Une belle rentrée automnale…

4 septembre 2014
Un très bon entrainement pour travailler les appuis sur "la jambe de bois"...

Un très bon entrainement pour travailler les appuis sur "la jambe de bois"...

L’été touche à sa fin, pour un grand nombre d’entre vous cela veut dire sans doute le retour au « turbin » mais pour votre rédacteur en herbe de billets doux et amers parfois, c’est la fin des examens ! Depuis plus d’un an je me suis mis bille en tête d’organiser des stages de survie-douce afin de récolter, de manière ludique, des fonds pour mon association Bout de vie. Il m’était impossible d’imaginer à quel point cette initiative serait, à ma grande surprise, populaire. Mais nous vivons dans une société « parapluie » qui ne s’exprime plus que par le biais d’avocats, juristes et autres hommes en robes noires. Il me fallait absolument trouver le diplôme m’offrant le sésame pour faire partager ma vie de marin des bois en toute sécurité juridique. La fédération Française de Milieu Montagnard, semblait cadrer à mes attentes mais l’école demandait un an de pratique, rien n’est impossible au Cabochard. Je tentais un « brelan d’as » en m’inscrivant non pas sur un cursus de 12 mois mais sur 2. C’est-à-dire tout digérer, 700 pages du classeur vert, en étant capable de m’en servir sur le terrain en moins de 60 jours. Et dire que certains qualifient les corses de fainéant ! Cela est devenu une obsession, nuit et jour je me plongeais dans les calculs de courbes, le dénivelé devenait un compagnon de chevet, le profil d’une randonnée m’accompagnait même dans « mes » sentiers maintes fois empruntés. Le premier stage m’a transporté au hameau de Vic, je devais chercher à la loupe où se situait ce « bled ». Je découvrais la différence de personnalité entre les vosgiens et alsaciens, mais surtout c’est la salle de classe qui m’a kidnappé. De 8h à 23h je devenais l’intégriste du graphique, les règlements laissaient place à la gestion de groupe, la diététique se volait la vedette avec la météo montagne, en extérieur le nœud machard, coïncidait avec une main courante qui devait m’amener à une descente en rappel. Le premier stage se passait plutôt bien puisqu’un 60/60 était inscrit sur mon carnet de correspondance. Mais je ne voulais pas m’enivrer de ce laurier car le stage qualificatif lui serait la sanction finale. Une traversée de la France estivale et me voilà en pays catalan, dans les Pyrénées-Orientales. La neige est encore au rendez-vous, les jeunes sont là, ils m’attendent de pied ferme, prof de ski ou de canyoning, un ancien du GIGN, un pilote de montgolfière, un photographe de presse, etc etc. Je les sens chauds comme la braise, mais ce n’est pas un match mais un examen avec des modules éliminatoires, alors je m’impose la concentration maximum. Il va falloir que je mène un groupe avec des « observateurs » qui noteront, évalueront, poseront des questions pas forcément au moment prévu, alors il me faut gérer, anticiper, sentir, humer. Dans mon fond intérieur je souhaitais que le tirage au sort de « ma » rando soit engagé avec une bonne météo « alaskienne ». Bingo une pluie non stop est prévue toute la journée, ça c’est mon truc, je n’ai plus qu’à croiser les doigts et le moignon ! L’équipe des jeunes demande aux formateurs d’être changée de groupe pour venir avec moi. Mais ils vont me mettre la pression les « loustiques » ! Le soir comme briefing, j’imagine et développe une sortie style terre arctique avec un sac à dos en conséquence. Thermos, affaire chaude et bien d’autres éléments clés pour résister au froid. Notre évolution s’effectuera non loin des névés avec une température basse ; « Myrtille sur la crêpe » météo France annonce un vent violent en plus de forte pluie, un vrai temps de cabochard. Au petit matin, le pas est silencieux, alors que les autres ont droit à un seul observateur, moi comme par hasard j’en ai deux, d’observateurs, pas de jambe ; l’un d’eux est le directeur de stage. Gérer un groupe ne me dérange pas, mais des profs qui notent mes faits et gestes : ça je découvre. La pluie nous enveloppe, le brouillard semble vouloir apporter sa part d’émotion mais le héros du jour c’est le vent qui rapatrie toutes les gouttes de pluie qui n’auraient pas su trouver la voix du coin de slip sec. Au bout de 3h de marche humide, il est temps de prévoir le déjeuner, mais les averses, s’invitent en famille, ce qui ne m’empêchera pas de dégotter un bon kilo de cèpe et d’amanite des césars. Un pin tricentenaire m’inspire le bivouac parfait. Comme le magicien Houdini je déplie de mon sac à dos une toile de 9m2 qui sera montée en quelques secondes, ce « tarpe » me suit partout, une sorte de maison ! Mais le tour de magie n’est pas fini, de mon barda, un réchaud, une poêle ultra légère et du riz lyophilisé semble surprendre tout le monde, en deux temps trois mouvements une plâtrée de risotto aux champignons réchauffe mon groupe…  Un café bien chaud pour la route et nous n’aurons qu’à poursuivre notre belle balade…                                                                                                                                                            Samedi matin c’est le moment crucial, diplôme ou pas diplôme ? Les noms tombent les uns derrière les autres, serrage de main et remise de la breloque en bronze au titre d’Accompagnateur. Mon patronyme ne vient toujours pas, je serai le dernier à être « épinglé ». Oui je l’ai mon papier, mais le directeur de stage est ému, pourtant ce n’est pas le style du personnage, je sens ses yeux mouillés, un reste de la rando me souffle la mascotte !  Alors, il parait, d’après les responsables de la FFMM, que je serai le premier « raccourci » à obtenir ce papier avec en plus un 20/20 !   Heureusement que ma cheville droite est en carbone, elle aurait pu enfler !                                                          J’aurai pu aussi vous parler de toutes ces belles rencontres, de ces sourires, de ces moments de désespoir pour certain, d’élimination pour d’autres mais surtout de fraternité dans l’adversité. Un grand merci à mes compagnons de stages, aux formateurs toujours prêts à expliquer, décortiquer les problèmes. Merci à tous, je vous souhaite de bonnes randonnées de partage. Dans le prochain billet, le déroulé des prochains stages de survie douce et de vie sauvage, seront dévoilés, cela s’annonce passionnant.

Que Dieu vous prothèse.

Pour fêter ce long apprentissage je m'offre un bon bivouac en solitaire en face du lac de l'ours juste audessus du passage des loups, c'est vrai on est bien entre copains!

Pour fêter ce long apprentissage je m'offre un bon bivouac en solitaire en face du lac de l'ours juste audessus du passage des loups, c'est vrai on est bien entre copains!

Semaine du handicap!

18 novembre 2011
Soirée coaching partagée au côté d'un expert en la matière Chris Mc Sorley.

Soirée coaching partagée au côté d'un expert en la matière Chris Mc Sorley.

Après la journée de la sympathie, la fête des grand-mères et bientôt Noël nous avons droit à la semaine du handicap !!! Ouais ouais !!! Les handicapés ! Vaste sujet.

Depuis presque trente ans il parait que je suis handicapé, bon d’accord, moi je pense avoir un ongle incarné par rapport à certains copains et copines qui sont beaucoup plus touchés que moi dans leur chair. Mais là où j’ai envie de réagir c’est au « hors sujet » qu’est le handicap.

A l’heure actuelle, qui veut, peut ! Enfin presque. Les exemples sont quotidiennement mis en avant mais pour beaucoup le handicap est un refuge. Dans la vie de tous les jours il est clair que la personne en fauteuil aura plus de difficulté qu’un unijambiste à se déplacer mais ce qu’il faut voir c’est que c’est à nous les différents à s’accrocher aux branches et à démontrer que nous ne sommes pas des boulets. Les lois sont votées mais pas appliquées, mais en même temps à l’heure où les entreprises pensent plus à leur bénéfice en licenciant à tout va, le boss pense à deux fois quand on lui présente une personne dite handicapée. Le message est faux, ce n’est pas un handicapé qu’il doit voir mais un collaborateur brillant qui a envie de bosser dur pour la même cause : l’entreprise.

Je fais régulièrement des conférences « coaching » en entreprise et je vois le gouffre qui sépare les mentalités entre la France et la Suisse romande. Chez nos amis helvètes on me demande d’insuffler un message d’espoir, de donner la « patate » aux invités, de rebooster les participants. Le public est attentif, il prend des notes, pose de nombreuses questions judicieuses… En France, je suis toujours très surpris d’intervenir alors que les gens dinent, (depuis peu je refuse en bloc), la seule question qui m’est posé : « Comment recevoir un personnel handicapé dans mon groupe » !!! Le public est silencieux, on me dit que j’impressionne, que c’est trop d’énergie, que cela n’est pas possible !!! Réalité affligeante ! Je vous parle de conférence pour des grandes entreprises, pas des « trucs de quartier », non des milliers de personnes travaillent dans ces sociétés…

Chez nous on en est encore à se poser la question si l’on doit créer des places bleues pour les voitures, si c’est vraiment nécessaire que les espaces publics soient aménagés ? Une piscine mixte ennuie encore… Mais je n’afflige personne car comme dans un couple quand il y a un clash, c’est souvent cinquante-cinquante. Le valide ne sait pas, l’handi se cache derrière son carcan. Je ne vais pas encore épiloguer sur la FFH mais eux aussi ont leur part de faute, au lieu de booster la jeunesse sportive porteuse de handicap vers l’effort, elle les amène vers la « ghettoïsation ». Bout de vie reçoit beaucoup de courrier de toute sorte, livres, manuscrits de films, demandes d’aides financières, sponsoring de jeunes sportifs et j’en passe et des meilleurs.

Sur les dossiers de sportif, je suis surpris de voir leur présentation. C’est une démonstration flagrante du problème  en France sur la question handicap en générale.                                                                         Une page complète, sur le pourquoi comment, ils ont été amputés. Une page complète sur la demande d’aide financière. Un palmarès qui à mes yeux n’a pas de sens, puisque nous savons qu’ils ont été une poignée à concourir et donc facile à finir 2éme. Et un succinct tableau de la préparation sportive, alors que c’est là où il faut démontrer sa détermination à devenir un athlète de haut niveau ! S’entrainer 8 heures par semaine en prétendant une place olympique, je souris. Je me mets à la place du futur mécène qui reçoit cela sur son bureau. Pas un mot qui donne l’envie de sortir le portefeuille, pas la rage de vivre qui surgit de cette paperasse, on courrouce autour de pseudo titre mais l’énergie où est elle ? La recherche d’emploi, c’est identique, il faut donner de la force à votre personnage, il faut prouver que vous êtes meilleur, il faut faire sentir que c’est vous et personne d’autre. Dans ma dernière intervention, j’affirme qu’il ne faut surtout pas embaucher des personnes handicapées !!! Choc, tsunami, le corse dérape ! Non, votre entreprise a besoin des meilleurs ouvriers, des cadres les plus dynamiques, c’est ça ce dont a besoin votre entreprise, à savoir si elle est dans un fauteuil ou qui lui manque un bout ce n’est qu’un petit détail qui n’a aucune importance.

De mes mots jaillissent, la fougue, la volonté, la rage de vivre et dites vous que si depuis 8 ans je suis toujours bien en place avec Bout de vie c’est que les investisseurs se régalent de nos rencontres, un vrai échange, un partage inversement proportionnel. Vous m’aidez et à mon tour je  vous aide.

Donc la semaine du handicap est passée et rien ne s’est passé, pourquoi en serait-il autrement ? A vous de vous retrousser les manches. Avant de prouver aux autres que vous êtes capable, prouvez le vous déjà à vous-même, puis osez le premier pas, il y aura des échecs, il y aura des affronts, ce n’est pas grave, vous vous savez de quoi vous êtes capable.

Ce n’est pas le but qui compte mais le chemin qui y mène.

A vous de laisser votre trace, même sans jambe c’est possible. Ceci n’est pas un monologue et si vous avez envie de réagir, je crois que c’est le bon endroit.

A pluche…

Décathlon embauche son premier jeune adhérent de Bout de vie…

4 mai 2011

L’année dernière à cette époque je rencontrais entre deux avions, Eric Dupont, l’un des manager de la marque Oxylane (Décathlon). Un bon feeling s’installa de suite entre nous et l’idée d’avancer ensemble semblait tout tracé.

Dans la semaine qui suivait notre rencontre, la fameuse firme offrait le package du parfait aventurier aux 6 jeunes de l’association qui allaient pagayer avec moi sur le début du fleuve Yukon. Après mon retour du Grand Nord, le 8éme stage de plongée Bout de vie commençait, et comme promis il faisait un bref aller/retour pour se rendre compte du travail de l’association.

Dans un premier temps, il s’était orienté sur le financement du stage, mais la fondation Décathlon ne subvient pas à ce style de manifestation. De mon côté j’avais reçu le soutien de 3 fondations que je peux enfin citer maintenant, puisque les contrats ont été signés. (Fondation Nature et Découverte, AXA atout cœur et la Fondation la Française des jeux) L’avenir de bout de vie était assuré et pour cette année il me semblait déplacé d’insister avec la fondation Décathlon. Éric eut une super idée, embaucher des jeunes adhérents amputés dans les divers magasins répartis en France…

Rémi qui a participé à pas mal d’activités de l’association est  depuis l’année dernière, majeur. Pour financer ses études, il désirerait trouver un job qui puisse aussi le faire déboucher sur un futur emploi.

Son CV me fût remis pour que je le transmettes à Éric. Je vous rappelle qu’il n’est pas du tout chargé du personnel et que son poste est l’achat des textiles pour alimenter tous les magasins en Europe.

Mais Éric prit son temps et appela Rémi pour un entretien, la classe !

Ensuite, Rémi eut son premier rendez- vous avec la directrice du Décathlon Auxerre, puis un deuxième avec le chef de secteur. A mon tour je m’entretenais avec la « boss » pour répondre à une « inquiétude » ! Rémi arrivera-t’il à tenir debout toute une journée pour conseiller les acheteurs ? Je rassurais la jeune femme et lui garantissait que Rémi avait la rage de vivre et que je le considérais comme un petit frère et de part ce fait je m’engageais sur sa performance de son futur emploi. A partir du 1er juillet mon jeune protégé sera un « Décathlonien » …

Je suis très heureux de ce premier emploi créé. Si de votre côté vous êtes passionnés de sport, jeunes amputés, envoyez un CV à Bout de vie et nous ferons le nécessaire. Attention, ce n’est pas un passe-droit, bien au contraire. Votre CV sera juste remis, à la bonne personne au bon endroit. Si votre profil convient il sera retenu…

Petit à petit Bout de vie se diversifie et j’en suis ravi.