Une grande traversée…

12 juillet 2012
Seul mais en compagnie d'un bon feu bienfaiteur.

Seul mais en compagnie d'un bon feu bienfaiteur.

Pluie, brouillard, houle et vent incertain, vous commencez à connaître le refrain. 5h38 je sors du petit abri qui m’a si joliment accueilli et reprends ma route. Cet hiver à la réception des cartes marines du coin, je m’étais fait une sorte de « road book ». Basé sur des distances de 30 km, j’avais défini les possibilités du parcours. Bien-sûr méfiant comme une mascotte qui planque une crêpe oubliée, je n’avais pas osé la traversée des grands golfes. Me voilà au pied du mur, plutôt au cap de mes questions ! J’y vais, j’y vais pas ? 25km de traversée en kayak de raid super chargé. Doucement je passe ma première heure sans vouloir y penser, puis je décide de prendre 10° ouest pour raser une pointe à 7km de là, je verrais bien. J’avance dans le coton, la pluie est si fine que je ne la vois pas tomber, des millions de perles d’eau sur Immaqa. Un silence surprenant dés que je quitte la côte qui reçoit une forte houle comme un bruit de train qui passe. J’arrête de pagayer, rien pas un son, rien devant, rien derrière, je suis au milieu de nul part. Mes seuls contrôles, le compas et le sens de la houle. Route au 240°. J’entends de nouveau le fracas des vagues,  je ne devrais plus être loin du premier promontoire. Comme par enchantement il apparait. Je suis bien physiquement et surtout dans ma tête, si je coupe je gagne plus de 18km, une bonne demi-journée ! Je m’étire, bois un café avec quelques barres de céréales et prend la décision de traverser. Les trois premières heures sont faciles à ma grande surprise, le brouillard m’enveloppe et me donne la sensation de me protéger, le vent reste faible et la houle s’allonge en même temps que la profondeur du golfe grandit. Mes idées s’envolent mais je remarque une sensation très étrange, je ne sais pas si c’est le fait que les journées soient longues et très physiques, j’ai beaucoup de difficulté à me souvenir ce que j’ai fait hier ?! Un peu comme si le moment présent était plus fort que tout !!! J’aurais le temps d’y penser quand ce sera fini. Finalement après 7 heures de mer je passe le grand cap Husum pour trouver une plage de galets et prendre la décision d’arrêter là pour aujourd’hui. Seulement 27 km d’effectuer mais en vérité j’en avais prévu 18 de plus si je n’avais pas coupé. Good job, Immaqa, good job. Terrain plat pour monter la tente, bois flotter pour alimenter un grand feu et malgré le crachin un grand lavage du pagayeur heureux d’être arrivé là. Il paraît que l’été c’est pour bientôt, pour l’instant c’est encore l’hiver. La mascotte est verte de rage, un champ entier de framboisier à perte de vue mais elles sont encore toutes vertes…
Patienccccccccccccccccccccccccccceeeeeeee !
A pluche !

Un kayak et un cerf volant…

8 juillet 2012

Ici ce n'est plus l'hiver mais ce n'est pas l'été, just now !

Ici ce n'est plus l'hiver mais ce n'est pas l'été, just now !

C’est toujours un pur bonheur de reprendre la route, arriver me plait, partir encore plus ! Le vent semble installé en Nord, Nord-est, juste dans la bonne direction. Je pagaie un petit quart d’heure et une folle envie me traverse l’esprit, et si j’envoyais le cerf-volant ! La brise doit être à peine de 6 nœuds mais la mer est déjà cahoteuse, pas de problème nous sommes sur un tapis roulant alors roulons. Il s’envole, je lui donne de la hauteur, beaucoup de hauteur, il faut qu’il prenne du vent stable. 50 mètres d’altitude au moins. Ma drisse de proue prend le relais de point d’amure et j’admire le travail. Il est gonflé à souhait et reste très stable. Juste pour le plaisir j’allume le GPS, sans rien faire je suis déjà à 4km, elle n’est pas belle la vie. Mais je suis là pour bosser et je reprends mes pagaies. J’ai l’impression d’être sur le fleuve Yukon de nouveau, j’avance façon matelas de plage qui se barre ! Une heure et il est toujours en l’air, deux, trois, quatre, cinq et six heures sans ciller, sans broncher. C’est l’heure du casse croute et surtout de dégourdir un peu les jambes. Je ne veux pas tarder, j’ai encore 3 kilomètres avant de rejoindre un petit archipel qui me mettra à l’abri du vent qui est en train de forcir. Je passe sur une sorte de barrière de récif qui me met sur une espèce de catapulte incroyable, ça déferle tout autour de moi, je scrute les pièges, puis d’un coup comme par miracle me retrouve dans la lagune. Calme plat juste le vent qui pousse. Je zig-zag au milieu d’îlots absolument magnifiques. Un petit passage me fait découvrir une sorte de lac, le vent vient par moment
mettre des risées sur ce plan d’eau fascinant, quand je crois deviner des grosses bouées blanches. Bizarre, des corps-morts ici, il n’y a pas d’eau et beaucoup de récif à fleur d’eau. Soudain, les bouées bougent, des cygnes trompettes !!! J’avance cela fait 40 km que je suis parti, j’ai rempli mon contrat. Que faire, trouver un abri ici ou rejoindre l’autre côté du golfe encore à 5 km. Le coin est très abrité du nord et surtout le baromètre a amorcé depuis hier une lente chute qui me plait qu’à moitié. Avancer ou arrêter, telle est la question ! A cette pâle
copie shakespearienne, sur mon bâbord je devine une table avec des bancs ! Clignotant et allons voir ce qu’il en est ! Un camp est en place pour le nomade de passage. Un foyer est organisé avec des bancs autour ainsi qu’une table. C’est là l’hôtel de ce soir Jo Zef ! Action, réaction !
Lieu sublime mais il y a un petit problème, l’endroit est une immense dalle de granit ce qui va rendre le couchage un peu dur. Je pars en repérage pour trouver une place plus confortable quand je tombe nez à nez avec une épave de voilier qui de ses entrailles m’offre quatre plaques épaisses de polystyrène qui nous serviront de base pour la tente. Je crois sincèrement que nos anges gardiens s’en donnent à cœur joie. Pour conclure quelques fraises des bois viendront assortir le dessert.
A pluche

Un coup de vent, une rencontre…

6 juillet 2012
Tout comme moi, elles font une halte avant de reprendre leur voyage...

Tout comme moi, elles font une halte avant de reprendre leur voyage...

Quel beau réveil, en sortant le bout du nez de mon duvet j’ai réalisé que nous étions gardés par un cortège d’oies. Caméra au poing et appareil photo j’ai réussi à immortaliser l’instant. Aujourd’hui c’est vacances, de toute façon c’est du sud juste où on doit aller, il y a un peu de boulot de réparation et surtout du sommeil à rattraper. Mais vous me connaissez flâner, n’est pas mon truc. Ma carte m’indique qu’à moins de 7km se trouve un village, peut-être même une épicerie. Ok la mascotte, tu gardes le camp, je pars seul comme d’hab, c’est qui va galérer encore cette fois ? D’abord il faut que je trouve une route, je détaille ma carte et estime qu’une traversée de 1500mts à travers forêt et marécage devrait m’y conduire. Banco, je là trouve. Facile il n’y a qu’à suivre jusqu’au bled. Dans ma petite tête de cabochard je me dis que si la chance se maintient, je devrais trouver une âme charitable qui avec sa «chariote » nous conduirait jusqu’à la caverne d’Ali Baba. Une vieille saab, s’annonce, je fais du « pouce », il s’arrête. Hej, You speak english ? Né (non) ! Eh ben, on va rigoler. Le monsieur à l’aide de signe me fait comprendre que sa voiture à un problème et que le mécano, l’attend, à coté se trouve la superette. Je sors les quatre mots que j’étudie le soir et il sourit de ma détermination à vouloir faire la conversation en suédois. Il s’appelle Carl-Henrik ancien patron pêcheur
il frise les 80 printemps. Il met en main sa vieille voiture chez le garagiste et je lui un offre un café avec une viennoiserie. « Bienfait la mascotte, la prochaine fois tu viendras et tac. Zut, tac, ici ça veut dire merci !!! » Un copain le rejoint, il veut savoir mon bout de vie, je lui parle de mon périple, il dévore mes gestes et mots. Fantastik, fantastik, il n’arrête pas de dire. Sa voiture est enfin prête, nous partons faire les courses, il devient mon agent et raconte ma balade à tout le village. Galette, fromage, fruits frais, salade, yaourts aux myrtilles. Le basic pour survivre !!! Nous reprenons la route, il veut absolument me présenter à sa femme qui est malade. Une cabane rouge au bord de l’eau et le calme absolu. J’attends un moment devant leur nid et savoure ces moments de privilèges. Son épouse vient à ma rencontre, elle n’a pas l’air de vouloir se plaindre et pour faciliter la tâche parle anglais. Elle me raconte leur vie, les enfants, les petits-enfants et la plénitude du lieu, mon bermuda lui dévoile ma différence. La langue, la culture, le pays nous séparent mais les malheurs nous unissent. Carl, veut voir mon kayak, mon camp, je salue la femme de mon hôte et rejoignons les bords de la forêt qu’il faut traverser. Je lui désigne une sente d’élans, il me demande si je suis chasseur ?  Que de rêves et encore sans arme ! Finalement, nous rejoignons Immaqa, il a amené son appareil photo, il touche le kayak. Me prend par les épaules, je sens monter en lui une forte émotion. Ses yeux rougissent, les miens aussi ! Mais on ne se connait que de 3heures !!! Pudeur scandinave ; il me serre fort dans ses bras et s’en va sans se retourner, ses yeux cherchant dans le sol toutes les questions de deux âmes semblables qui se croisent. Ce soir au coin du feu, le suroît perd sa vigueur, je vais repartir à la recherche de mon voyage de l’intérieur, cet hiver nous serons loin et pourtant de temps à autres nous nous retrouverons par la pensée. Hej da, Carl, hej da tak so mukie (Merci Carl, merci beaucoup)
A pluche !

Famille du bout du monde…

2 juillet 2012
Voyager c'est échanger, partager, communiquer, découvrir... d'autres lieux, d'autres personnes

Voyager c'est échanger, partager, communiquer, découvrir d'autres lieux, d'autres peuples, d'autres cultures...

Vent de sud fort, trop fort pour moi, je me résigne. Malgré une nuit pluvieuse ce matin semble dégagé, peut-être une occasion de faire sécher quelques affaires. Je pars à pied en repérage voir si la côte au vent est praticable, je suis rassuré cela aurait été difficile, voir un poil
dangereux. Vu que la route est longue et qu’il n’y a pas âme qui vive, je suis heureux de ma décision. Ici je ne dois que compter sur moi et l’instinct. Ce qui me plait dans ces aventures c’est que le côté animal doit ressurgir coûte que coûte. Mettre tous ses sens en éveil pour s’en sortir toujours à temps. Hier après-midi ma petite voix me disait : « T’es bien caché là, autant tu resteras bloqué demain. » Le vent m’envoie des rafales violentes et je dois fixer plus sérieusement ma tente, derrière dans la forêt une ruine de cabane, j’y déniche des grosses briques rouges qui devaient composer le foyer. Je me transforme en maçon et cale la toile à pourrir de ma guitoune, les à-coups d’Eole ne pourront plus s’y engouffrer. Je lave mes affaires, avec ce zef cela mettra quelques minutes à sécher, puis je déplie le panneau solaire pour charger quelques accus. Le soleil est très puissant sur cette latitude et même à travers les nuages les cellules voltaïques chargent. La routine du nomade en route. Je n’ai plus beaucoup d’eau potable et j’ai repéré au loin une cabane, j’irais voir après le déjeuner s’il y a quelqu’un qui daignerait remplir mes outres. Vers 16h je traverse un long marécage pour arriver au « cottage ». Une dame âgée semble surprise par ma présence, elle parle mal anglais, ça tombe bien moi aussi ! On échange quelques banalités et me demande de la suivre au puits. Une eau
cristalline et fraîche remplit mes récipients. Elle me demande d’où je viens, de quel pays suis-je. Elle m’offre un café et me demande d’attendre quelques minutes ses enfants et petits-enfants vont bientôt lui rendre visite. Veuve depuis 8 ans elle vit seule ici tout l’été, pas
d’eau courante ni électricité mais un silence apaisant. Les gamins débarquent et me saluent à la suédoise, (sans demander quoi que ce soit). Puis la glace fond, on échange, on me parle d’ours, de loup, j’écoute, je note, j’apprécie. Les petits gâteaux apparaissent, ainsi que du pain
maison tartiné. Marie, le prénom de mon hôte est toute émoustillée de tellement de vie d’un coup, elle sort son appareil photo et immortalise la scène. Un jour une photo vieillie trônera avec les autres clichés au dessus du poêle à bois : tu te rappelles c’était le français qui était
passé en kayak. Pour donner un peu plus de joie à Marie je leur demande de me suivre pour les amener à mon bivouac, ils me questionneront, sur ma différence, ma famille, mon île. Pourquoi seul, à quoi ça sert ? Juste pour vous rencontrer et ça c’est un sacré cadeau !
A pluche !

L’archipel de Roennskaers

1 juillet 2012
Soudain une éclaircie dissipe le brouillard...

Soudain une éclaircie dissipe le brouillard...

Pas un temps à faire du kayak, brume, brouillard et houle dans la gueule ! Oui je sais je ne suis pas là pour me plaindre. Le démontage du camp commence à être pro, un automatisme bien rôdé qui me permet de prendre la mer sans tourner en rond comme une perche en bocal et surtout sans rien oublier. Tout a une place bien précise et les gestes parasites sont définitivement bannis. 6h20 je quitte ma petite crique, Fägel est bien-sur présente, elle me regarde partir jusqu’au moment où elle décide de voler autour d’Immaqa. Quel bonheur d’avoir eu cette présence, mon ange gardien qui a pris un aspect physique ! 2 nautiques pour rejoindre la pointe sud de la péninsule de Pitéa. Houle et ressac ne font pas bon ménage et moi, le fétu de paille je pars dans tous les sens. A ma proue une belle traversée de 10 kilomètres pas du tout protégée du large, va falloir envoyer ! Un peu le trac au ventre je pars dans le brouillard, le silence absolu est brisé par mes coups de pagaies, je tente de sentir
sur mon visage quelques brises mais pour l’instant rien. Une heure et la brise passe au Sud-est mais le brouillard persiste. Un bruit sourd me vient de mon tribord arrière, un vacarme puissant de moteur. Je regarde la carte et constate que je suis dans le rail des cargos qui vont à
Pitéa, grand centre de fabrique de papier. Je n’allume pas ma radio, cela ne sert à rien, ni à son radar ni à vue il ne pourra me détecter dans cette purée de poix. C’est à moi à anticiper. Deux heures et il passe loin devant moi je devine à peine sa silhouette. Ma chère petite île apparaît, je suis passé ! Ouf ! Je continue ma route la brise se maintient de Sud-est, dommage c’est là que je vais. 4heures d’effort et je m’accorde mon premier arrêt café, canistrelli. Une plage de galets devant une cabane inhabitée. Je progresse et me faufile dans des archipels qui semblent vides de vie. Des cabanes sur chaque caillou, mais absolument aucune âme qui vive. Après mon stop « nouilles chinoises », je pénètre le somptueux archipel de Rönnskärs. Magnifique, des forêts de conifères et des criques à n’en plus finir, des oiseaux de toutes sortes et absolument personne. Un décor que je ne suis pas prêt d’oublier. Pour mettre la cerise sur le gâteau, un coin de ciel déchire la brume et laisse passer le soleil. En t-shirt je finirais cette
dernière heure de kayak pour une journée de 9h pour 30km.

Depuis un bivouac apaisant je vous envoie toute la quiétude du golfe de Botnie.

La plage d’Erik le rouge…

30 juin 2012
Ca y'est, Jo Zef se prend pour Erik le rouge !!!!

Ca y'est, Jo Zef se prend pour Erik le rouge !!!!

Une nuit tranquille, ici la peur du prédateur n’existe plus depuis belle lurette, les derniers ours ont été tués juste après guerre. La flore est a peu de chose prêt, identique à celle du Yukon et de vieux reflexe me reste. Hache toujours à portée de main et une nourriture toujours bien
emballée. Le protocole est moins strict qu’au Canada mais je reste prudent tout de même. 6h20 je déclenche la balise spot de ma géo localisation et prend la mer. Pas une ride, pas un souffle d’air, je file tout doux vers le sud, je profite de cette opportunité pour forcer
la cadence le vent va venir du sud et ma journée est plus qu’incertaine, alors j’avance en ne pensant qu’à maintenant. 8h20 déjà quand c’est calme c’est plus facile, 4,5km/h de moyenne, une super cadence pour le «semi-remorque » que je pousse. 9h20 un feu loin devant moi à terre m’indique que le suroît vient d’arriver, ce sera à mon tour d’ici peu. Je sens de l’air sur mon visage, je scrute l’horizon et j’y détecte une barre plus foncée, j’ai compris ce n’est plus de la brise mais du vent qui arrive. 10h20 le vent s’installe et je deviens un esclave qui
pagaie. J’arrive en fin de péninsule de Pitea, après le cap, la mer ouverte sans protection sur 5 nautiques au moins. Il faut que je prenne une décision, stopper ou prendre le risque de me trouver seul en plein milieu de la tourmente. Tout en pagayant, je détaille la carte qui est
devant moi dans sa housse étanche, je devine une échancrure. Oui, là bas à tribord une tache blanche, une plage ! Je bifurque de quelques degrés et avale les deux kilomètres comme un sprinter. Une anse de sable blanc très abritée du sud, je fais une halte café et après je prendrai ma décision. Ici tout semble calme, pas une brise, les moustiques se lèchent les babines : A table ! Je mets ma moustiquaire de tête et inspecte les lieux, du bois et du calme. Je me délecte de mes deux canistrellis avec un café et cogite. Je vais voir à pied comment est la mer au large. Je reviens rassuré de ma décision, là-bas c’est blanc et pile poil dans ma direction. Je fouille les lieux pour trouver une belle plaque de contre-plaqué qui nous servira de table et à mon retour, je surprends Jo Zef orné de cette magnifique ramure. Seulement 18 kilomètres pour aujourd’hui mais la route est longue alors prudence, prudence.
La mascotte ne serait-elle pas le descendant d’Erik le rouge, par Thor !
A pluche !

La plage aux romantiques…

27 juin 2012
un lieu imprégné de ma Vrai...

un lieu encore imprégné de ma Vrai...

48h que je suis arrivé à Lulea, mais le voyage est loin d’être fini, alors, c’est décidé je pars. Je n’avais pas fait attention quand j’avais posé mon bivouac en bordure du fleuve Lule, la personne à qui je demandais l’autorisation de camper, m’avait dit que la chapelle était ouverte tous les jours ?! Seul à être sous tente je comprenais mais un peu tard que j’étais dans un centre protestant pour jeunes. La prêtresse venait à ma rencontre et me présentait à ses élèves, il passait trois semaines dans ce camp pour une sorte de communion. Hier un à un ils sont venus me voir et m’ont posé des tas de questions sur mon mode de vie. Ils m’ont même aidé à porter mon kayak sur la grève. Ce matin malgré la pluie, le vent et un petit 9° je suis prêt. Hier ils m’avaient demandé à quelle heure était prévue mon départ… à ma grande surprise, malgré le crachin il n’en manquait pas un. La prêtresse entonne un chant puis une prière, ils me saluent très chaleureusement, je suis touché au plus profond de mon âme. Pour rentrer dans le sujet immédiatement un grain s’abat sur moi, des trombes d’eau et des rafales d’une violence inouïe.
Immaqa est chargé à bloque, je pars pour 50 jours de mer et les embardés que provoque les vagues me font faire des soucis. Mais c’est mal connaître mon kayak, malgré les 100kg de charge il répond merveilleusement bien. La descente du fleuve me vaut un vent de travers,
je me demande si je ne vais pas arrêter ma journée. La carte m’indique que je dois virer à tribord, l’enfer sur l’eau, je pars dans tous les sens les vagues par deux fois me passe par dessus la tête. J’ai la boule au ventre mais je ne peux plus rien y faire je dois traverser. J’ai
réussi ! Je beach Immaqa et me remets de ces deux premières heures incroyables. Un café me réchauffe et je reprends la mer. 12h l’heure du casse croute, mes fatigues dues au vélo sont déjà bien loin et je me sens bien, je vais pousser encore un peu, le vent est dans la bonne
direction sauf dans quelques baies que je traverse, j’avance bien. 14H30 je suis devant le bivouac que j’avais prévu, mais une idée germe, continuons. 17h je bifurque l’île par son bâbord encore 8 km et j’arrive. Où ? Mais à la plage aux romantiques !!! 19h 08 je suis sur
son sable, je n’ai pas de voix, un phoque semble attendri par mon émoi, il y a un an avec Véro nous avions passé plusieurs jours dans ce repaire d’amoureux, cela valait bien ces 11heures de kayak. Pour une entrée en matière je ne pouvais rêver mieux !!! Le moral est au beau fixe et je
dédicace cette journée à la puissance de l’amour. Demain repos, pour organiser le kayak et faciliter mes journées, qui ne sont qu’au commencement.
A pluche !

Un unijambiste et une mascotte à Luleå…

25 juin 2012
La solitude, confidente du voyageur...

La solitude, confidente du voyageur...

La routine du matin, déjeuner, plier bagage préparer la nourriture du jour et reprendre le vélo. Yan mon hôte me surveillait, il est venu me saluer. Peut-être à l’année prochaine ! La route est en travaux donc je retrouve le bon vieux gravier. J’essaie de me dissuader de ne pas arriver à Lulea ce soir, trop loin, trop usant, puis le bout de voie rapide à gérer, non c’est sur, pas ce soir, je ne vais pas faire 140km avec 45 kilo de charge en une journée !!!. Je pédale en ne pensant qu’à l’heure en cours, dans 60’ pose café, puis une autre pose biscuits salés … Je me fixe des lieux dits, des ponts de rivière, j’ai 70km avant d’arriver en bordure du golfe de Botnie. Le vent de face ne m’a pas oublié, ouf, j’avais peur qu’il me laisse seul ! 5heures de pédalage pour voir de très loin la mer, allez, je pousse encore un peu plus loin. Je m’arrête je suis cuit et surtout je n’ai pas encore englouti mes nouilles chinoises. Sur la voie rapide difficile de trouver un coin calme, alors je me contente d’un trou qui doit servir de dépotoir ! Entre deux canettes de bières écrasées et des reste d’emballage je mange et me fait manger par des moustiques. Remarquez, c’est l’heure du casse croute pour tout le monde ! J’essaie de m’imaginer : un clochard !!! Elle est déjà bien loin derrière la terre saame… Je reprends mon vélo, 6h effectives de routes plus ou moins 7h30 que je suis parti. Je dépasse le taux syndical et pousse un peu plus loin. De toute façon ce n’est pas sur les bords de cette nationale que je vais trouver mon coin du soir… Alors je continue, 100km, mes fesses me font de plus en plus souffrir, mais je m’évade, je pars dans le pays des rêves et la souffrance se fait oublier, mes jambes elles sont au top. 110km au compteur, un panneau indique : Lulea 30km ! Allez, je tiens ferme je continue. Je ris, je me concentre, je pars en sanglot, dis donc c’est que le passé pédale avec moi !!! Encore 10, je pédale pour les jeunes de bout de vie, leurs visages me brouillent la vue… Allez Frank ne t’arrête pas là, t’es un lâche ou quoi ! Je sais que je vais y arriver ! Lulea!!!  J’y suis, 141km pour conclure l’étape 2. Que de beaux paysages, de personnages attachant croisés. 950 km pour traverser en totalité la terre saame version nord-sud. Je ne suis pas trop fatigué mais le manque de confort de ma selle m’a un poil gâché mes derniers kilomètres. Plan B je vais en changer ou lui mettre une housse en gel ! Eh na !!!

Un peu courbaturé la mascotte s’est extirpée du sac étanche pour se demander dans quoi nous allons nous lancer ces jours suivants ! Chut et rendors-toi…

Je tiens à vous remercier pour vos soutiens, ça fait chaud au cœur. Merci beaucoupsssssssssssssss.  Pour les pôtes de Tseusier ne soyez pas à Crans j’arrive. A Crans-Montana bien sûr… Je sais c’est plus fort que moi… Taïko banzaï, Jo Zef arrive!!! Heu c’est pas pour de suite quand même…                                                                                                                                                              Une petite dépression est en train de glisser sur l’Est de la Scandinavie ce qui va me laisser un peu de répit jusqu’à mercredi pour prendre la mer…Yakakayaker !!!

A pluche.

De vieilles nasses à saumon

De vieilles nasses à saumon

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

Rencontre de Gilles Elkaim…

19 juin 2012

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim...

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim et son compagnon d'aventure l'illustre Pouchok...

Aujourd’hui sera une journée de récupération pour mes petites « guiboles ». Je tente un coup de poker, une visite au camp Arktika créé par Gilles Elkaim. Cet aventurier fût le premier homme à réaliser la traversée de l’Arctique eurasien sans moyens motorisés Expédition ARKTIKA, du cap Nord au détroit de Béring 12 000 km, 4 ans en solo, en traîneau à chiens et kayak. L’année dernière avec Véro nous avions eu le bonheur de passer plusieurs jours dans ce petit paradis finnois. Gilles a posé à quelques kilomètres d’Inari, son sac pour regrouper une cinquantaine de chiens sibériens autour d’un lac et accueillir quelques passionnés d’aventure polaire. Une yourte et deux cabanes pour une vie différente… Nous empruntons une route en terre mais j’ai prévenu les jeunes qu’il y aura peu de chance de croiser Gilles, peut-être nous y verrons Gladys son assistante ! Tiens, tiens une voiture de location immatriculée en France ? Les chiens hurlent dés que nous descendons du camion, je pars en repérage. Le camp semble vide, soudain je croise le regard d’une jeune fille :                                                  Désolé de vous déranger, je cherche Gladys. Elle est partie la journée ! Tant pis, dites lui que je suis passé. Attendez, je vais appeler Gilles !!! Depuis longtemps nous nous connaissons que par nos livres respectifs, nous avons tous les deux été récompensés par la Guilde européenne du raid, mais jamais physiquement nous nous étions croisés. Nous sommes surpris, émus, ravi de ce face à face. Je fais signe aux jeunes de venir nous rejoindre. Deux jeunes assistantes en formation vétérinaire nous rejoignent. Les deux vieux loups solitaires avec de la relève éventuelle. Sans se concerter nous faisons une sorte de colloque sur le dépassement de soi. Une jeune fille ose se plaindre que la vie au camp est dur et que personne ne la félicite de son travail, ce matin j’ai remis une couche au jeunes sur le respect de soi et des règles de vie en groupe. Avec Gilles nous sommes complices comme si l’on avait préparé notre débat depuis bien longtemps. Le silence est et doit être la récompense, anticiper, prévoir, apprendre. Si nous avons réussi nos entreprises c’est que nous sommes intransigeants avec nous même, donc très exigeanst avec ceux qui veulent être initiés. Le dialogue me plait. Les filles invitent les garçons, à rencontrer les chiens, Gilles m’amène dans sa cabane pour un thé… Nous sommes heureux d’être ensembles, nos vies bien que différentes comportent beaucoup de similitudes… Nous parlons de nos présents mais aussi des lendemains… Gilles vient de restructurer un bateau en aluminium pour naviguer dans le grand Nord, actuellement amarré à la Rochelle, il prendra la mer dés que possible pour rejoindre avant juillet la côte Est du Groenland. « Pourquoi pas » amener des jeunes amputés sur les traces de Charcot… Notre hôte a du boulot, demain il reprendra la route pour rejoindre son bateau. Avec gentillesse il nous prête un canoë pour aller découvrir les lacs environnants… Je croiserai aussi avec joie Gladys…

Le hasard n’existe pas j’en suis convaincu…

Deux aventures qui se croisent...

Deux aventures qui se croisent...

Résolution en terre saame !

17 juin 2012

5h45  C’est le début de la journée, alors que je m’affère à plier mon couchage, j’entends du bruit dans la tente des jeunes, ils sont réveillés aussi !!! Je ravive le feu et fait chauffer l’eau pour mon thermos et le petit déjeuner. La brisette est de nord, un fait notable le soleil nous a rendu visite et cela depuis minuit ! Non je ne suis pas atteint de «dingote », je vous rappelle qu’à cette latitude en cette saison il ne fait jamais nuit. Discussion avec mon équipe, ils se livrent et ont des résolutions pour les jours suivants. Ma randonnée  les a marqués et à leur tour ils veulent vivre l’effort. Avec le fourgon ils font ma route et de temps à autres nous nous croisons, ils ont eux aussi gravi les côtes mais au chaud et en camion.

Aujourd’hui, à tour de rôle ils veulent courir en terre Saame. Au loin je vois un point rouge, c’est Nico ! Juste en bas le fleuve Tana où des pécheurs en pirogue pêchent le saumon. Il court vers le sud, je me cale derrière lui. Il y a peine un an on lui amputait un bras, et là il court à 450 km au nord du cercle polaire. Je le filme, il se confie à la caméra, malgré les apparences, je sens un lâché prise. Robin prend le relais, une petite heure de jogging.

Ustjoki, premier hameau finlandais, je fais un arrêt dans la superette du coin, gâteaux aux myrtilles, yaourt aux myrtilles et surtout la soupe froide myrtille qui est une spécialité lapone absolument démente ! Non Jo Zef, je n’ai pas mangé des schtroumfs. Pour ma part la journée fut longue et pénible un faux plat montant de 300mts  de dénivelé, sur 55 bornes avec bien-sûr un bon vent dans le nez. Cuit sous ma tente, je note sur mon calepin, 115km en 6h. Ce soir le bivouac est monté dans la toundra en plein vent histoire de ne pas trop donner notre sang au suceurs locaux.
A pluche.

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Un sacré clin d’œil :

Alors que Frank porte la flamme de l’espoir à travers l’Europe, son frère et compagnon d’aventure de la traversée de l’Atlantique, Dumé Benassi a été choisi pour porter la flamme olympique. En effet, depuis le 12 mai 2012 au départ de la Grèce, du Mont Olympe il y a 8 000 relayeurs qui ont porté la flamme olympique à travers le monde pour les JO 2012 à Londres.  Dumé a été sélectionné de par son parcours sportif afin d’être un de ces relayeurs. De même que c’est un honneur et un privilège pour la Corse car il a ramené la torche olympique sur l’Ile.