Comme promis les jeunes ont rédigés leur journal de bord que voici. Ce qu’ils ont réalisé m’a beaucoup impressionné et ému. En quelques jours ils ont su devenir une équipe soudée et solidaire. Un bout de vie qui restera gravé dans nos âmes pour très longtemps.
Carnet de bord ÂTAA
Jour 1 – (Mardi 18)
C’est enfin le grand départ. La voie est dégagée, les icebergs se sont évadés. Un petit pêcheur d’Ilullissat nous offre une incroyable traversée. Le trajet est beau, magique et froid mais nous permet après 2 heures de secousse et de paysage à couper le souffle d’atteindre la belle île d’Âtaa. Tout s’organise. Montage du Tipi. Découverte des lieux. La magie commence à opérer.
Jour 2 – (Mercredi 19)
C’est un grand Sentiment de liberté qui domine la journée, vide la tête et donne des ailes. Réveil tranquille, après notre première nuit sous le tipi. La douche (la rivière) est froide, très froide mais le froid nous met sur les railles d’une belle journée qui commence. S’en suit d’une belle petite promenade qui nous a permis de découvrir un peu plus notre immense terrain de jeux où nous resteront encore une dizaine de jour. Et bien sur on en profite pour faire un repérage de toutes les petites bêtes qui vont rapidement finir dans notre assiette. Les possibilités sont infinies. Quinze heures, retour au bercail, on reprend des forces et on s’occupe du dîner du soir. Petite pêche journalière dans la rivière, que l’on accompagnera des petits champignons locaux.
Jour 3 – (Jeudi 20)
Réveil à l’aube pour les hommes. Frank nous fait encore croire qu’il a péché des truites et qu’il les a relâché. Le déjeuner est péché dès 8 heures, les premières truites pêchées par les aventuriers. S’en suit un entraînement à la chasse, avant que le temps ne se gate. La toundra et le froid nous rattrapent et alors que la pluie fait son apparition, Frank nous apprend à faire un Four à base de Pierre et de glaise avec lequel on a ensuite fait du pain, puis le repas tout entier. Belle économie de gaz.
Jour 4 – (Vendredi 21)
Réveil sous un soleil magnifique. La vue au réveil est toujours aussi agréable. La petite routine commence à s’installer, l’eau chaude et les sacs sont prêts, c’est parti pour une longue randonnée jusqu’à la baie voisine. Après deux heures de marche, la rencontre avec un petit longue oreille, et quelques pauses pour goûter aux myrtilles, le déjeuner se fera sur la plage, personne à l’horizon, mais les 5 degrés d’été nous empêchent de nous mettre en maillot. On commence à apprivoiser l’île tranquillement. Le retour est calme. Les garçons en quête de protéines vont ramasser de belles moules polaires pour le repas du soir pendant que les filles récoltent les myrtilles pour faire un petit dessert. Cinq kilos de moules et quelques centaines de myrtilles plus tard, la nouvelle mission est de trouver du bois sec pour le feu et alimenter notre nouvelle gazinière. Puis s’en suit du moment le plus attendu, et mérité, le dîner. Grâce à notre nouveau four maison, au devant de cette magnifique baie d’iceberg, les moules polaires sont savourées.
Jour 5 – (Samedi 22)
Après une longue et belle journée de canoë dans la mer, et des petites escales sur des îlots proches du camp, une petite surprise nous attendait à la maison. Julien en famille, était la nous attendant, avec de la bonne baleine fraîche, que l’on a tous englouti sans en laisser une miette.
Jour 6 – (Dimanche 23)
Sunday chill. Un vrai dimanche, Frank nous fait la surprise de nous préparer un gros plat de pattes pour le déjeuner, fromage râpé et même une petite sauce tomate pour faire les choses bien. Et tout ça accompagné d’un bon hareng au curry acheté à Illulissat, que l’on apprécie tous ! L’après midi, un peu de rangement dans le Tipi pour les filles pendant que les hommes ramassent quelques baies pour le dessert du soir.
La journée est reposante, beau temps donc grosse toilette pour tout le monde. Puis préparation d’une petite soupe de baleine avec les restes de la veille pour le dîner, un délice.
Jour 7 – (Lundi 24)
Très belle journée, la plus belle jusqu’à présent, le réveil est agréable mais de plus en plus froid, l’automne arrive. On prépare les sacs et on part pour une belle randonnée, qui s’avérera être la plus longue du séjour. On commence à grimper, la vue est sublime, on est sur la plus grande montagne du coin. Après 3/4 heures on arrive au sommet de la montagne, que l’on renomma « Mont Elisa » en l’honneur de la petite cadette chérie du clan.
Ici les journées sont longues et intenses, après avoir englouti quelques nouilles chinoises, c’est l’heure de redescendre pour de pas trop fatiguer les jambes et les esprits. Interlude myrtilles en bas de la montagne avant de retrouver le camp vers 17 heures.
Jour 8 – (Mardi 25)
Repos. Gravir et renommer une montagne, ça fatigue les esprits. Réveil tranquille, avant l’atelier « inukchtuk » guerrier de pierre en inuit. Kulushnuk selon Rémi.
La journée se termine par une bonne petite soirée devant le feu, pour réchauffer les corps et les esprits et une bonne nuit de sommeil pour attaquer le lac demain.
Jour 9 – (Mercredi 26)
Les nuits se rafraîchissent de plus en plus, l’automne arrive et les températures négatives sont déjà la. Aujourd’hui, le départ est programmé à 9heures pour traverser le lac en canoë, 10 km de long. Déjeuner de l’autre côté et visite des lieux, et bien sûr nouilles chinoises habituels. Puis 10 km de plus pour rentrer, belle balade, encore des paysages sublimes, et encore une belle expérience. Le vent se lève sur la fin, mais sans soucis on arrive au bout. Le feu du soir est de plus en plus important pour nous réchauffer avant de s’endormir dans le froid sous le tipi et alors que les corps se réchauffent en dégustant un bon petit poisson pêché dans la rivière, les baleines passent nous faire un coucou dans le fjord à 100 mètres de nous. Magique.
Jour 10 – (Jeudi 27)
Petite randonnée. Belle mais triste car la dernière. On dit au revoir aux beaux paysages de ce petit coin de nature paradisiaque où l’on est seuls 60km à la ronde depuis 10 jours déjà. Petite et tranquille car les filles ont déjà fait énormément d’effort sur les deux dernières jours avec la découverte du Mont Elisa et la traversée du lac Juliette. Dernière car demain c’est le dernier jour sur place. Immaqa. Et le dernier jour est significatif de récolte des petits et beaux souvenirs l’on va ramener sur le continent.
Jour 11 – (Vendredi 28)
Ça sent la fin. Le départ est proche. Le temps est triste, nous aussi. On essaye de profiter de cette dernière journée complète sur l’île. On ramasse quelques souvenir et on profite une dernière fois des beaux paysages, sous la pluie. Ramassage de thés du Labrador, de quelques Niviarsiaq et de quelques beaux cailloux. Puis démontage du Tipi pour passer la dernière nuit dans la maison communale du village.. Village de 3 habitants….. Où quelques familles viennent parfois passer des week-ends en été.
Jour 12 – (Samedi 29)
Grand départ d’Ataa. Tout est plié à 9 heures.
Surprise Julien arrive avec Elimut pour nous récupérer. Après 12 jours d’autonomie complète, 22 truites, 7804 myrtilles, 58 champignons, une baleine, un phoque, 2 morues, 923 moules, des algues, des crevettes, des bons thés du Labrador et surtout 60 nouilles chinoises, c’est la fin de ce beau voyage.
Le retour est agréable, au vent sur le petit bateau d’Eli, la dernière balade est belle au milieu des icebergs.