L’art urbain selon une tête de Cabochard…

3 mars 2011

Ce qui me fascine, passe souvent pour futilité et vice et versa, mais comme vous êtes là je me lance dans ma cabo-philo

A mes yeux pas une ville au monde ne m’inspire. D’Ajaccio à New-York, de Monaco à Buenos-Aires, de Trivandrum à Anchorage, les fourmilières m’attristent, les musées, même limonade. Le créateur n’en est que l’homme, poussière éphémère en quête de laisser sa petite trace. Pour produire cette « œuvre » il a dû détruire, raser, exterminer la nature pour implanter son « machin » et surtout signer par son nom au bas de la création. Ouf, je vous vois bondir ! Je ne juge pas j’essaie de raisonner en vous le faisant partager. Oui je sais, l’homme ne vit plus en grotte et s’est redressé depuis un moment, sa trace de pas, ne comporte plus d’orteils, mais pour beaucoup, des semelles Adidas, les babouches qui tracent !

Devant la chapelle Sixtine à Rome je voyais des milliers de gens en extase !!! Je me raisonnais et rentrais voir les tags de « Michel l’Ange », entre vous et moi j’ai dû résister 5’. Pourquoi ? Dans ma tête de tordu, je pensais à toutes ces collines qui devaient être recouvertes de forêt qui ont été rasées pour construire Rome et ses monuments, coffres forts de quelques tagueurs. Quand je suis à Paris je rêve du temps où il n’y avait rien. La Seine sauvage où seul les castors et les canards la peuplaient.

Devant Notre-Dame à Paris je me suis isolé et j’ai essayé de décortiquer le pourquoi de tellement d’efforts pour bâtir cette batisse. Un lieu de culte pour se réunir et prier. OK ! N’y a-t-il pas derrière tout ça un despotisme envers les autres qui ne croient pas comme nous, qui ne prient pas comme nous ?  Les cardinaux qui ont  fait édifier ces pierres ne se sont ils pas rachetés une bonne conscience avec une envie de domination. Les compagnons suivaient les ordres des mécènes et les esclaves subissaient les directives dans la peur, de l’enfer promis aux dissidents. A Ankara j’ai vu l’une des plus grandes mosquées du monde et j’y ai senti la même vibration.

J’ai une fascination pour les peuples nomades, en un clin d’œil le camp est levé et ils changent de décor et ils suivent les animaux, les saisons.

La tolérance, toujours la tolérance, oui je sais et j’essaie de l’appliquer, mais vous qui venez régulièrement sur ce blog vous devez vous sentir concerné par mes pensées, alors je continue. Nous sommes de plus en plus dans un monde d’apparence et « l’art urbain » est une manière d’étaler son surplus. La tour Eiffel fût construite pourquoi ? Et oui le Cabochard qui pense à contre courant, ça vous étonne ?

Quand je suis en mer, dans une vraie forêt sauvage ou sur un fleuve oublié, je suis fasciné par la beauté de ces créations. La muraille de Chine a vu le jour par des millions d’ouvriers en quelques dizaines d’années. Un fleuve, c’est des siècles et des milliards d’événements. On le détourne, on le maitrise avec des barrages, on le ceinture de ponts et on déverse dans son lit les pires saloperies. Mais attention quel bonheur de voir des baies vitrées de ce musée climatisé s’écouler le fleuve !!! Ok, j’arrête !

Bon je ne vais pas faire de la philosophie à trois tickets de métro mais au moins quand vous allez me croiser en ville vous saurez qu’au fond de moi je suis présent physiquement mais que l’esprit lui est bien loin dans la Nature.

Je n’aurais pas assez de plusieurs tomes pour vous décrire les chefs d’œuvres que j’ai croisés dans ma vie de nomade errant, j’en suis sur vous aussi.

Une fleur qui surgit de la neige pour nous offrir que quelques pétales sans engrais.

Un glacier qui pendant des siècles a taillé le basalte pour sculpter une moraine sans dynamite.

Un lac qui à élu domicile entre deux monstres de granit sans toupie à béton.

Un galet poli en forme de cœur trouvé sur la berge sans disqueuse.

Un chêne millénaire qui a su s’adapter aux rigueurs de milliers d’hivers loin des tabernacles des églises.

Cette goutte d’eau immortelle, qui devient pluie, ru, ruisseau, rivière, fleuve, mer, océan, nuage, glace, pluie…sans récipient plastique.

Un musée bio pour utiliser les mots à la mode, une architecture éblouissante et surtout d’une humilité respectueuse…

Je vous laisse raisonner de votre côté. D’un clic vous pouvez supprimer le blog de ce casse-pied rêveur.

« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » Victor Hugo

Légende du chaman de la tribu des « Pieds perdus »…

21 février 2011

Il était une fois un chaman solitaire de la tribu des « pieds perdus » qui vivait seul dans le Grand Nord de la forêt boréale.

Son abri était une cabane minuscule, il l’avait érigée en plein milieu d’une île située sur un grand fleuve boueux. Nul ne connaissait son passé et le mystère planait sur son parcours. Il vivait très isolé et avait appris au fil des hivers rigoureux à communiquer avec la nature. Le soir au son profond du tambour il chantait des cantiques dans une langue inconnue, les animaux connaissaient les refrains, il était devenu l’un d’eux. Un « qayaq » d’écorce de bouleau était toujours paré pour un départ soudain. Comme l’oie bernache il  pouvait partir en un battement d’aile. Sa vie de chaman, il la devait certainement à un passé lourd d’histoireses teinté de noir et de rouge !

Tous les 6éme jours de la lune montante un « qayaq » blanc venait se poser sur la berge, une squaw venait lui rendre visite. Il l’avait nommée «  Plume d’argent », elle venait l’apprivoiser, lui causer de la vie de village et lui prodiguer des soins sur ses plaies de vieux combats violents. Elle ne l’avait jamais questionné, son sourire l’apaisait et muni d’herbes médicinales elle tentait de lui refermer ses blessures.

Devant le feu, le soir de temps à autre, il lui parlait des batailles qu’il avait faites, des gens qu’il avait dû tuer de ses mains et de cet enfant qui vivait loin là-bas après la rivière salée et qu’il ne connaissait pas. Lui chaman, elle squaw, pourtant quelque chose de très fort les unissait. Les blancs appelaient ça l’amour, eux l’appelaient la « grâce de vivre »…

Pendant ses longs jours de solitude il s’entrainait encore comme s’il allait repartir au combat, mais il était devenu un guerrier de la lumière. Courir dans la forêt tapissée de  neige fraîche, remonter le fleuve à contre courant, manier l’arc et la trappe. Combien de fois devant la biche innocente il baissait sa garde pour la laisser repartir, en ce jour de grâce il se contentait de pissenlits et de baies. Un grizzli venait régulièrement le défier, sans arme à mains nues ils se livraient à des joutes périlleuses. L’ours brun savait que cet homme était différent, qu’il ne voulait absolument pas empiéter sur son territoire.

De temps à autres des trappeurs débarquaient sur son île,  amenant des offrandes, ils lui proposaient de prendre la tête d’équipe pour aller trapper; le commerce de la fourrure. Rien ne le déstabilisait de son choix de vie, l’homme blanc a les yeux aux reflets d’or et lui est libre comme l’aigle royale. Les contrats sont dépliés, mais jamais il n’apposait sa signature, il vit de rien, mais ce vide lui permet de se remplir de tout ce que la nature lui transmet. Pas besoin de fourrure superflue, de cabane chauffée, de squaw servante. Quand il a besoin, il se sert et ne gaspille jamais, il connait trop le prix de la vie. Quand il tue, un saumon, il lui demande pardon et rejette au fleuve toutes les parties non consommées, il sait que seulement comme ça son âme ne se perdra pas. Quand il cueille une fleur, il lui cause avant, lui demandant de le soigner… L’homme blanc ne peut pas le comprendre et repartira dépité de si peu d’intérêt pour le métal jaune.

Une fois par an au moment où le peuplier met sa robe de sang, il réuni sur son île un groupe d’hommes et de femmes de la tribu des  «pieds perdus». Pendant cette période il leur enseigne le combat pacifique, le maniement de l’arc et de la lance. Comme cadeau d’adieu il leur transmet le savoir de l’allumage du feu. Le frottement du bâton sur le tronc sec qui enflammera les brindilles et l’écorce de bouleau. Ce feu réparateur, qui réchauffe le nomade, qui éclaire l’égaré. Sans aucune explication après cet enseignement ils repartiront chez eux, certains garderont égoïstement le secret du feu pour eux, mais d’autres à leur tour, transmettront les enseignements du chaman.

L’hiver est proche, il reprend sa solitude et ses chants au son du tambour, le grand corbeau et le vieux castor créateur de l’univers à leurs tours lui enseigneront les sagesses divines…

Quand le tronc planté sur la rivière figée tombera cela signifiera le moment du dégel et il reprendra sa route en « qayak » à la découverte d’autres horizons, d’autres peuples, d’autres légendes… Son nom de chaman : « Ayeltgnu » chanceux en langue athapascanne…

Toutes ressemblances avec un personnage ou un événement ayant existé serait absolument fortuites…