Une journée de forçat de plein grès…

24 juillet 2012
Immaqa explorateur de petit paradis...

Immaqa explorateur de petit paradis...

Çan’a pas arrêté de la nuit, au fond de moi j’essayais de me raisonner. Si c’est trop fort on ne part pas, et puis c’est tout ! 4h30 cela fait un moment que je tourne dans mon duvet, je sors et traverse les 20mts d’île pour voir la mer. Le sud est encore là, 20 à 30km/h, c’est bon je ne pars pas ! Je rentre dans mon refuge, tout est bien rangé comme d’hab, il ne me reste que le duvet et les matelas de sol à plier pour être paré ! Et si je tentais jusqu’à la prochaine île en face, 6 petits kilomètres. Ok, mais si c’est trop dur on fait demi-tour. 5h30 je contourne la pointe de « mon » île et prend cap au sud, c’est un peu sportif mais ça passe pas trop mal, j’ai envie de crier ma joie d’être sur l’eau, alors je hurle !!! Fada, le mec, oui, mais juste un peu ! Deux heures pour atteindre les voisins, encore et toujours un magnifique endroit. J’en profite pour une pause, je me mouille les avants bras, l’eau est bien glacée, elle doit faire à vu de nez 14°. Puis j’essaie l’île d’en face, si j’y arrive ce sera le continent et plus le large.
Encore deux heures, je ris, je parle à haute voix, je chante. C’est dur mais cela a un sens, je suis vivant. Je l’annonce aux sternes arctiques qui me survolent, elles braillent un coup, elles aussi sont belles et bien en vie ! Un autre break. Et un café avec des canistrellis, je m’étire, je respire profondément et reprends ma route. Après le cap, j’arrête, trop dur le sud qui freine mon chemin ! Je déjeune et m’accorde une micro sieste, je m’écroule littéralement, 15 ‘ et je sors du coma, pour être de nouveau  d’attaque. Et si je tentais en face, ce n’est pas trop loin et puis il est un peu de travers le vent, pas trop, mais quand même. Ok, 9 heures que ça dure, prochain bon coin j’arrête ma « kayakerie ». Un truc que tu ne vois que dans tes rêves, une passe de 60 cm de large qui donne sur un mini lac truffé d’oiseaux. Plus un bruit, plus un souffle, je vais jusqu’à son extrémité et pars à la
recherche d’une bonne planque pour monter notre bivouac. Des millions de fraises grosses comme des cerises, les premières framboises. Le rêve, non ? Au secours, c’est un repaire de taons, des dizaines qui viennent bouffer du corse en vadrouille. Je dois battre en retraite et vite m’enfuir, encore une dernière rafale de grosses fraises et taïaut !!! Je râle, je commence à sentir un peu de fatigue. Bon je n’ai plus le choix, faut avancer. Encore un cap et il y a une baie très fermée mais en plein vent, ça devrait calmer les suceurs de sang. Enfin j’arrive, je pose Immaqa, trouve une minuscule place pour monter la tente et savoure cette incroyable journée de labeur-bonheur ! Pour finir en beauté je me baigne dans cette eau revigorante qui me fait oublier cette journée de forçat.
Mesdames et messieurs les compteurs, 30km contre le vent.
A pluche !

Le mental, toujours le mental…

21 juillet 2012
Un repos bien mérité !!!

Un repos bien mérité !!!

Il est 19h30, toutes mes taches sont faîtes. Je suis épuisé mais heureux d’être là, heureux d’avoir su une fois de plus surmonter la montagne qui se dressait devant moi. Je n’ai plus rien à faire je suis allongé avec la brise qui me caresse et le soleil qui me réchauffe. La mer de Botnie commence à me connaître, on discute, on se confie, elle est redoutable mais si courtoise. Je peux enfin me laisser aller, me relâcher, je commence à m’assoupir je me remémore cette longue, longue journée.
Bien abrité par la forêt, le bruit sourd du vent rasant les cimes des arbres m’a bercé. Ce matin c’est le retour au boulot, mais le vent de Nord-ouest est encore violent par rafale soudaine. Je vais faire l’indien et pagayer en rase cailloux. Effectivement là-bas au large vers la Finlande ça moutonne, plus je descends plus une longue houle de nord me pousse, mais bien sur il y les baies à traverser. Pas des golfes énormes mais des échancrures assez profondes pour lever une mer sportive ! Je n’avance pas comme je voudrais, je suis en bas de la vague si j’osai cette expression, la cote est longue à n’en plus finir et son côté monotone me mine l’esprit. Je n’arrive pas à décrocher, je reste figé sur cette ligne droite. Je travaille le mental, m’invente des belles histoires mais rien à y faire je suis en bas ! 5h de route pour enfin trouver un changement, je passe un cap et bifurque vers une petite île, je me cache au milieu des cailloux sans pouvoir descendre du kayak et me fais un café. La stabilité du Nautiraid me permet de me retourner et de me mettre à genou dans son trou d’homme. Je m’étire, je mange quelques canistrellis et essaie de faire de la respiration. Je reprends la mer mais je suis lourdingue, j’ai l’impression que je n’avance pas. Encore un golfe un peu plus important, allez c’est pour la deuxième couche, vent de travers, vagues qui déferlent etc etc ! Enfin un chapelet d’îles me barre la route, je vais y faire ma pause déjeuné. Et si je m’arrêtais là ? Je mange tranquillement, une fois de plus le lieu est somptueux mais aucun replat pour mes 4m2 de tente, rien à y faire ! Je reprends mon chemin, magnifique, extraordinaire, le coin est une fois de plus une carte postale. Puis le cap Hornlandet apparait. C’est là que je dois passer demain, la force me revient, l’énergie aussi. Je me laisse glisser entre deux cailloux et réalise qu’entre ce cap et nous il y a un arrêt possible. Le vent sur ce coup là est dans la bonne direction, alors je tente. 7 km et c’est sur je m’arrête. Le vent est un peu plus régulier et se cale autour des 10, 15 nœuds, je tente mon joker, le cerf-volant ! Il part au premier coup et surtout il est orienté juste au bon cap. J’avance comme un matelas de plage qui s’est envolé d’une anse ventilée ! Je navigue à 7km/h, la mer n’est pas trop formée, une petite heure pour rejoindre cet abri. Je beach Immaqa y trouve un coin presque convenable et retrouve enfin la paix et la sérénité. Une journée qui me permet d’énormément progresser mentalement. L’effort est le même mais c’est l’environnement, les données psychiques qui changent, alors c’est à moi à dépasser ce cap et à trouver du réconfort pour pouvoir établir une belle journée de kayak. 42 km de réaliser !!!
A pluche !

Un bout de repit…

20 juillet 2012
La mer de Botnie m'apprend à conjuguer le verbe "vivre"...

La mer de Botnie m'apprend à conjuguer le verbe "vivre"...

J’ai eu beaucoup de mal à dormir, régulièrement des cygnes se sont pris pour des « Castafiore » en poussant des hurlements que je n’avais jamais eu l’honneur et l’horreur d’entendre… 5h30 je file au milieu d’îlots somptueux. Un premier « bébé » golfe de 900mts à passer avec un très fort vent de travers, quelle chance d’avoir réussi cette longue navigation hauturière hier. Le deuxième à peine plus long m’affirme qu’aujourd’hui cela aurait été du suicide, ma cavalcade vers le sud a payé mes efforts de gladiateur. Finalement je suis dans l’axe du vent qui prend de la force,  un sms de Véro qui m’annonce un bon coup de Nord-ouest pour ce soir. Il m’est impératif de trouver un bon abri, je pagaie quand la carte me fait deviner une succession d’anses, à la dernière, une me semble si belle que je fais l’effort de changer de cap.
Je suis sur le cul, pardonnez moi l’expression mais alors là c’est du rêve. Sur l’onglet « Mon parcours en direct » vous pouvez zoomer google earth sur ma dernière position et apercevoir ce paradis. Je beach Immaqa et commence un dialogue de fou : Si tu ne reste pas là aujourd’hui, tu loupes ton voyage, rien ne sert de courir comme tu le fais ! La voix maligne répond : Avance Frank, aujourd’hui on peu péter le record de 50km avec ce vent dans le dos !!! Je deviens dingue, j’envoie tout balader, je reste. Le temps de monter ma tente, je marmonne dans ma capuche ; puis quelques rafales rasent la canopée de la forêt qui m’abrite et je me sens mieux, 600km en 21 jours, jamais je n’aurai parié une crêpe sur cette distance, alors j’apprécie, je me pose écoute le vent, happe le silence et vibre avec la mer de Botnie. Au programme : coiffeur, pressing et restau !!! La forêt de pin qui m’encercle embaume mes sens, je me prends pour une lavandière, sur un caillou plat je frotte mon pantalon qui lâche son noir comme le ferait un calmar apeuré. Pour les cheveux c’est plus technique ! Je n’ai comme ciseau que celui de mon couteau multifonction et il me faudra beaucoup de patience pour un rasage parfait. Au restau du midi omelette de chanterelles, tartine à volonté de fromage  et en dessert une assiette de myrtilles en compote.
Pour m’endormir à la sieste la radio FM fredonne mon air préféré du moment : Melissa Horn (faire le lien ou avec une vidéo ou son site comme tu le veux). Des oies et canards ont du sentir le coup de vent et ils sont venus se mettre eux aussi à l’abri.
Puisque j’ai le temps, je vous partage ce que je lis en ce moment : ..//.. La pluie qui tombe sur la terre asséchée n’est elle pas une chose extraordinaire ? Elle nettoie les feuilles et rafraîchit la terre. Je crois que nous devrions tous nettoyer notre esprit complètement, comme la pluie nettoie les arbres, car il est lourdement chargé de poussière accumulée au fil des siècles, de la poussière de ce que nous appelons la connaissance ou  l’expérience. Si vous et moi réussissions à nettoyer notre esprit tous les jours de la veille, chacun de nous aurait alors un esprit frais, capable de faire face aux nombreux problèmes de l’existence..//.. J.Krishnamurti
A pluche ! Jo Zef et Norra ne se lâchent plus !!!

Une étape treize improbable !

15 juillet 2012
Immaqa mis à l'abri le temps du déluge...

quelle aubaine pour Immaqa et moi de trouver cet abri de pêcheurs...

C’est ma treizième étape pour le dix-huitième jour depuis Luléa, ce chiffre ne me plait qu’à moitié, mais aux orties les superstitions il est temps de repartir. La houle rentre dans l’anse et mon départ est un peu sportif. Tout en règle, nous sommes déjà à l’abri d’une petite île.
Plus rien à voir avec les bourrasques d’hier, une douce brise d’Est se fait à peine sentir. Ce lieu déclaré patrimoine international par l’UNESCO est merveilleux, ma navigation rase cailloux me fait encore plus apprécier le privilège d’être là. La série d’îles passées il me
faut faire une traversée de 7 petits kilomètres. Comme à chaque fois je mets mon instinct en éveil. Il me dit de forcer sur les pagaies, alors je « bourrine » ! Un immense nuage noir me vient par le travers, ça sent la rouste ! J’accélère le rythme, les épaules, les bras, les abdos tout est à fond et ca tient. J’arrive à l’abri de cette longue île lorsque comme par miracle le grain explose, des tonnes d’eau et de violentes rafales de vent. Je suis à 5 mètres de la côte et le coup de zef ne fait que m’effleurer. Je n’aimerais pas être en pleine mer en ce moment. Sous un déluge je poursuis toujours Sud, mais la pluie redouble, un véritable grain antillais mais avec une eau polaire. Deux heures que je fais des bulles, j’ai froid, j’ai faim mais je n’ai pas envie de m’arrêter sous ce déluge. Je passe un hameau de pêcheurs qui ont fondé ce lieu, il y a au moins cent ans bien avant que les permis de construire soient gelées par l’état. Des hangars sur pilotis servent encore pour certains, d’abris à barque ; l’une d’elle est vide ! Je bifurque et m’engage sous cet abri béni des Dieux. Une mini plage de galet sous la maison permet à Immaqa de beacher et j’arrive à m’extraire de mon kayak. Dehors c’est le déluge et nous sommes à l’abri. Une sorte de ponton en bois est l’accès, je me repends et tente de mettre mon âme à sécher. Je décide de déjeuner, déjà 5h30 que je pagaie. Alors que je déguste mes éternelles nouilles chinoises, je remarque un robinet. De l’eau potable en sort, je fais faire les niveaux. Puis dans l’angle du ponton, je me rends compte qu’un pommeau de douche est accroché ! Un robinet bleu et un rouge ! Je tente une sortie par une porte dérobée pour essayer de voir quelqu’un mais sous ce déluge aucune âme qui vit ne répond à mes appels. Je retourne à « mon » ponton et je laisse couler l’eau et là au miracle de l’eau bouillante en sort. Je me moque de qui pourra venir, je prends une douche, je suis transi de froid et depuis 18 jours je ne suis lavé qu’avec l’eau de la Botnie. Nu comme un vers je suis sous la douche, j’ai pris soin de bien mettre en évidence ma prothèse que si quelqu’un aurait la mauvaise idée de passer, il tomberait nez à nez avec Magui. La douche est brulante, j’en ai les larmes aux yeux de bonheur, je n’en sortirai plus, mon corps sort de congélation, il revit. 15 minutes de cuisson et rouge comme une langouste je m’essuie enfin. Dehors la pluie a cessé, le ciel devient gris clair, je reprends la mer, je suis hilare. Il y avait une chance sur un million que ça arrive et c’est tombé sur moi. Je me sens en pleine forme, la brise faible est de retour et le ciel se déchire, du bleu semble vouloir forcer le destin. Sur mon bâbord je perçois quelque chose, un oiseau mort, un bois flotté ? Je prends 15° Est et m’approche de l’intrus !!! Mais cette journée n’en finira jamais de me surprendre… un petit ourson en peluche flotte, je n’en crois pas mes yeux. En 410km je n’ai pas vu le moindre déchet sur l’eau, même sur les plages aucune  trace de plastique ou dérivé. Je récupère le naufragé, Jo Zef intervient !!! Je l’essore et le cale sur mon vide poche, j’explose de rire ! Il faut lui trouver un nom, la mascotte me dit que c’est une fille ! Ok ! L’île où nous nous situons s’appelle Norra Ulvön, ce sera Norra !!! Je n’arrête pas de rire, je deviens fou, cette journée est absolument dingue. Je suis tellement en forme que je décide de passer les heures réglementaires et me retrouver dans une crique d’une beauté extrême avec Norra qui sèche au soleil, qui est enfin de retour. 42 km qui dit mieux ? C’était une étape treize improbable !
Eh Jo pour le bouche à bouche on ne met pas la langue !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
A pluche !

You are a free man…

13 juillet 2012
Le passage d'un grand cap est toujours un soulagement. Cap Skaghallan

Le passage d'un grand cap est toujours un soulagement. Cap Skaghallan

Même décor, même heure, même météo, mais il y a un petit plus, le brouillard est d’une intensité que je n’avais jamais connu. J’avance dans le coton, le silence m’enveloppe, à 5km de là un trio d’îles que je dois pénétrer, toujours cap au sud. Compas, carte, je me retrouve nez à nez avec la passe. Large de 30 mètres il n’y a pratiquement pas de fond et les trois minuscules terre se réunissent quasiment. Je passe de l’autre côté et croise un patron pêcheur. Il est surpris de me voir là avec une si petite embarcation et de si bonne heure. Nielsen me pose plein de questions, il me fait voir ses prises du jour, de beaux saumons d’au moins dix livres pièce. Il veut m’en donner un mais je ne peux accepter pour plein de raisons. En un clin d’œil j’ai vu que cet homme ne roulait pas sur l’or et qu’un si beau poisson pour moi tout seul c’est trop. Ses silences me touchent, je revis le même moment qu’à Kallviken, on ne se connaît pas mais le golfe de Botnie nous rend frères de mer. Il me demande où je vais dormir ce soir, combien de kilomètres je fais par jour. Il sait que ma journée est loin d’être finie et me lâche l’amarre en me disant « take care, you are a free man ! » (Prend soin de toi, tu es un homme libre !) Je repars gonflé à bloc, je n’arrête pas de repasser en boucle cette phrase : « You are a free man »  yes I’m.
Les kilomètres sont avalés différemment aujourd’hui, je descends vers le sud, je descends vers le soleil. A propos, il tombe des cordes, des murs d’eau s’abattent sur moi mais je chante, je ris, je suis libre, comme les sternes arctiques que je croise. Libre de continuer, de m’arrêter.

Au détour d’un promontoire de granit, une centaine, d’oies bernaches me regardent un peu inquiètes, passer. Je stoppe mon pagayage et leur hurle : «  you know I’m a free man ! » Elles se jettent toutes à l’eau pour aller se planquer derrière de gros cailloux. Je suis euphorique, la vie est si belle. 14h j’ai la dalle et j’ai pas encore mis les pieds sous la table, allez Jo Zef au prochain restau on s’arrête !!! Je pénètre un archipel sous un rideau de pluie et  implore les Dieux des mers et des océans de me trouver un petit endroit bien sympa pour monter mon bivouac. A bâbord je détecte une échancrure, une sorte d’alcôve marine, allez la mascotte on va voir comment est le lieu ! Le paradis sur terre… je beach Immaqa et pars à la recherche du bon coin plat pour y monter la tente. Le tarp (toile qui sert d’abri) est aussi monté et en dessous je monte mon chalet de toile. Ce soir le soleil pointe son nez mais le vent du sud va envoyer certainement ces watts le baro qui est déjà bas vient de faire une rechute. I’m a free man !
Pour les comptables, 30km de fait quand même.
A pluche !

Liberté d’être un homme libre !

4 juillet 2012
Déja une semaine de bivouac au bord du golfe de Botnie

C'est une plage de galets qui m’accueille pour ce nouveau bivouac au bord du golfe de Botnie

Déjà une semaine que j’ai quitté Luléa, une semaine d’apprentissage, 7jours de cours intensifs. Je crois être attentif et bonne élève. Encore ce matin les trois première heures ont été un enfer, je crois que je radote mais c’était dur, flippant et très abrasif mentalement. 3 heures de cours pour comprendre que la Botnie est une dure à cuire et que le p’tit méditerranéen, il a intérêt à bien apprendre ses leçons sinon, dehors au piquet ! La journée s’est passée, j’ai pagayé, c’est mon boulot, pendant que vous vous étiez à « l’usine », moi j’avançais. Ce soir le bivouac est monté, le feu crépite, l’eau réchauffe ma gamelle et je suis seul au monde. Un sentiment qui me fascine, qui est une sorte de drogue. Seul face à moi-même, pas de chance de s’échapper, pas de : «chut je regarde le film ». Un échassier braille de tous ses poumons, de joie, de peur, de colère, je n’arrive pas à le comprendre, je vous rassure lui non plus n’arrive pas à comprendre les hommes. Ma Véro m’a envoyé une poésie fantastique sur la relation du couple, son père lui avait transmis. Deux âmes qui se rencontrent ne doivent se ressembler, elles doivent accepter l’autre tel qu’il est. Nous nous acceptons comme nous sommes, moi l’oiseau de mer, elle le merle bleu sédentaire. Pourtant notre union est profonde, sincère. Comme des enfants nous nous aimons et ni les tempêtes, ni les orages n’arrivent à nous séparer. Tout à l’heure alors que je tirais dur sur les pagaies une idée m’a traversé l’esprit… j’arrivais avec Immaqa aux Lavezzi, quatre mois d’effort pour rejoindre ce lieu qui m’est si cher. Soudain des bateaux autour de moi et sur l’un d’eux ma Vrai qui me regardait. Je me surprenais à avoir de l’eau salée sur mes joues alors que la mer de Botnie est douce. Le feu me réchauffe l’âme mais ce soir je suis le plus heureux des hommes car je suis libre, libre comme le vent, comme la houle, comme le sont les enfants.  Une semaine de mer qui fut très dure mais nécessaire pour ma survie d’homme errant.
Que vos rêves vous emportent là où la folie rime avec envie. Il n’y a pas plus beau comme être humain que celui qui est libre.
A pluche !

La plage d’Erik le rouge…

30 juin 2012
Ca y'est, Jo Zef se prend pour Erik le rouge !!!!

Ca y'est, Jo Zef se prend pour Erik le rouge !!!!

Une nuit tranquille, ici la peur du prédateur n’existe plus depuis belle lurette, les derniers ours ont été tués juste après guerre. La flore est a peu de chose prêt, identique à celle du Yukon et de vieux reflexe me reste. Hache toujours à portée de main et une nourriture toujours bien
emballée. Le protocole est moins strict qu’au Canada mais je reste prudent tout de même. 6h20 je déclenche la balise spot de ma géo localisation et prend la mer. Pas une ride, pas un souffle d’air, je file tout doux vers le sud, je profite de cette opportunité pour forcer
la cadence le vent va venir du sud et ma journée est plus qu’incertaine, alors j’avance en ne pensant qu’à maintenant. 8h20 déjà quand c’est calme c’est plus facile, 4,5km/h de moyenne, une super cadence pour le «semi-remorque » que je pousse. 9h20 un feu loin devant moi à terre m’indique que le suroît vient d’arriver, ce sera à mon tour d’ici peu. Je sens de l’air sur mon visage, je scrute l’horizon et j’y détecte une barre plus foncée, j’ai compris ce n’est plus de la brise mais du vent qui arrive. 10h20 le vent s’installe et je deviens un esclave qui
pagaie. J’arrive en fin de péninsule de Pitea, après le cap, la mer ouverte sans protection sur 5 nautiques au moins. Il faut que je prenne une décision, stopper ou prendre le risque de me trouver seul en plein milieu de la tourmente. Tout en pagayant, je détaille la carte qui est
devant moi dans sa housse étanche, je devine une échancrure. Oui, là bas à tribord une tache blanche, une plage ! Je bifurque de quelques degrés et avale les deux kilomètres comme un sprinter. Une anse de sable blanc très abritée du sud, je fais une halte café et après je prendrai ma décision. Ici tout semble calme, pas une brise, les moustiques se lèchent les babines : A table ! Je mets ma moustiquaire de tête et inspecte les lieux, du bois et du calme. Je me délecte de mes deux canistrellis avec un café et cogite. Je vais voir à pied comment est la mer au large. Je reviens rassuré de ma décision, là-bas c’est blanc et pile poil dans ma direction. Je fouille les lieux pour trouver une belle plaque de contre-plaqué qui nous servira de table et à mon retour, je surprends Jo Zef orné de cette magnifique ramure. Seulement 18 kilomètres pour aujourd’hui mais la route est longue alors prudence, prudence.
La mascotte ne serait-elle pas le descendant d’Erik le rouge, par Thor !
A pluche !

Sletness-Mehamn en kayak…

12 juin 2012
Sombre comme la mer de Barents...

Sombre comme la mer de Barents...

La pluie a bercé ma nuit mais les sens  toujours en éveil je dormais en tentant d’écouter la houle du large. La distance à faire n’est pas énorme 40km en faisant du raz cailloux où alors 20 en traversant les fjords. Dormir, il faut dormir… 5h45 je me prépare, réactive le feu, le vent est devenu une petite brise. Les jeunes dorment encore, hier soir j’ai dû leur souffler dans les ouïes pour qu’ils fassent le silence. Difficile pour l’urbain de bivouaquer ! Ils voulaient assister au départ mais ils n’auront pas eu l’oreille assez fine pour m’entendre partir ! C’est vrai le « cabochard »  n’est pas des plus tendres mais entre vous et moi je n’ai pas la vocation d’être assistant de maternel !!! Je m’élance, c’est toujours un sacré moment, n’ai-je pas mis la barre trop haute ? Suis-je à la hauteur ! L’instant présent, il n’y a que ça qui compte. Je m’applique, je sors de la baie et la houle du large me berce, j’ai la boule au ventre… Soudain j’entends souffler dans mon dos : Jo Zef tu ronfles ? Encore des bruits ! Une troupe de phoques m’accompagne à distance. Les guillemots sont curieux et ne cessent de me raser, des canards que je ne connaissais pas sont plus prudents. Je prends la cadence, je rentre dans mon histoire, comme une chape de plomb qui s’envole, je laisse à terre toutes les futilités des hommes. Je pagaye et c’est tout. Une baleine sans doute, au large envoie son grand souffle, j’aime la grandeur de ces lieux où l’homme devient ce qu’il doit être, un simple atome ! Je prends le cap plein Ouest, le courant me met sur un tapis roulant, j’avance comme un avion ! La côte s’éloigne et au milieu du fjord je serre les fesses, un simple fétu de paille qui bouchonne sur immensément grand. Des marsouins viennent à ma rencontre, j’avance toujours. Le premier promontoire est passé, par prudence je le prends large je ne voudrais pas être embarqué par une lame de fond. Un deuxième fjord à traverser et je serai à l’abri. Je bifurque, je suis en eau calme, ouf je suis heureux d’avoir coupé. Tranquillement je pagaie, les maisons multicolores de Mehamn se devinent. Sur la falaise du comptoir de pêche un véhicule tout terrain me fait des appels de phare. Tina et Ruan m’attendaient. 3h45 après mon départ je pénètre le port de Mehamn, j’avais prévu 8 heures !!! Les jeunes arrivent, ils n’auront pas vu non plus l’arrivée… Je leur souris comme si rien ne s’était passé, d’ailleurs c’est déjà du passé… Demain le départ vélo sera donné pour la partie 2. Pour l’instant il faut tout ranger, et préparer le vélo…

A pluche.

Bivouac au phare de Slettnes

11 juin 2012
bivouac au bord de l'océan Arctique

nos petites tentes, doux refuges au bord de l'océan Arctique

Le décor a changé, le bivouac est installé au cap de Slettnes. Dans quelques jours c’’est Noël, non ! Pourtant avec les quatre petits degrés cela en donne la sensation, les rennes pullulent et avec un peu de chance le vieux barbu nous remplira les prothèses de ses petits joujoux ! Immaqa a retrouvé son élégance, ses 4500 km en fourgon l’’ont un peu
ankylosé et il était grand temps qu’’il s’ébroue un peu. Le ciel estchargé et le vent d’’Est qui frise les 20 nœoeuds augmente encore plus une sensation de froid. Nous nous activons à allumer un feu, et à rendre le camp confortable. La plage est encombrée de déchets, même ici l’’homme se fait remarquer par sa pollution. La météo me donne une bonne fenêtre
pour demain, je suis heureux, fébrile, mélancolique, il faut que je décroche que je rentre dans mon « pèlerinage ». Surtout je ne dois pas penser à ces mois d’’efforts qui m’’attendent, je ne dois vivre qu’’au présent. La baie choisie qui nous abrite me donne l’’envie de tenter un bref pagayage pour m’’apaiser, pour voir si tout va bien. Je m’élance, je
ne me suis pas asséché les mains, le froid est vif et mes anciennes gelures me font souffrir, je ne suis pas là pour me plaindre alors je pagaie. Je détecte l’’horizon, la houle est longue mais pas cassante, ça ira demain j’’en suis sur…. Le feu nous permet de griller de la viande de rennes, la pêche de quelques coquillages améliorera le repas du soir.
Robin et Nicolas découvrent la vie de nomade, je sens beaucoup de questions dans leurs regards mais par pudeur ils me laisseront tranquille dans ma minutieuse préparation. Sous nos tentes la pluie martèlent, le duvet est notre seul confort alors la rêverie polaire s’’invite, Jo Zef se glisse à mes côtés, notre princesse serait si bien blottie dans nos
bras….
Demain ce sera le grand départ Arcticorsica…… C’est quand qu’’on arrive !

Partage et émotion…

31 mai 2012
Entre-vous et moi c’est que les journées ne sont que de 24h à bord de la Galiote. Promis, juré, je vous détaillerai les activités… Jo Zef est sur les rotules.
A pluche
En bonne compagnie...

En bonne compagnie...

La mer nous fait oublier le carcan du corps mutilé...

La mer nous fait oublier le carcan du corps mutilé...

Guiboland!

Guibol-land!

 Réalité ou légende....

Réalité ou légende....

Aprés le passage de l'arche, le grand bleu nous attend...

Après le passage de l'arche, le grand bleu nous attend...