Légende du chaman de la tribu des « Pieds perdus »…

21 février 2011 par Frank Laisser une réponse »

Il était une fois un chaman solitaire de la tribu des « pieds perdus » qui vivait seul dans le Grand Nord de la forêt boréale.

Son abri était une cabane minuscule, il l’avait érigée en plein milieu d’une île située sur un grand fleuve boueux. Nul ne connaissait son passé et le mystère planait sur son parcours. Il vivait très isolé et avait appris au fil des hivers rigoureux à communiquer avec la nature. Le soir au son profond du tambour il chantait des cantiques dans une langue inconnue, les animaux connaissaient les refrains, il était devenu l’un d’eux. Un « qayaq » d’écorce de bouleau était toujours paré pour un départ soudain. Comme l’oie bernache il  pouvait partir en un battement d’aile. Sa vie de chaman, il la devait certainement à un passé lourd d’histoireses teinté de noir et de rouge !

Tous les 6éme jours de la lune montante un « qayaq » blanc venait se poser sur la berge, une squaw venait lui rendre visite. Il l’avait nommée «  Plume d’argent », elle venait l’apprivoiser, lui causer de la vie de village et lui prodiguer des soins sur ses plaies de vieux combats violents. Elle ne l’avait jamais questionné, son sourire l’apaisait et muni d’herbes médicinales elle tentait de lui refermer ses blessures.

Devant le feu, le soir de temps à autre, il lui parlait des batailles qu’il avait faites, des gens qu’il avait dû tuer de ses mains et de cet enfant qui vivait loin là-bas après la rivière salée et qu’il ne connaissait pas. Lui chaman, elle squaw, pourtant quelque chose de très fort les unissait. Les blancs appelaient ça l’amour, eux l’appelaient la « grâce de vivre »…

Pendant ses longs jours de solitude il s’entrainait encore comme s’il allait repartir au combat, mais il était devenu un guerrier de la lumière. Courir dans la forêt tapissée de  neige fraîche, remonter le fleuve à contre courant, manier l’arc et la trappe. Combien de fois devant la biche innocente il baissait sa garde pour la laisser repartir, en ce jour de grâce il se contentait de pissenlits et de baies. Un grizzli venait régulièrement le défier, sans arme à mains nues ils se livraient à des joutes périlleuses. L’ours brun savait que cet homme était différent, qu’il ne voulait absolument pas empiéter sur son territoire.

De temps à autres des trappeurs débarquaient sur son île,  amenant des offrandes, ils lui proposaient de prendre la tête d’équipe pour aller trapper; le commerce de la fourrure. Rien ne le déstabilisait de son choix de vie, l’homme blanc a les yeux aux reflets d’or et lui est libre comme l’aigle royale. Les contrats sont dépliés, mais jamais il n’apposait sa signature, il vit de rien, mais ce vide lui permet de se remplir de tout ce que la nature lui transmet. Pas besoin de fourrure superflue, de cabane chauffée, de squaw servante. Quand il a besoin, il se sert et ne gaspille jamais, il connait trop le prix de la vie. Quand il tue, un saumon, il lui demande pardon et rejette au fleuve toutes les parties non consommées, il sait que seulement comme ça son âme ne se perdra pas. Quand il cueille une fleur, il lui cause avant, lui demandant de le soigner… L’homme blanc ne peut pas le comprendre et repartira dépité de si peu d’intérêt pour le métal jaune.

Une fois par an au moment où le peuplier met sa robe de sang, il réuni sur son île un groupe d’hommes et de femmes de la tribu des  «pieds perdus». Pendant cette période il leur enseigne le combat pacifique, le maniement de l’arc et de la lance. Comme cadeau d’adieu il leur transmet le savoir de l’allumage du feu. Le frottement du bâton sur le tronc sec qui enflammera les brindilles et l’écorce de bouleau. Ce feu réparateur, qui réchauffe le nomade, qui éclaire l’égaré. Sans aucune explication après cet enseignement ils repartiront chez eux, certains garderont égoïstement le secret du feu pour eux, mais d’autres à leur tour, transmettront les enseignements du chaman.

L’hiver est proche, il reprend sa solitude et ses chants au son du tambour, le grand corbeau et le vieux castor créateur de l’univers à leurs tours lui enseigneront les sagesses divines…

Quand le tronc planté sur la rivière figée tombera cela signifiera le moment du dégel et il reprendra sa route en « qayak » à la découverte d’autres horizons, d’autres peuples, d’autres légendes… Son nom de chaman : « Ayeltgnu » chanceux en langue athapascanne…

Toutes ressemblances avec un personnage ou un événement ayant existé serait absolument fortuites…

  1. Mayspe dit :

    Il est vrai que dans ce monde, parfois tout pourrait se ressembler. Donnez-moi quelqu’un qui aime
    et il comprendra ce que je dis.

    Bien à vous

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