Le courage…

8 avril 2018

 

Très souvent à la vue d’une personne un peu « différente », mais qui a envie de vivre, les « autres » la définissent comme courageuse. Une maladresse, une incompréhension qui peuvent irriter, voire bloquer à jamais certains. L’une des définitions du courage, version dictionnaire est : (dérivé du mot cœur) il est une vertu qui permet d’entreprendre des choses difficiles en surmontant la peur, et en affrontant le danger, la souffrance, la fatigue. Depuis l’Antiquité et dans la plupart des civilisations, le courage est considéré comme l’une des principales vertus, indispensable aux héros. Son contraire est la lâcheté. Chacun son avis sur le sujet mais cette définition ne me convient pas.

Vivre coute que coute n’est pas du courage mais une ferme volonté de vouloir continuer à vibrer, à respirer et à croquer la vie. Un accident, un abandon, une maladie, nous plongent dans les ténèbres. Tout s’écroule, les plaies sont béantes, purulentes. Perdre un membre de son corps, de sa famille, être rejeté, bafoué par ses proches, sont des chocs émotionnels d’une grande violence qui nous rendent la vie difficile, voire impossible, mais la machine humaine est bien faite, bien pensée. Il faut un temps certain, une phase d’adaptation plus ou moins longue pour stocker ces informations en les enfouissant au plus profond de nos âmes. Mais ces données sont en nous, difficiles, impossible de les jeter, elles rodent. Un moment de bonheur intense, une fraction de sourire et on ne sait d’où, elles peuvent apparaître avec leur lot de souffrance et d’images qui font de nouveau mal. Alors nous n’avons pas le choix, il faut prendre une bonne inspiration et relever la tête, redresser les épaules et reprendre pied pour ceux qui en ont encore ! Avancer sans se retourner, car la vie est un cadeau qui ne se conjugue qu’au présent. Le courage ce n’est pas d’aimer la vie, le courage ce n’est pas la volonté de découvrir de nouvelles limites, le courage ce n’est pas de se lever le matin malgré le poids de nos blessures sur nos épaules meurtries. Le courage est tout autre, il est une perle rare à notre époque, l’égo l’a assassiné et quand il apparaît, il semble inaccessible. Un gendarme vient de sacrifier sa vie pour en sauver une autre, acte courageux, décision héroïque où le Moi a laissé sa place pour un Nous universel. L’altruisme est courage, l’envie de vivre est naturelle. Attention vouloir sauver le monde n’est pas sans intérêt, aider les autres et une manière de s’aider soi –même. Soigner les autres c’est se sauver un peu aussi. L’acte de courage n’est pas une décoration, c’est une action instantanée qui défend des vies, une décision bien pensée où l’on s’oublie pour réaliser l’impossible. Donc vivre avec une blessure n’est pas un acte de courage, il est juste une logique de vie. La personne qui a eu la chance de passer à travers les mailles des drames, voit en une âme blessée qui s’acharne à vivre un acte héroïque mais il n’en est rien. Traverser un torrent en cru sur une seule jambe avec des béquilles n’a rien d’un acte de courage. Croire en un nouvel amour alors que les échecs se sont succédé n’est pas un acte de courage mais de vie. C’est le test d’un nouveau point de vue de vivre, c’est ouvrir une porte fermée qu’on pensait verrouillée. Un orphelin, un handicapé, sont vivants aussi, un gamin de la DDASS a un avenir, mais ce n’est pas du courage qui leur faudra mais une motivation, un but avec quelques rencontres. La vie est un bien précieux, qui par moment se cache derrière un nuage noir, mais qui dit ombre dit lumière, alors soyons «fêlés » et laissons passer le premier rayon de soleil, il nous semblera incroyablement bon, doux, chaud.

La vie nous malmène, le remède miracle pour vivre n’existe pas, le seul cachet qui apaise s’appelle Liberté, attention aux médicaments générique, Liberté ne peut être cloné…

…Vive la vie même avec des nuages                                                                                                                                     Vivre ce n’est pas du courage…

Elles ont besoin de vous…

1 février 2015
Complicité avec Tanja. Et si notre différence etait notre force?

Complicité avec Tanja. Et si notre différence etait notre force?

Pour beaucoup vous avez dû voir l’émission de Sophie Davant, Toute une histoire avec pour thème : Mon handicap ne m’a pas emporté. Les témoignages étaient forts en émotion et surtout sincère sans aucun misérabilisme. De beaux messages me sont arrivés, d’ailleurs je me suis engagé à répondre à tout le monde. Mais quelle surprise de recevoir un signal de détresse de Magali et Tanja qui se sont fait démonter par certaine pour leur prestation. Mes deux nouvelles amies de plateau ont été remarquables, la sincérité était leur fil rouge et pas une fois je n’ai senti de pathos ou de noirceur. Mais le monde du handicap est un échantillonnage de notre pauvre société sclérosée, les « bofs » qui ne réussiront jamais en rien sont toujours aux aboies pour attaquer ceux qui sont eux –même, ceux qui osent, ceux qui amènent de la lumière dans le cœur des êtres en zone d’ombre ! Magali est tombée des nues par des attaques non fondées sur sa prestation, sa passion est la danse malgré sa vie assise et elle ose se faire voir, elle ose la réalisation de son rêve. Cela peut choquer certain mais le monde doit être un assemblage de surprise et de nouveauté. Tanja tout en gardant sa dignité s’est dénudée pour s’affirmer en tant que femme et non plus comme handicapée. Je reprendrais bien volontiers la phrase de Paulo Coelho : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine… Elle est mortelle. » En compagnie de Magali et Tanja l’habitude a été foudroyée, jetée aux oubliettes du vaisseau de la vraie vie. Avec elle le nouvel horizon n’est plus une utopie, le ciel d’orage ne sera qu’éphémère puisque juste derrière le soleil brille. Alors vous mes chers amis lecteurs, je sais que vous allez soutenir nos deux héroïnes, vos mots vont soigner les maux qu’elles ne méritent pas. Je compte sur vous.

Qui sait souffrir peut tout oser. Vauvenargues

Un marin sans horizon…

3 août 2012
Les nuits approchent, déjà le début de la fin de l’'été scandinave.

Les nuits approchent, déjà le début de la fin de l’'été scandinave.

Ce matin 4h25 le soleil pointe le bout de son nez, moi je m’extirpe de mon duvet. Je suis dans un « nid » d’îles donc je ne devrais pas trop souffrir aujourd’hui ! Oh, quel insouciant ce Frank ! Effectivement le départ est comme un rêve mais une brise légère me caresse le visage. Déjà là, elle ! Le sud ! Je me méfie des petits passages, ils sont plus abrités mais bouchés par les joncs, j’en fais encore la rageante expérience. Pendant trois heures je papillonne, je rêvasse, les rafales de vent me passent par-dessus la casquette. Mais voilà il y a une traversée de plusieurs kilomètres et dans l’axe du vent. La première est de 2,5km, je me lance, c’est douloureux mais ça passe, la deuxième, cela devient du travail de forçat mais à la troisième je me retrouve avec une mer blanche et 30 nœuds dans la gueule. Je suis vert de rage. Non pas ici, pas encore !!! J’ai la colère qui monte, pourtant le vent lui n’y est pour rien, les douleurs ressurgissent, elles voulaient du calme je leur offre du labeur de titan. 1600 petits mètres à gagner coûte que coûte. où je suis, aucune possibilité de débarquer, que du caillou ou de la vase. Cela se transforme en séance de torture, mes cervicales me font souffrir le martyr, je n’ai plus envie de ça. Il faut que je trouve le calme, la raison qui doit me faire avancer sans contrainte. Un combat de boxe, je prends des coups de tous les côtés, droite, puis gauche, un crochet dans le foie ! « Eh, l’arbitre c’est illégale ». L’homme en noir sourit, mon adversaire a tous les droits. Je me recroqueville et encaisse les chocs. Finalement le gong sonne, je touche la rive, pas KO mais presque. Tout aussi inaccessible, absolument aucune possibilité de mettre prothèse à terre !!!  Caché du vent je longe la côte, peut être à la pointe je trouverai un minuscule plat pour débarquer. Une anse de dalle de grés, de joncs et plein de petits passages, il faut que je m’arrête je n’en peux plus. Un chenal me fait débarquer sur un replat où les herbes atteignent le mètre. Je m’ouvre un passage et tâte le sol, il n’est pas spongieux et semble plat. Je vais d’abord manger après j’aviserai. Le vent se renforce, je n’ai plus la force de continuer, j’en ai les larmes aux yeux, je suis cuit. Je piétine à contre cœur les herbes pour faire une petite prairie, je pose ma tente et m’écroule comme une masse. A mon réveil je me sens mieux, les rafales de vents sont impressionnantes, aux calmes plats succèdent les bourrasques d’une violence extrême. Je me force mais je sais que cela me fera du bien, le cul sur une dalle à l’abri du vent je glisse dans la mer encore fraîche pour me laver et me régénérer. Je m’endors au soleil, doucement je me remets de cette traversée usante. Je m’accorde une très longue séance d’étirement et de respiration face au soleil. Cet endroit m’inspire, caché des hommes il émet une onde positive que je ne me gêne pas de capter. 24km gagné dans la douleur, dans 120km la capitale. A l’intérieur de cette mer fermée je suis un marin sans horizon…
A pluche !

Dans le golfe de Gavle…

27 juillet 2012
Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Une bonne nuit dans un lit douillet, cela faisait un moment que ce n’était plus arrivé. Ce matin c’est un calme très rare pour la région le vent du Nord est mort, qui va prendre le pouvoir ? Je crois que j’ai ma petite idée ! Je laisse derrière moi des gens charmants, qui ont su m’accueillir les bras ouverts, sans parler la même langue, sans la même culture, nous avons su nous accorder. Un clin d’oeil sur tous ces hommes, qui munis de leur treillis, tuent pour leur nation, leur religion, leur argent !!! Le club de kayak paddla-gastrikland.se du coin va publier un papier sur mon parcours dans la presse régionale et profiter de cette péripétie pour rappeler aux élus locaux que le canal doit être dragué. Les cartes et le GPS le donnent libre de passage ! Je repars heureux mais je sens quand même que j’y ai laissé des plumes. Je louvoie dans un labyrinthe d’îles toujours aussi merveilleuses, au bout de 3 heures j’arrive au nord du cap de la ville de Gävle, il faut que je prenne une décision. Tirer tout droit et traverser la totalité du golfe soit 15km plein Sud-est, soit bifurquer à bâbord et rejoindre un groupe d’îles en plein milieu pour ensuite rejoindre la côte sud. Je tente la traversée, mais je sens, je sais que je ne vais pas y arriver. J’essaie d’augmenter la cadence de coups de pagaie, la mer est à peine ridée par le suroît qui s’ébroue à peine. La brise me caresse le visage, la bise du condamné ! Je continue, ça moutonne, encore une demi-heure et puis on verra. Ça augmente, je ne suis pas assez frais pour finir les 10km avec le vent dans le nez. Je vous prie de croire que j’essaie toutes les techniques. J’imagine que sur la pointe en face Véro m’attend, que je trouverai là le plus beau bivouac de mon voyage, mais rien y fait. Je suis fatigué de ce vent contraire. Ok, je mets le clignotant, cap au Sud-ouest, je ne sens presque plus la brise trois quart arrière. J’arrête la cadence, je profite d’un groupe de cygnes pour me rassasier de cette mer magnifique. Je suis à vue d’un petit groupe d’îles, il y a pas mal de cabanes, c’est normal nous sommes devant  une grande ville.
Je déniche un coin caché et y monte ma tente. Le terrain n’est pas très haut au dessus du niveau de la mer, je vais rester prudent en cas de montée des eaux. Une table abandonnée est dans la forêt juste derrière, je trouve une chaise sur le terrain d’une cabane inoccupée et me fait mon bureau-cuisine, vue sur la mer. Aujourd’hui je viens de franchir le palier des 800km et je vous prie de croire que cette « croisière » m’a appris une multitude de choses indispensables à la vie d’un homme.

A pluche !