Au 100éme jour, la Méditerranée…

20 septembre 2012
100 jour que j'attendais ce moment...

100 jour que j'attendais ce moment...

Ce matin je ne fais pas le mariolle, je dois traverser le massif des Apennins ligure avec mon poids-lourd de vélo ; qui vivra verra !Je suis motivé, derrière la grande bleue m’attend. Je suis au fond d’une vallée très encaissée, autoroute, train et route nationale se partagent l’étroit lit de la rivière traversant les villages, un vrai capharnaüm. Un mémorial me rappelle que c’est ici qu’a grandi le champion Fausto Coppi, la route lui rend hommage. Je redoute encore plus la journée, il est rare qu’un grand cycliste s’entraîne sur du plat. Les montagnes rendent la vallée obscure, la route est jonchée de détritus, ce n’est pas un coin pour romantique. Je suis agréablement surpris, les lacets ne sont pas violents et j’arrive à garder une bonne moyenne. Je suis pratiquement seul, le gros du flux routier est sur l’autoroute qui dessert Genova. Au bout d’une heure trente j’attaque le col, une pauvre bosse de 2,5km/h que j’avale à 11km/h, je crois que je suis motivé !!! En haut, le village de Passo dei Giovi, un magasin a écrit en gros sur sa devanture : Chi cerca trova, (qui cherche trouve) ! Un clin d’œil de plus. Je cherche et je trouve à donner mon meilleur, à petit pas j’avance. J’enfile mon coupe vent couleur poussin valaisan et fonce vers la mer. Je suis prudent mais c’est tout de même grisant que de savoir que le Mare Nostrum est à quelques encablures. J’encourage, tous les cyclistes qui grimpent le massif à l’inverse de ma descente, je suis aux anges. La chanson Bel Ciao me vient en tête, je me mets à la chanter à haute voix, je n’ai pas le talent d’Yves Montant mais ses paroles me portent encore plus. Je me surprends à sangloter en même temps que je roule en roue libre, yes i’m a free man.

« Una mattina mi son svegliato, o bella, ciao! Bella, ciao! Bella, ciao, ciao, ciao! Una mattina mi son svegliato e ho trovato l’invasor…//… È questo il fiore del partigiano morto per la libertà!» »

A ma grande surprise j’arrive au centre de Genova seulement après deux heures de route, j’en avais prévu au moins quatre! Je m’autorise un arrêt café dans un bar au hasard où je peux mettre mon vélo à vue. Un expresso bien serré et une brioche, je l’ai méritée. La serveuse est curieuse, mon barda, ma dégaine, mon accent… Je lui raconte mon périple, elle me demande si à part l’italien je parle une autre langue. Drôle de question ! Elle entame la conversation en espagnole, je ne la maitrise pas comme la langue de Dante mais j’essaie de comprendre où elle veut en venir. Equatorienne elle a émigrée en Italie, plus précisément elle est née à Guayaquil. J’y ai posé mes pieds il y bien longtemps, à l’époque je pouvais dire mes pieds ! Le voyage en train jusqu’à Quito restera gravé à tout jamais dans mes souvenirs. 12 heures de montée dans les Andes avec une micheline tellement bondée que les voyageurs font le voyage sur le toit du wagon. Puis les Galapagos encore tranquille, il y a au moins trente ans. Liliana m’offre le café, une fois de plus en quelques minutes la magie du voyage a opéré… Je traverse le grand port ligure, un vrai bonheur. Je connais par cœur le coin, j’y ai fait escale à maintes reprises avec mon Cabochard, j’y ai été marin au pair pour une belle italienne. Ne vous inquiétez pas Véro connais Lucia, dans mon premier livre je lui rends hommage. Grâce à elle, j’ai compris que je pouvais réaliser et vivre mes rêves. Elle, la piémontaise, est venue dans le monde macho de la voile professionnelle une figure de la régate. Elle fût élue skipper de l’année par les journalistes des magasines spécialisées en voile, italiens. Pour un hiver j’étais l’homme à tout faire, elle faisait partie de l’équipage féminin qui avait gagné  la course de l’Europe, contre des : de Kersauson, Parlier et autres pointures… De son côté Autissier, Chabaud, Arthaud et bien d’autres formaient un équipage de charme mais de choc… Je reprends ma « pédalerie » le cœur léger. Comme tous les grands ports du monde, la foule est multiraciale, en quelques pas on change plusieurs fois de continent. Je suis prudent, la conduite ici est périlleuse, mais j’ai confiance. Je quitte la mégapole par le lieu où se déroule annuellement le salon nautique, il y a bien longtemps le Cabochard avait dû user de tous ses charmes pour empêcher le sacrilège de l’échanger contre un plus gros en « plastoque » ! Je pousse vers le Sud Est, au loin le promontoire de Portofino, il me coupe la route je vais devoir le gravir. 37’ en plein « cagnard » à 6km/h. En bas le cap de San Fruttuoso où une statue de Madone est fixée par -18mts, de l’Europe entière les couples de plongeurs viennent s’y marier, j’y ai fait des bulles. Vous voyez je n’ai plus le temps de déprimer…

Aujourd’hui cela fait 100 jours que je me suis élancé en kayak depuis l’océan Arctique en Norvège pour arriver en Méditerranée, 100 jours de doute, de volonté, de rire, de pleure, de partage, de solitude. 100 jours pour crier à tue tête : Yes i’m a free man.

PS : Je viens de faire gouter aux mascottes une spécialité locale, la farinata. De Nice à Menton et même à Bastia, elle porte un autre nom, on appelle cette galette de farine de pois chiche, la socca… Un vrai régal, mais un poil pesant pour le cycliste en effort !

A pluche !

Triste Padiana…

19 septembre 2012
Le Pô, franchement il ne me donne pas trop l'envie d'y mettre mon kayak!!!

Le Pô, franchement il ne me donne pas trop l'envie d'y mettre mon kayak!!!

Je ne sais pas si c’est le fait qui me manque un bout mais depuis que je suis parti, il y maintenant plus de trois mois, chaque fois que je croise quelqu’un il se confie. Ce matin encore, alors que je me prépare, Sandro le boss de l’auberge s’est livré. Il a quitté sa Sicile il y a trente ans et la vie ici à Novara, lui pèse, il n’a pas le courage de tout plaquer pour retourner sur son île, alors je l’écoute… Je reprends ma route sous la pluie, le paysage plat de la Padiana sous l’averse est d’une tristesse incroyable. Enfin je peux tester ma veste couleur « poussin », merci Alex ! La ville de 100 000 habitants grouille, je me faufile en faisant attention, mes sacoches dépassent drôlement de chaque côté. A ma grande surprise il y a une piste cyclable qui sort de la ville et de plus elle va vers le sud. Je quitte la fourmilière et retrouve un peu de calme. Mon choix de route me fait foncer sur Gênes par la « nazionale », deux autoroutes descendent eux aussi ce qui devrait me laisser une route plus tranquille. Je ne suis pas un bon rouleur sur le plat et je le sais très bien. J’ai au moins 80 km absolument droit et monocorde, la moyenne sera bonne mais au niveau mental cela va me coûter une grosse concentration. La première heure se passe à merveille, je roule comme jamais et la pluie semble m’envelopper, j’aime bien cette sensation. Malgré le crachin je retire ma parka, j’ai besoin d’air, je suis en concurrence avec mon compteur, j’aimerais qu’il reste sur 20km/h de moyenne, je suis un peu au dessus de ma vitesse de croisière ! Jusqu’à la deuxième heure je ne suis pas trop mal, mais le manque de relief, me mine la cervelle, rien pour me divertir, des lignes droites à l’infini et des champs de riz à perte de vue. La troisième heure n’en finit plus, mes muscles vont bien mais au tableau de bord je suis proche de la surchauffe. La pluie laisse la place au soleil et je reprends ma cuisson commencée hier. La quatrième heure devient un calvaire, je n’arrive plus à tenir le rythme. Finalement la pause du déjeuné me délivre. 80km en quatre heures c’est super mais j’ai besoin de me changer les idées. Je franchi le fleuve Po qui coule doucement depuis la nuit des temps vers l’Adriatique, le voile de pollution se lève avec la brise et me dévoile juste devant, le massif montagneux des Apennins ligure. La route enfin prend du cachet, des virages, des villages, de la vie quo ! Je rejoins  Arquata Scrivia après 97km à ruminer. Je ne suis plus très loin de la Méditerranée, 188km du cap Corse à vol d’oie, mais cette journée fût difficile et longue. Je déniche une auberge, la seule du village et rebelote, le patron me parle de son accident qui a failli lui coûter une jambe. Il me demande des conseils sur sa rééducation, sur le sport qu’il doit pratiquer pour récupérer de sa blessure. Si ça continue je vais ouvrir un cabinet de coach psy itinérant !!!

A pluche…

Ciao Italia…

18 septembre 2012
Oratorio della Santissima Trinita di Momo.

Oratorio della Santissima Trinita di Momo.

En passant plus de deux mois en Scandinavie j’avais baptisé cette contrée : Le pays du silence. Depuis hier je suis arrivée en Italie, l’absolu contraire ! Le soleil chaque matin reste un peu plus dans ses pénates et comme je ne veux absolument pas pédaler de nuit moi aussi je flemmarde. Domodossola au petit jour est très active, la circulation est dense et je dois rester vigilant. La route « nazionale » n’a pas de piste cyclable et je me contente de mon tiers droit de route. La proximité de la Suisse doit déteindre sur ces automobilistes, ils sont respectueux et me laissent de la marge. Le faux plat descendant m’encourage, les courbatures d’hier sont minimes et je me surprends à rouler à 25km/h de moyenne. Je ne m’emballe pas la journée est longue, mais c’est toujours bon à prendre. Je roule plein sud sans détour, ça c’est bon pour le moral. Des bosses me freinent un peu mais je suis aspiré par la Méditerranée plus très loin. Je choisis de passer par le lac Orta, la route devrait être moins fréquentée. La rivière de cette étendue d’eau file dans le sens inverse de ma route, je sens de belles côtes ! Effectivement pendant 7 bornes je grimpe à 9km/h, mais le moral est au beau fixe, je rejoins ce magnifique lieu qui à la même géographie que celle de Neuchâtel, la route sera la même, bosselée ! Trois cotes me coupent les jambes, jeux de mots faciles, mais je m’y attendais un peu. A la différence des scandinaves assez discrets, les cyclistes italiens sont très joviaux avec moi, à chaque rencontre, j’ai droit à des encouragements. Je garde tout de même une super moyenne, qui me surprend, j’ai peur du contrecoup ! A la fin du lac, la dernière bosse n’en finit plus, un peloton, m’encourage comme jamais je ne l’ai été depuis le départ, je suis touché par tant d’égard. Ma carte semble me présager une longue plaine le long d’une rivière qui file sud, je devrais avoir un faux plat descendant pour 150km. Je croise le moignon, la prédiction s’avère exacte. C’est incroyable sans forcer je fonce sud, sud à l’infini, je suis aux anges, pourvu que ça dur. Je suis euphorique, je double quelques vététistes qui restent pantois, je les salue mais reprends ma « pédalerie », je me suis fixé la ville de Novara. Au bout de 4h effective de route, je fais mon break déjeuné. Un oratoire du XI siècle est encore en très bonne conservation, je me trouve un coin tranquille pour me restaurer en admirant l’édifice. Son nom m’est familier : St Trinité, comme celui de Bonifacio… A deux pas un bar, je ne résiste pas et m’accorde un vrai café italien ristretto. Il est 13h et un collège, fait ralentir le flux routier, les jeunes élèves comme les cyclistes ne sont pas indifférents à mon bout de vie. L’un d’eux, certainement un meneur, les encourage à applaudir !!! Je les salue tous d’une main. « C’est qu’avec leur truc, je vais être ému, mouhaaa!!! » Finalement avec une moyenne de 19,97km/h, soyons précis, je rentre dans la grande ville de Novara, pour afficher, un petit 96km en un temps record… A vol d’oiseau je ne suis plus qu’a 277km du cap Corse et à 3044km de Mehamn en Norvège, je peux vous assurer que ce type d’information fait du bien au moral.

PS : Gros problème avec les mascottes ! En Suède en demandant du « kaka » on obtenait du gâteau, ici en Italie en voulant un gatto ils ont un chat !!! Habitants de la Tour de Babel, ils deviennent fous ???

A pluche !

Le col Simplon…

17 septembre 2012
Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien...

Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien au sommet du col...

A peine sorti de la ville de Brig la route prend du dénivelé, je sais que ce sera long et difficile. Je m’efforce de ne pas y penser, aujourd’hui je dois me moquer du kilométrage pour me concentrer sur cette ascension. Je redoute les blessures, tout est réparé, cicatrisé, ça passe ou ça casse ! Le pourcentage est déjà bien engagé, je me cantonne sur une fréquence de pédalage moyenne, je ne dois pas me mettre en surchauffe. La vitesse est faible, 6,5km/h, un panneau indicateur me nargue, il indique le sommet du col à 24km. Le moignon n’est plus blessé donc plus douloureux, le tendon d’Achille est comme neuf et le genou gauche n’a plus envie de se faire plaindre, le bonheur ! Un cycliste hier m’a fortement conseillé d’emprunter la route cantonale, (l’équivalent de la nationale en France), elle est plus fréquentée mais plus régulière. Je suis ces conseils, à ma grande surprise peu de monde en cette matinée de septembre me double. Prudent, tous les quarts d’heure j’avale une gorgée d’eau mais lâcher le guidon d’une main à cette vitesse devient un exercice de cirque. Mon premier arrêt au bout d’une heure, je récupère bien, il ne me semble pas de trop forcer. Je reprends ma « pédalerie », le rythme s’installe et je peux me permettre de rêver. Les jambes montent mon corps, mon esprit, lui balade vers le sud. Je sens une voiture qui ralenti derrière moi, Marlène, Gilles et leur fidèle Taïko ont tenu leur promesse. Ils ont laissé leur gîte de la Lourantze pour venir m’accompagner. Gilles prend ma caméra pour fixer quelques images mais au prochain parking je vais m’alléger de mes lourdes sacoches. Oui je sais,petit joueur le Frank mais entre vous et moi , je veux arriver entier ! Je reprends la route mais il me semble voler, 17kilos en moins cela fait une franche différence, je me sens nu mais quel bonheur de grimper sans crainte de blessure. De 6,5 je passe à 10km/h, je papillonne. Le col n’est plus qu’à 11 bornes et je me suis bien habitué à cette cadence. Les tunnels abris avalanches se succèdent et les travaux avancent avant le retour de la neige, je zig-zag entre les plots. Finalement le Simplon montre le bout de sa chemise, j’en vois son col ! 2h45 pour atteindre les 2005mts d’altitude, le point culminant d’Arcticorsica. Mes amis m’attendent, nous immortalisons l’instant par quelques photos et pour fêter cela nous nous installons au café du coin pour une grosse part de tarte à l’abricot bien méritée. Je remonte tout mon barda, je suis soulagé que cette partie du raid se soit très bien passée. Il est temps de se dire au revoir, ce n’est pas un adieu, le Valais et ses habitants me ravissent et je profiterais de la première occasion pour y remettre ma prothèse. Je file à grande vitesse vers l’Italie, je suis grisé de cette longue et belle descente, mais je reste vigilant, la route n’aime pas les insouciants. Je passe la frontière transalpine sans soucis, les douaniers italiens ne s’inquiètent pas trop de mon passage. Je ne veux pas être trop gourmand, je stoppe ma journée de vélo à Domodossola, mon compteur affiche 65km avec un grand col alpin franchi. Bien-sur la machine à cogiter tourne plein pot, environ 500km avant Piombino, j’évalue, j’anticipe mais ma conscience me rattrape, il n’est pas bon de penser trop en avant, juste le moment présent est important.

Il y a deux sortes de temps : Il y a le temps qui attend et le temps qui espère… Jacques Brel

A pluche !

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Quai de gare…

16 septembre 2012
Souffrance, mutilation, amputation qui unis les hommes... Sacrée vie!

Souffrance, mutilation, amputation qui unies les hommes... Sacrée vie!

Quai de gare : Il devient beau, quand ma  bien-aimée arrive et croule de tristesse quand elle me quitte…

Un week-end merveilleux de partage, pour finir en beauté. Mettre des mots m’est impossible, je ne saurais assez remercier tous nos amis valaisans, amis ne convient certainement plus, je dirais, famille d’adoption. Merci de vos sourires, merci de votre disponibilité, de votre sincère gentillesse. Une soirée au refuge de la Lourantze avec ma belle, pour énergiser nos âmes, endroit de carte postale qui possède des vibrations fantastiques. Réunis autour d’une table j’ai oublié quelques instants la dureté de vie que je me suis imposé pour ce périple, j’ai pu faire un lâché-prise si indispensable pour continuer. Gaby, stagiaire Bout de Vie 2010 avait fait le déplacement depuis Besançon, un autre plaisir partagé à l’écouter raconter sa deuxième vie. Plus de diététique, plus de contrainte, ma princesse me soigne, me gâte, je me régénère, je cicatrise. Mais le temps passe, le sablier n’a pas de sentiment, il nous file entre les doigts. Nous traversons la montagne pour retrouver Crans-Montana, encore des sourires, des échanges, c’est vrai que c’est bon le partage. Ma veste verte disparue, une jaune apparait, de grenouille bruyante, je deviens poussin itinérant !  Gâté à en rougir je ne saurais comment tous vous remercier. J’ai une idée, j’irais au bout de ma croisade en apportant vos sourires. Il y a bien longtemps un avion de chasse m’a broyé, humilié, martyrisé, son nom était « Crusader », en anglais cela signifie : Croisé. Je suis repartis dans ma croisade, pas de croix sur ma bannière, pas d’arme autour de ma taille, de l’amour et de la détermination. Ce soir je me sens seul physiquement mais mon âme est comblée de nouveau. Je viens de dresser mon camp à Brig, devant moi a surgi un grand dragon, le col du Simplon. Alexandre le grand aurait passé les Alpes avec des éléphants, moi je vais tenter à vélo sur une patte, il serait simpliste de croire que seul les moyens changent le voyage, pourtant c’est certain, je poursuis ma route pour un motif , un cri, un appel. Je me répète, je ne le fais pas pour une cause car je suis la cause. Plus de trois mois avec le même objectif, arriver au bout de mon rêve, donner mon meilleur pour finir tout là-bas, qui est de moins en moins loin. Merci à vous tous, ma belle m’attend au bout de la route, j’ai revêtu mon armure et vais repartir affronter mes peurs, mes doutes, mes souffrances, j’esquiverai les coups portés le sourire aux lèvres. Avancer, il n’y a plus que ça qui compte. Si ce soir la solitude est de nouveau ma compagne, vos rires tintent encore tout au fond de moi. Merci de tout mon cœur, je reviendrai…

Le profile du col Simplon...

Le profil du col Simplon...

Un vrai bonheur…

15 septembre 2012
Pur bonheur...

Pur bonheur...

Savoir, penser,rêver. Tout est là

Victor Hugo

Terre valaisane, terre d’amis…

13 septembre 2012
Les Alpes soupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Les Alpes saupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Il m’est difficile de réaliser que je suis arrivé en Suisse romande pourtant ce n’est pas un rêve mais bel et bien une réalité. Une nuit sous un toit d’amis change les données, le partage, les retrouvailles, un pur bonheur. Ce matin je pars pour plus de 100km de route mais cette journée sera bien différente des autres ! Pour commencer, Maurice voisin de mes hôtes Juliette et Alex, passionné par le cyclisme, à ma grande surprise a sorti son vélo pour m’accompagner sur un bout de chemin. Plus de carte à contrôler je n’ai qu’à suivre. A Vevey on se dit au revoir et je poursuis. Au bout du Léman je fais une pause café, les montagnes sont saupoudrées de blanc, l’automne semble vouloir prendre sa place. Je vois que la presse romande est lue, une dame me félicite pour mon parcours sans que la connaisse. Le vent est dans le bon sens et il prend de la force, je suis la piste cyclable qui, à la différence des allemandes ou alsaciennes, est super bien indiquée. J’ai un rendez-vous dans quelques kilomètres alors je ne veux pas perdre de temps. Trop de pommiers pour ne pas être tenté, j’en chipe une, mais de la haut on m’a vu et l’on me puni ! Je perds ma veste de pluie, vert pomme ! Je peste, je râle, c’est inadmissible, dans un coin isolé égaré ce type de vêtement pourrait être fatale. Il faut que je reste concentré mais je sais ce qui m’attend ce soir, j’en perds les pédales ! Au nord de Martigny, je m’égare, tête en l’air, le cabochard aujourd’hui !!! Par téléphone je retrouve mes potes, que d’émotions, puis des autres arrivent. Je suis aux anges. Alex, Ricky, Yves et sa compagne m’escortent. Crans-Montana comme éclaireur, un sacré privilège. Ils retrouvent la piste et vent dans le dos nous filons vers Sion. On papote, on échange, je ne sens même plus les kilomètres parcourus. Le voyage partagé, c’est un peu comme faire un gâteau pour les personnes qu’on aime. « C’est Jo Zef qui m’a soufflé cette comparaison ». Ce soir je suis hébergé par d’autres amis, alors on m’accompagne jusqu’au moment où par hasard Gilles et son fidèle Taïko nous doublent en voiture, plus besoin de chercher l’adresse il n’y à qu’à suivre. 107 km de bonheur pour arriver au nord de Sion, l’équipe de Crans-Montana me laisse, on se reverra samedi pour une belle soirée en perspective. Gilles me loge dans sa maison d’enfance et repartira ce soir pour son refuge au lac de Tseusier. Vous allez vous dire : mais il va encore être seul , l’aventurier à cloche pied. Eh ben NONNNNNNNNNNN !!! Ma princesse arrive et ce soir après plus de trois mois d’absence nous allons enfin nous retrouver. Vous avez bien compris que demain matin je ne reprendrais pas la route, un long week-end en perspective pour un finish en beauté, comme l’île !!! Demain matin nous monterons au magnifique alpage du Rawil et Gaby ancien stagiaire de Bout de vie fera le déplacement, si cela vous tente vous êtes les bienvenus. Le lien du gîte de la Lourantze.

PS: 4300km  en trois mois depuis Mehamn pour arriver en Valais, les mascottes se demandent si en avion on n’aurait pas fait plus vite !!!

A pluche…

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

La liberté et ses limites…

12 septembre 2012
12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

Jour de repos, si on peut dire, les grandes villes m’usent plus qu’elles ne me ressourcent. Ce qui est sur c’est que je ne suis pas en selle et mes jambes se reposent un peu. Alex m’a organisé une rencontre média, la suisse romande est toujours friande de mes aventures. Puisque je suis en stand by je vais essayer de répondre aux questions de Jean-Luc. Liberté où est la limite ? Un vaste sujet défendu depuis la nuit des temps. Si hier j’ai fait cet arrêt devant ce palace où j’avais donné une conférence il y  a deux ans, c’est juste par curiosité. Curieux de voir que j’avais été reçu en « héros » pour débattre du dépassement de soi, au petit soin, toutes les meilleures attentions m’avaient été apportées. En arrivant avec mon vélo poussiéreux et surchargé, les agents de sécurité de l’hôtel ne pouvaient se permettre de laisser ce nomade devant leur établissement de luxe. L’apparence défini de suite la personne. L’enveloppe a plus d’importance que le contenant. La limite n’est qu’une question d’habit et de présentation. Libre, oh, oui !  En connaissant la faiblesse et la limite des gens  on peut s’en servir à bon escient et devenir un électron LIBRE. Liberté de ne pas être dépendant de cette sorte de « luxe » car un 5 étoiles à mes yeux n’a pas la qualité d’hébergement qu’aura une plage isolée du golfe de Botnie. Libre de pouvoir choisir est le plus grand luxe qui existe à mes yeux. Pour le sujet de la Birmanie, la fin d’une dictature a son revers de médaille. Pour l’opprimé oriental, l’occident représente le must de la liberté et ses produits sont synonymes d’évasion. Si la grande marque US de soda va s’implanter ce n’est pas pour apporter de la liberté au birman mais pour créer le besoin et la dépendance. Le sucre rassure autant qu’il empoisonne le corps. La limite de la liberté est sur le fil du rasoir, déguster un hamburger en Asie pourquoi-pas, en devenir adicte, là est le danger ! Il est rassurant de parcourir le monde et manger pareil d’Istanbul à Pékin, les fast-foods, de dormir dans le même confort de Manille à Buenos-Aires, les grandes chaînes d’hôtels, de regarder le même programme TV dans sa langue, je ne parle pas d’Internet qui robotise une grande part de la jeune génération. Tout a sa limite, à chacun de la trouver. Liberté de pouvoir s’en passer comme le fumeur qui stoppe du jour au lendemain. La Birmanie va bénéficier d’un grand rush des trusts du monde entier qui vont amener leur part de « rêve » mais le revers de la médaille va une fois de plus être violent. La liberté c’est de savoir se passer de l’indispensable. Une retraite en terrain isolé fait apprécier le retour au « confort ». Le black-out d’une ville fait redécouvrir à l’urbain la joie d’une veillée, le manque de pitance ne permettra plus au consommateur de mettre à la poubelle de la nourriture encore comestible. Le tout est de savoir naviguer entre les deux. Mes réflexions se font au fil de mes rencontres et ce qui me sidère le plus dans des « soirées people » où je croise ceux qui font rêver le monde, c’est que ces gens là sont accrocs de la surconsommation. Quand la conversation s’engage autre que sur les apparences, le refrain est toujours le même : Frank ta liberté me fait rêver ! Le public qui pense les connaître par le biais du petit écran ou des magazines les considère comme des images de référence, alors que pour beaucoup détresse est compagne de voyage… La frontière de la liberté est une sacrée route sinueuse ouverte à tout le monde, dans son sac de voyage prévoir un miroir pour se regarder dedans droit dans les yeux, une trousse à pharmacie avec beaucoup d’arnica pour réduire les hématomes abondants sur ce chemin et un lexique du lâché prise indispensable… Pour finir ma bafouille perso avec JL, les tee-shirts sont usés, fatigués mais toujours aussi beau comme l’équipe Arcticorsica !!!

Par ce billet je voulais aussi faire un au revoir au cuistot du bateau la Galiote. Depuis 9 ans, Bout de vie, grâce à la vedette de plongée de Guenther, organise la semaine de stage plongée. Les repas soignés étaient conçus par Rudy alias Astérix, il a décidé de rejoindre les cieux. Sa liberté avait été emprisonnée par l’alcool qui a eu raison de lui. Du bar du ciel il nous regarde. Une pensée à l’équipage de la Galiote…

A pluche !

Lausanne…

11 septembre 2012
Lausanne sous la pluie...

Lausanne sous la pluie...

Ne jamais se fier aux amis même proches pour vous donner des infos sur les dénivelés en vélo !!! Je ne donnerais pas de nom !!! Je me doutais bien qu’il était impossible qu’il n’y ait que du plat jusqu’au bord du Léman. Alors que je range mon bivouac les biquettes tentent de m’escroquer quelques bricoles à grignoter. Va pour un biscuit chacune ! La campagne est apaisante, et je file droit vers le sud, cela devient un rituel. Je passe la ville charmante d’Estavayer-le-lac pour me diriger vers Yverdon. Première surprise du jour une côte assez sportive en guise d’expresso. « Je le savais » pourrait être le refrain de l’hymne Arcticorsica. La piste cyclable 5 qui traverse la Suisse me donne Lausanne à 75km, la nationale, elle est à 55km. Mon choix est fait, goudron, camion on roule comme des avions ! Ouais, bof pour la rime ! Je me fais un  petit tour en rond dans Yverdon, ça aussi cela devient un rite dans les villes imposantes. Finalement je retrouve ma nationale et un long, très long dénivelé. Je monte entre 7 et 9 km/h, le vent au fil de ma grimpette devient violent, j’ai l’impression que quelqu’un d’invisible me tient le front pour ne pas que j’avance. 12 bornes à suer mais j’avance vers mon destin, alors je mouline. Je n’arrive toujours pas à réaliser que je suis proche de plein d’amis, cela me semble impossible. J’allume mon « natel » (portable en romand) et les SMS se succèdent, c’est bon les potes… Je fais abstraction de la fatigue et du cumul des mois passés, je veux arriver au plus vite dans la capitale vaudoise. Je rentre par le nord de la ville et je recherche l’auberge de jeunesse où je vais me poser. Je passe devant un palace luxueux où j’avais donné une conférence il y a une paire d’années. Je tente une expérience ! Je traverse la route à contre sens et me pointe devant l’hôtel de prestige. Du personnel abonde pour aider les riches clients à sortir leurs paquets des taxis. Un homme en costume de parade me demande expressément de ne pas rester là, je sens que je dérange. Je connaissais déjà la réaction du groom, cela me réconforte dans mon choix de vie, être libre c’est choisir ses contraintes. J’allume mon GPS et tombe nez à nez avec mon guest house. Je suis à Lausanne, c’est incroyable. Je vais faire un break demain et profiter de la ville pour effectuer quelques taches pour la suite des événements. En face, les Alpes, dans quelques jours je vais m’attaquer au col de Simplon mais pour l’instant je suis le pied dans le lac Léman. Pour finir mon journal de bord je voudrais juste vous faire partager ceci.  Ce matin au poste j’ai écouté les infos : Fin de la dictature en Birmanie ! Bonne nouvelle ! Coca cola va pouvoir s’implanter sur le territoire ! Les birmans sont libres, ils vont pouvoir avoir du diabète et des cancers sournois comme les occidentaux !!!

PS : Jo Zef poursuit ses leçons de langue à Norra. Ils sont en cours intensif de suisse romand : Fondu, raclette, croute, bec, septante, nonante et pour finir en beauté, becs.

Saluuuuuuuuuuuuuut et à pluche !

La route des trois lacs…

10 septembre 2012
Le lac de Neufchâtel en mode estivale.

Le lac de Neuchâtel en mode estivale.

Comme un métronome je démonte mon bivouac, malgré les dires je ne m’attends pas à une journée « sans dénivelé ». La Suisse le plat pays, ça se saurait, non ? Je prends une voie cyclable qui mène à Biel, le brouillard semble vouloir me cacher une barre d’immeubles sur ma droite, seul le massif du Jura m’observe. Un renard croise ma « pédalerie » un champ de maïs sera son maquis. J’arrive dans la grande ville juste à l’ouverture des magasins, il va falloir remplir la cambuse. Toujours le même dilemme, prendre juste ce qu’il faut, chaque gramme a son importance. Je m’offre un café expresso enfin serré, le premier en trois mois ! Protéines, sucre lent et légumes, j’ai de quoi tenir midi et ce soir, « yakapédaler ». Je remarque que les cyclistes font des arrêts en station de carburant pour vérifier la pression de leur pneumatique, je vais les imiter, ma pompe à main n’a pas de manomètre, je fais ça au petit bonheur la chance ! Première pompe je m’arrête pour faire le plein d’air. L’hôtesse de caisse doit me remettre les embouts, mais son Iphone est plus important que le reste du monde, le virtuel règne sur le réel quotidien. Je lui demande si la boite est complète mais elle absente. Pauvre fille elle a rejoint le camp des drogués du net qui grandit de jour en jour. J’essaie tous les embouts mais aucun ne vont, cela me gonfle mais pas mon pneu ! Je renonce, « l’Iphoneuse » sort fumer sa « clope », ok pour elle il n’y a plus rien à y faire. Je lui rends sa quincaillerie et prends ma pompe perso, il me semble que le pneu arrière est un peu dégonflé mais ce n’est même pas sur.1100km de kayak dans les bras je crois que j’ai la puissance pour forcer sur le piston, mais à vouloir toujours mieux on récupère le mauvais. Patatra la valve qui reçoit mes coups de pompe s’arrache de la chambre à air. Un pfeuuuu magistrale m’informe que je suis en avarie !!! Il m’en faut plus pour m’énerver. En deux temps trois mouvements je décroche les quatre sacoches et retourne le vélo, la roue démontée je change ma chambre à air, gonflée avec ma pompe à main. J’en suis toujours au même point ! Ai-je assez de pression derrière ? Je m’en occupe plus désormais, l’histoire m’a fait perdre une bonne demi-heure et beaucoup d’énergie. Je quitte le lac de Biel pour rejoindre celui de Neuchâtel, mais deux bosses m’attendent les bras ouverts, 200mts à 10% et 150mts à 14%, je savais bien que j’endosserai le maillot à pois rouge. Enfin j’arrive sur le bord du deuxième lac mais la route décide de prendre de la hauteur, j’en profite, on aura une belle vue. La température monte à 27° et les heures ont passé, je ressens la fatigue. Dans un village je croise un couple de cyclorandonneurs bien chargé. On fait route ensemble et malgré que leurs vélos soient moins lourds que le mien je constate qu’ils ne tiennent pas ma cadence. Je peux vous dire que ces « petits riens » me redonnent du peps. Je sais, un poil cabochard l’unijambiste ! Au 85éme kilomètres une ferme-camping, je vais voir comment est le lieu. Coqs, chèvres, moutons comme voisins me changera des campings cars que je n’arrive plus à supporter. Je suis accueilli comme j’aime, en toute convivialité. Un groupe de jeunes arrivent en vélo avec des profs de gym, je suis dans le canton de Vaud et le sport roi est le hockey sur glace. En 5’ ils ont compris que l’ancien coach mental du GSHC était de passage… Je monte ma tente et pars sur les bords du lac pour une longue baignade en eau presque fraîche. Séance d’étirement aquatique et je m’endors comme une souche en guise de sieste… Je ne suis plus qu’à 60km du musée olympique de Lausanne…

PS : Jo Zef explique au coq au moment où je vous écris que s’il fait son chant avant 6h demain matin on saura où trouver de la protéine pour le déjeuné de demain midi !

A pluche !