On verra bien

24 janvier 2014

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Hier j’ai compris; non, mon corps n’est plus mien
Moi qui croyais n’avoir  peur de rien
Qui saura me dire  mon lendemain
Le vide est devenu mon destin
Et pourtant

Les hommes en blanc  promettent de beaux jours
Moi qui croyais, qui parlais amour
Les uns les autres parlent de futur
Mon corps n’est plus que souillure
Et pourtant

Vous, elles, ils, que vont-ils dire de moi ?
Je n’en sais rien
Toi, serai-je encore beau pour toi
On verra bien
Si on me dit qu’après ce sera bien
Pourquoi déjà ton regard feint
Après toi y’a rien

Je ne suis plus entier et alors
Y’a ceux qui osent avec des remords
Un homme assis plein de regrets
Cette jambe de bois comme c’est laid
Mais voilà

Arrêtez d’imaginer sans cesse
« Je », n’est pas « vous », maudite détresse
De l’espoir et du courage

En reste je n’ai que  rage
Est-ce qu’après on peut danser ?
Je n’en sais rien
Est-ce qu’après on peut aimer ?
On verra bien
Le chagrin est en moi  malgré tout
Subir, haïr, vous n’êtes que « vous »
Sauf que chez moi y’a rien

La moitié de ma vie a filé
C’est vrai c’était pas si compliqué
Du pas boiteux, suis habitué
Retrouvé la rime égaré

Ils, elles, n’ont plus peur de mes gestes
Donnez-moi tout ce qu’il vous reste
Et après…
Je n’en sais rien
On verra bien

Une simple feuille…

19 janvier 2014

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Vivre sans toit, peut-être une continuité de vie spirituelle, sans ce carcan d’abri, la planète devient une simple cabane, aucune idée ne peut vous enfermer, aucune religion ne pourra vous guider. Notre vie est trop éphémère et provisoire, ce bref passage sur terre est une sorte d’enseignement, une préparation mentale pour poursuivre dans le Grand voyage astral. Nous sommes ce qui ne se voit pas, nous pensons de manière universelle. La maison « Terre » est si vaste que chaque pays devient un vestibule, on y stocke quelques règles mais ils sont trop étroits pour une âme libre. La vie, la mort, invention diabolique, ce transit n’est qu’une fraction de seconde dans notre vie éternelle. Les montagnes, les océans n’ont plus d’âge, pourquoi en aurions-nous un ? Les fanes automnales se détachent de l’arbre « père », notre corps matériel est cette feuille, notre âme universelle est cet arbre. Il est irrationnel de croire qu’elle est venue pour rien, tout a un sens, à nous de trouver. L’énergie que certains appellent Dieu ou Esprit lui a permis de bourgeonner, la lumière l’a nourrie, elle s’est ouverte pour donner de l’ombre au pèlerin, elle frémit pour inspirer le poète, puis un jour automnal, elle s’envole pour son Grand voyage. De là haut elle découvre l’immensité de la forêt, elle qui se croyait unique. Elle dépasse la canopée et devine en bas ceux qui visent avec leur cartouche le cœur du rouge-gorge qui chante. Les courants ascendants lui font parcourir le monde, elle est immortelle, indispensable, sans elle plus rien ne peut fonctionner, pense-t-elle. Mais la petite feuille, n’est qu’une feuille parmi tant d’autres, un jour, le vent, la pluie, lui font rejoindre le pied d’un nouvel arbre, plus grand, plus loin, encore plus différent. Elle comprendra que c’est là où elle devra pourrir, puis renaitre feuille et poursuivre ce beau voyage. Il me plait de savoir que je peux être cette feuille, alors moi aussi je vais me préparer au long voyage. Qu’y verrai-je ? Je ne veux pas savoir, le temps, s’il existe me guidera, je ne suis pas pressé. Mais je vous l’avoue je suis heureux de savoir que je ne suis qu’une simple feuille.

Oublier comment on « doit » vivre pour tout simplement vivre.

Arcticorsica, voyage d’un homme libre.

16 janvier 2014

Amputé d’une jambe à l’âge de 18 ans Frank BRUNO ne cesse de relever les défis.
Ces derniers se sont déroulés en régions polaires qui le fascinent. Rejoindre la Corse, l’île de son cœur, en partant du Grand Nord va être cette incroyable aventure.
Soit 5300 km uniquement parcourus par des moyens naturels, (kayak et vélo).

Réalisateur : Fabrice Marinoni
Genre : Documentaire
Durée : 24 minutes
Diffuseur : FR3 Corse Via Stella

Un immense merci au mécène qui a bien voulu financer ce film sans être cité.

Changer de vie…

10 janvier 2014

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Emmitouflé au fond de mon duvet, le seul autorisé à ronfler sous mon tipi est le poêle à bois, dehors c’est l’hiver, quelques part, là-bas ce sont les fêtes de fin d’année, ici c’est le bonheur du temps présent. Au milieu d’une pile de livre « mon » mensuelle Philosophie magazine, vous m’auriez apporté cette lecture il y a quelques années en arrière je vous aurais ri au nez ! Un article m’interpelle : Peut-on vivre plusieurs vies en une ? Considérez les « fondamentaux », qu’il s’agisse de vos amis ou de vous-même ; à savoir : votre lieu d’habitation, votre situation familiale et affective, vos activités professionnelles et vos hobbies. Et posez-vous cette question : dans un an, êtes-vous sûr que rien n’aura changé ?

Ils se nomment entre autre Nicolas, Christophe, Robert, Gilles, des copains qui ont osé le premier pas. Nicolas a laissé son métier de maitre de conférence en informatique pour devenir guide polaire, Christophe a vendu sa voilerie pour l’appel du large et en famille il sillonne depuis les océans, Robert ne supportait plus son divorce et tourna le dos à sa Suisse natale pour devenir trente ans après, canadien vivant en famille au milieu d’une forêt du Yukon, Gilles était ingénieur en nucléaire mais les atomes n’eurent pas raison de ses rêves boréales et il partit pour un voyage extraordinaire de plusieurs années au-delà du cercle polaire. Mais quelle fût l’étincelle pour larguer les amarres ? Pourquoi envoyer balader le passé pour fuir vers le futur, sans savoir, sans connaître ce qu’il adviendra. Souvent un drame, une déception est le fusible qui fait le court-jus, certains n’ont pas eu besoin de cela mais ils sont rares.                                                                                                                                  Des hommes tous différents mais avec un point commun extraordinaire : l’envie de vivre une nouvelle vie. A la fin d’Ulysse de Joyce une phrase revient sans cesse : « certains préfèrent aller jusqu’au bout du monde plutôt que de se traverser eux-mêmes. » Est-ce la rencontre avec soi-même qu’on élude en partant au bout du monde, ou son contraire ? Ma réponse est arrivée depuis plusieurs années, mais vous ? J’ai changé de parka à plusieurs reprises non sans mal, la sécurité est une fausse excuse ; les autres vous engluent, mais l’ « autre » vie vous appelle. Le renouveau est envoutant, prendre son pain tous les jours de sa vie au même endroit doit avoir sa part de beauté mais n’est ce pas grisant de ne pas savoir en quelle langue vous allez devoir acheter votre galette. Le vide de l’inconnu, la découverte du nouveau visage, du nouvel hiver, du nouveau job. Changer de vie  ce n’est pas changer forcement de pays mais surement de monde, mettre ses années passées au service de la reconstruction en oubliant les lourdes bottes de la routine.  Sans oublier qui on était, devenir ce que l’on est, une richesse, une chance, une aube orangée. Mais les stoïciens et les religieux ne trouveront aucune dignité et respect à cette démarche, ils prêchent la conservation de son intégrité malgré les tempêtes de l’existence et non de se disperser à tous les vents. Ils, je, vous, peut-être, avez changé de monde, pourquoi ? Comment ?  A vous… A pluche.

Il y a deux tragédies dans la vie: l’une est de ne pas satisfaire son désir et l’autre de le satisfaire.

Oscar Wilde

 

Partir du bon pied en 2014!

4 janvier 2014

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La fin de l’année est la période la plus riche pour les échanges virtuels de vœux, on appelle cela la tradition.  Ce n’est pas les sociétés de téléphonie qui s’en plaindront, 1,4 milliard de SMS ont été envoyés donc facturés ! Après cette petite incartade j’ai pris le temps de surfer sur les réseaux sociaux du moment pour analyser les vœux échangés. Ouf, la santé et la paix font parti du top 5, mais encore beaucoup déguisent le bonheur en souhaitant à l’interlocuteur, argent, pouvoir et autres « trucs » du genre. Un vieux dicton, d’un sage très certainement en exil, disait qu’il ne faisait pas le bonheur. Un terrible exemple en cette fin d’année ; Mickael Schumacher l’un des sportif des plus célèbre et plus riche de la planète Sport est dans le coma sans pour autant que son compte bancaire bien fourni ne puisse l’aider à quoi que ce soit.                                                                                                                                                                                                    Ma Deuxième incartade… En prenant le temps de poser ma prothèse et de réfléchir un peu, je ne peux que vous souhaiter bien sur la santé, mais aussi la paix intérieur qui est la plus grande richesse au monde, aucun agent du fisc ou « Spaggiari » ne pourra vous la voler. L’amitié sincère est aussi une huile essentielle de notre si bref passage sur terre. Définir notre indispensable et apprendre à s’en passer devient une richesse extraordinaire, nous sommes sur la voie de la surconsommation qui met en cage les plus faibles, y réfléchir sera déjà le premier pas, même s’il est boiteux. Pourquoi ne pas profiter de ce que l’on a, au lieu de désirer ce que l’on n’aura jamais ? Donc en cette nouvelle année qui s’offre à nous je vous souhaite, la paix, la santé en laissant la porte ouverte à vos anges gardiens qui sont là pour vous procurer l’indispensable de la vie, la lumière. Que tous ceux qui sont dans la peine et la souffrance puissent voir le bout du tunnel, là-bas il y a la délivrance. La rage, la haine ne servent à rien, si la souffrance nous enlace c’est pour quelques cours du soir. Tant que les fortes têtes lui opposeront résistance, elle persistera pour les éduquer de grès ou de force. Pace e salute.

Une année « treize » interressante!

20 décembre 2013
Le sourire des derniers stagiaires plongée, que du bonheur...

Le sourire des derniers stagiaires plongée, que du bonheur...

L’année 2013 s’éteint doucement, deux caps importants dans ma vie d’Homme sont passés, mes trente années d’amputation et les premier dix ans de présidence de l’association Bout de vie.

C’est certain ce n’est pas le temps qui passe mais bel et bien  nous. Pour finir en beauté ce fut un honneur d’être invité par l’INREES dans les locaux universitaires de la Sorbonne à Paris. Un sacré clin d’œil pour quelqu’un qui n’a pas trop trainé sur les bancs d’écoles que de se retrouver dans un amphithéâtre et disserter sur la reconstruction après un drame devant un public habitué aux conférenciers de renom.

Depuis dix ans j’en ai vu des stagiaires se reconstruire et je peux vous affirmer que c’est grâce à eux que je trouve la motivation pour continuer. La recette n’est pas miracle mais Bout de vie se veut atypique pour redonner la flamme à ceux qui ont perdu un bout. Devant l’étrave du navire Bout de vie, une autre décennie apparait, nous avons acquis de l’expérience et des épaules, il y a quelques fois des tentatives de déstabilisation mais le marin que je suis, même si j’ai une jambe de bois, a le pied marin. Je suis très patient avec les nouveaux venus raccourcis mais les donneurs de leçons et les petits malins sont vite débusqués et virés de bord. 11 stages de plongées sous marine et depuis peu des stages de survie-mixte, mais il n’y a pas que ça, vous avez suivi nos opérations vélo, les rencontres avec les scolaires, et bien d’autres rendez-vous. En proposant les stages de survie j’ai osé un pas de plus vers la mixité, valide et moins-valide, à ma grande surprise les demandes affluent des quatre coins d’Europe. Ces stages de survie sont une sorte d’initiation basique de vie en autarcie en forêt, le prix de ces quatre jours est considéré comme un don à Bout de vie.

Par ce billet je tiens à remercier toutes les personnes qui de prêt ou de loin nous soutiennent, une aventure aussi belle est une histoire de partage, je suis intransigeant avec moi-même donc exigeant avec ceux qui relèvent le défi de nous épauler. A la soirée de clôture du dernier stage de plongée et à la soirée de l’INREES j’ai retrouvé des visages d’anciens stagiaires et bien plus que des mots j’ai senti des choses extraordinaires, je tenais à vous en remercier.                                                                                                                                                               L’adhésion 2014 (cliquez ici) est déjà disponible, son premier prix est fixé à 5 €, entre le cout de l’imprimé, l’enveloppe, le timbre il ne reste plus grand-chose à l’asso, mais comme vous le savez c’est grâce à cette adhésion que je peux aller démarcher les fondations et autres organismes.

Je vous souhaite tout le meilleur du monde pour la nouvelle année 2014 qui promet d’être riche en événement.

Démarrons du bon pied et que Dieu vous prothèse !

Le dernier stage de survie, une belle aventure de partage.

Le dernier stage de survie, une belle aventure de partage.

L'équipe des cyclistes en pleine conférence et si ce bout en moins était une force.

L'équipe des cyclistes en pleine conférence et si ce bout en moins était une force.

Certainement la reléve...

Certainement la relève...

Ces futurs adultes attentifs à la "différence".

Ces futurs adultes attentifs à la "différence".

Journal de bord salé

16 décembre 2013

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4h59 : Ca y est la « gigoterie » me tient en éveil, j’ai du le sortir de ses rêves, il semble m’appeler depuis le ponton à côté du Cabochard. Qui ? Mais Immaqa mon beau kayak.

5h42 : Les mascottes ont eu les derniers mots elles ne viendront pas aujourd’hui, tant-pis pour elles je n’aurai pas à partager ma boite de biscuit aux noisettes !

6h23 : Le brouillard m’étreint, la différence de température entre la mer à 15° et l’atmosphère à 3° rend la navigation mystérieuse. Le silence est profond comme l’est la nuit quasi hivernale, je ne sais pas où m’amènera cette journée mais je suis prêt à me goinfrer du temps présent.

6h31 : Les îlots des Bruzzi, sont déjà atteints, le ciel s’éclairci, le brouillard pose genou à terre, bientôt le soleil lui tordra le cou. Immaqa file droit comme un rostre de narval, Dieu que c’est bon d’être ici.

6h45 : je sors de la zone intégrale où la pêche est interdite, je peux enfin dérouler ma traine, et si un poisson tête en l’air venez s’y prendre !

7h08 : Je ne le vois pas mais je sens sa présence, le soleil a encore l’accent italien, bientôt il sera corsée : quandu ghjunghje u sole u marinaru e sempre felice…(Quand arrive le soleil le marin est toujours heureux)

7h42 : Pose café, non je ne pense pas à Véronique Jannot, mais à une autre Véro là-bas à terre ! Le vieux thermos hydrate mon café, une première rangée de gâteaux  est savoureusement dégustée. Le silence c’est le bruit du temps qui passe.

8h 33 : Le lion de Roccapina scrute vers le sud, s’il pouvait me confier où a été caché le trésor du feu paquebot Tasmania… Je sais ; il est là ; où ? Mais au fond de mon cœur !

9h07 : L’embouchure du fleuve Ortolo se dévoile, là bas, tout là haut il serpente devant mon camp des solitudes. Dommage qu’il soit si gringalet, nous ne tenons pas dans son lit.

10h46 : Je me demande si mon corps et mon esprit sont en connexion, ma tête papillonne mes bras moulinent.

11h18 : La pointe de Murtoli est dépassée, la brise de terre vit ses derniers soupirs, le Maestrale nous offre un apéritif, avec modération bien-sur !

11h24 : Immaqa est hissé sur une plage abandonnée, les traces dévoilent des pas d’ongulés et d’un certain maître renard, ne me croyez pas affable !

11h52 : Que le pique-nique soit sacrifié sur l’autel du bonheur et de la simplicité du moment, à perte de vue une mer et un maquis vides de tout hommes, j’ai compris je suis seul au monde : Wilsoooooooooooon ! Zut ; Jo Zeeeeeeeeeeef !!!

12h45 : la brise du Nord me sort de la léthargie, j’ai rêvé que je faisais du kayak sur une côte sublime, que l’aventure était mon quotidien, que j’étais un Free Man. De bleu mais ce n’était pas un rêve.

13h10 : Je décide de rentrer vers ma maison flottante, deux mascottes veillent au grain mais je ne suis pas sur de leur sérieux pendant mon absence, un braquage de cambuse est si vite arrivée !

13h12 : Je tente mon coup de poker, j’envoi mon cerf volant, il part rejoindre les cieux, je ne demande pas de carte, j’ai un carré d’As.

15h09 : Tiens mais je les ai déjà vu ses îlots ! Mais c’est bien sur, les Bruzzi. Vous avez dit une bonne moyenne ? Mais ce n’est plus un kayak mais une Formule I des mers !

16h12 : j’ai rejoint le bord du Cabochard, il me semble entendre les mascottes faire à la hâte du rangement. En attendant qu’ils cachent leur journée,  je fini les derniers gâteaux aux noisettes, à chacun ses délits, j’ai dit délit et pas délire !!!

16h14 : 36,78km au compteur ! Je compte maintenant ? Damned mais je ne suis pas en expédition !

17h03 : Je nettoie mes poissons, oui je sais, je ne suis qu’un pauvre pêcheur.

17h32 : Immaqa est ficelé sur le ponton à coté de mon petit bateau, je le couvre, il ne faudrait pas qu’il prenne froid, un ami sa se soigne.

18h45 : je reviens de la capitainerie, j’y ai pris une douche façon homard à la Thermidor, si je vois un pot de mayonnaise dans le carré de mon bateau, je reprends la mer, la « mascotterie » peut-être fatale.

19h34 : Ma vieille marmite de fonte réchauffe ma soupe aux potirons, la nuit enveloppe le « kayakiste » rêveur, je ne crois pas que je vais faire de vieux os.

20h03 : Allo 1 : C’est qui ? T’es où !!! (Soupir) ! Ma journée ? Bof la routine… Ciao

20h05 : Allo 2 : Véro, tu sais quoi ? I am a Free Man ; Kiss

20h57 : Je déplace les mascottes sur la bannette tribord et m’active à faire mon lit, trois grosses couvertures vont me tenir chaud. Les loupiottes éclairent les pages de mon dernier livre, Le Prince des nuages, que je dois finir à la hâte, bientôt je l’enverrai par la poste à une jeune fille de 14 ans, qui j’en suis sur, rêve en douce de savoir qui est son père là-bas au bout de l’horizon.

21h21 : Le marchand de sable fait sa livraison, peut importe les nuits avenirs, les jours sont l’énergie de mes vies, oui je vous assure, j’en ai plusieurs de vie !

Bonne nuit les petits…

Se reconstruire après un drame.

9 décembre 2013

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Un vaste sujet qui mérite beaucoup de réflexion et de sagesse.   En premier je pense qu’il faut définir le mot : drame. Aucun d’entre nous avons la même définition. Nous les Hommes, ne sommes pas atteints de la même manière devant l’effroyable nouvelle. Il y a ce que j’appelle la phase de réception, on prend l’information de plein fouet, nous sommes impuissant sans aucune maitrise, nous ne voulons et ne pouvons pas accepter, aucune personne n’acquiescera de la même manière. Puis la phase de réalisation, un temps plus ou moins long qui à son échéance va nous mettre face à nous même. Je me souviens de ce foutu miroir en salle de rééducation, il me faisait réaliser qui j’étais devenu. Puis la reconstruction ; n’oublions pas que pour rebâtir sur un champ de ruine il faut  raser les murs branlants du passé  scellés en nous. Cette période est très longue, pour certains ils n’auront pas assez d’une existence pour ce grand chantier. Puis la nouvelle vie peut enfin voir le jour, le passé, le futur, n’ont plus leur place, seul le présent compte. En se retournant on réalise que ce drame fût une sorte de carrefour, à nous de jouer l’alchimiste, vivre son drame comme une chance ou un immense malheur ne le fera pas disparaître mais c’est l’importance qu’on lui donne qui est différente, c’est la place qu’on lui donne qui va changer du tout au tout. Rien ne nous appartient, ni notre destin, ni notre corps et encore moins ceux qui nous entourent. Nous avons la fâcheuse habitude de nous fixer des objectifs et quand le drame pointe son nez tout s’écroule. Savoir virer de bord est important, les habitudes sont terribles, elles peuvent détruire le château de carte de notre petit confort habituel.  Par le biais de l’association je suis très régulièrement en contact avec des gens qui vivent des drames et aucun d’entre eux ne le subissent de la même façon. Je pense qu’au même titre que les tâches quotidiennes, il faut se préparer au pire, percevoir tous les cas de figures possibles et inimaginables pour être prêts quand l’inconnu arrivera. Quand je pars en expédition au bout du monde j’essaie pendant de long mois à l’avance d’entrevoir le  pire et de tenter de trouver la parade. L’incroyable est que jamais rien de ce que j’avais prévu n’est arrivé, mais chaque tuile encaissée fut réglée sans panique car d’une certaine manière je m’y étais préparé. Les  tabous sont les causes de perte de contrôle quand le drame arrive. Comment ne pas déprimer si vous n’avez jamais imaginé que vous pourriez perdre un proche ou être touché par une maladie incurable. Dans une journée, il doit y avoir une part de réflexion sur les cas douloureux qui vont logiquement arriver dans notre courte vie. Il ne faut pas en faire une obsession mais cette pensée est aussi importante que la planification de notre journée. Anticiper, visualiser et désacraliser est la trinité essentielle pour un mieux vivre. Je le répète sans cesse, mais depuis cette funeste soirée du 9 juin 1983 ma vie a basculé par un drame qui est devenue une force maintenant.

Toujours, quand l’affection commence, le drame commence. Henry de Montherlant

Pour poursuivre cette conversation je vous propose que l’on se retrouve le mardi 17 décembre à 19h50 à la salle Malherbes Paris XVII, en compagnie de Mr Stéphane Allix directeur de l’INRESS. Réservation en ligne ici. Mon cachet sera reversé à l’association Bout de vie.

Carnet de bord automnal d’une journée ordinaire

25 novembre 2013

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4h15 : Pas de vent, la darse du petit port qui nous abrite semble un miroir, il faut que je retrouve le calme je ne suis pas seul ce matin, Véro planquée au fond du duvet connait l’insomniaque qui gigote à ses côtés. Je fais un effort, je tente l’immobilisme. L’ours n’hiberne pas il médite à son futur repas.

6H18 : La grasse mat ça me met en forme, la pénombre s’estompe, les étoiles scintillent encore un peu. La radio nous informe ; rien n’a changé. La France est au bord du gouffre, du moins c’est ce que ses habitants hurlent ; loin là-bas ils meurent de faim avec le sourire, les verts ont battu les rouges, les supporters se sont mis sur la gueule, l’hiver arrive, je me demande si les journalistes ne lisent pas tous les matins les mêmes dépêches. Couic les infos ! Des refrains Andins édulcorent l’aube, nous nous remémorons nos balades argentines.

8h07 : J’aide ma « Vrai » à sauter sur le quai, elle va rejoindre son école où une petite fille différente aura besoin de sa patience. Avant de partir je lui souffle mon dernier mot, elle le sait je suis un obsédé textuel ! Le torrent de la différence, est encastré entre deux berges, l’une de la souffrance, l’autre de l’espérance…

8h43 : J’enfourche ma monture, c’est parti pour 3heures tout doux. Je me sens bien, j’ai le poids de forme idéal et pas mal de kilomètres dans les pattes, je vais mouliner sans jouer à la brute. C’est beau et apaisant la Corse sans le monde, au fond de la vallée je suis acclamé, félicité, des « faiseurs de route » me reconnaissent, lundi dernier abrité dans leur camion, ils n’en croyaient pas leur yeux de voir un mec en vélo sous la grêle et les orages… C’est le moment de rentrer tout doux, tout doux. Au loin, un point jaune, un cycliste grimpe le col.- Non Frank, tu ne vas pas le chercher, mais l’autre petite voix me dit t’es pas cap ! Poste de combat, je me recale sur ma machine, fait le vide et pars à sa rescousse. A cette saison on se connait tous, lui ce n’est pas un tendre, va falloir jouer fin. Sans bruit je remonte dans sa roue pour reprendre un rythme plus souple. L’œil du tigre, je fonce, en doublant je le salue mais n’attend pas sa réponse je n’ai que 3 kilomètres à gérer, en haut du col les pendules seront mises à l’heure. 20 mètres derrière, juste derrière le cycliste têtu à cloche pied … Un refrain de chanson qui me plait bien…C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup…

12h45 : Ma salade accompagnée d’une galette de blé noir va me remplir en carburant. Chut j’écoute le jeu des « Mille Euros » sur France Inter, Banco, banco !!! Après c’est la sieste qui est une sorte de prière à bord du Cabochard, les mascottes le savent pas de raffut pendant ce moment de grâce.

13h58 : Le grand ciel bleu m’inspire un moment de folie : Et si on larguait les amarres pour un court instant. Ni une ni deux, nous voilà voguant vers l’horizon, personne et encore personne. Vive l’hiver, la longue houle nous berce, mon petit bateau se remémore son long voyage méditerranéen. Que le temps passe vite. Le détroit de Gibraltar, l’Atlantique espagnole, l’Afrique du nord, la mer Egée, l’Asie mineur… On en a croisé des sourires là-bas. Une amarre qui cède c’est un peu de liberté gagnée.

16h13 : La dernière aussière est frappée, le vent tourne violemment, l’orage de grêle explose, nous sommes déjà en place à quai, le Cabochard semble une fois de plus faire un pied de nez au caprice de la météo. Un immense arc en ciel, nous prend en otage, Jo Zef le sait au pied de ce pont de couleur une marmite en or repose. Mais nous n’en avons pas besoin, la vie à elle seule, est un trésor.

16h54 : C’est l’heure du « quatre heure » les mascottes ne le rateraient pour rien au monde. Un bon bol de lait d’amande fumant avec une rasade d’un mélange d’orge de seigle et chicorée avec deux canistrellis. Le vent se déchaine, la pluie redouble de force, on est bien au creux de la cabane en bois qui flotte.

17h19 : J’ouvre un paquet, ma commande est arrivée, je me réjouis, ce soir je vais me lancer dans la lecture du livre de Jean-Pierre Ameisen Sur les épaules de Darwin.

 

18h04 : Je découpe un gros morceau de courge qui rejoindra ma veille cocotte en fonte nous gratifiant d’une bonne soupe d’antan. Le froid semble s’installer, je ressors la paire de chaussette en laine tricotée par mon arrière grand-mère Alice, un dernier lien avec une famille effilochée. Pendant ma traversée du Groenland, ces chaussettes étaient une sorte de gri-gri. Les histoires de famille, faisons comme les oiseaux asseyons nous sur le nid.

 

18h28 : Mes courriels attendent patiemment une réponse alors je m’active, trouve les bons mots, tout doux, tout doux la vie de secrétaire.

19h30 : la soupe est prête, l’éternelle tranche de jambon avec la compote maison et le bon yaourt au soja.  France musique me forment les oreilles moi le rustico-sauvage, comme quoi tout est possible. Les mascottes réclament des « trucs » sucrés mais la vie à bord doit être saine, alors c’est un grand Non !

20h00 : J’appelle ma compagne, elle me racontera sa journée, la petite « différente » qu’elle soutien lui a délivré quelques trucs et astuces que les « normaux » n’ont pas encore saisis. Et si la différence était une force.

 

20h15 : Le refrain du soir à la radio VHF ; Sécurité, securité, sécurité ; ici le Cross Med en Corse qui va diffuser sur le canal 79 un avis de coup de vent fort pour la zone Corse …Il n’a y pas de mauvais temps il n’y a que de mauvais marin

 

20h45 : Je déplie ma bannette et sors mes trois épaisses couvertures, cale à porté de prothèse les mascottes, puis m’envole dans une lecture initiatique ; Sur les épaules de Darwin.

21h54 : Bonne nuit les petits…

Ce sont les successions de journées ordinaires qui rendent nos vies extraordinaires.

Gérer ses émotions…

18 novembre 2013

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L’émotion nous prend en otage, à nous de nous en libérer sans jamais se faire reprendre. Une théorie que j’aime appliquer. En quelques mots je vais essayer de vous dévoiler ma vision le plus froidement possible sans émotion.                                                                                                                                                         Elle est une information qui subitement bouleverse notre quotidien, nous en sommes tous les victimes, mais il y a plusieurs catégories, la positive et la négative, les deux d’ailleurs doivent être traitées avec le même égard. Rudyard Kipling dans son très beau poème, Tu seras un homme mon fils, le démontre de très belle manière.

…Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre…

Nous somme bombardés d’informations au quotidien, nous sommes saturés, on ne sait plus que faire. Dans une partie du cerveau se trouve un complexe amygdalien qui va décoder les infos arrivantes, ces noyaux, vont suivant les cas, engendrer des réactions de peurs, d’angoisse… En cas de détérioration de ces amygdales les sujets ne développent pas de méfiance à l’égard de visages non familiers, jugés non fréquentables et indignes de confiance. Une lésion au niveau des amygdales entraine une incapacité d’exprimer ses émotions. S’il y a un serpent devant lui, le patient lésé dira : « je suis censé avoir peur mais je n’ai pas vraiment peur » et il n’aura aucune manifestation somatique de peur.

Ça c’est la partie théorique que je suis en train de potasser, mais c’est la pratique que j’applique au quotidien que j’aimerai vous transmettre. Comme un enseignement scolaire, sportif, artistique et autre nous pouvons apprivoiser et assouplir nos émotions. Une blessure nous met en rage, mais si dans l’instant où cette information arrive nous la décortiquons en lui donnant moins d’importance la colère disparaitra. Si l’on vous a agressé c’est que la personne en face a été blessée, à vous de contourner son énergie négative sans rentrer dans son jeu. Si vous lui répondez par un autre schéma que sa violence cela le bouleversera et s’en suivra autre chose que le conflit. Un torrent contourne toujours une roche en plein milieu de son lit, c’est bon d’être un torrent. L’émotion amoureuse est aussi source de trouble, la personne amoureuse ne dort plus, ne mange plus, elle ne pense plus qu’à son amant, qui lui peut-être sera sur une autre fréquence et la sensation d’injustice sera un abime de douleur. Personne n’appartient à personne ! L’émotion est nécessaire pour nous avertir mais à nous de savoir la canaliser sans lui donner une importance qui n’a pas sa place dans notre quotidien. Aimer ne veut pas dire être esclave, ne pas apprécier un geste d’une tierce personne ne veut pas dire la détester… De ma propre expérience je n’en retiens qu’une seule chose évidente, toutes les émotions que nous subissons dans notre vie sont des explications pour nous guider. Malheurs, bonheurs, ils sont toujours de paires, à nous de les inviter dans notre « Moi » mais ils ne doivent pas prendre toute la place. Un mot violent va affoler vos noyaux amygdaliens à nous de filtrer l’information pour ne pas se laisser submerger. Un apprentissage de respiration sera un premier pas, réduire l’information, nous sommes bombardés de mauvaises nouvelles rarement indispensables, sera le deuxième pas. Le sport et une bonne hygiène de vie rendent notre quotidien facile à nous de rajouter une manière d’accueillir les bonnes et mauvaises émotions sur le même pied !

Bixente Lizarazu est en train de cogiter pour une soirée débat sur ce sujet, vos avis nous intéressent, ils seront précieux.

A pluche !