Interview décalée de René Heuzey

4 décembre 2015
René pendant un tournage en compagnie d'un cachalot...

René pendant un tournage en compagnie d’un cachalot…

René Heuzey 56 ans, cinéaste sous-marin depuis 1987. Il parcourt les océans et les mers. Il est devenu un chasseur d’image pour immortaliser une vie sous-marine et il espère que ce monde aquatique reste bien réel et non virtuel.  Chef opérateur sous-marin pour l’émission Thalassa depuis 25 ans, directeur de la photo du film Océan de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Chef opérateur sous-marin des séries Carnets de plongée et Carnets d’expédition.

10 questions décalées :

Si tu ne devrais plus être un cinéaste sous-marin, quel métier te tenterait ?  Etre formateur en prise de vue sous-marine.

Un pays où il n’y a pas la mer que tu aimerais découvrir : L’Amazonie

Si tu te retrouvais face à face avec Dieu qu’aurais-tu envie de lui dire ? Dieu pourquoi tu laisse les gens se détruire ainsi.

Qu’elle est la petite fantaisie que tu embarque dans une longue expédition ? Ma brosse à dent électrique.

L’événement extérieur à ta vie qui t’as le plus marqué de ta naissance à ce jour : Participation au film Océan

Un livre que tu aimerais partager : Le joueur d’échec de Stefan Zweig

Par qui aimerais-tu être accueilli au paradis ? Par mon père.

Que fais-tu pour te relaxer avant une plongée engagée ? J’occulte mes ennuis terrestres.

On te propose de te réincarner, quel serait ton choix, personnage, animal, végétal… ?  En cachalot pour comprendre comment il peut défier toute les lois hyperbares.

Ta devise : L’huile essentielle de la liberté c’est le partage.

 

Quelles sont tes projets 2016. Continuer mon film sur les cachalots, et lancer mon opération Un océan de vie. Il consiste à faire participer toute personne qui sont sur et sous l’eau quotidiennement afin qu’il puisse ramasser de petits déchets (sac en plastique…) sans se priver de son activité de loisir. Un petit geste pour une grande cause.

Les sites où l’on peut te soutenir et suivre tes actualités :

Label bleu production ;

Page Face Book;

Un Océan de Vie.

10 ans, déjà 10 ans

27 novembre 2015

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Le 30 novembre 2005 Dume et moi, nous nous élancions dans une folle aventure, dans un défi qui se révéla une épopée. 18 mois auparavant, l’extravagant rameur Jo Leguen se retrouvait au premier stage de plongée Bout de vie et devant une bouillabaisse il nous lançait le défi de traverser l’Atlantique à la rame. Avec Dume nous relevions le pari sans savoir ce qui allait nous attendre. 18 mois pour bâtir un projet énorme, trouver des sponsors, un bateau et surtout se préparer en ramant comme des galériens. Nous ne voulions pas que participer, nous voulions aller sur le podium, car, oui, c’était une course, nous n’étions pas que les seuls fous. 26 bateaux identiques pour en découdre avec 5500 km d’océan, 3300 milles marins pour devenir les premiers handis à réaliser cette folie. Mais vous commencez à me connaître être mis dans le rang des handis me donne des boutons et en mer ça pique les fesses l’urticaire ! Alors nous avons laissé nos boiteries à quai et nous avons bossé. Des partenaires plus qu’improbables, se sont comme par miracle greffés, au projet. Quand un Prince Albert II de Monaco vous prend par l’épaule pour que vous lui racontiez votre vie de Cabochard « ça trou le cul, non » ! (Pardon!!!)  Et qu’en plus de la soirée organisée à cet effet il sort des billets violets pour un petit supplément, ce n’est pas énorme ! Quand le big boss de l’Agence Spatiale Européenne, t’appelles le 1 janvier pour te rencontrer au plus vite ça donne des ailes, non ? Et le rêve n’est qu’a son apogée. Alors avec cet engouement autour des « pôvres » deux unijambistes têtus, nous avons inventé notre « ramerie » océanique, nous avons essayé de penser à l’impensable. La grue de Bonifacio nous a fait chavirer à maintes reprises, pour voir comment ça fait en mode machine à laver programme essorage ! Nous avons tenté le diable avec les Bouches de Bonifacio en sortant par tous les temps. Mais la plus belle fût la première sortie ! Calme plat et sans courant mais pourtant il nous a été impossible d’accorder nos pelles et je peux vous dire que sur les quais des pêcheurs personnes ne donnaient cher de notre transat ! Mais nous avons bossé, nous avons travaillé comme des gladiateurs pour être enfin au départ à la Gomera aux îles Canaris. Du monde entier, des bateaux identiques étaient arrivés, de toute la planète des poètes allaient se lancer dans un inconnu d’eau salée. Pendant 20 jours nous avons été jaugés, contrôlés jusqu’à ce que la date du 27 novembre arrive. Mais une fois de plus je me suis fais remarqué en allant annoncé qu’avec Dumé nous ne serions pas sur la ligne, que ma petite expérience de marin me disait de rester à quai car un coup de chien de Sud-ouest arrivait pilepoil le jour du départ. Sans attendre leur réponse je repartais à notre Yole numéro 20 (département de la Corse) pour doubler les amarres et donner quartier libre à Dumé. Grosse panique au QG géré par un staff britannique imposant. Mais avant que je prenne ma voiture de location pour visiter la magnifique île  de la Goméra en mode bon touriste, un des organisateurs me rattrape pour me présenter ses excuses car effectivement une dépression impressionnante déboulait sur l’archipel et qu’il y aurait eu une hécatombe dans la flottille ! Et voilà enfin que le 30 novembre nous larguons les amarres, que nous rentrons de plain-pied dans ce rêve sans savoir que cela va être plutôt un cauchemar de souffrance. Le premier soir fût terrible, la nuit nous enveloppait, pour cacher nos visages terrorisés, comment oublier les proches que l’on avait laissé à quai, comment savoir ce que l’Atlantique allait nous réserver ? Le mal de mer me tenait la jambe pendant 4 semaines, mes doutes eux sont restés fidèles jusqu’à l’arrivé. Deux tempêtes tropicales nous ont fait reculer pendant 10 jours, 2 fois 5 jours à se morfondre, 240 heures de tortures mentales ! Puis la routine des jours qui s’égrainent avec un alizé musclé comme on n’avait pas vu depuis plus de 30 ans d’après météo-France, « chouette on va aller plus vite »! Puis le 40éme jour une vague scélérate nous brise le safran ainsi que notre rêve d’arrivée. Mais si malgré une jambe en moins on a su survivre ce n’est pas un gouvernail amputé qui va nous stopper, non mais ! Après une nuit de gros bricolage, que même Mac Gyver semblerait perdu, nous nous en sommes sorti pour reprendre la mer. Cette fameuse même nuit 7 équipages déclenchaient leur balise sat pour être secourus. Finalement au bout de 54 jours 3 heures et 32 minutes nous finissions 3éme en laissant le dernier équipage à 30 jours derrière nous… Et voilà 10 ans ont passé, avec Dumé nous nous voyons régulièrement et notre complicité nous mène là-bas où nous avons réalisé un truc de fou. Interviewé par un nombre incroyable de journaliste mon frère de rame avait repris la citation de Marc Twain : Il ne savait pas que c’était impossible c’est pour ça qu’ils l’ont fait. La yole à été vendue, Franck et Angéla ont suivi le sillage et certainement d’autres ont porté leur prothèse au milieu de la grande bleue. Grace à cette traversée l’association Bout de vie c’est fait connaître, nous avons reçu des centaines de messages plus beaux les uns que les autres, 10 ans après, des inconnus nous interpellent encore pour nous féliciter, 10 ans après !  Mais bien plus fort que tous ces hommages, plein de cabossés de la vie ont, par cette traversée, trouvé une réponse à leur question de vouloir vivre malgré un bout en moins.  Mon premier livre en parle bien sur, deux documentaires illustrent cette transat anglaise et par le biais de ce blog je tenais à remercier du fond du cœur tous les contributeurs à cette course qui restera gravée très longtemps dans mon cœur, dans mon âme, comment oublier.

Pour se remémorer cette aventure les deux documentaires à voir sans modération, juste après les photos.F1000004webF1000007webDSC_5621web

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Interview décalée du marin Eric Bellion

12 décembre 2014

Des yeux teintés par les océans...

Des yeux teintés par les océans...

Je m’appelle Eric Bellion. Je suis navigateur. Depuis 12 ans je m’intéresse à la notion de différence ou comment la diversité humaine est la source d’innovation, de performance et de bien être. Sur la mer il n’y a pas de place pour les discours bien pensants. C’est pourquoi je me sers de la course au large afin de tester des solutions pour mieux vivre ensemble et en parler…

10 questions décalées :

Si tu ne devrais plus être un marin professionnel, quel métier te tenterait ? Le problème c’est qu’il y en a plein et que ça change tout le temps. Dernièrement c’est « bike builder » (Constructeur de motos custom) parce que j’en ai croisé un passionnant et que j’adore les vieilles bécanes. Le métier de marin est assez frustrant car il coûte beaucoup d’argent. On passe énormément de temps à courir après les sponsors. Le ratio temps passé sur l’eau et temps passé derrière l’ordinateur n’est vraiment pas bon. Alors souvent je me dis qu’il faut que je fasse autre chose mais la passion est trop forte et je me retrouve invariablement derrière un ordinateur à construire une nouvelle aventure.

Un pays où il n’y a pas la mer que tu aimerais découvrir : Y a des pays où y a pas la mer ??? Plus sérieusement l’est de la Russie à cheval de préférence… ou l’intérieur des USA en bécane …

Si tu te retrouvais face à face avec Dieu qu’aurais-tu envie de lui dire ? « Mais pourquoi c’est si compliqué ?! »

Qu’elle est la petite fantaisie que tu embarques dans ton bateau pour une transat ? Ma guitalélé

L’événement extérieur à ta vie qui t’as le plus marqué de ta naissance à ce jour : La chute du mur de Berlin. Mon père, qui a vécu en Allemagne, nous en a parlé beaucoup. Enfant je rêvais d’être soldat pour aller le détruire. C’est beau non ? J

Un livre que tu aimerais partager : Je suis tombé récemment sur un livre de Stefan Zweig que je n’avais jamais lu dans une gare : Conscience contre violence. Je le conseille à tous ceux qui s’intéressent à la notion de bien et de mal

Par qui aimerais-tu être accueilli au paradis ? J’imagine que là il faut dire quelqu’un de mort ? Ma première pensée allait vers des gens encore en vie. Ça serait top de se retrouver entre amis là haut au Paradis ! Sinon je serai très heureux d’être accueilli par mon grand-père de la même façon qu’il le faisait quand j’étais enfant : Ravi, les bras levés aux ciel et les poches remplies de bonbons

Que fais-tu pour te relaxer avant une épreuve ? Je me retrouve seul et je prends du temps pour moi.

On te propose de te réincarner, quel serait ton choix, personnage, animal, végétal… ? Un autre homme ou une femme pourquoi pas ? Pour voir quel effet ça fait…

Ta devise : Je ne suis pas trop devise mais de temps en temps certaines me parlent. En ce moment ça serait plutôt « Done is better than perfect »

Quels sont tes projets 2015. La transat Jacques Vabre en novembre et la qualification au prochain Vendée Globe.

Les sites où l’on peut te soutenir et suivre tes actualités : https://www.facebook.com/commeunseulhomme?ref=bookmarks

PS: Mi-février il viendra participer à un stage de survie en tête à tête avec le Cabochard que vous lisez. Un grand moment de partage et d’amitié, le maquis prendra surement un air austral, là où les albatros ne touchent jamais terre…

Interview décalée et cabocharde de Christian Petron.

27 mai 2014
Jo Zef mio palmo!!!

Jo Zef mio palmo!!!

Interview décalée et cabocharde!

Né en 1944 il devient plongeur démineur puis en 1970  scaphandrier à la COMEX pendant 5 ans. En 1975 il se tourne vers la télévision, il réalisera une vingtaine de documentaires pour « Les animaux du monde ». En 1988 Luc Besson lui demande d’être son directeur photo pour le film Le grand bleu et Atlantis. Ensuite il deviendra le directeur technique de la campagne d’exploration du Titanic. Il tournera aussi des documentaires pour Jean-Michel Cousteau, James Cameron et dirigera une dizaine de films archéologiques pour Discovery Channel.

10 questions décalées :

Tu vas être déposé sur une île déserte en plein milieu d’un océan pendant un mois, tu ne peux prendre que cinq objets, lesquels ?  J’amène ma compagne qui n’est pas un objet bien-sur et lui laisse choisir les 4 objets qu’elle désire.

Une partie du monde que tu n’as pas encore visité et que tu aimerais découvrir : L’Antarctique.

Si tu te retrouvais face à face avec Dieu qu’aurais-tu envie de lui dire ? Enlève ton déguisement, c’est toi Alain qui fait le con !

L’homme où la femme qui t’as le plus marqué dans ta vie d’aventurier : Philippe Taillez, James Cameron et Henri-Germain Delauze.

L’événement extérieur à ta vie qui t’as le plus marqué de ta naissance à ce jour : L’attentat du 11 septembre, l’avènement du monstre Hitler et l’ignominie de la Shoa.

Un livre que tu aimerais partager : Plonger sans câble de Phillipe Taillez, l’ante et l’anti Cousteau.

Par qui aimerais-tu être accueilli au paradis ?  Philippe Taillez et Jacques Dumas ancien président de la FFESSM et adjoint pendant la résistance de l’équipe à Jean Moulin.

As-tu un « truc » pour te relaxer avant une épreuve très dangereuse ? Me décontracter en m’allongeant et en visualisant ma plongée profonde.

On te propose de te réincarner, quel serait ton choix, personnage, animal, végétal… ? Un albatros.

Ta devise : L’enthousiasme est la seule vertu.

Quelles sont tes projets à venir : Je me spécialise sur des plongées en très grande profondeur avec des sous-marins à la recherche d’épaves, et la découverte de nouvelles espèces abyssales.

Les sites où l’on peut te soutenir et suivre tes actualités : 2000 regards.org et cinemarine

Une Isolette…

27 janvier 2014

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Vendredi,Le jour n’est qu’à son balbutiement, je me connecte au « monde », en allumant mon téléphone, un appel brise la quiétude du bord, l’écran affiche un 0088… synonyme de contact par une connexion satellite. Emmanuel Coindre, rameur d’océan m’appelle, l’Indien a bien voulu lui accorder une grâce, devant lui, l’île de la Réunion, cela fait 57 jours qu’il est parti de l’Australie, il devient le premier au monde à avoir ramé les trois océans. L’un de ses mécènes m’offre un billet d’avion pour l’archipel des Mascareignes, mon vol est prévu dans quelques heures. Je suis encore en Corse et il me sera pratiquement impossible de rejoindre l’aéroport de Roissy en temps voulu, mais ce qui penche dans la balance c’est que je me suis engagé à me rendre samedi soir à une soirée caritative à Porto-Vecchio. Une manière de récolter des fonds,  pour permettre aux enfants d’Isolette, hospitalisée sur le continent, de rejoindre régulièrement leur maman victime d’un très grave accident de la route… Ma sortie vélo, aux airs de Laponie méditerranéenne, me remettra de la décision de rester en Corse, la pluie, le vent, ont le pouvoir d’épousseter mes idées parfois floues. Samedi matin je prends la direction de mon camp, je vais poursuivre mes entraînements en pleine nature, me gaver d’ions négatifs, promis, juré, à 16h je rentre ! La journée se passe à merveille, l’âme d’enfant, là-bas, prend toute sa place, aucun Homme pour juger. Précis comme un valaisan, je rejoins mon véhicule à l’heure ; depuis quelques jours les orages ont largement inondés le massif montagneux. Le sol est gorgé d’eau et gras à souhait, les roues patinent, elles n’accrochent plus, tel une savonnette, elles creusent une belle tranchée ! Un peu surpris de cet imprévu, il m’en faut plus pour m’inquiéter, je sais que je ne dois compter que sur moi, la piste n’est que très rarement empruntée et il est improbable qu’en fin d’après-midi quelques 4X4 puissent roder ; mais je regorge de plan B C et D ! J’arrime un tire fort à un arbre qui pour pourra me sortir de cette tranchée boueuse et commence mon travail de gladiateur, je pompe énergiquement mais mon outil gadget, montre des signes de faiblesse. Le réa, aux à-coups de mon pompage, se déforme, je perds confiance en ma réussite en temps imparti. 18h, le soleil a disparu depuis un petit moment, je dois prendre une décision, si Véro n’a pas de mes nouvelles, elle s’inquiétera, mais ici pas de réseau ! Je bois une grosse gorgé d’eau me glisse une barre de céréale dans ma poche latérale tout en contrôlant la présence de mon briquet, de mon couteau et pars à la première maison susceptible de détenir un téléphone fixe, 5km de marche forcée, m’attendent ! Je sais que je ne dois pas courir mon moignon ne supporterait pas cet exercice, alors je m’invente une cadence aux pas très rapide, je souffle, me concentrant sur la piste qui s’obscurcit de plus en plus, je n’ai pas de frontale avec moi, puisque ce n’était qu’une petite journée « pépère » ! Des  bruits sourds me confirment que la forêt est infestée de sangliers mais je n’ai pas le temps de les taquiner, il faut avancer ! 37’ après, je frappe à la porte d’une vieille demeure en pierre de granit, nous nous connaissons depuis peu sans trop avoir approfondi nos états d’âmes, ici le coin est rude, les protocoles urbains ne sont pas tolérés. Dominique m’offre un verre d’eau que je refuse, je dois prévenir que je suis vivant, c’est tout, mais qu’à contre –cœur il y a peu de chance que je sois présent à la soirée. Mon hôte tente de trouver un gros 4X4 pour me décoller de mon piège de boue mais personne ne répond à l’appel, me résignant que ce soir je dormirai à la belle étoile. Le vieil homme ne me demande même pas si je veux rester chez lui, il a déjà compris avec qui il avait à faire. Dans son vieux fourgon rouillé entre fusils et cartouches il reprend courageusement la piste pour me ramener aux pieds du « chemin des Dames », au loin, sous une belle chênaie, mon véhicule est en mauvaise posture, la bataille fut rude, les tranchées, aux lueurs des étoiles, semblent encore plus imposantes. Connaissant la forêt par cœur, à tâtons je tente de rejoindre mon camp perdu, sans lumière je deviens un membre entier de la sylve, chaque pas est une victoire, la lune est absente, la lueur artificielle n’est que très peu tolérée. Un feu prend de sa superbe, le froid me pénètre, je suis peiné de cette issue, mais s’il en est ainsi c’est que c’était mon destin, un bol de soupe brulante et une poignée de riz seront le banquet de ce soir. En bas, là-bas, aux pays des Hommes, le paraître a disparu pour un soir et plusieurs centaines de personnes se sont réunis en solidarité pour la famille d’Isolette.  Enfouis dans le fond de mon duvet, je me promets qu’en contre parti, dés que les médecins lui donneront le feu vert, je la guiderai jusqu’au camp des solitudes. Si ses jambes ne marcheront pas encore il y aura d’autres solutions, si les médecins seront craintifs on passera au feu orange. Pendant que Manu traversait l’océan Indien en ramant, Isolette s’accrochait pour survivre, tout les deux, moi, vous peut-être ? savons à quel point le présent est un cadeau…

Pour toi Isolette: Les hommes, les Femmes sont des continents qui se transforment après un drame en une île déserte, après un long périple je suis devenu une presqu’ile.

Epilogue des Ecrans de la mer…

9 juin 2013
Contre toute attente Jo Zef la mascotte était du voyage...

Contre toute attente Jo Zef la mascotte était du voyage...

Les prix ont été décernés et par ce billet je vais tenter de vous transmettre l’ambiance de ce Festival International du Film de Mer. La guilde m’avait fait un immense cadeau en me confiant un jury extraordinaire que je me dois de vous présenter : Catherine Lecoq réalisatrice, auteure et scénariste ; Eric Beauducel, auteur et opérateur de prise de vues ; Hervé Bourmaud, marin pêcheur et ancien capitaine de la goélette scientifique Tara et le touchant Hervé Clayessen commandant retraité de la marine marchande et peintre. L’organisation des Écrans de la mer a reçu 188 films et seulement 18 furent  présélectionnés  pour 5 prix autant vous dire que la tache ne fut pas si simple. Mon rôle de président fut facilité par l’osmose du groupe, mais choisir un film plutôt qu’un autre est un déchirement, pourtant il fallut débattre et voter. C’est un festival de film avant tout et les images doivent transporter le public dans un monde salé sans mensonge . Finalement sans heurt et avec une coordination assez impressionnante nous avons réussi à établir le palmarès que voici :
Prix du Jeune réalisateur : North of the Sun (au Nord du Soleil) de Inge Wegge et Jorn Ranum
Prix du meilleur film traitant d’écologie : The silver of the sea (L’argent de la mer) de Are Pilskog.
Prix du meilleur film traitant d’aventure et de sports nautiques : Una Boya Feliz (la bonne fortune en kite-surf) de Jordi Muns et Eloi Tomas.
Prix du meilleur film traitant des métiers de la mer : La paix du golfe de Patrice Gérard.
Le Grand Prix du festival Jean Bart « U-455, le sous-marin disparu »  à Stéphane Bégoin.
Prix des jeunes de l’agglomération dunkerquoise : Una Boya Feliz (la bonne fortune en kite-surf) de Jordi Muns et Eloi Tomas.

Trois jours avec beaucoup de rires, d’émotions et de rencontres, un grand merci à toutes les personnes croisées et bien-sur un grand coup de chapeau aux trois sirènes organisatrices : Cléo Poussier-Cottel , Corinne Husson et Anne Queméré, l’illustre animateur présentateur Alain Goury,sans oublier Olivier Allard délégué général de la guilde et du festival, Bernard Decré président cofondateur du festival et le président de la Guilde Européenne du Raid Sylvain Tesson. En étant dans le département du Nord, mon ami disparu  Loïc Leferme natif de ce port de la Manche me guidait pour improviser un hommage. Mes mots se sont remplis d’émotion que le public a saisi au vol et je suis très fier d’être devenu citoyen d’honneur de la ville de Dunkerque.

Pour conclure ces magnifiques rencontres marines je vous transcris l’hommage que Sylvain Tesson a rédigé à mon égard, encore une fois de plus mes yeux se sont salés, un sacré cadeau en ce 9 juin 2013 qui est la commémoration de mes trente années à cloche pied.

Un jour, je suis allé faire une petite promenade à ski avec Frank Bruno. C’était prés du parc de la Vanoise, nous étions trois ou quatre et il faisait grand bleu. J’ai appris deux ou trois choses ce jour-là.

Je savais déjà que l’humour était la meilleure réponse à l’adversité du sort mais Frank m’en a donné ce jour là une démonstration magistrale. Lui, l’amputé à qui le destin a volé une jambe lorsqu’il était âgé de 18 ans, ne cesse jamais de rire de son moignon, comme si la garce de vie lui avait joué une bonne blague. Et devant les gens qui se tortillent, légèrement embarrassés, ne sachant pas très bien comment évoquer son infortune, rien ne lui plait d’avantage que d’ôter sa prothèse en s’exclamant : « je suis un amputé à part entière ! »  Bref, pas le genre à baisser les bras.

Je savais aussi que la volonté peut tout et que bien des êtres font de la force d’âme « le jardinier du corps » comme l’écrivit Shakespeare, mais Frank me l’a prouvé ce jour-là d’une remarquable manière en nous laissant tous à cent mètres derrière nous qui nous croyons bien entrainés !

Je savais que le propre de l’Homme est de réussir à triompher des malheurs, à les transcender et parfois même à les transmuer en bienfaits mais Frank me l’a rappelé ce jour-là d’une façon inoubliable. Il me raconta (je le laissais parler parce que j’étais essoufflé), comment il avait réussi à puiser en lui la puissance nécessaire pour ne pas désespérer et comment, aujourd’hui, il insufflait son énergie à ceux qui ne croyaient plus en eux-mêmes ou qui doutaient de l’existence.

Et lorsque nous regagnâmes la station de ski, je me dis que j’avais rencontré un homme à qui il manquait un bout de lui-même et qui, pourtant, semblait plus entier que beaucoup d’entre nous !

Signature de mon vieux pied usé qui a réalisé l’expédition Arcticorsica, l'écrivain, voyageur et ami Sylvain Tesson au premier plan est attentif, cela va être son presse pied papier sur son bureau...

Signature de mon vieux pied usé qui a réalisé l’expédition Arcticorsica, l'écrivain, voyageur et ami Sylvain Tesson au premier plan est attentif, cela va être son presse pied papier sur son bureau...

Interview décalée de Peyo Lizarazu

31 mai 2013

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Interview décalée et cabocharde!

Né le 25 septembre 1975 à St Jean de Luz au Pays Basque. Il est un homme de mer étonnant et un sportif de haut niveau, il a joué en rugby en ligue 1 mais sa passion pour les sports de glisse en mer l’ont vite happée. Champion d’Europe de surf il est adepte du Stand Up Paddle et fait partie des premiers au monde à avoir osé la vague de Belharra .

10 questions décalées :

Le métier que tu aurais aimé faire autre que ton activité: celui de mon père, charpentier…

Le pays que tu n’as pas encore visité et que tu aimerais découvrir : Le Chili

Si tu étais une mer ou un océan : Pacifique…bien entendu !

Si tu étais une musique de film : Les musiques produites par Nicolas PIOVANI pour « La vie est belle » de Roberto BENIGNI.

L’événement extérieur à ta vie qui t’as le plus marqué de ta naissance à ce jour : les attentats du 11 mars à Madrid. J’étais de passage dans la ville ce jour là en compagnie de ma famille au complet.

Un livre que tu aimerais partager : « Timeline » de Michael CHRICTON et en général quasiment tous les livres de cet auteur qui sont des fictions d’anticipations, très bien documentés, donnant l’effrayante impression d’être très ancrés dans le réel.

Bilbao New York Bilbao de Kermen URIBE, un auteur d’origine Basque, traduit en Français.

Par qui aimerais-tu être accueilli au paradis ? Mes amis

Que fais-tu pour te relaxer avant une épreuve ? J’essaie de régler le problème à la racine en ne stressant pas….

Avec quelle personnalité (sport, politique, philosophe…) aimerais-tu diner ? Michel SERRES

Ta devise : aucune en particulier.

Quelles sont tes projets 2013. Ralentir un peu mais ça va être difficile

L'homme et la vague...

L'homme et la vague...


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Et si j’étais président ?

18 mars 2013

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Le Sud-ouest force 6 à 7 donne au Cabochard les ambiances que j’affectionne, les haubans des « autres bateaux » tintent, peut-être ont-ils peur, mon vieux bateau lui ne tremble pas devant les rafales. Sur la table à carte pour l’occasion j’ai ressorti mon premier carnet de plongée. Occasion, mais quelle occasion ? La Guilde Européenne du Raid m’a nommé président du jury du festival mondial du film de mer…

Je suis né à 200 mètres tout au plus de la Méditerranée. Sans savoir nager je fouillais déjà avec mes palmes et mon masque bleu les fonds à la recherche de quelques trésors oubliés ; je ne suis plus certain si j’ai appris à marcher où à plonger en premier !!! Mon premier voyage-plongée en famille au bout du monde, à cette époque le tourisme était un privilège, à 14 ans j’avais déjà bullé dans tous les océans de la planète, j’étais devenu avec dérogation de la fédé le plus jeune initiateur de France, à 15 ans je franchissais la barre des 60mts très régulièrement, je connaissais par cœur le regard froid de presque tous les requins. Devançant mon appel dans la « Royale », je comprenais que je n’aimais pas que l’on me donne des ordres et le destin bascula, une patte en moins. Si mes bouteilles de plongée étaient un « bi » je devenais uni ; jambiste ! Major de promotion du monitorat et l’appel du large, un long voyage  aux quatre coins de « ma » Méditerranée. Des souvenirs j’en ai des millions, des plongées des milliers mais une seule vie à cloche pied. De toute mes balades sous-marines la plus belle est celle d’après mon accident, je ne devais pas car j’étais encore sous cachet et ma greffe de peau était trop fraîche, mais au diable les contraintes. Sur une palme, accroché aux bouteilles de mes potes je flottais enfin sans douleur dans trente mètres, tout redevenait facile, j’étais libre comme avant ce putain d’accident ! Puis j’ai continué à plonger, à guider des milliers de gars et de filles, certains y ont trouvé une vocation, un métier. Je suis toujours fier de recevoir un courrier d’un ancien élève qui est devenu soit prof de plongée, démineur, biologiste… Le bâton du relais est passé sans chuter. Bout de Vie depuis dix ans permet à des amputés de tout bord de retourner en apesanteur, quelle joie de voir sortir de l’eau ces « frères et sœurs » d’amputation avec la victoire comme breloque. Certains ne voient en moi que celui qui a été le premier handi à traverser un océan à la rame, d’autres voient plutôt le sauveteur qui est allé sortir des griffes de la mort pas mal d’insouciants, d’autres encore m’associent au chercheur de pièces d’or et d’amphores. Je ne sais pas qui a raison, qui a tort, je n’aime pas l’étiquette de marin, je ne régate pas, je ne fréquente pas les clubs et encore moins les salons nautiques, je ne lis que très rarement des magasines spécialisées et évite les pontons où les « moi j’ai fait » parlent de tempête alors que ce n’était qu’un simple « grand frais » ! Je suis juste un habitant de la mer ; ces dix derniers jours j’ai déséchoué seul deux voiliers, récupéré un immense ponton qui pouvait être dangereux à la navigation et dépollué une épave. Je n’en cause pas, c’est un quotidien bien banal, vous ne parlez pas de vos courses du supermarché le samedi ! Donc j’ai accepté de présider le festival mondial du film de mer. Une tâche que je prends le plus sérieusement du monde, les films présentés sont le panel complet qu’offre l’univers professionnel de la mer. Un président est une sorte de chef d’orchestre qui donne sa touche de sensibilité. Les mots clés qui me viennent de suite à l’esprit sont : nouvelles découvertes, avenir de l’homme sur et sous la mer, poésie océane, partage et bien sur différence. Je suis très ému, honoré et enchanté par cette mission qui m’a été si gentiment confié, je vais donner le meilleur de moi pour que ce festival soit à la hauteur de sa réputation. Un grand merci à la Guilde Européenne du Raid et plus particulièrement à Cléo Poussier-Clottel, , Olivier Allard, Patrick Edel, Anne Quéméré, Corinne Husson… Le site: Ecran de la mer

C’est pas l’homme qui prend la mer c’est la mer qui prend l’homme… Tatatan !

Déjà l'oeil du tigre!

Déjà l’œil du tigre!

Plus de 40 ans aprés...

Plus de 40 ans aprés...

On a kidnappé le Pére Noël!

20 décembre 2012
Pendant notre ramerie océanique le Pére Noël était venue nous voir. je me demande si ce n'était pas un coup à Jo Zef???

Pendant notre ramerie océanique le Pére Noël était venu nous voir. je me demande si ce n'était pas un coup à Jo Zef???

Les fêtes de Noël approchent, un moment où je ne suis pas à l’aise, une période de l’année depuis la nuit des temps mystiques, qui est devenue un événement corrompu. Une manne financière pour certains, un endettement supplémentaire pour d’autres. Le 24 décembre sera une des nuits les plus longues de l’année, le début des jours qui rallongent. Les guirlandes électrisées ont remplacé le foyer où les « vivants » partageaient une bûche sur la place centrale de la commune ; la nuit du solstice d’hiver était une communion entre le ciel et les hommes. Je ne parlerai pas de la religion, je n’arrive plus à trouver la définition et sa valeur dans le dictionnaire de la vie, tradition qui rime étrangement avec trahison.346 euros vont être dépensés par foyer pour les cadeaux de Noël, d’année en année, au lendemain de cette veillée le web regorge de milliers d’annonces  revendant les cadeaux offerts neufs. Je ne refais pas le monde, je n’ai pas la classe pour juger, mais je vois, donc je pense. Pas de guirlande, pas de cadeau ce soir là, encore moins de crèche à bord du Cabochard, les grimeries factices n’ont pas de place dans la banette de l’aventurier à cloche pied. J’entends certains parler de rêve pour les enfants ! Reflet de notre société, un personnage dodu, barbu, vêtu de rouge issu d’une pub pour un soda cancérigène viendra par la cheminée remplir les petits souliers des enfants sages par milliers. Mais il n’y a plus de cheminée, les tubulures de la clim n’ont pas assez de place pour laisser passer un vieillard obèse venu du Nord, made in China. Les copains de classe bientôt vont dénoncer le subterfuge et la première trahison démontrera au gamin que la vie n’est ombragée bien souvent que de mensonges. Un habit de princesse pour la fille et les armes factices pour les garçons, une fois de plus on créé des mondes de tromperie. Le prince charmant est devenu SDF et se fout de la belle au bois dormant ; en grandissant le plastique devient acier et les armes n’hésitent plus à exterminer sauvagement des enfants en bas âge. Les images de références qui nous servent à supporter les violentes tempêtes de nos vies en prennent pour leurs grades. Jeu vidéo où le gamin tue trente ennemis à la seconde, mais je vous rassure il y a des jokers. Les films ou dessins-animés n’ont rien à leur envier. Je suis surpris de ne voir aucune réaction contre toute cette folie de violence en fin d’année. Imaginez un soir de Noël sans le moindre cadeau mais avec un feu au milieu d’une forêt, sur les bords d’une plage, d’une rivière, d’un lac, une réunion tous unis sur la place principale d’une ville. Pas de cadeau mais deux assiettes remplies, une pour l’autre qu’on ne connait pas encore et une pour soi. Le froid de l’hiver rendra le moment encore plus propice à s’entraider à se réchauffer mutuellement, le mec qu’on ne connaît pas va vous dévoiler son bout de vie, tellement différent du votre. Jo Zef va me prêter main forte, lui au moins il existe, si l’homme en rouge passe par là on va lui expliquer où se situe la Laponie, on rendra la liberté à ses rennes, on ira faire une balade à pied dans la neige avec son traineau et découperons les habits rouges pour en faire des confettis. De pays en pays on amènera les enfants du monde entier à nous rejoindre, nous piétinerons les mensonges des adultes en mettant au feu toutes les paillettes des grands qui ne servent qu’a gâcher le moment présent. Pas de cadeau, pas de repas festif, les étoiles filantes nous combleront, les elfes de la forêt nous régaleront, les lutins seront les magiciens du soir… Si ça vous dit venez nous rejoindre quelques part sur la terre ce soir c’est la fête de la lumière, les hommes n’y ont plus leur place…

Team Jolokia…

24 octobre 2012

photo_T-Shirt

A l’occasion d’une émission de Sandrine Mercier sur France Inter je partageais le micro avec Laurent Marzec. Nous avions une tribune de 60’ pour dévoiler nos bouts de vie, de mecs un peu esquintés. Nos livres en promotion nous tentions de convaincre les auditeurs que nos parcours étaient formidables, malgré un classement radical en personnes dites « handicapées ». Ce garçon tétraplégique relevait le défi de former une équipe pour être le premier voilier mixte à s’aligner sur des records établis par des valides …  Les Écrans de l’aventure 2010 ont commis l’erreur de me projeter membre du jury, la Guilde Européenne du Raid est le summum du microcosme de l’aventure, en faire partie me donnera le droit de m’exprimer. Nous visionnions des films variés mais tous fascinants, l’un d’eux me toucha ; Jolokia. Laurent avait réussi son pari, un équipage mixte battait le record entre Lorient et l’Ile Maurice. Eric Bellion en était le skipper mais surtout le boss. Jolokia est un piment fort de l’océan Indien et le nom de ce bateau du Défi Intégration, il venait de rentrer dans la cour des grands en battant le record de la route des piments. Mes compagnons de jury ciblaient d’autres films, mon intransigeance payait, je remettais le prix Alain Bombard à Eric et son équipage…

Val d’Isère, les festivals d’aventures m’ont dans le nez, je suis encore promu jury ! Nous ne sommes que quatre, nous visionnons, nous échangeons mais comme les mousquetaires seul un trio existe, la quatrième me fatigue, m’irrite, sa « blonditude » me met en mode avalanche ! Cette semaine est animée par le fantastique Sylvain Tesson, je suis comme un enfant devant le Père Noël, chaque fois que je le croise, je le prends comme une offrande ! Il me connaît et essaie d’arrondir les angles. Non un cabochard ne change pas. Les réflexions de miss Barbie m’ont remonté à bloc. Il est minuit nous sommes dans une salle d’un restaurant étoilé de la station, il faut débattre, attribuer les prix.  Sylvain nous écoute, il prend des notes, ses aphorismes en poche, il attend ma bombe à retardement. Jolokia n’aura pas de prix ! Je me lève sans finesse, quitte la salle, blondinette reçoit un tacle, le carton rouge ? M’en fous, je me casse ! L’organisatrice me rattrape, elle sait y faire, Sylvain un verre à la main, accepte mes proses sans verre, le film recevra un prix spécial… Eric Bellion est sur scène, mes tripes lui ont préparé un discours, le public est silencieux, le skipper a les yeux couleurs salés, standing ovation, vive la différence. Contre toute attente, je suis sollicité pour soutenir le projet : « Eric tu te fous de moi, Isabelle Autissier, Nonce Paolini, le chef d’état major de la Marine Nationale et bien d’autres sont de vrais parrains ? » Ok j’accepte en ronchonnant. Depuis Défi Intégration avance à grands pas même si certains tirent la patte. Au mois de juin 130 candidats ont postulé à cette annonce, je râle, j’aurais voulu l’écrire moi :

« Recherche hommes et femmes pour voyage hasardeux. Pas de salaire. Vie spartiate, tâches d’équipage rudes ou impitoyables, implication et courtoisie exigées. Recrutement sévère non-ouvert à tous et à toutes, priorité aux borgne-fesse sociaux ou physiques. Pas de cour des miracles mais trop normal s’abstenir. Honneur et reconnaissance garantis en cas de succès. Premières informations sur www.teamjolokia.com »

43 ont été retenus, ce week-end sur la base nautique de l’île Monsieur en région parisienne, il y aura un test grandeur nature. Seule une petite vingtaine de candidats décrocheront le sésame pour la troisième et dernière phase du recrutement, à savoir 4 jours de navigation sur le VOR 60 Team Jolokia à Lorient en novembre. Les conditions météorologiques automnales probablement musclées sont un test ultime et implacable pour éprouver l’envie et les capacités du futur équipage.

TEAM JOLOKIA est un projet sportif. C’est aussi un laboratoire dédié à l’humain. La diversité est une véritable valeur ajoutée pour une équipe performante. Les équipiers sont recrutés en fonction de leurs compétences mais aussi en tenant compte de leurs facultés originales qui enrichissent l’équipe. Le TEAM JOLOKIA est composé de marins jeunes et séniors, hommes et femmes, handicapés et valides, et de personnes de cultures différentes. La mer possède le pouvoir sans appel de renforcer ou désagréger la cohésion d’un groupe. Cette aventure humaine, sera une découverte, avec des professionnels, des psychologues et des chercheurs, de nouvelles clés pour une meilleure intégration de la différence. Pendant quatre ans, ils prendront le départ des courses les plus prestigieuses en France et dans le monde entier à bord d’un VOR 60 (Bateau de la Volvo Ocean Race 2001-2002). Fastnet, Sydney-Hobart, Transpac et Québec-Saint Malo sont notamment sur la liste.
TEAM JOLOKIA revisite le mythe de la tour de Babel. La diversité n’est plus vue comme une malédiction mais une opportunité pour l’Homme de se dépasser.

tj