On se montre ou pas?

11 avril 2016 par Frank Laisser une réponse »

Pictures6web

Comme il est de coutume à dire c’est le retour des beaux jours. A mes yeux, chaque jour est le plus beau, mais je m’égare, ce n’est pas le but de ce billet. Qui dit retour de la chaleur, dit effeuillage naturel de nous tous, mais pour certains cela devient un stress des plus marquants.  En effet, se dévêtir avec un bout en moins demande de dévoiler ses extrémités, je parle des bras et des jambes, bien sur ! Le printemps fut pour moi une période détestable mais cela n’a pas trop duré, il m’aura fallu une bonne « perte de gueules » en public pour dénuder ma prothèse. Vous, derrière vos écrans peut-être aussi êtes dans ce cas de figure. Vous n’êtes pas seul, chaque année le stage de plongée sous-marine qu’offre Bout de Vie le démontre, comme par enchantement au bout de la semaine plus personne ne cache son bout perdu. L’effet miroir est très important, une personne aigrie, ronchonne contre notre société, ne pourra s’attirer que tracasserie et isolement. Une personne joyeuse, positive sera en proie de prendre tous les éclats de joie de son entourage. Il est en de même pour le « handicap », si nous le vivons mal, personne ne se sentira à l’aise autour de vous. En acceptant sa situation, le cercle sociétal ne le verra plus de façon dramatique mais le classera sans suite ou juste avec un petit coup d’œil curieux, par manque de connaissance. Vous, fidèles lecteurs, vous connaissez ma manière d’écrire, de penser, alors encore une fois je vous le rabâche; la nature, elle, ne juge pas, alors ne vous glissez pas dans la peau de la victime pour rendre mal à l’aise vos « colocataires » de plage ou de piscine. Depuis que Bout de Vie se déplace dans les écoles, en quelques années, ces enfants qui grandissent, entrevoient le handicap comme une différence et pas plus. Il ya quelques jours, pendant l’une de mes sorties vélo, me rattrape, au bout d’un long plat descendant, sans vouloir me blesser, un autre cycliste. Il me lance sans crier gare :   « oh lala c’est la première fois que je roule avec un handicapé, oh c’est bien pour un handicapé de faire du vélo. » Au premier temps de mon amputation je l’aurai poussé dans un ravin de ronce, mais le temps a passé, alors plutôt que des mots assassins j’ai préparé ma sortie théâtrale. J’ai calé mon rythme cardiaque, je me suis repositionné au mieux sur ma machine et au pied d’une côte que je connais par cœur, j’ai lâché les chiens fous qui sommeillent en moi. Comme une mobylette j’ai avalé le dénivelé pour ne plus voir qu’un tout petit point essoufflé, tout là-bas derrière. Au bout de quelques kilomètres, je l’ai laissé revenir sur moi et lui ai susurré ceci : Vous avez dit handicapé, en vérité c’est juste différent ! Chacun sa technique, chacun sa vérité mais je sais désormais que ce brave cycliste, revisitera son vocabulaire et ne verra plus en un unijambiste un pauvre « handicapé » à mettre en case « du pôvre homme » mais en un sportif taquin qui lui a mis les pendules à l’heure. ..

Allez, les amis, sortez, dévoilez vos différences, la vie est trop courte pour vous embarrasser de contraintes. Laissez aux autres les plaintes et les noirceurs du quotidien et profitez de chaque instant qui arrive. Souvent je me dis que tout ce que je vis c’est du sursis, alors je bouffe l’existence. Que Dieu vous prothèse !!!

6 commentaires

  1. Marie dit :

    A ce miroir comme vous avez raison. Beau billet, avec vous cela devient une habitude. A pluche

  2. Stéphanie dit :

    leçon de vie pour nous qui ne faisons que nous plaindre. Merci de nous secouer.

  3. Béa dit :

    Top comme vous savez si bien faire.

  4. Christophe dit :

    Franck,
    Merci pour ce message, comme toujours, j’adore lire tes billets, qui sont toujours très positifs.
    Pour ma part, ayant été amputé à l’âge de 13 ans, je n’ai pas eu cette difficulté pour dévoiler mes extrémités, je n’ai pas fait attention aux regards des autres à vrai dire. Et plus tard, je me suis habitué à certain regard insistant sans m’en sentir gêné, il est normal que ce qui est différent attire le regard, ce n’est généralement pas dans un sens négatif. Je dirai même que dans certaines situations (je pratique le Windsurf) je me suis senti plutôt fier, car les regards étaient plutôt des regards d’admiration.

    Je te confirme que le fait de ne pas être gêné et être positif attire le positif, que ce soit dans notre ressenti vis à vis du regard des autres (qui ne sera pas interprété négativement) et dans la tête des autres aussi.

    Alors oui, tous en maillot, et si je vous vois sur la plage, on aura une raison de se taper la discute…

    J’attends avec impatience le prochain billet,

    À bientôt Franck 😉

    Christophe

  5. Volontaire,ténacité,
    Courageux,je dit respect.

Laisser un commentaire