Une simple goutte d’eau…

12 octobre 2011
    Une multitude de gouttes d'eau...

Une multitude de gouttes d'eau...

Je m’étais solidifié avec tous mes collègues, mais le congestus cumulus ne nous supportait plus, trop petit, trop froid, trop encombrant. Il nous larguait en plein ciel, pas le temps de se dire adieu, pas d’accolade réconfortante, même pas d’itinéraire en poche, nous étions au cœur de l’orage. Entre vous et moi je me demande si nous n’en étions pas la cause. Je plane, je vois la terre sur 360°, que c’est beau, c’est enivrant, je suis devenu éternelle… Une grosse masse noire vient briser mon rêve et sur elle, j’atterris un peu en vrac. Des copines par milliers me rejoignent mais ce n’était pas le temps aux causeries, la foudre fait vibrer la montagne, nous devons fuir, un seul moyen se faufiler dans la terre. C’est lugubre et le noir me fait un peu peur, je ne suis pas une enfant des ténèbres pour mériter cela, mais je sais que tout a une fin alors je continue de me tailler la route dans ces failles infinies. Soudain  un grand froid me saisi, un grand vide, je m’accroche comme je peux, mais je glisse sur une sorte de glace géante. Tic, tic, je m’envole de nouveau pour retrouver une autre glace, certains les appellent stalactites et stalagmites. Dans un toboggan luisant je rejoins une mare, mais je me sens aspirée,  je ne tente plus rien je sais que c’est mon destin. Dans un entonnoir je suis avalée, ça se rétréci, l’effet venturi nous compresse, soudain la lumière, j’explose en vol je suis une cascade. Mon lit s’offre à moi, il se nomme ruisseau, je peux enfin contempler les environs, la forêt paraît aussi tourmentée que le chemin que je parcours. Des milliers de copines nous rejoignent du ciel, l’union fait la force et surtout la rivière. Une équipe courageuse fait s’ébrouer le maître des lieux, le grizzli. De si petites gouttes qui font tressaillir l’ursus arctos horribilis, comme quoi, la taille n’y est pour rien !   Nous ne sommes plus de simples gouttelettes, nous sommes une armée invincible, mais nous avançons sans connaître notre destin, sans savoir comment sera fait demain. Entre vous et moi demain je m’en moque, je ne suis qu’une goutte d’eau. Nous sommes un fleuve gigantesque, nous mangeons les berges, les arbres tombent, les villages sont emportés. Que de force, que d’énergie et dire que certains ne nous voyaient même pas. Le courant perd de sa force, le serpent boueux s’élargit, des copines se perdent dans des méandres funestes, je ne les reverrais jamais plus. Je suis mon destin de goutte d’eau. Sur le fond sableux, je découvre des pauvres poissons remonter le courant pour mourir, mais quel injustice, quel suicide. Je fonce sur l’un d’eux, je m’infiltre dans ses ouïes, il me pique quelques bulles d’oxygène et me recrache pour poursuivre sa macabre croisade . Je suis toute secouée, il n’a pris le temps de s’arrêter, de me causer, de me sourire et je vous jure ce n’étais pas un humain. Au loin un barrage, des turbines, je vais mourir, je vais être laminée. Dans une grande roue sans ticket j’accomplis le grand tour pour me retrouver expulsée comme un pépin de cerise ! Là bas au loin, apparait l’horizon, le fleuve devient salé, mais c’est que ça me pique les yeux, je suis devenue océan. Enfin tranquille pensez- vous, mais non le courant m’envoute et je me range à ses cotés. Un grand voyage autour du monde sans escale. Le temps n’existe pas puisque je suis éternelle. Du Pacifique à l’Indien, de l’Atlantique à la Méditerranée je fais mon bout de vie. Un puis un rétrécissement, un détroit, celui où Homère a inventé la légende d’Ulysse et du Cyclope. Un drôle de village accroché sur une falaise blanche de calcaire, m’interpelle, un peu plus loin des îles. Je suis curieuse, comme toutes les gouttes d’eau, je m’aventure dans une crique, j’y vois un drôle d’homme qui a le visage couvert de mes amies, les larmes. Je me pose, je l’observe, je le contemple, il pleure. De tristesse ? Non, je ne crois pas ! Il cause aux cailloux, interpelle les oiseaux, répond aux poissons. Flûte, il m’a repérée, me prend dans sa paume, me dit que je suis belle, je ne peux rougir car je suis une goutte d’eau, le soleil me chauffe, m’allège, oups !!! je m’envole et dire que je me croyais éternelle…

Promis si un jour je grandis je veux être une goutte d’eau…

Bivouac en Valais

20 août 2011
Foudroyé, il a su vivre en changeant de cap, symbole des vies abimées, continuer sans regretter le temps passé...

Foudroyé, il a su vivre en changeant de cap, symbole des vies abimées, continuer sans regretter le temps passé...

Altitude 1987mts, forêt paisible; être humain au alentour insignifiant, nomade en bivouac, chut c’est un secret…

Les alpages, c'est "vachement" bien!

Les alpages, c'est "vachement" bien!

En cherchant un peu, vous pouvez apercevoir une squaw et une mascotte!

En cherchant un peu, vous pouvez apercevoir une squaw et une mascotte!

En pleine paroi, insouciantes du danger elles daignent regarder en bas la fourmilière des hommes qui tentent désespérément d'arrêter le temps qui passe...

En pleine paroi, insouciantes du danger elles daignent regarder en bas la fourmilière des hommes qui tentent désespérément d'arrêter le temps qui passe...

Grense Jakobselv, frontière russe…

28 juillet 2011

Un petit cours d’eau nous sépare de la Russie, les consignes sont strictes, bivouac autorisé mais au moins à deux cent mètres des fils barbelés, téléphone portable, jumelle et appareil photo strictement interdits !!! Un vrai plaisir pour l’électron libre que je suis. Des militaires norvégiens en patrouille, qui doivent se trouver bien isolés dans ce bout du monde si perdu et un cabochard un poil triste de constater que ses frères les hommes aiment toujours le bruit de bottes. Une dame vient nous rendre visite, sans le savoir nous avons dressé notre camp sur son terrain ! En vérité la région lui appartient mais accepte avec plaisir de nous voir ici. Elle et ses 5 frères et sœurs sont nés ici et nous racontent comment la vie se passe avec « le grand frère russe ». Depuis quelques jours la radio norvégienne parle de catastrophe mais hélas il nous est impossible d’en comprendre le contenu. Je demande à notre hôte ce qu’il s’est  passé ? Elle nous annonce la nouvelle du massacre d’Oslo, elle est choquée et ne cesse de répéter que le fou est l’un d’eux, un norvégien !!! L’émotion l’emporte, ses yeux s’embrument et nous sommes écœurés d’une telle nouvelle… Décidément l’homme est un prédateur pour l’homme… Le soir sous une pluie fine, je tente de pêcher au lancé le diner alors que Véro ramasse les camarines noires pour le petit déjeuner. Un souffle vient du large, un rorqual décide de venir me rendre visite. Pas loin de 8 mètres il pratique le rase cailloux, deux phoques en vadrouille l’accompagnent, je lève ma ligne et apprécie le spectacle. L’homme se flagelle sans cesse alors que la nature chaque heure nous offre le plus beau des cadeaux, sa confiance… Il est temps de lever le camp, la mer de Barents semble figée, la pluie nous enveloppe, une manière peut-être de nous étreindre avant notre départ pour la Finlande. Je regarde l’océan Arctique et lui donne rendez vous l’année prochaine, la route en terre nous mène vers d’autres lieux, d’autres gens, la radio donne un programme de musique russe, nous sommes serein, le chemin est sinueux mais il mène sans doute vers le soleil. Nous perdons les chants russes pour retrouver une FM samis, là encore nous apprécions des chants traditionnels… Des milliers de lacs pour rejoindre le pays finnois et nous voilà sur les bords du lac Inari…

Pendant ma traversée à la rame avec Dumé, je n’avais amené qu’un seul livre : Arktika de Gilles Elkaïm. Cet homme avait mis quatre ans pour effectuer les 12000km entre le cap Nord et la mer de Béring par le cercle polaire, avec ses chiens il avait enduré les pires conditions et son récit nous avait fascinés. En 2005 il recevait de la part de la guilde européenne du raid le prix Peter Bird SPB, je le recevais en 2009 ! La chargée en communication de SPB qui m’avait remis le prix, m’avait parlé de son voyage en Finlande chez Gilles Elkaïm qui avait ouvert un camp de survie en région polaire… Nous étions sur ses traces…

La route qui mène du village d’Ivalo à Inari est longue au milieu des pins et des rennes qui se moquent du véhicule qui  roule sur ses routes du nord. Un panneau en bois discret indique Camp Arktika… Une nouvelle histoire commence… Suite au prochain épisode !

Pas de visa, pas de passage à l'est..

Pas de visa, pas de passage à l'est..

Et si le climat façonnait les hommes?

Et si le climat façonnait les hommes?

Une plage qui va recevoir notre bivouac.

Une plage qui va recevoir notre bivouac.

Ce sera du poisson ce soir.

Ce sera du poisson ce soir.

Camarines noires et plaquebieres en compote, la mascotte en salive encore!

Camarines noires et plaquebieres en compote, la mascotte en salive encore!

A nature hostile homme farouche...     A nature hostile, homme farouche...

A nature hostile homme farouche...

Les robinsons de l’océan Arctique…

22 juillet 2011

La route en terre finit en cul de sac, un grain ouvre les vannes, nous sommes seuls au monde. Je dirais plutôt au bout du monde ! Le phare de Slettnes domine la mer de Barents, position 71°Nord, il est  là-bas au loin. L’idée est d’aller bivouaquer dans la toundra dans un paysage somptueux.

Une éclaircie revient, elle nous donne la main pour trouver le bon emplacement et monter le camp. Un petit kilomètre suffira pour le bivouac idéal, deux allés retours et nous voilà en place. Véro a pris le coup pour m’épauler dans le montage de la tente, ici il faut toujours prévoir le pire. Des restes d’épaves jonchent le rivage, leurs histoires transpirent : hommes partis chercher fortune dans la pêche au crabe et à la morue qui n’ont connu que froid, tempête et drame… Un feu, malgré un bois gorgé d’eau, crépite, avec des planches nous fabriquons des bancs. Le basique devient magnifique. Si je vous dis que nous sommes seuls, je pense que vous l’avez compris dés le départ, mais en vérité nous sommes cernés ! En mer, de grosses bouilles nous épient, les phoques n’ont pas trop l’habitude de voir des campeurs par ici et leur curiosité nous fait bien rire, autour du camp des dizaines de rennes pâturent avec l’œil en coin mais avec un peu de patience ils s’approcheront sans trop se soucier des « Robinson de mer de Barents ». Ce matin pendant que Véro prolonge sa nuit, je pars en trek. Un détail important à cette latitude, pendant cette saison la nuit n’existe plus. Donc muni de mon appareil photo je pars en balade de rêverie. Une petite grimpette me mène à un lac, de là je domine l’océan Arctique. Des huards vivent en harmonie avec des canards, seuls les sternes arctiques n’apprécient pas ma venue. Je m’accroupis sur les rives et tente de me faire oublier. Mon âme d’enfant a libre cours, pas de bruit, pas de monde, seul face à moi-même, je sais qu’une belle aventure est en train de naître. Une expédition de plus ? Oui si vous voulez, moi je dirais une réalisation de rêve. Je suis tellement bien que j’en pleurerais de joie. Un poil romantique le Cabochard, mais la vie est trop courte pour se prendre la tête. La fourmilière terrestre ne laisse plus la place au rêveur, esclave du confort, l’essentiel est perdu et chacun court vers le graal qui n’est que futilité. Chaque fois que je me retrouve dans ces conditions de vie au plus simple, je réalise à quel point nous sommes devenus fragiles et tributaires du matériel… La vie peut-être douce sous cette latitude, mais l’instinct animal doit veiller, la moindre relâche et la nature vous fera une cicatrice. Ma prochaine aventure, comme un tableau, se monte, cela fait plus de deux ans que je l’ai en tête mais là, la toile prend forme. Du pastel gris noir comme la mer de Barents, du vert émeraude comme les lacs de Finlande, du bleu foncé golfe de Botnie, des traits clair et sombre comme les routes d’Europe, un peu de blanc comme les neiges éternelles des Alpes, un bleu azur pour une Méditerranée si chère à mon cœur et une touche de jaune comme le soleil qui éclairera mon bateau où ma belle me sourira après tellement de mois de séparation.

Vous ne comprenez pas tout ? Patience, au fil du temps je vous dévoilerais ce beau projet.

Ouais Jo Zef des crêpes au feu de bois ok, mais des entrecôtes de phoques et du carpaccio de rennes on va avoir des ennuis avec les écolos moroses !

Le renne, animal omniprésent.

Le renne, animal omniprésent.

Véro songe déjà au kayak rouge qui voguera un jour sur cet océan si vaste.

Véro songe déjà au kayak rouge qui voguera un jour sur cet océan si vaste.

Face à l'océan arctique il est bon de jouer au robinson.

Face à l'océan arctique il est bon de jouer à Robinson.

Température de l'air 9°, eau à 4°, Véro n'a qu'une parole elle s'est baignée.

Température de l'air 9°, eau à 4°, Véro n'a qu'une parole elle s'est baignée.

Un petit égaré qui a trouvé de la chaleur dans les mains de Véro...

Un petit égaré qui a trouvé de la chaleur dans les mains de Véro...

Heureux les voyageurs-baladeurs...

Heureux les voyageurs-baladeurs...

Visite au bivouac, encore et toujours des rennes.

Visite au bivouac, encore et toujours des rennes.

La mascotte au pays des trolls, et ce n'est pas une histoire troll!

La mascotte au pays des trolls, et ce n'est pas une histoire troll!

Gamvik en mer de Barents…

19 juillet 2011

Le vent dehors se renforce, la pluie martèle la toile, un grain passe sur les nomades du Grand Nord, température 8° ! Que c’est loin la Corse, la Maurienne, l’étape du tour et tous les sourires rencontrées. Le GPS donne 71° Nord, encore plus au nord de 600km du cercle polaire ! Non ce n’est pas le cap Nord, 500km à l’ouest, trop de monde, un nid à souvenir « made in Taïwan », ici c’est le bout du monde une route, qui mène à un comptoir de pêche à la morue et au flétan. Quand on s’arrête la première chose que l’on nous demande c’est pourquoi on est là ? Gamvik et ses hameaux. Devant notre bivouac la mer de Barents encerclée du majestueux océan Arctique, le vent est incessant, la végétation rase nous dévoile ses trésors.  Véro du coin de l’œil, bien emmitouflée dans sa parka m’observe, j’exulte, je vibre, une étrange sensation d’être chez moi ! Un long voyage nous a fait traverser la région  que les colons vikings ont appelé la Laponie. En vérité c’est le pays Same, dans leur langue le mot « lapon » signifie : homme en guenille !

Luléa port suédois le plus septentrional du golfe de Botnie, nous a accueillis. Une petite voiture, une tente, une carte et surtout une grosse envie d’un voyage authentique loin des clichés. Les routes sont belles, les forêts de pin et de bouleau nous font avaler des centaines de kilomètres. Bivouac en bordure de rivière, des rennes pas trop craintifs comme voisins et bien sûr des nuées de moustiques. Rien à voir avec l’Alaska mais nous nous sentons un poil donneur de sang contre notre volonté. Les lacs se succèdent par centaines et chacun d’eux nous éblouissent de leur magie. Sur le bord du grand lac d’Inari nous bivouaquons, de la viande de rennes fumées au menu, un vrai régal. La route est encore longue, Mourmansk à droite, Mehamn tout droit…

Nous y voilà, la mer de Barents, la péninsule de Gamvik, nous avons le souffle coupé, si je vous dis que c’est beau je vais vous paraître un poil « rabâcheur », pourtant c’est beau. Nous trouvons un beau spot pour monter le camp et malgré un fort vent de nord-est tout est en place… Le réchaud chauffe la soupe et de sous nos duvets nous pouvons observer la mer arctique se déchainer…

Une petite sélection de quelques clichés.

Rencontre trés fréquente sur ses routes très isolées.

Rencontre très fréquente sur ses routes très isolées.

Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.     Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.

Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.

Pirogues sur les bords du fleuve Tana.

Pirogues sur les bords du fleuve Tana.

Maison traditionnelle dans la toundra proche de l'océan Arctique.

Maison traditionnelle dans la toundra proche de l'océan Arctique.

Vue sur la mer de Barents, un bivouac de luxe...

Vue sur la mer de Barents, un bivouac de luxe...

Le phare le plus nord de l'Europe continentale.

Le phare le plus nord de l'Europe continentale.

Huitrié pie

Huitrié pie

Un os de baleine, non Jo Zef ce n'est pas une grosse arête!

Un os de baleine, non Jo Zef ce n'est pas une grosse arête!

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Un air de Yukon en Corse…

2 juin 2011

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Une année déjà ! Le Grand Nord me tendait les bras pour une belle leçon de vie. Je me doutais que cela serait une sacrée aventure, mais je ne pensais pas à quel point cela modifierait ma manière d’évoluer.

Sur le grand fleuve, seul face à moi-même, pas de place au superflu, observer, pagayer et rêver. Le but étant de ne pas être mangé, ni dépecé, tout un programme ! Entre deux prières, manières Cabochard, je partais dans des rêveries « corsées » : Un coin planqué sur mon île, un bivouac paumé, un mini monastère où j’irai régulièrement me ressourcer. Mais la Corse, ce n’est pas l’état du Yukon, il y a du monde et partout…

Depuis mon retour début septembre, j’en ai arpenté du maquis, mais chaque fois il manquait un élément au cahier des charges. Cet hiver alors qu’avec ma Vrai nous nous restaurions sur le bord d’un torrent très isolé, une folle envie de le traverser me pris. Véro, bien décidée à rester sèche, souriait à ma traversée du cours d’eau à la température polaire. Trempé comme un castor, je découvrais un coin planqué, mais je me voyais mal, à chaque envie de paix, jouer au sous-marin pour aller rejoindre ce camp perdu. Puis en fouillant au milieu des chênes lièges et verts je trouvais un restant de piste ! Ma curiosité toujours affutée devait me transformer en lecteur de parchemin qui mènerait au fameux trésor des templiers…Euréka!  Une piste en terre agricole, qui mène à nulle part, puis une sente… Muni de mon pinatu (serpe) je partais à la recherche d’un passage, sueur et sang furent mes alliés pour débusquer les ronces qui barraient la voie de mon rêve. Quatre jours de bataille pour enfin arriver à un refuge de corsaire. Une fois de plus, j’ouvrais la porte d’un de mes rêves. J’organisais une plateforme qui recevra ma tente, mes restes de maçon se sont réanimés et avec entêtement et plaisir j’ai monté une enceinte en pierre sèche. Quand le vent soufflera en tempête, il sera obligé de nous effleurer sans nous mordre. Au fil des jours avec du bois de récupération j’ai fabriqué une belle table et ses bancs…

Depuis quelques semaines quand je ne pédale pas, je m’échappe dans mon sanctuaire, tout y est paix et sérénité. Ici pour commencer aucun réseau, pas d’appel avec les éternels : « T’es où ? Qu’est ce que tu fais ? » Pas de wifi, pas de prédateur. Les plantigrades sont remplacés par des ongulés, les loups par des renards craintifs et si les grizzlis ne rôdent pas, la vigilance est de mise au cas où un randonneur vraiment égaré rejoindrait cette tanière.

Je retrouve le contact direct avec la nature, l’inspiration de voyage me revient, partir pour mieux revenir ! Paradoxe des hommes et de ses incompréhensions. Une mésange à tête noire vient régulièrement me rendre visite, je suis toute ouïe, rien que pour elle. Au mois d’octobre le livre sera chez votre libraire, c’est fait, le contrat est signé. De mon camp j’y ai rédigé quelques mots à maux et si en ouvrant au hasard des pages, un mélange de fragrances, d’épicéas du Grand Nord et de bruyère blanche embaume votre espace, c’est que vous aussi, vous êtes assis à ma table perdue quelque part aux pays des géants pétrifiés en bloc de granit…

Seul le silence dit la vérité… (Vous voyez comme ça m’inspire !)

Pensée caline et saline…

12 mai 2011
Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...

Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...


Ca va ça vient…

La guerre, la paix. La vie, la mort. La rencontre, la séparation. La pluie le beau temps. La blessure, la guérison.

Mon havre de paix est cette solitude qui m’apaise et me donne tellement d’énergie si mystérieuse pour certains. Je ne dis pas, je fais, pas d’utopie que des rêves réalisés. Ne pas ressembler à quelqu’un ou à quelques histoires je taille ma route, certes à cloche pied, mais ce sentier est de mon invention. Parsemé, de souffrance, de trahison, de rencontres aussi ; d’amour, de sourire et surtout de partage.

Le vent ici me raconte tellement d’histoires, la mer me donne toute sa force, le soleil son énergie, la nuit m’ôte mes doutes, l’orage me prépare au pire.

Oh non mourir ne me fait depuis longtemps plus peur. Souffrir non plus !

Ce bref passage sur terre ne doit pas être gaspillé, vivre pleinement de tous ses sens.

Le soir j’adore faire le silence et écouter la profondeur de la nuit.  Elle répond à toutes mes questions et c’est grâce à elle que je suis devenu non pas plus fort mais un homme à part entière car je n’ai plus peur de moi même…

Le livre sacré de chacun…

9 mars 2011
Danse de l'oie, juste avant la chasse. Alaska Eagle river.

Danse de l'oie, juste avant la chasse. Alaska Eagle river.

Il y a quelques jours une joute écrite s’est produite sur mon blog et elle m’a inspiré une histoire comme une légende athapascanne.

Dans une tribu holikachuk vivait 4 jeunes gens,  l’âge adulte pointait à l’horizon.

« Coyote fuyant » était le leader de la bande, plus grand, plus fort, il était un chasseur de grande qualité. Il détestait plus que tous les trappeurs blancs qui ne tuaient que pour le gain.

« Crocus des prairies » était intellectuel, toujours fourré auprès de l’homme médecine, il récoltait toutes sortes de plantes pour soigner ses oncles malades, en lui sommeillait un grand chaman.

« Flamme vacillante » naissait malade et sa jeunesse n’était qu’une succession de guérison entrainant d’autres maux.

« Pas qui s’efface » était certainement le plus faible du quatuor, il craignait la foudre et les combats, son cauchemar était de se retrouver seul  en forêt un jour d’ouragan.

A  l’aube de la quatrième lune Aigle Rusé le grand chef,  réunissait le village, un immense feu central était encerclé par toute la tribu et des chants ancestraux mélangés aux sons des tambours couvraient le hurlement des coyotes en quête de proies.

Les quatre jeunes savaient que c’était le moment du départ. Chacun reçut un paquet identique : un poignard, de l’amadou séché, une pierre à éclat et un parchemin à ne lire qu’en plein milieu de la forêt.

Pendant trois cycles de lune ils devront survivre avec peu, prier, jeûner, penser et surtout découvrir le monde des grands esprits.

Ils prirent leurs dotes et partirent le cœur serré aux quatre coins cardinaux.

La première nuit fût longue et brumeuse, la fatigue, la faim et le manque de compagnie les recroquevillaient sur eux mêmes. Plus les jours passaient et plus les corps s’affaiblissaient. Ce n’était que le début du printemps et à part des pissenlits la nature n’était pas encore généreuse.

Le grand chef en leur remettant le parchemin avait bien stipulé qu’ils ne devaient l’ouvrir qu’au moment où le doute s’installerait. Ce texte serait une sorte de guide, de conseilleur…

« Coyote fougueux » était sur une zone trappée par les visages pâles en abondance et il ne réussissait pas à piéger d’animaux pour se nourrir. Il était épuisé et perdait le moral en même temps que son poids, il fondait comme un glaçon au soleil. Il se mit à lire le parchemin. Le texte disait que l’homme blanc était supérieur aux athapascans, qu’ils étaient mieux organisés et que la forêt allait leur appartenir…Dans une rage noire il hurlait sa haine contre les visages pâles et maudissait le chef du village de lui avoir fait subir cet affront avec ce texte odieux.

« Crocus des prairies » découvrait des plantes qu’il ne connaissait pas, il se perdait dans les théories qu’il avait cru apprendre mais ici loin de sa terre tout était différent. Il était temps de lire le manuel d’Aigle Rusé. Où que tu sois les plantes sont poisons, les rivières souillées et l’animal trop futé pour se laisser piéger, tout ce que je t’ai appris ne sert à rien… Il était abasourdi d’une telle nouvelle, pourquoi une si grande trahison alors qu’il commençait à appliquer sa médecine ?…

« Plume vacillante »n’était pas en meilleur état que ses autres frères, mais il encaissait pas trop mal cette immense épreuve. Les anciennes blessures bien-sûr prenaient de plus en plus de place et le moment de rentrer au village lui tardait. A son tour il ouvrait le parchemin : La maladie va te ronger comme le fleuve qui ravage une berge, loin des tiens tu va souffrir et dans le grand astre noir tu vas partir. Il se mit à sangloter et ne pouvait croire que le grand chef avait pu écrire cela…

« Pas qui s’efface » était celui des quatre qui était le plus mal en point, seul au milieu de la forêt tout le faisait sursauter. Un grizzli était venu croiser son chemin et il avait bien cru que c’était sa dernière heure. Chaque buisson, talus, arbre semblaient lui cacher un monstre. Il était temps pour lui de prendre du réconfort en lisant les écrits d’Aigle Rusé : Le grand vent du Nord qui porte la foudre et la grêle vont s’abattre sur toi, le tonnerre mettra le feu à la forêt que tu arpentes et comme tu es seul les grizzlis et les loups te dévoreront. Il se mit à hurler comme une bête féroce. Il se jugera de rentrer au village pour se venger…

Au matin de la troisième lune, quatre gars décharnés se présentaient au milieu du village, le feu était toujours allumé où du genévrier brulait pour éloigner les mauvais esprits. Le son du tambour lancinant rameutait la tribu et autour des jeunes disciples Aigle Rusé récitait de vieilles prières.

Le calumet était fumé à tour de rôle et les percutions de fémur d’orignaux sur les peaux tendues embrouillaient encore plus les esprits…

Soudain le vieux planta sa lance dans le sol et le silence glaça l’assistance.  Alors mes enfants avez vous rencontré le grand esprit ? Est ce que mes écrits vous ont guidé ? Le mutisme était pesant puis le plus courageux des quatre pris la parole. Il le regardait droit dans les yeux en tremblant de rage : Tu m’as trahi, tu m’as prédit de devenir un guerrier et sur tes écrits tu sublimes l’homme blanc. Les trois autres saisirent l’occasion pour vociférer contre le grand chef, tu es un vieux fou, tu nous as trahi, tu mérites l’exile…

Le sage saisit les parchemins et les déroula devant tout le monde, ils étaient vides de toute trace, vides d’écrit, vierges de peinture !!!

Les jeunes les reprirent en mains et hurlaient que ce n’était pas possible, qu’il y avait de la sorcellerie dans tout cela.

Les tambours reprirent  comme le battement d’un cœur qui bat au ralenti, le chef se mit à chanter en lançant du sel sur le feu. Puis de nouveau il planta sa lance dans le sol et s’approcha face contre face des quatre apprentis.

Ces parchemins étaient vierges !!! Il se mit à rire comme jamais ils n’avaient entendu… Ils sont vides, je n’ai jamais rien écrit dedans, ils ont juste un pouvoir, celui qui tente de le lire ne voit que ses faiblesses, ses rancœurs, son passé. Vous n’avez lu que ce que vous avez au plus profond de vous…

Voilà chers amis une petite histoire qui m’est venue en réflexion pendant une journée kayak en montagne en plein milieu d’une Corse hivernale paisible.

Il est dur d’écrire, mais encore plus de lire et d’interpréter. Si le cœur vous en dit vous pouvez bien-sur écrire un mot à Grand Aigle Rusé…

Ayeltgnu

L’art urbain selon une tête de Cabochard…

3 mars 2011

Ce qui me fascine, passe souvent pour futilité et vice et versa, mais comme vous êtes là je me lance dans ma cabo-philo

A mes yeux pas une ville au monde ne m’inspire. D’Ajaccio à New-York, de Monaco à Buenos-Aires, de Trivandrum à Anchorage, les fourmilières m’attristent, les musées, même limonade. Le créateur n’en est que l’homme, poussière éphémère en quête de laisser sa petite trace. Pour produire cette « œuvre » il a dû détruire, raser, exterminer la nature pour implanter son « machin » et surtout signer par son nom au bas de la création. Ouf, je vous vois bondir ! Je ne juge pas j’essaie de raisonner en vous le faisant partager. Oui je sais, l’homme ne vit plus en grotte et s’est redressé depuis un moment, sa trace de pas, ne comporte plus d’orteils, mais pour beaucoup, des semelles Adidas, les babouches qui tracent !

Devant la chapelle Sixtine à Rome je voyais des milliers de gens en extase !!! Je me raisonnais et rentrais voir les tags de « Michel l’Ange », entre vous et moi j’ai dû résister 5’. Pourquoi ? Dans ma tête de tordu, je pensais à toutes ces collines qui devaient être recouvertes de forêt qui ont été rasées pour construire Rome et ses monuments, coffres forts de quelques tagueurs. Quand je suis à Paris je rêve du temps où il n’y avait rien. La Seine sauvage où seul les castors et les canards la peuplaient.

Devant Notre-Dame à Paris je me suis isolé et j’ai essayé de décortiquer le pourquoi de tellement d’efforts pour bâtir cette batisse. Un lieu de culte pour se réunir et prier. OK ! N’y a-t-il pas derrière tout ça un despotisme envers les autres qui ne croient pas comme nous, qui ne prient pas comme nous ?  Les cardinaux qui ont  fait édifier ces pierres ne se sont ils pas rachetés une bonne conscience avec une envie de domination. Les compagnons suivaient les ordres des mécènes et les esclaves subissaient les directives dans la peur, de l’enfer promis aux dissidents. A Ankara j’ai vu l’une des plus grandes mosquées du monde et j’y ai senti la même vibration.

J’ai une fascination pour les peuples nomades, en un clin d’œil le camp est levé et ils changent de décor et ils suivent les animaux, les saisons.

La tolérance, toujours la tolérance, oui je sais et j’essaie de l’appliquer, mais vous qui venez régulièrement sur ce blog vous devez vous sentir concerné par mes pensées, alors je continue. Nous sommes de plus en plus dans un monde d’apparence et « l’art urbain » est une manière d’étaler son surplus. La tour Eiffel fût construite pourquoi ? Et oui le Cabochard qui pense à contre courant, ça vous étonne ?

Quand je suis en mer, dans une vraie forêt sauvage ou sur un fleuve oublié, je suis fasciné par la beauté de ces créations. La muraille de Chine a vu le jour par des millions d’ouvriers en quelques dizaines d’années. Un fleuve, c’est des siècles et des milliards d’événements. On le détourne, on le maitrise avec des barrages, on le ceinture de ponts et on déverse dans son lit les pires saloperies. Mais attention quel bonheur de voir des baies vitrées de ce musée climatisé s’écouler le fleuve !!! Ok, j’arrête !

Bon je ne vais pas faire de la philosophie à trois tickets de métro mais au moins quand vous allez me croiser en ville vous saurez qu’au fond de moi je suis présent physiquement mais que l’esprit lui est bien loin dans la Nature.

Je n’aurais pas assez de plusieurs tomes pour vous décrire les chefs d’œuvres que j’ai croisés dans ma vie de nomade errant, j’en suis sur vous aussi.

Une fleur qui surgit de la neige pour nous offrir que quelques pétales sans engrais.

Un glacier qui pendant des siècles a taillé le basalte pour sculpter une moraine sans dynamite.

Un lac qui à élu domicile entre deux monstres de granit sans toupie à béton.

Un galet poli en forme de cœur trouvé sur la berge sans disqueuse.

Un chêne millénaire qui a su s’adapter aux rigueurs de milliers d’hivers loin des tabernacles des églises.

Cette goutte d’eau immortelle, qui devient pluie, ru, ruisseau, rivière, fleuve, mer, océan, nuage, glace, pluie…sans récipient plastique.

Un musée bio pour utiliser les mots à la mode, une architecture éblouissante et surtout d’une humilité respectueuse…

Je vous laisse raisonner de votre côté. D’un clic vous pouvez supprimer le blog de ce casse-pied rêveur.

« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » Victor Hugo