A bord du porte-avions Charles de Gaulle

11 avril 2017

photo Eric Duliére

Le 14 juillet 2016 mon nom était inscrit au Journal Officiel comme Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur, mais encore fallait-il l’officialiser par une cérémonie. Le chef de cabinet, qui était chargé du dossier, m’avait proposé toutes les possibilités dites classiques. Puisque c’était le Président de la République qui en était l’initiateur, en toute logique l’Elysée et le Chef d’Etat François Hollande devait me parrainer, mais ce n’est pas connaître le « Cabochard » qui sommeille en moi ! Demandant  les éventualités possibles, je comprenais qu’une personne déjà Chevalier pouvait s’en charger. En toute logique, mon « Fratellu » Bixente endossait ce « job » qui était une première pour lui. Mais où ? J’aime les belles histoires qui finissent bien, la vie en est souvent éloignée, mais là, je savais qu’une belle carte était à jouer, et si c’était à bord de notre porte-avions en service, le Charles-de-Gaulle ? Le chef de cabinet, tentait de m’en dissuader, par de son expérience c’était « mission impossible », j’allais droit à l’échec ! Le hasard c’est le nom que prend Dieu pour rester anonyme disait Cocteau. Dans mes amis, le patron des plongeurs démineurs, le commandant Bertrand de Lorgeril avait fréquenté en école navale, le Pacha du porte-avions, quelques mails, et coups de téléphone et mon souhait se réalisé. Seul un petit comité pouvait participer à la cérémonie, cela tombait bien puisque les grosses réunions ne m’ont jamais inspiré. La sécurité de l’accès à l’arsenal est stricte, le Pacha Eric Malbrunot nous reçoit. Etre à la tête d’un bateau à force nucléaire est une responsabilité énorme mais ce que je retiendrais de cet homme c’est son charisme, sa simplicité, sa vibration positive. Avant de poser la prothèse à bord, un court-métrage nous présente le fleuron de l’armée française. Le pont d’envol en image me remue les tripes, j’autorise les souvenirs à remonter en surface sans palier, tant pis s’il y a surpression ! Puis la délégation emboîte le pas du boss qui ne manque jamais de saluer et de donner un bon mot à son équipage. Hangar, passerelle, pont d’envol, catapulte… Tout est passé en revue. Puis là-bas à la poupe du PA, sous l’immense pavillon tricolore, un pupitre. Nous rentrons dans le vif du sujet. Le commandant Eric Malbrunot, ouvre la cérémonie. Derrière à ma gauche, mes amis, à ma droite l’équipe PEH, dont je suis le vétéran. Les mots du pacha, me remuent, je respire, je ne veux et ne dois pas flancher. Un pas devant tout le monde je suis caché de tous, mes lèvres tremblent. Maintenant c’est au tour de Bixente, je le sens serein mais au fil de ses mots de l’émotion grandit, bouscule le protocole, la fin de son discours se sale, notre amitié si profonde nous joue encore un tour. Un PEH porte un coussin où est agrafée la médaille rouge, Bixente me la remet, le commandant est au garde-à-vous, j’ai du mal à réaliser. Je n’ai pas préparé de discours, je veux juste que mes mots sortent de mon cœur. Pour commencer je fixe l’équipage, j’essaie de transmettre mon énergie positive qui m’a permis de m’en sortir. Puis je me tourne vers mes invités en comité restreint. Le déroulé de ma vie commence, bien-sur je remercie mes parents absents, nos vies nous ont séparés mais je leur dois mes premiers pas… Puis, à chacun de mes hôtes je dévoile une anecdote commune pour cimenter encore plus notre amitié. Et enfin j’en viens aux deux hommes qui ont changé mon existence, Dume et Bixente. Je m’emmêle les pinceaux je dis de Dume qu’il est la femme de ma vie, l’émotion me tacle, le seul rouge n’est pas un carton mais une médaille… Le pacha du PA a les yeux qui rougissent, mes invités aussi, moi je me demande si je ne vais pas me réveiller… Bixente poste une série de photos sur sa page Facebook. A ma grande surprise, dans les commentaires, je trouve des anciens du Foch qui m’avaient donné instinctivement leur sang, puis un texte  de l’officier de pont qui m’avait mis son gant entre les dents pour supporter ma souffrance, un autre se souviens de mon poème : le Pantin ; écrit au lendemain de mon accident et édité sur le magazine de la Marine Nationale… 34 ans après je peux enfin fermer ce livre rouge de sang, d’Honneur…

  Cette médaille c’est le fruit d’un travail de fond, sans relâche et je vous la dois à tous. Merci du fond du cœur…

A mes côtés le Pacha du porte-avions le Capitaine de Vaisseau Eric Malbrunot

Les bodys guards, Dume et Patrick, Karin assure l’arrière garde!!!

Mes amis m’ont rejoint…

L’émotion frappe à la porte de mes souvenirs…

Très fier d’être au milieu de l’équipe PEH* du PA
*Pont d’Envol Hangar

J’offre mon bachi* original à Bixente…
* Chapeau de marin portant mon matricule et usé!

Les aventuriers, le guide et ses amis…

22 mars 2017

Elisa Gastou, elle est venue à la semaine de plongée alors qu’elle n’avait pas encore 3 ans. Puis à 13 ans elle est retournée toute seule au stage en Corse aux îles Lavezzi pour se retrouver face à d’autres jeunes de son âge dans la même situation. Elle pratique l’équitation et elle est devenue championne de son département (Lot et Garonne)  dans sa catégorie, sans passer par le handisport. Été 2015 elle a participé avec Remi au stage de survie sur la côte ouest du Groenland. Une vraie guerrière…

 Maxence Pitraye-Casanova Dés sa naissance elle est atteinte d’un pneumocoque multi résistant, sa vie est en jeu et elle devra lutter, mais son destin n’est pas figé sur cette épreuve. Elle est née pendant un tour du monde à la voile avec ses parents, elle découvrira la Corse, sa terre maternelle qu’à 4 ans, depuis « son » univers n’est qu’un horizon de terres inconnues, ce voyage au Groenland serait une sorte de revanche sur la vie. Elle a participé au stage de survie Bout de vie et elle s’est avérée être une des candidates idéales pour cette aventure.

 Ange-Paul Puggioni-Straboni Son père décède d’une tumeur foudroyante,  quelques mois plus tard cela déclenchera un cancer chez Ange-Paul . Son combat fut récompensé par une rémission totale. A l’âge de 18 ans il a participé au stage de plongée sous marine en Corse offert chaque année par Bout de vie au côté d’Elisa, puis il eu le courage, à mes côté, d’effectuer une plongée en mer de Baffin côte Ouest du Groenland. Sa gentillesse et son courage sont garant d’une fabuleuse entre aide avec le groupe. Il a BAC +2 en langue Corse.

 Rémi Rapin Il est né avec une jambe qui n’a pas grandi il est porteur d’une orthèse, mais sa volonté l’a amené à découvrir de nouvelles limites. A l’âge de 12 ans il est entré dans l’association Bout de vie et très régulièrement elle l’a amené dans des aventures polaires. Canoë sur le fleuve Yukon au Canada, survie sur une île déserte de la côte ouest du Groenland, croisière en mer australe en passant par les îles Malouines, la Géorgie du Sud et la péninsule Antarctique…

 

Julien Caquineau  est Français d’origine mais depuis plus de 15 ans il s’est installé au Groenland où il a fondé sa famille. Il parle couramment la langue Inuit et a su se faire intégrer de manière naturelle, sa terre d’accueil lui a permis de devenir musher professionnel. Lui et ses amis guideront les jeunes aventuriers en toute sécurité. Pour en savoir plus sur son parcours un article de Stéphane Dugast: Cliquez ici

Kim Hansen

Steen Gabrielsen

Karl Elias Guldager

Frederik Mathiasen

Audrey Piette

 40 ans, amputée fémorale depuis 6 ans après des années de maladie. J’ai redécouvert mes possibilités et ma vie lors du stage de plongée de 2011 puis lors du stage de Vie sauvage en 2014. Un déclic pour reprendre mon activité professionnelle de psychomotricienne et intervenante en médiation animale. Pendant l’expédition, je ferai le lien entre Frank et tous ceux qui suivent son aventure en mettant en ligne chaque soir le journal de bord.

Remi l’aventurier au grand cœur…

19 février 2017

Si vous deviez définir un ambassadeur des jeunes de l’association Bout de vie Remi serait celui-ci. Quelle surprise en lisant ce bel article du quotidien l’Yonne, sur son parcours de « gamin » un peu différent.

 C’était en 2004, je ne sais plus par quel miracle j’étais devenu le gardien de la Star team du Prince Albert II de Monaco, ce jour, j’avais un invité de marque qui devait me rejoindre, Rémi. Il devait avoir une dizaine d’années, mais il était en retard au rendez-vous, j’étais en fin d’échauffement, quand enfin, ont m’informé qu’il n’avait pas pu accéder au vestiaire et qu’avec sa famille il était dans les tribunes. Ni une ni deux je demandais au service d’ordre de m’ouvrir une porte dérobée pour aller le chercher. Avec mes chaussures crampons je montais deux à deux les escaliers, quitte à me vautrer devant les spectateurs mais je voulais plus que tout au monde qu’il soit au milieu des légendes du sport présent. Impressionné, il me donnait la main pour traverser le stade, le public applaudissait, je sais qu’il était en apnée complète. Vous en vouliez du beau monde, mais « crêpe sur la myrtille » c’est le Prince en personne qui l’accueillait. Entre une pichenette au pauvre Schumacher et une franche poigné avec Deschamps c’était le multiple champion du monde de saut à la perche, Bubka qui s’en occupait, pendant que je me faisais trouer dans les cages ! Mais oublions ces paillettes pour aller à l’essentiel, Rémi.  Suite à ce match, Bout de vie l’invitait au stage de plongée aux Lavezzi, un bout entrain incroyable, humour et joie de vivre sont ses caractéristiques majeures. Ah l’époque un stage de ski dans les Alpes italiennes offrait une semaine de glissade aux 10 « éclopés » inscrits. Puis ce fût le départ pour de grands périples, l’Antarctique en croisière australe en passant par les Malouines et la Géorgie du Sud. Je n’avais pas dû le forcer beaucoup, pour aller faire de la luge sur un névé immense, qui laissait de glace les manchots, qui nous observaient. Puis ce fût sur le fleuve Yukon qu’il dût aller chercher loin dans son mental, en binôme sur un canoë avec 5 autres acolytes un peu secoués par la vie il goutait aux joies de monter son bivouac entre un nuage de moustiques et quelques ours qui n’étaient pas très loin. Au Groenland il participait à un stage de survie pour une « robinsonnade » polaire de 2 semaines, un stage de survie aussi dans le maquis Corse etc etc. Rémi le gagneur qui ne lâche rien, même si par moments il a su me faire péter les plombs, comme à l’aéroport d’Ushuaia ! J’avais eu la mauvaise idée de confier à chaque aventurier le billet pour le retour sur Buenos-Aires, mais « mosieur » tête en l’air l’avait perdu, ce qui lui valut une panique terrible… Pour conclure les perles de ce jeune que j’apprécie beaucoup, en partenariat avec la société Oxylane sous-groupe de Décathlon, Eric était à l’époque le grand boss et m’avait demandé de lui transmettre des CV de jeunes volontaires pour sa société. Remi lui avait envoyé le sien en toute innocence, avec comme référence. 2001 : cueilleur de cerises ; 2002 : cueilleur de cerises ; 2003 : cueilleur de cerise ; 2004 : vendeur de cerises … Du haut de son insouciance, il avait dit la vérité et en grand classe, Eric le PDG l’appelait en personne pour le faire rentrer comme vendeur dans un Décathlon en région Auxerroise. Après un Erasmus en Argentine il s’est lancé dans la vie d’adulte comme commercial en liège pour la confection de bouchon… Régulièrement il m’envoie des messages qui me font chaud au cœur, ce printemps il fera parti des 4 jeunes qui vont partir sur les traces de Paul-Emile Victor au Groenland. Je vous laisse le soin de lire ce très bel article. Et n’hésitez pas à lui laisser des messages il en sera ravi.

A pluche Rémi et que Dieu te prothèse !

Devant une baleinière abandonnée en Antarctique.

 

Groenland été 2015

2017 du bon pied!

14 janvier 2017

 

La nouvelle année a déjà perdu quelques plumes et il est temps que Bout de vie vous envoie ses vœux pour 2017. C’est déjà la quatorzième année de rencontres, d’échanges, de rire, de pleur, de joie, de doute, le tout, teintés d’une certaine souffrance. Etre amputé, c’est accepter la douleur sans se laisser submerger, c’est une satanée emboiture qui use, qui tuméfie un moignon pas toujours coopérant. Mais chacun de nous, entiers et raccourcis, devons accepter nos souffrances. La vie est souffrance ! Mais non je ne suis pas devenu pessimiste, bien au contraire mais la vérité est bonne à dire, cacher, c’est trahir. Alors la nouvelle année Bout de vie va tenter d’apporter encore un bout de bonheur aux futurs stagiaires. Des stages, oh oui il va y en avoir. Le stage de plongée va se transformer en stage de découverte « mer », la Galiote et son équipage ont pris une retraite méritée et c’est dans le sud Sardaigne qu’elle repose pour une vie plus reposante. Alors il va y avoir une autre semaine, d’un autre angle. Plus une croisière farniente, mais une vraie vie de mer avec ses quarts, ses corvées, ses responsabilités. Non ce ne va pas être le bagne mais ensemble nous allons tenter de créer un renouveau. Les dates et le bateau restent encore à officialiser. Deux stages de survies sont aussi prévus, le premier début mars, est d’ores et déjà complet celui de la Toussaint a encore des places disponibles. Le 16 avril une expédition, au Groenland est déjà calée, 4 jeunes « hors-normes » vont tenter de suivre les traces de l’explorateur Paul-Emile Victor, chacun en binôme avec un chasseur de phoques, Julien Caquineau sera le chef d’expédition, une histoire qui ne les laissera pas de glace ! Puis du 15 juin au 15 septembre, je partirai en solo avec mon kayak entre Ilulissat et la baie de Melville, soit 1200km pour une balade poétique sur la côte nord-ouest du Groenland. Sans transition en partenariat avec la Fondation d’entreprise Française des Jeux, début octobre, se déroulera l’opération des Cols et des Ecoles, un peloton de cyclistes amputés traverseront la Corse en vélo tout en rencontrant les scolaires l’après-midi. Bien sur d’autres événements seront aux programmes, le film Frères de sport sera diffusé par la chaîne Ushuaia TV début mars, le même mois le magazine Carnets d’aventures va consacrer une grande partie de son édito sur le thème du handicap et de l’aventure, il paraît que j’ai eu droit à plusieurs pages. Donc une belle année de partage et de rencontre, mais avant de conclure ce billet je tenais au nom de l’association à remercier vous tous les « gens » de l’ombre, organisateur de récoltes de fonds pour Bout de vie, sans vous rien ne serait possible. Je ne peux pas nommer tout le monde mais certain se reconnaîtront : Fred, Corinne, Tof, Antoine, Philippe, Dalila, Stéphanie, Charlotte, Ludo, Franck, Patrick, Julien et plein d’autres, mille mercis. Les autres, venez rejoindre Bout de vie en adhérant ici le lien.
Un grand merci et que la paix et la santé soient vos alliés.

Expédition Avannaanut Groenland 2017

11 novembre 2016
Elisa, Maxence, Ange-Paul et Rémi seront les protagonistes de l’expédition Avannaanut

Elisa, Maxence, Ange-Paul et Rémi seront les protagonistes de l’expédition Avannaanut

Il y a ceux qui croient en la religion, il y a ceux qui croient au pouvoir, il y a ceux qui croient au CAC 40, mais des irréductibles, eux, ne croient en rien, mais réalisent leurs rêves les plus fous. Dans cette belle bande, un certain unijambiste baroudeur, un poil cabochard. Depuis très longtemps je suis mes rêves, à vous de voir s’il faut utiliser le verbe être ou suivre, à moins que ce soit un peu des deux ! Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria et prix Nobel de la paix a écrit cette maxime : si tes rêves ne t’effraient pas, c’est qu’ils ne sont pas assez grands. Je l’ai mis en application depuis belle lurette. En 2012, déjà 4 ans, je réalisais un pari fou, rejoindre l’océan arctique à « ma » belle Corse que par des moyens naturels (vélo, kayak), 116 jours de solitude en mode commando pacifiste. Le retour fût douloureux, un virement de vie avec des changements privés assez intenses. Alors j’ai décidé de pratiquer un voyage immobile, une vie monacale pour comprendre le dessin de certaines ombres qui m’ont longtemps suivi, une forêt secrète, mes angoisses et du temps pour penser. Un livre en est né « Carnet de voyage d’un homme libre ». L’appel de l’aventure, n’a pas bougé d’un cran mais des priorités m’avaient envahi, enseveli. Alors j’ai posé mon sac à terre pour construire mon nouveau refuge loin du Cabochard qui avait perdu sa paix et sa sérénité. Un ponton, un port, sont accessibles à tous et ma liberté en souffrait, alors plutôt que d’être glacial et un peu soupe au lait, je me suis trouvé un pied-à-terre introuvable. Doucement j’ai retrouvé des repaires, tranquillement la cabane m’a apporté ce dont j’ai besoin, ce qui m’est vital pour avancer, le silence, la solitude et surtout une rêverie infinie. Un potager a vu le jour, une joie me prend les tripes à chaque fois que je cueille l’un de ses « ressortissants ». Là-bas au large la mer, en un clin d’œil, j’y vois la houle, le courant, sous mes yeux des hectares de maquis sauvage, la machine à rêver, ressuscite ! J’avais programmé un beau voyage en kayak en 2015, mais tout c’est enchaîné pour que je jette l’éponge mais là, ça y est, tout est en place, le plomb s’est transformé en or. N’y voyez aucune spéculation ma pierre philosophale se nomme liberté. J’ai gravé sur mon avant bras gauche cette phrase Inuite : kiffaanngissuesq qui veut dire : je suis un homme libre, juste pour m’en rappeler quand je me fais enfouir sous des tonnes d’obligations. Avant j’étais solitaire avec des maux maintenant je suis solidaire suivi de mots, une doctrine que reprend très volontiers mon « p’tit » basque adoré.  Logiquement une double aventure voit le jour, un mélange de solidarité et de solitude. Le 15 avril, la sélection fût rude, 4 jeunes, comme j’aime appeler « hors-normes », vont m’accompagner aux côtés de Julien Caquineau et de ses amis chasseurs de phoques, sur les pas de Paul-Emile Victor. Un attelage de chiens groenlandais, un musher-chasseur en binôme avec un junior et de l’improvisation à n’en plus finir. Knud Rasmussen disait : donnez-moi des chiens et de la glace, je vous laisse tout le reste ! L’expédition Avannaanut (vers le nord) voit le jour. Mais je ne voulais pas en rester là, l’appel de la mer est terrible, surtout quand elle encore isolée comme l’est l’océan Arctique. Alors tout est calé, en place, le 15 juin je m’élancerai sur plus de 1000km tout seul avec « Immaqa » (peut-être) en mer de Baffin jusqu’aux portes de la baie de Melville. Dume, mon Dume devait venir, mais la vie, la sienne, l’en empêche, alors plutôt que de supporter un « autre » ma solitude me tiendra compagnie. Karin, peut-être, m’accompagnera, elle aussi en kayak, sur les premiers 100km, puis l’isolement prendra  place à mes côtés. Je n’y vais pas pour y dénoncer le réchauffement climatique, ni pour décrypter le peuple Inuit, d’autres l’ont déjà fait. Je vais là-bas pour une balade poétique, pour un voyage de l’intérieur, loin du bruit, loin de l’Europe sous thérapie, loin de ceux qui se croient en enfer alors qu’ils sont au paradis. Il me reste quelques mois pour tout peaufiner, mais je suis déjà prêt. L’hiver, ici en Corse, me redonne l’énergie nécessaire pour la préparation d’un long et beau voyage… La vie est un présent alors je croque ce cadeau à chaque instant en laissant dans mon sillage tous ceux qui pourraient me blesser, me déstabiliser, me noircir. Excusez-moi, je dois allez voir au bout de l’horizon si l’on ne m’a pas menti, il paraît que la planête n’a pas de limite, qu’elle est ronde comme un tambour chamanique. Waouh, la Terre est encore mystérieuse…

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Sur-vie douce Toussaint 2016

2 novembre 2016
Quelque part sur Terre!

Quelque part sur Terre!

Coïncidence ou bien paradoxe de la vie, le week-end où l’on célèbre les morts, un stage de sur-vie, qui est un hymne à la destinée, s’organise pas à pas. Disons que le hasard n’existe pas et que c’est une excuse de nos anges gardiens pour se retrouver face à soi-même et partager un bout de vie. Personne ne se connaît, la difficulté va-être de souder le groupe pour un même objectif ; survivre. Je ne suis pas trop malléable et ces 4 jours ne sont pas des vacances mais bel et bien une initiation à une existence sans superflu. Chacun est muni d’une bâche comme abri et d’un sac de couchage pour les nuits, des rations, bien pensées sont distribuées, mais pour le reste il va falloir s’organiser. Je reprends comme leitmotive la maxime de Darwin : ce ne seront pas les plus riches, ni les plus forts qui survivront mais ceux qui s’adapteront. Les marches sont bien entendu silencieuses, le soir au coin du feu chacun pourra raconter son histoire mais dans ces longues journées, le silence est le maître de séance. L’observation, l’anticipation et l’écoute sont les règles de base, le bavardage n’a vraiment pas sa place ici. Au bout d’une piste en terre, le maquis dense nous attend, c’est pendant cette marche d’approche que le reste du stage va se définir. Pour les biens du déroulement il faut que moi aussi je sois en situation de « survie », alors j’improvise, suivant le niveau du groupe. Les nuits sont longues et il faut penser à bien des choses avant que l’obscurité n’envahisse le camp. Le feu est un rituel, une seule allumette pour le groupe qui devra démarrer le feu « sacré ». Il réchauffera, cuira la cueillette, éloignera la faune trop familière, et donnera un peu de lumière aux égarés volontaires. Tout en douceur je déroule le protocole de secours et les bases du sauvetage en milieu hostile. Une couverture de survie, un couteau et un briquet doivent être les éléments de base du randonneur. Ici les gadgets électroniques sont proscrits, le virtuel n’a pas sa place dans la « vraie » vie de nomade, alors tout le monde s’adapte. Le torrent semble accueillant pour le bain du soir et à mon plus grand bonheur tout le monde va s’immerger dans un cours d’eau à 8 petits degrés. Volontairement, je ne laisse que très peu de temps mort, la fatigue doit faire partie de l’initiation. Un corps harassé, ne fonctionne plus pareil, le cerveau n’analyse plus exactement de la même façon, alors il faut puiser dans son mental pour combler les manques. Malgré quelques cernes, je ne vois personne baisser la garde, un peu boueux et mal assis je sens tout le monde à sa place, là, dans ce stage de « vie ». Les glands de chêne sont un apéritif surprenant mais avec un peu d’astuce de préparation je vois certain se resservir. « Myrtille sur la crêpe », des champignons ont profité des derniers jours de pluie pour nous offrir, girolles, cèpes et les succulentes oronges, le riz déshydraté prend des airs de rizotto. Qui l’eût cru ! Les jours se déroulent avec leur part d’effort et de récompense mais les esprits, au fil des pas se rechargent en « essentiel ». Le confort change de case, le luxe n’est plus un bel hôtel ou une rivière de diamants, le luxe c’est quand on peut enfin s’asseoir et que le camp est au point pour passer une bonne nuit. Le confort c’est d’avoir sa boule de bruyère sèche en amadou au cas où il faille allumer un feu en urgence. Le summum, c’est quand la bâche est bien fixée juste assez pour qu’en un coup d’œil on puisse voire des milliers d’étoiles alors que certains pensent que 5 étoiles suffisent ! Vous voyez, la vie c’est simple alors si vous aussi vous avez envie de liberté, de joie simple mais profonde vous savez ce qu’il vous reste à faire… Devenir un Freeman est à la portée de tous, il suffit de faire un premier pas, le deuxième s’ensuivra puis le troisième etc etc.

L’important, est de jamais boiter dans sa tête…

 

Premier jour, tout beau, tout propre!

Premier jour, tout beau, tout propre!

Fini les sentiers balisés, stérilisés. ici on se perd à coup sur...

Fini les sentiers balisés, stérilisés, ici on se perd à coup sur…

Quand le bivouac est trouvé il faut commencer à s'organiser

Quand le bivouac est trouvé, il faut commencer à s’organiser

La cadette du groupe découvre l'amanite des césars, un régal du palais...

La cadette du groupe découvre l’amanite des césars, un régal du palais…

Ici la cuisine vaut mieux qu'un 5 étoiles, ici on est sous des milliers d'étoiles!

Ici la cuisine vaut mieux qu’un 5 étoiles, ici on est sous des milliers d’étoiles!

 

Heureux qui comme Ulysse entrepris un beau voyage...

Heureux qui comme Ulysse entreprit un beau voyage…

Une entente Corso-sicilienne. Attenti!

Une entente Corso-sicilienne. Attenti!

 

Un mental d'acier, elle ne lâche rien.

Un mental d’acier, elle ne lâche rien.

Au sommet le moment est au relachement

Au sommet le moment est au relâchement

Les ronces sont là pour rappeler le bon chemin

Les ronces sont là pour rappeler le bon chemin

Une équipe soudée et unie

Une équipe soudée et unie

Presque des sables mouvants

Presque des sables mouvants

Un passage délicat!

Un passage délicat!

Un dernier au revoir à la vallée perdue

Un dernier au revoir à la vallée perdue

Des Cols et des Ecoles suite et fin

16 octobre 2016
Au col de Roccapina

Au col de Roccapina

L’aventure des Cols et des Ecoles vient de s’achever mais quel bonheur cette « pédalerie » partagée. Depuis Zicavo nous avons glissé sur Ajaccio en grimpant tout de même le col de Granaccia, personne n’a grincé des dents, l’effort était notre allié, alors le dénivelé ne posait plus aucun problème. Au bas du col St Georges, Xavier-Pierre Lovizi journaliste pour FR3 Corse Via Stella, rejoignait le peloton. Une caméra pour fixer l’effort, un reportage pour passer ce message si important : un bout en moins, certes, mais une force en plus. La ville la plus continentale de Corse nous offrait l’étape, bouchon, pollution, mais la troupe ne s’en souciait pas, la soirée devait nous apporter des invités de marque. Thierry, l’homme dauphin et son épouse se fondaient au groupe mais une surprise prenait forme, nous allions « enlever » pour une soirée, Jean-Gérard de son centre médicalisé. Privé de ses jambes depuis sa naissance, Bout de vie ne l’oublie pas, une projection privée lui sera offerte. Dume, bien en forme, nous fera rire toute la soirée. Mais il faut encore pédaler pour rejoindre le golfe du Valinco. Après une sortie sur la pointe de la prothèse de la fourmilière urbaine nous retrouvons enfin la paix des routes désertes, mais quand on dit Corse, on dit aussi dénivelé, alors le nez en l’air, pour moins subir l’effort, nous moulinons sur nos machines, au bout du compte une arrivée triomphale à Propriano nous récompense. Cette fois ce seront les 4éme du collège Jean Nicoli qui sont impliqués, Dume est le chef d’orchestre, ce sera un ode à la vie, chaque « pédaleur » prendra aussi la parole, le temps semble s’évaporer et la sonnerie de fin de cours, libère les gamins qui ont dû certainement comprendre des choses sur la différence. Avant le dîner nous décidons de nous plonger dans les bains chauds de Baracci, une détente bien méritée qui médusera les quelques clients sur zone, cela ne passe pas inaperçu une équipe d’unijambiste en goguette ! Malgré les médisants aucune pluie n’a effleuré le groupe, la chance sourit au plus méritant, non ? En route pour l’Extrême Sud, c’est vendredi, le tour en arrive à la fin. Les copains devaient nous rejoindre mais aucun n’était au départ, peur de la météo, nous on est vivant alors ces détails nous importent peu ! L’étape passe par Campomoro, la route est déserte, la joie est au bout du guidon, nous savons que ce sont nos derniers kilomètres, alors nous les dégustons. Le déluge s’abat au sud au nord mais jamais sur nous, quand nos anges gardiens veulent, ils sont quand même incroyables ! La « pédalerie » nous porte au beau village de Monaccia, deux copains plus téméraires feront les derniers kilomètres en notre compagnie. A peine les vélos rangés et les casse-croûtes en mains à l’abri, une pluie de grêles se déverse sur l’asphalte, on confirme en cœur, le team Bout de vie a depuis la première heure la « baraka » ! Cette fois ce sont des primaires qui nous accueillent, au milieu d’eux la petite Romane, atteinte d’une maladie rare est en fauteuil, au milieu de ses camarades plus chanceux, elle écoute avec attention les récits de notre Dumé. Voilà le tour est terminé, 300km en 5 jours avec quelques milliers de mètres de dénivelé positif et négatif, des centaines d’enfants rencontrés qui, nous l’espérons, seront devenir eux aussi alchimistes en transformant les malheurs en défi. Les rêves ne tombent pas du ciel, il faut aller les chercher bien loin au fond de ses tripes, au fond de son cœur. Ce n’est pas la gloire ou l’argent qui en sont les moteurs mais cette force intarissable qu’a tout en chacun si l’on sait avancer sans jamais se retourner.

Le meilleur livre au monde est un livre fermé ! En effet le meilleur livre est composé de page blanche et c’est à nous à en écrire sa propre légende…

Si cette semaine est une sorte de croisade en vélo il aura fallu des soutiens, il est temps de les remercier. Fondation d’Entreprise Française des Jeux avec Dalila Helimi, Stéphanie Caillet et leur directeur général Charles Lantieri. Corse-Matin avec Nadia Amar et Cathy Terrazzoni, France Bleu RCFM avec le directeur des programmes Olivier Balbinot, Joëlle Orabona et Jean-Michel Fraticelli et FR3 Corse Via Stella avec Xavier Pierlovisi et Laurent Vincensini. Un grand merci à ceux qui ont eu le courage de pédaler avec nous, aux hôtels qui nous ont reçus comme des VIP (Very invalide pédalant), aux encouragements sur la route et à vous chers lecteurs, qui nous avez supporté par l’esprit.

On vous embrasse et on vous dit à pluche !

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Jean-Luc qui n'a rien lâché malgré son statut de "débutant" en vélo, chapeau l'artiste...

Jean-Luc qui n’a rien lâché malgré son statut de « débutant » en vélo, chapeau l’artiste…

 

Le bout en train de la bande...

Le bout en train de la bande…

Jérôme le charmeur de la bande, la force tranquille.

Jérôme le charmeur de la bande, la force tranquille.

Solide et solidaire

Solide et solidaire

Steve et Karin , en plein plan tactique, ne rien lâcher...

Steve et Karin , en plein plan tactique, ne rien lâcher…

En noir, notre body-guard, photographe, chauffeur... Patrick

En noir, notre body-guard, photographe, chauffeur… Patrick

Mais bien sur Jo Zef la mascotte était là...

Mais bien sur Jo Zef la mascotte était là…

L'Equipe 2016

L’Equipe 2016

Des cols et des Ecoles dans les médias

13 octobre 2016

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Lien du JT Via Stella FR3 Corse de 20h d’hier soir à partir de la minute 18’45+-

 

 

En Alta-Rocca Des cols et des Ecoles

11 octobre 2016
Une partie de l'équipe.

Une partie de l’équipe.

Les 4éme édition de l’opération Des Cols et des Ecoles, avec le soutien de la Fondation d’Entreprise Française des Jeux, peuvent enfin être officiellement déclarés ouverte. Le départ se fait tout doux depuis Pianottoli, au fil du parcours, à la façon Forest Gump, des cyclistes nous rejoignent, le col de l’Ospédale nous barre la route, les organismes vont de suite être au courant du programme de la semaine. Jean-Luc vient de se mettre depuis peu au vélo et malgré son amputation fémorale, qui ne lui permet pas le port de la prothèse, il attaque sans relâche. La mixité du peloton est assez géniale, puisque pour certain ils découvrent la « différence », le « hors norme ». J’entends en catimini, les questions : mais pourquoi certains ont des prothèses et d’autres pas. Vive la différence qui est là pour faire grandir et non fuir. Le col est classé en 2éme catégorie, mais la volonté du groupe, elle, est sans limite. Certains s’inquiètent de la météo, de nos efforts ; mais nous les « éclopés », avons d’autres préoccupations que ces « valido-souçis ». Perdre un bout de vie en plein élan d’existence, recadre l’essentiel du quotidien, alors nous pédalons la fleur au fusil laissant derrière nous le ciel gris des « tristus ». Au bout de 4h le petit village de Levie nous accueille ; je devrais dire le collège de l’Alta Rocca. Dominique Benassi, dit Dume, prend la parole, s’ensuivront mini-film et débat. Les élèves sont attentifs, ils observent, découvrent, acquiescent, c’est vrai, ce n’est pas si grave de perdre un morceau de soi, cela peut rendre plus fort, si l’on s’en donne les moyens .Mais ne croyez pas que l’on va s’arrêter là, l’association de José Pietri Livia Via, nous accueille toujours aussi chaleureusement, un film et un magnifique échange qui nous mènera dans une auberge au coin du feu pour conclure cette journée en beauté…                                                                                                                                                              Ce matin transpire comme un air boréal, pluie fine, brouillard nous enveloppe, les muscles sont froids, les moignons ne veulent pas en rester là, il leur faut du paysage, du dénivelé, du vent. Alors nous roulons le sourire accroché au visage, la route est déserte, les cochons monopolisent l’asphalte, Aulléne avec un arrêt café et le col de la Vacchia pour rejoindre Zicavo, l’étape est merveilleusement automnale. Nous arrivons pile poil « d’ours » au moment du déjeuner pour les primaires qui nous attendent, la charmante maitresse nous permet de poser notre glacière avec eux. Depuis 3 ans nous passons les voir, ils sont presque plus impatients de voir la mascotte Jo Zef que nos bouts en moins. Dume est en forme, les enfants aussi, l’échange est magnifique, le « 4 heures » sucré ravi tout le monde. A ceux qui chouinent, à ceux qui doutent, aux dépressifs, aux grincheux, aux virtuels, aux « autres » en somme, coupez vous une jambe, et vous trouverez très certainement la vie meilleur. Demain nous glisseront vers Ajaccio pour d’autres aventures. A pluche et que Dieu vous prothèse.

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Des 25éme Ecrans de l’aventure à Des cols et des Ecoles…

9 octobre 2016
L'équipe de Frères de sport. Peut-être un jour un bêtisier!

L’équipe de Frères de sport. Peut-être un jour un bêtisier!

Le rideau est tombé sur les 25éme Ecrans de l’aventure et à notre grande joie le Prix Ushuaia TV a été attribué à Frères de sport scuba diving. L’équipe est récompensée pour ce documentaire réalisé par de grands professionnels. Merci Bixente, David et René, cela restera gravé dans nos têtes et nos coeurs pour longtemps.

Mais je n’ai pas le temps de me reposer sur ces lauriers, l’opération Des Cols et des Ecoles est en voie de préparation. Des copains amputés qui vont traverser la Corse du sud en vélo pour aller rencontrer les scolaires et leur causer de la différence, çà, c’est le programme de la semaine. Cette année l’animateur sera Dumé, mon compagnon de rame. Les étapes matinales seront lundi 10 octobre Pianottoli-Levie par le col de l’Ospédale, rencontre des collégiens avec un film sur les 15 titres de champion du monde de triathlon de Sir Benassi et le soir avec l’association de José Pietri Livia Via.

Le mardi matin 11octobre nous rejoindrons Levie pour Zicavo par le col de la Vacca avec la rencontre des primaires du village, Dume leur a préparé un sacré cocktail sur la différence…

Pour suivre cette belle semaine de partage, chaque soir je tenterai de rédiger un journal de bord avec les plus beaux clichés de la journée. Dans le groupe Facebook Bout de vie le déroulé de la journée vous sera offert… A pluche et yakapédaler !

Une partie de l'équipe, déjà en forme...

Une partie de l’équipe, déjà en forme…