Mon handicap ne m’a pas emporté :

19 janvier 2015
De gauche à droite. Caroline, Sophie, Marin, Tanja et Meherez

De gauche à droite. Caroline, Sophie, Martin, Tanja et Meherez

Le jeudi 29 janvier sur France 2 à partir de 14h, l’émission présentée par Sophie Davant, « Toute une histoire aura pour thème » : Mon handicap ne m’a pas emporté. Je vais vous présenter les invités qui m’accompagnaient, mais surtout par quelques mots, je vais tenter de retranscrire le fil rouge de cette magnifique rencontre. A une époque où tout doit être mis dans une case, des cassés de la vie, qui s’alignent avec les valides, cela n’est pas correctement correct. Magalie est de naissance IMC, prématurée de 6 mois son cerveau n’a pas été alimenté correctement, mobilité réduite et d’autre symptômes la classent dans le handicap lourd. Mais plutôt que de se plaindre ou de se morfondre, elle a réalisé son rêve de jeune fille ; devenir danseuse professionnelle. Un pari un peu fou mais qu’elle a su réaliser par beaucoup de rigueur et de travail. Son témoignage est tout simplement fantastique, le public qui assistait à ce débat lui a offert un hommage très émouvant. Puis vous y verrez Martin, après une course en booster un poteau lui a stoppé violemment sa route, la nuit est devenue sa fidèle compagne. Timide et tout jeune il a trainé de centre de rééducation en centre d’apprentissage pour non –voyant. Des petits boulots lui ont été proposés mais aucun ne lui convenait, un jour, une rencontre lui change la vie. Un homme lui fait confiance, de platine en platine il apprend le mixage et depuis il anime des soirées musiques. Un aveugle pour des soirées dansantes cela n’est pas courant. Ensuite vous y verrez Tanja, amputé de naissance du bras gauche, elle a passé sa vie à conquérir les hommes ! Elle le raconte sans tabou, la peur de ne pas plaire, la rendait boulimique de conquêtes. Puis un jour un homme a croisé sa route et il est devenu son mari. Alors que son bout en moins lui ramenait toujours un reflet de personne mutilée, elle a osé une campagne de pub. Sur cette photo en noire et blanc, vêtue d’un simple dessous, elle a osé exhiber sa nudité avec un moignon apparent. La photo a fait le tour du monde ! Puis pour conclure, l’apollon Meherez racontait comment dans une bagarre de bande un assaillant lui poignardait le dos en lui sectionnant net la moelle épinière. Depuis que sa vie était assise il n’avait pas baissé les bras, bien au contraire, il était devenu un séducteur avec comme gageur son fauteuil roulant. Sophie Davant était souvent émue car chaque intervenant apportait sa part de rage, de rigueur, et de sensibilité.

Pour « être » il faut oser, ne nous indignons pas, agissons !                                                                                                                                                               Un message fort à une époque où la différence fait de plus en plus peur…

Elle a osé!

Elle a osé!

Vos réactions et expériences sont les bienvenues.

Programme 1er semestre 2015

5 janvier 2015
Les stages de plongée sous-marine fil rouge de l'association. Le décor est idylique.

Les stages de plongée sous-marine sont le fil rouge de l'association. Le décor est idyllique.

Pour commencer de bon pied l’année 2015 voici une esquisse du programme de l’association.

Janvier :

Comme à l’accoutumé j’irai à la rencontre des scolaires, voile avec les élèves du primaire de Bonifacio vendredi 9 janvier, film débat « l’aventure à cloche pied » avec le centre adapté de St Lucie de Porto-Vecchio isatis mardi 13 janvier, film débat « Corsaire des glaces » avec les primaires de Zicavo vendredi 16 janvier…

Enregistrement mercredi 14 janvier de l’émission sur France 2 « Toute une histoire », le thème : Mon handicap ne m’a pas emporté.

Février:

stage de survie en tête à tête avec le marin Eric Bellion qui prépare le Vendée Globe challenge.

Mars:

Deux stages de survie chez moi en Corse du Sud, l’un d’eux, sera composé de 5 jeunes en grosse difficulté sociale. Les participants, en payant cette formation, financent les projets Bout de vie.

Rencontre dans la région du Doubs de Fréderic Parise qui est en train de récolter des fonds pour Bout de vie, en contre partie il pourra porter les couleurs de l’asso pour sa première participation au Marathon des sables au Maroc.

Partenariat avec l’école d’orthopédie Mont-plaisir de Valence ; conférence avec les jeunes futurs prothésistes et stage de survie en ma compagnie. Une manière directe et sans tabou d’échanger avec des futurs appareilleurs.

Avril:

Série de conférence à travers l’Europe francophone, le thème est toujours le même : Ma différence est ma force. Les dates et lieux sont encore à définir.

Mai:

13éme stage de plongée Bout de vie, pendant une semaine une belle équipe de bancale va être initiée à la plongée sous-marine en plein milieu du parc marin international des Bouches de Bonifacio.

Eté 2015 expédition Niviarsiaq. Du 9 juin à fin aout je vais tenter en solitaire de remonter la côte ouest du Groenland avec mon kayak, soit 1200 km d’un voyage de l’intérieur. D’un autre côté une équipe de jeune de l’association va me rejoindre au village de Kullorsuaq, où Nicolas Dubreuil a sa cabane. Du 15 au 31 aout ils devront s’adapter à la vie d’un village esquimau situé à plus de 1000 km du cercle polaire…

Vous voyez l’actualité du premier semestre est bien chargée, à noter que la Fondation Française des Jeux a renouvelé sa confiance pour l’opération « Des cols et des Ecoles » qui aura lieu début octobre. Le Rotaract 17 30 est aussi venu rejoindre l’association en effectuant une opération vente de chocolat pour les fêtes, d’autres événements sont en train de se mettre en place.

Bout de vie a besoin de vous pour transmettre de l’espoir à ceux qui n’y croient plus, alors en cliquant sur ce lien vous allez pouvoir vous aussi nous aider en adhérent. Merci de votre ralliement.

Que Dieu vous prothèse.

Pour la nouvelle année : Lâcher-prise!

27 décembre 2014

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La fin d’année, nous amène son flot de résolutions, d’engagements qui au moindre souffle seront balayés par la routine et les acquis. Pourtant la tenue de nos promesses est la clé fondamentale à notre « moi » futur, le lâcher-prise fait parti de ces priorités. Mais pour lâcher quelques choses faut-il déjà savoir ce que l’on a ! S’identifier par rapport à son égo est la préface du livre de notre vie, notre « moi » est puissant à la limite du dictat, il nous inflige ses caporaux de camp, la peur et l’illusion. L’égo n’aime pas lâcher, il se cramponne pour nous amener dans ses ténèbres. Après moi le déluge, nous fredonne-t-il en boucle, alors l’abysse nous happe, finie la lumière, disparu l’avenir, les illusions nous ligotent, les séparations nous flagellent. Lâcher-prise ce n’est pas le renoncement, bien au contraire, lâcher-prise c’est prendre conscience de la dimension de l’océan à traverser, une savante dose de détermination et de lucidité. Désirer plus que tout un objectif n’est pas une finalité, Confucius l’a dit : « Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène ». En ne ciblant que l’objectif on passe à côté des chemins de traverse, on occulte le temps présent indispensable à notre évolution. Je dois rester ce que je suis sans jamais désirer l’autre, car il n’est pas Nous. Le paradoxe de l’amour sournoisement destructeur, il nous empêche la lucidité, il opacifie la lumière car le moi n’accepte pas le « Tu ». Le lâcher-prise devient libération quand nous acceptons sans concession l’autre. Dans une société où avec un click on obtient tout, le désir devient caprice destructeur, il nous harcèle à nous rendre fou, tout et tout de suite, devient l’erreur fatale vers la détresse. Demain, hier, faux amis perfides, le présent est le seul sage confident, la seul voie vers la paix intérieure. Oublions nos refus, nos entêtements pour avancer en toute quiétude, ne rien attendre pour tout avoir, offrir sans jamais espérer le retour, tendre la main sans retenue. Nos espoirs sont vains s’ils ne sont pas tolérants, s’ils ne sont pas libérateurs de l’autre. Pourquoi désirer que le vent tourne, il nous suffit de changer de cap pour hisser les voiles, s’obstiner à contre courant nous use, nous fait piétiner, en perdant toute énergie.

Au quotidien le lâcher-prise devient un repas obligatoire, une respiration bienfaitrice, une vision claire sans brume. En cette nouvelle année je vous souhaite, le meilleur du monde, que vos chemins vers vos désirs soient teintés de sagesse et de joie, là-bas au bout du tunnel, l’arrivée. Attention, peut-être qu’en prenant votre temps, qu’en appréciant l’immédiateté absolue, votre objectif se muera comme la physalie, et au bout de la route vous obtiendrez quelque chose absolument différent mais qui vous remplira encore plus de bonheur car inattendu !

Aphorisme amers salés

5 décembre 2014

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Bivouac : le monde devient une plage.

Enfer : ce n’est pas un lieu, c’est la vie sans toi.

Fleuve : un kayak, des rêves, des prières et un homme libre.

Appartenir : rien ne nous appartient.

Rêve : Joyaux caché au fond de mon cœur de peur que les autres le brisent.

Planifier : Visualiser les combats en sachant lesquels sont nécessaires.

Insomnie : Le présent est pris en otage, le futur lui assène des coups de tête, le passé des uppercuts aux sentiments.

Seul : n’entendre que le battement de son cœur.

Pluie : amoncèlement de larmes solaires.

Ex-compagne : Soudain les zones d’ombres piquent la place de la lumière qui nous a éblouis.

Télé : sida de l’amoureux ; cancer du poète, vérole du rêveur.

Souffrance : l’adversité est mon énergie, mes blessures ma motivation, être parce que j’ai été.

Larme : Ecume océanique sur l’écueil de tes absences.

Enlacés : Oublier l’espace d’une nuit le bruit des autres.

Vengeance : nourriture des faibles.

Souvenir : image en noir et blanc où le présent est banni.

Attendre : le temps nous étouffe.

Serrure : fente asexué.

Vent : cantate pour homme libre.

Mouche : elle est toujours dans le cœur des cibles.

Blasphème : faux maux par de faux mots vomis par de vrais cons.

Passion : Braise qui dévore les tripes.

Nudité : Corps qui devient territoire de découverte caressé par la bise…

Union : Deux qui devient un, l’ange a deux ailes, l’une est Tu l’autre Je.

Absence : Temps qui ronge les heures, qui meurtri le présent et qui éteint le soleil.

Trahison : Le certain détruit à coup de masse.

Espoir : Conjugaison du temps présent.

Rupture : le monde s’obscurcit, la terre se givre, le cœur est émasculé.

La femme idéale : A l’ abri sous sa bâche par un orage effroyable elle me demande s’il me reste du foie de morue !

Allons trouver un bel endroit pour nous perdre.

1 décembre 2014
L'enfant qui sommeille en moi ne m'a jamais laché! Ouf!

L'enfant qui sommeille en moi ne m'a jamais lâché! Ouf!

Allons trouver un bel endroit pour nous perdre. Quelle belle pensée. Une de mes sorties maquis m’a amené vers de nouveaux coins mais surtout dans de nouvelles réflexions, comment trouver de nouveau chemin si l’on ne se perd pas. Une fois de plus la langue française est pauvre, le verbe perdre en paie les frais. Perdre son chemin ce n’est pas s’égarer, ce n’est pas, ne pas savoir où l’on est, se perdre s’est se retrouver, c’est devenir ce que l’on doit être. Une remarque philosophique mais essentielle. La folie est génératrice de vie, la déraison est le feu du bonheur, sans originalité la flamme s’éteint. Vivre en étant mort tel est le chemin de celui qui n’est pas fou, de celui qui est trop sage, de celui qui refuse d’entendre le petit sauvage qui dort en lui. Le gamin se fout du qu’en-dira-t-on, il rêve de vivre dans une cabane, il espiègle sous la douche sa voisine 30 ans son ainée, il vole des bonbons qui deviennent trésor de guerre. Je relis depuis quelques jours le Petit Sauvage d’Alexandre Jardin, un opus que je connais par cœur, je hurle de rire puis me met à pleurer de bonheur. Ce livre devrait être obligatoire en assemblée générale annuelle des sociétés qui nous intoxiquent, il devrait être lu en boucle tous les soirs sur les chaînes de télé, vous voyez le petit sauvage qui vit en moi se laisse porter par les élans de sa candeur. Vivre les yeux ouverts, avancer coute que coute dans le monde du bonheur, le rêver et il apparaît mais la grisaille doit être gribouillée aux couleurs de l’arc-en-ciel, qui je vous le rappelle, possède à ses pieds un immense chaudron d’or. Le temps est un dévoreur de rêve, tout le monde semble le posséder mais seul l’amour en est le sauveteur. Le temps nous condamne, seul l’enfant qui dort en nous est capable de nous dire : t’es pas cap ! Chiche ! Oui il faut des étincelles dans les yeux pour sauter les deux pieds dans la boue, il faut un brin de folie pour désirer l’assiette qui est en bas de la pile. L’adulte a peur de se perdre, il a et ne vois que ça ; les pôvres ! L’enfant que je laisse vivre au fond de mes entrailles par moments m’empêche de dormir, il me harcèle, mais dès que je lui dis : ok t’es pas cap, on y va, la vie se remplit d’espoir, de lumière incroyable, la phrase de St Exupéry prend toute sa place : fait de ta vie un rêve et de tes rêves une réalité. Vous aussi devenez le petit sauvage, laissez faire votre folie et n’oubliez jamais : Allons trouver un bel endroit pour nous perdre.

Survie et émotions en photos.

16 novembre 2014

Vous deviez vous demander pourquoi je n’avais pas publié quelques photos du stage dans mon dernier billet! La raison était simple, j’avais laissé mon appareil quelques part dans le maquis. Un peu têtu le garçon, j’ai profité d’un beau week-end de pluie d’orage et de solitude pour aller à sa recherche. Mon coup d’œil légendaire, diront certain « bisqueur », non seulement m’a permis de le dénicher mais aussi pour ma plus grande joie de retrouver aussi la montre de Valérie qui l’avait égaré!!! Je sais dame chance ne me lâchera jamais. Pour mon plus grand plaisir un petit album sympa.
En bas de ce billet j’ai posté la chanson que Ange-Paul nous a si joliment interprété au coin du feu. Une forte émotion m’a submergé mais je crois que je n’étais pas tous seul. Merci la vie et dire qu’un d’un cheveux je n’aurai pas pu te croiser Oh Ange-Paul…

Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
Gwen prend déjà des notes.
Gwen prend déjà des notes.
La construction d'un abri demande toujours beaucoup d'energie et de concentration.
La construction d’un abri demande toujours beaucoup d’énergie et de concentration.
Allumé un feu avec de la bruyére mouillée n'est pas une mince affaire!
Allumé un feu avec de la bruyère mouillée n’est pas une mince affaire!
Mais qu'il est bon de se réchauffer auprés du foyer.
Mais qu’il est bon de se réchauffer auprès du foyer.
La gamelle chantonne un refrain d'une soupe qui va nous rechauffer.
La gamelle chantonne un refrain d’une soupe qui va nous réchauffer.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
La concentration se lit sur les visages.
La concentration se lit sur les visages.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n'est pas l'arrivée qui compte mais le chemein qui y méne.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Etre libre c'est choisir ses contraintes.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Être libre c’est choisir ses contraintes.
Ici tout le monde s'en donne à coeur joie, de vraies bucheronnes!
Ici tout le monde s’en donne à cœur joie, de vraies bucheronnes!
Deux longues branches, deux blousons une touche d'astuce et le brancard de fortune nous sortira d'une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Deux longues branches, deux blousons une touche d’astuce et le brancard de fortune nous sortira d’une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Le dernier soir en douce la belle équipe m'a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Le dernier soir en douce la belle équipe m’a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Et si le hasard n'existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle...
Et si le hasard n’existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle…

Survie et émotions

12 novembre 2014
Une simple feuille; l'homme n'est qu'une simple feuille.

Une simple feuille; l'homme n'est qu'une simple feuille.

Cela fait quatre jours que le maquis nous a ouvert ses portes, quatre jours que nous sommes devenus le vent, la pluie, la nuit, quatre jours que nous ne sommes plus qu’un. Sur la route du retour, alors que les éléments se déchainent la côte submergée par une forte houle nous invite à la contemplation. La lumière tachée d’encre sombre nous laisse sans voix, en musique de fond, un chant bien de chez nous. Nos yeux cherchent l’infini dans un horizon mystique mais très sincèrement je crois plutôt que la solennité du moment est animée par nos âmes qui savent que ce sera la dernière fois que nous serons physiquement ensemble. Côte à côte une immense émotion nous envahit, le sel de la mer remplit nos yeux d’un bonheur intense de partage. Mais que s’est-il passé pendant ce stage de survie ? Très sincèrement je n’en sais rien, il me semble que la pudeur n’ose dévoiler ce merveilleux échange. La météo était à la hauteur de l’initiation puisque un avis de forte pluie et d’orage était annoncé sur tout le département, mais là-bas dans la vallée perdue, ces préoccupations d’homme n’ont jamais leur place. 6 personnes différentes venaient chercher un secret, à moins que ne se soit la quête d’une vieille plaie mal cicatrisée. La magie de ce groupe fût leur faculté à s’adapter, pas besoin de causer, ni d’expliquer, chacun avait sa place, là à l’instant présent. Les mains ont souffert dans les ronces, les muscles ont enduré le dénivelé, le dos a conjuré le sort des nuits sur un sol caillouteux, la peau s’est tannée aux multiples baignades dans le torrent mais pas une seule fois quelqu’un ne s’est plaint. Le confort était basique mais comment expliquer que mal assis sur un gros galet trempé d’une pluie fine automnale chaque soir nous avons veillé jusqu’au milieu de la nuit. Le feu doit avoir sa part de responsabilité mais une force mystérieuse nous empêchait de nous cacher dans nos sacs de couchage humides. La vie de nomade a ce pouvoir d’unir les hommes et les femmes, monter le campement sur une berge d’un fleuve perdu remet l’être humain à sa juste place, il ne devient qu’un grain de sable parmi des milliards d’autres d’une grève sablonneuse. Nous avons pris sur nous mêmes, pour devenir un Groupe, oui la majuscule s’impose quand la fusion est si forte. L’émotion ne nous a pas lâché, chacun y a apposé sa larme d’étoile mais alors ce n’est plus une vie que nous avons vécu mais une sur-vie bien au-delà de toute espérance. Allumer un feu sous la pluie replace les priorités, savoir remonter sa capuche quand l’averse s’invite sans prévenir garde permet aux âmes de se reconnecter, la pierre plate qui cuit le pain efface, et de loin, l’autel au calice d’osties. La bâche se sacralise, elle devient temple, la prière est simple, merci de l’instant présent. La marche de nuit en plein néant nous a donné le coup de grâce, sans éclairage alors que les orages nous empêchaient tout espoir de moindre vision, les pas on été douteux, gauches mais au bout du voyage la lumière de tout en chacun irradiait nos chemins de vie. Vous voyez l’émotion n’a pas quitté mes épaules meurtries par un lourd sac à dos, ce soir au fond de mon petit Cabochard, alors que la tempête couvre le bruit des hommes sédentaires, je vais pouvoir m’endormir sereinement. Oh Pascale, Valérie, Marlène, Gwen, Alan, Ange-Paul, vos sourires m’inondent encore le cœur, ne changez rien, vous êtes des êtres précieux.

Vie sauvage et maquis

24 octobre 2014

Cela faisait une bonne paire d’années que je m’étais mis bille en tête de guider une équipe « d’éclopés » en plein maquis, finalement le rêve est devenu réalité. Carole, Claire, Audrey, Marie et Sylvain tentent l’aventure. Comme tout bon aventurier il leur était demandé de trouver un « sponsor » qui les aiderait à compléter leur équipement de vie sauvage et de payer une partie de leur déplacement, le reste étant pris en charge par Bout De Vie. Thierry représentant l’association Res Publica , dirigée par Mr et Mme Jean-Claude Perrin mécène du projet, nous accompagnait. Il n’est pas simple en un claquement de doigt de devenir un être de la forêt, il n’est pas aisé de se fondre avec le vent et le silence, mais leur volonté fût d’une exemplarité magnifique. La route en terre annonce l’isolement du lieu, pas de maison, ni âme qui vive, au bout d’une piste perdue, nous stoppons nos véhicules, la nature les attends de pied-ferme. Marie est la seule non-amputée, sa force, oups pardon, je voulais dire, sa différence, est, qu’elle est non voyante, mais à son contact nous avons appris à regarder avec les sons. Le briefing de départ met un peu de pression, il est hors de question que je m’apitoie sur leur sort. Nous sommes là pour grandir et laisser derrière nous les « citadineries » ! Les gadgets avec écrans sont strictement interdits, la seule connexion possible sera avec les grands espaces. Sylvain par confort et habitude ne porte pas de prothèse, il sera un peu le prof à ces demoiselles qui doivent apprendre à marcher avec des béquilles. Le terrain est accidenté, pour quelqu’un qui n’a jamais pratiqué le maquis, il est surement impossible d’imaginer un seul instant la difficulté de la progression hors sentier dans ce dédale de bois mort enchevêtré et au milieu des ronces. Il découvre un autre monde, seul la concentration leur permettra de surmonter ces difficultés, je sens de la détermination mais beaucoup de doute les envahissent à tour de rôle. Les kilomètres s’égrainent, le dénivelé positif et négatif sont gagnés mais la fatigue les attend au détour d’un arbousier ou chêne liège, pas de chance, elle ne trouvera aucune place dans leur sac à dos. Le soir des bons repas traditionnels les attendent au coin du feu, les silences aident Marie à sentir le lieu mais qu’il est difficile pour une bande de filles de faire le silence ! Alors le grand frère lance un souffle, un regard noir et elles comprennent. Pendant ces jours de partage, chacun des participants, même Thierry, le seul « valide », ont trouvé de nouvelles limites, les obstacles du premier jour ont été amputés de quelques degrés. Sous le duvet, au fond du tipi, dans la magie de la nature encore sauvage, ils ont été pour un instant plus près des anges. Quel plaisir l’autre soir de s’allonger sur une grande bâche pour chercher son étoile filante, quelle joie d’avoir la visite de Jean-Baptiste le seul éleveur de toute la vallée qui nous a gâté de gâteaux et de sourire. Ses histoires ont fait comprendre ce qu’était la « vraie » Corse loin du monde et des clichés. Une après-midi Véro est venue les masser, une manière pour rester le soir et partager la soupe corse qui mijotait dans son poêlon de fonte depuis le début d’après-midi. J’en aurai encore des choses à écrire mais certains souvenirs ne se racontent pas ils se vivent, puis les jardins secrets ne peuvent être trop dénudés. Certains d’entre eux auront l’envie de vous le raconter avec leurs mots, désolés les autres maux ont glissé dans le torrent à l’occasion des baignades vivifiantes de fin de journée commando. Pour ceux qui douteraient de ce récit voici juste entre vous et eux quelques clichés.

L'humour comme guide de rando, rire de nos malheurs en prenant notre pied!

L'humour comme guide de rando, rire de nos malheurs en prenant notre pied!

La concentration d'une traversée, un pas aprés l'autre.

La concentration d'une traversée, un pas après l'autre.

Brossage des dents avec du charbon, la seule solution de la vie en pleine nature.

Brossage des dents avec du charbon, la seule solution de la vie en pleine nature.

Une mascotte qui ne sait plus sur quel pied danser!!!

Une mascotte qui ne sait plus sur quel pied danser!!!

Thierry en plein boulot!

Thierry en plein boulot!

La récompense, une balade avec une baignade...

La récompense, une balade avec une baignade...

Conclusion des Cols et des Ecoles 2014

12 octobre 2014

Avec les enfants de Zicavo

Avec les enfants de Zicavo

La deuxième édition des Cols et des Ecoles vient de se conclure mais chacun de nous avons vécu une semaine formidable. Cette fois j’avais choisi plus de simplicité en passant par l’intérieur de la Corse en évitant les grandes villes. Un choix qui nous a permis de vivre des échanges forts et sincères. Bien sûr la performance de toute l’équipe Bout de vie est à noter, mais comment ne pas souligner ces rencontres qui nous ont émus au plus profond de nos âmes. En fin de journée j’allais à l’essentiel dans le journal quotidien mais ce soir à bord du Cabochard, les souvenirs reviennent. L’accueil VIP (vrai invalide pédalant) à l’université de Corte fût l’entrée de ce menu de convivialité. Après l’intervention, suivant les conseils du directeur Mr Romani, un restaurant nous permettait de poser prothèse. Le restaurateur n’arrêtait pas de nous encenser sur nos performances. J’ai failli m’étouffer quand il m’a dit : Le plongeur de Bonifacio, vous le connaissez ? Parce que lui c’est vraiment un fou furieux avec sa patte en moins ! Oui je le connais un peu, une grande gueule au cœur tendre et un peu écorché vif ! L’arrivée dans l’école de Zicavo fût toute aussi émouvante. La charmante instructrice plusieurs mois auparavant au téléphone m’avait touché, elle croyait à un canular car personne ne prend le temps de passer là haut si loin des villes. Les enfants nous ont bouleversés par leur accueil, tous autant les uns que les autres, ils ont été réceptifs à ce thème universel qu’est la « différence ». A Levie l’organisateur avait peur d’un public absent, la salle était comble, mais comment ne pas penser aux désarrois de tous quand François-Joseph ne pût accéder à la salle car son fauteuil électrique ne pouvait être porté sur autant de marche. Une excuse pour que la prochaine fois un système soit prévu. J’en ai profité pour rappeler au public que l’accessibilité ; c’est chacun de nous qui devont la prévoir. En rentrant chez eux je leur ai proposé de contrôler si un fauteuil pourrait y accéder. Le film bien sûr est un bon support, mais quand j’ai invité les copains à me rejoindre, les témoignages de tous sont allés droit au cœur des gens présents. La jeune helvète Amandine a osé nous rejoindre pour parler de son « défi » quand elle a gravi le petit Combin malgré un cancer qui lui a rongé les jambes. La salle fût aussi très émue par Paul, ce vieux monsieur fauché par une voiture qui vient d’être amputé. Comme l’a remarqué l’amiral Festor, au début de la soirée il posait des questions assis sur sa chaise, il finit la soirée debout les yeux mouillées d’émotions qu’il ma transmis en m’embrassant sur le front. Lui, son défi sera de retourner dans son jardin, pour s’occuper de ses fleurs. A Figari une petite fille pose une sacrée question à Jérôme : Comment acceptez vous le regard des autres. Malgré son très jeune âge, la vie lui a déjà donné une leçon, un vilain cancer avait déjà sonné à sa porte. J’en aurai encore des choses à dire, à écrire mais les mots ne rendront jamais le partage de cette belle semaine. Les copains sont tous rentré chez eux, les yeux plein d’étoiles. Nous sommes des petites chandelles qui par moment arrivent à éclairer ceux qui sont encore dans l’obscurité. Sur Face Book beaucoup de commentaires sont arrivés mais Bout de vie a eu un sacré cadeau. Tous les matins sur les ondes de France Bleu Frequenza Mora entre 8 et 9heures le public est libre de s’exprimer sur des sujets des plus variés. Après notre passage au travers de l’île les gens ont témoigné au forum de leurs émotions. Là je crois que j’ai tout dit, le message est passé. Merci à tous ceux qui de près ou de loin ont permis cette opération, j’en suis certain octobre 2015 on repart pour une belle « pédalerie » de partage.

Et si notre différence était notre force ?

Levie-Figari

10 octobre 2014
Un moment de partage fabuleux.

Un moment de partage fabuleux.

Le dernier col de la semaine.

Le dernier col de la semaine.

Ce matin nous sommes rejoints par les copains de Bout de vie, le peloton s’étoffe de vrais amis qui avant tout aiment le partage. Le col de Baccinu sera notre dernier « mur » à grimper, la bonne humeur est le moteur de cette ascension difficile. Pas la moindre plainte bien au contraire, plus le dénivelé semble fort plus la bande « d’éclopés » est ravie. La descente en roue libre nous mène à Figari, la journée est loin d’être finie, nous allons rencontrer les primaires de la région. A midi pas de casse-croute en bord de route mais un petit restau très sympa. Le « Fuconu » à son habitude nous soigne, et avec cœur son patron Julien offre le repas à l’équipe. Nous sommes tous très touchés par ce geste. De nouveau sur nos montures nous rejoignons l’école où les « Schtroumpfs » sont excités comme des puces par notre venue. Une belle haie d’honneur nous est offerte sous une pluie d’applaudissements, ne le dites pas aux cyclistes pro du Tour de France, ils risqueraient de vouloir se faire couper une jambe pour venir avec nous ! Quatre classes vont recevoir à tour de rôle nos athlètes, les questions fusent ainsi que les rires, mais la mascotte est impatiente, des gâteaux sont en attentes pour être engloutis. A 16h nous reprenons la route pour une petite dizaine de kilomètres pour rejoindre le « camp » du soir, malgré les 250 km dans les jambes nous attaquons comme des malades. L’hôtel de Pianottoli Macchia e fiore nous a concocté un diner royal et là encore l’aubergiste offre les chambres et le souper.

Il faut conclure mais j’aurai tellement de choses à écrire, tellement d’énergie à vous transmettre. Un ami m’annonce que sur les ondes de France Bleu RCFM, pendant le forum du matin où le public a une heure pour s’exprimer sur des thèmes divers et variés, des personnes ont racontées avec beaucoup d’émotions comment elles avaient vécu notre rencontre sur cette semaine « Des cols et des écoles ». Un grand merci à tous les sourires rencontrés, à tous les acteurs de cette opération et à la Fondation Française des Jeux qui une fois de plus a financé l’opération. Hier soir devant le défilé de plat alléchant nous avons déjà causé d’une « pédalerie » de partage courant octobre 2015.

A Pluche !