Un bout de vie dans le ventre de la mer.

28 septembre 2011
Un petit air de paradis...

Un petit air de paradis...

Yoann en action.

Yoann en action.

L'arche, les portes du grand large.

L'arche, les portes du grand large.

En apesenteur...

En apesenteur...

Mouillage toujours aussi calme, Eole est clément et l’été indien est toujours sur zone. Chacun y va de sa progression mais de tous les stagiaires celui qui nous enchante le plus est Yoann. Amputé des 4 membres il pourrait ne pas vouloir, ne pas oser, fuir devant l’adversité. Non, bien au contraire, volontaire, déterminé, il progresse à grande vitesse. Aujourd’hui, j’ai senti qu’il était prêt pour sortir en pleine mer. N’y voyez pas de l’inconscience ou de record, juste une envie de transmettre. Sous l’eau il ne peut utiliser sa main bio ionique, sa prothèse de bain est donc figée mais quand on veut on peut. Lui il veut!  Sur mon détenteur de secours, il se positionne juste un petit peu en avant et sous moi. De là je peux surveiller sa respiration et son attitude. Tranquillement nous palmons vers la sortie de la lagune, pas de courant, ni de houle, conditions parfaites pour se retrouver en haute mer. Le bleu émeraude laisse place à l’azur sombre des profondeurs, un canyon dégringole doucement vers le large. Yoann a une respiration calme et sereine, quand son masque fait un peu d’eau il arrive sans assistance à le vider. Devant nous une arche nous barre la route, ce bloc de granit est la porte du rêve. Des centaines de fois à cet endroit précis mes clients débutants ont renoncé me priant de faire demi tour, lui est aspiré par le mystère que le lieu dégage. Un banc de sars vient à notre rencontre, un rideau de lumière nous rappelle que la surface est bien loin là-haut. Nous nous immobilisons sous ce dolmen naturel et savourons ce moment privilégié. Le retour se fera au ralenti, ici pas de bruit, les poissons ne jugent pas ils vivent, la profondeur ne dénigre pas, elle est éternelle. Retour sur la Galiote, chacun a le sourire aux lèvres, le soleil réchauffe les plus frileux et l’apéro va permettre de partager ces Bout de vie exceptionnels.

Un grand merci à Éric Volto photographe au grand cœur. Son site de photo cliquez ici.

Mouillage aux Lavezzi…

26 septembre 2011

Décor de rêve, n'est ce pas?

Décor de rêve, n'est ce pas?

Dans la grande piscine naturelle de la cale de "l'éléphant".

Dans la grande piscine naturelle de la cale de "l'éléphant".

Pour vous le faire partager à vous aussi...

Pour vous le faire partager à vous aussi...

Navigation par calme plat pour finalement rejoindre le mouillage nord de l’île Lavezzi. La crique est vide nos aventuriers restent bluffés de la beauté du site. Ce ne sont pas des vacances mais bel et bien un stage de plongée. Apprendre à s’adapter, à gérer ses peurs et ses craintes pour découvrir ses limites. Essayage des combinaisons, car même dans une eau à 25° la sensation de  froid peut vite arriver. Tout le monde dans la « grande baignoire » ! Chacun trouve son rythme et doit s’adapter à trois choses nouvelles à gérer : Respiration, vision, locomotion. En apesanteur les corps mutilés retrouvent une aisance incroyable, le poids n’existe plus et tout redevient facile. Quand je dis facile, pas pour tout le monde ! Respirer dans l’eau peut paraître simple, pourtant certains devrons trouver beaucoup de courage et d’énergie pour surmonter cette première épreuve. Tout doucement la magie se produit et chacun se surpasse pour s’approcher, sur la pointe des palmes, du monde du silence. Christophe nous rejoint et l’après midi sera consacrée au premier tour dans le fond de la lagune.  Au fil de la journée les rires laissent place à quelques récits plus noirs, tachés de sang. Se confier, c’est vider son sac, c’est lâcher du lest. Puis les sourires reviennent, l’eau salée est bien celle de la Méditerranée, si c’était des larmes cela se saurait, non ? Devant le coucher de soleil tout le petit monde a les yeux qui brillent… Et si ce n’était pas un rêve et si la vie n’était pas un cauchemar sordide…

Fait de ta vie un rêve et de tes rêves une réalité…

9 éme stage, c’est parti…

25 septembre 2011
Ambiance feutrée du bord, rêve ou réalité. Seul le présent est un cadeau.

Ambiance feutrée du bord, rêve ou réalité. Seul le présent est un cadeau.

Avions à l’heure, vent calme, température douce… Les stagiaires viennent de débarquer au 9éme stage de plongée sous marine Bout de vie.

Ne croyez que je sois blasé car c’est le neuvième stage, non l’émotion est toujours aussi forte. Une semaine où des p’tites sœurs et frères de vie vont partager le parcours à cloche pied d’un sacré Cabochard.

Pour plus de paix et de sérénité la Galiote est déjà au mouillage dans la baie de Santa Manza où l’été  a décidé de jouer les prolongations .La mer à peine ridée, semble faire flotter en apesanteur le bateau qui va accueillir nos argonautes. L’exercice commence, pour rejoindre le bord il faut embarquer sur un pneumatique, pour la plupart c’est une première. 19h nous sommes en place pour une sacrée semaine. Gunther présente son équipe et explique le fonctionnement du bord, fini l’eau courante, l’électricité. La vie sur un bateau pour un urbain est un effort de chaque instant. A mon tour de leur souhaiter la bienvenue et de commencer le démaquisage des idées reçues. L’apéro, moment sacré du bord, est agrémenté par une bande de dauphins.  Comme s’ils avaient compris que le symbole de Bout de vie était le copain de Flipper à la queue coupée continuant à vivre et  sourire. Des dauphins pour commencer la semaine, quel beau cadeau de la vie.

Demain l’ancre sera levée, cap au sud ouest, pour rejoindre l’archipel des îles Lavezzi, mais c’est encore loin. Ce soir certains dormiront les yeux dans les yeux avec les étoiles, comme quoi même malmené par la vie un jour ou l’autre la tempête laisse place au beau temps, il suffit de s’accrocher et d’être patient…

Merci à Eole et Neptune, vous semblez bien clément avec nous…

Prélude du 9éme stage de plongée.

22 septembre 2011

Gunther, le Cousteau allemand.

Gunther, le Cousteau allemand.

Dimanche le 9éme stage de plongée va démarrer. Emmanuelle, Yoann, Audrey, Nathalie, Sylvie, Franck, Évelyne et Gérard vont embarquer sur la Galiote. Un homme hors norme pour les recevoir, Gunther. Un monument de la plongée, mais surtout un baroudeur avec un cœur en or. C’est avec lui que j’ai décidé d’initier les « p’tits frères et sœurs » de vie. Notre travail en tant que moniteur est d’apprendre la plongée à tout le monde, sans exception. Mais hélas cette discipline est devenue une industrie et les « différents » vivent souvent des échecs cuisants car le club ne prend pas le temps… Sur la Galiote, patience, technique, humour et grande écoute sont les clés de cette semaine.

Grâce à lui j’ai appris beaucoup sur la débrouillardise  en mer. Cet homme a des doigts en or et des solutions à tout. Combien de fois je l’ai vu dans des situations incroyables, compresseur en rade, moteur récalcitrant, météo capricieuse. Pas une fois je ne l’ai vu s’agiter, s’énerver… Pendant cette semaine le soir devant un couché de soleil de rêve les stagiaires pourront découvrir des personnages attachants. Rudy et Yovadi seront les cuistots et assistants de la semaine. Christophe sera parmi nous  avec son voilier. De retour d’un tour du monde de plusieurs années en famille, il sera le skipper de la semaine. Sur son Bagatelle il dévoilera les trucs et astuces pour naviguer grâce à la force d’Eole. Gunther pourra raconter ses milliers de plongée aux quatre coins du monde. Eric photographe sous-marin  de renom viendra immortaliser les plongées en eau turquoise. Yann offrira le tour d’hélicoptère au dessus des Bouches de Bonifacio. Enfin le vendredi soir au centre culturel de Porto-Vecchio à 21h les parrains et chanteurs I Mantini nous proposeront un concert avec des chansons inédites de leur prochain album…

Oui je vous rassure la mascotte Jo Zef sera bien présente. Elle ne veut pas louper l’opportunité d’engloutir les mégas repas qui nous seront offerts.

Dans mon deuxième livre j’ai demandé à des personnes que j’apprécie de me faire un témoignage, Gunther s’est livré à cet exercice.

Vielen Dank mein Freund

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Je le connais depuis une quinzaine des années.

Nous fréquentions la même crique avec nos bateaux dans les îles de Lavezzi situées dans le sud de la Corse.

Notre relation se fit progressivement parce qu’il préfère vivre autonome et solitaire.

Narrer toutes les histoires qui ont soudés notre amitié serait trop long car il y en a beaucoup. Avec son caractère souvent insupportable, je me demande pourquoi nous sommes devenus des amis tellement proches.

Une explication possible de ce fait : il a des côtés super sensibles –

Nous avons passés des soirées à discuter comme père et fils.

L’ouverture de son école de plongée a généré des nouvelles occasions de renforcer notre amitié par des échanges de compétences réciproques.

Le succès dans son activité de plongée individuelle lui fourni l’occasion de connaître des personnalités qui l’ont encouragé et apporté l’aide nécessaire pour créer et maintenir son organisation « Bout de vie ».

À partir de ce moment il fait abstraction de sa vie privée pour s’engager de toute sa force dans la réalisation de son but : apporter aux personnes handicapées la volonté et le courage de retrouver une vie normale de tous les jours avec leur différence !

Je n’aurais pas assez de mots pour exprimer mon admiration sur son choix de vie et son engagement permanent concernant « Bout de vie ».

Tous les stages organisés par « Bout de vie » sont gratuit pour les participants grâce aux actions entreprises auprès des différents sponsors.

Je peux certifier un fait : il faut une volonté et un engagement de 300% pour avoir cette réussite.

Depuis sept ans nous réalisons le stage de plongée pour « Bout de vie » sur mon bateau « GALIOTE ». Je suis fier et enthousiasmé d’accompagner cette action énorme de ce « Grand Monsieur » FRANK BRUNO.

42éme édition: Festival du film des Diablerets.

6 août 2011

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FIFAD 42éme édition.

La mer de Barents et le golfe de Botnie sont déjà derrières, nous voilà dans les Alpes vaudoises au magnifique village des Diablerets. Pour la quatrième fois je suis invité comme membre du jury.

Le festival du film d’exploit et d’environnement débutera samedi soir 6 aout avec la nuit free ride. Dimanche 7 aout sera consacrée à Erhard Loretan, alpiniste disparu cet hiver, j’avais apprécié le personnage plein d’humour et de détermination, détenteur des 14 sommets à +de 8000mts ; il avait inventé le style direct ! Pas de camp intermédiaire pour le sommet, ascension d’une traite !

La semaine, comme chaque année, proposera des films d’exceptions et le thème sera : Les montagnes chinoises.

Jeudi 11 aout à 15h en exclusivité le film « La vie à cloche pied » réalisé par Isabelle Bres, Olivier Philippe et Fréderic Jouve, sera présenté. Dans ce documentaire de 19’ vous retrouverez mon expédition sur le fleuve Yukon, la croisière en Antarctique avec le témoignage de stagiaires de Bout de vie, du vélo et du kayak de mer avec Dumé,  témoignage de Véro et un survol de ma vie de nomade à cloche pied. Un débat avec le public sera animé par Jean-Philippe Rapp grand homme de communication.

Pour connaître tout le programme de la semaine cliquez ici.

FIFAD 42 éme édition

L’étape du tour 2011 …

12 juillet 2011

Un grand merci pour cette belle journée qui amènera plein d’espoir à tous ceux qui pour l’instant découvrent la vie avec un bout en moins…

Remerciements sincères:

Au mécène AXA atout cœur et ses bénévoles qui ont su avoir la patience de nous attendre pour un ravitaillement 5 étoiles.

A la Fondation la Française Des Jeux pour son mécénat. Avec nos belles tenues, plus d’une fois on nous a encouragé en criant: « Allez Sandy Casar »!

A Jean-Luc Sauge « Drôle d’Impression » de Porto-Vecchio pour la création des t-shirts Axa-FDJ

A France Barbé pour nous avoir trouvé en un temps record un hôtel à quelques mètres du départ.

A l’hôtel du Commerce de Modane, votre patience et vos sourires nous ont énormément touché.

A la pizzeria Presto de Modane où en l’espace d’une soirée l’équipe a créé mon fan club de Maurienne!

Au public venu en masse pour nous encourager.

Un grand bravo à toute l’équipe de cyclistes Bout de Vie, vous avez donné votre meilleur.

A vous tous chers lecteurs qui par la pensée nous avez soutenu, merci beaucoup, on sentait votre énergie positive.

Et grand coup de chapeau à Laurent Benezech, penseur,organisateur de cette étape Bout de Vie.

Différents dans la vie mais égaux devant les défis.

Citation de Dominique Benassi


L’arrivée filmée au journal de 20h de FR3 Alpes, cliquez ici.

La veille de notre départ à Modane.

La veille de notre départ à Modane.

Un bout de vie sur l’étape…

12 juillet 2011
Je prends mon pied sur une ligne d'arrivée bien longue à atteindre...

Je prends mon pied sur une ligne d'arrivée bien longue à atteindre...

4h30 la rivière gazouille mais je ne suis pas en bivouac juste dans un hôtel en fond de vallée de Maurienne. Mon compagnon de chambre Dume, cela faisait bien longtemps que je ne n’avais pas partagé une épopée avec lui…

Nos poudres Energie Diet, substituts de repas à digestion rapide mélangées au lait d’amandes, seront notre combustible pour la longue journée qui nous attend. Pierre Chami avocat de l’association qui en deux ans a perdu 25 kilos s’est lancé le pari fou de nous rejoindre sur cette étape, les blagues et la bonne humeur fusent. Le minibus nous attend avant la fermeture de la route pour récupérer nos affaires et surtout la prothèse fémorale de Dume qui ne pédale que sur une jambe puisque le genou en plus de la cheville lui manquent. L’équipe aux tenues de la Française des jeux est au complet, 5h45 le bus part. L’hôtelier nous chouchoute et son sourire et sa gentillesse m’ont énormément touché. Chacun va rejoindre son sas, 10000 cyclistes au départ. Par le professionnalisme de Béné organisatrice d’ASO nous avons eu à notre grande surprise un changement de dossard. Dume sera dans le sas 1 et moi le 3. Quelques gouttes de pluie viennent nous rendre visite comme si les filles d’Apoutiaq venaient nous souhaiter bonne chance. 7h le décompte est donné,  les coureurs s’élancent. L’émotion me prend en douce, un appel bref à ma « Vrai » qui cette fois sera à l’arrivée. C’est au tour de mon sas, j’essuie mes yeux humides et pars pour une sacré journée. La nationale est en faux plat descendant sur 17 km, je me mets dans la roue d’un groupe pour une moyenne de 57km/h. St Michel de Maurienne, le pont engendre la rivière et le col du Télégraphe me tend ses bras ! 56’ pour le gravir, la fraîcheur matinale développe les fragrances alpines, je ne veux pas forcer, je roule tranquillement en essayant de maintenir ma fréquence cardiaque à 70%. A un kilomètre du col je vois un concurrent en habit de la FDJ. Tient mais c’est un unijambiste ! Dume est bien, il pousse et tire sur une jambe, je lui mets la main sur la selle et le pousse un petit peu, les autres coureurs nous encouragent et une avalanche de mots gentils nous motivent, comme deux sales gosses, à envoyer un sprint pour franchir le premier col du jour. Le faux plat montant de Valloire nous permet de mouliner pour récupérer. Le village passé, le géant des Alpes, le Galibier dévoile  ses 2665mts d’altitude. Dume me demande de continuer à mon rythme, on se tape la main, j’augmente ma fréquence cardiaque à 75, 80%. Le ciel est bleu et le bonheur s’installe. Je suis bien, un peu euphorique, je double, je double et je double… Le dialogue interne est intense : « Molo, cabochard un autre monstre t’attend ! » A 3 kilomètres du col, j’arrive à la hauteur de Fred un jeune brésilien qui est dans le rouge, son pédalage est saccadé, sa respiration aussi. Il réalise ma « différence », je lui donne quelques conseils de respiration, j’attaque un mini « coaching » d’altitude ! Il reprend un bon mouvement et se met dans ma roue… Grosse émotion pour lui, c’est la première fois de sa vie qu’il est si haut. Il immortalise par une photo notre ascension, il prend le numéro de mon dossard pour me retrouver via le net, mais je le laisse je veux avancer sans tarder. La descente est vertigineuse, au premier virage un inconscient jette sa gourde sur la route et la personne devant moi, glisse dessus pour gouter le goudron, sans gravité ! Ouf ! La nationale est suspendue dans un vide impressionnant, pas de parapet et le plongeon vers le sommeil infini pour l’imprudent. Je suis sur les freins, je ne dépasse pas les 45km/h, le col du Lautaret est noir de monde et seulement là je peux pédaler, 65, 70km/h !

Les tunnels se succèdent, un est sans lumière, quitte à perdre quelques secondes, je ralentis pour tenter de détecter les pièges. Enfin je rejoins le ravitaillement tenu par les bénévoles d’AXA atout cœur, ma ration de poudre d’Energie Diet me donnera le carburant pour le lutter contre le diable qui me tend les bras. Une longue ligne droite noire de monde et me voilà dans la légende du Tour de France. Les 3 premiers kilomètres sont à 14 % !!! Ce n’est pas dur, c’est plus que ça ! Mon moignon ne se montre pas trop coopérant, les décharges électriques se succèdent, mais je fais abstraction, je pédale sans rechigner. C’est long, c’est douloureux, c’est épuisant, ce n’est plus humain. Le public est formidable, les collègues d’ascension me couvrent d’éloges, mais les 21 virages ne se laissent pas bluffer par tous ces mots, je dois pédaler ! Il fait chaud, des filles en bikini ont des dizaines de bouteilles d’eau fraîches et arrosent la nuque de qui veut, un regain d’énergie me revient. Mais le dénivelé reprend son travail de sape, je sais que le seul moyen est de quitter pour quelques instant ce corps qui est en souffrance. Je rejoins, Valentin, Élodie, Nicolas et les autres. Les petits jeunes de mon association qui malgré leur amputations sont prêt pour une vie différente… J’ai mal, les crampes rôdent mais je ne leur donne pas la possibilité de me contrarier. 1 heure que ça dure, la côte est toujours aussi folle mais la brise donne un coup de fraîcheur au cycliste à la peine… Finalement la pancarte annonce l’entrée en station, c’est noir de monde, je bois, je tente de mouliner pour le dernier kilomètre qui sera un sprint… Dernier virage, je vois l’arche gonflable, je sais que Véro est là, je lève le cul de la selle et part en sprint, l’adrénaline va m’aider sur les quelques mètres qu’il me reste, je monte dans les tours, le compteur reprend du rythme 28 km/ en cote, je pars, le goudron semble s’arracher sous mes roues, je double une cinquantaine de « copains » à la peine mais un teigneux me tient, nous sommes épaules contre épaule , je monte d’un cran la force, lui aussi, je ferme les yeux il tient encore, je cherche je ne sais où ma dernière cartouche et passe la ligne juste une roue devant lui !!! Je hurle tel une bête sauvage, le public explose, je lève ma prothèse au ciel, mon sprinteur vient me prendre dans les bras, on se sert comme si on se connaissait depuis toujours, les gars que j’ai doublé dans les derniers mètres viennent m’embrasser, me féliciter… Aujourd’hui j’ai donné le meilleur de moi-même, 6h 17 d’effort pour laisser derrière moi 6675 concurrents. Je n’aime pas le mot de revanche sur la vie, en tout les cas , une fois de plus, si au lendemain de mon amputation on m’aurait décris cette journée c’est sur que je ne vous aurai jamais crut !

Dans mon prochain billet plus calmement je vous raconterez tout les sourires des « copains » d’AXA atout cœur et de la Française des jeux…

Merci à vous tous, merci Laurent t’es un sacré bonhomme pour avoir organisé tous ça…

Dumé est arrivé en 8h15 laissant derrière lui 2944 valides, montée de          l’Alpe-d’Huez 2h36 RESPECT!!!

Prochain billet des photos et des remerciements en détail…

A pluche

Etape du Tour Mondovélo 2011 J-7

4 juillet 2011
Sortie musclée avec mon cousin Stéphane qui était en préparation du Triathlon Ironman de Nice.

Sortie musclée avec mon cousin Stéphane qui était en préparation du Triathlon Ironman de Nice.

Dernière semaine avant l’étape du tour Mondovélo 2011 …

L’année dernière j’étais seul face à moi-même dans l’une des régions les plus isolée et hostile de la planète, cette année je vais pédaler avec 10 000 concurrents des quatre coins du monde ! Depuis mon retour du Yukon j’ai repris la selle pour des entraînements stricts. Je ne suis pas fan de rassemblement, mais une fois sur place, je m’adapterai et je sais que je prendrai du plaisir à pédaler en compagnie.

Depuis 2008 Laurent Benezech parrain de l’association monte une équipe Bout de vie pour participer à l’une des plus prestigieuse course cyclo-sportive du monde. Il est organisateur à 100% et le but est de récolter des fonds pour financer les stages qu’organise l’association. Nous étions 6 en 2008 nous serons 30 coureurs cette année !  Sacré boulot que d’organiser tout ça, bravo. AXA atout cœur et la Fondation la française des jeux sont les mécènes. Pour ceux qui seront sur les bords de la route, nous porterons les maillots blancs FDJ avec le logo Bout de vie…

Dans l’équipe 3 amputés, Jean-Marie Buchot. Amputé d’un bras et abimé sur sa main restante, c’est un phénomène, l’année dernière il a fini dans les 150éme sur 10 000 valides ! Respect, respect !!!

Le deuxième larron sera Dume Benassi, dois-je le présenter ? Amputé de cuisse, il pédale sur une jambe. Pousser, tirer et le tout sur les cols les plus terribles de France : Le col du Télégraphe 1 er Catégorie, le Galibier hors catégorie et après, cerise sur le gâteau les 21 virages de l’Alpe d’Huez !!!

Le troisième vous le lisez en ce moment, un poil têtu et Cabochard, je me suis entrainé sérieusement, un peu moins de 1000km mensuel depuis septembre par tous les temps. Une remarque, la Corse ce n’est pas plat du tout ! J’ai suivi une diététique drastique, avec une nourriture ciblée endurance. Je pèse 3 kilos de moins qu’il y a deux ans et pris de la masse musculaire au niveau des membres inférieurs . Mon nouveau vélo pèse 2 kilos de moins ce qui fera pour les matheux, 5 kilos de moins soit 15 watts X 5= 75 watts de plus d’énergie !!! Ca c’est la théorie !!!

Bref, qui vivra verra… Yakapédaler !!!

Lundi 11 juillet nous serons lâchés à 7h00 pour 109 km, course courte donc qui va demander de la vitesse !!! Pour ma part je vais me caler sur un rythme et je vais essayer de le tenir. La tentation est toujours forte, vouloir suivre un peloton un poil plus fort que soi, ce qui engendre à un moment ou un autre une explosion en vol. Sur l’étape du Ventoux j’ai vu des gars attaquer les premiers cols comme des avions, mais je les ai retrouvés « carbonisés » dans l’ascension du géant de Provence. Apprendre à gérer sa course pour arriver dans les derniers virages avec de l’énergie pour pouvoir se faire plaisir et mettre le feu au poudre… Le final est toujours rempli d’émotion, le public est nombreux et dés qu’il remarque nos « différences », il chante, il encourage, il court à côté…

Un grand merci à Laurent Benezech organisateur qui a fait toute les démarches de recrutement et démarchage auprès de institutions, France Barbé ma webmaster aventure qui habitant la région nous a trouvé un hôtel sur la ligne de départ. A tous les bénévoles d’AXA atout cœur qui feront un point ravitaillement, ce qui nous évitera la pagaille de celui ouvert à tous. Un grand merci à la Fondation la Française Des Jeux avec un petit clin d’œil pour Dalila Helimi qui a toujours su perdre beaucoup de temps avec moi qui ne suis pas un grand champion des papiers. Merci beaucoup, grâce à vous plein de nouveaux arrivants dans la famille Bout de vie pourront profiter de stage d’apprentissage pour une nouvelle vie « différente ».

Rendez-vous sur la route de l’étape du tour Mondovélo 2011…

Encouragement fortement apprécié !!!

Pousser, tirer, pousser, tirer…

La mascotte préfère : Crêper, tartiner, enfourner ! (Soupir)

Fabien Pietri… Son témoignage…

1 juillet 2011
Zenitude en altitude!!!

Zenitude en altitude!!!

De temps à autre j’aime vous dévoiler quelques pages que vous allez bientôt pouvoir trouver sur mon nouveau livre … Sortie fin février.

Rencontre de Fabien, le fils de ma « Vrai ».

Notre société adore mettre les gens dans des cases, moi je déteste! Ce n’est pas nouveau, vous vous en doutiez !

Ni mon beau-fils, ni un copain, juste un jeune homme qui me plaît de part ses réflexions, de ses analyses sans suivre les moutons.

Dans son travail il venait de vendre un vélo de salle quand quelques phalanges ont voulu tester qui étaient le plus résistant, il confirmera que les dents des pignons déchirent avec soin les chairs… Éclopé à son tour, je voyais en lui un candidat potentiel pour venir rejoindre l’équipe mixte en Argentine… Le reste vous le lirez bientôt…

A la fin du bouquin comme dans le premier j’ai demandé des témoignages, voici le sien…

Cela doit faire dix ans  que je côtoie  Frank, quand je l’ai connu je n’avais que 17 ans. A cette époque-là, je sortais de l’adolescence, j’étais un jeune homme timide, réservé, pas très loquace et un peu introverti dès que je sortais de mon périmètre « famille / amis ».Et je pense, comme beaucoup de personnes à cet âge-là, on se pose de nombreuses questions, on ne sait pas vraiment où l’on va et surtout ce que l’on veut faire, étudier ou travailler, partir ou rester…Moi je rêvais de voyages mais l’inconnu me faisait peur… en aucun cas je n’aurais pu faire ce que Frank a réalisé pour ses 16 ans, un voyage lonely  aux States. Les années qui suivirent, sont des années où l’on débute sa vie d’homme par des choix. Chose que j’avais effectuée avec une ceinture de sécurité car le simple fait de m’imaginer prendre un risque m’effrayait. Malgré cela, ces choix se sont ponctués par des échecs.

Par la suite, à cause et grâce en grande partie à sa fréquentation, à son discours, à son expérience, je me suis décidé à prendre des risques. Risques qui dans un premier temps se sont soldés à nouveau par des échecs… mais avec Frank, j’ai appris le véritable sens du mot « persévérance ». Et aujourd’hui cela me permet depuis quelques temps d’avoir de la réussite dans ma vie.

A travers Frank et son Association j’ai assimilé réellement différentes notions : « se dépasser », « aller au bout des choses », « avoir foi en soi », « l’univers du possible »… J’ai compris que les premières « limites » ne sont pas liées aux handicaps ; les limites sont le propre de l’homme. Avant même d’être confronté aux vrais obstacles, l’homme se met des barrières et se réfugie dans sa peur, peur de ne pas savoir, peur de ne pas pouvoir, peur d’être différent… la peur est un inhibiteur très puissant qui nous empêche très souvent d’oser et de faire le premier pas. J’ai aussi compris que si mon passé avait été fait d’échecs, que si  mon présent est fait de réussites et bien,  que mon avenir sera peut –être fait à nouveau d’échecs. Mais aujourd’hui j’ai assez de recul et acquis assez de maturité pour savoir qu’il faudra apprendre de ces échecs futurs pour évoluer et continuer à avancer.

Je pense être devenu une personne plus autonome, plus ouverte, plus libre et qui a beaucoup plus confiance en soi qu’auparavant même s’il est toujours vrai que «  JO ZEF » est beaucoup plus bavard et moins discret que moi. J’ai eu un parcours scolaire un peu atypique et si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à toi car il m’a fallu de la volonté pour reprendre mes études après 5 années d’interruption tout en travaillant et celle ci m’a été en partie inculquée à tes côtés car pour moi ce qui te caractérise avant tout, c’est cette détermination inébranlable qui t’habite…

Alors voilà Frank, merci pour ce que tu as fait pour moi, pour ce que tu as pu m’apporter,  ce que tu m’apportes encore  et  ce que tu m’apporteras directement ou indirectement …. Merci pour tout !!!

De tous les moments passés ensemble : randonnées, foot, plongée, trail, voyage… celui que je préfère est celui où l’on se retrouve à la table de ton « Cabochard » devant l’un de tes petits repas exotiques dont tu as les secrets, à parler de tout et de rien, moments synonymes pour moi de « partage », d’ « échange » et de « simplicité ».

Quant à « Bout de Vie », je ne la vois pas comme une association pour personnes handicapées mais plutôt comme « une école de la vie » où l’on n’y apprend les « vraies valeurs »…

On peut entendre dire sur Frank, que c’est un cabochard, un oiseau des mers, un aventurier, un solitaire, ou encore un utopiste…  il est avant tout un homme avec un grand H. Mais la plus jolie comparaison qui ait été faite pour moi, est celle d’une petite fille en Argentine qui me chuchota tout doucement à l’oreille que Frank ressemblait à« un flamant rose » à cause de sa guibole rose.

Les migrations d’un oiseau migrateur… je crois que cela reflète assez bien sa vie !!!

Hasta siempre « Flamingo » !!!

Afectuosamente.

EL NIÑO.

Moteur, silence, on tourne…

23 juin 2011

De gauche à droite Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

De gauche à droite: Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

Depuis une semaine ma solitude chérie est un poil chamboulée ! Réaliser une aventure est une chose, monter un film, en est une autre. Sur ma « kayakerie » sur le fleuve Yukon bien-sûr j’avais embarqué une caméra étanche avec l’idée de ramener de belles images. Mais chacun son boulot, le fleuve m’avait transformé en forçat de la pagaie et les rushs ramenés étaient de piètre qualité ! Dommage !

Vous savez que je suis un poil têtu et dans l’adversité je ne me laisse jamais abattre. Depuis mon retour du Grand Nord je cherchais une solution pour vous faire rêver quelques instants, au pays de la longue rivière. Un seul dénouement trouver une équipe professionnelle pour réaliser un documentaire sérieux, mais cela a un coût !

Cet hiver je trainais la prothèse pour me rendre dans les Alpes où l’un de mes sponsors me conviait. Le week-end fashion mode avec un rustique un poil Cabochard, cela dénote ! Bref, j’acceptais l’invitation et restais dans mon coin, le seul en t-shirt en plein hiver au milieu de la neige c’est sur que ça attire le styliste en goguette. Je m’adaptais, mais mon monde était  bien loin de ce que je voyais… Pourtant, comme à chaque fois entre une paillette et une coupe de veuve Clicquot que je refusais pour consommer de l’eau de source, je rencontrais quelques personnes très attachantes. Une dame venait à ma rencontre et avait entendu parler de mon Bout de vie, directrice en communication de l’une des plus grandes sociétés au monde dans le milieu de la haute couture, elle semblait toute acquise à ma croisade, elle me laissait sa carte en me promettant de m’aider. Avec mon tact habituelle, je lui précisais que régulièrement on me faisait ce discours mais rare étaient ceux qui tenaient leur promesses…

Entre temps je trouvais une équipe prête à tourner, mais pas du second choix, des grands pros du documentaire. Rendez- vous à Paris et à ma grande surprise ils acceptaient de réaliser le film. Bien-sûr cela avait un cout, car pour l’instant ce reportage serait uniquement diffusé dans les festivals et salles de cinéma, la télé ce sera pour plus tard, si le film marche.

Le budget est en conséquence de la qualité du film et des personnes qui le réaliseront. Le devis me donnait le tournis, je ne voyais pas comment quelqu’un pouvait investir une telle somme pour un inconnu comme moi. Je baissais la garde et décidais d’y renoncer. Pourtant je ruminais et sur mes milliers de kilomètres d’entraînement vélo je pensais, je songeais, je rageais, je cherchais… Et si j’appelais la dame qui m’avait promis. Un mail pas forcément mielleux et moins de trois heures plus tard elle me répondait que sa société financerait la totalité du film. Une seule condition : la prestigieuse marque ne devait jamais apparaître !!! C’était un coup de cœur !!! J’étais séché, scié, estomaqué…

Voilà une bien belle histoire. Depuis le début de la semaine, Isabelle, Fred et Olivier  de 5h du matin à 22h non stop tentent de fixer les vibrations d’un drôle de Cabochard. Ce documentaire est un suivi de mon quotidien. Bivouac au milieu de nul part avec une vie basique, composée de gestes simples : allumer un feu avec une seule allumette, cuisson du pain sur une pierre, cueillette de quelques plantes pour le diner. Rencontre de deux jeunes amputés que j’amènerais plonger ; Stéphanie et Steve raconteront leur incroyable voyage  en Antarctique avec quelques images australes. Retrouvailles de Dume Benassi pour une sortie vélo de « fada ». Départ à fond, sortie en puissance, pour finir comme des dératés… Après-midi kayak avec des confidences de Dume sur sa vie à cloche pied avec bien-sûr une « ramerie » océanique ! Véro se confiera à la caméra, mots justes et émouvants. Plongée dite profonde où je vais décrocher une nasse d’un ami pêcheur au large des îles Bruzzi… Bien-sûr quelques retour sur mon parcours d’homme entier, enfin presque, et bien-sûr les images du Yukon…

Ecrire un livre je ne l’aurais jamais cru, le deuxième arrive bientôt ! Un documentaire, à chaque fois je suis surpris, mais de ce niveau là je ne pensais pas un jour que cela puisse se faire…

Pour ceux qui auraient encore envie de penser que je joue la vedette, le but est simple : Transmettre, encourager, redonner gout à la vie, booster ceux qui n’y croient plus… Je sais de quoi je parle à un moment bien précis j’en faisais partie moi aussi….

Pour conclure et rassurer le fan club de Jo Zef la mascotte, vous allez voir qu’il a  bien sa place dans ce beau film qui sortira en avant première au festival  du film d’aventure Suisse des Diablerets entre le 6 et le 13 aout…

Silence on tourne, clap première…

A pluche.