Ce n’est qu’un au revoir à la mer de Botnie.

2 août 2012
Un coin planqué comme je les aime.

Un coin planqué comme je les aime.

Ce petit îlot m’a refait une bonne santé, pas un bruit et une onde positive régénérant. Le plancher de bois que je me suis improvisé m’a permis de dormir enfin sur une surface plane et de faire une longue série d’étirement, ce matin mes douleurs de dos ce sont comme par miracle envolées. Encore et toujours du Sud, ce n’est pas grave il suffit de pagayer un peu plus fort ! Je me méfie des petits passages et préfère passer par les grandes îles, certes plus ventilées, que de me retrouver dans un cul de sac par des joncs ayant fermé le chenal. Encore un golfe à passer vent de travers, le dernier pour le golfe de Botnie, les vagues nous secouent pas notre travers tribord mais avec Immaqa nous
sommes coutumiers de ce fait. Un petit dernier puis devant  nous le village d’Öregrund. Je me retourne pour donner un dernier coup d’œil à la mer de Botnie, il y a 35 jours nous partions de Lulea, 906km effectuée en 27 étapes. Pour le restant de mes jours ces jours de mer vont être gravés à tout jamais. Je suis heureux d’avoir réussi cette performance, une sacrée école de vie. Patience, endurance, humilité, remise en question quotidienne, gestion des peurs, froid, humidité et surtout de belles rencontres seront les mots clés de ce périple. Je suis tombé sous le charme de cette mer si peu peuplée, si sauvage, si puissante. Une mer qui a du caractère, qui ne donne pas envie au jeteur de serviette sur sable d’y aller. Des projets sont nés au fil de ses heures de pagaies, je verrais si je les réaliserai. Au bout du petit cap Öregrund, un immense bac permet au véhicule de rejoindre la grande île toute proche de Gräsö, en gros le nom du bateau : Véronica !!! J’explose de rire encore un sacré clin d’œil de la vie. Je poursuis ma route, la géologie a changé du tout au tout, fini les tumultes de granit inaccessibles, la berge est composée de dalle immense de granit et semble laisser le débarquement plus aisé. Je sens comme hier un gros orage, devant moi une plage de sable, je n’hésite pas une seconde, je vais m’y arrêter. Effectivement le nuage se crève sur ma tête, moins fort qu’hier mais juste assez pour me refroidir. Une fois fini, avec une vieille pagaie de secours j’aplanis le terrain et y dépose un épais tapis de joncs secs posés par le vent du Nord. Je m’applique et monte mon bivouac. Ouah quel confort du 5 étoiles grand luxe ! Le soleil revient, je vais en profiter pour faire sécher mes affaires. L’œil en coin je déguste mes nouilles chinoises en bordure de la mer Baltique. Il me reste 130km pour rejoindre Stockholm, je vais naviguer dans un dédale d’îlots qui me permettront d’avancer sans souci de la houle du large. L’arrivée des jeunes sur la capitale est prévue le 14 aout en matinée, faites le calcul, je n’ai plus de raison de cravacher. Je me permets une énorme sieste, je m’aperçois que j’y ai laissé un paquet d’énergie mais j’ai tellement reçu que cela en valait la peine. L’orage revient, je referme tout, mes affaires sont sèches, je suis reposé. I’m a free man !

PS : Au menu ce soir omelette de patates, avec salades de tomates et pissenlits, polar kaka tartiné de beurre salé, riz au lait à la confiture de myrtille. Vous voulez venir ? Attendez, je demande au chef de service. « Jo Zef on peut faire venir du monde pour partager notre diner ? » «  Com-plet !!! » «  Ok dommage !!! » A pluche !

Cliquez sur ce lien pour découvrir l’article paru dans un journal suédois : Arbetarbladet.se

Immaqa premier kayak nucléaire…

31 juillet 2012
Une orchidée qui a une fleur à deux couleurs...

Une orchidée qui a une fleur à deux couleurs...

Ce matin je quitte mon abri mais avec un pincement au cœur, la première nuit fût calme et paisible mais hier de jeunes voyous travestis en killers gothiques ont semé la panique dans ce hameau si charmant. J’ai juste tenté une approche vers 21h pour essayer de calmer le jeu mais hélas j’ai compris que la seule méthode pour ce type d’abruti, c’était les coups. Je l’ai pris comme un test et suis allé me remettre dans mon duvet en serrant les dents, j’avais mes petits poings qui grésillaient.
5h30 je reprends la mer, ils sont toujours déchainés. Je suis fier de moi, je n’ai pas bronché, j’ai passé avec succès cet examen ! Le vent est toujours de Sud-ouest autant dire que je me traîne, la fatigue accumulée et le manque de sommeil me valent une première heure pénible. La carte et le GPS me donne un chenal libre mais les roseaux ce le sont attribués. Rien de méchant mais deux fois 500mts pour rien ! Aujourd’hui je joue une roulette russe sur un passage.  S’il est ouvert c’est génial,  je n’aurais pas besoin de souffrir en prenant le large, s’il est fermé je dois faire un détour de 10km !  Hier au port personne n’était d’accord, fifty-fifty ! J’avance dans un endroit absolument désertique, aucune cabane, pas la moindre bouée de pêcheur, personne à part une faune somptueuse. Au détour d’un îlot, deux biches m’observent, elles sentent qu’elles sont en sécurité, un peu plus loin des aigles pêcheurs sont au boulot, puis le grand aigle à queue blanche s’envole en douceur devant moi. Ce rapace fait parti de l’une des quatre races les plus grandes au monde. Je savoure cet instant magique, mais j’ai une boule à l’estomac et si c’était fermé et si je n’avais pas le droit d’être là ! La  machine à cogiter est en marche, je m’approche doucement de ce goulet.
Véro sur google earth m’a affirmé qu’il y avait un passage mais j’ai oublié de vous signaler un détail, cet endroit n’est autre qu’une centrale nucléaire qui fut envahie par Green Peace il y a deux ans et qui d’après mes infos a rendu « les vigiles vigilants », quoi de plus normal, non ? J’avance avec un vent de travers qui se renforce, normal ! Puis j’allume ma bécane, elle me précise le passage à 1500mts, je ne vois rien ! Une voiture rouge à terre s’arrête, deux personnes en descendent et si c’était pour moi ? 6h que je suis parti et je ne me sens pas de me faire un détour de 10km, le suspense est à la hauteur des films d’Hitchcock ! 500mts et je ne vois toujours rien, puis soudain je comprends que le passage est de biais par rapport à mon arrivée et s’il existe je ne le verrais qu’au dernier moment ! Il est devant moi, je vois la brèche, aucune balle ne siffle au dessus de mes oreilles, je passe. Je n’ose pas un cri de joie et si on ne m’avait pas vu !!! Cette journée avait mal commencé mais elle finit en beauté. Mais vous vous doutez bien que l’aventure n’est pas finie. Depuis ce matin il fait soleil et surtout il fait très chaud, trop pour la région. 24°, cela nous prépare un après-midi spécial « Yukon ». Ca ne loupe pas ; au détour de la grande digue de la centrale nucléaire, un immense nuage noir avance droit sur moi. A 800mts un ilot avec une petite crique abritée.
Le vent augmente le grain va bientôt exploser. Je fonce, j’arrive dans l’anse et sécurise Immaqa quand soudain une mini tornade s’abat sur nous, comme quand j’ai descendu le fleuve Yukon. Une vieille cabane abandonnée est malheureusement cadenassée mais son auvent va m’abriter de ce déluge d’eau et de grêle. Pendant cette ondée je repère une pile de planches, le sol est trop irrégulier pour y monter la tente, après la pluie je vais me faire une plateforme et avoir pour ce soir un sol plat comme une crêpe. 26 bornes pour cette journée et mes derniers kilomètres en mer de Botnie, la frontière géographique avec la mer Baltique n’est plus qu’à 15km. La tente montée sous un beau soleil, les orages tout aussi violents vont se succéder tout au long de la journée me valant une sieste réparatrice.

PS : J’ai surpris la mascotte en train de tremper l’une de ses crêpes perso dans la mer, quand on était en approche de la centrale nucléaire !!! « Mais qu’est ce que tu fous Jo zef ?  Tu vois pas qu’avec les radiations elle triple de volume ! ca vaut le coup d’essayer !!! »
A pluche !

Jour de repos et rencontre…

30 juillet 2012
Encore et toujours un bel accueil chaleureux, quel bonheur !!!

Encore et toujours un bel accueil chaleureux, quel bonheur !!!

L’été suédois continue de sévir, pluie discontinue toute la nuit, il parait que c’est le pire depuis quelques décennies ! Je suis en avance sur mon programme de navigation, je décide de rester là aujourd’hui. Je sens que mon corps et surtout mon esprit ont besoin de calme, de reprendre un peu d’énergie. Hier soir j’ai appris que le village était à 5km et qu’il y a avait une épicerie. Tranquillement muni de mon sac à dos je pars en balade. Des fraises des bois grosses comme des cerises que personne ne ramasse, certainement la peur d’attraper la maladie transmise par les renards. A l’Ouest une barre bleue d’azur, certainement le retour du soleil. Au détour d’un virage une biche traverse, sans se soucier de moi, la route..  belle rencontre matinale. La route semble mener à nulle part, à la première maison habitée je m’informerais. Pour l’instant tout semble vide, puis une cabane blanche a la porte ouverte. Un homme en peignoir me sourit, je lui demande si je suis sur la bonne route pour le village et à quelle distance exacte est-il ? Encore 5 bornes mais il n’ouvre qu’à 9h, je dois y aller moi aussi me dit-il. Je le remercie mais je préfère un peu marcher dans ce cadre magnifique, la pluie fait ressortir toutes les fragrances de la forêt, je m’enivre de bon matin ! Un taxi me double et ralentit, il me demande ma destination, mais je ne veux pas de ses services. Il insiste, sa cliente derrière ne dira rien, elle a un lourd déficient mental, il l’amène dans un centre spécialisé. Entre vous et moi je crois surtout qu’il a surtout envie d’avoir une compagnie, sa cliente est très agitée et je le sens un peu perdu !!! Finalement il me déposera sans me demander quoi que ce soit devant la superette, ma casquette avait l’air de plaire à la jeune fille qui n’arrêtait pas de vouloir me la chiper.
Je fais mes courses en essayant de ne rien oublier, ma liste en main je salive déjà du festin de tout à l’heure. A la caisse je reconnais l’homme en peignoir, qui ne l’est plus d’ailleurs. Il discute avec moi et me propose de me ramener jusqu’à mon camp. Lars travaille au parlement à Stockholm et semble passionné par ma « croisade ». Il me demande si j’ai contacté les médias suédois ? Je ris en lui répondant, vous savez en ce moment je ne pense qu’à une seule chose, avancer en restant entier, façon de parler ! Il me propose de le faire pour moi. Je lui laisse mes coordonnées sans trop y croire. Alors que je me prépare un petit déjeuné pantagruélique, mon téléphone sonne, une journaliste veut me rencontrer. Ce matin je ne savais pas si je reprenais la mer et me voilà avec un agent en communication qui veut faire la promo de Bout de vie ! Jana, est attentive et demain dans le journal régional, Arcticorsica sera décrit en suédois. Mais Lars ne veut pas en rester là, il est convaincu qu’il faut que ce soit du national, il s’engage à le faire pour moi, pour vous, pour nous.
Tak Lars !

PS : Jo Zef reprend du poil de la bête, le lyophilisé ça nourrit pas la mascotte et puis il a une grosse excuse avec Norra…
A pluche !

Le cap de l’ours

29 juillet 2012

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Plus je m’en approche plus la peur me prenais au ventre, le dernier golfe à traverser a très mauvaise réputation et souvent on me l’avait décrit comme un tueur. Je sais que je peux le faire mais je suis mal à l’aise. Le bivouac de hier soir était magnifique, l’un des plus beaux mais pourtant je n’ai qu’une hâte, c’est le quitter. L’angoisse est à la porte de mes pensées, je la chasse : « Pas avec moi, vous vous trompez de client chère madame ! » Je vérifie une dernière fois Immaqa et pars rejoindre ma tente. L’orage gronde, la pluie s’abat sur nous. Tant mieux elle aplatira le résidu de vagues d’Est, ce sera ça en moins à gérer. Je fais des exercices de respiration et trouve un profond sommeil. 4H30 le vent est passé au Sud-ouest, c’était prévu, mais il ne faudrait pas qu’il soit trop fort, j ai 8km à faire avec lui par mon travers tribord. Je m’saffaire et reprend ma route. Un bref passage au milieu d’un petit groupe d’îles et je me retrouve en pleine mer. Pas de houle bien-sur, le vent vient de terre, mais la côte est à 6km et l’effet de Fesch  a le temps de bien brasser la mer. Le vent pour l’instant est une brise soutenue navigable. Puis, ce que pressentais, il fraîchit ! Pour la énième fois je jette un dernier coup d’œil à mon hiloire, qu’il soit bien étanche et essai d’augmenter la fréquence des coups de pagaies. Plus les jours passent, plus mon Nautiraid 540 m’impressionne de part sa stabilité. A chaque vague il revient fier comme un corse ! Je suis vigilant et me prépare à lui donner le coup de rein s’il tentait de chavirer. J’avance vite car le vent de travers ne freine pas. 1h30 et j’arrive à rejoindre un îlot grand comme un mouchoir de poche, c’était ma première étape. En me faufilant je me glisse entre deux cailloux pour nous bloquer et me refaire une santé. Je reçois la météo qui annonce une rotation lente du vent à l’Ouest-Nord-Ouest en mollissant. Je veux y croire à cette prévision, elle serait le miracle de cette traversée. Je reprends la mer, le bout du golfe n’est plus qu’à 6km. Par expérience je me dis que le vent risque même de glisser sur le littoral et prendre une direction Ouest. J’y crois, je suis positif, mes anges gardiens m’ont envoyé ce papillon hier soir pour me rassurer, alors j’avance. Un grand récif me sert de bouclier, il bloque les vagues et le terrain me devient plus favorable. Je prends 45° Est et vise le cap Björn (Ours en Suédois). Il est seulement à 15km ! Je retiens ma respiration, je prends l’axe du vent qui m’amène droit sur le dernier promontoire de mon périple en Botnie. Je suis heureux comme un gosse, je ne veux vexer personne alors je me tais, je n’ose rien penser, mais pourtant je sens que la partie va se jouer en notre faveur. 20’ et le vent semble s’être bien calé, je tente mon carré d’as, j’envoie le cerf-volant. Il part au quart de tour, je suis propulsé droit sur l’Ours ! Je stoppe mes efforts et écoute le vent siffler dans mes oreilles, il me susurre quelque chose : « Je ne t’ai pas trop malmené, mais je t’ai mis des épreuves que tu as su réussir sans rager ou chougner, par la grâce des Dieux des vents je vais te pousser jusqu’au bout de ce golfe. Ici j’ai tué beaucoup d’hommes mais aujourd’hui le minuscule point rouge et noir passera sans encombre… » 10h30 je double le cap Björn, je hurle ma joie, je suis sur que de Luléa à Stockholm on a dû l’entendre ! Vous l’avez entendu vous aussi ! Je n’ai plus que 35km de côtes remplies d’iles  pour arriver à Öregrund qui marquera la fin de mon périple en mer de Botnie et me mettra dans un long canal débouchant sur la capitale suédoise Stockholm. Vers 12h je vois une brèche à terre, un semblant de replat herbeux. Je me fraie un passage au milieu de cailloux et trouve un petit coin pour dresser mon bivouac. Juste derrière un parking d’un tout petit
port abri désert. Une table des bancs, j’y fais mon bureau-cuisine. Je crois que ce soir je vais m’écrouler.
PS : Jo Zef et Norra se sont calés au sommet de la tente pour sécher et se remettre de toutes ses émotions.
I’m a free Man !

A pluche !

Madame je vous écris…

29 juillet 2012
Mes anges gardiens m'ont envoyé l'un d'eux...

Mes anges gardiens m'ont envoyé l'un d'eux...

Je ne garderai pas un grand souvenir de ce bivouac mais en tous les cas il m’a bien abrité et ça c’est déjà formidable. La tendance va être un vent de Sud-Est encore et toujours dans la direction dans laquelle je me rends ! Je vais tenter de rejoindre le continent 12 km en face. Je ne suis pas en forme, j’ai le moral dans les chaussettes mais je dois trouver l’énergie pour avancer. Le décor n’est pas terrible, un grand golfe avec des usines qui crachent leurs fumées. Le teint est feutré, une sorte de brume envahie la baie. Depuis mon départ de Luléa régulièrement aux abords des grandes villes d’immenses usines fabricant de papier semble me regarder passer hautainement. Leurs immenses éoliennes me rappellent l’histoire de Don Quichotte. Pour essayer de m’évader j’imagine le cycle de ces troncs d’arbres qui vont devenir papier. Le moins chanceux deviendra rouleau hygiénique dans une gare sordide, le plus chanceux sera un papier à lettre qu’un amoureux griffonnera. Je m’invente une histoire d’un autre siècle, un corsaire écrivant à une gente dame croisée aux abords du quai d’un port juste avant de reprendre la mer. Le rouleau de papier est déroulé, la plume trempée dans l’encrier il lui déclare : « Madame, si les mers m’ont fait trembler, si les guerres m’ont fait tuer, si les blessures m’ont fait mettre genou à terre, votre regard à tout jamais sera le soleil de mes ténèbres. Vous m’avez croisé sur le port, je suis, ce que certains appellent, corsaire du roi. Vous ne m’avez qu’à peine regardez mais je ne pourrais jamais l’oublier. Madame, je ne sais où le vent me poussera mais par tous les Dieux des mers et des océans, je reviendrai déposer à vos pieds la plus belle rose que je connaisse, celle de mon cœur… » Un énorme coup de sirène, je sursaute, un cargo ? La police maritime ? Non, c’est Jo Zef qui du sac étanche m’a sorti de ma rêverie. « Alors on roupille, faudrait penser à avancer ! » Sacrée mascotte, sur ce coup là elle n’a pas tort. Je reprends mon sérieux mais cette évasion mentale m’a libéré, je me sens mieux. J’atteints enfin la côte, le vent n’a pas été trop méchant, ouf ! Je cabote pour passer devant l’estuaire d’un gros fleuve, je suis rassuré qu’il n’y a pas de vent du Nord cela aurait été un sacré piège. L’eau est redevenue douce, je remplis ma bouteille ce sera
toujours ça en plus pour ce soir. Je double le cap Billskaten, derrière il y a une péninsule qui semble avoir son canal. J’espère que ça  passe, l’endroit est une fois de plus somptueux. Je m’engage dans ce minuscule canal et je suis rassuré en voyant enfin l’autre côté. Il me reste 4km avant de bifurquer au cap du golfe Lövstabukten. Le vent contourne ce promontoire mais j’ai repris du poil de la bête et augmente la cadence. Je veux passer coûte que coûte. Finalement je glisse au milieu d’un regroupement d’îlot. Je cherche des passages mais ceux indiqués sur ma carte sont envasés, même en kayak il m’est impossible de passer. Pour couronner le tout, les îlots sont des amas de grès où il est absolument impossible de trouver le moindre replat. Un bateau passe, ici ils sont rares ! Je l’interpelle et lui demande s’il ne connaît pas un coin plat. Il m’indique la seule cabane du coin, il parait qu’il n y a personne. Je découvre une sorte de pelouse naturelle absolument plate, je beach Immaqa, effectivement aucune âme qui vive. J’en profite pour faire un peu de film, je monte le camp et enfin me prend un bain dans une eau pas trop froide. Alors que je fais ma toilette, je vois arriver une barque. Aïe, je sens les embrouilles. Un couple un peu surpris de me voir là me trouve en train de barboter nu devant leur cottage. La serviette à portée de main, je joue  mon joker. Je sors de l’eau en m’enroulant la serviette comme un pagne et pars avec ma prothèse à la main à cloche pied jusqu’au banc à 5mts derrière. J’essaie de me mettre à leur place, ils ne pourront pas me virer comme ça. Je m’excuse de ma tenue et leur serre la main. L’endroit appartient à l’usine à papier et elle est prêtée gratuitement à ses employés. Ils n’y viennent que pour
quelques heures et m’autorisent à y rester. Ouf ! Pour finir cette journée alors que je me relaxe dans la tente, un papillon vient se coller à la paroi de ma toile. Délicatement je le fais se poser sur ma main qu’il ne veut plus lâcher. Je suis sûr que mes anges gardiens qui me protègent depuis le départ de ce voyage l’ont envoyé pour me rassurer sur le reste du périple. Encore un petit 26km.
A pluche !

Dans le golfe de Gavle…

27 juillet 2012
Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Une bonne nuit dans un lit douillet, cela faisait un moment que ce n’était plus arrivé. Ce matin c’est un calme très rare pour la région le vent du Nord est mort, qui va prendre le pouvoir ? Je crois que j’ai ma petite idée ! Je laisse derrière moi des gens charmants, qui ont su m’accueillir les bras ouverts, sans parler la même langue, sans la même culture, nous avons su nous accorder. Un clin d’oeil sur tous ces hommes, qui munis de leur treillis, tuent pour leur nation, leur religion, leur argent !!! Le club de kayak paddla-gastrikland.se du coin va publier un papier sur mon parcours dans la presse régionale et profiter de cette péripétie pour rappeler aux élus locaux que le canal doit être dragué. Les cartes et le GPS le donnent libre de passage ! Je repars heureux mais je sens quand même que j’y ai laissé des plumes. Je louvoie dans un labyrinthe d’îles toujours aussi merveilleuses, au bout de 3 heures j’arrive au nord du cap de la ville de Gävle, il faut que je prenne une décision. Tirer tout droit et traverser la totalité du golfe soit 15km plein Sud-est, soit bifurquer à bâbord et rejoindre un groupe d’îles en plein milieu pour ensuite rejoindre la côte sud. Je tente la traversée, mais je sens, je sais que je ne vais pas y arriver. J’essaie d’augmenter la cadence de coups de pagaie, la mer est à peine ridée par le suroît qui s’ébroue à peine. La brise me caresse le visage, la bise du condamné ! Je continue, ça moutonne, encore une demi-heure et puis on verra. Ça augmente, je ne suis pas assez frais pour finir les 10km avec le vent dans le nez. Je vous prie de croire que j’essaie toutes les techniques. J’imagine que sur la pointe en face Véro m’attend, que je trouverai là le plus beau bivouac de mon voyage, mais rien y fait. Je suis fatigué de ce vent contraire. Ok, je mets le clignotant, cap au Sud-ouest, je ne sens presque plus la brise trois quart arrière. J’arrête la cadence, je profite d’un groupe de cygnes pour me rassasier de cette mer magnifique. Je suis à vue d’un petit groupe d’îles, il y a pas mal de cabanes, c’est normal nous sommes devant  une grande ville.
Je déniche un coin caché et y monte ma tente. Le terrain n’est pas très haut au dessus du niveau de la mer, je vais rester prudent en cas de montée des eaux. Une table abandonnée est dans la forêt juste derrière, je trouve une chaise sur le terrain d’une cabane inoccupée et me fait mon bureau-cuisine, vue sur la mer. Aujourd’hui je viens de franchir le palier des 800km et je vous prie de croire que cette « croisière » m’a appris une multitude de choses indispensables à la vie d’un homme.

A pluche !

Un jour gravé à tout jamais !!!

26 juillet 2012
Immaqa chasse neige à roseaux...

Immaqa chasse neige à roseaux...

Il y a des jours qui restent gravés à vie ! Qui ne se souvient pas de la date d’un grave accident, d’une rencontre qui bouleverse notre vie à tout jamais. Ce 26 juillet 2012 sera gravé à vie dans mon âme.
En plein milieu de la nuit un orage s’abat sur nous un déluge d’eau et surtout une subite rotation du vent au Nord, je n’arrive plus à retrouver le sommeil. 5h30 je sors de mon refuge, sans attendre j’envoie mon cerf-volant. Pour l’instant je suis protégé par la multitude d’îles, mais après ! Une petite demi-heure et je commence à comprendre que je vais une fois de plus prendre une sévère leçon d’humilité. Le vent n’est pas si violent 30 à 40 km dans le bon sens, mais la houle enfle de plus en plus. Je reçois le bulletin météo, cela devrais se calmer en fin d’après midi. Je poursuis, je n’arrive plus à avaler ma salive, je suis tendu mais je ne le dois pas. Je dois rester concentré ! La houle déferle, les rouleaux me doublent comme des TGV, il ne faut absolument pas que je me mette en travers. Le kayak est très lourd ce n’est pas un jouet de plage, je pagaie avec les oreilles toutes tendues. Je sais qu’à 15 km devant moi je passerai à l’abri d’un nouvel archipel, mais il faut y arriver. Cela fait deux heures que ça remue et depuis quelques instants la houle a encore pris du volume et commence à déferler de manière inquiétante. Soudain j’entends un bruit sourd monstrueux, je sens la catastrophe arriver, trois vagues successives  de trois mètres me prennent par la poupe. A la première je monte d’un étage, elle déferle je ne dois pas tomber dans son lit. Le cerf-volant prend une rafale, il fait un piqué vers la mer, s’il tombe à l’eau je suis foutu, ces suspentes vont s’enchevêtrer dans mon safran et je ne pourrai plus le diriger. Un miracle il frôle la crête d’une lame et repart vers le ciel tout aussi vite. La deuxième me projette comme un vulgaire chiffon, la troisième me submerge, mais Immaqa tient le cap. Je me retrouve dans une mousse d’écume, je suis encore de ce monde. Je poursuis de toute façon je n’ai plus le choix. Devant moi une barre blanche, c’est la passe que je dois franchir, mais par quelle « porte » passer ? Le cerf-volant me maintien bien mais je dois trouver l’issue de ce cauchemar ! J’écarquille tout grand mes yeux, je sais que je peux passer, j’ai étudié la carte hier soir. Il n’y a plus que cinq mètres d’eau en profondeur, je suis sur un manège grandeur nature, je décèle un trou, une passe de 10 mètres de large pas plus, je m’envole, je n’ai jamais été aussi vite de ma vie, 12km heure !!! Finalement je retrouve une mer calme et un vent portant. Je poursuis ma route, double quelques îles et le vent qui devait tomber ce soir faibli d’un coup, je continue sud, je ne veux pas laisser l’opportunité de louper une telle aubaine. 13H45 je rentre dans un chenal qui me fera couper un immense cap qui doit être bien secoué en ce moment. Le boyau se resserre, je sens un truc bizarre, comme si il allait se passer encore quelques choses ! Je passe une cabane qui m’annonce qu’il n’y a plus de passage !!! Non je ne peux y croire, têtu comme une bourrique j’avance, Immaqa devient un chasse neige à roseau. Je me retrouve coincé, empêtré. Mais ce n’est pas possible ça n’en finira jamais alors ! Je tente de m’approcher du bord, je sors du
kayak, de l’eau jusqu’à la taille. Ce n’est pas grave, ce n’est pas le moment de se plaindre. Je trouve un talus avec une route en terre. Je vide l’eau des bottes et de la prothèse et cherche la solution. La seule, un portage. Je retourne démonter mon barda une fois un peu allégé, je le tire jusqu’à la rive, je fais des allers et retours avec tout mon matériel, le terrain est escarpé, je tombe sans gravité. Je me gueule dessus : « Reste concentré Frank ! Concentré ! » Une fois tout monté j’entends une voiture arriver, un vieil homme ne parlant pas anglais me vois trempé au bord de son chemin. Il me baragouine des trucs que je ne cherche pas à déchiffrer et s’en va. Je continue de toute façon je n’ai pas le choix. Une fois tout monté, je cherche comment faire pour passer Immaqa sans le blesser, même à vide il pèse 48 kilos pour 5,40mts de long. Un jeune homme arrive à pied, il parle anglais c’est son père qui l’a appelé. Il sourit avec le flegme et la sérénité suédoise.  Il me demande de rebrousser chemin avec mon kayak vide, cela devrait passer facilement puis me récupérera. Je me retrouve devant sa ferme, sur une pente douce d’herbe. Immaqa est hissé à terre. Une grosse remorque agricole va le transporter. Nous passons récupérer mon matos sur le bord de la route pour faire les 1300mts de morceau de canal que la vase et les roseaux ont envahi. J’arrive sur le terrain d’une autre ferme, le propriétaire m’accuelle le sourire aux lèvres. Je décharge tout  ; le voisinage est au courant et me rend visite, la presse locale aussi, j’en ai le tournis. Je remets tout en place quand l’homme me demande où je pense passer ma prochaine nuit ? Je ne sais, et lui désigne l’îlot en face : un tas de cailloux. Il me dit que je pourrais dresser ma tente dans son jardin, puis malgré un faible anglais, il me pose des questions, puis me propose une cabane qui lui sert de débarras.
J’accepte à leur manière, sans joie exagérée, puis revient en me demandant si je veux bien diner avec lui et sa femme. Ils ne roulent pas sur l’or ce sera des patates, des œufs durs, un peu de harengs et des tartines beurrées. Toujours tranquillement, il m’indique que si je veux je peux prendre une douche chaude.
Ce soir je suis assis devant ce canal paisible, Immaqa est déjà chargé, demain je reprends le large.
I m a free man !
Jo Zef en comptabilité on en est où ? 48km plus 1300 en tracteur !!!
A pluche !

Une belle journée d’été !

25 juillet 2012
L'accueil chaleureux d'une suédoise chez qui je ferai le plein d'eau.

L'accueil chaleureux d'une suédoise chez qui je ferai le plein d'eau.

Hier soir en me dérouillant les jambes j’ai découvert de grands murs en pierre sèche ainsi qu’une sorte de cercle fait avec des pierres d’au moins 1 tonne pièce, peut-être un ancien camp de viking ! Le vent est vraiment devenu une faible brise de sud et je peux vous dire que j’en suis ravi. La mer est d’huile, je me sens observer ! Une bouille à moustache détaille le kayak rouge et noir qui passe. Le quatrième en 700km cela n’est pas beaucoup, la race est en train de disparaître, jusqu’à il y a peu on avait le droit de les chasser. J’arrive sur un presqu’île si proche du continent que le passage ne fait que 8mts de large, un pont de bois l’enjambe. Des cabanes de chaque côté, le lieu est un paradis pour qui aime la nature et la quiétude. Je trouve une plage de sable blanc avec une table et des bancs, c’est le départ d’une randonnée pédestre qui permet de découvrir cette île sauvage. Je savoure mon café.  Le soleil brille est la température frise les 23°, l’été serait-il scandinave aussi ? Je poursuis ma navigation, il ne me reste plus que 3litres d’eau potable, il faudrait que je fasse le plein. Les maisons sont vides et je ne veux pas m’y aventurer comme un délinquant. Je trouverais bien quelqu’un quand même ! A la fin du canal, une dame est dans son jardin, je l’interpelle, elle vient à ma rencontre. Sans aucune hésitation elle accepte bien volontiers de me pourvoyer en eau. Mais avant nous nous présentons brièvement. J’attends patiemment qu’elle revienne, en plus de l’eau elle reviendra avec une tasse de café et un polar kaka skinka (Galette moelleuse avec beurre et jambon), je ne sais comment la remercier. Nous parlons, nous échangeons mais je dois repartir, ma journée n’est pas encore finie. Elle me sert chaleureusement la main et me lance : « Take care » qui me touche énormément. « Hej da Catarina Tack ! »
Je crois que je réalise la plus belle partie de mon voyage aujourd’hui, je navigue dans une myriade d’îles plus belles les une que les autres. J’en croise une qui ne doit pas dépasser les 100m2 et qui a une mini forêt. Un paradis à  kayak, j’en croiserais 3 qui me salueront de très loin. Je suis serein, cette belle rencontre plus la beauté du paysage, me remplisse de bonheur. Au détour du cap, je stopperais ma journée mais encore faut-il que je trouve un terrain plat. Une toute petite île me semble acceptable, j’accoste et y trouve un bon replat un peu caillouteux. En face une autre île un peu plus grande, je vois un homme qui semble m’observer, je suis à 200m de chez lui, je traverse pour lui demander l’autorisation. Un kayak est sur son ponton et de suite le courant passe. Il n’a jamais vu de Nautiraid qui pourrait être l’équivalent d’un camion du Paris-Dakar par rapport à une C1 ! Je lui demande la permission qui est de suite acceptée mais il demande à voir ma carte. Là-bas à 200mts tu as encore une autre île avec une plage de sable fin, tu seras mieux que sur ce tas de caillou. Encore une belle journée pour marquer ma quatrième semaine depuis Lulea. Sur un tapis quasi indécent de lichen et de mousse je dresse le camp, j’ai l’impression d’être sur un matelas plein d’air, ça change des derniers jours où l’on dormait sur de la « caillasse » . Un petit 27 km avec une brisette de sud dans le nez, c’est pas mal pour un handicapé !!!
PS : Norra apprend le suédois à Jo Zef, il m’impressionne ! « When arriven korsiken, pour crepen soiren ? » Chu pa sur que c’est du suédois !!!
A pluche !

Une journée de forçat de plein grès…

24 juillet 2012
Immaqa explorateur de petit paradis...

Immaqa explorateur de petit paradis...

Çan’a pas arrêté de la nuit, au fond de moi j’essayais de me raisonner. Si c’est trop fort on ne part pas, et puis c’est tout ! 4h30 cela fait un moment que je tourne dans mon duvet, je sors et traverse les 20mts d’île pour voir la mer. Le sud est encore là, 20 à 30km/h, c’est bon je ne pars pas ! Je rentre dans mon refuge, tout est bien rangé comme d’hab, il ne me reste que le duvet et les matelas de sol à plier pour être paré ! Et si je tentais jusqu’à la prochaine île en face, 6 petits kilomètres. Ok, mais si c’est trop dur on fait demi-tour. 5h30 je contourne la pointe de « mon » île et prend cap au sud, c’est un peu sportif mais ça passe pas trop mal, j’ai envie de crier ma joie d’être sur l’eau, alors je hurle !!! Fada, le mec, oui, mais juste un peu ! Deux heures pour atteindre les voisins, encore et toujours un magnifique endroit. J’en profite pour une pause, je me mouille les avants bras, l’eau est bien glacée, elle doit faire à vu de nez 14°. Puis j’essaie l’île d’en face, si j’y arrive ce sera le continent et plus le large.
Encore deux heures, je ris, je parle à haute voix, je chante. C’est dur mais cela a un sens, je suis vivant. Je l’annonce aux sternes arctiques qui me survolent, elles braillent un coup, elles aussi sont belles et bien en vie ! Un autre break. Et un café avec des canistrellis, je m’étire, je respire profondément et reprends ma route. Après le cap, j’arrête, trop dur le sud qui freine mon chemin ! Je déjeune et m’accorde une micro sieste, je m’écroule littéralement, 15 ‘ et je sors du coma, pour être de nouveau  d’attaque. Et si je tentais en face, ce n’est pas trop loin et puis il est un peu de travers le vent, pas trop, mais quand même. Ok, 9 heures que ça dure, prochain bon coin j’arrête ma « kayakerie ». Un truc que tu ne vois que dans tes rêves, une passe de 60 cm de large qui donne sur un mini lac truffé d’oiseaux. Plus un bruit, plus un souffle, je vais jusqu’à son extrémité et pars à la
recherche d’une bonne planque pour monter notre bivouac. Des millions de fraises grosses comme des cerises, les premières framboises. Le rêve, non ? Au secours, c’est un repaire de taons, des dizaines qui viennent bouffer du corse en vadrouille. Je dois battre en retraite et vite m’enfuir, encore une dernière rafale de grosses fraises et taïaut !!! Je râle, je commence à sentir un peu de fatigue. Bon je n’ai plus le choix, faut avancer. Encore un cap et il y a une baie très fermée mais en plein vent, ça devrait calmer les suceurs de sang. Enfin j’arrive, je pose Immaqa, trouve une minuscule place pour monter la tente et savoure cette incroyable journée de labeur-bonheur ! Pour finir en beauté je me baigne dans cette eau revigorante qui me fait oublier cette journée de forçat.
Mesdames et messieurs les compteurs, 30km contre le vent.
A pluche !

Croquer la Vie !!!

23 juillet 2012
Aujourd'hui le vent avait l'accent du sud !

Aujourd'hui le vent avait l'accent du sud !

Hier en arrivant sur cet îlot perdu je m’y suis de suite senti bien. Physiquement je suis en pleine forme mais mentalement j’avais besoin d’une vraie coupure, les deux derniers caps franchis m’ont usé. Je ne disais rien mais n’en pensais pas moins. Le sud complice de la mer de Botnie m’ont fait ce cadeau : m’empêcher de reprendre la mer ce matin. Une île sans cabane, sans personne, moi et la nature. 4h44 je sors de mon refuge de toile, Immaqa est bien amarré et la bâche le protège de cette forte pluie. Un coup d’œil vers le sud, les moutons sont déjà au rendez-vous. Je repars me coucher. 6h38 le « sms météo » de Véro arrive, je ne regrette rien. Je paresse, ça fait du bien. 7h petit dej et enfin la pluie cesse. Je repars à la « chasse » aux fraises ! Des myrtilles seront dans mon axe de tire, pas de quartier ! Une journée de repos sans forcer le mental, sans remise en question permanente. Je m’occupe de moi, décrassage, lavage des affaires. Je trie les sacs étanches de nourriture et attaque un bon ménage de mon Nautiraid. Je vis au ralenti, je discute avec quelques sternes toujours aussi curieuses. Je me confie à la mer, je jette un coup d’œil au cap dépassé hier, ça ne doit pas être bon aujourd’hui en kayak là-bas ! Je me remémore le parcours déjà effectué sans me prendre au sérieux. Je déplie la carte de Scandinavie, ça fait un bon paquet de kilomètres déjà, je suis un peu fier, mais je sais que le dois aussi beaucoup à la chance. Je visualise la route qui me reste à faire, je serais plus protégé, plus d’îles et beaucoup moins de grandes traversées !?! Je ne suis plus qu’à 150km de la mer Baltique, l’eau jusqu’à présent presque douce prend un gout plus salé et surtout, oh désolation, plus souillé. En 700km je n’ai pas vu un plastique, un déchet aussi bien sur l’eau que sur les rives. Un coup de chapeau aux limitrophes de la mer de Botnie. Les finlandais et suédois ont une rigueur implacable et leur mer est vierge de toute « saloperie » en plastique. La Baltique, elle, est bordée de pays de l’ancienne URSS et le rejet en mer n’est pas un problème, les usines n’hésitent pas une seconde à  vidanger leurs cuves en mer. Le phoque gris est en train dedisparaitre et le poisson se raréfie. Voilà un point que je me dois de dénoncer. Une fois de plus l’homme ne réalise pas à quel point notre survie ne tient qu’à une seule règle, protéger son environnement sinon nous disparaitrons. L’arbre doit exister depuis environs 250millions d’années, l’homme depuis combien d’années ? Je souris une fois de plus à quel point nous nous prenons pour l’être suprême et indispensable. Une forêt qui meurt c’est un peu de notre avenir en moins. Les natifs Nord-Américains disent que la terre ne nous appartient pas elle nous a été prêtée par nos enfants. Vous voyez je pars dans mes réflexions, pas de parasite pour m’aveugler, je suis, donc je pense ! Le soleil revient nous voir, ici il n’est que de passage. Le feu me réchauffe et le vent siffle, et si je lui jouais un air d’harmonica ? Demain ? Je ne sais pas, c’est trop loin ! Maintenant c’est mieux. Hier ? Je ne m’en souviens déjà plus ! La vie est plus forte que tout, une seconde de perdue, c’est une insulte à celui qui nous a offert ce bref passage sur terre. Vivons dés maintenant. Dieu que c’est bon de respirer, de rire, de pleurer. Merci la vie, promis je te croque en entier !
PS : A chaque fois que je ne prends pas la mer, Véro m’envoie vos messages de soutien. Un grand merci à vous tous fidèles amis et lecteurs, je suis très touché. Un grand merci depuis le grand Nord.