Le coup d’œil de Juliette…

14 novembre 2017

 

Ma vie de baroudeur me permet de côtoyer des Femmes et des Hommes exceptionnels mais ils sont rares, alors quand ça arrive, il faut les savourer. Via les liens sociaux une dame me contact pour sa fille de 16 ans qui voudrait me rencontrer, hélas le temps me manque, mais là, je ne sais pas encore pourquoi, ma petite voix a insisté pour que j’accepte. Et me voilà face à Juliette et sa « binôme » comme aime en plaisanter sa maman. Cette charmante adolescente est non voyante et atteinte d’autisme Asperger. Pour ceux qui ne connaissent pas ce syndrome, sachez que les noms qui vont suivre en font partie : Albert Einstein, Vincent Van Gogh, Wolfgang Amadeus Mozart, Alfred Hitchcock, Andy Warhol, Isaac Newton, Mickael Jackson, Mark Zuckerberg, Bill Gates, Léonard de Vinci… Sans le savoir j’allais faire une rencontre exceptionnelle. Toujours dans mille occupations en même temps l’heure du rendez-vous approche, je me dis qu’une fois de plus je vais rencontrer une gamine « différente », sans plus. Au bras de sa « binôme » elle monte doucement le chemin de terre vers ma minuscule cabane, de loin un sourire m’éclaire, Juliette débarque. Née sans yeux, elle vit, elle vibre, elle existe, d’une manière lumineuse. Bien plus que distinguer, elle sent, elle écoute et voir avec son cœur n’est pas donnée à tout le monde. Le but de sa visite est de m’interviewer pour le web-radio qu’elle anime. Assis dans ma cabane lapone, je la laisse mener le débat, entre deux questions pertinentes, elle m’explique ses « différences ». Le syndrome d’asperger ne m’est pas inconnu, la plus belle interview de ma vie m’a été donnée par une journaliste qui en était atteinte, très souvent je pense aux confidences que cette chroniqueuse avait su faire surgir de mon fond intérieur. Alors Juliette sort son enregistreur, ses questions sont simples comme est et doit être la vie, ici pas de paraître, juste être. Nous parlons à bâton rompu, de notre pauvre société, de l’égo, de la surconsommation. Du haut de ses 16 ans la sagesse infuse, Albert Camus, St Exupéry, Sénèque, Schopenhauer qui aurait pu nous dire : l’essentiel pour le bonheur de la vie, c’est ce que l’on a en soi-même.  Tous et bien d’autres se glissent dans ses mots, je suis sans voix je connais des êtres aux paraître impeccables qui ne pourraient pas tenir ne serait-ce qu’une minute cette conversation. Elle veut tout savoir de mes gouts alors je l’amène en Laponie, au Yukon, au Groenland, dans la poésie, la solitude, bien-sur, elle côtoie déjà beaucoup de langues, connaît les légendes des peuples boréaux, elle me confie ses désirs d’écriture en gardant tout de même ses secrets. Les contes qui finissent bien ne lui conviennent pas ou peu, alors elle déshabille Shahrazade pour lui offrir plus de cœur, plus de lumière, une vérité que vous ne pouvez voir, vous regardez avec vos yeux ! On échange des mots en grec, turc, espagnol, suédois, finlandais, le monde qu’elle n’a pas encore visité lui tient dans sa main. Le temps à ses côtés me semble un cadeau des Dieux. Toujours brut de décoffrage, je tente de gratter mais derrière tout ça il y a du béton avec un cœur sensible. Elle note mes mots, je retiens ses rires, elle m’interroge, je me remets en question. Ma cabane est un minuscule musée de mes expéditions polaires, alors, seule elle, a le droit de tout avoir en main, une griffe de phoque lui est discrètement glissée dans sa boîte à souvenirs. En gage de confiance je lui demande une promesse, celle de venir à mes côté découvrir le pays du Grand Nanoq. Elle a accepté, c’est chouette la vie, non !  Mais nous sommes insatiables, les mots nous rattrapent, ils sont là entre nous sans tabou. La philosophie revient, une pluie d’aphorisme nous inonde, les yeux, une jambe en moins, peu-importe nous sommes vivants et bien plus encore.                        
Il vous est indispensable d’aller visiter sa page Facebook Le coup d’oeil de Juliette, ainsi que son site internet Le coup d’œil de Juliette qui sont une source de vie loin du miroir aux alouettes qu’est notre quotidien.
En rencontrant Juliette, qui sort à peine de l’enfance, je me dis que l’avenir des Hommes n’est alors pas encore foutu.

Le camp des solitudes

12 novembre 2013
Un lutin très "troll" garde le camps des solitudes.

Un lutin très "troll" garde le camps des solitudes.

La tempête est annoncée sur la Corse, je vérifie pour la énième fois les amarres de mon Cabochard et prends la route en terre qui mène à mon Monde. Véro est loin là-bas aux pays des gens qui courent, sa formation l’a prise en otage, mais elle en reviendra riche d’enseignement. Les mascottes sont prêtes, le sac étanche rempli de victuailles, il ne reste plus qu’à ne pas se tromper de chemin. A chaque arrivée au tipi, je ne sais pas ce qu’il se passe mais une plénitude m’enveloppe, me transcende, une sensation d’avoir déjà vécu ici à une autre époque. Tout est en place, mes grigris planqués dans les arbres ont l’air d’être joyeux de me revoir, ici c’est « ma » forêt enchantée. Le premier boulot est l’allumage du feu, puis d’aérer ma tente, le ciel est déjà très chargé et un silence lourd laisse présager un bon coup de balai. Il me faut toujours quelques heures pour décrocher « d’en bas », ici pas de connexion virtuel que du réel, je pars me laver au torrent qui a encore perdu un ou deux degrés, le feu sera là pour me réchauffer. En ai-je besoin ? La vie est chaleur et je ne me gène pas pour la vivre ! Mon riz se prépare, les lampes tempêtes ont reçu leur ration d’essence blanche, la nuit peut s’inviter à notre table. J’amène toujours des lectures surprenantes pour le cancre que les savants professeurs voyaient en moi, je note, je stabilote et tombe nez à nez avec cet extrait de poème de Mikhaïl Lermontov : Nous faisons partie de ces rebelles qui désirent la tempête, comme pour y chercher la paix et qui pensent que la vérité ne se trouve que dans une recherche sans fin. Le feu crépite, je garnis mon crâne d’un bonnet, c’est étrange il n’est pas rouge, ni jaune, la température chute brutalement, puis soudain des flashes crépitent, un missile s’abat sur la vallée, la tempête s’annonce bruyamment. Je ferme les sacs étanches et confine les mascottes dans le duvet de ma « Vrai » qui ce soir me manquera terriblement. Le vent caresse la canopée, il l’a pénètre et vient me saluer, cela faisait un moment que l’on ne c’était pas affronté. Je souris car je sais que cette nuit sera teintée de blanc, la pluie s’abat d’une force titanesque, la grêle en profite pour ce joindre à ce festival automnale, ensemble elles veulent m’étreindre. Que cela ne tienne, je capèle mon ciré et pars en randonnée nocturne, la frontale serait une sorte de violation au règle du jeu, demandez aux anciens stagiaires, la marche en nuit noire les a agréablement surpris. Le sentier est lumineux, les pénombres me guident, par moment un éclair rend la forêt blanche étincelante, à son couvert je ne risque rien, du moins  je le pense. Mais ils sont là, ils rodent, une armée des ténèbres vient à ma rencontre. Je me mets à gamberger au lieu de gambader, soudain devant moi des hommes en armures sur des étalons majestueux brisent ma quiétude. Mon imagination, me joue un sale tour, je suis seul et ce n’est rien que de l’irrationnel. La peur m’envahit ; c’est ça ;  une lame m’a transpercé, je me défends mais rien n’y fait ils sont trop nombreux, la foudre s’abat à quelques encablures, ils battent en retraite… Je me relève, mais rien au tour de moi, pas la moindre marre de sang, je n’ai fait que trébucher sur une racine de bruyère morte et mes propres fantômes. A petits pas je rejoins mon abri de toile, je suis surpris de voir Jo Zef se servant de la poêle à crêpe comme bouclier, il hurle : Vade retro satanas, personne n’enlèvera ma princesse.- Et du calme la mascotte ce n’est que moi ! Je me demande si les chevaliers des ténèbres sont issus de mon imagination ! Dans l’abside de la tente j’abandonne mes habits trempés et me glisse dans mon duvet pour reprendre un peu mes esprits, je cogite, je ris, c’est vrai, elle est fantastique la vie…

Un autre gardien des lieux, savament scuplté par un ancien stagiaire Bout de vie...

Un autre gardien des lieux, savamment sculpté par un ancien stagiaire Bout de vie...

Passe muraille made in Corsica!

Passe muraille made in Corsica!

Un voyage immobile…

4 septembre 2013

Peut-être la couverture du prochain livre, le destin le dira!

Peut-être la couverture du prochain livre, le destin le dira!

Bonjour à tous me voilà de retour après deux mois de vie d’ermite avec un entracte d’une semaine au Festival des Diablerets. Deux mois où j’ai pensé, prié, écrit. Le retour est très difficile mais il faut retrouver les « autres » car l’isolement peut-être dangereux une addiction qui peut mener à la folie. Des dizaines de pages se sont écrites à mon insu, elles viendront étoffer mon carnet de voyage de ma dernière expédition Arcticorsica. Peut-être un livre en vue… Rien que pour vous la dernière page.

Une page est tournée, mais le livre est là:

Entre eau et feu :

Mais quel est  le plus mélodieux, le susurre du torrent ou le crépitement de l’âtre, les opposés souvent sont complémentaires, l’un ne peut vivre sans l’autre. La terre noire embaume l’espace, l’orage a le pouvoir d’être un diffuseur d’arome garantie « naturelle », l’automne a envie de côtoyer le camp du voyageur immobile. Le chêne vert, le laurier thym et les arbousiers reçoivent leur premiers fruits, les guêpiers d’Europe mettent le cap au sud, le cycle de la vie est précis pourtant il n’a pas d’agenda ou de tablette. Tout s’enchaîne sans explication, sans but, pourquoi l’homme s’en est il détaché à ce point. En ce début d’arrière-saison, j’ai cette étrange perception de ressentir des ondes encore plus positives, le rush de l’été est déjà un souvenir, l’île retrouve doucement une paix profonde. Je ne pourrais décrire cette vibration mais  mon intuition est sincère,  le mouvement d’une immense foule, qui ne peut et ne veut oublier l’espace de quelques jours sa violence et détresse, émet une oscillation obscure que j’arrive à percevoir malgré tout. Ici je suis très loin de la ruche estivale mais pourtant mes sensations perçoivent ce mal-être. Mes rares incursions hivernales urbaines m’épuisent, me peinent, la fourmilière semble sur le bord de l’explosion, pendant 355 jours il en est ainsi, comment pourraient-ils changer en 10 jours de plage « corsée » ! L’exode vers les villes, vide la moyenne montagne, les villages se meurent, la vie citadine les achève. La chanson de Ferrat est toujours d’actualité, pourtant les lucioles risquent le tout pour le tout ; la « ville ». Ces jours passés ici ont été, sont et seront les plus beaux jours de mon existence, le vide m’a fait découvrir que je souffrais de vertige, des tremblements impromptus quand le silence et l’inactivité venaient s’asseoir en face sur les bords de mon abysse. Les essentiels de la vie « normale » deviennent futiles, l’infiniment petit et basique se transforment en indispensable. L’âme prend un autre chemin, le cœur ne bat plus pour une  seule personne, mais pour toute, l’amour n’est plus un objet purement ego-perso mais universel, il suffit de se laisser guider, de faire confiance, le lâcher-prise est une chute libre vers son fondamental, vers l’unique sens de notre vie. Mes doutes sont toujours là mais ils ont beaucoup moins de place, mes souffrances sont enfin comprises, le torrent m’a tout expliqué. La terre m’a donné l’essentiel, je sais maintenant d’où je viens. Nationalisme, croyance, pouvoir, haines comblent la peur du vide, du silence et de la solitude. La vie d’ermite m’a ouvert les yeux sur un « Frank » que je ne connaissais pas, d’ailleurs personne n’aurait pu me le présenter, il n’existait pas avant cette expérience. Il n’y a pas un individu qui soit capable de donner des leçons ou des prédications, les écrits censés donner la voie, sont des parchemins tronqués, la sainte parole se trouve au fond de nos doutes. J’ai creusé en silence au fond d’un « je » inconnu, la peur m’a envahi, on m’a fait croire tellement de balivernes. Quand les orages ont éclaté et que ma vallée est devenue noire, lugubre, j’ai senti et deviné une lueur là-bas au loin. Malgré la terreur, j’ai poursuivi sans me retourner, la corruption est maline, elle sait charmer mais droit devant la chandelle vacillait, elle m’attendait, elle porte un nom, mais ça c’est mon secret ! Mon voyage touche à sa fin, je vais retrouver les autres, vous peut-être, je n’ai aucun conseil, aucune théorie sur ce bout de vie passé. Ma route est tracée, j’ai des supers guides, il ne me reste qu’à leur faire confiance, ils m’accompagneront vers « ma » vérité. Etre un homme libre est un rôle des plus difficiles à endosser, les sirènes se font un malin plaisir à déstabiliser le nomade à cloche-pied, mais cette vie de reclus m’a offert une armure, un bouclier. Certes je suis devenu encore plus sauvage mais la peur des autres s’est atténué, mes réactions me font moins peur. Comme dans le conte des Milles et une nuit, je suis devenu Shahrazade. Elle était condamnée à mort par son nouvel époux démoniaque qui au lendemain de chaque noce faisait décapiter sa nouvelle épouse de peur qu’elle le trompe. Elle lui avait inventé une histoire fascinante, qu’elle lui racontait chaque soir par petit bout, ce stratège lui permis de vivre, malgré la folie de ce maniaque. Je suis condamné à mourir comme tout en chacun mais cette expérience m’a offert de nouvelles belles histoires à vivre, alors le jour dernier semble reculer un peu. Ma force n’est plus dans un record ou une première extraordinaire, ma force est ma paix intérieure…

C’était le carnet de voyage d’un homme libre.

Repos et reflexion…

21 août 2012
Pédaler, une excuse pour cogiter, rêver, refaire le monde...

Pédaler, une excuse pour cogiter, rêver, refaire le monde...

Pas de vélo, pas de kilomètres parcourus aujourd’hui, si je veux continuer il faut que j’apprenne à récupérer. Je vais essayer de stopper une journée complète tous les 6 jours, on verra si j’y arrive ! Le faire à la maison, facile, en raid c’est plus compliqué. Quand je n’avance pas j’ai cette sensation étrange de m’empêtrer dans les méandres de mes faiblesses, de ne plus pouvoir arriver un jour. J’ai organisé et expédié toutes les vidéos  du périple en kayak, j’ai en ai eu les frissons mais en même temps c’est déjà si loin. Je suis à moins de 250km de Trelleborg, le port le plus sud de Scandinavie, de là le ferry me fera traverser le bras de mer jusqu’en Allemagne à Travemunde, mais c’est trop loin pour que j’y pense. Vivre le présent. Aujourd’hui je dois reposer ce corps qui amène mon esprit au bout de la terre, ce corps qui aurait envie de s’arrêter un jour ou l’autre mais mon âme, mon cœur veulent et doivent continuer. Des milliers de kilomètres à venir, des situations à gérer mais seul le présent compte. Je pense à mon train-train qui va m’attendre, les balades du week-end avec ma Vrai dans ce refuge planqué, les petites sorties vélo sur les belles routes corses automnales vides de monde, le tour en kayak jusqu’aux îlots protégés des Bruzzi, j’en ai des choses à raconter à mes copains à plumes. Mon deuxième livre va sortir le 18 octobre, serais-je déjà rentré ? Je ne veux pas y penser, je ne dois pas y songer. De belles choses m’attendent encore, je suis un privilégié de vivre ce bout de vie si intensément. L’effort quotidien me met en connexion avec un monde si beau, si fantastique, les muscles développent leurs énergies qui alimentent le cerveau d’ondes positives et je suis en « wifi » avec le sublime. Dans une longue montée où le corps travaille intensément je ne peux pas que penser à l’effort fournis, alors je me connecte avec « mon » au-delà. Chose absolument impossible quand je me retrouve noyé dans le confort et la routine bien douillette. La souffrance fait grandir, un thème repris par un grand nombre de philosophe. Comment apprécier une douche chaude si on a la possibilité de la prendre tous les jours, comment apprécier une présence s’il n’y a pas eu séparation. Un bout de mon corps, ma jambe, est déjà parti, peut-être un coup de bol pour moi. Une manière de me faire apprécier encore plus la vie. Chaque coup sur la tête n’est pas à prendre comme une punition mais comme un panneau indicateur. L’injustice n’existe pas c’est nous qui en créons la sensation, rien n’est juste ou injuste, c’est comme ça. Quand la route tourne c’est qu’il y avait un obstacle, je tente de faire pareil, ne plus riposter aux tirs, les éviter et les oublier de suite. Nous sommes tous tordus, car souvent notre corps prend le dessus. Notre âme est éternelle j’en suis convaincu, l’enveloppe retournera poussière. Waouh, je vous entends dire ! Non je ne pète pas un plomb, j’essaie de mettre par écrit ce que ces expéditions m’apportent. Bien-sur je règle des comptes avec ma vie interne, mais les réflexions font avancer, la fuite et le non-dit sont la gangrène de l’être humain. En ce jour de pluie à Växjö, je me repose car demain je vais me rapprocher encore plus de vous, de moi, d’elle. Le manque deviendra souvenir, le facile sera le quotidien et déjà le voyage deviendra projet… Être nomade n’est pas toujours simple, pourtant plier sa tente tous les matins pour l’incertitude a quelques chose de fascinant. Quand j’étais gamin j’étais le plus heureux quand on m’offrait ce grand cône de papier qu’on appelait à juste titre, surprise, je ne savais pas ce que j’allais y trouver, mais le rêve prenait mon destin en main…

En rentrant j’aurai envie d’écrire, d’écrire, décortiquer tous les flashs reçus. Analyser les méandres de la bassesse de nous, pauvre poussière… Vous voyez je commence.

Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène…

Prenez soin de vous, j’arrive, doucement mais j’arrive…

försiktigt försiktigt (doucement doucement)

A pluche !

La philosophie de l’aventure…

27 janvier 2011

La solitude, compagne fidéle de l'aventurier...

La solitude, compagne fidéle de l'aventurier...

J’ai beaucoup de demandes dans mes rencontres et j’ai essayé de décortiquer le sujet et de le noter noir sur blanc.

L’aventure est un vaste mot qui vient du latin adventura (ce qui doit arriver), il englobe beaucoup de choses.

On me définit comme aventurier, en vérité c’est un mensonge car chaque vie est une aventure et mon quotidien est fait de routine. Ce sont les autres qui en voyant mon rythme de vie me définissent en tant que tel.

J’admets que ma vie est un peu atypique, ma pension des anciens combattants est un solide soutien, mais j’en connais beaucoup qui ont le même titre sans trop se mettre en danger.

Je crois qu’à la base on naît avec, je n’ai jamais pu penser comme les autres ce qui me valut pas mal de soucis avec les institutions (école, armée).

Ensuite c’est ce côté chien fou, mais craintif en même temps qui est important. Larguer les amarres doit être fait une fois, non pas par force ou obligation, mais par conviction. Le premier pas est important, ensuite les « excuses ». Elles viennent taper à la porte les premiers jours, elles amènent dans leurs besaces les doutes et les remords. Je suis fou d’avoir tout largué, je suis fou d’avoir rompu avec la copine trop  « non-non », je suis fou de laisser tomber mon boulot et l’avenir qu’il allait m’apporter et puis si je tombe malade…

Le mental rentre en jeu, comprendre que cela est sa voie. Puis le premier défi, finalement on s’aperçoit que ce n’était pas si difficile que ça, puis on croise des autres « fadas » qui parleront le même langage.  Les rencontres sont rares surtout de part chez nous, l’Europe est devenue un aseptiseur de rêveurs aiguës.

L’entourage est très important, il ne comprend pas et vous blâmera, donc à vous de vous imposer. Se réaliser en se moquant du « qu’en dira t’on ». La compagne est aussi la base de la réussite, jamais une fois Véro ne m’a freiné bien au contraire elle en est le moteur. Avant elle, certaines ont essayé de me calmer je suis devenu un souvenir d’un gars hyper actif au mauvais caractère.

Les pions se mettent en place tout seul, puis les seuils d’aventures grandissent, ma première fût de partir pendant 4 ans naviguer avec mon bateau, l’arrivée du Cabochard à Gibraltar restera un des grands moments de ma vie. Là-bas j’y ai rencontré des gens qui avaient le même regard, la même folie non maitrisée. Je trouvais pour la première fois des frères et sœurs de vie.

L’idée murit, pourquoi ne pas continuer, ne pas franchir un autre pallier, je commence à écrire pour une revue nautique. Puis je rêve de plus fou, plus loin encore, alors je démarche mon premier sponsor et là c’est un flop ! Je sais que je commence une nouvelle vie. Les signes se succèdent et vous guident quand le doute secoue l’embarcation.

Je suis aventurier à part entière, je ne veux pas d’intérim, je veux porter cette parka 365 jours par an. Il m’est inconcevable de faire autre chose : vivre mes rêves les plus fous. Je ne veux pas devenir professionnel car j’aurais trop peur de m’enlever cette flamme de liberté, mais en même temps je ne veux pas que cela me coûte. Un juste milieu entre l’amateur et le professionnel.

J’en croise de temps à autre ; les festivals d’aventures ont cette faculté de nous réunir juste assez pour se sourire, jamais nous ne parlons de nos récits. Vous ne parlez pas de la couleur de votre voiture, du bilan de votre société, vous ne faîtes pas visiter votre appartement quand un nouveau arrive chez vous, vous ne laissez pas la télé allumée quand vous êtes entre amis…

Alors entre nous on parle de religion, de neige, de langue, de désert, d’éditeur…Vous voyez la routine. Je reviens d’un long voyage, mais dans ma solitude du grand Nord déjà des histoires venaient me gratter le bulbe de nomade. Vivre en immeuble, en pavillon, dans le même port, non merci. Chaque jour est le départ d’une journée incroyable, cela demande aussi une éthique, une dureté avec soi même, intransigeant intimement et exigeant avec l’équipe formée. Les tentations sont énormes, mais il faut savoir se diriger, ne pas s’égarer, garder le cap. Il est très facile de devenir l’insecte qui fonce dés qu’il voit une lumière, l’ombre est le dojo de l’aventurier déterminé.

Bien sûr dans ce milieu il y a plusieurs niveaux, les purs qui vivent toute l’année dans leurs tripes, j’en fais parti, mais nous sommes les intégristes de l’aventure. Les médiatiques : grandes productions de documentaires qui a mon gout sont des réalisateurs hollywoodiens, mais la ménagère aime et adhère (soupir), puis les intermittents qui en goute une de temps à autre, mais qui doivent gérer tout un entourage réfractaire.

Le sujet est vaste, mais je crois que j’en ai donné les trames, pour finir quand on me demande une info sur une préparation de tel ou tel projet, je suis acide, décapant, car ma réponse est toujours identique. Si tu me demandes un conseil alors le seul que je puisse te donner c’est ne pars pas, car quand tu seras face à toi-même au milieu de nul part seul toi devras le gérer et mes avis seront absolument inutiles.

Créer son histoire de A à Z :

Avant de gravir la montagne fais ton premier pas et apprends à être souvent seul. (Elle est de moi !!!) (Rire)