Le col Simplon…

17 septembre 2012
Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien...

Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien au sommet du col...

A peine sorti de la ville de Brig la route prend du dénivelé, je sais que ce sera long et difficile. Je m’efforce de ne pas y penser, aujourd’hui je dois me moquer du kilométrage pour me concentrer sur cette ascension. Je redoute les blessures, tout est réparé, cicatrisé, ça passe ou ça casse ! Le pourcentage est déjà bien engagé, je me cantonne sur une fréquence de pédalage moyenne, je ne dois pas me mettre en surchauffe. La vitesse est faible, 6,5km/h, un panneau indicateur me nargue, il indique le sommet du col à 24km. Le moignon n’est plus blessé donc plus douloureux, le tendon d’Achille est comme neuf et le genou gauche n’a plus envie de se faire plaindre, le bonheur ! Un cycliste hier m’a fortement conseillé d’emprunter la route cantonale, (l’équivalent de la nationale en France), elle est plus fréquentée mais plus régulière. Je suis ces conseils, à ma grande surprise peu de monde en cette matinée de septembre me double. Prudent, tous les quarts d’heure j’avale une gorgée d’eau mais lâcher le guidon d’une main à cette vitesse devient un exercice de cirque. Mon premier arrêt au bout d’une heure, je récupère bien, il ne me semble pas de trop forcer. Je reprends ma « pédalerie », le rythme s’installe et je peux me permettre de rêver. Les jambes montent mon corps, mon esprit, lui balade vers le sud. Je sens une voiture qui ralenti derrière moi, Marlène, Gilles et leur fidèle Taïko ont tenu leur promesse. Ils ont laissé leur gîte de la Lourantze pour venir m’accompagner. Gilles prend ma caméra pour fixer quelques images mais au prochain parking je vais m’alléger de mes lourdes sacoches. Oui je sais,petit joueur le Frank mais entre vous et moi , je veux arriver entier ! Je reprends la route mais il me semble voler, 17kilos en moins cela fait une franche différence, je me sens nu mais quel bonheur de grimper sans crainte de blessure. De 6,5 je passe à 10km/h, je papillonne. Le col n’est plus qu’à 11 bornes et je me suis bien habitué à cette cadence. Les tunnels abris avalanches se succèdent et les travaux avancent avant le retour de la neige, je zig-zag entre les plots. Finalement le Simplon montre le bout de sa chemise, j’en vois son col ! 2h45 pour atteindre les 2005mts d’altitude, le point culminant d’Arcticorsica. Mes amis m’attendent, nous immortalisons l’instant par quelques photos et pour fêter cela nous nous installons au café du coin pour une grosse part de tarte à l’abricot bien méritée. Je remonte tout mon barda, je suis soulagé que cette partie du raid se soit très bien passée. Il est temps de se dire au revoir, ce n’est pas un adieu, le Valais et ses habitants me ravissent et je profiterais de la première occasion pour y remettre ma prothèse. Je file à grande vitesse vers l’Italie, je suis grisé de cette longue et belle descente, mais je reste vigilant, la route n’aime pas les insouciants. Je passe la frontière transalpine sans soucis, les douaniers italiens ne s’inquiètent pas trop de mon passage. Je ne veux pas être trop gourmand, je stoppe ma journée de vélo à Domodossola, mon compteur affiche 65km avec un grand col alpin franchi. Bien-sur la machine à cogiter tourne plein pot, environ 500km avant Piombino, j’évalue, j’anticipe mais ma conscience me rattrape, il n’est pas bon de penser trop en avant, juste le moment présent est important.

Il y a deux sortes de temps : Il y a le temps qui attend et le temps qui espère… Jacques Brel

A pluche !

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Terre valaisane, terre d’amis…

13 septembre 2012
Les Alpes soupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Les Alpes saupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Il m’est difficile de réaliser que je suis arrivé en Suisse romande pourtant ce n’est pas un rêve mais bel et bien une réalité. Une nuit sous un toit d’amis change les données, le partage, les retrouvailles, un pur bonheur. Ce matin je pars pour plus de 100km de route mais cette journée sera bien différente des autres ! Pour commencer, Maurice voisin de mes hôtes Juliette et Alex, passionné par le cyclisme, à ma grande surprise a sorti son vélo pour m’accompagner sur un bout de chemin. Plus de carte à contrôler je n’ai qu’à suivre. A Vevey on se dit au revoir et je poursuis. Au bout du Léman je fais une pause café, les montagnes sont saupoudrées de blanc, l’automne semble vouloir prendre sa place. Je vois que la presse romande est lue, une dame me félicite pour mon parcours sans que la connaisse. Le vent est dans le bon sens et il prend de la force, je suis la piste cyclable qui, à la différence des allemandes ou alsaciennes, est super bien indiquée. J’ai un rendez-vous dans quelques kilomètres alors je ne veux pas perdre de temps. Trop de pommiers pour ne pas être tenté, j’en chipe une, mais de la haut on m’a vu et l’on me puni ! Je perds ma veste de pluie, vert pomme ! Je peste, je râle, c’est inadmissible, dans un coin isolé égaré ce type de vêtement pourrait être fatale. Il faut que je reste concentré mais je sais ce qui m’attend ce soir, j’en perds les pédales ! Au nord de Martigny, je m’égare, tête en l’air, le cabochard aujourd’hui !!! Par téléphone je retrouve mes potes, que d’émotions, puis des autres arrivent. Je suis aux anges. Alex, Ricky, Yves et sa compagne m’escortent. Crans-Montana comme éclaireur, un sacré privilège. Ils retrouvent la piste et vent dans le dos nous filons vers Sion. On papote, on échange, je ne sens même plus les kilomètres parcourus. Le voyage partagé, c’est un peu comme faire un gâteau pour les personnes qu’on aime. « C’est Jo Zef qui m’a soufflé cette comparaison ». Ce soir je suis hébergé par d’autres amis, alors on m’accompagne jusqu’au moment où par hasard Gilles et son fidèle Taïko nous doublent en voiture, plus besoin de chercher l’adresse il n’y à qu’à suivre. 107 km de bonheur pour arriver au nord de Sion, l’équipe de Crans-Montana me laisse, on se reverra samedi pour une belle soirée en perspective. Gilles me loge dans sa maison d’enfance et repartira ce soir pour son refuge au lac de Tseusier. Vous allez vous dire : mais il va encore être seul , l’aventurier à cloche pied. Eh ben NONNNNNNNNNNN !!! Ma princesse arrive et ce soir après plus de trois mois d’absence nous allons enfin nous retrouver. Vous avez bien compris que demain matin je ne reprendrais pas la route, un long week-end en perspective pour un finish en beauté, comme l’île !!! Demain matin nous monterons au magnifique alpage du Rawil et Gaby ancien stagiaire de Bout de vie fera le déplacement, si cela vous tente vous êtes les bienvenus. Le lien du gîte de la Lourantze.

PS: 4300km  en trois mois depuis Mehamn pour arriver en Valais, les mascottes se demandent si en avion on n’aurait pas fait plus vite !!!

A pluche…

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

La liberté et ses limites…

12 septembre 2012
12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

12 juin départ de Sletness, trois mois déjà!

Jour de repos, si on peut dire, les grandes villes m’usent plus qu’elles ne me ressourcent. Ce qui est sur c’est que je ne suis pas en selle et mes jambes se reposent un peu. Alex m’a organisé une rencontre média, la suisse romande est toujours friande de mes aventures. Puisque je suis en stand by je vais essayer de répondre aux questions de Jean-Luc. Liberté où est la limite ? Un vaste sujet défendu depuis la nuit des temps. Si hier j’ai fait cet arrêt devant ce palace où j’avais donné une conférence il y  a deux ans, c’est juste par curiosité. Curieux de voir que j’avais été reçu en « héros » pour débattre du dépassement de soi, au petit soin, toutes les meilleures attentions m’avaient été apportées. En arrivant avec mon vélo poussiéreux et surchargé, les agents de sécurité de l’hôtel ne pouvaient se permettre de laisser ce nomade devant leur établissement de luxe. L’apparence défini de suite la personne. L’enveloppe a plus d’importance que le contenant. La limite n’est qu’une question d’habit et de présentation. Libre, oh, oui !  En connaissant la faiblesse et la limite des gens  on peut s’en servir à bon escient et devenir un électron LIBRE. Liberté de ne pas être dépendant de cette sorte de « luxe » car un 5 étoiles à mes yeux n’a pas la qualité d’hébergement qu’aura une plage isolée du golfe de Botnie. Libre de pouvoir choisir est le plus grand luxe qui existe à mes yeux. Pour le sujet de la Birmanie, la fin d’une dictature a son revers de médaille. Pour l’opprimé oriental, l’occident représente le must de la liberté et ses produits sont synonymes d’évasion. Si la grande marque US de soda va s’implanter ce n’est pas pour apporter de la liberté au birman mais pour créer le besoin et la dépendance. Le sucre rassure autant qu’il empoisonne le corps. La limite de la liberté est sur le fil du rasoir, déguster un hamburger en Asie pourquoi-pas, en devenir adicte, là est le danger ! Il est rassurant de parcourir le monde et manger pareil d’Istanbul à Pékin, les fast-foods, de dormir dans le même confort de Manille à Buenos-Aires, les grandes chaînes d’hôtels, de regarder le même programme TV dans sa langue, je ne parle pas d’Internet qui robotise une grande part de la jeune génération. Tout a sa limite, à chacun de la trouver. Liberté de pouvoir s’en passer comme le fumeur qui stoppe du jour au lendemain. La Birmanie va bénéficier d’un grand rush des trusts du monde entier qui vont amener leur part de « rêve » mais le revers de la médaille va une fois de plus être violent. La liberté c’est de savoir se passer de l’indispensable. Une retraite en terrain isolé fait apprécier le retour au « confort ». Le black-out d’une ville fait redécouvrir à l’urbain la joie d’une veillée, le manque de pitance ne permettra plus au consommateur de mettre à la poubelle de la nourriture encore comestible. Le tout est de savoir naviguer entre les deux. Mes réflexions se font au fil de mes rencontres et ce qui me sidère le plus dans des « soirées people » où je croise ceux qui font rêver le monde, c’est que ces gens là sont accrocs de la surconsommation. Quand la conversation s’engage autre que sur les apparences, le refrain est toujours le même : Frank ta liberté me fait rêver ! Le public qui pense les connaître par le biais du petit écran ou des magazines les considère comme des images de référence, alors que pour beaucoup détresse est compagne de voyage… La frontière de la liberté est une sacrée route sinueuse ouverte à tout le monde, dans son sac de voyage prévoir un miroir pour se regarder dedans droit dans les yeux, une trousse à pharmacie avec beaucoup d’arnica pour réduire les hématomes abondants sur ce chemin et un lexique du lâché prise indispensable… Pour finir ma bafouille perso avec JL, les tee-shirts sont usés, fatigués mais toujours aussi beau comme l’équipe Arcticorsica !!!

Par ce billet je voulais aussi faire un au revoir au cuistot du bateau la Galiote. Depuis 9 ans, Bout de vie, grâce à la vedette de plongée de Guenther, organise la semaine de stage plongée. Les repas soignés étaient conçus par Rudy alias Astérix, il a décidé de rejoindre les cieux. Sa liberté avait été emprisonnée par l’alcool qui a eu raison de lui. Du bar du ciel il nous regarde. Une pensée à l’équipage de la Galiote…

A pluche !

Lausanne…

11 septembre 2012
Lausanne sous la pluie...

Lausanne sous la pluie...

Ne jamais se fier aux amis même proches pour vous donner des infos sur les dénivelés en vélo !!! Je ne donnerais pas de nom !!! Je me doutais bien qu’il était impossible qu’il n’y ait que du plat jusqu’au bord du Léman. Alors que je range mon bivouac les biquettes tentent de m’escroquer quelques bricoles à grignoter. Va pour un biscuit chacune ! La campagne est apaisante, et je file droit vers le sud, cela devient un rituel. Je passe la ville charmante d’Estavayer-le-lac pour me diriger vers Yverdon. Première surprise du jour une côte assez sportive en guise d’expresso. « Je le savais » pourrait être le refrain de l’hymne Arcticorsica. La piste cyclable 5 qui traverse la Suisse me donne Lausanne à 75km, la nationale, elle est à 55km. Mon choix est fait, goudron, camion on roule comme des avions ! Ouais, bof pour la rime ! Je me fais un  petit tour en rond dans Yverdon, ça aussi cela devient un rite dans les villes imposantes. Finalement je retrouve ma nationale et un long, très long dénivelé. Je monte entre 7 et 9 km/h, le vent au fil de ma grimpette devient violent, j’ai l’impression que quelqu’un d’invisible me tient le front pour ne pas que j’avance. 12 bornes à suer mais j’avance vers mon destin, alors je mouline. Je n’arrive toujours pas à réaliser que je suis proche de plein d’amis, cela me semble impossible. J’allume mon « natel » (portable en romand) et les SMS se succèdent, c’est bon les potes… Je fais abstraction de la fatigue et du cumul des mois passés, je veux arriver au plus vite dans la capitale vaudoise. Je rentre par le nord de la ville et je recherche l’auberge de jeunesse où je vais me poser. Je passe devant un palace luxueux où j’avais donné une conférence il y a une paire d’années. Je tente une expérience ! Je traverse la route à contre sens et me pointe devant l’hôtel de prestige. Du personnel abonde pour aider les riches clients à sortir leurs paquets des taxis. Un homme en costume de parade me demande expressément de ne pas rester là, je sens que je dérange. Je connaissais déjà la réaction du groom, cela me réconforte dans mon choix de vie, être libre c’est choisir ses contraintes. J’allume mon GPS et tombe nez à nez avec mon guest house. Je suis à Lausanne, c’est incroyable. Je vais faire un break demain et profiter de la ville pour effectuer quelques taches pour la suite des événements. En face, les Alpes, dans quelques jours je vais m’attaquer au col de Simplon mais pour l’instant je suis le pied dans le lac Léman. Pour finir mon journal de bord je voudrais juste vous faire partager ceci.  Ce matin au poste j’ai écouté les infos : Fin de la dictature en Birmanie ! Bonne nouvelle ! Coca cola va pouvoir s’implanter sur le territoire ! Les birmans sont libres, ils vont pouvoir avoir du diabète et des cancers sournois comme les occidentaux !!!

PS : Jo Zef poursuit ses leçons de langue à Norra. Ils sont en cours intensif de suisse romand : Fondu, raclette, croute, bec, septante, nonante et pour finir en beauté, becs.

Saluuuuuuuuuuuuuut et à pluche !

La route des trois lacs…

10 septembre 2012
Le lac de Neufchâtel en mode estivale.

Le lac de Neuchâtel en mode estivale.

Comme un métronome je démonte mon bivouac, malgré les dires je ne m’attends pas à une journée « sans dénivelé ». La Suisse le plat pays, ça se saurait, non ? Je prends une voie cyclable qui mène à Biel, le brouillard semble vouloir me cacher une barre d’immeubles sur ma droite, seul le massif du Jura m’observe. Un renard croise ma « pédalerie » un champ de maïs sera son maquis. J’arrive dans la grande ville juste à l’ouverture des magasins, il va falloir remplir la cambuse. Toujours le même dilemme, prendre juste ce qu’il faut, chaque gramme a son importance. Je m’offre un café expresso enfin serré, le premier en trois mois ! Protéines, sucre lent et légumes, j’ai de quoi tenir midi et ce soir, « yakapédaler ». Je remarque que les cyclistes font des arrêts en station de carburant pour vérifier la pression de leur pneumatique, je vais les imiter, ma pompe à main n’a pas de manomètre, je fais ça au petit bonheur la chance ! Première pompe je m’arrête pour faire le plein d’air. L’hôtesse de caisse doit me remettre les embouts, mais son Iphone est plus important que le reste du monde, le virtuel règne sur le réel quotidien. Je lui demande si la boite est complète mais elle absente. Pauvre fille elle a rejoint le camp des drogués du net qui grandit de jour en jour. J’essaie tous les embouts mais aucun ne vont, cela me gonfle mais pas mon pneu ! Je renonce, « l’Iphoneuse » sort fumer sa « clope », ok pour elle il n’y a plus rien à y faire. Je lui rends sa quincaillerie et prends ma pompe perso, il me semble que le pneu arrière est un peu dégonflé mais ce n’est même pas sur.1100km de kayak dans les bras je crois que j’ai la puissance pour forcer sur le piston, mais à vouloir toujours mieux on récupère le mauvais. Patatra la valve qui reçoit mes coups de pompe s’arrache de la chambre à air. Un pfeuuuu magistrale m’informe que je suis en avarie !!! Il m’en faut plus pour m’énerver. En deux temps trois mouvements je décroche les quatre sacoches et retourne le vélo, la roue démontée je change ma chambre à air, gonflée avec ma pompe à main. J’en suis toujours au même point ! Ai-je assez de pression derrière ? Je m’en occupe plus désormais, l’histoire m’a fait perdre une bonne demi-heure et beaucoup d’énergie. Je quitte le lac de Biel pour rejoindre celui de Neuchâtel, mais deux bosses m’attendent les bras ouverts, 200mts à 10% et 150mts à 14%, je savais bien que j’endosserai le maillot à pois rouge. Enfin j’arrive sur le bord du deuxième lac mais la route décide de prendre de la hauteur, j’en profite, on aura une belle vue. La température monte à 27° et les heures ont passé, je ressens la fatigue. Dans un village je croise un couple de cyclorandonneurs bien chargé. On fait route ensemble et malgré que leurs vélos soient moins lourds que le mien je constate qu’ils ne tiennent pas ma cadence. Je peux vous dire que ces « petits riens » me redonnent du peps. Je sais, un poil cabochard l’unijambiste ! Au 85éme kilomètres une ferme-camping, je vais voir comment est le lieu. Coqs, chèvres, moutons comme voisins me changera des campings cars que je n’arrive plus à supporter. Je suis accueilli comme j’aime, en toute convivialité. Un groupe de jeunes arrivent en vélo avec des profs de gym, je suis dans le canton de Vaud et le sport roi est le hockey sur glace. En 5’ ils ont compris que l’ancien coach mental du GSHC était de passage… Je monte ma tente et pars sur les bords du lac pour une longue baignade en eau presque fraîche. Séance d’étirement aquatique et je m’endors comme une souche en guise de sieste… Je ne suis plus qu’à 60km du musée olympique de Lausanne…

PS : Jo Zef explique au coq au moment où je vous écris que s’il fait son chant avant 6h demain matin on saura où trouver de la protéine pour le déjeuné de demain midi !

A pluche !

Le 4000éme kilomètre enfin franchi…

9 septembre 2012
Peter et Mickael, duo improbable pour rejoindre Aigues-Mortes...

Peter et Mickael, duo improbable pour rejoindre Aigues-mortes...

Un bon p’tit 8° pour se remettre en jambe, je reprends la route du canal en me croyant sur la voie royale jusqu’à Bâle. Effectivement cela parait idéal, enrobé parfait en ligne droite vers le sud. Je me chauffe en faisant tourner les jambes sans forcer, petit plateau, je mouline. Je suis seul, la campagne alsacienne semble encore endormie. Un écureuil atteint certainement de « dinguotte » me précède en cavalant comme un dératé plutôt que de se jeter sur un arbre. Je tiens le rythme mais il doit s’avouer vaincu, il se pose sur ses fesses et me regarde passer. Quelle mouche l’aura piqué ? La piste passe par un pont sur l’autre berge, le canal devient celui du Rhône au Rhin mais semble abandonné. Les écluses sont ouvertes et des arbres morts gisent en pleine eau. La piste vire sur ma droite à 90°, bizarre ! La seule carte que je détienne est sur mon appareil photo qui par ce froid n’a plus de batterie. Je pédale 2km et m’arrête, ma grande carte m’indique que je fonce vers Mulhouse ! Deux dames en VTT, une aubaine. Je suis comme je me doutais sur le mauvais chemin. Je les suis jusqu’à une bifurcation qui doit m’amener à un village pour rejoindre le bon chemin. J’en ai marre de ces pistes cyclables qui ne figurent par sur les cartes routières que je possède et qui partent sans indication dans les directions opposées. Juré, dés que je suis sur la départementale je ne la quitte plus, en oubliant ce cauchemar de piste cyclable du Rhin si « romantique ». Je suis en pétard contre les ingénieurs intellectuels qui ont pondu ses voies sans avoir jamais mis leur cul sur un vélo. J’ai la rage, mais ce n’est pas bon, je perds bêtement mon énergie. La piste que je dois emprunter est défoncée et pendant 3km j’angoisse pour mon vélo tellement chargé. Finalement me voila sur la départementale vide de véhicule, je jubile ma carte me donne exactement ma position et enfin je n’ai plus la boule au ventre de me bouffer du kilomètre en plus. Deux allemands me rattrapent, l’un en VTC et l’autre en Solex. Je me mets dans leurs roues pour prendre l’aspiration. Nous roulons à un super rythme et l’effet de groupe une fois de plus me motive. A un carrefour nous commençons à faire connaissance. Peter et Mickael se dirigent vers Aigues-Mortes en Camargue, ils sont partis de Francfort. Ce duo improbable est surprenant, l’un en vélo l’autre en « pétrolette », l’année dernière ils avaient tenté la même aventure ; mais à Lyon un chauffard devait faucher Mickael et lui fracturer le bras. La route me fait toujours rencontrer des gens attachants et même par des journées noires ces personnes me remontent le moral. A midi tapante je trouve une table et des bancs à l’ombre, ils continueront leur route. La température monte à 27° avec un grand ciel azur, j’aime ce temps là car dès que je roule l’air frais annule la canicule. Je croise deux anglais, leurs vélos est muni de toutes petites roues, ils montent vers Rotterdam, finalement je ne suis pas le seul farfelu dans la région. A la frontière suisse je fais un stop au supermarché du coin pour mon diner et le casse croute de la journée de demain. Une dame  intriguée par ma dégaine me guidera pendant quelques kilomètres. Le cœur léger je suis très heureux de retrouver la vraie route et laisser derrière moi ses derniers jours de cauchemar de pistes pourries qui n’ont qu’une vocation, filer le blues au bouffeur de kilomètres sur une jambe.  Le gros point positif du jour et du raid c’est qu’aujourd’hui je viens de franchir le 4000éme kilomètres et ça ça fait plaisir !!!

PS : Depuis quelques jours nous croisons très régulièrement des cigognes et à chaque fois Jo Zef me demande si c’est vrai que les nouveaux nés étaient amenés par cet échassier. Un peu embarrassé par la question je le renfermais instantanément dans son sac étanche. Tout à l’heure nous avons passé le village de Petit-landau, il est ressorti en me demandant de sérieuses explications !!! Chu démoralisé !!!

A pluche !

Chris Mc Sorley coach du GSHC témoigne…

22 avril 2011

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En 2003 j’accompagnais Dumé en Nouvelle-Zélande pour les championnats du monde de Triathlon qu’il remportait à l’époque pour la 8éme fois. L’ambassadeur de France nous présentait un héros national Mark Ingliss. Amputé tibial double il était sportif de haut niveau mais surtout homme de montagne, en 2006 il atteignait l’Everest ! Toutes les équipes de hauts niveaux professionnels de son pays faisaient appel à lui pour qu’il amène sa touche sur la persévérance et la résistance à la douleur. Des All-Blacks, au team Kiwi de l’América’s cup en passant par la nationale de cricket, sport roi sur l’île australe, il était devenu tout à fait normal d’avoir recours à lui. Les 30 heures de vol retour devaient me faire cogiter sur la possibilité de faire de même en France, mais je devais m’affirmer d’abord …

Quelques années plus tard et quelques péripéties du non des moindres, je rejoignais l’équipe professionnelle de hockey sur glace de Servette Genève. Vous connaissez la suite, une finale et la plus belle saison de l’histoire du club. Chris Mc Sorley, ancien pro Canadien, avait de suite accepté la demande d’Alex qui fût ce lien si important. Coacher des gladiateurs des temps modernes.

Le proverbe dit qu’on n’est jamais prophète dans son pays et je le confirme. Depuis, la Suisse m’a ouvert une nouvelle voie, conférence, talk show télévisé, jury de festival… Les helvètes ont compris depuis longtemps qu’une personne blessée au plus profond de sa chair et de son âme, si elle avait la force de se reconstruire, pouvait passer un message très fort.

La France pays des droits de l’homme de prime abord devrait être précurseur dans ce domaine, mais non et encore non ! Notre société a besoin de plus en plus de guide, une grande majorité ne sait plus se gérer seule. La preuve, les sociétés de coaching pullulent, pour arrêter de fumer, pour maigrir, pour s’habiller, pour sortir en public et même pour ranger sa maison ! Ne cherchez pas de personnes, un poil, amochées  dans ce listing. Une maison française spécialisée dans ces événements, m’a mis dans son catalogue, mais rares furent les fois où mon profil fût pris.

En contact avec beaucoup de grands champions souvent je suis proposé aux équipes nationales de l’hexagone, mais la réponse est toujours la même : bonne idée mais pas pour le moment ! Laurent Blanc s’est fait taper sur les doigts quand il a engagé un psy du sport pour un état des lieux, on m’a gentiment dit que le public n’était pas encore prêt pour ce type d’expérience ! Le public ??? Et oui toujours l’image, que va-t-on dire que l’équipe de France de football reçoive en son cœur pour quelques jours un unijambiste à la rage de vivre ? Je ne suis ni blessé, ni frustré, bien au contraire. Cela me donne encore plus d’énergie pour continuer mon chemin et essayer de changer le regard des autres. Je sais qu’avant tout, cela vient des personnes elles-mêmes handicapées qui n’ont pas encore su accepter leurs différences pour que les « normaux » ne les voient plus comme des personnes diminuées, mais des êtres aussi puissants et aussi capables que n’importe qui…

Dans le projet du deuxième livre j’ai demandé à Chris Mc Sorley de m’offrir son témoignage :

J’ai rencontré Frank sur recommandation  d’un ami commun, Mr. Alexandre Ahr. Il  me l’a présenté  comme étant une de ces rares et précieuses  personnes  qui a la capacité de remotiver  la vie des gens.

Dans mon rôle de manager d’équipes  professionnelles de hockey, je dois souvent faire face à un challenge pour motiver mon groupe de joueurs à surpasser l’adversaire en vue de notre prochaine victoire.

Frank a rejoint notre équipe au printemps de la saison 2008-09 juste avant les playoffs. Nous étions face à des adversaires  plus grands et plus forts que nous et nos joueurs  doutaient de leur capacité de gagner. Frank est entré dans nos vestiaires et en six semaines et trois tours de playoffs, il a réussi à redonner confiance à toute l’équipe.

A travers son histoire personnelle, sa force de caractère et sa motivation à changer les gens autour de lui, Frank a touché le cœur et l’âme de tous les joueurs (et de l’entraineur), ce qui les a conduits vers le succès.

Ce fut la première fois en quarante ans que le «  Genève-Servette Hockey Club »  atteignit  les finales de la Ligue Suisse De Hockey Sur Glace.

Nos sincères remerciements à Frank de toute l’équipe. Sans toi, nous n’aurions jamais pu « grimper cette montagne ».

Un court métrage a été tourné sur lui et l’un de ses meilleurs joueurs qu’il n’a jamais eu Philippe Bozon. Ce film à eu un franc succès dans le monde du hockey et vous allez pouvoir vous rendre compte qui est ce coach charismatique ; Mister Chris Mc Sorley…