Un dimanche au village

14 août 2017
 
Dimanche à Oqaatsut, un jour comme un autre, calme et silence ? Ben non, à 9 h tapantes, la cloche de l’église sonne à tout rompre. Les chiens sont athées, ce matin la preuve m’en a été donnée, leur aboiement fut si fort que le pauvre campanile semblait enroué. Mais personne n’a gravi les escaliers de la vieille église en bois, pas une ombre autour du lieu du culte. La religion perdrait elle de sa force ? Ici les croyances anciennes sont très présentes. Les qivitoqs (mauvais esprits) rôdent sur les plus audacieux. Ces âmes en peine viennent perturber celui qui se présenterait sur leur route. Dans certaines cabanes de pêcheurs-chasseurs, une croix est souvent clouée sur la porte pour éviter aux mauvais esprits de déranger celui qui s’y réfugie. Le mélange entre animisme et christianisme fait un drôle de mélange. Arrivés en masse au XVIIIème siècle pour la chasse à la baleine, les sudistes ont imposé leur religion, le chamanisme est devenu tabou, mais pas trop oublié, juste quelques restes pour entretenir les légendes.
 
Je poursuis ma tâche sur la cabane tout en surveillant si l’office serait donné, une occasion de me mêler aux ouailles et de sentir le moment, mais rien ni personne… Alors, je poursuis mon travail de fourmi. Depuis plus d’un demi siècle, cette maison a subi les affres des froids polaires et sa bonne forme me ravit de jour en jour. D’ici quelques jours, je reprendrais la mer, on ne peut se lasser d’une vie de nomade, surtout que cette fois je pourrais la partager en toute sécurité avec ma petite allemande.
 
Une journée dominicale paisible, ensoleillée et sans vent. Pour conclure ce beau dimanche, Julien et sa famille viennent faire un crochet par le village pour partager une grillade au bord des icebergs. Un de leur amis possède une minuscule cabane à quelques milles d’Oqaatsut, un coin paisible comme partout ici, d’ailleurs. Charlotte et ses trois enfants préparent le carburant de la grillade, de la camarine et du bouleau nain en suffisance pour maintenir le feu d’une plaque métallique. En premier, la graisse est coupée en petit bouts pour faire l’huile de friture puis les fines tranches de viande de phoque sont rôties dans ce jus. Une soirée simple comme est la vie au Groenland.
 
Lundi à 12h40, on se retrouve sur les ondes de France Bleu RCFM avec cette fois Vanina Buresi, je vous raconterai tout ça en détail…
A pluche…

Plus jamais ça…

7 janvier 2015

soldier-carrying-child

La barbarie a encore déversé son venin, des penseurs, des rieurs, des rêveurs sont tombés sous les balles de fanatiques. Mais pourquoi cette haine, pourquoi cette folie. La vie est un trésor qui nous est prêté l’espace de notre existence, mais de quel droit peut-on en arriver là. Trancher la tête d’un guide qui rêvait de montagne, cribler de balles des dessinateurs qui prenaient à dérision le mal des Hommes. Nous sommes une fourmilière, certains labeurs, d’autres commandent, dés que l’emprise du dominant est menacée, il invente des fausses règles. A l’âge de pierre celui qui découvrit le feu est devenu la première victime, quand l’Homme a, il ne peut plus lâcher, il ne veut plus concéder. Sa possession devient son TNT, sa tour d’ivoire. Un jour les terres ont été clôturées et celui qui a franchi la limite est devenu le premier ennemi. L’Homme a possédé et pour cela il a dû exploiter ses semblables, il y aura toujours les faibles et les chefs, les ordres ont été dictés sans concessions, mais faire travailler un esclave toute sa vie sans qu’il se révolte est un exercice périlleux. Dieu en est né, il a pris toute son envergure pour rendre la vie sur terre plus sereine. « Ici c’est l’enfer mais tu verras après le paradis te recevra, un jardin d’Eden où tout est facile ». Les moutons y ont cru, ils se sont convertis, ils ont adhéré à cette utopie et les clans de tous bords ont vu le jour. Les Dieux ont laissé place à la religion qui a donné le coup de grâce ! Les castes ont déclaré les « autres » impures, le clergé est devenu une armée. Les poèmes ont été transformés en psaumes qui dictent la vérité des hommes qui désirent plus que tout au monde le pouvoir. J’ai eu la chance de vivre plus d’un an en terre musulmane, et j’y ai découvert des gens de tolérance et d’accueil mais le vin parfois devient un amer vinaigre. L’amalgame est dangereux, la généralisation est une poudrière. La violence est un manque d’amour à la base. Quand tout va bien on prend le temps de pardonner, dés que les malheurs s’accumulent la tolérance s’évapore et la folie devient infernale. Ne cédons pas à la démance de la vengeance mais plutôt à la compréhension du « pourquoi ». Œil pour œil, dent pour dent est depuis la nuit des temps le poison des Hommes. Notre seul salut avant une guerre mondiale est la compréhension de l’autre, l’acceptation du différent. Quand les Hommes se tuent, le sang versé est de la même couleur, preuve flagrante que notre âme est universelle… Plus jamais ça…

Religion et ses maux!

23 janvier 2013
Le calvaire de l'Incudine foudroyé...

Le calvaire de l'Incudine foudroyé...

Pour répondre à Cathy sur la religion je vais profiter de ce billet pour me confier. C’est vrai que souvent cette question m’est posée, matière universelle, tout en chacun a sa propre croyance.

Depuis mon plus jeune âge j’ai eu la chance de voyager, ce qui m’a valu la rencontre d’une multitude de religions différentes, sujet vaste et complexe qui suscite des guerres depuis la nuit des temps, la prise d’otage en Algérie et le Mali en sont les derniers exemples. Mon bref passage à Jérusalem malgré mon jeune âge m’avait mis un coup sur la tête, les visites de la mosquée bleue d’Istanbul ou d’Ankara m’ont aussi données un gout amer sur le thème de la religion. Croire ; l’homme a besoin de croire. La réponse est dans cette simple phrase, pour vivre l’homme a besoin de se créer des contes pour supporter ce qui lui semble insupportable : la mort, la souffrance et la solitude ! Croire en la religion, c’est se rassurer mais chaque jour passé est croyance mais aussi désillusion. Dés notre naissance nous croyons en nos parents puis en grandissant nous les découvrons, ils descendent de leur piédestal pour n’être plus des demi-dieux mais bel et bien des hommes et femmes remplies aussi de défaut comme vous et moi. Puis la croyance à notre premier amour qui sera celui de notre vie, qui s’avéra un simple souvenir du passé. Le dictateur « temps » nous terrorise, il ne s’arrête jamais, au bout du couloir, l’inconnu, la chambre mortuaire, alors on s’accroche à la croyance plutôt qu’à ses sensations. Certain hommes ont créé les Dieux, d’autres ont saisi l’opportunité pour en tisser une toile de faiblesse avec les religions. Les écrits sont traduits, contreversés, les manuscrits sont analysés, passés au carbone quatorze et deviennent sagesse, les dominants les accordent de manière que les dominés suivent les directives pour leur unique service. Sans avoir fait de hautes études il me suffit d’ouvrir les yeux pour constater que les religions sont une sorte de vis sans fin, la nuit de la St Barthelemy revient très régulièrement mais nous n’en tirons pas les leçons adéquates. Pour en revenir à la question de ma religion, je peux vous affirmer que je n’en ai pas, attention je ne suis pas athée, car être contre quelques choses c’est lui donner existence ! Depuis quelques années je me suis mis volontairement dans des situations qui m’ont approché d’une force incroyable, l’énergie positive, ce n’est pas une croyance mais un vécu, grosse différence entre croire et vivre. Je ne peux et ne veux être mis dans une case, beaucoup me parle de bouddhisme mais cette pratique me dérange, je ne me sens pas à l’aise d’être associé à une pensée si loin de ma culture occidentalo-méditerranéenne. L’expérience de cette grande solitude pendant mon expédition sur le fleuve Yukon et d’autres événements m’ont mis en relation direct avec la nature, il m’aura fallu un bon mois pour être finalement en connexion avec les éléments, tout en restant homme. Le vent, la pluie, le silence, le froid, les fauves me sont apparus des éléments intégraux de mon moi, mon corps prenait de moins en moins d’importance pour laisser plus d’espace à mon âme qui elle, est immortelle. Faut-il souffrir, être seul et avoir peur pour le comprendre je ne le sais pas,  je ne suis pas assez sage pour le confirmer. Les âmes de mes amis disparus, venaient me rendre visite au quotidien, puis le retour aux milieux des « corps » m’ont fait perdre le contact. Depuis, je m’isole de plus en plus régulièrement pour retrouver cette relation spirituelle, quand je serre un arbre dans mes bras noueux j’entends le rire d’amis de l’au-delà ; en menant cette vie de nomade sans toi, je me situe souvent comme dans une sorte de vitrine et prend le soin d’observer mes frères de Terre. Le symbole est frappant, l’homme passe sa vie et son énergie à construire sa maison pour y enfermer sa famille, son clan. J’ai utilisé le mot enfermé volontairement, l’enfermement est une sorte de protection contre le monde extérieur des autres, contre le vent, contre les arbres, les oiseaux, contre le naturel, on cloisonne, on coupe le lien avec l’extérieur et on y créé « son » confort. Le temple ; l’église ; la mosquée reproduisent ce concept sectaire et s’amputent des autres. En édifiant des murs, inconsciemment l’homme se referme sur lui-même, ce n’est pas une critique mais un constat. On ne veut pas voir ses enfants partir, on ne supporte pas voir ses aïeux mourir, on refuse la venue du différent. L’enfermement nous capture, l’on devient otage et l’on commence à croire !

La liberté s’est savoir se passer de ce qui est indispensable, yes i’m a free man, c’est peut-être ça ma religion !

On a kidnappé le Pére Noël!

20 décembre 2012
Pendant notre ramerie océanique le Pére Noël était venue nous voir. je me demande si ce n'était pas un coup à Jo Zef???

Pendant notre ramerie océanique le Pére Noël était venu nous voir. je me demande si ce n'était pas un coup à Jo Zef???

Les fêtes de Noël approchent, un moment où je ne suis pas à l’aise, une période de l’année depuis la nuit des temps mystiques, qui est devenue un événement corrompu. Une manne financière pour certains, un endettement supplémentaire pour d’autres. Le 24 décembre sera une des nuits les plus longues de l’année, le début des jours qui rallongent. Les guirlandes électrisées ont remplacé le foyer où les « vivants » partageaient une bûche sur la place centrale de la commune ; la nuit du solstice d’hiver était une communion entre le ciel et les hommes. Je ne parlerai pas de la religion, je n’arrive plus à trouver la définition et sa valeur dans le dictionnaire de la vie, tradition qui rime étrangement avec trahison.346 euros vont être dépensés par foyer pour les cadeaux de Noël, d’année en année, au lendemain de cette veillée le web regorge de milliers d’annonces  revendant les cadeaux offerts neufs. Je ne refais pas le monde, je n’ai pas la classe pour juger, mais je vois, donc je pense. Pas de guirlande, pas de cadeau ce soir là, encore moins de crèche à bord du Cabochard, les grimeries factices n’ont pas de place dans la banette de l’aventurier à cloche pied. J’entends certains parler de rêve pour les enfants ! Reflet de notre société, un personnage dodu, barbu, vêtu de rouge issu d’une pub pour un soda cancérigène viendra par la cheminée remplir les petits souliers des enfants sages par milliers. Mais il n’y a plus de cheminée, les tubulures de la clim n’ont pas assez de place pour laisser passer un vieillard obèse venu du Nord, made in China. Les copains de classe bientôt vont dénoncer le subterfuge et la première trahison démontrera au gamin que la vie n’est ombragée bien souvent que de mensonges. Un habit de princesse pour la fille et les armes factices pour les garçons, une fois de plus on créé des mondes de tromperie. Le prince charmant est devenu SDF et se fout de la belle au bois dormant ; en grandissant le plastique devient acier et les armes n’hésitent plus à exterminer sauvagement des enfants en bas âge. Les images de références qui nous servent à supporter les violentes tempêtes de nos vies en prennent pour leurs grades. Jeu vidéo où le gamin tue trente ennemis à la seconde, mais je vous rassure il y a des jokers. Les films ou dessins-animés n’ont rien à leur envier. Je suis surpris de ne voir aucune réaction contre toute cette folie de violence en fin d’année. Imaginez un soir de Noël sans le moindre cadeau mais avec un feu au milieu d’une forêt, sur les bords d’une plage, d’une rivière, d’un lac, une réunion tous unis sur la place principale d’une ville. Pas de cadeau mais deux assiettes remplies, une pour l’autre qu’on ne connait pas encore et une pour soi. Le froid de l’hiver rendra le moment encore plus propice à s’entraider à se réchauffer mutuellement, le mec qu’on ne connaît pas va vous dévoiler son bout de vie, tellement différent du votre. Jo Zef va me prêter main forte, lui au moins il existe, si l’homme en rouge passe par là on va lui expliquer où se situe la Laponie, on rendra la liberté à ses rennes, on ira faire une balade à pied dans la neige avec son traineau et découperons les habits rouges pour en faire des confettis. De pays en pays on amènera les enfants du monde entier à nous rejoindre, nous piétinerons les mensonges des adultes en mettant au feu toutes les paillettes des grands qui ne servent qu’a gâcher le moment présent. Pas de cadeau, pas de repas festif, les étoiles filantes nous combleront, les elfes de la forêt nous régaleront, les lutins seront les magiciens du soir… Si ça vous dit venez nous rejoindre quelques part sur la terre ce soir c’est la fête de la lumière, les hommes n’y ont plus leur place…