour d’hélico pour survoler la zone et dernière nuit à l’hôtel. Samedi retour à la maison. L’association fournira les matelas de sol, les sacs de couchage, prendra en charge la semaine et une partie du déplacement jusqu’en Corse, une partie seulement.

J’attends vos questions, commentaires  pour faire avancer le dossier qui a été remis à un futur mécène fort intéressé par ce projet.

Nous sommes tous « Hors normes ».

3 mars 2014
Olivier Brisse à gauche et Eric Bellion à droite, l'un et non voyant l'autre est visionnaire, la fabuleuse aventure du Team Jolokia.

Olivier Brisse à gauche et Eric Bellion à droite, l'un est non voyant l'autre est visionnaire, la fabuleuse aventure du Team Jolokia.

Samedi l’Equipe Magazine a pris le risque de publier un spécial « Hors-norme » avec des athlètes un peu « cabossés », le succès commercial de l’hebdomadaire est normalement consacré aux reportages de sportifs « entiers », l’effort valait la peine d’être salué, avec un tout grand remerciement à Remy Fiere et ses compères qui ont travaillé d’arrache-pied sur ce thème !  Je profite de cette initiative pour prolonger le sujet. Le handicap prend doucement sa place dans le quotidien des Français et les actes de tous bords en sont révélateurs, le pas est lent mais il existe, à nous tous d’en devenir sa béquille. Ce billet va vous permettre de relever d’autres belles histoires de mixité où je me suis engagé.

La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents. Confucius.

Il y a une année Loic Vynisale, champion du monde et d’Europe de canoë-kayak de descente (valide) en compagnie de son ami Clément Sardinha grand sportif aussi, me demandaient de parrainer leur aventure « archipelago of Raja Ampat » une randonnée engagée en kayak de mer aux confins de l’Indonésie.  Deux athlètes de haut niveau valides demandant le soutien d’un « éclopé » est un sacré coup de pied à la fourmilière des préjugés. Leur challenge fut une réussite. Exploration spirit.

Puis dans le même sillage, je devenais le parrain du Team Jolokia, un voilier Volvo Ocean 60 pieds avec comme équipage des marins de tous horizons pour aller se fondre au milieu des plus grandes courses à la voile du monde. Hommes, femmes, jeunes et moins-jeunes, valides et moins-valides sur la même latitude de la recherche du geste parfait et de la découverte de ses propres limites. Fast-net, Sydney- Hobart, Quebec-St Malo… Team Jolokia

Une autre belle aventure étaye encore cette notion de force unifiée, au mois d’avril le nageur Alain Bernard premier français à être devenu champion du  monde du 100mts accompagné par Thierry Corbalan nageur de l’extrême amputé des deux bras, vont s’unir pour tenter de traverser à la nage un fjord du Groenland. Un valide et un handi  pour une belle expérience qui sera partagée par des jeunes cancéreux de l’association de Pascal Olmeta, la lourde tâche de la sécurité de cette opération m’est confiée, Nicolas Dubreuil est le chef d’expé. Defi polaire.

Pour finir en beauté ce tour des challenges mixtes, cet été l’aventurier-écrivain Philippe Sauve et Jo Nicolas non-voyant vont s’engager dans le Grand-Nord canadien pour descendre en canoë le fleuve Mackenzie sur sa totalité. Mes deux amis n’en sont pas à leur première aventure puisqu’ils avaient ensemble traversé l’Islande à pied version Nord-sud.

Encore plein d’autres projets sont en cours de construction, ce qui est une sorte de nouvelle vague qui amènera le handicap comme une force et non plus comme une division. Je suis convaincu qu’un jour les paralympiques et les Jeux Olympiques seront mélangés, cette utopie deviendra un rêve puis une évidence d’ici quelques années. Les excuses actuelles de ce refus se cachent derrière de fausses affirmations, à nous de nous mélanger pour un monde plus fort et plus tolérant. Profitez de ce billet pour partager vos histoires similaires au thème présent.

Nous sommes tous « hors normes ».

Report du droit d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite

27 février 2014

utopieVoici la lettre envoyée ce matin aux médias nationaux et régionaux. J’attends vos réactions et commentaires, n’hésitez pas à la diffuser à votre tour.

A une période où l’information atteint la vitesse supersonique une brève est passée à travers les mailles du net : Le droit à l’accessibilité aux personnes en fauteuil a été repoussé de plusieurs années. Porteur d’une jambe de « bois » ma vie est debout et je pourrai enfouir cette nouvelle au fond de mon emboiture de prothèse, mais comme dirait Drucker dans la chanson des Restos du cœur : cela ne m’empêche pas de dormir la nuit mais ça gâche un peu mon plaisir

Cette lettre n’est pas une leçon de moral ou de morale mais plutôt un cri du cœur. Et si j’étais moi aussi cloué sur un fauteuil ? Et si vous aviez votre propre enfant assis pour le restant de sa vie ? Et si vous ne pouviez pas avoir la chance de rentrer dans ce magasin pour offrir une fleur à votre amoureuse parce que c’est aujourd’hui la date anniversaire de ce « putain » d’accident ! Un cri du cœur qui saigne parce que les autres n’ont plus le temps, parce que les autres courent sans cesse et eux les assis, doivent-ils être euthanasiés ?  Oui le mot est fort mais pourtant quand la ville devient un Everest sans camp de base, quand le quotidien devient une première mondiale de difficulté, la mort semblerait douce en comparaison de ces regards complaisants qui assassinent le « handicapé roulant ». Les lois sont votées mais pas appliquées, le refrain est connu alors c’est à nous tous de changer. Votre porte d’entrée pourra-t-elle faire passer un pote en « siège à roulettes », votre magasin a-t-il un accès sympa pour les « non-debout », la jeune mère avec sa poussette découvre le parcours du combattant de la visite urbaine. Ce n’est plus des mots que vous lisez mais des maux qui font mal, qui blessent. Oui  l’existence est possible en fauteuil car la vie est un présent mais sans le lien fraternel qui devrait unir les Hommes les choses se compliquent. Les élections municipales arrivent, mesdames, messieurs les futurs mandatés ouvrez les yeux car votre poste sera éphémère, le handicap quand il vous fauche,  c’est pour la vie que vous êtes élus ! Oui il est possible de vivre assis mais nous devons tous ouvrir nos portes. Pourquoi les pays scandinaves et anglo-saxons sont en avance d’un demi-siècle, je vous laisse réfléchir ! Pour finir d’un pas boiteux, je compte sur vous ! Notre futur est l’assemblage d’un puzzle et vous êtes cette pièce manquante. Rentrez chez vous et observez votre domicile, votre mairie, votre poste, votre salle de sport, demain peut-être votre enfant vous dira : Dis, pourquoi je ne peux plus rentrer à la maison ? C’est parce que je suis handicapé, maintenant ? Pendant que vous lisez ces lignes, avec mon vélo la route de la vie m’attend, la pluie, le vent violent, l’orage ne me dérange pas  si je les sens sur le bout de ma jambe de bois cela signifie que je suis encore vivant !

Il y a des gens à mobilité réduite, certains gestes leur sont impossibles ; puis il y a des gens à mentalité réduite, c’est leur vie entière qui est figée.

Frank BRUNO président de l’association Bout de vie.

PS: Pétition en ligne cliquez ici.

L’Equipe Mag: Hors norme

25 février 2014

bando04Samedi dans les kiosques l’Équipe Magazine aura quelques pages dédiées aux borgnes-fesses du sport et de l’aventure, hors norme. J’ai le bonheur de faire partie de ses 10 acteurs

Pour patienter samedi deux vidéos tournées en Corse:

Mosaïque du prochain livre…

17 février 2014

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Le troisième livre éclot doucement, la date de sortie n’est pas encore d’actualité mais tout cela s’organise.  Cet opus sera le mélange de deux expériences opposées mais fusionnelles. L’une est le témoignage d’un homme hyperactif qui contre vent et marée, est parti à la conquête de l’inutile ;  Arcticorsica. La deuxième est le témoignage d’une vie d’ermite dans une forêt tenue secrète où ses fantômes sont venus le défier. Les deux écrits se croisent sans logique mais pourtant comme le lit de la rivière au fil de la lecture les écueils qui semblaient infranchissables sont avalés, contournés pour laisser place à une paix intérieure… Pour vous tenir en haleine, une mosaïque de mots.

Extrait…

Carnet de voyage d’un homme libre :

Préface de Gilles Elkaïm, aventurier explorateur polaire

..//.. Son voyage poétique ou sa poésie vagabonde nous rappelle à une certaine profondeur, à une réelle délicatesse tellement nécessaire pour adoucir la « Terre des Hommes ».

Amicizia Frank et que vive l’Aventure !

Page 6 :

Partir sans eux :

Phare de Slettnes Norvège, mer de Barents latitude 71° nord 12 juin 2012. Vent d’Est 5 à 10 nœuds température 4° ; 600 km au nord du cercle polaire.

Toujours en éveil je somnole  en tentant d’écouter la mélodie de la houle du large mais l’onde qui se déverse sur la plage est un hymne dédié aux poursuiveurs de rêve. Willem Barentsz cherchait l’impossible, la route du nord, à trois fois il tenta sa chance mais la vie décida de le quitter, ce danois audacieux du XVI siècle fut le premier blanc à décrire le peuple sami, en  honneur, la mer lui dédit son nom..//..

Page 44

..//.. N’attendant rien, ne demandant rien, tout arrive logiquement. Rien n’est prévu, tout suit son cours comme le torrent va à la mer, il serpente dans son lit, se dirigeant avec logique en contournant les obstacles. J’apprécie le monde comme il est et non plus comme je le désire. Je repense bien sûr à cet accident qui m’a enlevé une partie de ma jambe droite, une sacrée pierre blanche pour me faire bifurquer. C’est certain, le jugement des « autres » m’a fait plus souffrir que par l’acte en soi. Avec un peu d’imagination le contour du pied a l’aspect d’un germe, je n’invente rien, des spécialistes de l’anatomie humaine ont trouvé cette affiliation.  Notre pied à la troublante forme de l’enfant fœtus dans le ventre de sa mère, le perdre c’est couper le cordon ombilical, inconsciemment c’est s’envoler..//..

Page 59

Ses silences me touchent, je revis le même moment qu’à Kallviken, on ne se connaît pas mais le golfe de Botnie nous rend frère de mer. Ses questions sont pratiques : où vais-je dormir ce soir, combien de kilomètres effectués par jour… Beaucoup d’émotion se devine sur son visage, par pudeur il stoppera notre conversation, il sait que ma journée est loin d’être finie et me lâche l’amarre en me disant : take care, you are a free man… (Prend soin de toi, tu es un homme libre…) Gonflé à bloc, je n’arrête pas de repasser en boucle cette phrase : You are a free man ; yes i am … Les kilomètres sont avalés différemment aujourd’hui, je descends vers le sud, voguant vers le soleil..//..

Page 80

..//.. La quiétude est profonde, le bruit du torrent qui me berce depuis plusieurs semaines a disparu, l’immensément vide m’envahit. Je m’allonge sur « mon sofa » pour écouter la paix. Je deviens le non voyant qui lit les bruits. Un nouveau sens pour sentir la brise d’Ouest se lever, les roseaux se froisser à sa caresse, définir le nombre exact des grenouilles qui croassent juste à leur chant et humer l’herbe bouger et se coucher comme une houle océane..//..

Page 154

..//.. Échec et victoire doivent être traités d’égal à égal, quand ça fait mal, le bien n’est pas loin et inversement. En appliquant cette théorie le ring de la vie peut être vécu avec un peu plus de sérénité. Anticiper les coups tordus c’est déjà les digèrer. Imaginer sa mort ou celle de ses proches c’est leur donner moins de place et d’improvisation, il faut tordre le cou aux sujets tabous. Tout a une réponse ! Même un enfant qui meurt innocemment ce n’est pas du hasard ou de l’injustice ! C’est sûrement une manière de nous guider. Ne tressaillez pas les réponses sont très difficiles à avaler pourtant elles sont notre survie, le temps nous aide, c’est un prof de philo, encore est-il qu’il faut savoir l’écouter et lui laisser le droit de s’exprimer. Nous sommes tous amputés de quelque chose, de quelqu’un..//..

Page 197

..//.. « Là-bas », il est très facile de succomber aux « choses », cueillir la pomme, plutôt que semer le germe de celle-ci. Je sais de quoi je cause, nous ne sommes que de chair, nos faiblesses sont nos draps. Sans elles nous nous sentons nus comme un vers et la peur du froid nous envie. Mais quand le sang n’arrive plus à réchauffer les organes c’est là où tout commence. La recherche du foyer pour se réanimer devient une quête, ce n’est pas la braise qu’il faut mais de la tiédeur..//..

Page 209

..//..Le vent d’Ouest prend de la force en même temps que l’altitude est gagnée, comme une chasse au trésor enfantine ma prospection est excitante, il y a d’autres miradors secrets et je veux tous les découvrir ! Un troisième, un quatrième, il me manque le dernier. Celui-là est somptueux tout autant qu’il est compliqué à gravir, n’ayant pas de corde et ne maîtrisant pas du tout les techniques d’escalades, je m’improvise grimpeur. L’effort en valait la chandelle, je dirais plutôt il en « vallée » le panorama ! Elle s’étend devant moi à perte de vue, pas une maison, pas une route, juste elle et moi. A mes yeux le seul miracle de la vie c’est ça, un massif quasi alpin imposant et vierge et une terre à la sagesse du temps..//..

Page 223

..//..Me voilà au bout de mon rêve, demain à 11h je passerai officiellement la ligne imaginaire du phare des Lavezzi, la boucle sera bouclée. Je suis ravi de savoir que tous les élèves  primaires de Bonifacio seront en mer, je croiserai le regard des copains… Ce soir je suis caché quelques part et je vais déguster cette dernière soirée de solitude. Cette nuit j’ai lu quelques messages d’amis, l’un d’eux m’écrivait ceci : Tu n’as pas réalisé un exploit, tu as juste effleuré les étoiles..//..

Page 225

..//.. Je suis condamné à mourir comme tout en chacun mais cette expérience m’a offert de nouvelles belles histoires à vivre, alors le jour dernier semble reculer un peu. Ma force n’est plus dans un record ou une première extraordinaire, ma force est ma paix intérieure..//..

Merci les amis…

Cap sur le stage de plongée 2014

7 février 2014

blob BDV

Le douzième stage de plongée est en train de s’organiser et pour ceux qui sont inscrits sur la page Face Book de Bout de vie vous avez dû remarquer un coup de gueule de ma part. La semaine en Corse aura lieu première semaine de juin. L’asso prend en charge tout mais cette année les déplacements seront offerts à partir de Paris, Marseille ou Nice, seulement ! Pourquoi ? Bonne question ! Depuis 10 ans, chaque année, un stagiaire, voire deux, « plantent » l’asso en ne venant pas au dernier moment pour des raisons fantaisistes ; les billets d’avions sont non-remboursables et il nous est impossible en moins de 48h de trouver un remplaçant ! Il nous faut une bonne année de démarchage auprès des mécènes et sponsors pour offrir cette semaine de rêve. Donc pour responsabiliser les futurs stagiaires leur prise en charge est partielle…  Nous arrivons toujours au même constat, pour une poignée d’andouilles, les autres paient les pots cassés.  Puisque nous y sommes je suis toujours très désagréablement surpris de constater à quel point certains oublient les effets Bout de vie, mais quand ils sentent une opportunité ils n’hésitent plus à nous contacter pour un soutien ou la réalisation d’un rêve. Jusqu’à présent je ne disais plus trop rien, mais maintenant il va falloir enlever les oursins des poches et penser au 5€ d’adhésion annuel. Je n’y ai pas pensé, je n’ai pas eu le temps, j’ai complètement oublié, sont les refrains habituels mais qui en toute logique entraîneront des conséquences. A partir de 2015 beaucoup de changement, la Galiote va partir à la retraite et j’ai déjà trouvé une option fabuleuse. Un départ de la Corse du Sud pour un concept absolument différent de ce qui se passait jusqu’à présent. Un gros catamaran avec skipper mais sans cuistot, ce sera aux  stagiaires de participer à la vie de bord. La  croisière se déroulera suivant la météo le long de la côte sauvage Ouest de la Corse, réserve naturelle de la Scandola, soirée grillades au cap Sénétosa, initiation à l’apnée et moins de plongée bouteille (il faut que je travaille ce point, embarquement compresseur, bouteilles, stabs…), soirée à la paillote de Pascal Olmeta et bien-sûr le vol en hélico. Le coup d’essai sera fait avec des anciens stagiaires qui pourront juger de l’impact de cette semaine et du besoin peut-être de changer quelque chose… je me souviendrai de qui n’a pas oublié Bout de vie…

Heureusement il y a les fidèles, ceux qui n’oublient pas, mille mercis, si Bout de vie continue c’est grâce à vous.

A pluche. L’adhésion en ligne c’est ici.

Encore un petit moment…

31 janvier 2014

Madame_Duberry

Jeanne Bécu, Comtesse du Barry, condamnée à mort, eut cette réplique célèbre : Encore un petit moment Mr le bourreau…

Oh, mais qu’elle est précieuse la vie, un joyau aux reflets eternels, une fleur éphémère que l’on ne peut cueillir, un simple grain de blé sur une prairie infinie. Mais qu’il est âpre d’accepter la tragédie, qu’il est compliqué de tolérer la fin. Très souvent les couples explosent quand surgit la catastrophe, les familles se déchirent quand le drame rejoint le couffin. L’accident, la mort, nous catapultent sur une voie qui semble sans issue, les lambeaux de vie nous collent aux bottes fraîchement ensanglantées. Je trouvais étrange, à la sortie de plusieurs mois d’hospitalisation, le comportement des « autres », mais eux, étaient restés sur leur chemin habituel, j’étais devenu une sorte de maquisard. Intuitions ou hasard, je pensais souvent, que si la vie devait me mutiler j’aurai choisi la mort, mais voilà, je suis toujours debout, un homme, à part entière ! Ce n’est pas les « autres » qui changent, mais nous, c’est cela qui fait toute la différence. Notre enveloppe devient le miroir des passants, nous sommes, à notre insu devenus « extra »ordinaires, certaines gens n’osent plus nous regarder dans les yeux. J’ai beaucoup d’exemples, dans mon association, qui font frémir ; des cas incroyables de ruptures totales, des fuites à bout de souffle, plutôt que de devoir accepter la « nouvelle » vie de l’autre. La mort pourrait être la seule issue, pourtant la vie est si riche, que le temps nous permet de continuer, même avec une mobilité plus réduite, plus contraignante ; même avec son être cher disparu. Nous semblons être programmés, organisés, mais « l’habitude » est fragile, un moindre souffle froid et la fièvre s’en empare. Un remède infaillible ? Il n’en existe pas ! Au fond de nos âmes nous avons nos réponses, nous avons les moyens de surmonter cet Everest. La recherche du bonheur est une utopie, car le fait d’être là maintenant, est déjà un miracle incroyable, ne désirons pas ce que nous n’aurons jamais, mais apprécions, ce que nous avons là, maintenant.

Encore un petit moment Mr le bourreau…

Une Isolette…

27 janvier 2014

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Vendredi,Le jour n’est qu’à son balbutiement, je me connecte au « monde », en allumant mon téléphone, un appel brise la quiétude du bord, l’écran affiche un 0088… synonyme de contact par une connexion satellite. Emmanuel Coindre, rameur d’océan m’appelle, l’Indien a bien voulu lui accorder une grâce, devant lui, l’île de la Réunion, cela fait 57 jours qu’il est parti de l’Australie, il devient le premier au monde à avoir ramé les trois océans. L’un de ses mécènes m’offre un billet d’avion pour l’archipel des Mascareignes, mon vol est prévu dans quelques heures. Je suis encore en Corse et il me sera pratiquement impossible de rejoindre l’aéroport de Roissy en temps voulu, mais ce qui penche dans la balance c’est que je me suis engagé à me rendre samedi soir à une soirée caritative à Porto-Vecchio. Une manière de récolter des fonds,  pour permettre aux enfants d’Isolette, hospitalisée sur le continent, de rejoindre régulièrement leur maman victime d’un très grave accident de la route… Ma sortie vélo, aux airs de Laponie méditerranéenne, me remettra de la décision de rester en Corse, la pluie, le vent, ont le pouvoir d’épousseter mes idées parfois floues. Samedi matin je prends la direction de mon camp, je vais poursuivre mes entraînements en pleine nature, me gaver d’ions négatifs, promis, juré, à 16h je rentre ! La journée se passe à merveille, l’âme d’enfant, là-bas, prend toute sa place, aucun Homme pour juger. Précis comme un valaisan, je rejoins mon véhicule à l’heure ; depuis quelques jours les orages ont largement inondés le massif montagneux. Le sol est gorgé d’eau et gras à souhait, les roues patinent, elles n’accrochent plus, tel une savonnette, elles creusent une belle tranchée ! Un peu surpris de cet imprévu, il m’en faut plus pour m’inquiéter, je sais que je ne dois compter que sur moi, la piste n’est que très rarement empruntée et il est improbable qu’en fin d’après-midi quelques 4X4 puissent roder ; mais je regorge de plan B C et D ! J’arrime un tire fort à un arbre qui pour pourra me sortir de cette tranchée boueuse et commence mon travail de gladiateur, je pompe énergiquement mais mon outil gadget, montre des signes de faiblesse. Le réa, aux à-coups de mon pompage, se déforme, je perds confiance en ma réussite en temps imparti. 18h, le soleil a disparu depuis un petit moment, je dois prendre une décision, si Véro n’a pas de mes nouvelles, elle s’inquiétera, mais ici pas de réseau ! Je bois une grosse gorgé d’eau me glisse une barre de céréale dans ma poche latérale tout en contrôlant la présence de mon briquet, de mon couteau et pars à la première maison susceptible de détenir un téléphone fixe, 5km de marche forcée, m’attendent ! Je sais que je ne dois pas courir mon moignon ne supporterait pas cet exercice, alors je m’invente une cadence aux pas très rapide, je souffle, me concentrant sur la piste qui s’obscurcit de plus en plus, je n’ai pas de frontale avec moi, puisque ce n’était qu’une petite journée « pépère » ! Des  bruits sourds me confirment que la forêt est infestée de sangliers mais je n’ai pas le temps de les taquiner, il faut avancer ! 37’ après, je frappe à la porte d’une vieille demeure en pierre de granit, nous nous connaissons depuis peu sans trop avoir approfondi nos états d’âmes, ici le coin est rude, les protocoles urbains ne sont pas tolérés. Dominique m’offre un verre d’eau que je refuse, je dois prévenir que je suis vivant, c’est tout, mais qu’à contre –cœur il y a peu de chance que je sois présent à la soirée. Mon hôte tente de trouver un gros 4X4 pour me décoller de mon piège de boue mais personne ne répond à l’appel, me résignant que ce soir je dormirai à la belle étoile. Le vieil homme ne me demande même pas si je veux rester chez lui, il a déjà compris avec qui il avait à faire. Dans son vieux fourgon rouillé entre fusils et cartouches il reprend courageusement la piste pour me ramener aux pieds du « chemin des Dames », au loin, sous une belle chênaie, mon véhicule est en mauvaise posture, la bataille fut rude, les tranchées, aux lueurs des étoiles, semblent encore plus imposantes. Connaissant la forêt par cœur, à tâtons je tente de rejoindre mon camp perdu, sans lumière je deviens un membre entier de la sylve, chaque pas est une victoire, la lune est absente, la lueur artificielle n’est que très peu tolérée. Un feu prend de sa superbe, le froid me pénètre, je suis peiné de cette issue, mais s’il en est ainsi c’est que c’était mon destin, un bol de soupe brulante et une poignée de riz seront le banquet de ce soir. En bas, là-bas, aux pays des Hommes, le paraître a disparu pour un soir et plusieurs centaines de personnes se sont réunis en solidarité pour la famille d’Isolette.  Enfouis dans le fond de mon duvet, je me promets qu’en contre parti, dés que les médecins lui donneront le feu vert, je la guiderai jusqu’au camp des solitudes. Si ses jambes ne marcheront pas encore il y aura d’autres solutions, si les médecins seront craintifs on passera au feu orange. Pendant que Manu traversait l’océan Indien en ramant, Isolette s’accrochait pour survivre, tout les deux, moi, vous peut-être ? savons à quel point le présent est un cadeau…

Pour toi Isolette: Les hommes, les Femmes sont des continents qui se transforment après un drame en une île déserte, après un long périple je suis devenu une presqu’ile.