Les touristo-matelots sont de retour, aie aie!!!

6 mai 2011

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Depuis quelques jours une activité nautique reprend du service dans le golfe profond qui nous abrite. Certes ce n’est pas la Côte d’azur mais déjà 4 bateaux y ont mouillé leurs ancres cette semaine. Pour moi c’est le début de la fin, l’été devient insupportable pour le loup solitaire que je suis. Entre vous et moi, le mouillage que je me suis choisi est protégé de tout « fada flottant ».  Trop de pièges pour y arriver. Un catamaran de 20 mètres encore en W tourne depuis 3 heures dans ce fjord où un grécale de 20 nœuds s’adonne à cœur joie sur la famille « aubouleau » en vacances ! Tout est neuf, une petite fortune flottante, mais l’équipage hurle à tout va : « fait comme ça, fait comme si !!! » L’ambiance des vacanciers qui se détendent m’apparait, d’où je suis-je n’entends pas les cris mais je les vois gesticuler comme des moustiques qui fuient les hirondelles… Cette année c’est sur je ne ferais plus de sauvetage en mer, trop marre des coups foireux, mais la radio est tout de même en veille sur le 16 et l’œil  toujours attentif au moindre mouvement louche dans mon secteur. Je me réjouis car le 1 juillet, je quitte mon île pour plus de deux mois, le Cabochard sera tranquille au fond du fjord surveillé par les amis et moi loin de ce capharnaüm estival.

Le catamaran, pas marrant mais catastrophe, ne parvient pas à assurer son mouillage, pas de clique  web pour mouiller, pas d’application iphone donnant la directive, encore moins de mms de solution, juste un enfoiré de Cabochard qui compte les points. Dans le fond du golfe une bouée blanche se dandine tranquillement, quand soudain, les marrants la détectent ! Machine avant, à fond, arrière toute, avant toute, aïe, des doigts vont être donnés en pâture aux oblades, puis la capture de la bouée est faite. Mais voilà elle n’est qu’un reste de corps mort qui a lâché la semaine dernière, attendant un plongeur unijambiste pour être mise en service ! Voyant la nuit arriver et le vent toujours en forme, je m’approche d’eux pour leur demander de lâcher prise car le corps mort va céder surement d’ici quelques minutes. Là la vanne est lâchée : « Où peut-on se mettre en sécurité ? » Je déserre mes petits poings et respire un grand coup avant de leur expliquer en libérant ma mâchoire qui grince que ma présence n’est pas pour un cours de mouillage mais pour éviter un accident qui assurément me demandera une nuit de boulot pour sortir les touristopasrigolo de leur embrouille…

Petit cours quand même de leçon de vie par un mec qui n’aime pas les « rigolosurlos » : « Pour vous, quand vous voyez une bouée, vous y frappez une aussière sans savoir ce qu’il y a au fond ? » L’équipage me regarde comme si j’avais été la réincarnation de Ben Laden !  « Ben c’est un corps mort, non ? » Mais qui y a-t-il au fond ? Demande un Cabochard qui monte en pression… Ben chai pas !!!

Oh bourrico, tu mets la vie de ton équipage en jeu sur un chai pas !!! Le skipper se réincarne en cocker triste qui a fait un triple salto dans un magasin de porcelaine et qui a tout pété. Oui je respire par le nez, je me détends, pourtant il est à porté de gifle, mais il ne faut pas ! La petite voix me dit : « Frank tu es à la tête d’une belle association, tu aides les gens qui sont en détresse, alors pas de violence !!! » Satané voix, juste une belle baffe comme au bon vieux temps… OK, c’est bon pas de baffe estivale !!!

La nuit arrive et il tourne toujours jusqu’au moment où je les vois mettre cap au large… Ouf ce soir je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles sans veiller aux néomarinounpoilremolo !!!

Voilà mes amis une histoire salée d’un Cabochard qui ne supporte pas les marins de boulevard, on ne va pas en mer, on la vit, on la vibre, le sang s’évapore pour devenir eau salé, puis les yeux ne sont qu’horizon à la recherche de se brin de vent qui risque de marquer l’équipage. Le bol de soupe serré entre les mains réchauffe l’homme de quart qui depuis bien longtemps n’a pas su voler un baiser à une belle d’escale… C’est un fameux trois mâts, fin comme un oiseau… hissez haut …

Décathlon embauche son premier jeune adhérent de Bout de vie…

4 mai 2011

L’année dernière à cette époque je rencontrais entre deux avions, Eric Dupont, l’un des manager de la marque Oxylane (Décathlon). Un bon feeling s’installa de suite entre nous et l’idée d’avancer ensemble semblait tout tracé.

Dans la semaine qui suivait notre rencontre, la fameuse firme offrait le package du parfait aventurier aux 6 jeunes de l’association qui allaient pagayer avec moi sur le début du fleuve Yukon. Après mon retour du Grand Nord, le 8éme stage de plongée Bout de vie commençait, et comme promis il faisait un bref aller/retour pour se rendre compte du travail de l’association.

Dans un premier temps, il s’était orienté sur le financement du stage, mais la fondation Décathlon ne subvient pas à ce style de manifestation. De mon côté j’avais reçu le soutien de 3 fondations que je peux enfin citer maintenant, puisque les contrats ont été signés. (Fondation Nature et Découverte, AXA atout cœur et la Fondation la Française des jeux) L’avenir de bout de vie était assuré et pour cette année il me semblait déplacé d’insister avec la fondation Décathlon. Éric eut une super idée, embaucher des jeunes adhérents amputés dans les divers magasins répartis en France…

Rémi qui a participé à pas mal d’activités de l’association est  depuis l’année dernière, majeur. Pour financer ses études, il désirerait trouver un job qui puisse aussi le faire déboucher sur un futur emploi.

Son CV me fût remis pour que je le transmettes à Éric. Je vous rappelle qu’il n’est pas du tout chargé du personnel et que son poste est l’achat des textiles pour alimenter tous les magasins en Europe.

Mais Éric prit son temps et appela Rémi pour un entretien, la classe !

Ensuite, Rémi eut son premier rendez- vous avec la directrice du Décathlon Auxerre, puis un deuxième avec le chef de secteur. A mon tour je m’entretenais avec la « boss » pour répondre à une « inquiétude » ! Rémi arrivera-t’il à tenir debout toute une journée pour conseiller les acheteurs ? Je rassurais la jeune femme et lui garantissait que Rémi avait la rage de vivre et que je le considérais comme un petit frère et de part ce fait je m’engageais sur sa performance de son futur emploi. A partir du 1er juillet mon jeune protégé sera un « Décathlonien » …

Je suis très heureux de ce premier emploi créé. Si de votre côté vous êtes passionnés de sport, jeunes amputés, envoyez un CV à Bout de vie et nous ferons le nécessaire. Attention, ce n’est pas un passe-droit, bien au contraire. Votre CV sera juste remis, à la bonne personne au bon endroit. Si votre profil convient il sera retenu…

Petit à petit Bout de vie se diversifie et j’en suis ravi.

Erhard Loretan, la derniére cordée…

2 mai 2011
Regard des cimes...

Regard des cimes...

3 jours de bivouac, 3 jours cachés au milieu de la forêt, 3 jours où l’insignifiant se révèle incroyablement beau et bon, si loin du monde des fourmis … Retour dans la fourmilière, réseau, message, connexion, information il parait qu’il faut 13 clochettes pour le bonheur ? C’est bon j’ai compris je suis de retour chez mes frères les hommes… On choisit ses amis, mais pas sa famille, ce n’est pas moi qui l’ai écrit, celle-là !

Une nouvelle me fauche, m’électrocute Erhard Loretan a dévissé en montagne, son corps a été retrouvé sans vie, le jour de ses 52 ans…

Pendant le festival des Diablerets  il était membre du jury, Dume, Marianne et moi devions donner notre avis sur des films d’aventures…

Pendant cette semaine je découvrais le personnage, un nomade des cimes. Il refusait de dormir dans une maison et avait aménagé un utilitaire comme bivouac mobile, son lit se trouvait au milieu de baudriers, crampons, piolets et bric à brac nécessaires pour approcher un peu plus que n’importe qui les étoiles. Petit bonhomme noueux, pas un gramme de graisse, un regard franc et une poignée de main qui ne trahit pas le personnage. On ne pouvait pas attendre de lui qu’il vous raconte son parcours, il n’était pas facile de lui tirer les vers du nez, Marianne Chapuisat, le connaissait très, très bien. L’artiste faisait partie du club très restreint des hommes qui avaient atteints les 14 sommets au delà des 8000 mts !!! Il était le troisième alpiniste à avoir enchainé l’impensable, l’impossible…

Respect, respect…

Guide de haute montagne il était l’un des meilleurs grimpeurs au monde. Sa technique était basique et directe ; camp de base jusqu’au  sommet non stop !!! Des courses incroyablement longues, mais qui avaient l’avantage d’être très rapides et à cette altitude le beau temps est éphémère. Un sac à dos light, avec un peu d’eau chaude, des barres de céréales et une volonté d’acier pour des 50 heures de balade aux milieux des Dieux des montagnes… De ses yeux jaillissait la beauté des cimes. Un poil sauvage, je me marrais quand c’était à son tour de parler aux journalistes, on aurait dit un p’tit garçon que l’on forçait d’aller à l’école. Quand  c’était le tour de Dumé comme un chenapan il passait juste derrière en disant avec son fort accent Suisse : « C’est de la propagande pour le handicap !!! » Quel bonhomme, quelle âme. Bien-sûr on s’était juré de faire un truc ensemble, il nous avait proposé le Mont Blanc pour commencer, mais chacun devait partir vers sa propre « légende ».

Entre deux expéditions il guidait ses clients en mal de sommet, et jeudi dernier avec une jeune femme sur une arête pas forcément plus technique qu’une autre, mais la montagne facile n’existe pas, ils dévissaient tous les deux. Les secours ne purent envoyer l’hélico pour cause de brouillard, une patrouille partit à ski, mais découvrait trop tard le corps du célèbre alpiniste sans vie, sa cliente elle, est dans un état grave…

C’était le jour de ses 52 ans, lui aussi détestait toutes ces mascarades de fêtes bidons, il était libre comme l’aigle des montagnes et il est allé rejoindre son petit bébé, qui lui était mort dans ses bras quelques années auparavant…

Salut Erhard, une bougie brûle pour toi, veille sur nous. Bientôt promis, on ira grimper un nuage ensemble…

Le Pole Nord à pied…

28 avril 2011

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Dans mon dernier billet, je vous mettais en lien le film de la traversée du Groenland, mais avant d’en arriver à ce pari fou, j’avais été invité à rejoindre une équipe russe…

Victor Boyarski, figure emblématique du monde polaire n’avait pas  hésité un seul instant à m’accepter dans son équipe. Une base dérivante au nom de Barnéo est installée sur la banquise à quelques degrés du pôle nord, camp scientifique, mais qui est le départ de pas mal d’expédition qui tente de rejoindre la latitude 90° Nord. Je me joignais à Victor Serov et Vadim Vasiliev. Moins de 90 jours avant je venais de traverser l’Atlantique à la rame, je n’avais pas repris tout les kilos perdus, mais je  tentais ma chance avec  cette opportunité incroyable. Arrivé au Svalbard le décor était planté, entre iceberg et banquise ce lieu est une terre fascinante  de glace…

Durant cette montée, des images ont été tournées et un film monté, mais jamais diffusées, comme je suis en plein classement des rushs de mes expéditions pour un beau projet de documentaire qui voit enfin le jour, voici en exclu pour vous, ma balade au Pôle Nord.

Bistra bistra… (Vite vite) en russe…

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Corsaire des glaces: Le film

25 avril 2011

En 2007 je m’élançais  dans une première, tenter la traversée de l’Inlandsis Groenlandais à pied !!! Déjà fait par des bipédes mais pas par un corsaire un poil Cabochard!!!

Je me demandais pourquoi aucune personne handicapée n’avait, ne serait-ce qu’en partie, tentée cette traversée polaire !

Nicolas Dubreuil avait constitué une équipe atypique, Hogan Beernart, venait de se remettre d’une lourde chute d’un arbre, ses vertèbres bien que brisées, s’était échappé du pire, Serge Bogros habitué des expéditions polaires venait de subir un pontage cardiaque. Niko lui voulait porter ce projet pour promouvoir la cause de la « différence ». Deux ans auparavant il était passé à travers la banquise et avait commencé à geler, les médecins lui avaient prédit l’amputation de ses mains et pieds…Sa bonne étoile et les miracles de la médecine lui ont évité de prendre l’adhésion Bout de vie !!!

Parti de Kangerlussuaq cote Ouest du Groenland nous devions être héliportés en haut de la calotte, mais l’hélico quelques jours avant notre arrivée devait s’abimer dans les glaces ! Plutôt que d’abandonner nous prenions la décision un peu folle de gravir les 2000 mts de dénivelé de la langue du glacier. Grimper, muni de nos traineaux pesant 120 kilos pièces, devait se relever d’un travail de gladiateur, les crevasses à multiples reprises nous tendaient des pièges, chacun d’entre nous devions  détecter les gouffres qui auraient pu être nos sarcophages. Hogan a failli y perdre sa vie d’ailleurs…

Au bout de 4 jours, Serge jetait l’éponge, un petit avion pouvait encore nous rejoindre et le rapatrier, pour nous trois nous attaquions cette croisade blanche…

Pendant 34 jours nous avons erré sur l’un des endroits le plus désertique du monde, rien n’y vit car tout y meurt. .. Mon moignon m’a fait souffrir en plus des gelures,  mais la volonté et la détermination m’ont permis de réaliser ce rêve incroyable. Niko s’est révélé comme  un frangin d’ailleurs depuis nous aimons nous appeler : Frères de glace.

Alors que tout allait mal pour moi, venu de nul part, un bruant des neiges est venu se poser sur ma pulka, un signe d’espoir qui m’a permis de continuer.

Ce film n’est pas mixé et ne fût pratiquement jamais diffusé dans son intégralité, donc pour vous en toute intimité je vous amène au pays des trolls des neiges,( les Kilitoqs.)

Mon livre Bout de vie édition Arthaud retrace aussi cette épopée.

Un grand coup de chapeau à Nicolas Dubreuil qui  a pris beaucoup de risque pour filmer, dans certaines séquences la température était inférieure à -45° !!!

Marche et rêve…




Chris Mc Sorley coach du GSHC témoigne…

22 avril 2011

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En 2003 j’accompagnais Dumé en Nouvelle-Zélande pour les championnats du monde de Triathlon qu’il remportait à l’époque pour la 8éme fois. L’ambassadeur de France nous présentait un héros national Mark Ingliss. Amputé tibial double il était sportif de haut niveau mais surtout homme de montagne, en 2006 il atteignait l’Everest ! Toutes les équipes de hauts niveaux professionnels de son pays faisaient appel à lui pour qu’il amène sa touche sur la persévérance et la résistance à la douleur. Des All-Blacks, au team Kiwi de l’América’s cup en passant par la nationale de cricket, sport roi sur l’île australe, il était devenu tout à fait normal d’avoir recours à lui. Les 30 heures de vol retour devaient me faire cogiter sur la possibilité de faire de même en France, mais je devais m’affirmer d’abord …

Quelques années plus tard et quelques péripéties du non des moindres, je rejoignais l’équipe professionnelle de hockey sur glace de Servette Genève. Vous connaissez la suite, une finale et la plus belle saison de l’histoire du club. Chris Mc Sorley, ancien pro Canadien, avait de suite accepté la demande d’Alex qui fût ce lien si important. Coacher des gladiateurs des temps modernes.

Le proverbe dit qu’on n’est jamais prophète dans son pays et je le confirme. Depuis, la Suisse m’a ouvert une nouvelle voie, conférence, talk show télévisé, jury de festival… Les helvètes ont compris depuis longtemps qu’une personne blessée au plus profond de sa chair et de son âme, si elle avait la force de se reconstruire, pouvait passer un message très fort.

La France pays des droits de l’homme de prime abord devrait être précurseur dans ce domaine, mais non et encore non ! Notre société a besoin de plus en plus de guide, une grande majorité ne sait plus se gérer seule. La preuve, les sociétés de coaching pullulent, pour arrêter de fumer, pour maigrir, pour s’habiller, pour sortir en public et même pour ranger sa maison ! Ne cherchez pas de personnes, un poil, amochées  dans ce listing. Une maison française spécialisée dans ces événements, m’a mis dans son catalogue, mais rares furent les fois où mon profil fût pris.

En contact avec beaucoup de grands champions souvent je suis proposé aux équipes nationales de l’hexagone, mais la réponse est toujours la même : bonne idée mais pas pour le moment ! Laurent Blanc s’est fait taper sur les doigts quand il a engagé un psy du sport pour un état des lieux, on m’a gentiment dit que le public n’était pas encore prêt pour ce type d’expérience ! Le public ??? Et oui toujours l’image, que va-t-on dire que l’équipe de France de football reçoive en son cœur pour quelques jours un unijambiste à la rage de vivre ? Je ne suis ni blessé, ni frustré, bien au contraire. Cela me donne encore plus d’énergie pour continuer mon chemin et essayer de changer le regard des autres. Je sais qu’avant tout, cela vient des personnes elles-mêmes handicapées qui n’ont pas encore su accepter leurs différences pour que les « normaux » ne les voient plus comme des personnes diminuées, mais des êtres aussi puissants et aussi capables que n’importe qui…

Dans le projet du deuxième livre j’ai demandé à Chris Mc Sorley de m’offrir son témoignage :

J’ai rencontré Frank sur recommandation  d’un ami commun, Mr. Alexandre Ahr. Il  me l’a présenté  comme étant une de ces rares et précieuses  personnes  qui a la capacité de remotiver  la vie des gens.

Dans mon rôle de manager d’équipes  professionnelles de hockey, je dois souvent faire face à un challenge pour motiver mon groupe de joueurs à surpasser l’adversaire en vue de notre prochaine victoire.

Frank a rejoint notre équipe au printemps de la saison 2008-09 juste avant les playoffs. Nous étions face à des adversaires  plus grands et plus forts que nous et nos joueurs  doutaient de leur capacité de gagner. Frank est entré dans nos vestiaires et en six semaines et trois tours de playoffs, il a réussi à redonner confiance à toute l’équipe.

A travers son histoire personnelle, sa force de caractère et sa motivation à changer les gens autour de lui, Frank a touché le cœur et l’âme de tous les joueurs (et de l’entraineur), ce qui les a conduits vers le succès.

Ce fut la première fois en quarante ans que le «  Genève-Servette Hockey Club »  atteignit  les finales de la Ligue Suisse De Hockey Sur Glace.

Nos sincères remerciements à Frank de toute l’équipe. Sans toi, nous n’aurions jamais pu « grimper cette montagne ».

Un court métrage a été tourné sur lui et l’un de ses meilleurs joueurs qu’il n’a jamais eu Philippe Bozon. Ce film à eu un franc succès dans le monde du hockey et vous allez pouvoir vous rendre compte qui est ce coach charismatique ; Mister Chris Mc Sorley…

Femme de mer…

18 avril 2011

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Depuis quelques nuits je suis plongé dans la lecture d’une biographie d’une sacrée femme Ellen Mac Arthur, marin hors norme qui a déverrouillé pas mal de record à la voile autour du globe, aussi bien en équipage qu’en solitaire. Etrange sensation de découvrir un bout de ma vie ! Non rien à voir avec les records ou autre mais plutôt avec cette jeune femme que je vais vous conter comme une belle histoire salée

Il y a une vingtaine d’années, j’étais en train de prendre une voie nouvelle, mais ce choix me perturbait. Peut-on vivre différemment ? Au bras d’une belle « pépé », j’étais à l’arrivée d’une course de grands voiliers en Sardaigne, dans cette réunion de bateaux des plus élégants les uns que les autres, l’un d’eux m’ avait subjugué, le skipper était une capitaine. Un ketch de 28 mètres manœuvré par une jolie jeune femme ! L’accostage s’effectuait sans aide extérieure, uniquement en jouant avec les voiles, sur ce type d’unité le moteur n’a pas sa place. Devant des centaines de spectateurs médusés, la mise à quai spectaculaire lui avait valut une bronca d’applaudissements. Vu le nombre de télés et journalistes présents je me doutais que le marin en jupon devait être connue et reconnue.

Ma « cops » de l’époque avait peut-être eu de l’intuition en me lançant : « Voilà la compagne qu’il te faudrait ! »

Me dégageant peu élégamment de mes obligations de fiancé je me retrouvais engagé quelques mois plus tard comme plongeur sécu sur la plus grosse réunion de voiliers de Méditerranée, la Nioulargue de St-Tropez. 700 bateaux de toutes sortes sur l’eau, c’était un spectacle époustouflant. Je partageais le bord d’un très proche ami et pour nous faire un peu remarquer, puisque notre place était à coté de la vedette des gendarmes, nous avions planté un petit drapeau corse de plusieurs mètres carrés. La musique insulaire engagée, couvrait le brouhaha du port.

Tous les soirs c’était un défilé d’invités surprises, tout le monde voulait trinquer avec les Corses. Alors que je m’attelais à faire des crêpes, déjà adepte à l’époque, pour nos nouveaux amis, un groupe de marins nous souriaient. Je mettais un moment à comprendre que l’équipage n’était composé que de filles !!! Libre comme le vent nous les convions à partager nos galettes (Jo Zef s’est évanoui). Mais là, une surprise de taille m’attendait, le chef était la fille que j’avais vu manœuvrer en Sardaigne. J’en perdais mes moyens. Elles trouvaient la Corse et ses habitants merveilleux et moi je me vidais de toute initiative.

Devant moi, j’avais un grand marin et malgré ses grands yeux verts je n’y voyais que des couleurs d’océans conquis. Pendant la semaine quand des photographes rejoignaient notre bord ils recevaient mon ordre de mitrailler la skippeuse rien que pour moi ! En fin de journée j’essayais toujours de me trouver à l’accostage. Le dernier soir était cocktail, elle m’invitait à bord, je ne savais plus quoi dire, je serrais la main de plein de marins qui avaient écrit les livres de bord du Cabochard, amis, je peux vous dire que quand Mr Éric Tabarly entamait une brève conversation avec moi j’étais persuadé que j’allais me réveiller.

Le matin de son départ le Noroit et le crachin rendait l’aurore glauque, elle me remettait un papier avec ses coordonnées chez ses parents, puisque, nomade sans domicile fixe, elle aussi. Elle me promettait de me retrouver un jour. « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme », disait Renaud, mais là c’était un marin qui avait fait flanché pour un autre marin !

Un mois après, alors que je bricolais sur mon bateau un gars de la capitainerie venait m’amener un message bref. « Suis entre deux courses et voudrait te rencontrer avec ton Cabochard … »

Élue deux fois d’affilé marin de l’année dans son pays, son parcours était époustouflant, des grandes courses gagnées devant les ténors de l’époque alors que de ses 1,60mts pour 50 kilos elle semblait si frêle.2éme Quebec- St Malo en solitaire; 1ére tour d’Europe en équipage (Que des filles à bord et non des moindres, les plus fortes de l’époque)

Les mois s’écoulèrent entre deux régates et deux convoyages ; elle m’apprenait le métier de la voile en course. Après sa saison, elle se devait de ramener des bateaux aux quatre coins des mers et m’engageait comme matelot. Je lui rabâchais qu’à part quelques courses gamin, je ne comprenais pas grand-chose aux bateaux à ficelle, mais elle ne démordait pas et me donnait toute les tâches les plus difficiles. Des anecdotes j’en aurais de quoi faire un livre mais l’une de mes préférées est celle-ci :

Nous devions ramener, un « truc » en carbone qui avec un pet de vent, part comme une Formule1.Tirer des bords dans le fond d’un golfe doit être amusant avec ce gadget, mais traverser une Méditerranée hivernale allait s’avérer un parcours du combattant. La météo ne me plaisait pas du tout, du Nord-Est 20 à 30 nœuds avec des orages. Des vivres pour une semaine et nous voilà partis sur une mer d’encre. Le baro de bord effectuait une chute libre et le ciel prenait une couleur de mort, prévoyant le coup je préparais une grosse plâtrée de pâtes, car je me doutais bien que la nuit allait être longue et  très éprouvante. Trois ris et nous volions sur l’eau, impossible de rester plus de 15 secondes le cul collé au siège baquet, à l’intérieur le bruit était dément, on aurait dit que des hommes frappaient la coque avec des poutres. Notre allure ne baissait pas, entre 16 et 20 nœuds, nous avions dû mettre des masque de plongée pour ne plus avoir les yeux brulés par le sel. Un orage d’une violence rare s’abattait sur nous et il nous fallait affaler pour envoyer le tourmentin, mais quelque chose coinçait !!! MERDE ! La jeune femme, en deux temps trois mouvements me donnait les directives : «Je vais grimper en milieu de mat et tu dois maintenir le bateau dans cette gîte bien précise, ni plus, ni moins. » Je ne pouvais plus avaler ma salive, une erreur et ma dulcinée partait au bain éternel. Pendant 16 minutes, 16 longues minutes elle bataillait comme un pantin sur une branche secouée par des démons pour débrouiller l’affaire… Finalement 70 heures après nous amarrions sans casse le voilier à sa place…

Mais comme tous les gens de mer nous avions de forts caractères, sa vie était la compétition, la mienne le vagabondage… Sans trop se perdre de vue par la presse spécialisée j’ai toujours suivi son parcours et un jour dans mon courrier je recevais un livre. Dumé qui était à côté de moi ce jour là ne comprenait pas qu’est ce qu’il m’arrivait, mes yeux s’embuaient car le prologue de sa biographie était consacré à notre bout de vie en commun bref, mais fort.

Pendant ma traversée à la rame Véro avait retrouvé son contact et je ne saurai jamais ce qui c’est dit mais ce qui est sûr c’est qu’elle avait rassuré ma « Vrai » en lui disant que même dans la débâcle que connaissait notre course (14 abandons dûs à la tempête tropicale Omega) j’aurais la force de ramener à bon port la yole et son équipe…

Voilà chers amis, le beau livre D’Ellen MacArthur « Les pieds sur terre » a fait ressurgir une rencontre qui m’a permis de m’affirmer pour le restant de mes jours…

Il y a ceux qui vivent, ceux qui meurent et ceux qui naviguent…

Cabo-philo sportive…

15 avril 2011

Mouliner, envoyer, pédaler, pagayer, ramer, grimper, résister, coller, tomber, se relever… Mais qu’est ce qui pousse ce Cabochard à toujours « sportiver » ?

Pas une sortie où je ne reçois pas un bon mot ou un beau geste de félicitation, mais aussi doute et questions noires. Dans ces marques de gratitudes j’y vois aussi un questionnement perpétuel ? Pourquoi autant d’énergie dépensée ???

Demander à Lizarazu, Benezech ou Benassi pourquoi autant de sacrifices? Demander à un chanteur pourquoi, à un politique, à un artiste, à une comédienne. La recherche de l’absolu, le geste pur, la pensée conçue au bon moment… La sublimation de la perfection ! L’objectif à atteindre… La découverte de nouvelles limites.

J’entends plein de raisonnement qui me font sourire : Lui il n’a jamais froid, lui il n’est jamais fatigué, lui il ne doute jamais et il n’a jamais mal ! Erreur, c’est peut-être l’image qui en ressort mais sous mon masque de polichinelle comme tout le monde j’ai mes faiblesses. Mais, il y a un énorme, « Mais », je ne leur en tiens pas rigueur, du moins je ne leur donne pas plus d’importance qu’il n’en faut. Comme dans toutes préparations j’ai eu des blessures, des chutes. Au lieu de me plaindre, j’en ai tiré une morale, je l’ai pris comme une leçon de vie.

Enfin, il y a deux semaines dans une sortie vélo en plein sprint en cote, j’ai subi ma première « pelle », oui je dis bien enfin, car depuis tant d’années je n’avais jamais gouté le goudron et là un gros boum. Une chance ! Oui, car maintenant je sais, maintenant j’ai compris, Je suis preneur de tout enseignement. Le sport n’est qu’une succession de leçons et celui qui le prend comme une punition ne progressera jamais. Encore aujourd’hui, j’ai visualisé mon « soleil » et ma sortie n’en a été que bénéfique et fait partie du passé. Je n’aime pas le mot entraînement, car il réduit l’effort comme une pénitence alors que ce n’est qu’une succession de mini victoires. Les « entraînements » sont des lectures de ce que sera l’épreuve, un balisage du chemin inconnu qui nous attend. Chaque séance, une remise en question, une besace où j’y dépose un morceau d’énergie que je grignoterais au moment venu. Sortir quand il neige et vente ne sont pas les meilleures conditions pour kayaker ! Erreur, c’est là où l’on progresse, s’entrainer quand le mental est en petite forme, là aussi c’est une chance, car quand ça ira mieux, la performance s’améliorera à votre plus grande joie. La blessure est une sorte de coach mental, qui vous demande de la contourner pour progresser. Pour ma préparation du Yukon j’avais chaviré avec Immaqa à 3 kilomètres des côtes avec des déferlantes qui m’empêchaient de remonter à bord, une épreuve qui pendant ma « yukonnerie » a ressurgi, là-bas aux pays des grizzlis je n’avais pas le droit de dessaler et quand la rivière bouillonnait, mon feu chavirage me dictait les bons mouvements.

Le sport est une succession de petites choses qui bout à bout donnent la performance. Manière de penser, de bouger, de se nourrir, de prendre, d’offrir. Plus l’on pousse la machine, plus l’on découvre les clés qui ouvrent les portes obscures, qui une fois entrouvertes dévoilent un nouveau cheminement. Des milliers de kilomètres sous la pédale et dans le sillage du kayak, certains les appellent le sport de la souffrance, pour moi je dirais introspection et recherche du basique. Plus je pousse, plus le reste vient facile, ma nutrition n’a jamais été aussi simple, plus de compensation, la joie de résister et de progresser comble mon esprit, le cerveau est suroxygéné ce qui permet une efficacité surprenante à dénouer les taches administratives, le difficile devient facile, le primordial devient secondaire, les mots ne sont plus nécessaires, le geste devient parfait (enfin presque !)

Le sport est une manière de lire la vie,  toutes les personnes qui vont parcourir ces lignes, n’auront pas une lecture identique, celui qui doute n’y verra que ma chute, celui qui démarre le sport n’y verra que souffrance, le chercheur de gloriole :  les louanges reçus, le sportif accompli : des confidences… Le même livre raconte toujours la même histoire pourtant aucun d’entre nous n’y en tirera les mêmes enseignements…

Le commencement est beaucoup plus que la moitié de l’objectif

Aristote

Gengis Khan et le faucon…

13 avril 2011

l'indienne et le faucon

Comme je suis un adulte qui ne veut pas rejoindre le monde des adultes je suis absorbé par les légendes lointaines, l’imaginaire y a encore toute sa place et du coup tout est plus beau…

Un matin, le guerrier mongol Gengis Khan et sa cour partirent à la chasse. Tandis que ses compagnons emportaient arcs et flèches, Gengis Khan portait sur le bras son faucon favori, qui était meilleur et plus précis que n’importe quelle flèche, parce qu’il pouvait s’élever dans les cieux et voir ce que l’être humain ne voit pas.
Cependant, malgré tout leur enthousiasme, ils ne trouvèrent rien. Déçu, Gengis Khan regagna son campement, mais pour ne pas se décharger de sa frustration sur ses compagnons, il se sépara du cortège et décida de cheminer seul.
Ils étaient restés dans la forêt plus longtemps que prévu, et Khan mourait de fatigue et de soif. A cause de la chaleur de l’été, les ruisseaux étaient à sec, il ne trouvait rien à boire, et puis, miracle ! Il vit devant lui un filet d’eau qui descendait d’un rocher.
Immédiatement, il détacha le faucon de son bras, prit la petite coupe en argent qu’il portait toujours avec lui, mit un long moment à la remplir, et, alors qu’il était sur le point de la porter à ses lèvres, le faucon prit son vol et lui arracha la coupe des mains, la jetant au loin.

Gengis Khan était furieux, mais c’était son animal favori, peut-être avait-il soif lui aussi. Il saisit la coupe, nettoya la poussière et la remplit de nouveau. Le verre à demi-plein, le faucon l’attaqua à nouveau, renversant le liquide.
Gengis Khan adorait son animal, mais il savait qu’il ne pouvait tolérer en aucune circonstance qu’on lui manquât de respect; quelqu’un pouvait assister de loin à la scène, et plus tard raconter à ses guerriers que le grand conquérant était incapable de dompter ne serait-ce qu’un oiseau.
Cette fois, il tira son épée de sa ceinture, s’empara de la coupe, recommença à la remplir, gardant un oeil sur la coupe et l’autre sur le faucon. Dès qu’il vit qu’il y avait assez d’eau, il se prépara à boire, alors le faucon prit de nouveau son vol et se dirigea vers lui. Khan, d’un coup précis, lui transperça le coeur.
Mais le filet d’eau avait séché. Décidé à boire d’une manière ou d’une autre, il grimpa sur le rocher pour trouver la source. A sa surprise, il y avait vraiment une nappe d’eau et, au milieu, mort, l’un des serpents les plus venimeux de la région. S’il avait bu l’eau, il aurait quitté le monde des vivants.
Khan revint au campement avec le faucon mort dans les bras. Il fit fabriquer une reproduction en or de l’oiseau, et il grava sur une aile :
 » Même quand un ami fait quelque chose qui ne plait pas, il reste un ami.  »
Sur l’autre aile, il fit écrire :
« Toute action motivée par la fureur est une action vouée à l’échec. »

Plage de Bonifacio adaptée au handicap en fauteuil…

11 avril 2011

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Bout de vie a pour premier objectif d’organiser des stages de plongées sous marines et quand l’occasion se présente d’autres activités sportives. La deuxième vocation est la rencontre du grand public pour un changement du regard sur la différence, le troisième et le dernier, démarcher auprès des autorités pour débloquer certaines situations difficilement acceptables.

Depuis quelques années j’ai essayé mais sans aucune réponse, de sensibiliser les communes de l’extrême sud de la Corse pour que des plages soient accessibles aux personnes à mobilités réduites.

Chaque année notre région reçoit un flux croissant de touristes en quête de plages et d’eaux cristallines. Plus de 3 millions de personnes ont débarqué l’été dernier et pratiquement aucune ou peu de plage pour le public en fauteuil roulant en Corse.

(Voir les plages accessibles en cliquant sur ce lien).

Cette année, et entre deux expéditions j’ai donc rebroussé les manches et attaqué au bon endroit. Finalement j’ai obtenu que Bonifacio puisse enfin jouir d’une plage adaptée. Les conditions sont simples mais doivent suivre un protocole nécessaire.  Une plage d’accès en voiture, avec un maître nageur en service. Un parking réservé où  aucune autre personne même pour 5 minutes se gare et de là un tapis pour que le fauteuil puisse rouler sans avoir besoin d’un brevet de pilote de Paris-Dakar. En bord de mer la personne devra se transférer sur un fauteuil amphibie mis à disposition et enfin gouter aux joies de la baignade sous la surveillance du maître nageur…

Cout de l’opération environ 4500€, un poisson de roche insignifiant pour la bouillabaisse qu’est l’argent qui est brassé chaque été ici !

La micro région extrême sud regroupe les communes de Pianottoli-Caldarello, Figari, Bonifacio, Porto-Vecchio et Conca. A l’heure actuelle aucune n’a de plage adaptée

Ma dernière réunion en mairie m’a convaincu du désir de réaliser ce projet, comme je suis un peu têtu je suivrai de prés ce dossier et vous tiendrez au courant via ce blog. La plage en préparation sera celle de Balistra du 1 juillet au 15 septembre. Pour info la belle commune de Porto-Vecchio qui est devenu un ghetto à multimilliardaires n’a pas encore eu l’envie d’y consacrer quelques pièces ???

Voilà chers amis un p’tit Bout de vie d’un Cabochard à l’âme de Robin des Bois…