Le camp des solitudes

12 novembre 2013 par Frank Laisser une réponse »
Un lutin très "troll" garde le camps des solitudes.

Un lutin très "troll" garde le camps des solitudes.

La tempête est annoncée sur la Corse, je vérifie pour la énième fois les amarres de mon Cabochard et prends la route en terre qui mène à mon Monde. Véro est loin là-bas aux pays des gens qui courent, sa formation l’a prise en otage, mais elle en reviendra riche d’enseignement. Les mascottes sont prêtes, le sac étanche rempli de victuailles, il ne reste plus qu’à ne pas se tromper de chemin. A chaque arrivée au tipi, je ne sais pas ce qu’il se passe mais une plénitude m’enveloppe, me transcende, une sensation d’avoir déjà vécu ici à une autre époque. Tout est en place, mes grigris planqués dans les arbres ont l’air d’être joyeux de me revoir, ici c’est « ma » forêt enchantée. Le premier boulot est l’allumage du feu, puis d’aérer ma tente, le ciel est déjà très chargé et un silence lourd laisse présager un bon coup de balai. Il me faut toujours quelques heures pour décrocher « d’en bas », ici pas de connexion virtuel que du réel, je pars me laver au torrent qui a encore perdu un ou deux degrés, le feu sera là pour me réchauffer. En ai-je besoin ? La vie est chaleur et je ne me gène pas pour la vivre ! Mon riz se prépare, les lampes tempêtes ont reçu leur ration d’essence blanche, la nuit peut s’inviter à notre table. J’amène toujours des lectures surprenantes pour le cancre que les savants professeurs voyaient en moi, je note, je stabilote et tombe nez à nez avec cet extrait de poème de Mikhaïl Lermontov : Nous faisons partie de ces rebelles qui désirent la tempête, comme pour y chercher la paix et qui pensent que la vérité ne se trouve que dans une recherche sans fin. Le feu crépite, je garnis mon crâne d’un bonnet, c’est étrange il n’est pas rouge, ni jaune, la température chute brutalement, puis soudain des flashes crépitent, un missile s’abat sur la vallée, la tempête s’annonce bruyamment. Je ferme les sacs étanches et confine les mascottes dans le duvet de ma « Vrai » qui ce soir me manquera terriblement. Le vent caresse la canopée, il l’a pénètre et vient me saluer, cela faisait un moment que l’on ne c’était pas affronté. Je souris car je sais que cette nuit sera teintée de blanc, la pluie s’abat d’une force titanesque, la grêle en profite pour ce joindre à ce festival automnale, ensemble elles veulent m’étreindre. Que cela ne tienne, je capèle mon ciré et pars en randonnée nocturne, la frontale serait une sorte de violation au règle du jeu, demandez aux anciens stagiaires, la marche en nuit noire les a agréablement surpris. Le sentier est lumineux, les pénombres me guident, par moment un éclair rend la forêt blanche étincelante, à son couvert je ne risque rien, du moins  je le pense. Mais ils sont là, ils rodent, une armée des ténèbres vient à ma rencontre. Je me mets à gamberger au lieu de gambader, soudain devant moi des hommes en armures sur des étalons majestueux brisent ma quiétude. Mon imagination, me joue un sale tour, je suis seul et ce n’est rien que de l’irrationnel. La peur m’envahit ; c’est ça ;  une lame m’a transpercé, je me défends mais rien n’y fait ils sont trop nombreux, la foudre s’abat à quelques encablures, ils battent en retraite… Je me relève, mais rien au tour de moi, pas la moindre marre de sang, je n’ai fait que trébucher sur une racine de bruyère morte et mes propres fantômes. A petits pas je rejoins mon abri de toile, je suis surpris de voir Jo Zef se servant de la poêle à crêpe comme bouclier, il hurle : Vade retro satanas, personne n’enlèvera ma princesse.- Et du calme la mascotte ce n’est que moi ! Je me demande si les chevaliers des ténèbres sont issus de mon imagination ! Dans l’abside de la tente j’abandonne mes habits trempés et me glisse dans mon duvet pour reprendre un peu mes esprits, je cogite, je ris, c’est vrai, elle est fantastique la vie…

Un autre gardien des lieux, savament scuplté par un ancien stagiaire Bout de vie...

Un autre gardien des lieux, savamment sculpté par un ancien stagiaire Bout de vie...

Passe muraille made in Corsica!

Passe muraille made in Corsica!

3 commentaires

  1. Catherine dit :

    J’adore le passe muraille Corse ! Bon séjour dans ton camp Frank. La bise aux deux gamins Jo Zef et sa belle.

  2. Jean-Claude dit :

    j ai lu a haute voix en partage. Moi qui dans ma vie (démarche perso) le songe est bien présent je comprend ta démarche dans le fond et dans la forme .Cela peut paraitre fou mais la folie c est quoi en fait tout simplement celui qui a tout perdu sauf la RAISON . Le dépassement n est pas a la porté du commun des mortel . La nature les éléments ont établi et fixé mes limites implacablement sans concession mon corps est revenu mais l esprit ah l esprit !. Mon Sylkev est toujours a quai au Vieux Port de Menton .Je me souvient de ton Cabochard A Garavan Ta démarche meme si elle peut paraitre extrême dans mon fort intérieur m interpelle me rassure quelque part…. salut a toi

  3. Barbara dit :

    Bonjour, Frank alors c est quand le nouveau bouquin? Parce que là c’est trop court…..merci de nous faire partager ces moments . Poutous toulousains à la « team » et au maquis Corse…

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