Nous sommes tous différents…

30 août 2012
Le gout de l'effort retrouvé par Cathy... Bravo

Le gout de l'effort retrouvé par Cathy... Bravo

Vous en prenez l’habitude quand je fais un break je deviens « philosophe », à cloche pied cela va de soi. Bien que coupé, « jeu de mot d’amputé », des télés, infos, net je sais que les paralympiques ont commencé. Je suis un peu la bête noire des instances de la Fédération Française Handisport, malgré que je fasse parti moi aussi de la famille des différents. Mon refus d’adhérer est simple je trouve absolument scandaleux que les JO et les paralympiques soient séparés de plusieurs semaines. Il est inadmissible que les athlètes soient divisés de la sorte. Les JO font parti des événements sportifs les plus suivi au monde. En terme de retombé pour le handicap cela serait un pas de géant en avant. Ok, ceci n’est que la part public mais je crois que le plus important serait la richesse de la mixité des athlètes. Ne pensez vous pas que jusqu’à la fin de leurs jours ceux qui ont concouru avec Oscar Pistorius ne pourront l’oublier. Quand leur carrière sera finie et qu’ils auront dans les moments de leur vie des doutes, une pensée les ramènera au jour où un homme avec deux jambes en moins les avait défiés. Bien-sur la mixité pure n’est pas possible un gars en fauteuil va plus vite qu’un bipède mais mélanger les épreuves serait un bienfait pour tout le monde. Le jour des finales du 100mts je verrais bien les non-voyants puis les valides suivi des amputés ou autres. Sportifs, public découvriraient que ces gens sont plus qu’ordinaires, ils ont la passion du sport et s’en donnent les moyens pour arriver au haut niveau. J’aime cette définition qui résume notre existence : une batterie qui donne de l’énergie n’est que l’union d’un plus et d’un moins. Pour ceux qui me suivent en 2009 j’ai coaché les hockeyeurs du GSHC, encore à l’heure actuelle des joueurs m’appellent et notre relation les a boostés dans leur métier de sportif de haut niveau. Mais la croisade est compliquée ; un exemple parmi tant d’autres : Je connais beaucoup de monde dans le milieu du football, Lizarazu n’est pas le parrain de l’association par hasard, en discutant à bâton rompu avec les instances de la FFF, je sais qu’elles aimeraient faire intervenir des gars comme moi pendant les mises au vert des footballeurs, mais la peur du quand dira-t-on les empêche ce type d’expérience. Quel dommage ! Un gamin qui se retrouve milliardaire en faisant un sport ne peut être que chambouler par ce type de nouvelle vie et la remise en question par une personne « différente » serait bienfaitrice, pour son présent et futur. Donc les paralympique vont débuter, des titres, des déceptions, espoirs, désespoirs, une vie de sportif à part entière.

En créant bout de vie en marge de la FFH, il y a presque dix ans je ne pensais pas trop à la réussite de ces stages, mais pourtant à l’issue de chaque semaine effectuée, quelques individus en sortent changés, sur ce blog je vois régulièrement passer les commentaires. Hier j’ai pu enfin avoir accès à mes mails et découvert une super photo de Cathy qui après 22 ans de doute a pris le taureau par les cornes, amputée tibiale double elle est remontée sur un vélo pour repartir de plus belle. L’esprit de groupe peut efficacement remonter le morale des troupes. Je ne peux oublier ma détresse il y a trente ans quand je me suis retrouvé sur la touche pour un bout perdu, la première personne qui m’a remué les fesses était René mon prothésiste qui après plusieurs semaines à ses côtés m’a démontré que c’était possible puisque lui aussi était « différent ».

Oui, nous sommes tous différents…

Semaine du handicap!

18 novembre 2011
Soirée coaching partagée au côté d'un expert en la matière Chris Mc Sorley.

Soirée coaching partagée au côté d'un expert en la matière Chris Mc Sorley.

Après la journée de la sympathie, la fête des grand-mères et bientôt Noël nous avons droit à la semaine du handicap !!! Ouais ouais !!! Les handicapés ! Vaste sujet.

Depuis presque trente ans il parait que je suis handicapé, bon d’accord, moi je pense avoir un ongle incarné par rapport à certains copains et copines qui sont beaucoup plus touchés que moi dans leur chair. Mais là où j’ai envie de réagir c’est au « hors sujet » qu’est le handicap.

A l’heure actuelle, qui veut, peut ! Enfin presque. Les exemples sont quotidiennement mis en avant mais pour beaucoup le handicap est un refuge. Dans la vie de tous les jours il est clair que la personne en fauteuil aura plus de difficulté qu’un unijambiste à se déplacer mais ce qu’il faut voir c’est que c’est à nous les différents à s’accrocher aux branches et à démontrer que nous ne sommes pas des boulets. Les lois sont votées mais pas appliquées, mais en même temps à l’heure où les entreprises pensent plus à leur bénéfice en licenciant à tout va, le boss pense à deux fois quand on lui présente une personne dite handicapée. Le message est faux, ce n’est pas un handicapé qu’il doit voir mais un collaborateur brillant qui a envie de bosser dur pour la même cause : l’entreprise.

Je fais régulièrement des conférences « coaching » en entreprise et je vois le gouffre qui sépare les mentalités entre la France et la Suisse romande. Chez nos amis helvètes on me demande d’insuffler un message d’espoir, de donner la « patate » aux invités, de rebooster les participants. Le public est attentif, il prend des notes, pose de nombreuses questions judicieuses… En France, je suis toujours très surpris d’intervenir alors que les gens dinent, (depuis peu je refuse en bloc), la seule question qui m’est posé : « Comment recevoir un personnel handicapé dans mon groupe » !!! Le public est silencieux, on me dit que j’impressionne, que c’est trop d’énergie, que cela n’est pas possible !!! Réalité affligeante ! Je vous parle de conférence pour des grandes entreprises, pas des « trucs de quartier », non des milliers de personnes travaillent dans ces sociétés…

Chez nous on en est encore à se poser la question si l’on doit créer des places bleues pour les voitures, si c’est vraiment nécessaire que les espaces publics soient aménagés ? Une piscine mixte ennuie encore… Mais je n’afflige personne car comme dans un couple quand il y a un clash, c’est souvent cinquante-cinquante. Le valide ne sait pas, l’handi se cache derrière son carcan. Je ne vais pas encore épiloguer sur la FFH mais eux aussi ont leur part de faute, au lieu de booster la jeunesse sportive porteuse de handicap vers l’effort, elle les amène vers la « ghettoïsation ». Bout de vie reçoit beaucoup de courrier de toute sorte, livres, manuscrits de films, demandes d’aides financières, sponsoring de jeunes sportifs et j’en passe et des meilleurs.

Sur les dossiers de sportif, je suis surpris de voir leur présentation. C’est une démonstration flagrante du problème  en France sur la question handicap en générale.                                                                         Une page complète, sur le pourquoi comment, ils ont été amputés. Une page complète sur la demande d’aide financière. Un palmarès qui à mes yeux n’a pas de sens, puisque nous savons qu’ils ont été une poignée à concourir et donc facile à finir 2éme. Et un succinct tableau de la préparation sportive, alors que c’est là où il faut démontrer sa détermination à devenir un athlète de haut niveau ! S’entrainer 8 heures par semaine en prétendant une place olympique, je souris. Je me mets à la place du futur mécène qui reçoit cela sur son bureau. Pas un mot qui donne l’envie de sortir le portefeuille, pas la rage de vivre qui surgit de cette paperasse, on courrouce autour de pseudo titre mais l’énergie où est elle ? La recherche d’emploi, c’est identique, il faut donner de la force à votre personnage, il faut prouver que vous êtes meilleur, il faut faire sentir que c’est vous et personne d’autre. Dans ma dernière intervention, j’affirme qu’il ne faut surtout pas embaucher des personnes handicapées !!! Choc, tsunami, le corse dérape ! Non, votre entreprise a besoin des meilleurs ouvriers, des cadres les plus dynamiques, c’est ça ce dont a besoin votre entreprise, à savoir si elle est dans un fauteuil ou qui lui manque un bout ce n’est qu’un petit détail qui n’a aucune importance.

De mes mots jaillissent, la fougue, la volonté, la rage de vivre et dites vous que si depuis 8 ans je suis toujours bien en place avec Bout de vie c’est que les investisseurs se régalent de nos rencontres, un vrai échange, un partage inversement proportionnel. Vous m’aidez et à mon tour je  vous aide.

Donc la semaine du handicap est passée et rien ne s’est passé, pourquoi en serait-il autrement ? A vous de vous retrousser les manches. Avant de prouver aux autres que vous êtes capable, prouvez le vous déjà à vous-même, puis osez le premier pas, il y aura des échecs, il y aura des affronts, ce n’est pas grave, vous vous savez de quoi vous êtes capable.

Ce n’est pas le but qui compte mais le chemin qui y mène.

A vous de laisser votre trace, même sans jambe c’est possible. Ceci n’est pas un monologue et si vous avez envie de réagir, je crois que c’est le bon endroit.

A pluche…

Vancouver 2010

22 février 2010

Tandis que les JO poursuivent leurs récoltes de médailles bientôt des athlètes vont prendre la route de Vancouver.
Mais qu’ont ils fait pour ne pas être avec ceux qui y sont en ce moment ?
Ah oui je vois, ils sont « handicapés » !
Pour ceux qui viennent régulièrement sur mon blog vous connaissez mon opinion sur le handisport.
Je suis irrité de constater la ségrégation que l’on porte aux personnes « abimées ».

J’ai un rêve et je commence à fédérer du monde.

Je ne comprends toujours pas pourquoi les JO ne regrouperaient pas valides et non valides, des séries qui verraient alterner tout le monde, un slalom d’handi sur une piste et quelques minutes avant ou après les valides sur une autre piste, les millions de téléspectateurs pourraient découvrir une discipline qui de prime abord leur est inconnue et pourtant remplie d’espoir, un village olympique qui regrouperait tout le monde.

Le meilleur plat du monde n’est il pas un mélange savant de produits différents.

Est il plus absurde qu’un invalide soit aux Jeux d’hiver à côté d’un athlète issu d’un pays où il n’y a pas et n’aura jamais de neige et de glace ?

Les mentalités doivent changer si nous voulons évoluer. Depuis quelques années je suis régulièrement invité dans des rendez vous qui regroupent de très grands sportifs « valides » et je sais qu’après un round d’observation ils se rapprochent de moi et livrent leur doutes et leurs craintes.
Quand un champion du monde d’athlétisme me dit: « tu sais quand je me suis claqué le mollet et que mon deuxième titre s’est envolé, j’ai pensé de suite à toi et du coup j’ai relativisé ma blessure !!! »

Mon passage au Genève Servette Hockey Club en fut le plus grand exemple, un mec « abîmé » par la vie qui va donner un coup de pouce à des jeunes colosses plein de vie et d’énergie. Deux ans après je suis passé par la patinoire et à ma grande surprise ceux qui étaient là au play offs 2008 n’ont pas oublié. Comme tout en chacun,champion ou pas notre vie est faite de défaite et de conquête, le fait de fréquenter une personne qui s’est reconstruite après une terrible épreuve ne peut être qu’un point positif pour tout le monde.
Donc bientôt des gars et des filles vont anonymement faire un plagiat des JO et dans une obscurité totale leurs efforts pour en arriver là seront occultés par le monde des « valides ».

Et si demain tous les « handis » refusaient de participer à cette mascarade et si demain les « estropiés » se prenaient finalement en main pour rejoindre les « normaux » et si demain on voyait un entraineur « coacher » une équipe de valides et si demain on envoyait des « élites » passer une semaine de stage avec des « gogoles » et si j’arrêtais d’être utopique!!!

Une « Cabochardise » hivernale, je crois que je ne changerai jamais.

Avant de vous dire au revoir une petite anecdote pour comprendre comment je suis perçu par les grandes instances du handisport.
Bixente que je ne vous présente plus fut sollicité par la FFH pour remettre des trophées à de jeunes athlètes Handi, connaissant ma croisade par cœur, il leur répondit que ce serait avec plaisir mais que « Frank Bruno » l’accompagnerait ! Il n’a jamais plus été sollicité par cette fédération ?!?

No comment, donc Vancouver, Londres etc, etc seront et resteront des JO mais pas pour tout le monde !

Au fait la Suisse va affronter la Biélorussie pour se qualifier pour les quart de finale et Thomas Deruns le dernier Grenat encore intact va devoir utiliser la grande classe qui lui est spécifique, je sais qu’il vient régulièrement sur le blog et du coup la mascotte veut lui passer un message:

« Thomas je te promets de ne plus envoyer le grand « fada » vous gueuler dessus si tu piques aux Biélorusses tous les « Blénis »(crêpe épaisse) qu’ils ont dû amener dans leur cambuse ! »

Allez Thom tu vas bouffer du soviet et n’oublie pas le mental il n’y a que ça qui mène à la victoire.

A pluche !

thomas et poloJo Zef entre Savary et Deruns