Lavezzi automnale…

28 novembre 2011
Le seul murier de l'île, il aurait 300 ans...

Le seul murier de l'île, il aurait 300 ans...

L'ancienne bergerie... Je m'y verrais bien y passé un hiver tempetueux...     L'ancienne bergerie... Je m'y verrais bien y passer un hiver tempétueux...

L'ancienne bergerie... Je m'y verrais bien y passé un hiver tempétueux... L'ancienne bergerie... Je m'y verrais bien y passer un hiver tempétueux...

Dans ce "oriu" les archéologues ont retrouvé des vestiges vieux de plusieurs milliers d'années...Repris par les bergers au fil des siècles.

Dans ce "oriu" les archéologues ont retrouvé des vestiges vieux de plusieurs milliers d'années...Repris par les bergers au fil des siècles.

La mer est une artiste, j'en suis son admirateur...

La mer est une artiste, j'en suis son admirateur...

La baie Achiarini retrouve la paix hivernale, ouf!

La baie Achiarini retrouve la paix hivernale, ouf!

    Le granit découpé méticuleusement par les tempêtes et si le vent était fils d'un sculpteur...

Le granit découpé méticuleusement par les tempêtes et si le vent était fils d'un sculpteur...

Un coin qui doit parlé aux stagiaires Bout de vie...

Un coin qui doit parlé aux stagiaires Bout de vie...

Les Bouches de Bonifacio, détroit des extrêmes...

Les Bouches de Bonifacio, détroit des extrêmes...

Le cap Senetosa à cloche pied!!!

23 novembre 2011
Ouille houle!!!

Ouille houle!!!

Quand on pense aventure les idées s’envolent au bout du monde et pourtant…

L’automne est en phase de mort lente ; l’hiver me susurre des mots si doux que je ne peux y résister. Immaqa n’avait pas eu droit à ses balades longues et paisibles sur la côte Sud-ouest de la Corse. Tout est paré, yakapagayer ! La météo me presse une sortie engagée, mais vu mes préparations de gladiateur je veux toucher du doigt si j’ai acquis un bon niveau. Ouais, ouais !  Le golfe de Figari est déjà blanc et météo France a teinté d’orange la vigilance pluviométrique. On n’est pas en océan Arctique, alors on ne s’affole pas à bord et on pagaie. On ! Je dirais plutôt, je ! Le vent de Sirocco est violent et l’effet de fëcht rend la traversée  de la première baie en sorte de Horn pour kayak en peine. Je ne peux plus revenir en arrière, le vent mord et il me mène cap au nord. Un petit arrêt café canistrelli et je reprends la route, je voudrais arriver à mon escale avant la nuit. Le vent forci et le force 6 m’amène son cousin musclé 7 voir 8. Mon Nautiraid est un bon marin mais je l’ai chargé à ras la gueule pour me mettre en vraie condition d’expédition. Les oreilles tendues j’essaie d’anticiper la déferlante, au bas de la vague je n’ai pas le droit d’abattre sinon c’est le bain ! Vent dans le dos, c’est normalement des vacances, mais la tournure me fait tirer comme un malade sur mes pagaies… Bref ! Huit heures de bonheur à être trempé comme une éponge pour retrouver ma planque de corsaire. Le coup de vent est bien établi et la tente est montée avec vigilance. Je me transforme en bucheron et ramasse toute sorte de bois flotté pour alimenter un bon feu qui essaiera de me faire sécher. 20 h je grimpe en haut d’un caillou pour donner des nouvelles à ma princesse et un plaisantin ouvre le robinet de douche. Un déluge s’abat sur le petit pagayeur bien isolé. Blotti dans mon duvet, je savoure ce moment de grâce avec les éléments. Au petit jour c’est toujours la pluie grasse qui rassasie le maquis souffrant d’une sécheresse peu commune. Un petit tour d’horizon du camp et je rejoins ma tanière, le vent n’a pas molli et les éclairs strient les montagnes, c’est décidé je reste. Je profite d’une accalmie pour ramasser du bois, l’odeur des buissons m’enivre, les fragrances sont enfin là, la nature se saoûle de tant d’eau. Une orgie aquatique, un festin lacustre. Je quête le morceau de genévrier sec quand soudain explose un bruit de branche qui casse, je m’écroule, ma botte droite est à l’envers, je me suis brisé la cheville ! A genou dans une marre de boue je ne peux que constater le désastre, je deviens un aventurier à cloche pied !!! Je ne souffre pas du tout, et pour cause c’est ma prothèse qui s’est brisé !!! Je prends le temps de me mettre en terrain sec et essaie de bricoler quelque chose pour rentrer au camp, ces six cents mètres m’ont paru un poil long. Au fond de mon kayak je trouve un restant de colle rapide, un peu de gros scotch et je tente une réparation. J’allume, avec beaucoup de difficultés, sous la pluie un feu qui devra accélérer le processus de séchage de mon bricolage. Le déluge reprend le deuxième round, enfouis dans mon duvet, je pense, je rêve… Maggi sèche avant de reprendre un service provisoire. Les jours passent mais je dois reprendre la mer, ma prothèse ne m’inspire pas confiance et avec beaucoup de vigilance je charge Immaqa. La houle submerge la petite passe où je me suis réfugié, je calcule les séries et constate quelques secondes de calme. Il va falloir jouer fin, pour ne pas finir en puzzle ! Tout est en sac, prêt à être chargé et j’essaie de faire le vide, de ne pas regarder cette trachée en furie. Le premier boulot consiste à mettre le kayak dans le bon sens puis à répartir les charges. Ma prothèse acquiesce les contraintes du terrain très accidenté jusqu’au dernier voyage où je m’écroule ; mon bricolage a de nouveau lâché, il ne pouvait pas tenir bien longtemps… A cloche pied je charge mon embarcation, la mer semble se moquer éperdument de mes « tracas jambiaux». Je ne vais plus pouvoir utiliser mon palonnier et la direction ne sera qu’à la force des bras. Je me cale dans mon hiloire, vérifie l’étanchéité de mon bord et agrippe encore à l’abri de la furie un caillou pour attendre le moment opportun pour m’élancer. Un raz de marée d’écume me lèche la proue, j’ai dix secondes, pas plus, pour passer, la boule me prend les tripes mais je dois la renvoyer en fond de cale, ce n’est pas le moment. Je pars comme un avion, ouf je suis dehors mais là horreur devant moi trois immeubles consécutifs m’attendent pour me donner quelques cours d’humilité. Pas de direction au pied alors il faut pagayer comme un forçat, je monte face au colosse pour me sentir tomber dans le ventre mou du monstre. Pas le temps de flâner, je suis déjà dans la deuxième, je ne veux pas y croire la vague se casse pour se déverser sur moi. Je dois rester droit dans l’axe sinon j’explose en vol, la chute est terrible, Immaqa semble souffrir autant que moi. La troisième semble vouloir me donner le coup de grâce, plus longue que mon kayak, je me retrouve à la verticale, j’incline au plus que je puisse mon buste en avant, je ne veux pas sancir, ce serait fatal ! Je tire de toutes mes tripes sur les pagaies, je m’envole vers le paradis des Cabochards, sensation terrible de voler en kayak, je m’écrase dans un lit de mousse et me retrouve en pleine mer… Les heures qui suivront m’amèneront dans un calme déconcertant au petit port de Tizzano qui semble être rentré en léthargie hivernale.

Sur une patte, je m’extirpe de mon hiloire, quand deux hommes qui travaillent sur le quai mettent un nom sur le pagayeur un poil ému d’être tout simplement encore de ce monde de bipède, enfin presque !!!

A entraînement dur, expédition moins difficile !

Un homme, un kayak et du rêve…

5 octobre 2011

C’est qu’il est fier mon kayak… A l’étroit dans ses sacs de rangement pendant ces mois d’éloignement, je l’ai minutieusement remonté. J’ai l’impression qu’il s’étire de trop d’oisiveté. Pas une ride, le soleil n’est pas encore levé, à cette heure si, il doit encore réchauffer l’orient. Je sais que mes épaules vont ne pas trop apprécier la cadence mais il est temps de reprendre une longue et minutieuse préparation. Dans  8 mois je vais partir pour une belle et longue aventure, mais chut c’est un secret…

Immaqa (prononcé imara, peut-être en langue inuit), c’est son nom, a encore les stigmates de notre descente du fleuve Yukon. Une confiance mutuelle nous unit, nous ne sommes qu’un. Le golfe est silencieux et pas un bateau ne brise cette paix. Au loin les dauphins semblent nous ignorer, ils doivent bouder notre si longue absence. Nous avançons mais l’esprit est en vagabondage, le dernier stage m’envoie encore ses images, je reconnais les voix, j’entends encore les confidences. Mais il faut ne penser qu’au présent, alors j’avance. L’archipel des Bruzzi reçoit en premier son  rayon de soleil et nous fonçons, comme l’insecte insouciant, vers la lumière. Il y a de grande chance que les îlots interdits aux hommes par le parc marin, ne soient pas vides de « copains ». Le patron est là, l’aigle pêcheur semble endormi mais c’est mal le connaître, il surveille la moindre écaille qui s’approcherait de la surface. Un peu plus loin une bande de canards essaient de se faire oublier, mais le pagayeur inquiète les gars du coin, coin !  Dans une faille je surprends des inconscients en train de rêvasser à un banc de sardines. Des barracudas qui doivent se faire dorer la pilule, avant de se faire dorer dans une poêle, aurait pu rajouter la mascotte ! Les cormorans au garde à vous, sont attentifs à ma cadence. Dans un ordre impeccable ils se jettent à l’eau pour fuir l’unijambiste rêveur, au corps marrant. Pagayer est une excuse pour partir dans ses pensées, pagaie et rêve serait la devise du moment. J’aurais plein de raison de penser à des idées noires et seulement quelques unes, belles et lumineuses. A votre avis qu’ai-je choisi ? Oui ! La lumière, celle qui cicatrise les plaies béantes, celle qui fait un peu oublier le passé. Le droit de se plaindre à été aboli  à bord de cet équipage, Jo Zef acquiesce. Le moment est simple mais pourtant il est intense. Rien derrière, ni devant, juste maintenant, un coup de pagaie après l’autre.  Arrêt sur ma plage « privée » et dégustation du moment. L’eau cristalline me dévoile ses secrets, un mâle girelle doit surveiller son harem de 40 femelles, s’il viendrait à disparaitre la plus ancienne femelle se transformerait en mâle pour endosser le rôle de chef de clan ! Vous avez dit exceptionnelle, moi je dirais fantastique. Et dire que certains comptent quand il ne faut que regarder, que d’autres règnent alors qu’il suffit de s’agenouiller pour voir le monde… La brise d’Ouest vient me frôler le visage, il est temps de rentrer…

Moteur, silence, on tourne…

23 juin 2011

De gauche à droite Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

De gauche à droite: Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

Depuis une semaine ma solitude chérie est un poil chamboulée ! Réaliser une aventure est une chose, monter un film, en est une autre. Sur ma « kayakerie » sur le fleuve Yukon bien-sûr j’avais embarqué une caméra étanche avec l’idée de ramener de belles images. Mais chacun son boulot, le fleuve m’avait transformé en forçat de la pagaie et les rushs ramenés étaient de piètre qualité ! Dommage !

Vous savez que je suis un poil têtu et dans l’adversité je ne me laisse jamais abattre. Depuis mon retour du Grand Nord je cherchais une solution pour vous faire rêver quelques instants, au pays de la longue rivière. Un seul dénouement trouver une équipe professionnelle pour réaliser un documentaire sérieux, mais cela a un coût !

Cet hiver je trainais la prothèse pour me rendre dans les Alpes où l’un de mes sponsors me conviait. Le week-end fashion mode avec un rustique un poil Cabochard, cela dénote ! Bref, j’acceptais l’invitation et restais dans mon coin, le seul en t-shirt en plein hiver au milieu de la neige c’est sur que ça attire le styliste en goguette. Je m’adaptais, mais mon monde était  bien loin de ce que je voyais… Pourtant, comme à chaque fois entre une paillette et une coupe de veuve Clicquot que je refusais pour consommer de l’eau de source, je rencontrais quelques personnes très attachantes. Une dame venait à ma rencontre et avait entendu parler de mon Bout de vie, directrice en communication de l’une des plus grandes sociétés au monde dans le milieu de la haute couture, elle semblait toute acquise à ma croisade, elle me laissait sa carte en me promettant de m’aider. Avec mon tact habituelle, je lui précisais que régulièrement on me faisait ce discours mais rare étaient ceux qui tenaient leur promesses…

Entre temps je trouvais une équipe prête à tourner, mais pas du second choix, des grands pros du documentaire. Rendez- vous à Paris et à ma grande surprise ils acceptaient de réaliser le film. Bien-sûr cela avait un cout, car pour l’instant ce reportage serait uniquement diffusé dans les festivals et salles de cinéma, la télé ce sera pour plus tard, si le film marche.

Le budget est en conséquence de la qualité du film et des personnes qui le réaliseront. Le devis me donnait le tournis, je ne voyais pas comment quelqu’un pouvait investir une telle somme pour un inconnu comme moi. Je baissais la garde et décidais d’y renoncer. Pourtant je ruminais et sur mes milliers de kilomètres d’entraînement vélo je pensais, je songeais, je rageais, je cherchais… Et si j’appelais la dame qui m’avait promis. Un mail pas forcément mielleux et moins de trois heures plus tard elle me répondait que sa société financerait la totalité du film. Une seule condition : la prestigieuse marque ne devait jamais apparaître !!! C’était un coup de cœur !!! J’étais séché, scié, estomaqué…

Voilà une bien belle histoire. Depuis le début de la semaine, Isabelle, Fred et Olivier  de 5h du matin à 22h non stop tentent de fixer les vibrations d’un drôle de Cabochard. Ce documentaire est un suivi de mon quotidien. Bivouac au milieu de nul part avec une vie basique, composée de gestes simples : allumer un feu avec une seule allumette, cuisson du pain sur une pierre, cueillette de quelques plantes pour le diner. Rencontre de deux jeunes amputés que j’amènerais plonger ; Stéphanie et Steve raconteront leur incroyable voyage  en Antarctique avec quelques images australes. Retrouvailles de Dume Benassi pour une sortie vélo de « fada ». Départ à fond, sortie en puissance, pour finir comme des dératés… Après-midi kayak avec des confidences de Dume sur sa vie à cloche pied avec bien-sûr une « ramerie » océanique ! Véro se confiera à la caméra, mots justes et émouvants. Plongée dite profonde où je vais décrocher une nasse d’un ami pêcheur au large des îles Bruzzi… Bien-sûr quelques retour sur mon parcours d’homme entier, enfin presque, et bien-sûr les images du Yukon…

Ecrire un livre je ne l’aurais jamais cru, le deuxième arrive bientôt ! Un documentaire, à chaque fois je suis surpris, mais de ce niveau là je ne pensais pas un jour que cela puisse se faire…

Pour ceux qui auraient encore envie de penser que je joue la vedette, le but est simple : Transmettre, encourager, redonner gout à la vie, booster ceux qui n’y croient plus… Je sais de quoi je parle à un moment bien précis j’en faisais partie moi aussi….

Pour conclure et rassurer le fan club de Jo Zef la mascotte, vous allez voir qu’il a  bien sa place dans ce beau film qui sortira en avant première au festival  du film d’aventure Suisse des Diablerets entre le 6 et le 13 aout…

Silence on tourne, clap première…

A pluche.

Porte-avion Foch 9 juin 1983 19h20

8 juin 2011

foch6[1]

Porte-avion Foch pont d’envol –stop-Matelot Bruno grièvement blessé –stop– Rapatriement en France urgent-stop

10 jours pour arriver à l’hôpital, 15 interventions chirurgicales, 11 ans pour avoir une pension de grand mutilé de guerre…

Voila bien longtemps, pourtant le souvenir est toujours bien présent, une bande de jeunes un poil rebelles, avec des gradés qui se prenaient pour ce qu’ils n’étaient pas…

Le grand Jacques chantait: On n’oublie rien du tout on s’habitue c’est tout…

Les touristo-matelots sont de retour, aie aie!!!

6 mai 2011

IMGP2064

Depuis quelques jours une activité nautique reprend du service dans le golfe profond qui nous abrite. Certes ce n’est pas la Côte d’azur mais déjà 4 bateaux y ont mouillé leurs ancres cette semaine. Pour moi c’est le début de la fin, l’été devient insupportable pour le loup solitaire que je suis. Entre vous et moi, le mouillage que je me suis choisi est protégé de tout « fada flottant ».  Trop de pièges pour y arriver. Un catamaran de 20 mètres encore en W tourne depuis 3 heures dans ce fjord où un grécale de 20 nœuds s’adonne à cœur joie sur la famille « aubouleau » en vacances ! Tout est neuf, une petite fortune flottante, mais l’équipage hurle à tout va : « fait comme ça, fait comme si !!! » L’ambiance des vacanciers qui se détendent m’apparait, d’où je suis-je n’entends pas les cris mais je les vois gesticuler comme des moustiques qui fuient les hirondelles… Cette année c’est sur je ne ferais plus de sauvetage en mer, trop marre des coups foireux, mais la radio est tout de même en veille sur le 16 et l’œil  toujours attentif au moindre mouvement louche dans mon secteur. Je me réjouis car le 1 juillet, je quitte mon île pour plus de deux mois, le Cabochard sera tranquille au fond du fjord surveillé par les amis et moi loin de ce capharnaüm estival.

Le catamaran, pas marrant mais catastrophe, ne parvient pas à assurer son mouillage, pas de clique  web pour mouiller, pas d’application iphone donnant la directive, encore moins de mms de solution, juste un enfoiré de Cabochard qui compte les points. Dans le fond du golfe une bouée blanche se dandine tranquillement, quand soudain, les marrants la détectent ! Machine avant, à fond, arrière toute, avant toute, aïe, des doigts vont être donnés en pâture aux oblades, puis la capture de la bouée est faite. Mais voilà elle n’est qu’un reste de corps mort qui a lâché la semaine dernière, attendant un plongeur unijambiste pour être mise en service ! Voyant la nuit arriver et le vent toujours en forme, je m’approche d’eux pour leur demander de lâcher prise car le corps mort va céder surement d’ici quelques minutes. Là la vanne est lâchée : « Où peut-on se mettre en sécurité ? » Je déserre mes petits poings et respire un grand coup avant de leur expliquer en libérant ma mâchoire qui grince que ma présence n’est pas pour un cours de mouillage mais pour éviter un accident qui assurément me demandera une nuit de boulot pour sortir les touristopasrigolo de leur embrouille…

Petit cours quand même de leçon de vie par un mec qui n’aime pas les « rigolosurlos » : « Pour vous, quand vous voyez une bouée, vous y frappez une aussière sans savoir ce qu’il y a au fond ? » L’équipage me regarde comme si j’avais été la réincarnation de Ben Laden !  « Ben c’est un corps mort, non ? » Mais qui y a-t-il au fond ? Demande un Cabochard qui monte en pression… Ben chai pas !!!

Oh bourrico, tu mets la vie de ton équipage en jeu sur un chai pas !!! Le skipper se réincarne en cocker triste qui a fait un triple salto dans un magasin de porcelaine et qui a tout pété. Oui je respire par le nez, je me détends, pourtant il est à porté de gifle, mais il ne faut pas ! La petite voix me dit : « Frank tu es à la tête d’une belle association, tu aides les gens qui sont en détresse, alors pas de violence !!! » Satané voix, juste une belle baffe comme au bon vieux temps… OK, c’est bon pas de baffe estivale !!!

La nuit arrive et il tourne toujours jusqu’au moment où je les vois mettre cap au large… Ouf ce soir je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles sans veiller aux néomarinounpoilremolo !!!

Voilà mes amis une histoire salée d’un Cabochard qui ne supporte pas les marins de boulevard, on ne va pas en mer, on la vit, on la vibre, le sang s’évapore pour devenir eau salé, puis les yeux ne sont qu’horizon à la recherche de se brin de vent qui risque de marquer l’équipage. Le bol de soupe serré entre les mains réchauffe l’homme de quart qui depuis bien longtemps n’a pas su voler un baiser à une belle d’escale… C’est un fameux trois mâts, fin comme un oiseau… hissez haut …

Femme de mer…

18 avril 2011

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Depuis quelques nuits je suis plongé dans la lecture d’une biographie d’une sacrée femme Ellen Mac Arthur, marin hors norme qui a déverrouillé pas mal de record à la voile autour du globe, aussi bien en équipage qu’en solitaire. Etrange sensation de découvrir un bout de ma vie ! Non rien à voir avec les records ou autre mais plutôt avec cette jeune femme que je vais vous conter comme une belle histoire salée

Il y a une vingtaine d’années, j’étais en train de prendre une voie nouvelle, mais ce choix me perturbait. Peut-on vivre différemment ? Au bras d’une belle « pépé », j’étais à l’arrivée d’une course de grands voiliers en Sardaigne, dans cette réunion de bateaux des plus élégants les uns que les autres, l’un d’eux m’ avait subjugué, le skipper était une capitaine. Un ketch de 28 mètres manœuvré par une jolie jeune femme ! L’accostage s’effectuait sans aide extérieure, uniquement en jouant avec les voiles, sur ce type d’unité le moteur n’a pas sa place. Devant des centaines de spectateurs médusés, la mise à quai spectaculaire lui avait valut une bronca d’applaudissements. Vu le nombre de télés et journalistes présents je me doutais que le marin en jupon devait être connue et reconnue.

Ma « cops » de l’époque avait peut-être eu de l’intuition en me lançant : « Voilà la compagne qu’il te faudrait ! »

Me dégageant peu élégamment de mes obligations de fiancé je me retrouvais engagé quelques mois plus tard comme plongeur sécu sur la plus grosse réunion de voiliers de Méditerranée, la Nioulargue de St-Tropez. 700 bateaux de toutes sortes sur l’eau, c’était un spectacle époustouflant. Je partageais le bord d’un très proche ami et pour nous faire un peu remarquer, puisque notre place était à coté de la vedette des gendarmes, nous avions planté un petit drapeau corse de plusieurs mètres carrés. La musique insulaire engagée, couvrait le brouhaha du port.

Tous les soirs c’était un défilé d’invités surprises, tout le monde voulait trinquer avec les Corses. Alors que je m’attelais à faire des crêpes, déjà adepte à l’époque, pour nos nouveaux amis, un groupe de marins nous souriaient. Je mettais un moment à comprendre que l’équipage n’était composé que de filles !!! Libre comme le vent nous les convions à partager nos galettes (Jo Zef s’est évanoui). Mais là, une surprise de taille m’attendait, le chef était la fille que j’avais vu manœuvrer en Sardaigne. J’en perdais mes moyens. Elles trouvaient la Corse et ses habitants merveilleux et moi je me vidais de toute initiative.

Devant moi, j’avais un grand marin et malgré ses grands yeux verts je n’y voyais que des couleurs d’océans conquis. Pendant la semaine quand des photographes rejoignaient notre bord ils recevaient mon ordre de mitrailler la skippeuse rien que pour moi ! En fin de journée j’essayais toujours de me trouver à l’accostage. Le dernier soir était cocktail, elle m’invitait à bord, je ne savais plus quoi dire, je serrais la main de plein de marins qui avaient écrit les livres de bord du Cabochard, amis, je peux vous dire que quand Mr Éric Tabarly entamait une brève conversation avec moi j’étais persuadé que j’allais me réveiller.

Le matin de son départ le Noroit et le crachin rendait l’aurore glauque, elle me remettait un papier avec ses coordonnées chez ses parents, puisque, nomade sans domicile fixe, elle aussi. Elle me promettait de me retrouver un jour. « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme », disait Renaud, mais là c’était un marin qui avait fait flanché pour un autre marin !

Un mois après, alors que je bricolais sur mon bateau un gars de la capitainerie venait m’amener un message bref. « Suis entre deux courses et voudrait te rencontrer avec ton Cabochard … »

Élue deux fois d’affilé marin de l’année dans son pays, son parcours était époustouflant, des grandes courses gagnées devant les ténors de l’époque alors que de ses 1,60mts pour 50 kilos elle semblait si frêle.2éme Quebec- St Malo en solitaire; 1ére tour d’Europe en équipage (Que des filles à bord et non des moindres, les plus fortes de l’époque)

Les mois s’écoulèrent entre deux régates et deux convoyages ; elle m’apprenait le métier de la voile en course. Après sa saison, elle se devait de ramener des bateaux aux quatre coins des mers et m’engageait comme matelot. Je lui rabâchais qu’à part quelques courses gamin, je ne comprenais pas grand-chose aux bateaux à ficelle, mais elle ne démordait pas et me donnait toute les tâches les plus difficiles. Des anecdotes j’en aurais de quoi faire un livre mais l’une de mes préférées est celle-ci :

Nous devions ramener, un « truc » en carbone qui avec un pet de vent, part comme une Formule1.Tirer des bords dans le fond d’un golfe doit être amusant avec ce gadget, mais traverser une Méditerranée hivernale allait s’avérer un parcours du combattant. La météo ne me plaisait pas du tout, du Nord-Est 20 à 30 nœuds avec des orages. Des vivres pour une semaine et nous voilà partis sur une mer d’encre. Le baro de bord effectuait une chute libre et le ciel prenait une couleur de mort, prévoyant le coup je préparais une grosse plâtrée de pâtes, car je me doutais bien que la nuit allait être longue et  très éprouvante. Trois ris et nous volions sur l’eau, impossible de rester plus de 15 secondes le cul collé au siège baquet, à l’intérieur le bruit était dément, on aurait dit que des hommes frappaient la coque avec des poutres. Notre allure ne baissait pas, entre 16 et 20 nœuds, nous avions dû mettre des masque de plongée pour ne plus avoir les yeux brulés par le sel. Un orage d’une violence rare s’abattait sur nous et il nous fallait affaler pour envoyer le tourmentin, mais quelque chose coinçait !!! MERDE ! La jeune femme, en deux temps trois mouvements me donnait les directives : «Je vais grimper en milieu de mat et tu dois maintenir le bateau dans cette gîte bien précise, ni plus, ni moins. » Je ne pouvais plus avaler ma salive, une erreur et ma dulcinée partait au bain éternel. Pendant 16 minutes, 16 longues minutes elle bataillait comme un pantin sur une branche secouée par des démons pour débrouiller l’affaire… Finalement 70 heures après nous amarrions sans casse le voilier à sa place…

Mais comme tous les gens de mer nous avions de forts caractères, sa vie était la compétition, la mienne le vagabondage… Sans trop se perdre de vue par la presse spécialisée j’ai toujours suivi son parcours et un jour dans mon courrier je recevais un livre. Dumé qui était à côté de moi ce jour là ne comprenait pas qu’est ce qu’il m’arrivait, mes yeux s’embuaient car le prologue de sa biographie était consacré à notre bout de vie en commun bref, mais fort.

Pendant ma traversée à la rame Véro avait retrouvé son contact et je ne saurai jamais ce qui c’est dit mais ce qui est sûr c’est qu’elle avait rassuré ma « Vrai » en lui disant que même dans la débâcle que connaissait notre course (14 abandons dûs à la tempête tropicale Omega) j’aurais la force de ramener à bon port la yole et son équipe…

Voilà chers amis, le beau livre D’Ellen MacArthur « Les pieds sur terre » a fait ressurgir une rencontre qui m’a permis de m’affirmer pour le restant de mes jours…

Il y a ceux qui vivent, ceux qui meurent et ceux qui naviguent…

Plage de Bonifacio adaptée au handicap en fauteuil…

11 avril 2011

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Bout de vie a pour premier objectif d’organiser des stages de plongées sous marines et quand l’occasion se présente d’autres activités sportives. La deuxième vocation est la rencontre du grand public pour un changement du regard sur la différence, le troisième et le dernier, démarcher auprès des autorités pour débloquer certaines situations difficilement acceptables.

Depuis quelques années j’ai essayé mais sans aucune réponse, de sensibiliser les communes de l’extrême sud de la Corse pour que des plages soient accessibles aux personnes à mobilités réduites.

Chaque année notre région reçoit un flux croissant de touristes en quête de plages et d’eaux cristallines. Plus de 3 millions de personnes ont débarqué l’été dernier et pratiquement aucune ou peu de plage pour le public en fauteuil roulant en Corse.

(Voir les plages accessibles en cliquant sur ce lien).

Cette année, et entre deux expéditions j’ai donc rebroussé les manches et attaqué au bon endroit. Finalement j’ai obtenu que Bonifacio puisse enfin jouir d’une plage adaptée. Les conditions sont simples mais doivent suivre un protocole nécessaire.  Une plage d’accès en voiture, avec un maître nageur en service. Un parking réservé où  aucune autre personne même pour 5 minutes se gare et de là un tapis pour que le fauteuil puisse rouler sans avoir besoin d’un brevet de pilote de Paris-Dakar. En bord de mer la personne devra se transférer sur un fauteuil amphibie mis à disposition et enfin gouter aux joies de la baignade sous la surveillance du maître nageur…

Cout de l’opération environ 4500€, un poisson de roche insignifiant pour la bouillabaisse qu’est l’argent qui est brassé chaque été ici !

La micro région extrême sud regroupe les communes de Pianottoli-Caldarello, Figari, Bonifacio, Porto-Vecchio et Conca. A l’heure actuelle aucune n’a de plage adaptée

Ma dernière réunion en mairie m’a convaincu du désir de réaliser ce projet, comme je suis un peu têtu je suivrai de prés ce dossier et vous tiendrez au courant via ce blog. La plage en préparation sera celle de Balistra du 1 juillet au 15 septembre. Pour info la belle commune de Porto-Vecchio qui est devenu un ghetto à multimilliardaires n’a pas encore eu l’envie d’y consacrer quelques pièces ???

Voilà chers amis un p’tit Bout de vie d’un Cabochard à l’âme de Robin des Bois…

Pensée printaniére…

7 avril 2011

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Le printemps a déjà une saveur estivale, les moutons sont prêts pour la tonte, les salades du maquis abondent, l’ail sauvage embaume, la Corse exulte.

Ce matin un brouillard épais emmitoufle mon petit bateau, résultat d’une mer encore froide  avec des températures très chaudes pour la saison, manie citadine, tique urbain, à défaut de télé j’allume la radio ! Charnier découvert en Côte d’Ivoire, Libye en pleine guerre civile et la pub des fameux régimes de printemps. Je me précipite pour couper la boîte à vocifération, on parle de faire maigrir les gros alors que la moitié de la planète crève de faim. Un sentiment d’injustice me fait rager, un budget pour maigrir, une main tendue pour un bol de riz…

Un abysse nous sépare, l’été dernier en Amérique du nord je découvrais une pub qui rappelait aux américains qu’ils étaient un peuple fort et devaient avoir de la volonté pour relever le pays qui tombait dans un laxisme déroutant !!! Je restais abasourdi d’une telle propagande.

La vielle Europe est en train d’en prendre le chemin, tout le monde revendique le cul assis sur une chaise,  le monde exige en prenant sa voiture pour 500 mètres. Les pubs sont le reflet de ce que notre société est. Devenez mince sans effort, soyez célèbre en un claquement de doigts, obtenez la richesse en grattant le bon ticket ???

L’effort quotidien est aboli, l’école de la volonté est en prison pour perpétuité, les mecs comme moi, dérangeons, et c’est très bien ainsi. Tous les jours, sont des cadeaux de la vie et je trouve que beaucoup l’ont oublié. L’abondance est vicieuse car elle amène dans son cortège, faiblesse, oisiveté et laxisme. L’effort et l’autoréflexion sont les deux moteurs pour grandir. Souvent avec une pointe d’humour un peu tordue on me dit que j’ai la belle vie ! Seuls quelques proches connaissent le prix d’efforts quotidiens que je m’impose pour en arriver là. Dans beaucoup de contrée l’eau est à plusieurs heures de marche du domicile, les récoltes qui nourriront la famille dépendent des Dieux des vents, des pluies. Et si elle n’est pas bonne les plus faibles s’éteindront. Chez nous chaque « urinerie »  : 6 litres d’eau potable partis dans les égouts, de quoi faire boire 6 personnes. Tout le monde parle du risque de catastrophe nucléaire, que faisons-nous dans notre quotidien pour l’empêcher ? Baisser son chauffage, supprimer son congélateur, réduire les éclairages des villes… Oui j’ouvre encore ma gueule mais je ne peux m’en empêcher.

Pour dernière estocade, le monde du handicap en occident est tout autant morose, nos prothèses sont des plus fiables et leurs techniques sont en constante progression et malgré cela j’observe des torrents de plaintes sur le sujet. Prenez un sac à dos et voyagez, amputés avec des moignons indescriptibles qui n’auront jamais la moindre chance d’avoir un bout de bambou en guise de jambe de bois qui se débrouillent tant bien que mal pour avancer car ils n’ont pas le choix… A chaque retour j’apprécie le pays qui a vu ma naissance, mais atterré par pas mal de gens qui y vivent et sont aveugles dans leur cocon de soie.

J’ai quelques amis voyageurs, pas en avion ou paquebot, non de vrais poètes errants. Des nomades qui partent à pied, autostop, vélo et qui parcourent le monde avec aucun, voire, peu de moyen. Leur retour en Europe est toujours aussi violent, le pays est merveilleux mais plus personne ne le voit.

Je vous conseille quelques lectures intéressantes de copains voyageurs.

Sylvain Tesson : Petit traité sur l’immensité du monde, édition Pocket.

Philippe Sauve : Sibéria, édition Les presses de la renaissance

Mathilde et Edouard Cortés : Un chemin de promesses, édition XO

Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt

Nicolas Dubreuil en Antarctique sur le petit écran…

25 mars 2011

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Le Dimanche 27 Mars à 16:40 et 20:35 ou le Jeudi 31 Mars à 16:25 sur France 5, vous pouvez découvrir un documentaire de Fabrice Babin sur les croisières au pôle Sud dans lequel vous découvrirez les activités de chef d’expédition au sein de la Compagnie du Ponant de Nicolas  Dubreuil mon pote que je ne vous présente plus.
Polairement votre!
PS de la mascotte : L’Antarctique pays où règne les manchots, on va prendre des adhésions Bout de vie !!!
A pluche