Ils sont arrivés à Oqaatsut…

24 juillet 2018

Aprés deux jours de voyage les voilà enfin arrivés à Oqaatsut. ne leur dites pas qu’ils ont un handicap ou un truc du genre ils sont vivants et c’est déjà un cadeau immense… Au programme vivre dans un village groenlandais de 38 habitants et restaurer une vieille maison. Ce soir comme dîné de bienvenue ragoût de phoque… Vive la vie et merci à tous les mécènes qui grâce à leur générosité permettent à Elisa, Marion, Audrey, Ange-Paul, Remi et Patrick de vivre cette expérience hors norme… Takuss

On se montre ou pas?

11 avril 2016

Pictures6web

Comme il est de coutume à dire c’est le retour des beaux jours. A mes yeux, chaque jour est le plus beau, mais je m’égare, ce n’est pas le but de ce billet. Qui dit retour de la chaleur, dit effeuillage naturel de nous tous, mais pour certains cela devient un stress des plus marquants.  En effet, se dévêtir avec un bout en moins demande de dévoiler ses extrémités, je parle des bras et des jambes, bien sur ! Le printemps fut pour moi une période détestable mais cela n’a pas trop duré, il m’aura fallu une bonne « perte de gueules » en public pour dénuder ma prothèse. Vous, derrière vos écrans peut-être aussi êtes dans ce cas de figure. Vous n’êtes pas seul, chaque année le stage de plongée sous-marine qu’offre Bout de Vie le démontre, comme par enchantement au bout de la semaine plus personne ne cache son bout perdu. L’effet miroir est très important, une personne aigrie, ronchonne contre notre société, ne pourra s’attirer que tracasserie et isolement. Une personne joyeuse, positive sera en proie de prendre tous les éclats de joie de son entourage. Il est en de même pour le « handicap », si nous le vivons mal, personne ne se sentira à l’aise autour de vous. En acceptant sa situation, le cercle sociétal ne le verra plus de façon dramatique mais le classera sans suite ou juste avec un petit coup d’œil curieux, par manque de connaissance. Vous, fidèles lecteurs, vous connaissez ma manière d’écrire, de penser, alors encore une fois je vous le rabâche; la nature, elle, ne juge pas, alors ne vous glissez pas dans la peau de la victime pour rendre mal à l’aise vos « colocataires » de plage ou de piscine. Depuis que Bout de Vie se déplace dans les écoles, en quelques années, ces enfants qui grandissent, entrevoient le handicap comme une différence et pas plus. Il ya quelques jours, pendant l’une de mes sorties vélo, me rattrape, au bout d’un long plat descendant, sans vouloir me blesser, un autre cycliste. Il me lance sans crier gare :   « oh lala c’est la première fois que je roule avec un handicapé, oh c’est bien pour un handicapé de faire du vélo. » Au premier temps de mon amputation je l’aurai poussé dans un ravin de ronce, mais le temps a passé, alors plutôt que des mots assassins j’ai préparé ma sortie théâtrale. J’ai calé mon rythme cardiaque, je me suis repositionné au mieux sur ma machine et au pied d’une côte que je connais par cœur, j’ai lâché les chiens fous qui sommeillent en moi. Comme une mobylette j’ai avalé le dénivelé pour ne plus voir qu’un tout petit point essoufflé, tout là-bas derrière. Au bout de quelques kilomètres, je l’ai laissé revenir sur moi et lui ai susurré ceci : Vous avez dit handicapé, en vérité c’est juste différent ! Chacun sa technique, chacun sa vérité mais je sais désormais que ce brave cycliste, revisitera son vocabulaire et ne verra plus en un unijambiste un pauvre « handicapé » à mettre en case « du pôvre homme » mais en un sportif taquin qui lui a mis les pendules à l’heure. ..

Allez, les amis, sortez, dévoilez vos différences, la vie est trop courte pour vous embarrasser de contraintes. Laissez aux autres les plaintes et les noirceurs du quotidien et profitez de chaque instant qui arrive. Souvent je me dis que tout ce que je vis c’est du sursis, alors je bouffe l’existence. Que Dieu vous prothèse !!!

Une étape treize improbable !

15 juillet 2012
Immaqa mis à l'abri le temps du déluge...

quelle aubaine pour Immaqa et moi de trouver cet abri de pêcheurs...

C’est ma treizième étape pour le dix-huitième jour depuis Luléa, ce chiffre ne me plait qu’à moitié, mais aux orties les superstitions il est temps de repartir. La houle rentre dans l’anse et mon départ est un peu sportif. Tout en règle, nous sommes déjà à l’abri d’une petite île.
Plus rien à voir avec les bourrasques d’hier, une douce brise d’Est se fait à peine sentir. Ce lieu déclaré patrimoine international par l’UNESCO est merveilleux, ma navigation rase cailloux me fait encore plus apprécier le privilège d’être là. La série d’îles passées il me
faut faire une traversée de 7 petits kilomètres. Comme à chaque fois je mets mon instinct en éveil. Il me dit de forcer sur les pagaies, alors je « bourrine » ! Un immense nuage noir me vient par le travers, ça sent la rouste ! J’accélère le rythme, les épaules, les bras, les abdos tout est à fond et ca tient. J’arrive à l’abri de cette longue île lorsque comme par miracle le grain explose, des tonnes d’eau et de violentes rafales de vent. Je suis à 5 mètres de la côte et le coup de zef ne fait que m’effleurer. Je n’aimerais pas être en pleine mer en ce moment. Sous un déluge je poursuis toujours Sud, mais la pluie redouble, un véritable grain antillais mais avec une eau polaire. Deux heures que je fais des bulles, j’ai froid, j’ai faim mais je n’ai pas envie de m’arrêter sous ce déluge. Je passe un hameau de pêcheurs qui ont fondé ce lieu, il y a au moins cent ans bien avant que les permis de construire soient gelées par l’état. Des hangars sur pilotis servent encore pour certains, d’abris à barque ; l’une d’elle est vide ! Je bifurque et m’engage sous cet abri béni des Dieux. Une mini plage de galet sous la maison permet à Immaqa de beacher et j’arrive à m’extraire de mon kayak. Dehors c’est le déluge et nous sommes à l’abri. Une sorte de ponton en bois est l’accès, je me repends et tente de mettre mon âme à sécher. Je décide de déjeuner, déjà 5h30 que je pagaie. Alors que je déguste mes éternelles nouilles chinoises, je remarque un robinet. De l’eau potable en sort, je fais faire les niveaux. Puis dans l’angle du ponton, je me rends compte qu’un pommeau de douche est accroché ! Un robinet bleu et un rouge ! Je tente une sortie par une porte dérobée pour essayer de voir quelqu’un mais sous ce déluge aucune âme qui vit ne répond à mes appels. Je retourne à « mon » ponton et je laisse couler l’eau et là au miracle de l’eau bouillante en sort. Je me moque de qui pourra venir, je prends une douche, je suis transi de froid et depuis 18 jours je ne suis lavé qu’avec l’eau de la Botnie. Nu comme un vers je suis sous la douche, j’ai pris soin de bien mettre en évidence ma prothèse que si quelqu’un aurait la mauvaise idée de passer, il tomberait nez à nez avec Magui. La douche est brulante, j’en ai les larmes aux yeux de bonheur, je n’en sortirai plus, mon corps sort de congélation, il revit. 15 minutes de cuisson et rouge comme une langouste je m’essuie enfin. Dehors la pluie a cessé, le ciel devient gris clair, je reprends la mer, je suis hilare. Il y avait une chance sur un million que ça arrive et c’est tombé sur moi. Je me sens en pleine forme, la brise faible est de retour et le ciel se déchire, du bleu semble vouloir forcer le destin. Sur mon bâbord je perçois quelque chose, un oiseau mort, un bois flotté ? Je prends 15° Est et m’approche de l’intrus !!! Mais cette journée n’en finira jamais de me surprendre… un petit ourson en peluche flotte, je n’en crois pas mes yeux. En 410km je n’ai pas vu le moindre déchet sur l’eau, même sur les plages aucune  trace de plastique ou dérivé. Je récupère le naufragé, Jo Zef intervient !!! Je l’essore et le cale sur mon vide poche, j’explose de rire ! Il faut lui trouver un nom, la mascotte me dit que c’est une fille ! Ok ! L’île où nous nous situons s’appelle Norra Ulvön, ce sera Norra !!! Je n’arrête pas de rire, je deviens fou, cette journée est absolument dingue. Je suis tellement en forme que je décide de passer les heures réglementaires et me retrouver dans une crique d’une beauté extrême avec Norra qui sèche au soleil, qui est enfin de retour. 42 km qui dit mieux ? C’était une étape treize improbable !
Eh Jo pour le bouche à bouche on ne met pas la langue !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
A pluche !