Une simple feuille…

19 janvier 2014

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Vivre sans toit, peut-être une continuité de vie spirituelle, sans ce carcan d’abri, la planète devient une simple cabane, aucune idée ne peut vous enfermer, aucune religion ne pourra vous guider. Notre vie est trop éphémère et provisoire, ce bref passage sur terre est une sorte d’enseignement, une préparation mentale pour poursuivre dans le Grand voyage astral. Nous sommes ce qui ne se voit pas, nous pensons de manière universelle. La maison « Terre » est si vaste que chaque pays devient un vestibule, on y stocke quelques règles mais ils sont trop étroits pour une âme libre. La vie, la mort, invention diabolique, ce transit n’est qu’une fraction de seconde dans notre vie éternelle. Les montagnes, les océans n’ont plus d’âge, pourquoi en aurions-nous un ? Les fanes automnales se détachent de l’arbre « père », notre corps matériel est cette feuille, notre âme universelle est cet arbre. Il est irrationnel de croire qu’elle est venue pour rien, tout a un sens, à nous de trouver. L’énergie que certains appellent Dieu ou Esprit lui a permis de bourgeonner, la lumière l’a nourrie, elle s’est ouverte pour donner de l’ombre au pèlerin, elle frémit pour inspirer le poète, puis un jour automnal, elle s’envole pour son Grand voyage. De là haut elle découvre l’immensité de la forêt, elle qui se croyait unique. Elle dépasse la canopée et devine en bas ceux qui visent avec leur cartouche le cœur du rouge-gorge qui chante. Les courants ascendants lui font parcourir le monde, elle est immortelle, indispensable, sans elle plus rien ne peut fonctionner, pense-t-elle. Mais la petite feuille, n’est qu’une feuille parmi tant d’autres, un jour, le vent, la pluie, lui font rejoindre le pied d’un nouvel arbre, plus grand, plus loin, encore plus différent. Elle comprendra que c’est là où elle devra pourrir, puis renaitre feuille et poursuivre ce beau voyage. Il me plait de savoir que je peux être cette feuille, alors moi aussi je vais me préparer au long voyage. Qu’y verrai-je ? Je ne veux pas savoir, le temps, s’il existe me guidera, je ne suis pas pressé. Mais je vous l’avoue je suis heureux de savoir que je ne suis qu’une simple feuille.

Oublier comment on « doit » vivre pour tout simplement vivre.

Une année « treize » interressante!

20 décembre 2013
Le sourire des derniers stagiaires plongée, que du bonheur...

Le sourire des derniers stagiaires plongée, que du bonheur...

L’année 2013 s’éteint doucement, deux caps importants dans ma vie d’Homme sont passés, mes trente années d’amputation et les premier dix ans de présidence de l’association Bout de vie.

C’est certain ce n’est pas le temps qui passe mais bel et bien  nous. Pour finir en beauté ce fut un honneur d’être invité par l’INREES dans les locaux universitaires de la Sorbonne à Paris. Un sacré clin d’œil pour quelqu’un qui n’a pas trop trainé sur les bancs d’écoles que de se retrouver dans un amphithéâtre et disserter sur la reconstruction après un drame devant un public habitué aux conférenciers de renom.

Depuis dix ans j’en ai vu des stagiaires se reconstruire et je peux vous affirmer que c’est grâce à eux que je trouve la motivation pour continuer. La recette n’est pas miracle mais Bout de vie se veut atypique pour redonner la flamme à ceux qui ont perdu un bout. Devant l’étrave du navire Bout de vie, une autre décennie apparait, nous avons acquis de l’expérience et des épaules, il y a quelques fois des tentatives de déstabilisation mais le marin que je suis, même si j’ai une jambe de bois, a le pied marin. Je suis très patient avec les nouveaux venus raccourcis mais les donneurs de leçons et les petits malins sont vite débusqués et virés de bord. 11 stages de plongées sous marine et depuis peu des stages de survie-mixte, mais il n’y a pas que ça, vous avez suivi nos opérations vélo, les rencontres avec les scolaires, et bien d’autres rendez-vous. En proposant les stages de survie j’ai osé un pas de plus vers la mixité, valide et moins-valide, à ma grande surprise les demandes affluent des quatre coins d’Europe. Ces stages de survie sont une sorte d’initiation basique de vie en autarcie en forêt, le prix de ces quatre jours est considéré comme un don à Bout de vie.

Par ce billet je tiens à remercier toutes les personnes qui de prêt ou de loin nous soutiennent, une aventure aussi belle est une histoire de partage, je suis intransigeant avec moi-même donc exigeant avec ceux qui relèvent le défi de nous épauler. A la soirée de clôture du dernier stage de plongée et à la soirée de l’INREES j’ai retrouvé des visages d’anciens stagiaires et bien plus que des mots j’ai senti des choses extraordinaires, je tenais à vous en remercier.                                                                                                                                                               L’adhésion 2014 (cliquez ici) est déjà disponible, son premier prix est fixé à 5 €, entre le cout de l’imprimé, l’enveloppe, le timbre il ne reste plus grand-chose à l’asso, mais comme vous le savez c’est grâce à cette adhésion que je peux aller démarcher les fondations et autres organismes.

Je vous souhaite tout le meilleur du monde pour la nouvelle année 2014 qui promet d’être riche en événement.

Démarrons du bon pied et que Dieu vous prothèse !

Le dernier stage de survie, une belle aventure de partage.

Le dernier stage de survie, une belle aventure de partage.

L'équipe des cyclistes en pleine conférence et si ce bout en moins était une force.

L'équipe des cyclistes en pleine conférence et si ce bout en moins était une force.

Certainement la reléve...

Certainement la relève...

Ces futurs adultes attentifs à la "différence".

Ces futurs adultes attentifs à la "différence".

Journal de bord salé

16 décembre 2013

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4h59 : Ca y est la « gigoterie » me tient en éveil, j’ai du le sortir de ses rêves, il semble m’appeler depuis le ponton à côté du Cabochard. Qui ? Mais Immaqa mon beau kayak.

5h42 : Les mascottes ont eu les derniers mots elles ne viendront pas aujourd’hui, tant-pis pour elles je n’aurai pas à partager ma boite de biscuit aux noisettes !

6h23 : Le brouillard m’étreint, la différence de température entre la mer à 15° et l’atmosphère à 3° rend la navigation mystérieuse. Le silence est profond comme l’est la nuit quasi hivernale, je ne sais pas où m’amènera cette journée mais je suis prêt à me goinfrer du temps présent.

6h31 : Les îlots des Bruzzi, sont déjà atteints, le ciel s’éclairci, le brouillard pose genou à terre, bientôt le soleil lui tordra le cou. Immaqa file droit comme un rostre de narval, Dieu que c’est bon d’être ici.

6h45 : je sors de la zone intégrale où la pêche est interdite, je peux enfin dérouler ma traine, et si un poisson tête en l’air venez s’y prendre !

7h08 : Je ne le vois pas mais je sens sa présence, le soleil a encore l’accent italien, bientôt il sera corsée : quandu ghjunghje u sole u marinaru e sempre felice…(Quand arrive le soleil le marin est toujours heureux)

7h42 : Pose café, non je ne pense pas à Véronique Jannot, mais à une autre Véro là-bas à terre ! Le vieux thermos hydrate mon café, une première rangée de gâteaux  est savoureusement dégustée. Le silence c’est le bruit du temps qui passe.

8h 33 : Le lion de Roccapina scrute vers le sud, s’il pouvait me confier où a été caché le trésor du feu paquebot Tasmania… Je sais ; il est là ; où ? Mais au fond de mon cœur !

9h07 : L’embouchure du fleuve Ortolo se dévoile, là bas, tout là haut il serpente devant mon camp des solitudes. Dommage qu’il soit si gringalet, nous ne tenons pas dans son lit.

10h46 : Je me demande si mon corps et mon esprit sont en connexion, ma tête papillonne mes bras moulinent.

11h18 : La pointe de Murtoli est dépassée, la brise de terre vit ses derniers soupirs, le Maestrale nous offre un apéritif, avec modération bien-sur !

11h24 : Immaqa est hissé sur une plage abandonnée, les traces dévoilent des pas d’ongulés et d’un certain maître renard, ne me croyez pas affable !

11h52 : Que le pique-nique soit sacrifié sur l’autel du bonheur et de la simplicité du moment, à perte de vue une mer et un maquis vides de tout hommes, j’ai compris je suis seul au monde : Wilsoooooooooooon ! Zut ; Jo Zeeeeeeeeeeef !!!

12h45 : la brise du Nord me sort de la léthargie, j’ai rêvé que je faisais du kayak sur une côte sublime, que l’aventure était mon quotidien, que j’étais un Free Man. De bleu mais ce n’était pas un rêve.

13h10 : Je décide de rentrer vers ma maison flottante, deux mascottes veillent au grain mais je ne suis pas sur de leur sérieux pendant mon absence, un braquage de cambuse est si vite arrivée !

13h12 : Je tente mon coup de poker, j’envoi mon cerf volant, il part rejoindre les cieux, je ne demande pas de carte, j’ai un carré d’As.

15h09 : Tiens mais je les ai déjà vu ses îlots ! Mais c’est bien sur, les Bruzzi. Vous avez dit une bonne moyenne ? Mais ce n’est plus un kayak mais une Formule I des mers !

16h12 : j’ai rejoint le bord du Cabochard, il me semble entendre les mascottes faire à la hâte du rangement. En attendant qu’ils cachent leur journée,  je fini les derniers gâteaux aux noisettes, à chacun ses délits, j’ai dit délit et pas délire !!!

16h14 : 36,78km au compteur ! Je compte maintenant ? Damned mais je ne suis pas en expédition !

17h03 : Je nettoie mes poissons, oui je sais, je ne suis qu’un pauvre pêcheur.

17h32 : Immaqa est ficelé sur le ponton à coté de mon petit bateau, je le couvre, il ne faudrait pas qu’il prenne froid, un ami sa se soigne.

18h45 : je reviens de la capitainerie, j’y ai pris une douche façon homard à la Thermidor, si je vois un pot de mayonnaise dans le carré de mon bateau, je reprends la mer, la « mascotterie » peut-être fatale.

19h34 : Ma vieille marmite de fonte réchauffe ma soupe aux potirons, la nuit enveloppe le « kayakiste » rêveur, je ne crois pas que je vais faire de vieux os.

20h03 : Allo 1 : C’est qui ? T’es où !!! (Soupir) ! Ma journée ? Bof la routine… Ciao

20h05 : Allo 2 : Véro, tu sais quoi ? I am a Free Man ; Kiss

20h57 : Je déplace les mascottes sur la bannette tribord et m’active à faire mon lit, trois grosses couvertures vont me tenir chaud. Les loupiottes éclairent les pages de mon dernier livre, Le Prince des nuages, que je dois finir à la hâte, bientôt je l’enverrai par la poste à une jeune fille de 14 ans, qui j’en suis sur, rêve en douce de savoir qui est son père là-bas au bout de l’horizon.

21h21 : Le marchand de sable fait sa livraison, peut importe les nuits avenirs, les jours sont l’énergie de mes vies, oui je vous assure, j’en ai plusieurs de vie !

Bonne nuit les petits…

Carnet de bord automnal d’une journée ordinaire

25 novembre 2013

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4h15 : Pas de vent, la darse du petit port qui nous abrite semble un miroir, il faut que je retrouve le calme je ne suis pas seul ce matin, Véro planquée au fond du duvet connait l’insomniaque qui gigote à ses côtés. Je fais un effort, je tente l’immobilisme. L’ours n’hiberne pas il médite à son futur repas.

6H18 : La grasse mat ça me met en forme, la pénombre s’estompe, les étoiles scintillent encore un peu. La radio nous informe ; rien n’a changé. La France est au bord du gouffre, du moins c’est ce que ses habitants hurlent ; loin là-bas ils meurent de faim avec le sourire, les verts ont battu les rouges, les supporters se sont mis sur la gueule, l’hiver arrive, je me demande si les journalistes ne lisent pas tous les matins les mêmes dépêches. Couic les infos ! Des refrains Andins édulcorent l’aube, nous nous remémorons nos balades argentines.

8h07 : J’aide ma « Vrai » à sauter sur le quai, elle va rejoindre son école où une petite fille différente aura besoin de sa patience. Avant de partir je lui souffle mon dernier mot, elle le sait je suis un obsédé textuel ! Le torrent de la différence, est encastré entre deux berges, l’une de la souffrance, l’autre de l’espérance…

8h43 : J’enfourche ma monture, c’est parti pour 3heures tout doux. Je me sens bien, j’ai le poids de forme idéal et pas mal de kilomètres dans les pattes, je vais mouliner sans jouer à la brute. C’est beau et apaisant la Corse sans le monde, au fond de la vallée je suis acclamé, félicité, des « faiseurs de route » me reconnaissent, lundi dernier abrité dans leur camion, ils n’en croyaient pas leur yeux de voir un mec en vélo sous la grêle et les orages… C’est le moment de rentrer tout doux, tout doux. Au loin, un point jaune, un cycliste grimpe le col.- Non Frank, tu ne vas pas le chercher, mais l’autre petite voix me dit t’es pas cap ! Poste de combat, je me recale sur ma machine, fait le vide et pars à sa rescousse. A cette saison on se connait tous, lui ce n’est pas un tendre, va falloir jouer fin. Sans bruit je remonte dans sa roue pour reprendre un rythme plus souple. L’œil du tigre, je fonce, en doublant je le salue mais n’attend pas sa réponse je n’ai que 3 kilomètres à gérer, en haut du col les pendules seront mises à l’heure. 20 mètres derrière, juste derrière le cycliste têtu à cloche pied … Un refrain de chanson qui me plait bien…C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup…

12h45 : Ma salade accompagnée d’une galette de blé noir va me remplir en carburant. Chut j’écoute le jeu des « Mille Euros » sur France Inter, Banco, banco !!! Après c’est la sieste qui est une sorte de prière à bord du Cabochard, les mascottes le savent pas de raffut pendant ce moment de grâce.

13h58 : Le grand ciel bleu m’inspire un moment de folie : Et si on larguait les amarres pour un court instant. Ni une ni deux, nous voilà voguant vers l’horizon, personne et encore personne. Vive l’hiver, la longue houle nous berce, mon petit bateau se remémore son long voyage méditerranéen. Que le temps passe vite. Le détroit de Gibraltar, l’Atlantique espagnole, l’Afrique du nord, la mer Egée, l’Asie mineur… On en a croisé des sourires là-bas. Une amarre qui cède c’est un peu de liberté gagnée.

16h13 : La dernière aussière est frappée, le vent tourne violemment, l’orage de grêle explose, nous sommes déjà en place à quai, le Cabochard semble une fois de plus faire un pied de nez au caprice de la météo. Un immense arc en ciel, nous prend en otage, Jo Zef le sait au pied de ce pont de couleur une marmite en or repose. Mais nous n’en avons pas besoin, la vie à elle seule, est un trésor.

16h54 : C’est l’heure du « quatre heure » les mascottes ne le rateraient pour rien au monde. Un bon bol de lait d’amande fumant avec une rasade d’un mélange d’orge de seigle et chicorée avec deux canistrellis. Le vent se déchaine, la pluie redouble de force, on est bien au creux de la cabane en bois qui flotte.

17h19 : J’ouvre un paquet, ma commande est arrivée, je me réjouis, ce soir je vais me lancer dans la lecture du livre de Jean-Pierre Ameisen Sur les épaules de Darwin.

 

18h04 : Je découpe un gros morceau de courge qui rejoindra ma veille cocotte en fonte nous gratifiant d’une bonne soupe d’antan. Le froid semble s’installer, je ressors la paire de chaussette en laine tricotée par mon arrière grand-mère Alice, un dernier lien avec une famille effilochée. Pendant ma traversée du Groenland, ces chaussettes étaient une sorte de gri-gri. Les histoires de famille, faisons comme les oiseaux asseyons nous sur le nid.

 

18h28 : Mes courriels attendent patiemment une réponse alors je m’active, trouve les bons mots, tout doux, tout doux la vie de secrétaire.

19h30 : la soupe est prête, l’éternelle tranche de jambon avec la compote maison et le bon yaourt au soja.  France musique me forment les oreilles moi le rustico-sauvage, comme quoi tout est possible. Les mascottes réclament des « trucs » sucrés mais la vie à bord doit être saine, alors c’est un grand Non !

20h00 : J’appelle ma compagne, elle me racontera sa journée, la petite « différente » qu’elle soutien lui a délivré quelques trucs et astuces que les « normaux » n’ont pas encore saisis. Et si la différence était une force.

 

20h15 : Le refrain du soir à la radio VHF ; Sécurité, securité, sécurité ; ici le Cross Med en Corse qui va diffuser sur le canal 79 un avis de coup de vent fort pour la zone Corse …Il n’a y pas de mauvais temps il n’y a que de mauvais marin

 

20h45 : Je déplie ma bannette et sors mes trois épaisses couvertures, cale à porté de prothèse les mascottes, puis m’envole dans une lecture initiatique ; Sur les épaules de Darwin.

21h54 : Bonne nuit les petits…

Ce sont les successions de journées ordinaires qui rendent nos vies extraordinaires.

Compte rendu du troisième stage de survie…

4 novembre 2013

L’équipe est enfin réunie, 6 personnes qui ne se connaissent pas mais qui ont la même motivation pour vivre une belle expérience de partage dans un milieu sauvage voir hostile. La vérification des sacs est des plus importantes, bien que basique le matériel doit être complet : une bonne bâche en PVC comme toit, un film plastique en tapis de sol et un sac de couchage assez chaud pour des nuits qui s’annoncent orageuses. La nourriture je m’en charge, les rations seront suffisantes pour ces 4 jours de baroude, les binômes formés devront partager leurs lyophilisés. La vallée est profonde et la première matinée sera une marche d’approche pour rejoindre le maquis dense et sauvage. Le silence est de rigueur, le vide permet une totale immersion dans ce voyage de l’essentiel. Un repas simple mais consistant, nous permet de récupérer, la sieste est aboli en terre de survie, nous reprenons la route dans une forêt épaisse et surtout dépourvue de sentier et repère. Je sens une légère tension quand je m’égare, je vous promets ce n’était pas prévu ; quoi que ? Une « plage » de sable nous accueille pour monter le camp, l’aspect isolé du coin resserre les cœurs de certains, je tente de faire accélérer le mouvement, un orage approche. Quatre bouts de ficelle, 6m² de toile camouflé comme refuge et le tour est joué, le foyer doit être adapté pour que les gamelles fassent bouillir l’eau du repas du soir. La foudre claque, le vent se lève, le feu a déjà pris de l’ampleur il résistera aux trombes d’eau qui s’abattent sur nous, nos corps sont à l’abri, mais les esprits s’évadent. La nuit nous enveloppe, elle vient tôt à cette saison, le déluge a enfin fini de jouer avec les nerfs de certains, nous pouvons improviser des bancs avec des arbres morts. Le dialogue s’instaure, mais pas du bla bla « de moi j’ai fait », la rusticité du bivouac rend les échanges simples et dépourvues de parade. C’est bon la chaleur du feu sur les mains en quête de réconfort. Pas de télé, pas de net, pas de téléphone et encore moins d’infos parasites de l’extérieur, nous sommes devenus qu’un, la survie s’installe. Une âme en peine rôde autour du camp, un renard, une belette, nous ne le serons jamais mais les victuailles sont bien rangées dans le fond de nos sacs à dos, la survie c’est aussi prévoir. Nous nous saluons et chacun va s’enfouir au fond de son duvet, je sais par expérience que la première nuit est souvent blanche.  1h30 du matin une main tente de me sortir de mes rêves, une des fille a une crise d’angoisse, l’obscurité, la bâche, le silence, elle est mal. Nous chuchotons sans affoler les copains, la petitesse du « coin chambre » l’angoisse, la bâche est seulement à quelques centimètres de son visage, la crainte l’a saisie. Les étoiles ont repris du service, la nuit semble vouloir nous épargner d’un nouvel orage, alors Sylvie installe son couchage entre ma bâche et le feu, sous la voute céleste scintillante elle comptabilisera les étoiles filantes de sa première nuit d’aventure…

7h, le soleil n’a pas encore daigner rejoindre la vallée des survivants, le seul feu est notre foyer, en silence, nos céréales nous remplissent les estomacs. La journée va être rude, notre but sera de quitter le fond du torrent pour rejoindre le sommet de la montagne en espérant pouvoir émettre un feu de signalement pour que les secours nous aperçoivent enfin ! Bien évidemment pas de sentier, il faut se tailler un chemin à travers un maquis dense et vicieux. La progression est d’environ 400mts à l’heure, les sacs accrochent, les binômes sont attentifs entre eux, Dieu que s’est dur de sauver sa peau ! Au bout de trois heures d’efforts nous atteignons un promontoire de granit à couper le souffle, d’un bout à l’autre une seule et même forêt méditerranéenne aux saveurs corsées. Pour nous récompenser des champignons rejoignent le fond de nos gamelles, la survie c’est aussi savoir trouver sa nourriture sur zone. La journée est loin d’être finie, il faut dénicher un nouveau coin pour la nuit. Des blocs couverts de mousse nous obligent à encore plus de prudence, l’autre versant de la montagne gravie est exposé plein nord, sa descente est casse patte. Encore une belle berge paumée pour ce soir, les filles montent un beau bivouac plus aéré, Marc et Lionel prennent le rythme, Jean-Louis est très attentif à son compagnon Rémi qui ne présente aucune blessure en retirant sa prothèse. Le foyer crépite, la tentation est trop forte, le torrent nous offre une sorte de piscine de vingt mètres de long, malgré sa fraîcheur automnale, je me lance dans un crawl réparateur. Je pourrai encore et encore vous parler des rires échangés, des cueillettes pratiquées, de cette fraternité installée mais ça c’est notre jardin secret…

Prochain stage où il y a encore de la place du jeudi 13 mars au matin inclus au dimanche 16 au soir. Demande de formulaire d’inscription à bout2vie@wanadoo.fr

Un souvenir ne s’achète pas il se vit…

Premier bivouac, le doute s'installe, mais il sera absorbé par la magie du lieu...

Premier bivouac, le doute s'installe, mais il sera absorbé par la magie du lieu...

La magnifience du lieu décuple nos forces...

La magnificence du lieu décuple nos forces...

Rémi en pleine escalade, vous avez dit handicap?

Rémi en pleine escalade, vous avez dit handicap?

L'équipe au sommet aprés trois de jungle maquisarde!

L'équipe au sommet après trois heures de jungle maquisarde!

Même en survie les régles de savoir vivre existent, les filles se servent en premier...

Même en survie les règles de savoir-vivre existent, les filles se servent en premier...

La descente sur la mousse est un bon entrainement de cirque...

La descente sur la mousse est un bon entrainement de cirque...

Deuxiéme bivouac, le riviére nous apaise

Deuxième bivouac, le rivière nous apaise

Les berges des torrents sont des jungles de fougére et ronce.

Les berges des torrents sont des jungles de fougère et de ronce.

Rémi ouvre la voie, Marc est attentif...

Rémi ouvre la voie, Marc est attentif...

Rendez-vous, récompense et embarquement…

17 octobre 2013

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-Lundi 21 octobre à 21h30 sur France 3 Corse Via Stella le film Arcticorsica, carnet de voyage d’un homme libre. réalisation Fabrice Marinoni.

-Du 31 octobre au 3 novembre 3éme stage de survie. Claire, Sylvie, Marc, Lionel, Rémi et Jean-Louis vont endosser le rôle d’aventurier dans les montagnes corses. Un compte rendu sera en ligne sur ce blog.

-17 décembre à 19h50 : Je serai l’invité de l’INREES animé par Stéphane Allix sur le thème : Ma différence est une force. Centre Malesherbes grand amphithéâtre 108 boulevard Malesherbes
Paris 75017. Réservation en ligne ici.

-Courant décembre la rédaction du magazine l’Equipe viendra à ma rencontre, ils m’ont mis dans le top 10  des sportifs « handi » de l’année en France. Equipe TV, magazine, web et quotidien me seront consacrés juste avant l’ouverture des paralympique d’hiver 2014. « Je me demande s’ils ne se sont pas trompé de gars !!! »

-Mon dernier livre Ayeltgnu le défi d’une vie debout mis à l’honneur par Curieux voyageur.  Un jury composé de littéraires ont sélectionné  80 livres pour n’en retenir que 4, il ne restera plus qu’aux lecteurs de voter pour leur coup de cœur et décerner le grand prix du public, je compte sur vous !                                             
Vendredi 28 mars 2014 café littéraire à 19 h à la Librairie Raconte Moi la Terre à LYON.                                                                 
Vous serez ensuite accueilli le samedi 29 mars à 10 h à la Médiathèque de FIRMINY (une commune près de Saint-Etienne).

-Douzième stage de plongée sous marine Bout de Vie, du dimanche 1 juin au samedi 7 juin inscriptions en ligne début janvier 2014.

-Le team Jolokia dont je suis le fier parrain recrute un équipage « borgne-fesses » pour 2014 voir la vidéo explicative.

Tous ça c’est grâce à vous, alors je vous dis un grand merci et que Dieu vous prothèse !

Dans les pas du général Massoud (la suite)…

9 octobre 2013
Aussi belles que fragiles, l'automne aussi à sa tendresse...

Aussi belles que fragiles, l'automne aussi à sa tendresse...

En cette nuit sombre et humide deux petits points lumineux avancent en silence, deux hommes apaisés et ravis de l’instant présent n’ont plus besoin de causer, leurs âmes errent dans l’infini des étoiles. Quand le jour sera sorti de sa léthargie automnale ils auront déjà parcouru beaucoup de sous-bois et franchi encore un ou deux torrents… Que vous dire de ces jours partagés, comment décrire nos échanges, quand deux solitaires se rencontrent, les mots deviennent inutiles. Nous avons crapahuté, ensemble, nous avons découvert de nouveaux passages vers des vallées inconnues, le feu du soir qui réchauffe les mains et les cœurs nous a permis de nous livrer. Du pont du porte-avion Foch aux montagnes afghanes sous l’occupation soviétique, nous avons mélangés nos maux. Lui aussi a perdu un membre, pas de son corps mais de sa famille. Le membre fantôme nous rend visite régulièrement à nous de savoir l’accueillir sans trop vouloir y donner une raison. Des « Choses » inexplorées, nous avons causé, questions universelles : mais qu’ y a-t-il après la mort, pourquoi les souffrances sont vécues comme des injustices… La forêt enchantée donne libre cours à nos sixièmes sens, et si les esprits existaient vraiment et si là-bas dans les étoiles il y avait de la vie comme ici, pourquoi serions-nous les seuls privilégiés. Nos réponses nous appartiennent, les « autres » ne peuvent plus comprendre, ils n’ont plus le temps, le rationnel et le sablier du temps qui passe ne laisse plus l’esprit vagabonder vers le surnaturel. Stéphane créateur du magazine Inexploré ne se laisse pas envahir par l’enthousiasme débordant de certains récits, le passé de reporter de guerre sont ses images de références, il décortique, analyse avant de rédiger ses pages. Des faits étranges non conventionnels nous croisent régulièrement mais les religions inventées par les hommes les jettent aux orties, si par hasard un scientifique laisse filtrer une information surnaturelle il sera rappelé à l’ordre. Curieux de nature, je lui ai causé de cette présence que j’ai eu pendant ma descente du fleuve Yukon, (voir dans mon dernier livre), je me sentais en proche relation avec une vieille dame qui m’accompagnait dans mes solitudes des plus profondes. Imagination pour les plus rationnels, guides spirituels pour des plus initiés, j’ai ma petite idée, lui aussi… Plus que des mots je vous joins quelques belles photos qui je l’espère vous feront voyager l’espace d’un instant.

Une soirée débat entre Stéphane et moi sera organisé le 17 décembre à Paris XVII 118 Bd Malherbes à 20h30 réservation en ligne sur le site de l’INREES… (Mon cachet sera reversé en intégralité à Bout de vie)

Et si c'était une âme tourmentée dans une racine!

Et si c'était une âme tourmentée dans une racine!

Un cerf se cache derriere cette écorce...

Un cerf se cache derrière cette écorce...

Loin des chemins tracès par les autres nous sommes devenus les explorateurs du temps présent.

Loin des chemins tracés par les autres nous sommes devenus les explorateurs du temps présent.

Derrière les nuages la lumiére, une sorte de refrain eternel...

Derrière les nuages la lumière, une sorte de refrain éternel...

Deux tragédies, deux hommes et pourtant nous sommes libres et heureux.

Deux tragédies, deux hommes et pourtant nous sommes libres et heureux.

Dans les pas du Général Massoud…

3 octobre 2013
Stéphane a su s'adapter à la vie de moudjhadin.

Stéphane a su s'adapter à la vie de moudjahidin.

Alors que vous êtes confortablement assis devant votre PC deux hommes sont en train de sillonner les crêtes des cimes corses. Ma prothèse est bien fixée et mon « Moi » mis au placard, Stéphane n’a peut être toujours pas dépoussiéré ses godillots de terre afghane, pendant plusieurs jours nous allons ensemble, écouter le bruit du silence. Depuis quelques temps je me prête souvent au rôle de guide sans en avoir les titres officiels, mais pas tout le monde n’a le droit de suivre les pas de ma guibole en carbone. Si je me socialise un peu plus, mes fondations sont bien ancrées sur une solitude volontaire et sereine, le partage est une huile essentielle que j’offre au plus méritants.

L’Afghanistan est une histoire de famille chez les Allix. Pour le meilleur et pour le pire. En 1956, le père de Stéphane arpente les montagnes afghanes avec Joseph Kessel. En 2001 Thomas son frère trouve la mort au sud de Kaboul. Le sang de la famille a coulé sur cette terre, rejoignant celui de plus de un million de civils afghans.

Stéphane Allix a découvert l’Afghanistan à l’âge de dix-neuf ans, en entrant clandestinement avec un groupe de moudjahidin. Envouté par ce pays, il lui a consacré sa jeunesse. Il est l’un des rares français à avoir vu se dérouler sous ses yeux l’occupation soviétique, la guerre civile et le règne taliban, l’unique occidental à avoir côtoyé à la fois Mollah Omar et le commandant Massoud.

Le hasard de la vie diront certains, coup de pouce de nos anges gardiens me souffle la mascotte qui ne se trompe que très rarement, Stéphane a croisé un boiteux cabochard. Que va-t-il se passer pendant ces jours de baroude, nous ne le savons pas et c’est pour ça que nous y allons. Nos souffrances seront bien-sur enfouies dans nos duvets, c’est de bonne compagnie quand on part loin des hommes qui jugent en boucle. Un projet dans tous ça, une grosse conférence au sein de l’INREES à Paris le 17 décembre, Stéphane journaliste aguerri anime un débat chaque mois avec  un homme un peu particulier sur un thème précis, celui que nous aurons le bonheur de partager sera : Faut-il dépasser ses limites ou les découvrir ? (Je vous donnerai les détails de cette soirée en temps voulu.)

La pluie, le vent et les orages sont au programme, ouf j’aurai eu peur de trop de beau, de trop de facile, c’est dans la difficulté que l’on grandi. En attendant notre retour vous pouvez suivre sur M6 ses émissions « Enquêtes extraordinaires » et vous plonger dans l’un de ses ouvrages remarquables aux éditions Robert Laffont Carnets afghans…

Un bref extrait de ce livre prenant : Je suis allé en Afghanistan pour comprendre les hommes  et les raisons de leurs meurtres. J’ai vu le sang, la souffrance et la mort, déjà. Cela m’a rendu attentif à la respiration de la terre. A ses millénaires de mémoire et d’héritage…

carnets afghans

Le énième jour…

26 septembre 2013
Une vallée isolée ou l'aventurier à cloche pied a écouté le bruit du silence...

Une vallée isolée ou l'aventurier à cloche pied a écouté le bruit du silence...

Ouf, pas le temps de poser mon sac depuis mes deux mois de vie d’ermite, les écrits sont là, les souvenirs aussi, le calme revient, je peux enfin analyser cette expérience absolument nouvelle pour le coureur d’aventures que je suis. J’ai choisi un extrait de ces pensées pour avoir votre avis, il me reste deux, trois bricoles à corriger et la copie partira à l’éditeur qui décidera si oui ou non il y a un intérêt à la publication…

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Énième jour sans doute !

Je ne suis pas sur du temps déjà écoulé ici, il n’est plus important de savoir quel jour sommes nous ! J’observe mon univers qui se cantonne au torrent qui m’abrite des autres. Les priorités ont changé ici ,on ne gagne pas sa vie on la vit, ici la seule  courbe de statistique c’est la sinuosité de la rivière qui divague vers la mer. Je découvre ma vérité, celle qui vient du plus profond de mes entrailles, personnes ne me l’a soufflé ou éduqué, non elle vient de «Mon » au delà ! Ce n’est pas une sécurité que je suis venu chercher mais une vérité sournoise qui sommeille en nous tous. De peur qu’elle surgisse nous la recouvrons de choses indispensables à effectuer en 24heures, puis le lendemain il en est de même jusqu’au jour du dernier souffle où le vide viendra nous expliquer ce que nous avons raté, ce que nous avons volontairement omis de faire. En m’enfouissant dans cette forêt enchantée je suis en train de tenter la projection de lumière sur mes zones d’ombres, un exercice des plus compliqué. Une sorte de joute où les chutes sont aussi fréquentes que douloureuses. Pourquoi pardonner, pourquoi passer l’éponge sur les rixes de nos vies ? Ma seule réponse, si elle en est une, est qu’en effectuant ce travail de fond nous grandissons, nous élevons nos âmes, s’aimer pour aimer les autres, pardonner pour se pardonner ou inversement en proportion des images de références que la vie nous a offert. Je ne suis pas encore prêt à tendre l’autre joue, mais déjà ma main droite n’est plus parée pour rendre le coup reçu. Je trouve ce chemin pour le sale gosse que je suis, déjà énorme. Je ne pense pas avoir assez d’une vie pour tout comprendre, si les torrents sont sinueux et périlleux c’est peut-être pour se souvenir que les hommes le sont encore plus. Ce sont mes premiers pas dans le pourquoi de cette réponse si vaste et complexe. Certains vont chercher des réponses dans des religions, des croyances ou dans des livres. Ici j’ai choisi la forêt comme maitre Zen, le torrent pour livre de chevet. S’il pleut c’est pour m’initier aux larmes essentielles qui m’habitueront aux douleurs, si un oiseau me rend visite c’est mon apprentissage aux prières primordiales  à ma vie d’Homme. Rien n’est anodin, dans ce temple à ciel ouvert, je sens les vibrations me pénétrer, elles m’enivrent à m’en faire perdre pied ! N’y voyez aucun jeu de mot douteux ! Par moment, je n’ai plus rien à faire, le potager est arrosé, le tipi ordonné et mes livres bien rangés dans leur caisse en plastique bleue. L’hyperactif qui m’anime me donne des coups de pieds dans le ventre, bouge toi, avance, ne reste pas là le cul assis sur un caillou. Puis quand l’orage est passé, des idées de l’au delà  me ramènent à l’essentiel. Mon corps se détend, mes peurs s’envolent et enfin je pars paisiblement dans mon voyage immobile.

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Messagers de Valincap: Porto-Ajaccio

19 septembre 2013
Les calanques de Piana comme fond d'écran!

Les calanques de Piana comme fond d'écran!

Un supporter de choix...

Un supporter de choix...

Porto est encore endormie, mais le team Bout de vie est déjà sur pied et le bon, bien-sur ! C’est le quatrième jour de suite que nous pédalons sans pour autant que les organismes soient usés. Une méchante côte nous prend à froid jusqu’au village de Piana, 56’ de dénivelé à gérer, nous serrons les dents mais le décor est fascinant, les calanques ont été classées patrimoine mondial de l’Unesco. Un bus souffre plus que nous, son chauffeur est un virtuose du bitume, nous montons quasiment à la même vitesse. La houle encore violente délivrent ses fragrances qui mélangées à celle du maquis nous dopent ! Bien calés sur nos selles nous nous ne laissons pas envahir par des idées noires bien que nos muscles en souffrance nous aient déclarés la guerre. Chaque coup de pédale est une victoire, et dire que pour un cheveu nous aurions pu ne jamais être là, ce n’est pas un petit bout en moins et  quelques gouttes d’acide lactique qui gâcheront cette belle journée de fin d’été. Un semblant de plat nous permet de récupérer, nous doublons le bus ce qui nous vaut une sacrée volée de félicitations par ses occupants. La route est serrée, mais pas nos cœurs, nous sommes des Free-Mans, Piana est déjà derrière, Cargèse la grecque est traversée sans anicroche, comment ne pas penser à l’un de ses habitant emprisonné à vie sur des doutes et non des preuves ! Mes yeux s’embuent, j’imagine sa vie ici,  ses amis, ses coins planqués… La route s’élargit, les voitures qui nous doublent nous congratulent, ça c’est un bon stimulant, notre cap le sud toujours et encore. Jérôme ne me lâche pas il tient une forme déconcertante, sur son visage un sourire est accroché en permanence, une question me revient en boucle : faut-il souffrir pour dévorer la vie ? Je vous laisse philosopher, nous on doit pédaler pour ne pas perdre l’équilibre ! Des « victimes » sont régulièrement doublées, les pauvres cyclotouristes doivent ronger leur frein quand deux vélos munis que de deux jambes les doublent à en décrocher les plates bandes. Patrick warning en fonction est notre ange gardien, les trois mousquetaires de la pédale, Jo Zef se prend pour d’Artagnan, mais un fou nous frôle, nous insulte, un chauffard de la route prend des risques, Atos va réagir : Un pour tous, tous pour un… Finalement le calme revient, nous retrouverons les bijoux de la reine, la mascotte s’en charge. La baie de Liscia qui détient le record de noyade en Corse est à la hauteur de sa réputation, les rouleaux s’entrechoquent, la mer s’enlaidit de tellement de haine, nous lui tournons le dos pour nous élever vers le col de San Sebastianu, 35’ pour en arriver à bout. Là-bas vers le nord à plusieurs centaines de kilomètres le Cap Corse, c’est de là que nous sommes partis, le temps s’est arrêté sans doute, la petite aiguille de la grande horloge s’est calée sur nos fréquences de pédalage, un souvenir ne s’achète pas il se vit. Ajaccio est devant nous, une longue descente va nous griser, amitié quand tu nous tiens, à un carrefour, Thierry alias le Dolfinu nous tend ses bras fantômes, accolade, sourire regard : Elle est pas belle la vie ? Lui aussi messager de Valin’Cap il tentera demain de relier Ajaccio-Propriano en mono palme.                                                                                                                                                                                                                        A la quatre-vingtième bornes nous avons atteint l’objectif du jour, douche, étirement mais la journée n’est pas finie, une centaine de jeunes sportifs de haut niveau nous attendent pour une soirée film-débat au Creps d’Ajaccio.

Être capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur.

Georges Bernabos.

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A pluche !