Le cap Senetosa à cloche pied!!!

23 novembre 2011
Ouille houle!!!

Ouille houle!!!

Quand on pense aventure les idées s’envolent au bout du monde et pourtant…

L’automne est en phase de mort lente ; l’hiver me susurre des mots si doux que je ne peux y résister. Immaqa n’avait pas eu droit à ses balades longues et paisibles sur la côte Sud-ouest de la Corse. Tout est paré, yakapagayer ! La météo me presse une sortie engagée, mais vu mes préparations de gladiateur je veux toucher du doigt si j’ai acquis un bon niveau. Ouais, ouais !  Le golfe de Figari est déjà blanc et météo France a teinté d’orange la vigilance pluviométrique. On n’est pas en océan Arctique, alors on ne s’affole pas à bord et on pagaie. On ! Je dirais plutôt, je ! Le vent de Sirocco est violent et l’effet de fëcht rend la traversée  de la première baie en sorte de Horn pour kayak en peine. Je ne peux plus revenir en arrière, le vent mord et il me mène cap au nord. Un petit arrêt café canistrelli et je reprends la route, je voudrais arriver à mon escale avant la nuit. Le vent forci et le force 6 m’amène son cousin musclé 7 voir 8. Mon Nautiraid est un bon marin mais je l’ai chargé à ras la gueule pour me mettre en vraie condition d’expédition. Les oreilles tendues j’essaie d’anticiper la déferlante, au bas de la vague je n’ai pas le droit d’abattre sinon c’est le bain ! Vent dans le dos, c’est normalement des vacances, mais la tournure me fait tirer comme un malade sur mes pagaies… Bref ! Huit heures de bonheur à être trempé comme une éponge pour retrouver ma planque de corsaire. Le coup de vent est bien établi et la tente est montée avec vigilance. Je me transforme en bucheron et ramasse toute sorte de bois flotté pour alimenter un bon feu qui essaiera de me faire sécher. 20 h je grimpe en haut d’un caillou pour donner des nouvelles à ma princesse et un plaisantin ouvre le robinet de douche. Un déluge s’abat sur le petit pagayeur bien isolé. Blotti dans mon duvet, je savoure ce moment de grâce avec les éléments. Au petit jour c’est toujours la pluie grasse qui rassasie le maquis souffrant d’une sécheresse peu commune. Un petit tour d’horizon du camp et je rejoins ma tanière, le vent n’a pas molli et les éclairs strient les montagnes, c’est décidé je reste. Je profite d’une accalmie pour ramasser du bois, l’odeur des buissons m’enivre, les fragrances sont enfin là, la nature se saoûle de tant d’eau. Une orgie aquatique, un festin lacustre. Je quête le morceau de genévrier sec quand soudain explose un bruit de branche qui casse, je m’écroule, ma botte droite est à l’envers, je me suis brisé la cheville ! A genou dans une marre de boue je ne peux que constater le désastre, je deviens un aventurier à cloche pied !!! Je ne souffre pas du tout, et pour cause c’est ma prothèse qui s’est brisé !!! Je prends le temps de me mettre en terrain sec et essaie de bricoler quelque chose pour rentrer au camp, ces six cents mètres m’ont paru un poil long. Au fond de mon kayak je trouve un restant de colle rapide, un peu de gros scotch et je tente une réparation. J’allume, avec beaucoup de difficultés, sous la pluie un feu qui devra accélérer le processus de séchage de mon bricolage. Le déluge reprend le deuxième round, enfouis dans mon duvet, je pense, je rêve… Maggi sèche avant de reprendre un service provisoire. Les jours passent mais je dois reprendre la mer, ma prothèse ne m’inspire pas confiance et avec beaucoup de vigilance je charge Immaqa. La houle submerge la petite passe où je me suis réfugié, je calcule les séries et constate quelques secondes de calme. Il va falloir jouer fin, pour ne pas finir en puzzle ! Tout est en sac, prêt à être chargé et j’essaie de faire le vide, de ne pas regarder cette trachée en furie. Le premier boulot consiste à mettre le kayak dans le bon sens puis à répartir les charges. Ma prothèse acquiesce les contraintes du terrain très accidenté jusqu’au dernier voyage où je m’écroule ; mon bricolage a de nouveau lâché, il ne pouvait pas tenir bien longtemps… A cloche pied je charge mon embarcation, la mer semble se moquer éperdument de mes « tracas jambiaux». Je ne vais plus pouvoir utiliser mon palonnier et la direction ne sera qu’à la force des bras. Je me cale dans mon hiloire, vérifie l’étanchéité de mon bord et agrippe encore à l’abri de la furie un caillou pour attendre le moment opportun pour m’élancer. Un raz de marée d’écume me lèche la proue, j’ai dix secondes, pas plus, pour passer, la boule me prend les tripes mais je dois la renvoyer en fond de cale, ce n’est pas le moment. Je pars comme un avion, ouf je suis dehors mais là horreur devant moi trois immeubles consécutifs m’attendent pour me donner quelques cours d’humilité. Pas de direction au pied alors il faut pagayer comme un forçat, je monte face au colosse pour me sentir tomber dans le ventre mou du monstre. Pas le temps de flâner, je suis déjà dans la deuxième, je ne veux pas y croire la vague se casse pour se déverser sur moi. Je dois rester droit dans l’axe sinon j’explose en vol, la chute est terrible, Immaqa semble souffrir autant que moi. La troisième semble vouloir me donner le coup de grâce, plus longue que mon kayak, je me retrouve à la verticale, j’incline au plus que je puisse mon buste en avant, je ne veux pas sancir, ce serait fatal ! Je tire de toutes mes tripes sur les pagaies, je m’envole vers le paradis des Cabochards, sensation terrible de voler en kayak, je m’écrase dans un lit de mousse et me retrouve en pleine mer… Les heures qui suivront m’amèneront dans un calme déconcertant au petit port de Tizzano qui semble être rentré en léthargie hivernale.

Sur une patte, je m’extirpe de mon hiloire, quand deux hommes qui travaillent sur le quai mettent un nom sur le pagayeur un poil ému d’être tout simplement encore de ce monde de bipède, enfin presque !!!

A entraînement dur, expédition moins difficile !

Un bout de vie aux Ecrans de l’aventure…

6 novembre 2011

Les Ecrans de l’aventure sont le rendez vous incontournable des baroudeurs ! Retrouvailles de copains et copines qui reviennent du bout du monde, je dirais plutôt du bout de leurs rêves. On s’étreint, on a les yeux qui pétillent, c’est bon de se retrouver. Du Yémen à la Polynésie, du fleuve Léna au Danube, du Pacifique à l’océan Arctique, les Ecrans deviennent le camp de base pour  nous réunir pendant quelques instants. Nous sommes là pour voir, rencontrer, argumenter et cette année pour les 20 ans du festival le président est à la hauteur de l’événement en la personne de l’illustre Québécois Bernard Voyer. Homme de défi il a atteint les trois pôles, le Nord, le Sud et le sommet de l’Everest. Sa vie l’a amené à gravir les montagnes les plus hautes des 5 continents mais ce que je retiendrais de lui c’est la profondeur de ses échanges. Il est le président des membres du jury du film et après chaque séance nous débattons. Six personnes différentes pour un palmarès qui doit être au plus près de nos convictions.

Présentation de mes collègues jurys :

Hubert de Chevigny aviateur explorateur a atteint le pôle Nord magnétique en ULM en 1982, il fut l’ancien président de la Guilde européenne du raid.

Ariane Le Couteur Directrice générale de production, elle a produit plus de 50 documentaires aventure.

Grégory Le Moigne, réalisateur spécialisé dans l’aéronautique, il suit depuis quelques années la patrouille Breitling.

Céline Moulys réalisatrice de plusieurs films sur les peuples d’Himalaya.

Le prix Peter Bird va être remis et pour cela nous sommes conviés dans un grand restaurant Dijonnais par les assurances SPB qui dotent ce prix. Grandes tables et décor vieille France, nous nous installons. Anne Quéméré navigatrice qui revient d’une traversée du pacifique en kiteboat se retrouve à mon épaule gauche et bien sur nos histoires ont un gout salé. A notre table deux « Dragon Ladies » ! Un groupe de femmes atteintes du cancer du sein, ont participé à un rassemblement de bateaux à rames  dans les canaux de Venise. Le film est en compétition et la salle fût conquise. Comme à chaque fois la question est : « Quel est votre prochain défi ? » Leur désir est de traverser la Manche avec une pirogue de 6 rameuses. Ne chercher pas dans ces femmes des sportives de haut niveau, pour certaines avant leur cancer elles n’avaient jamais fait le moindre sport. La maladie les a unis et la nouvelle vie leur a donné envie de découvrir leurs limites. Anne les parraine et tout au long du diner, le projet de traverser la Manche se dévoile. La navigatrice se confie, elle aimerait bien les accompagner avec son kiteboat mais il  demande une grosse restauration après plusieurs mois de Pacifique où il a beaucoup souffert. On parle de sponsor, de la crise… Catherine Lanson qui représente SPB assurance demande le silence, elle va dévoiler qui sera élu aventurier de l’année, l’enveloppe est doucement ouverte : « le prix Peter Bird SPB cette année est remise à la navigatrice Anne Quéméré… » Ma voisine est bluffée, l’émotion lui fauche la route, elle est abasourdie. La salle l’ovationne et de l’eau salée apparait dans ses jolis yeux bleus d’océan. Un chèque lui est remis et elle pourra accompagner les Dragon Ladies au printemps ! Un moment merveilleux de partage comme quoi les aléas de la vie sont là pour nous rendre plus fort et plus humains.

Les prix sont décernés et chacun à notre tour nous devons honorer nos élus. Notre président du jury Bernard Voyer sait mettre une grande émotion au millier de spectateurs présent, humour et philosophie ont donné le ton de la remise des trophées. La tache qui me revient est de décerner le trophée Alain Bombard. J’avais préparé un petit laïus et avec un plaisir immense je demandais à Eric Béllion skipper du voilier Jolokia de venir nous rejoindre. Un film dévoilant l’histoire d’une bande de « bras cassés » qui ont battu le record  de transat entre Lorient et l’île Maurice. Un équipage mixte valides et moins valides qui n’avait qu’un seul objectif, donner leur meilleur…

La nuit fût entrecoupée d’échanges, de confidences, de rencontres…

Un grand merci à la Guilde Européenne du raid qui m’a permis d’avoir la lourde tache d’être l’un des membre du jury. Un grand merci à tous les sourires croisés, public et intervenants et un gigantesque merci à Cléo qui est une organisatrice des Ecrans de l’aventure au cœur immense…

Bivouac en Valais

20 août 2011
Foudroyé, il a su vivre en changeant de cap, symbole des vies abimées, continuer sans regretter le temps passé...

Foudroyé, il a su vivre en changeant de cap, symbole des vies abimées, continuer sans regretter le temps passé...

Altitude 1987mts, forêt paisible; être humain au alentour insignifiant, nomade en bivouac, chut c’est un secret…

Les alpages, c'est "vachement" bien!

Les alpages, c'est "vachement" bien!

En cherchant un peu, vous pouvez apercevoir une squaw et une mascotte!

En cherchant un peu, vous pouvez apercevoir une squaw et une mascotte!

En pleine paroi, insouciantes du danger elles daignent regarder en bas la fourmilière des hommes qui tentent désespérément d'arrêter le temps qui passe...

En pleine paroi, insouciantes du danger elles daignent regarder en bas la fourmilière des hommes qui tentent désespérément d'arrêter le temps qui passe...

Grense Jakobselv, frontière russe…

28 juillet 2011

Un petit cours d’eau nous sépare de la Russie, les consignes sont strictes, bivouac autorisé mais au moins à deux cent mètres des fils barbelés, téléphone portable, jumelle et appareil photo strictement interdits !!! Un vrai plaisir pour l’électron libre que je suis. Des militaires norvégiens en patrouille, qui doivent se trouver bien isolés dans ce bout du monde si perdu et un cabochard un poil triste de constater que ses frères les hommes aiment toujours le bruit de bottes. Une dame vient nous rendre visite, sans le savoir nous avons dressé notre camp sur son terrain ! En vérité la région lui appartient mais accepte avec plaisir de nous voir ici. Elle et ses 5 frères et sœurs sont nés ici et nous racontent comment la vie se passe avec « le grand frère russe ». Depuis quelques jours la radio norvégienne parle de catastrophe mais hélas il nous est impossible d’en comprendre le contenu. Je demande à notre hôte ce qu’il s’est  passé ? Elle nous annonce la nouvelle du massacre d’Oslo, elle est choquée et ne cesse de répéter que le fou est l’un d’eux, un norvégien !!! L’émotion l’emporte, ses yeux s’embrument et nous sommes écœurés d’une telle nouvelle… Décidément l’homme est un prédateur pour l’homme… Le soir sous une pluie fine, je tente de pêcher au lancé le diner alors que Véro ramasse les camarines noires pour le petit déjeuner. Un souffle vient du large, un rorqual décide de venir me rendre visite. Pas loin de 8 mètres il pratique le rase cailloux, deux phoques en vadrouille l’accompagnent, je lève ma ligne et apprécie le spectacle. L’homme se flagelle sans cesse alors que la nature chaque heure nous offre le plus beau des cadeaux, sa confiance… Il est temps de lever le camp, la mer de Barents semble figée, la pluie nous enveloppe, une manière peut-être de nous étreindre avant notre départ pour la Finlande. Je regarde l’océan Arctique et lui donne rendez vous l’année prochaine, la route en terre nous mène vers d’autres lieux, d’autres gens, la radio donne un programme de musique russe, nous sommes serein, le chemin est sinueux mais il mène sans doute vers le soleil. Nous perdons les chants russes pour retrouver une FM samis, là encore nous apprécions des chants traditionnels… Des milliers de lacs pour rejoindre le pays finnois et nous voilà sur les bords du lac Inari…

Pendant ma traversée à la rame avec Dumé, je n’avais amené qu’un seul livre : Arktika de Gilles Elkaïm. Cet homme avait mis quatre ans pour effectuer les 12000km entre le cap Nord et la mer de Béring par le cercle polaire, avec ses chiens il avait enduré les pires conditions et son récit nous avait fascinés. En 2005 il recevait de la part de la guilde européenne du raid le prix Peter Bird SPB, je le recevais en 2009 ! La chargée en communication de SPB qui m’avait remis le prix, m’avait parlé de son voyage en Finlande chez Gilles Elkaïm qui avait ouvert un camp de survie en région polaire… Nous étions sur ses traces…

La route qui mène du village d’Ivalo à Inari est longue au milieu des pins et des rennes qui se moquent du véhicule qui  roule sur ses routes du nord. Un panneau en bois discret indique Camp Arktika… Une nouvelle histoire commence… Suite au prochain épisode !

Pas de visa, pas de passage à l'est..

Pas de visa, pas de passage à l'est..

Et si le climat façonnait les hommes?

Et si le climat façonnait les hommes?

Une plage qui va recevoir notre bivouac.

Une plage qui va recevoir notre bivouac.

Ce sera du poisson ce soir.

Ce sera du poisson ce soir.

Camarines noires et plaquebieres en compote, la mascotte en salive encore!

Camarines noires et plaquebieres en compote, la mascotte en salive encore!

A nature hostile homme farouche...     A nature hostile, homme farouche...

A nature hostile homme farouche...

Les robinsons de l’océan Arctique…

22 juillet 2011

La route en terre finit en cul de sac, un grain ouvre les vannes, nous sommes seuls au monde. Je dirais plutôt au bout du monde ! Le phare de Slettnes domine la mer de Barents, position 71°Nord, il est  là-bas au loin. L’idée est d’aller bivouaquer dans la toundra dans un paysage somptueux.

Une éclaircie revient, elle nous donne la main pour trouver le bon emplacement et monter le camp. Un petit kilomètre suffira pour le bivouac idéal, deux allés retours et nous voilà en place. Véro a pris le coup pour m’épauler dans le montage de la tente, ici il faut toujours prévoir le pire. Des restes d’épaves jonchent le rivage, leurs histoires transpirent : hommes partis chercher fortune dans la pêche au crabe et à la morue qui n’ont connu que froid, tempête et drame… Un feu, malgré un bois gorgé d’eau, crépite, avec des planches nous fabriquons des bancs. Le basique devient magnifique. Si je vous dis que nous sommes seuls, je pense que vous l’avez compris dés le départ, mais en vérité nous sommes cernés ! En mer, de grosses bouilles nous épient, les phoques n’ont pas trop l’habitude de voir des campeurs par ici et leur curiosité nous fait bien rire, autour du camp des dizaines de rennes pâturent avec l’œil en coin mais avec un peu de patience ils s’approcheront sans trop se soucier des « Robinson de mer de Barents ». Ce matin pendant que Véro prolonge sa nuit, je pars en trek. Un détail important à cette latitude, pendant cette saison la nuit n’existe plus. Donc muni de mon appareil photo je pars en balade de rêverie. Une petite grimpette me mène à un lac, de là je domine l’océan Arctique. Des huards vivent en harmonie avec des canards, seuls les sternes arctiques n’apprécient pas ma venue. Je m’accroupis sur les rives et tente de me faire oublier. Mon âme d’enfant a libre cours, pas de bruit, pas de monde, seul face à moi-même, je sais qu’une belle aventure est en train de naître. Une expédition de plus ? Oui si vous voulez, moi je dirais une réalisation de rêve. Je suis tellement bien que j’en pleurerais de joie. Un poil romantique le Cabochard, mais la vie est trop courte pour se prendre la tête. La fourmilière terrestre ne laisse plus la place au rêveur, esclave du confort, l’essentiel est perdu et chacun court vers le graal qui n’est que futilité. Chaque fois que je me retrouve dans ces conditions de vie au plus simple, je réalise à quel point nous sommes devenus fragiles et tributaires du matériel… La vie peut-être douce sous cette latitude, mais l’instinct animal doit veiller, la moindre relâche et la nature vous fera une cicatrice. Ma prochaine aventure, comme un tableau, se monte, cela fait plus de deux ans que je l’ai en tête mais là, la toile prend forme. Du pastel gris noir comme la mer de Barents, du vert émeraude comme les lacs de Finlande, du bleu foncé golfe de Botnie, des traits clair et sombre comme les routes d’Europe, un peu de blanc comme les neiges éternelles des Alpes, un bleu azur pour une Méditerranée si chère à mon cœur et une touche de jaune comme le soleil qui éclairera mon bateau où ma belle me sourira après tellement de mois de séparation.

Vous ne comprenez pas tout ? Patience, au fil du temps je vous dévoilerais ce beau projet.

Ouais Jo Zef des crêpes au feu de bois ok, mais des entrecôtes de phoques et du carpaccio de rennes on va avoir des ennuis avec les écolos moroses !

Le renne, animal omniprésent.

Le renne, animal omniprésent.

Véro songe déjà au kayak rouge qui voguera un jour sur cet océan si vaste.

Véro songe déjà au kayak rouge qui voguera un jour sur cet océan si vaste.

Face à l'océan arctique il est bon de jouer au robinson.

Face à l'océan arctique il est bon de jouer à Robinson.

Température de l'air 9°, eau à 4°, Véro n'a qu'une parole elle s'est baignée.

Température de l'air 9°, eau à 4°, Véro n'a qu'une parole elle s'est baignée.

Un petit égaré qui a trouvé de la chaleur dans les mains de Véro...

Un petit égaré qui a trouvé de la chaleur dans les mains de Véro...

Heureux les voyageurs-baladeurs...

Heureux les voyageurs-baladeurs...

Visite au bivouac, encore et toujours des rennes.

Visite au bivouac, encore et toujours des rennes.

La mascotte au pays des trolls, et ce n'est pas une histoire troll!

La mascotte au pays des trolls, et ce n'est pas une histoire troll!

Gamvik en mer de Barents…

19 juillet 2011

Le vent dehors se renforce, la pluie martèle la toile, un grain passe sur les nomades du Grand Nord, température 8° ! Que c’est loin la Corse, la Maurienne, l’étape du tour et tous les sourires rencontrées. Le GPS donne 71° Nord, encore plus au nord de 600km du cercle polaire ! Non ce n’est pas le cap Nord, 500km à l’ouest, trop de monde, un nid à souvenir « made in Taïwan », ici c’est le bout du monde une route, qui mène à un comptoir de pêche à la morue et au flétan. Quand on s’arrête la première chose que l’on nous demande c’est pourquoi on est là ? Gamvik et ses hameaux. Devant notre bivouac la mer de Barents encerclée du majestueux océan Arctique, le vent est incessant, la végétation rase nous dévoile ses trésors.  Véro du coin de l’œil, bien emmitouflée dans sa parka m’observe, j’exulte, je vibre, une étrange sensation d’être chez moi ! Un long voyage nous a fait traverser la région  que les colons vikings ont appelé la Laponie. En vérité c’est le pays Same, dans leur langue le mot « lapon » signifie : homme en guenille !

Luléa port suédois le plus septentrional du golfe de Botnie, nous a accueillis. Une petite voiture, une tente, une carte et surtout une grosse envie d’un voyage authentique loin des clichés. Les routes sont belles, les forêts de pin et de bouleau nous font avaler des centaines de kilomètres. Bivouac en bordure de rivière, des rennes pas trop craintifs comme voisins et bien sûr des nuées de moustiques. Rien à voir avec l’Alaska mais nous nous sentons un poil donneur de sang contre notre volonté. Les lacs se succèdent par centaines et chacun d’eux nous éblouissent de leur magie. Sur le bord du grand lac d’Inari nous bivouaquons, de la viande de rennes fumées au menu, un vrai régal. La route est encore longue, Mourmansk à droite, Mehamn tout droit…

Nous y voilà, la mer de Barents, la péninsule de Gamvik, nous avons le souffle coupé, si je vous dis que c’est beau je vais vous paraître un poil « rabâcheur », pourtant c’est beau. Nous trouvons un beau spot pour monter le camp et malgré un fort vent de nord-est tout est en place… Le réchaud chauffe la soupe et de sous nos duvets nous pouvons observer la mer arctique se déchainer…

Une petite sélection de quelques clichés.

Rencontre trés fréquente sur ses routes très isolées.

Rencontre très fréquente sur ses routes très isolées.

Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.     Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.

Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.

Pirogues sur les bords du fleuve Tana.

Pirogues sur les bords du fleuve Tana.

Maison traditionnelle dans la toundra proche de l'océan Arctique.

Maison traditionnelle dans la toundra proche de l'océan Arctique.

Vue sur la mer de Barents, un bivouac de luxe...

Vue sur la mer de Barents, un bivouac de luxe...

Le phare le plus nord de l'Europe continentale.

Le phare le plus nord de l'Europe continentale.

Huitrié pie

Huitrié pie

Un os de baleine, non Jo Zef ce n'est pas une grosse arête!

Un os de baleine, non Jo Zef ce n'est pas une grosse arête!

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Fabien Pietri… Son témoignage…

1 juillet 2011
Zenitude en altitude!!!

Zenitude en altitude!!!

De temps à autre j’aime vous dévoiler quelques pages que vous allez bientôt pouvoir trouver sur mon nouveau livre … Sortie fin février.

Rencontre de Fabien, le fils de ma « Vrai ».

Notre société adore mettre les gens dans des cases, moi je déteste! Ce n’est pas nouveau, vous vous en doutiez !

Ni mon beau-fils, ni un copain, juste un jeune homme qui me plaît de part ses réflexions, de ses analyses sans suivre les moutons.

Dans son travail il venait de vendre un vélo de salle quand quelques phalanges ont voulu tester qui étaient le plus résistant, il confirmera que les dents des pignons déchirent avec soin les chairs… Éclopé à son tour, je voyais en lui un candidat potentiel pour venir rejoindre l’équipe mixte en Argentine… Le reste vous le lirez bientôt…

A la fin du bouquin comme dans le premier j’ai demandé des témoignages, voici le sien…

Cela doit faire dix ans  que je côtoie  Frank, quand je l’ai connu je n’avais que 17 ans. A cette époque-là, je sortais de l’adolescence, j’étais un jeune homme timide, réservé, pas très loquace et un peu introverti dès que je sortais de mon périmètre « famille / amis ».Et je pense, comme beaucoup de personnes à cet âge-là, on se pose de nombreuses questions, on ne sait pas vraiment où l’on va et surtout ce que l’on veut faire, étudier ou travailler, partir ou rester…Moi je rêvais de voyages mais l’inconnu me faisait peur… en aucun cas je n’aurais pu faire ce que Frank a réalisé pour ses 16 ans, un voyage lonely  aux States. Les années qui suivirent, sont des années où l’on débute sa vie d’homme par des choix. Chose que j’avais effectuée avec une ceinture de sécurité car le simple fait de m’imaginer prendre un risque m’effrayait. Malgré cela, ces choix se sont ponctués par des échecs.

Par la suite, à cause et grâce en grande partie à sa fréquentation, à son discours, à son expérience, je me suis décidé à prendre des risques. Risques qui dans un premier temps se sont soldés à nouveau par des échecs… mais avec Frank, j’ai appris le véritable sens du mot « persévérance ». Et aujourd’hui cela me permet depuis quelques temps d’avoir de la réussite dans ma vie.

A travers Frank et son Association j’ai assimilé réellement différentes notions : « se dépasser », « aller au bout des choses », « avoir foi en soi », « l’univers du possible »… J’ai compris que les premières « limites » ne sont pas liées aux handicaps ; les limites sont le propre de l’homme. Avant même d’être confronté aux vrais obstacles, l’homme se met des barrières et se réfugie dans sa peur, peur de ne pas savoir, peur de ne pas pouvoir, peur d’être différent… la peur est un inhibiteur très puissant qui nous empêche très souvent d’oser et de faire le premier pas. J’ai aussi compris que si mon passé avait été fait d’échecs, que si  mon présent est fait de réussites et bien,  que mon avenir sera peut –être fait à nouveau d’échecs. Mais aujourd’hui j’ai assez de recul et acquis assez de maturité pour savoir qu’il faudra apprendre de ces échecs futurs pour évoluer et continuer à avancer.

Je pense être devenu une personne plus autonome, plus ouverte, plus libre et qui a beaucoup plus confiance en soi qu’auparavant même s’il est toujours vrai que «  JO ZEF » est beaucoup plus bavard et moins discret que moi. J’ai eu un parcours scolaire un peu atypique et si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à toi car il m’a fallu de la volonté pour reprendre mes études après 5 années d’interruption tout en travaillant et celle ci m’a été en partie inculquée à tes côtés car pour moi ce qui te caractérise avant tout, c’est cette détermination inébranlable qui t’habite…

Alors voilà Frank, merci pour ce que tu as fait pour moi, pour ce que tu as pu m’apporter,  ce que tu m’apportes encore  et  ce que tu m’apporteras directement ou indirectement …. Merci pour tout !!!

De tous les moments passés ensemble : randonnées, foot, plongée, trail, voyage… celui que je préfère est celui où l’on se retrouve à la table de ton « Cabochard » devant l’un de tes petits repas exotiques dont tu as les secrets, à parler de tout et de rien, moments synonymes pour moi de « partage », d’ « échange » et de « simplicité ».

Quant à « Bout de Vie », je ne la vois pas comme une association pour personnes handicapées mais plutôt comme « une école de la vie » où l’on n’y apprend les « vraies valeurs »…

On peut entendre dire sur Frank, que c’est un cabochard, un oiseau des mers, un aventurier, un solitaire, ou encore un utopiste…  il est avant tout un homme avec un grand H. Mais la plus jolie comparaison qui ait été faite pour moi, est celle d’une petite fille en Argentine qui me chuchota tout doucement à l’oreille que Frank ressemblait à« un flamant rose » à cause de sa guibole rose.

Les migrations d’un oiseau migrateur… je crois que cela reflète assez bien sa vie !!!

Hasta siempre « Flamingo » !!!

Afectuosamente.

EL NIÑO.

Moteur, silence, on tourne…

23 juin 2011

De gauche à droite Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

De gauche à droite: Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

Depuis une semaine ma solitude chérie est un poil chamboulée ! Réaliser une aventure est une chose, monter un film, en est une autre. Sur ma « kayakerie » sur le fleuve Yukon bien-sûr j’avais embarqué une caméra étanche avec l’idée de ramener de belles images. Mais chacun son boulot, le fleuve m’avait transformé en forçat de la pagaie et les rushs ramenés étaient de piètre qualité ! Dommage !

Vous savez que je suis un poil têtu et dans l’adversité je ne me laisse jamais abattre. Depuis mon retour du Grand Nord je cherchais une solution pour vous faire rêver quelques instants, au pays de la longue rivière. Un seul dénouement trouver une équipe professionnelle pour réaliser un documentaire sérieux, mais cela a un coût !

Cet hiver je trainais la prothèse pour me rendre dans les Alpes où l’un de mes sponsors me conviait. Le week-end fashion mode avec un rustique un poil Cabochard, cela dénote ! Bref, j’acceptais l’invitation et restais dans mon coin, le seul en t-shirt en plein hiver au milieu de la neige c’est sur que ça attire le styliste en goguette. Je m’adaptais, mais mon monde était  bien loin de ce que je voyais… Pourtant, comme à chaque fois entre une paillette et une coupe de veuve Clicquot que je refusais pour consommer de l’eau de source, je rencontrais quelques personnes très attachantes. Une dame venait à ma rencontre et avait entendu parler de mon Bout de vie, directrice en communication de l’une des plus grandes sociétés au monde dans le milieu de la haute couture, elle semblait toute acquise à ma croisade, elle me laissait sa carte en me promettant de m’aider. Avec mon tact habituelle, je lui précisais que régulièrement on me faisait ce discours mais rare étaient ceux qui tenaient leur promesses…

Entre temps je trouvais une équipe prête à tourner, mais pas du second choix, des grands pros du documentaire. Rendez- vous à Paris et à ma grande surprise ils acceptaient de réaliser le film. Bien-sûr cela avait un cout, car pour l’instant ce reportage serait uniquement diffusé dans les festivals et salles de cinéma, la télé ce sera pour plus tard, si le film marche.

Le budget est en conséquence de la qualité du film et des personnes qui le réaliseront. Le devis me donnait le tournis, je ne voyais pas comment quelqu’un pouvait investir une telle somme pour un inconnu comme moi. Je baissais la garde et décidais d’y renoncer. Pourtant je ruminais et sur mes milliers de kilomètres d’entraînement vélo je pensais, je songeais, je rageais, je cherchais… Et si j’appelais la dame qui m’avait promis. Un mail pas forcément mielleux et moins de trois heures plus tard elle me répondait que sa société financerait la totalité du film. Une seule condition : la prestigieuse marque ne devait jamais apparaître !!! C’était un coup de cœur !!! J’étais séché, scié, estomaqué…

Voilà une bien belle histoire. Depuis le début de la semaine, Isabelle, Fred et Olivier  de 5h du matin à 22h non stop tentent de fixer les vibrations d’un drôle de Cabochard. Ce documentaire est un suivi de mon quotidien. Bivouac au milieu de nul part avec une vie basique, composée de gestes simples : allumer un feu avec une seule allumette, cuisson du pain sur une pierre, cueillette de quelques plantes pour le diner. Rencontre de deux jeunes amputés que j’amènerais plonger ; Stéphanie et Steve raconteront leur incroyable voyage  en Antarctique avec quelques images australes. Retrouvailles de Dume Benassi pour une sortie vélo de « fada ». Départ à fond, sortie en puissance, pour finir comme des dératés… Après-midi kayak avec des confidences de Dume sur sa vie à cloche pied avec bien-sûr une « ramerie » océanique ! Véro se confiera à la caméra, mots justes et émouvants. Plongée dite profonde où je vais décrocher une nasse d’un ami pêcheur au large des îles Bruzzi… Bien-sûr quelques retour sur mon parcours d’homme entier, enfin presque, et bien-sûr les images du Yukon…

Ecrire un livre je ne l’aurais jamais cru, le deuxième arrive bientôt ! Un documentaire, à chaque fois je suis surpris, mais de ce niveau là je ne pensais pas un jour que cela puisse se faire…

Pour ceux qui auraient encore envie de penser que je joue la vedette, le but est simple : Transmettre, encourager, redonner gout à la vie, booster ceux qui n’y croient plus… Je sais de quoi je parle à un moment bien précis j’en faisais partie moi aussi….

Pour conclure et rassurer le fan club de Jo Zef la mascotte, vous allez voir qu’il a  bien sa place dans ce beau film qui sortira en avant première au festival  du film d’aventure Suisse des Diablerets entre le 6 et le 13 aout…

Silence on tourne, clap première…

A pluche.

Un air de Yukon en Corse…

2 juin 2011

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Une année déjà ! Le Grand Nord me tendait les bras pour une belle leçon de vie. Je me doutais que cela serait une sacrée aventure, mais je ne pensais pas à quel point cela modifierait ma manière d’évoluer.

Sur le grand fleuve, seul face à moi-même, pas de place au superflu, observer, pagayer et rêver. Le but étant de ne pas être mangé, ni dépecé, tout un programme ! Entre deux prières, manières Cabochard, je partais dans des rêveries « corsées » : Un coin planqué sur mon île, un bivouac paumé, un mini monastère où j’irai régulièrement me ressourcer. Mais la Corse, ce n’est pas l’état du Yukon, il y a du monde et partout…

Depuis mon retour début septembre, j’en ai arpenté du maquis, mais chaque fois il manquait un élément au cahier des charges. Cet hiver alors qu’avec ma Vrai nous nous restaurions sur le bord d’un torrent très isolé, une folle envie de le traverser me pris. Véro, bien décidée à rester sèche, souriait à ma traversée du cours d’eau à la température polaire. Trempé comme un castor, je découvrais un coin planqué, mais je me voyais mal, à chaque envie de paix, jouer au sous-marin pour aller rejoindre ce camp perdu. Puis en fouillant au milieu des chênes lièges et verts je trouvais un restant de piste ! Ma curiosité toujours affutée devait me transformer en lecteur de parchemin qui mènerait au fameux trésor des templiers…Euréka!  Une piste en terre agricole, qui mène à nulle part, puis une sente… Muni de mon pinatu (serpe) je partais à la recherche d’un passage, sueur et sang furent mes alliés pour débusquer les ronces qui barraient la voie de mon rêve. Quatre jours de bataille pour enfin arriver à un refuge de corsaire. Une fois de plus, j’ouvrais la porte d’un de mes rêves. J’organisais une plateforme qui recevra ma tente, mes restes de maçon se sont réanimés et avec entêtement et plaisir j’ai monté une enceinte en pierre sèche. Quand le vent soufflera en tempête, il sera obligé de nous effleurer sans nous mordre. Au fil des jours avec du bois de récupération j’ai fabriqué une belle table et ses bancs…

Depuis quelques semaines quand je ne pédale pas, je m’échappe dans mon sanctuaire, tout y est paix et sérénité. Ici pour commencer aucun réseau, pas d’appel avec les éternels : « T’es où ? Qu’est ce que tu fais ? » Pas de wifi, pas de prédateur. Les plantigrades sont remplacés par des ongulés, les loups par des renards craintifs et si les grizzlis ne rôdent pas, la vigilance est de mise au cas où un randonneur vraiment égaré rejoindrait cette tanière.

Je retrouve le contact direct avec la nature, l’inspiration de voyage me revient, partir pour mieux revenir ! Paradoxe des hommes et de ses incompréhensions. Une mésange à tête noire vient régulièrement me rendre visite, je suis toute ouïe, rien que pour elle. Au mois d’octobre le livre sera chez votre libraire, c’est fait, le contrat est signé. De mon camp j’y ai rédigé quelques mots à maux et si en ouvrant au hasard des pages, un mélange de fragrances, d’épicéas du Grand Nord et de bruyère blanche embaume votre espace, c’est que vous aussi, vous êtes assis à ma table perdue quelque part aux pays des géants pétrifiés en bloc de granit…

Seul le silence dit la vérité… (Vous voyez comme ça m’inspire !)

Erhard Loretan, la derniére cordée…

2 mai 2011
Regard des cimes...

Regard des cimes...

3 jours de bivouac, 3 jours cachés au milieu de la forêt, 3 jours où l’insignifiant se révèle incroyablement beau et bon, si loin du monde des fourmis … Retour dans la fourmilière, réseau, message, connexion, information il parait qu’il faut 13 clochettes pour le bonheur ? C’est bon j’ai compris je suis de retour chez mes frères les hommes… On choisit ses amis, mais pas sa famille, ce n’est pas moi qui l’ai écrit, celle-là !

Une nouvelle me fauche, m’électrocute Erhard Loretan a dévissé en montagne, son corps a été retrouvé sans vie, le jour de ses 52 ans…

Pendant le festival des Diablerets  il était membre du jury, Dume, Marianne et moi devions donner notre avis sur des films d’aventures…

Pendant cette semaine je découvrais le personnage, un nomade des cimes. Il refusait de dormir dans une maison et avait aménagé un utilitaire comme bivouac mobile, son lit se trouvait au milieu de baudriers, crampons, piolets et bric à brac nécessaires pour approcher un peu plus que n’importe qui les étoiles. Petit bonhomme noueux, pas un gramme de graisse, un regard franc et une poignée de main qui ne trahit pas le personnage. On ne pouvait pas attendre de lui qu’il vous raconte son parcours, il n’était pas facile de lui tirer les vers du nez, Marianne Chapuisat, le connaissait très, très bien. L’artiste faisait partie du club très restreint des hommes qui avaient atteints les 14 sommets au delà des 8000 mts !!! Il était le troisième alpiniste à avoir enchainé l’impensable, l’impossible…

Respect, respect…

Guide de haute montagne il était l’un des meilleurs grimpeurs au monde. Sa technique était basique et directe ; camp de base jusqu’au  sommet non stop !!! Des courses incroyablement longues, mais qui avaient l’avantage d’être très rapides et à cette altitude le beau temps est éphémère. Un sac à dos light, avec un peu d’eau chaude, des barres de céréales et une volonté d’acier pour des 50 heures de balade aux milieux des Dieux des montagnes… De ses yeux jaillissait la beauté des cimes. Un poil sauvage, je me marrais quand c’était à son tour de parler aux journalistes, on aurait dit un p’tit garçon que l’on forçait d’aller à l’école. Quand  c’était le tour de Dumé comme un chenapan il passait juste derrière en disant avec son fort accent Suisse : « C’est de la propagande pour le handicap !!! » Quel bonhomme, quelle âme. Bien-sûr on s’était juré de faire un truc ensemble, il nous avait proposé le Mont Blanc pour commencer, mais chacun devait partir vers sa propre « légende ».

Entre deux expéditions il guidait ses clients en mal de sommet, et jeudi dernier avec une jeune femme sur une arête pas forcément plus technique qu’une autre, mais la montagne facile n’existe pas, ils dévissaient tous les deux. Les secours ne purent envoyer l’hélico pour cause de brouillard, une patrouille partit à ski, mais découvrait trop tard le corps du célèbre alpiniste sans vie, sa cliente elle, est dans un état grave…

C’était le jour de ses 52 ans, lui aussi détestait toutes ces mascarades de fêtes bidons, il était libre comme l’aigle des montagnes et il est allé rejoindre son petit bébé, qui lui était mort dans ses bras quelques années auparavant…

Salut Erhard, une bougie brûle pour toi, veille sur nous. Bientôt promis, on ira grimper un nuage ensemble…