La renverse…

28 février 2011
Le Cabochard guette le vent qui rendrait ce mouillage fatal...

Le Cabochard guette le vent qui rendrait ce mouillage fatal...

La renverse

La Tramontane est virulente pas moyen d’aller batifoler en pagayant. Je viens de recevoir finalement le nouveau flotteur bâbord de mon kayak, c’est la bonne journée pour effectuer son difficile remplacement. Immaqa est dans une posture assez causasse la peau à l’envers…

Le vieux ponton de planches ajournées me demande toute ma vigilance, une maladresse et hop le couteau fétiche au bain. Les rafales sont typiques à la Tramontane, violentes et désordonnées, l’eau de l’abri est verte, mais quelque chose semble changer. Le courant imperceptible pour l’urbain vénérant le Dieu Chronos, ne pourrait le déceler, mais l’habitant de la mer lit un flux d’eau léger opposé au vent. Les oblades reviennent par dizaines se réfugier sous mon vieux Cabochard, la baie retrouve une vie sous-marine agitée, le prédateur chasse et les cormorans huppés ont bien compris que le restaurant  venait d’ouvrir. Par vent d’Est, le poisson rejoint les profondeurs, mais que diable leur prend-il de venir narguer le pagayeur-réparateur de kayak blessé ? Les nuages semblent effectuer un remplacement, la deuxième mi-temps est donnée, je sens la renverse. Le calme envahit la baie, plus un bruit, tout est perceptible. Là-bas au loin un faible ron-ron, une voiture doit se rendre aux courses incontournables du samedi, un claquement soudain !… Des marcassins sont depuis peu orphelins.

Je stoppe mon activité, je savoure la quiétude, un air de Yukon me caresse le visage. Le silence, celui qui ouvre la voie, celui qui fait trembler le nomade bruyant. Plus le moindre air, je retiens ma respiration car je sais que cela sera éphémère. Un grand splash, un loup vient de capturer sa proie. L’aigle balbuzard tournoie lui aussi en quête de pitance. Le pavillon arborant la tête de Maure se redresse, la liberté retrouvée il affronte le p’tit Maestrale qui décide de nous rendre visite. Là-bas au large, la barre sombre nous présage un bon vent pour une nuit au mouvement de la houle berçant l’unijambiste errant.

Immaqa a retrouvé sa jeunesse avec une réparation d’une belle blessure d’expédition et sous sa nouvelle bâche il va pouvoir, comme son ami, attendre un nouveau départ pour d’autres aventures à cloche pied…

Cap vers l'aventure...

Cap vers l'aventure...

Quand le « Cabochard » rencontra les enfants Kadhafi !

24 février 2011

Aïcha Kadhafi avocate de Sadam Hussein.

Aïcha Kadhafi avocate de Sadam Hussein.

Alors que le peuple libyen se réveille enfin contre le tyran sanguinaire Muammar Kadhafi, j’avais envie de vous raconter une anecdote un poil « Cabochardesque » !

27 juillet 1996 le Cabochard fait escale dans le port tunisien de Sidi-Bou-Saïd.

Déjà 15 mois que nous sommes partis. L’Afrique du nord nous a déçu plus qu’il n’en fallait, le Maroc nous recevait comme les plus gros narcotrafiquants, arme sur le ventre, l’Algérie nous refusait son accès, il ne nous restait plus que la Tunisie.

Ma place à quai est donnée juste en face d’une terrasse où les locaux sirotent le fameux thé à la menthe, sur notre bâbord des amarres sont posées sur le quai, les propriétaires vont s’en doute ne pas tarder. Effectivement vers 17 h une vedette d’environ 8 mètres pointe son étrave, la brise est soutenue et je me rends vite compte que ses occupants sont marins comme je suis diplomate. La manœuvre tourne au ridicule jusqu’au moment où m’inquiétant pour les laques de mon p’tit bateau je saute dans mon annexe pour un coup de main. Je mets le bout de plastique à quai. Ouf, mon Cabochard est sain et sauf. Les jeunes me remercient et s’informent sur mon identité, mon parcours, ma jambe de bois…. Je commence à sympathiser sans me rendre compte que toute la marina avait les yeux rivés sur moi. Après deux trois blagues à 3 dinars je rejoignais mon bord.

« Aslama et que Allah te protège » et ils rejoignaient, deux grosses limousines aux vitres teintées avec gardes du corps armés jusqu’aux dents. Tiens, tiens mais qui sont ces personnages ???

Je reprenais mes taches à bord quand un policier en civile venait me rendre visite ???

Il me chuchotait que je venais de dialoguer avec les enfants Kadhafi et que c’était fortement déconseillé !!!

Le soir même j’étais invité à l’ambassade de France pour un diner privé et racontais avec humour ma rencontre, je sentais les diplomates pas trop à l’aise dans le récit de mon histoire.

Hasard où pas à mon retour mon beau Cabochard avait été visité et mis à sac. A noté que rien ne manquait à bord à part deux bouteilles d’alcool et quelques CD. Coussins découpés au rasoir et tout mis sans dessus dessous.

Un voleur en manque d’occidentisation, une recherche de quelques micros films pris par ce mercenaire français ??? Les autorités se sont montrées tout aussi grasses et visqueuses que leurs homologues marocains et je pris mes clics et mes clacs de l’Afrique du Nord sous l’emprise des bruits de bottes.

D’ici quelques jours le colonel sera retrouvé pendu à un palmier, ou une balle dans la tête car ayant comme idéal un  certain Adolph, je lui prédis la même fin.

Entre vous et moi, je sens aussi que les grands politiciens occidentaux ne le ménageront pas après qu’il soit déchu comme ils l’ont fait avec les autres loustiques tunisiens et égyptiens. Les mêmes qui l’ont reçu avec un tapis rouge à Paris où il fut en bivouac pendant plusieurs jours.

Bien évidemment à ce moment là on  n’entendait plus parler de l’attentat de Lockerbie, mais plutôt de vente d’avions Rafales et autres gadgets.

Ben Ali dans le coma, Moubarak en exil, il ne manque plus que le renard du désert et ils pourront faire une partie de carte.

Pour conclure ma bafouille, je trouve pour une fois, heureux, la « moutonnisation » des peuples. L’Afrique du nord à la chaîne est en train de se relever et devenir libre, du moins je l’espère. Souhaitons que les barbus n’en profiteront pas pour semer le trouble sous le couvert d’un faux islam, alors qu’à la base cette religion n’est que tolérance.

Un chien reste un chien même s’il a une queue en or…

Proverbe arabe.

15 fevrier 1855 Naufrage de la Sémillante…

15 février 2011

semillante

Depuis cette date maudite du 15 février 1855, les « Bouches de Bonifacio » ont acquis une bien sinistre réputation de « passage infernal » qui s’est transmise parmi des générations de marin. On dit même que la marine anglaise a délibérément évité, durant plusieurs dizaines d’années, ce passage étroit de 14 kms entre les deux grandes îles. Passage qui, soulignons-le, est emprunté chaque année par plus de 20.000 bateaux (commerce, transports divers, paquebots, plaisance) sans que l’on n’ait jamais plus (et c’est heureux), enregistré de naufrage aussi désastreux que celui de « la Sémillante.

Contre les Russes
C’est donc le 15 février 1855 que cette frégate impériale de premier rang se perdait corps et biens sur un îlot de l’archipel des Lavezzi.

Ce jour là soufflait dans le détroit, dès les premières heures du jour, une tempête d’une rare violence. Jamais plus depuis, et les statistiques sur ce point sont formels, on en a enregistré de pareille.

Sur le récit de la catastrophe elle même, « La Corse » a maintes fois eu l’occasion de l’évoquer. Nous nous bornerons simplement à rappeler le plus brièvement possible les faits.

14 février 1855.(sous le règne de Napoléon III, empereur des Français) Toulon. 11 heures. Forte brise variant de l’ouest à l’ouest sud-ouest. « La Sémillante » quitte le port en direction de la Crimée pour apporter aux Forces des armées turques, anglaises et piémontaises contre les Russes, des vivre et des renforts en troupes et en matériel. Son équipage était de 293 hommes outre son état-major. La « Sémillante »était un vaisseau de trois-mats, formant l’une des plus fortes unités de la Marine de Guerre française. Sa première escale prévue était Constantinople.

400 tonnes de matériel

A son bord ont pris place un détachement de 393 militaires de l’armée de terre avec un matériel important comprenant quatre canons de 24, six mortiers de 32, dix mortiers de 27,mille obus de 15 centimètres, vingt affûts de mortiers, 1500 bombes de 27, cent vingt barils de poudre de 50 kg, vingt plates-formes complètes et divers accessoire pour canons et mortiers des baraques démontées et un assortiment de bois divers, représentant une cargaison d’environ 400 tonnes embarquées en quatre jours.
La route la plus directe pour se rendre de Toulon en mer Égée passe par le sud Sardaigne, puis par le canal de Tunisie,  le canal de malte en direction du cap Matapan . c’est cette route qu’avait choisie le commandant Jugan mais ce dernier fut contraint à cause des conditions défavorables à donner dans les bouches de Bonifacio pour atteindre rapidement la mer Tyrrhénienne et retrouver une zone relativement plus abritée à l’est de la sardaigne.
Mais on le sait dans les bouches régnait une épouvantable tempête (il s’agissait en réalité d’une sorte d’ouragan). Dans la ville de Bonifacio, de nombreux toits avaient été emportés, une maison s’était écroulée faisant un mort et deux blesses, un douanier de service avait jeté à lamer et heureusement repêché sain et sauf. La violence de la tempête était telle que les embruns provoqués par le fracas des vagues Sutta Rocca passaient au dessus de l’isthme de Saint-Roch pour se déverser dans les eaux du port en dévalant comme un torrent la grimpette du Rastillu ! A une distance de deux lieues, la campagne a été couverte de sel.
M.Francois Piras, maire de la ville  à cette époque ancien capitaine au long cours affirmait qu’aucune frégate n’eut pu se présenter  le travers (pour mettre en cape) dans de telles conditions.

On le perd de vue
15 février 1855, Bonifacio 10 heures.
Une cérémonie a lieu sur la place Manichilla qui domine le détroit. En effet comme dans toutes les tempêtes, il est d’usage à Bonifacio que le prêtre bénisse la mer avec le fragment de la vraie croix du christ. C’est l’abbé Rocca qui officie en présences de quelques fidèles seulement. Tous  aperçurent d’une manière furtive à travers une nappe d’écume que formait le Detroit « un grand bâtiment semblable à une nébuleuse noyée dans les vapeurs de la mer, allant sans règle et sans conduite au gré des flots, au SUD-OUEST au NORD-EST, comme s’il eut eu des avaries dans son gouvernail ».
15 février 1855, Phare de la Testa. Sardaigne 11 heures.
Le chef du phare de la Testa aperçoit une frégate »dont il ne comprend pas la manœuvre » l’impression qu’il en a est que le navire, à sec de toile, qui vient du Nord –Ouest se dirigeant vers la plage de Reina  Maggiore  près du Cap Testa n’a plus de gouvernail. Il pense qu’il va se briser. Mais il voit la frégate hisser sa trinquette venir sur bâbord et donner dans les Bouches où elle le perd de vue.

Le cri de 700 créatures humaines.

15 février 1855. Détroit de Bonifacio. Archipel des Lavezzi 12 heures.

Poussée par la tempête d’Ouest sud-ouest, « La Sémillante » remonte trop au nord et vient se fracasser dans un bruit épouvantable, « un grondement large et sourd pareil à celui d’un tonnerre venant de sous terre » (perçu par un berger qui résidait sur l’île Lavezzi) sur l’îlot de l’Acciarino. Le choc, on s’en doute est terrible, la panique à bord indescriptible. Un seul cri a du être poussé par sept cents créatures humaines s’abîmant à la fois dans les flots ! Certains marins et soldats sont morts broyés  sur le coup, d’autres sont emportes puis rejetés contre les rochers et fracasses, certains tentent de nager mais ils sont vite submergés par les vagues énormes, gigantesques. Impossible, même à un excellent nageur de s’en sortir. La mer « veut » tout le monde….

16 février 1855. Bonifacio 17 heures.

Deux matelots de l’annexe n°2 de l’Averne indiquent qu’aux Lavezzi « un ou plusieurs bâtiments de guerre » ont dû se perdre. Ils remettent à l’administrateur de la Marine, différents objets : carabines, sabres, pantalons, képis de soldats et d’artilleurs.

17 février 1855. Lavezzi.

Le berger Limieri fait sa déclaration aux autorités venues de Bonifacio.

Reconnu grâce à la difformité d’un pied.

18 février 1855. Lavezzi.

Le premier cadavre est découvert à plus d’un mille du lieu du naufrage. D’autre corps sont trouvés les jours suivants.

5 mars 1855. Lavezzi.

On découvre le corps du Commandant JUGAN (reconnu à ses insignes et à la difformité de l’un de ses pieds).

Du 5 mars au 20 mars 1855. Lavezzi.

Enlèvement des cadavres : cinq cent quatre vingt douze sur 685 victimes. Tous ont reçu une sépulture dans les deux cimetières marins.

D’avril à Août 1855. Lavezzi.
Une entreprise italienne est chargée de récupérer le matériel de « La Sémillante ». Ce matériel a été expédie à Toulon. Deux pièces provenant des restes de la frégate, un morceau de l’une des roues de la barre et de la figure de proue sculpte en plein bois en forme de feuille d’acanthe, seraient conservés par le musée de Bordeaux. A noter qu’une partie des madriers a été employée pour des travaux de construction de la route nationale 198 Bonifacio-Bastia, travaux exécutes par le service du génie militaire.

Curieusement , la ville de Bonifacio ne possède absolument rien de ce qui a pu appartenir à la SÉMILLANTE .
Certains Bonifaciens pourraient posséder de la vaisselle du bord (en étain probablement), d’autres ont en leur possession des boulets de canons ou bien des poulies.
Il y eu une souscription public en faveur des familles des marins et des soldats victimes de la catastrophe. Au 8 juin 1855, celle-ci avait produit la somme de 60.000 francs .
L’empereur NAPOLÉON III et l’Impératrice avaient fait remettre la somme de 10.000 francs.
Un crédit d’entretien est alloue chaque année aux autorités militaires afin que les morts de la Sémillante ne soient jamais oublies.
Et si un jour vous passez par là vous serez pris dans cette ambiance vraiment très particulière qui se dégage de ces lieux.
(..) Goélands et puffins et autres oiseaux de mers
Survolent en criant leur soif de liberté
Ce petit paradis aux si étranges pierres
Où certains jour d’hiver on croit qu’il est hanté
Par l’âme des soldats, marins et officiers
Qui viennent lentement au pied de la chapelle
Gémir et pleurer leur jeunesse effacée
Dans le naufrage affreux de leur caravelle..
Document donné par Madame veuve PIGNOD

Remerciement à Mr François Canonici qui à rédigé cet article.

Les gens de mer où légendes de vents…

30 janvier 2011

Chut Zeus dort encore, le nomade se faufile sans crainte...

Chut Zeus dort encore, le nomade se faufile sans crainte...

Ulysse avait fait un pacte avec Zeus et Eole, nul ne sût le gage de la transaction, mais une outre lui fût remise. Tous les vents y étaient enfermés, mais personne au monde ne devait en savoir le contenu…

Sur son vaisseau, l’équipage de mercenaires avait remarqué depuis plusieurs lunes une panse de brebis cousue bien pleine. Tel le feu brulant le maquis, la rumeur dévorait les esprits. Quel trésor peut-être caché, des pierres précieuses de Nubie, des encens d’Arménie, de l’huile de roche arabique … Les bouches de Bonifacio se devine dans une nuit étoilée, la convoitise a enfanté un monstre, la dague reflète sur l’astre blanc, elle pénètre sans bruit ce sac de trésor caché, des rires d’enfants trop fatigué de ne pouvoir s’encanailler rugissent. Le souffle portant se transforme en bise fraîche, le ciel s’assombrit, la tempête fait rage, le fils d’Homère se sent bien seul devant l’outre flasque flottant au vent, son équipage vient de le trahir…

Les statistiques sont éloquentes Bonifacio détient le titre de zone la plus ventée de Méditerranée.

La radio  VHF donne le ton à bord du Cabochard : Appel à tous, appel à tous, ici le CROSS MED en Corse qui va diffuser sur le canal 79 un BMS (bulletin de météo spécial)…

La direction du vent est définie par les 4 points cardinaux et sa force est échelonnée de 1 à 12 en force Beaufort qui entre vous et moi nous vexe un peu nous les corses pays des fromages à caractère. Je m’imagine bien la tête des parisiens loueurs de mer, entendre force « brocciu passu », force « caghju merzu », les pauvres là-haut à la capitale le vent a la force « vache qui rit »…

L’humour est le moteur du marin cynique en quête de vent portant. Depuis la modernisation de la navigation on n’entend plus que des vents de Nord-ouest, Sud-est, Nord nord ouest…

Mais où sont passés tous ses noms si parlants, si chantants, si pleurants ?

Tous les peuples vibrant encore avec la Terre ont donné un nom, une âme, une personnalité à chaque type de vent.

La Corse nommée par les grecques « Kallisté » (la plus belle) a encore gardé ce patrimoine si précieux. Quand je suis avec mes amis pêcheurs, je me sens l’apprenti sorcier de Fantasia : « Tu vois le nuage en os de seiche, quand il se forme en dessous du massif de Cagna en regardant la Sardaigne, la Tramontane va arriver avant midi…

Le chapeau là haut sur la pointe la croix de la Trinité, le Maestrale va nous secouer plusieurs jours… »

A mon tour en quelques mots je vais vous dévoiler des noms de légendes.

U Grecale vient de L’Est et n’est qu’éphémère, il va devenir en une nuit « a Tramontana » (Nord-est) dérangeante. Ici dans les bouches on dit qu’il peut rendre fou un homme en une journée de pêche, la mer est trouble et cassante, les vagues sont courtes et fouillis, mais surtout un courant traversier rend le travail difficile.

U Siroccu (Sud-est), c’est un méridional venu des contrées de peuples sous la dictature de quelques visqueux généraux. Comme ses despotes, il est violent, imprévisible, la pluie qu’il amène est rouge, le sang versé par des rêveurs de liberté peut-être. C’est un traitre dévastateur, il ne connaît pas la convention de Genève, en 1968 des milliers de familles ont pleuré des disparus, de la Sicile aux côtes ligures, la baie de Naples en porte encore les stigmates.

U Libeccu (Sud-ouest) le roi des bouches, vent dominant il tord tous les estivaux en quête de récits marins, Nous le connaissons bien c’est un membre de la famille, sa houle longue est familière, un lève tard, jusqu’à midi il soupire d’une après-midi musclée, il va se régaler à faire vomir les « pumataghji » (expression corse qui définit les touristes « neufs » blancs le matin  se retrouvant le soir, rouges comme des pumati (tomates) »

U Punente (Ouest) un bisexuel, entre la féminité du sud et la masculinité du nord il est éphémère et choisira vite fait le camp des hommes du nord.

U Maestrale (Nord-ouest), c’est l’intellectuel de la rose des vents, il ne vient qu’accompagné de la règle de 3. Les savants de la météo auront leur théorie, nous pauvres habitants de la mer nous savons qu’il vient pour 3, 6, 9 voir 12 jours l’hiver. Les amarres sont rêches, le pont est craquant et froid. La houle semble venir de l’autre bout du monde tellement elle est longue et dure. Il est loyal, on sait qu’il ne tournera pas sa veste et on peut travailler avec lui.

Puis les deux romantiques, ils bercent les enfants en apprentissage du métier noble de la mer. U Montese et U Marinu. Dans la période estivale il y a  2, voire 3 semaines avec un  gros anticyclone calé sur le mare nostrum, les brises rafraîchissent les paillotes où l’on recoud les trémailles, où l’on appâte les palangres, où l’on prépare « l’Aziminu » (Bouillabaisse où en plus des poissons de roches classiques on y rajoute : langouste, cigale, poulpe, calamar, st Pierre, Denti. Ne cherchez pas ce met dans les restaurants il n’existe que dans les familles pour des grands événements. Les stagiaires Bout de vie 2009 ont eu ce privilège).

Donc, ces deux amis se partagent la journée, u Montese descend des vallées le matin et les anciens qui travaillaient à la voile latine savaient l’apprécier, vers midi il part à la sieste et U Marinu vent du large prend la relève ramenant les felouques ajacciennes pour troquer la pêche du jour.

Mes voyages au bout du monde m’ont fait rencontrer des nomades du vent et de la terre et ils m’ont présenté:

Le Piteraq,  violent, il balaie l’Inlandsis du Groenland

Le Sharav,  dans son souffle sec il sable le désert  Negev en Israël

Le Williwaw, des immenses glaciers, il lâche ses airs cabatiques sur le détroit de Magellan en Patagonie

L’Unghalak , briseur de nomade en kayak, le Nord-ouest dans le grand Nord canadien

Le Canterbury Northwester, vent de Nord-ouest de Nouvelle-Zélande, il tourne à l’envers de ses cousins de l’hémisphère nord, la force de Coriolis inversée sans doute…

A partir d’aujourd’hui quand vous sentirez une brise sur votre visage, humez là, si elle est froide, humide, tiède, sèche elle vous dira d’où elle vient et vous racontera de belles légendes.

Jo Zef rajoute que quand sa pile de crêpes commence à s’envoler, il est temps de rentrer au mouillage !

Immaqa ricane !!!

10 janvier 2011

Immaq fidéle compagnon dans le gros temps ...

Immaqa fidéle compagnon dans le gros temps ...

Pour la semaine du nouvel an, j’avais comme une sensation de dernier voyage avec Immaqa (kayak d’expédition du Yukon), je naviguais en confidence avec un copain qui avait su m’accompagner dans une longue odyssée du Grand Nord.

Juste avant de partir on me livrait un kayak blanc en fibre de verre. J’étais très attelé à mon départ pour notre robinsonade de fin d’année, mais j’avais senti Immaqa un peu surpris de devoir partager le ponton avec un blanc bec.

Un nouveau beau projet en tête je me dois de former la nouvelle équipe. Immaqa est puissant et surtout très marin, je l’ai testé dans les bouches de Bonifacio par force 7 avec 2,5 mètres de creux et je me suis toujours senti en sécurité. Dans la descente du Yukon, vers la fin quand le fleuve était gigantesque les gros coups de vent ne lui ont jamais posé problème. Un seul petit reproche, il est lourd donc il faut beaucoup d’énergie pour le faire avancer.

Depuis longtemps j’avais entendu parler du kayak blanc dont je tairais le fabriquant et le voyais bien comme compagnon de route de ma prochaine aventure été 2012.  Une balade en mer polaire lointaine. Une embarcation plus légère donc plus rapide…

Ce matin une houle de 1 mètre ondule ma belle Méditerranée, le vent est quasi faible et le soleil donne un air estival à un hiver qui ne veut absolument pas venir dans l’île de beauté.

Je charge le « jeunot » blanc et prend la route, c’est vrai que ça file !

Mais la sensation que j’ai de mon embarcation ne me rassure pas, je suis très serré dans son hiloire et de plus il y a vraiment peu de place pour charger du matériel. La sortie du golfe me confirme que la houle est bien présente, je pagaie quasiment à 8km/h, je file comme un missile. 4 dauphins communs chassent autour de moi et le soleil envoie les gaz. Le vent passe au Nord-ouest et l’onde de fond prend du volume, je fais un arrêt café, reçois un coup de téléphone d’un p’tit basque qui me confirme que chez lui aussi l’océan ondule.

Je me mets en chemisette tellement il fait bon. Je louvoie de crique en passe et tente le diable ! Un amas d’îlots rend le passage toujours très agité en cas de flux de Nord-ouest, je vais y mouiller la pagaie.

Avec Immaqa nous avions affronté pire donc je veux me rendre compte. Je batifole vers la mer de Barents, je rêvasse de golfe de Botnie, je fredonne des airs de Trolls… Mais devant moi ça déferle !

J’y vais, c’est mon boulot non ? Première vague je prends de l’altitude, deuxième je tombe dans un gouffre, troisième, je chavire !

Le cockpit est très serré et ma prothèse est coincée au fond du palonnier. Je suis sous l’eau tête en bas et je sens les écueils très proches. J’essai de retrouver un semblant de calme et m’extirpe avec beaucoup de chance. Je ne suis pas dans l’eau mais dans une marmite en plein bouillon. Je suis surpris car j’ai une sensation d’eau tiède, je retourne mon esquif et tente de remonter à bord.

Dans ma baignoire je reprends mes esprits et double le cap pour aller me refugier sur une plage de sable… Je vous confirme qu’on est bel et bien en hiver !

Immaqa est dans mon hangar et je le sens fier d’avoir compris qu’il sera du prochain raid.

Le jeune blanc bec m’aidera aux entraînements, mais surement pas pour mon voyage en eau du grand Nord chargée de pièges…

Chaque jour est une leçon de vie. Aujourd’hui il m’en a fallu un cheveu pour y laisser ma peau, un endroit que je connais par cœur. Comme quoi !

« Si vous ne risquez rien, vous risquez encore plus. »

Erica Jong

Mouette kayak

Les douanes maritimes marocaine…

5 janvier 2011

018

Le 60 pieds «Mirabaud»  en course pour la Barcelona World Race a été abordé le 3 janvier 2011 de façon militaire par une vedette des douanes marocaines. Agressifs et autoritaires, les douaniers sont montés à bord. Ils ont effectué une fouille en règle, jetant les sacs à terre, éventrant des sachets de nourriture lyophilisée, crevant les emballages sous vide soigneusement préparés ces dernières semaines. Des sacs contenant du matériel électronique ont été piétinés et la cabine a été transformée en capharnaüm. Les douaniers sont repartis une demi-heure plus tard.

Quand on connaît le travail méticuleux que représente l’organisation de la nourriture à bord, on imagine sans peine les conséquences d’une telle intervention sur la suite de la course pour le couple franco-suisse… Dépêche AFP du 3 janvier 2011

Quelles plaisir d’être arraisonné par les gardes côtes marocains, je les rassure les algériens et les tunisiens se valent. J’y ai croisé et j’y ai souffert.

Des vedettes sans aucun entretien et des équipages corrompus dignes du film « Midnignt express ». En 1996 alors que j’explorais les épaves de navires de guerre de la baie Algeciras à Gibraltar, il me venait l’idée d’aller faire des bulles de l’autre côté du détroit. Un peu sauvage, je pensais innocemment que là-bas je serais encore plus tranquille ! J’avoue que tout les gibraltariens me l’avaient fortement déconseillé. Par instinct  j’évite le grand port de Tanger pour filer sur la marina en construction de Smir, un contrôle tranquille, juste un officier qui en douce m’explique que les cigarettes coutent chères. Premier pourboire mais pas gênant.

J’apprends que je n’ai pas le droit de plonger, ni de me mettre à l’ancre et que mon passeport me sera confisqué pendant mon escale  pour éviter que je m’échappe en pleine nuit !!!

Je poursuis sur El Jellah ! Aie ! Erreur ! La digue du minuscule port sardinier est couverte de fils barbelés et trois chaluts séquestrés sont à moitiés coulés. Une auto mitrailleuse sur le quai vient à ma rencontre. Je suis sommé de me mettre à couple des épaves rouillées. Je n’ai pas le droit de descendre à terre ! Un peu Cabochard le garçon, j’enfreins l’interdiction pour me retrouver avec un pistolet mitrailleur chargé dans le ventre. Vu sous cet angle j’accepte l’ordre !  Mon passeport m’est de suite confisqué. Je désire effectuer un avitaillement, deux gardes armés m’escorteront pour mon « shopping ».

Un peu refroidi par la tournure de ma croisière touristique je pousse plus à l’Est au grand port de pêche d’Al Hoceima, arsenal militaire en décrépitude et accueil des plus stressants. Des hommes en armes de toutes fonctions (douane, gendarmerie royale, marine nationale, affaire maritime) montent à bord et fouillent sans aucun soin mon petit bateau. Je transpire, car une arme de 12’’ y est cachée, comme sur tout bateau qui navigue hors des sentiers battus. Ils ne la trouveront pas. Ouf !

Un gros coup de tramontane me bloquera dans ce trou à rat pendant 5 longs jours. Un pêcheur local plus courageux que les autres m’invitera pour un thé et à son tour se plaindra de la corruption des ces fonctionnaires peu scrupuleux. Un jeune adorable m’embarque sans lui avoir demandé quoi que ce soi pour visiter la région, il se confie du mal être que peut avoir la profession des pêcheurs avec les hommes en uniformes.

Je reprends le large pour le levant, en donnant comme feuille de route un arrêt technique à El Nador au sud du cap des Trois Fourches.

Dans le grand golfe se trouve enclavée la ville espagnole de Melilla et plutôt que de faire escale au Maroc je choisi le port ibère. Personne pour me contrôler. Je vais à la rencontre des Guardia Civilia et raconte mes déconvenues avec leurs drôles de voisins. Le commandant me traite de fou d’avoir voulu caboter sur cette terre d’Afrique du Nord. Le soir je serais reçu chez lui pour une paëlla aux fruits de mer mémorable.

Les gardes côtes algériens ne me laisseront pas rentré non plus, quant aux tunisiens je pourrais en faire un beau et long papier aussi.

Ne voyez pas dans cet article de la vindicte envers les autorités, les généralités sont souvent trompeuses. Un point remarquable, le peuple berbère que j’ai croisé m’a touché part sa gentillesse, mais la corruption sur les côtes de Méditerranée est le quotidien des patrouilleurs, de mèches avec les narcotrafiquants.

A l’époque je rédigeais de petits articles pour le magazine « Voiles et voiliers » et j’avais fait une brève qui s’appelait : Les côtes du Rif, le kif a la côte…

C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme… The Quiz Boards of adamlane | FlipQuiz

Nomadisme de fin d’année… Pace e salute

2 janvier 2011

Bivouac entre mer et maquis

Bivouac entre mer et maquis

La brise est dans le bons sens et la nuit enveloppe le kayak rouge et son équipage en quête de liberté. Un air de Yukon me berce dans cette nuit hivernale. Lever le camp pour un autre horizon. Ma belle, de retour de son rendez-vous familial pour la Noël, m’a susurré un désir : Et si nous redevenions des nomades pendant quelques jours. L’étincelle qui jaillit dans mon âme d’errance reprend de la force. Un nouveau conte à vivre.

La tâche ne sera pas simple pour ma co-aventurière, mais c’est elle qui en a défini les règles. Avec Immaqa je file vers un cap très isolé et elle me rejoindra à pied. Je sais que pour elle la route sera parsemée d’embuches. Avec  mon véhicule tout terrain elle prendra une route en terre qui fini en cul-de-sac et devra trouver un sentier qui sera coupé par des cours d’eau bien gonflés par les pluies récentes. Le seul moyen de les traverser sera pieds-nus en espérant de ne pas passer dans une fosse.

Juste avant que le soleil pointe son nez un goéland me prend pour cible, tient donc, cela faisait longtemps que ces sales bestioles n’étaient pas venu m’harceler ! Filouterie « Caborchadesque » je fais le mort et laisse mon « piaf » se poser en proue de kayak, je prends mon élan avec ma pagaie et KO le plumeux dévoreur de cerveau baladeur !

Mouette

Je suis heureux du moment présent, ni hier, ni demain compte, seulement maintenant.

La brise fraîchit, c’était prévu, un arrêt café sans vérifier si un grizzly me mettra à son menu et je reprends la mer. Je ris car j’imagine ma « Vrai » en train de démarrer mon 4X4, je lui ai fait la surprise de lui mettre Jo Zef comme co équipier avec la carte IGN qui devra l’amener à ma « terra incognita ».

Les moutons viennent à ma rencontre, heureusement qu’ils ont la bonne idée d’aller dans mon sens.

A la limite du coup de vent je suis trop tenté. Soyons fou, j’envoie mon cerf-volant. Que les  cap-horniers se tiennent à carreau !

Seul, personne en mer, même pas un cargo. Je ne sais pourquoi, mais me savoir si isolé me rend serein, aucune autre situation m’offre cette harmonie avec mes pensées. Je suis en phase avec ce monde qui tourne au ralenti quand on s’en éloigne.

Presque 6 heures que je pagaye et concentré sur les déferlantes qui me doublent je sens une présence sur le promontoire de granit face à moi. Un point rouge, ma « Vrai » arrive en même temps que moi…

4 jours de vie de Robinson. Sur la carte un puits abandonné est encore mentionné, Véro devra le débusquer. Un topo, un compas et un GPS et nous allons avoir de l’eau douce pour la confection du pain, du gâteau et des fameuses crêpes au feu de bois. Tout un programme…

Ici pas de réseaux, de PC ni même de poste de radio, seul en paix avec les éléments…

Le 31 nous avons savouré un calme qui m’a rappelé le silence du grand fleuve. Autour de mon cou, un galet veille sur la bonne route à suivre et ramené de la « Brown cabin » un bâton de bouleau pour le piégeage  du saumon me tient en lien avec cette période de ma vie si incroyable…

Tiens, une bouteille à la mer sur la plage ! Une bande d’amis turcs ont envoyé ce présent le 16 octobre 2010 quelque part en Méditerranée, un mot que je vais déchiffrer et surtout garder comme offrande le briquet rouge marqué du croissant et de l’étoile. J’ai vécu dans ce pays et appris les bases de leurs langues. Un sacré cadeau d’anniversaire !

Maintenant à mon tour de vous dire merci, de vos messages. J’ai reçu beaucoup de courriers avec  de belles cartes, des paquets m’attendent à la poste et ma messagerie est remplie de beaux mots.

Je vous remercie beaucoup car je sais que je suis un peu sauvage voire froid par moment. Promis j’essaie de me rendre plus sociable mais ce n’est pas toujours facile quand on a du sang d’ours !

Je vous souhaite plein de bonheur, de découverte, de passion, d’amour, d’échange et que cette année soit comme un rayon de soleil qui réchauffe le pèlerin fatigué. Énergisant et lumineux.

Pace e salute !

Pour manger il faut pêcher...

Pour manger il faut pêcher...

Une fois pêchés, les oursins devront être ouverts...

Une fois pêchés, les oursins devront être ouverts...

Pagayeur-boulanger, pain au feu de bois...

Pagayeur-boulanger, pain au feu de bois...

Face au dernier couché de soleil de l'année, un horizon où des dauphins nous font un spectacle...

Face au dernier couché de soleil de l'année, un horizon où des dauphins nous font un spectacle...

Crêpes cuites au feu de bois, tout un art sous l'oeil de la mascotte...

Crêpes cuites au feu de bois, tout un art sous l'oeil de la mascotte...

Bougie soufflée sur un magnifique gateau "made in maquis"...

Bougie soufflée sur un magnifique gateau "made in maquis"...

Corsica australe !

20 décembre 2010

Immaqa gémit sur le ponton, cela fait trop longtemps qu’on n’a pas sué ensemble.

Le ciel est gris Antarctique, la mer est ténébreuse et le crachin « molenise » mon abri.

J’avais oublié comment c’était bon de pagayer.

Ce n’est pas l’hiver, mais un faux semblant, seul, enfin seul. Je sais, je vous entends marmonner qu’il faut partager…

Mais j’aime entendre le grand silence, celui qui remue les tripes. Pas un filet d’air rien. Ce n’est pas de la houle, mais une sensation que la Méditerranée en totalité danse. Comme si l’onde venait des fosses de l’Atlantide…

Un cri, un son, une histoire, je lève les yeux. Deux escadrilles de grues cendrées en formation visent l’Afrique. Caché là-bas des canards colverts jouent les Robinson’s des îlots Bruzzi.

Pas d’homme barbu en rouge qui court remplir ses hottes de dollars panaméens en trompant les gamins rêveurs de l’homme aux rennes.

Un nomade qui glisse de vague à l’âme vers une plage déserte à la rencontre de cadeaux tempétueux. Les macros déchets…

Aux milieux de palettes catalanes, de racines arrachées du Mercantour, de cagettes marocaines, de bâches liguriennes, mon cadeau ! Un flotteur de pêcheur avec un morceau de ficelle amarrée. Certainement le porte clé d’une soute à trésor, à moins que ce soi celui d’une caverne d’Ali baba ? Non je sais c’est la clé des rêves !

Mais attendez ne partez pas, elle n’est pas finie mon histoire. Un chiffre y est mentionné : 13 !

Sacré père Noël porte bonheur pour le pagayeur du voyage de l’intérieur…

Balade en photos…

Puissance de la méditerranée hivernale

Beauté de la méditerranée hivernale

couleurs métalliques aux airs poétiques

couleurs métalliques aux airs poétiques

Sa passe ? Chut je rêve ...

Sa passe ? Chut je rêve ...

L'homme bleu de la mer...

L'homme bleu de la mer...

Terra incognita…

17 décembre 2010
Aux pays des manchots...

Aux pays des manchots...

Toutes les vingt-quatre heures deux cent mille nouveaux arrivants sur la planète terre !

Pas un îlot, un sommet, un fjord, un désert, un glacier, un océan, un gouffre n’ont été explorés.

A pied, en bateau, en scaphandre, comme Magellan l’homme a posé sa bannière d’aventurier découvreur.

Alors, sur les traces de l’un de nos ancêtres les p’tit nouveaux suivent un sentier déjà balisé.

Aie, le mot qui blesse, l’affront provocateur. Non je vous rassure, il y a encore des terres inconnues, celle que personne n’a osé conquérir. La différence aventureuse.

J’en fait partie à petite dose mais j’y ai posé ma pierre. Un grain de sable plutôt.

Un fada de parisien m’a donné un sacré coup de pied au cul pour en réaliser un. Traverser un désert de glace à ski avec une jambe en moins. Un glacier haut de trois mille mètres et un boiteux qui tire un traineau, qui parle aux flocons de neige et dans sa détresse a vu un bruant des neiges venir le réconforter.

A côté de lui aux pays des esprits errants, un homme de glace et de neige, mais au cœur généreux.

Un mercenaire polaire, un gladiateur boréale qui sait affronter à main nu l’immense Nanouk. La ville des lumières est bien trop bruyante pour lui, il est devenu cet Inuit qui connaît le silence des blizzards infinis. Un géant qui un jour a basculé dans l’étau d’une banquise sournoise, qui l’a happé pour le tester, pour le manger peut-être ?

Il a survécu, il a survie, il a surpassé il est surhumain.

Un nom derrière tout ça : Nicolas Dubreuil dit Niko.

Ne vous attendez pas qu’il réponde à vos messages vos courriels, le vent ne prend pas rendez-vous, il passe, peut-être pas au moment où vous l’espériez.

Cet Homo-polaris a su décortiquer l’aventure différente, non seulement il m’a guidé et épaulé pour cette croisade au pays d’Apoutiaq, mais il a permis à quatre jeunes estropiés de poser une prothèse sur des plages reculées d’Antarctique.

Il est devenu le chef d’expédition des croisières australes de la compagnie du Ponant et sur le navire Diamant il gère avec brio les rencontres aux pays des manchots. Le comble pour des amputés !

Hier un mail de mon frangin des glaces, il revient de là-bas, de la Terra incognita. Un passager pas ordinaire, ni extraordinaire d’ailleurs, seulement différent. Un contrat avec le médecin bien pensant qui du bout du stylo délivre le papier de droit au rêve. Bon pour la croisière, mais pas pour descendre à terre.

Un marin sans escale, c’est un aventurier en camping, un alpiniste sur un remonte pente, un plongeur en aquarium, un ours blanc empaillé, une mer sans moutons, une fille sans vibration…

Niko, chef de bord a défié une fois de plus les théorèmes de protections, les équations à plusieurs inconnues, les divisions atomiques ! Son passager est devenu un explorateur des temps modernes, un Schakelton en fauteuil, un Nansen du handicap, un Scott du monde différent…

Là-bas sur la terre d’Antarctique Nicolas a démontré que tout était possible…

Debout les morts et en route pour ce pays merveilleux inconnu, la terre de nos doutes !

Un pied sur la Calypso…

13 décembre 2010

Albert Falco capitaine de la Calypso.

Albert Falco capitaine de la Calypso.

Pour certains vous devez vous souvenir des documentaires des années 70 : « l’Odyssée du Commandant Cousteau. »

Baptisé en plongée presque en même temps que j’apprenais à marcher je rêvais de ces films.

Prenant part dés mon plus jeune age à un tour du monde sous marin je me voyais bien embarqué sur la Calypso. Aprés chaque expédition elle faisait relâche dans le port de Monaco à quelques coups de pédale de chez moi.

Puis la vie est ainsi faite mon destin devait virer de bord. Le charismatique commandant et son équipage partaient sur d’autres horizons sans ce gamin rêveur que je suis.

En 1994 je transformais un vieux bateau en bois comme mini Calypso, compresseur, détecteur de métaux et scooter sous marin, je partais dans mon odyssée du matelot Cabochard.

Au quatre coins de la Méditerranée je découvrais un monde fascinant, les falaises aux courants verticaux de Gibraltar, les épaves antiques interdites de mer Égée, le corail rouge de ‘l’île d’Alboran…. Avant, le Pacifique me dévoilait l’archipel des Galapagos, les maisons sous marines de pré-continent II au large de Port Soudan en mer Rouge, des plongées atypiques (sous glace à plus de 2000mts d’altitude) dans les Alpes du sud, dans le fleuve Guadalquivir à Sévilla capitale de l’Andalousie…

Des milliers de plongée sous la planète bleue.

Un métier de partage puisque j’enseigne cette discipline depuis plus de 25 ans. Un nombre infini de baptisés et pour certains à leur tour ils sont devenus professionnels.

Mais voilà l’équipe Cousteau était toujours un rêve inassouvi.

Eté 99 je rencontre enfin le capitaine de la Calypso Albert Falco, il tourne un film avec des enfants, un remake du vieil homme et la mer aux îles Lavezzi. Je plonge avec cette figure du monde du silence, je suis ému. On sympathise. Et puis on se croise de temps à autres. Pour un raid sous-marin à l’île de Rodrigue en plein milieu de l’océan Indien je le retrouve, mon frère d’océan Bixente m’accompagne. Mon ami basque a tout vu, tout gagné pourtant je suis positivement surpris de le voir bouleversé à la rencontre de cette légende. 10 jours où l’on partagera beaucoup de choses. Pour une journée qui lui est consacrée sur la première radio de France, je suis bluffé car il a demandé ma participation. Que dire, j’ai fait des bulles, certes, mais je me sens tellement petit que ma tchache habituelle disparaît.

Il y a quelques semaines j’ai reçu un courrier qui me sollicitait pour une autorisation. L’équipe Cousteau qui s’est mise à la page Internet me demandait si Le film « Giramondu » qui est une biographie en image de mon bout de vie, soit en ligne sur leur site.

Lettre signée en personne par madame Cousteau…

Un rêve de gosse qui se réalise, comme si j’avais posé mon sac sur le pont de la Calypso. De toutes les plongées celle ci restera la plus profonde !

PS: Jo Zef réclame un bonnet rouge et une paire de palme bleue !!!