Prêt pour l’Afrique en vélo !!!

3 septembre 2012
j'essai de la rattraper mais j'ai du mal!!!

J’essaie de la rattraper mais j'ai du mal!!!

Je touche du bois, je me réveille sans le moindre bobo, je pense que c’est tout bon pour l’avenir ! Toujours la fraîcheur du matin je reprends la piste R3 qui devrait m’amener après la grande ville de Hanau sur la R4. Tout plat avec brise dans le dos, le chemin longe l’autoroute, un vrai capharnaüm. Je pédale en douceur, je me rapproche de plus en plus de la Suisse. Je suis surpris d’être en si bonne forme, il me semble que je n’ai pas pédalé depuis plusieurs jours. Première ville et je loupe un panneau, je me fonds dans les méandres urbains. Je râle, je peste… Vous connaissez la suite ! je retrouve mes panneaux : « Va falloir se concentrer, cabochard… » Je poursuis pour arriver dans la grosse banlieue de Frankfurt qu’est la ville dortoir d’Hanau. La vraie caricature de se que je crains, les tags sur les murs, les verres brisés au sol, les immeubles en rang d’oignons avec la faune qui vit dedans. Je peux vous dire que je n’ai pas envie de moisir ici. J’avance comme l’inspecteur Colombo, j’essaie de choper tous les indices pour ne pas me perdre. Je me retrouve finalement sur les bords du Main, mais je suis inquiet, j’avance vers l’ouest et non vers le sud, va falloir bifurquer un jour ou l’autre. Je rattrape un  vététiste il m’amène jusqu’à un bac qui traverse la rivière. Un groupe de cyclistes régionaux m’offre le billet et m’encourage pour la suite, je trouve enfin la R4 ! Ouf, ouf et triple ouf ! Je dois filer vers le sud pour dénicher une transversale dans 50km qui devrait m’amener vers la piste du Rhin. Je traverse plein de petites villes qui grouillent de monde, je ne suis pas trop à l’aise. Enfin la forêt, mais voilà la R4 est un terrain d’entrainement pour l’Afrique en vélo. Fini le bon tarmac soigné, une succession de pistes en terre plus ou moins en bonnes états nous secouent à n’en plus finir. Mon vélo n’a aucune suspension et chaque trou est une vibration directe qui monte jusque dans le cervelet en passant d’abord par mon talon d’Achille. Je redoute quelques blessures mais  ai-je le choix ? Le rythme est bien sur ralenti. Je trouve une sorte de cabane dans la pénombre des bois, j’y fais mon break déjeuné. Un vieil homme me rend visite, il veut comprendre pourquoi je suis si chargé. Je lui explique mais ne semble ne pas me croire. Je n’ai pas envie d’argumenter et le laisse dans ses doutes. Je reprends mais je m’aperçois que la balise spot n’émet plus, c’est elle qui vous donne ma position en direct, je la réactive, cela fera une belle ligne droite depuis son dernier arrêt. Je fatigue plus vite sur ce type de revêtement et je planifie un arrêt au prochain bled. Pas de camping, pas de gasthauss et encore moins d’hôtel. Je demande à un fermier si je peux monter ma tente à l’angle de son hangar. Nein ! Ok on avance ! Mais je m’approche des cents kilomètres du jour ! Finalement à Gross Umstadt je trouve une pension pour la nuit… Je peux vous dire que la douche froide m’a remis d’aplomb la guibole et demi. On est prêt pour un Paris-Dakar vélo…

« Norra, Jo Zef, revenez c’est une manière de dire, on ne va pas faire un truc comme ça !!! »

A pluche !

Le lâcher prise…

13 août 2012
A Rome les oies gardaient le capitole, ici elles semblent proteger Immaqa.

A Rome les oies gardaient le capitole, ici elles semblent protéger Immaqa.

Depuis mon arrêt ici à Vaxholm je m’exerce au « lâcher-prise ».  C’est à dire, permettre au corps de s’exprimer sans aucune pression, l’autoriser à  se relâcher, exercice compliqué pour un hyper actif ! Pendant 42 jours je n’avais qu’un seul but, avancer quoi qu’il en soit. Respiration, méditation, nourriture et un minimum de repos, pour me donner les clés de la réussite. Le corps donnait son maximum en prenant soin de laisser de côté les futilités réclamées. J’ai atteint mon objectif mais la route n’est pas finie, alors il faut récupérer en profondeur. Depuis jeudi je me suis trouvé le bivouac de rêve, beau, silencieux et suffisamment près d’un village pour la consommation courante ! Mais le repos du corps ne venait pas, j’ai bossé dur, Immaqa avait des blessures sérieuses et la route est loin d’être finie alors j’ai réparé et improvisé avec les moyens du bord. Maintenant, Il semble sorti d’usine ! Du grand nettoyage de tout le matos, le réchaud en premier qui ne fonctionnait plus très bien et plein d’autres bricoles qui à la longue rendent les journées pénibles si tout cela ne fonctionne pas comme il le devrait. Mais le principal, mon corps, je ne lui avais pas encore permis le statique, le vide, le rien faire absolu. Mes anges gardiens l’ont bien compris, ils sont là pour m’aider, alors ils m’ont bloqué, séquestré ! Comment ? En m’infligeant une belle infection au genou. Quasiment impossible de marcher sans souffrir, le duvet devenait insupportable à peine il m’effleurait. Ok, je baisse la garde, je reste calme, je n’ai plus le choix. Le moral en chute libre, je reste allongé, et qu’est ce qu’on fait dans cette position ? On dort ! La fièvre se glisse dans mon couchage, j’ai froid, je peine à allumer un feu. Pendant deux jours tout me semble insurmontable, faire le petit kilomètre en kayak pour prendre une douche chaude me parait un océan à traverser ! Je ne me soigne qu’aux huiles essentielles et pommade maison. Après plusieurs cataplasmes de crème de plante Imperator valaisane (merci Chantal), mon abcès explose, mon genou enfin se vide de ce trop de fatigue. L’hématome dégonfle enfin, je reste sans bouger. Le reste du voyage me semble plus facile, la partie mer de la Toscane à la Corse sort de mes cauchemars, je la vois calme, belle avec une brise qui me pousse vers mon île… Ce matin le soleil est de retour, j’essaie la prothèse, les douleurs se sont enfin envolées. Je me sens d’attaque pour une petite balade de 3000km à vélo. Je viens d’avoir des nouvelles des jeunes qui sont bien arrivées à Lulea hier soir mais qui ont laissé les clés du fourgon dans l’un des sacs de soute. Grosse erreur de débutant. Les bagages n’ont pas suivi à Stockholm !!! Les compagnies se renvoient les fautes ce qui ne change rien au problème. La mode de notre société c’est de toujours renvoyer les erreurs au voisin. Depuis ce matin ils sont devant le comptoir SAS et à chaque arrivée d’un vol depuis Stockholm ils ont espoir d’y voir leurs bagages. Le plan B et C existe mais il m’en coutera beaucoup d’énergie. J’ai un double des clés. Si demain midi leur affaires ne sont toujours pas arrivées j’essaierai de trouver un système très rapide pour faire envoyer un double au jeune à Luléa ou sinon au pire je louerai une voiture pour faire les 1000km  jusqu’à Luléa et faire un  échange standard avec le fourgon et tout mon barda vélo. Sincèrement je ne voudrais pas  effectuer ce périple… Je croise les doigts.

Merci à vous tous qui soutenez ce projet, j’ai lu avec attention tous vos mots qui ont guéris mes maux durant ce difficile périple en kayak, un grand MERCI.

Comme me l’a soufflé Dume : Qu’il est bon de rien faire quand tout autour de soi le monde s’agite…

A pluche !