Une maîtresse sacrément jalouse…

2 octobre 2012 par Frank Laisser une réponse »
Finalement tout a séché, la paix retrouvée...

Finalement tout a séché, la paix retrouvée...

J’en vois le bout de ce voyage, pourtant rien n’est plus difficile qu’une arrivée, la houle est en voie d’atténuation, je n’ai qu’à m’appliquer et tout ira pour le mieux. Je me suis reconstruit cette bulle qui me protège, elle m’est nécessaire pour éliminer les gestes parasites qui peuvent devenir dangereux. Le vent s’est mis à l’Ouest, le Ponant (c’est son nom)  est sincère, pas de traitrise, il prend force vers l’heure du déjeuner et s’endort au coucher, je connais son caractère je n’ai qu’à être prudent. Je pars juste avant que le soleil se lève, j’adore ce moment de grâce, les ténèbres disparaissent et laissent  la lumière nous remplir d’espoir. En longeant la côte je devrais être à l’abri, le courant est favorable j’en profite pour faire bonne route. A ma grande surprise pas de rafale, bien au contraire, juste une brise de nord qui me pousse vers mon rêve d’arrivée. La côte sableuse et rectiligne a laissé place à une berge rocailleuse. Comme en vélo, je n’aime pas les grandes côtes longitudinales, elles minent mon morale et le rythme s’en ressens. Je viens de rentrer dans le département de Corse du sud, un peu à la maison. Sur le balcon d’une villa je vois deux personnes aux jumelles qui me font des signes, je ne les connais pas apriori mais eux oui, ils m’applaudissent et m’envoient de grands saluts. Un petit geste qui me donne du baume au cœur. Les montagnes se jettent dans la mer, la nationale est en surplomb, je continue mes rêveries, je suis heureux, j’essaie de déguster chaque instant. La houle semble se fatiguer, tant mieux je n’aime pas sa compagnie. Depuis la corniche je vois un couple s’agiter, je suis sur que c’est pour moi, je suis seul en mer. La route est haute et il m’est impossible de reconnaitre qui est ce. Puis j’entends la voix de ma tante et de mon oncle. Je suis tout remué, je ne peux pas m’arrêter la falaise est trop abrupte, on s’échange des signes et je glisse vers le sud. La brise est toujours en ma faveur, un vrai bonheur, je surveille devant moi car je sais que l’ouest a une frontière géographique à partir de la baie de Favone. Je redoute le golfe de Pinareddu, il peut être très ventilé par Ponant mais Eole est clément, je suis poussé par un noroit de bébé. Là- bas au sud c’est l’entrée du golfe de Porto-Vecchio, je perçois un voilier qui tire un bord avec un fort vent d’ouest, j’ai compris où finissait ma journée. A l’île de Pinareddu il y une passe avec une toute petite plage pas accessible par la terre, c’est là où je vais monter mon camp. La barre bleue nuit qui annonce le fort vent est fixe à environ deux kilomètres, je prends mon temps pour aménager ma tente. Tout est trempé, le grand soleil va enfin tout sécher. J’ai pris l’habitude de ne pas mettre de suite ma sur-tente, pour la faire bien sécher à plat. Ma valise communication pèse environ 6kilos, rajoutez mon sac à dos étanche de 4 kilos vous avez 10 kilos de poids pour maintenir plaqué au sol mon abri de toile. J’étale tout, ces deux jours de pluie abondante ont tout trempé. Je suis en train de quitter mes bottes et mon lourd pantalon qui me sert d’étuve quand une violente bourrasque me surprend. Je ne m’inquiète pas plus que ça, le poids dans la tente la bloquera, cela fait des années que je procède de la sorte. Mais voila dame Méditerranée certainement jalouse me voulait tout à elle, elle sait à quel point je n’aime pas me baigner, alors elle a fait appel à Eole pour me faire tout envoler et la rejoindre dans ses entrailles ! La tente se lève un peu, je me dis tant mieux cela séchera son dessous, mais une deuxième encore plus violente la monte à 90°, mon matos glisse, la glissière n’est pas fermée, comme par enchantement la troisième rafale expulse le tout et voila que ma North Face se transforme en voile et roule sur la mer. Ni une ni deux je pars comme un malade sur le récif et me jette à l’eau pour essayer de la bloquer. Mon duvet flotte ainsi que mon matelas de sol, mais à 20 mts de moi je vois Norra qui dérive vers le large. Je ramène d’abord tout mon barda sur la plage, je jette de grosses poignées de sable dans ma « maison noyé » et pars en crawl chercher la petite mascotte. Je reviens, je suis essoufflé mais tout est sauvé. C’est bizarre le sable a des traces rouges, je m’aperçois que je me suis entaillé le pied en courant sur les cailloux coupants. Je n’ai pas le temps de me plaindre, je dois tout rincer à l’eau douce. Derrière moi en hauteur il y a une grosse villa fermée, je suis sur que j’y trouverai un robinet. Je le trouve mais rien ne sort, je cherche une trappe de visite en espérant qu’il n’y a pas d’alarme, j’ouvre la vanne et dessale tout mon matos. Norra s’offre un bain de soleil pour sécher et moi je me suis baigné malgré ma réticence à cette activité. Quand femme veut Dieu le veut. Je ne suis plus qu’à 39km des Lavezzi , mais cette leçon supplémentaire m’a encore ouvert les yeux sur ma concentration qui doit rester des plus sérieuses jusqu’à la fin.

PS : A quelques kilomètres de l’arrivée Jo Zef a failli être veuf, vous avez dit aventure !!!

A pluche !

6 commentaires

  1. MARCOZZI dit :

    Neveu, trop heureux de t’avoir vu (on le voulait puisque Zio conduisait pendant que Zia observait la mer !!) et encore plus d’avoir échangé quelques mots et beaucoup de signes ! A bientôt de t’embrasser, Zio était en pleurs ! pour un macho italien… c’est fort de chapeau !Puis au retour de l’étang de Diane j’étais sûre de te retrouver à Pinareddu. Nous y sommes allés et nous t’avons cherché, l’appel du sang me disait que tu étais là, Zio voyant tout ce monde m’a certifié avoir vu au loin une tente jaune sur un petit îlot ! Eh! oui bingo !
    Le trac ne fait que commencer !!! Énormes bisous et prend bien soin de toi sans te mettre la pression.Ne laisse pas s’infecter la blessure.Ok ? Zio Zia

  2. Genay Bruno dit :

    Salut … « springter » ….. quand c’est « presque » finit ….. c’est pas « encore » finit …..
    Te voilà baptisé captureur de toile de tente …. et MNS pour Norra (mais ça tu l’étais déjà …).
    Soignes toi bien et prends le temps …. qu’il faut.
    Ouvres tes 5 sens avant de tirer un trait sur cette belle, et je suis sûr, riche aventure, avant d’en commencer une autre.
    Take care FM (on dirait le nom d’une radio libre ….) et à pluche.
    Bruce

  3. Val dit :

    Décidément Norra aime les bains de grande bleu. Après celle de Botnie elle a voulue tester la Méditerranée.

  4. maman dit :

    Courage, c’est presque l’arrivée, je te fais un bisous sur ta blessure comme quand tu étais petit que tu avais un bobo. Zio et Zia veillent au grain

  5. Colibri dit :

    Pff…… tu nous épates encore une fois, il reste tout de même encore quelques coups de pagaie….. Prend soin de toi Cabochard ! A prestu…
    PS. beaucoup d’émotions en ce moment avec vous 2 😉

  6. marie de voujeaucourt dit :

    une maman adorable, qui m’a l’air très pudique, mais toujours les bons mots au bon moment pour soigner tous les « maux » de son petit garçon … tu es bien entourée Franck … Bisous à vous tous 😉

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