La forêt enchantée…

21 mai 2013
Nombril de Vénus

Nombril de Vénus

Et oui encore dans mon maquis dense et isolé, mais n’allez pas croire que j’ai changé de vie, absolument pas ! J’ai retrouvé dans ce paradis de ronces et de fougères la sérénité que j’avais connue il y a bien longtemps aux iles Lavezzi. Mais voilà l’archipel des Bouches de Bonifacio s’est fait happer par le tourisme de masse et l’urbanisation des lieux, alors j’ai posé mon sac ailleurs. Là au milieu de la forêt j’y ai retrouvé ce qui m’amusait dans les iles au granit. L’histoire est enfouie sous la mousse et la fougère, je la sens, je la hume et ici je sais que je ne serai pas dérangé par les empêcheurs de rêve. Alors je songe, montant maintes projets, je les annonces à Véro, elle me connait bien et sait que pour la plus part ils prendront forme. J’ai une idée qui revient sans cesse en boucle, je ne veux personne sur ce territoire vierge, sauf quelques privilégiés ; mais qui ? Patience on y arrive :

Dans une sorte de Guyane insulaire, de lianes et de ronces le cabochard cogite. Et si j’ouvrais une brèche pour passer avec une joelette, mais la densité de la flore n’aime pas le tête en l’air ! Ok vous n’avez jamais entendu parler de cet outil ; une joelette est une sorte de fauteuil roulant tout terrain qui n’a qu’une seule roue et qui peut passer dans des endroits très accidentés, elle est tractée par deux accompagnants. Donc en tant que rêveur je m’imagine guider un gamin à mobilité réduite dans mon Eden. Mais voilà devant moi un Everest de végétation ! Le premier boulot est de deviner le meilleur terrain pour avoir des pentes douces et non piégeuses, puis définir où traverser le torrent sans risque. Je visualise et me lance à mains nues, je m’attaque au maquis, il est consentant mais le travail est titanesque, comme je les aime. J’aurai pu appeler à la rescousse mais non l’âme du solitaire est trop forte, les « moi à ta place » ne sont pas admis ici ! Je trouve ma piste, je la vois s’ouvrir devant moi, puis je prends le rythme, je progresse très vite ; Véro me rend visite elle prend part aux travaux,  sa charge est d’ouvrir le nid de ronces qui coupent le gué du torrent. Telle la coiffeuse, avec son sécateur elle offre une coupe au bol au murier sauvage !  Les arbustes sont déracinés, certains doivent être tronçonnés, les pierres de granit qui barrent le passage sont savamment déplacées, qu’Hercule se tienne à carreau je le prends où il veut au jeu du caillou roulé. Pendant deux jours je sue à grosse goutte, j’en arrive au bout. La tronçonneuse m’offre un tatouage supplémentaire, une erreur d’inattention et elle vient me mordre le genou, le bon bien sur ! Pas de trousse à pharmacie dans la forêt, je suis dans un vrai laboratoire bio. Une feuille de Nombril de Vénus me sauve de l’hosto et des points de suture, il suffit de lui ôter sa mince peau et de l’appliquer comme pansement et voilà un matelot tout neuf. Finalement le chemin est ouvert et un rêve va se réaliser, bientôt un petit « différent » va pouvoir découvrir mon camp de corsaire des bois.

Ces moments m’apportent une énergie débordante et après trois jours de maquis ce matin je n’ai pas pu me faire doubler en vélo dans les bosses de Roccapina et sa région. Désolé les gars je sais que je suis un poil taquin quand  les attaques viennent !!!  Donc mi-juin je vous raconterai, j’en suis sur une belle histoire : Il était une fois un nomade des bois qui connaissait les Elfes et fées des forêts, là bas dans la citadelle des marais salants vivait un petit homme, la sorcière Carabosse lui avait ôté la mobilité mais ce n’était pas connaître les pouvoirs de la forêt enchantée… A l’entrée du lieu des Djinns un panneau avertissait l’égaré : Attention forêt enchantée des maux rôdent et s’envolent…

Norra et Jo zef réclament la suite du conte…

Une joelette en action.

Une joelette en action.

Un marin sans horizon…

3 août 2012
Les nuits approchent, déjà le début de la fin de l’'été scandinave.

Les nuits approchent, déjà le début de la fin de l’'été scandinave.

Ce matin 4h25 le soleil pointe le bout de son nez, moi je m’extirpe de mon duvet. Je suis dans un « nid » d’îles donc je ne devrais pas trop souffrir aujourd’hui ! Oh, quel insouciant ce Frank ! Effectivement le départ est comme un rêve mais une brise légère me caresse le visage. Déjà là, elle ! Le sud ! Je me méfie des petits passages, ils sont plus abrités mais bouchés par les joncs, j’en fais encore la rageante expérience. Pendant trois heures je papillonne, je rêvasse, les rafales de vent me passent par-dessus la casquette. Mais voilà il y a une traversée de plusieurs kilomètres et dans l’axe du vent. La première est de 2,5km, je me lance, c’est douloureux mais ça passe, la deuxième, cela devient du travail de forçat mais à la troisième je me retrouve avec une mer blanche et 30 nœuds dans la gueule. Je suis vert de rage. Non pas ici, pas encore !!! J’ai la colère qui monte, pourtant le vent lui n’y est pour rien, les douleurs ressurgissent, elles voulaient du calme je leur offre du labeur de titan. 1600 petits mètres à gagner coûte que coûte. où je suis, aucune possibilité de débarquer, que du caillou ou de la vase. Cela se transforme en séance de torture, mes cervicales me font souffrir le martyr, je n’ai plus envie de ça. Il faut que je trouve le calme, la raison qui doit me faire avancer sans contrainte. Un combat de boxe, je prends des coups de tous les côtés, droite, puis gauche, un crochet dans le foie ! « Eh, l’arbitre c’est illégale ». L’homme en noir sourit, mon adversaire a tous les droits. Je me recroqueville et encaisse les chocs. Finalement le gong sonne, je touche la rive, pas KO mais presque. Tout aussi inaccessible, absolument aucune possibilité de mettre prothèse à terre !!!  Caché du vent je longe la côte, peut être à la pointe je trouverai un minuscule plat pour débarquer. Une anse de dalle de grés, de joncs et plein de petits passages, il faut que je m’arrête je n’en peux plus. Un chenal me fait débarquer sur un replat où les herbes atteignent le mètre. Je m’ouvre un passage et tâte le sol, il n’est pas spongieux et semble plat. Je vais d’abord manger après j’aviserai. Le vent se renforce, je n’ai plus la force de continuer, j’en ai les larmes aux yeux, je suis cuit. Je piétine à contre cœur les herbes pour faire une petite prairie, je pose ma tente et m’écroule comme une masse. A mon réveil je me sens mieux, les rafales de vents sont impressionnantes, aux calmes plats succèdent les bourrasques d’une violence extrême. Je me force mais je sais que cela me fera du bien, le cul sur une dalle à l’abri du vent je glisse dans la mer encore fraîche pour me laver et me régénérer. Je m’endors au soleil, doucement je me remets de cette traversée usante. Je m’accorde une très longue séance d’étirement et de respiration face au soleil. Cet endroit m’inspire, caché des hommes il émet une onde positive que je ne me gêne pas de capter. 24km gagné dans la douleur, dans 120km la capitale. A l’intérieur de cette mer fermée je suis un marin sans horizon…
A pluche !

Dans le golfe de Gavle…

27 juillet 2012
Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Une bonne nuit dans un lit douillet, cela faisait un moment que ce n’était plus arrivé. Ce matin c’est un calme très rare pour la région le vent du Nord est mort, qui va prendre le pouvoir ? Je crois que j’ai ma petite idée ! Je laisse derrière moi des gens charmants, qui ont su m’accueillir les bras ouverts, sans parler la même langue, sans la même culture, nous avons su nous accorder. Un clin d’oeil sur tous ces hommes, qui munis de leur treillis, tuent pour leur nation, leur religion, leur argent !!! Le club de kayak paddla-gastrikland.se du coin va publier un papier sur mon parcours dans la presse régionale et profiter de cette péripétie pour rappeler aux élus locaux que le canal doit être dragué. Les cartes et le GPS le donnent libre de passage ! Je repars heureux mais je sens quand même que j’y ai laissé des plumes. Je louvoie dans un labyrinthe d’îles toujours aussi merveilleuses, au bout de 3 heures j’arrive au nord du cap de la ville de Gävle, il faut que je prenne une décision. Tirer tout droit et traverser la totalité du golfe soit 15km plein Sud-est, soit bifurquer à bâbord et rejoindre un groupe d’îles en plein milieu pour ensuite rejoindre la côte sud. Je tente la traversée, mais je sens, je sais que je ne vais pas y arriver. J’essaie d’augmenter la cadence de coups de pagaie, la mer est à peine ridée par le suroît qui s’ébroue à peine. La brise me caresse le visage, la bise du condamné ! Je continue, ça moutonne, encore une demi-heure et puis on verra. Ça augmente, je ne suis pas assez frais pour finir les 10km avec le vent dans le nez. Je vous prie de croire que j’essaie toutes les techniques. J’imagine que sur la pointe en face Véro m’attend, que je trouverai là le plus beau bivouac de mon voyage, mais rien y fait. Je suis fatigué de ce vent contraire. Ok, je mets le clignotant, cap au Sud-ouest, je ne sens presque plus la brise trois quart arrière. J’arrête la cadence, je profite d’un groupe de cygnes pour me rassasier de cette mer magnifique. Je suis à vue d’un petit groupe d’îles, il y a pas mal de cabanes, c’est normal nous sommes devant  une grande ville.
Je déniche un coin caché et y monte ma tente. Le terrain n’est pas très haut au dessus du niveau de la mer, je vais rester prudent en cas de montée des eaux. Une table abandonnée est dans la forêt juste derrière, je trouve une chaise sur le terrain d’une cabane inoccupée et me fait mon bureau-cuisine, vue sur la mer. Aujourd’hui je viens de franchir le palier des 800km et je vous prie de croire que cette « croisière » m’a appris une multitude de choses indispensables à la vie d’un homme.

A pluche !

Semaine du handicap!

18 novembre 2011
Soirée coaching partagée au côté d'un expert en la matière Chris Mc Sorley.

Soirée coaching partagée au côté d'un expert en la matière Chris Mc Sorley.

Après la journée de la sympathie, la fête des grand-mères et bientôt Noël nous avons droit à la semaine du handicap !!! Ouais ouais !!! Les handicapés ! Vaste sujet.

Depuis presque trente ans il parait que je suis handicapé, bon d’accord, moi je pense avoir un ongle incarné par rapport à certains copains et copines qui sont beaucoup plus touchés que moi dans leur chair. Mais là où j’ai envie de réagir c’est au « hors sujet » qu’est le handicap.

A l’heure actuelle, qui veut, peut ! Enfin presque. Les exemples sont quotidiennement mis en avant mais pour beaucoup le handicap est un refuge. Dans la vie de tous les jours il est clair que la personne en fauteuil aura plus de difficulté qu’un unijambiste à se déplacer mais ce qu’il faut voir c’est que c’est à nous les différents à s’accrocher aux branches et à démontrer que nous ne sommes pas des boulets. Les lois sont votées mais pas appliquées, mais en même temps à l’heure où les entreprises pensent plus à leur bénéfice en licenciant à tout va, le boss pense à deux fois quand on lui présente une personne dite handicapée. Le message est faux, ce n’est pas un handicapé qu’il doit voir mais un collaborateur brillant qui a envie de bosser dur pour la même cause : l’entreprise.

Je fais régulièrement des conférences « coaching » en entreprise et je vois le gouffre qui sépare les mentalités entre la France et la Suisse romande. Chez nos amis helvètes on me demande d’insuffler un message d’espoir, de donner la « patate » aux invités, de rebooster les participants. Le public est attentif, il prend des notes, pose de nombreuses questions judicieuses… En France, je suis toujours très surpris d’intervenir alors que les gens dinent, (depuis peu je refuse en bloc), la seule question qui m’est posé : « Comment recevoir un personnel handicapé dans mon groupe » !!! Le public est silencieux, on me dit que j’impressionne, que c’est trop d’énergie, que cela n’est pas possible !!! Réalité affligeante ! Je vous parle de conférence pour des grandes entreprises, pas des « trucs de quartier », non des milliers de personnes travaillent dans ces sociétés…

Chez nous on en est encore à se poser la question si l’on doit créer des places bleues pour les voitures, si c’est vraiment nécessaire que les espaces publics soient aménagés ? Une piscine mixte ennuie encore… Mais je n’afflige personne car comme dans un couple quand il y a un clash, c’est souvent cinquante-cinquante. Le valide ne sait pas, l’handi se cache derrière son carcan. Je ne vais pas encore épiloguer sur la FFH mais eux aussi ont leur part de faute, au lieu de booster la jeunesse sportive porteuse de handicap vers l’effort, elle les amène vers la « ghettoïsation ». Bout de vie reçoit beaucoup de courrier de toute sorte, livres, manuscrits de films, demandes d’aides financières, sponsoring de jeunes sportifs et j’en passe et des meilleurs.

Sur les dossiers de sportif, je suis surpris de voir leur présentation. C’est une démonstration flagrante du problème  en France sur la question handicap en générale.                                                                         Une page complète, sur le pourquoi comment, ils ont été amputés. Une page complète sur la demande d’aide financière. Un palmarès qui à mes yeux n’a pas de sens, puisque nous savons qu’ils ont été une poignée à concourir et donc facile à finir 2éme. Et un succinct tableau de la préparation sportive, alors que c’est là où il faut démontrer sa détermination à devenir un athlète de haut niveau ! S’entrainer 8 heures par semaine en prétendant une place olympique, je souris. Je me mets à la place du futur mécène qui reçoit cela sur son bureau. Pas un mot qui donne l’envie de sortir le portefeuille, pas la rage de vivre qui surgit de cette paperasse, on courrouce autour de pseudo titre mais l’énergie où est elle ? La recherche d’emploi, c’est identique, il faut donner de la force à votre personnage, il faut prouver que vous êtes meilleur, il faut faire sentir que c’est vous et personne d’autre. Dans ma dernière intervention, j’affirme qu’il ne faut surtout pas embaucher des personnes handicapées !!! Choc, tsunami, le corse dérape ! Non, votre entreprise a besoin des meilleurs ouvriers, des cadres les plus dynamiques, c’est ça ce dont a besoin votre entreprise, à savoir si elle est dans un fauteuil ou qui lui manque un bout ce n’est qu’un petit détail qui n’a aucune importance.

De mes mots jaillissent, la fougue, la volonté, la rage de vivre et dites vous que si depuis 8 ans je suis toujours bien en place avec Bout de vie c’est que les investisseurs se régalent de nos rencontres, un vrai échange, un partage inversement proportionnel. Vous m’aidez et à mon tour je  vous aide.

Donc la semaine du handicap est passée et rien ne s’est passé, pourquoi en serait-il autrement ? A vous de vous retrousser les manches. Avant de prouver aux autres que vous êtes capable, prouvez le vous déjà à vous-même, puis osez le premier pas, il y aura des échecs, il y aura des affronts, ce n’est pas grave, vous vous savez de quoi vous êtes capable.

Ce n’est pas le but qui compte mais le chemin qui y mène.

A vous de laisser votre trace, même sans jambe c’est possible. Ceci n’est pas un monologue et si vous avez envie de réagir, je crois que c’est le bon endroit.

A pluche…