Ecole de Zicavo

13 octobre 2015
Intrigue et différence

Intrigue et différence

Après une bonne nuit de récupération, nous voilà à pied d’œuvre, si j’ose dire, jeu de mots d’unijambiste en goguette.  Ce sera l’étape la plus costaud, Propriano-Zicavo par le col de Celaccia pour basculer sur Petreto puis la route sauvage de Moca Croce. En deux mots, de beaux murs à gravir. Le temps est incertain diraient les tristus mais quoiqu’il en soit nous sommes hyper motivés pour « bouffer » du dénivelé.  Ca monte en cadence, la joie est notre coach mental, la pluie semble vouloir se joindre au peloton mais vu, le manque d’importance que nous lui accordons, elle ose à peine effleurer nos jambes de bois ! Un morceau de l’étape est digne de l’enfer du Nord, les pavés du Paris-Roubaix n’ont rien à envier à cette départementale certainement rayée de la carte de la DDE !  Mais là aussi nous encaissons avec philosophie les trous qui secouent nos moignons. Après un peu plus de 3 heures nous passons la ligne d’arrivée du jour. Sous un châtaigné certainement centenaire nous dévorons nos taboulés en évitant de justesse une pluie de bogues prêtent à la récolte. Mais nous ne sommes pas là pour du tourisme, l’école primaire nous attend. La nouvelle institutrice Stéphanie ne nous connait pas mais les enfants eux, pour la plupart ont eu droit à deux passages d’un certain aventurier à cloche pied. Le thème est l’expédition Niviarsiaq au Groenland, alors au fil des photos le Grand Nord envahit la classe. Deux heures après et toute une longue de série de questions pertinentes, le moment tant attendu enfin arrive. Une table remplie de gâteaux est dressée en plein milieu de la cour. La mascotte devient le chef de bande et entre un brownie au chocolat et autres friandises nous disons au revoir aux enfants en leur promettant de leur amener mon prochain film. Demain yakapedaler.

Rien ne nous arrête.

Rien ne nous arrête.

Quand l'effort est partagé.

Quand l'effort est partagé.

Au revoir Nils Holgersson, dis aux oies que je reviendrai, promis !

24 août 2012

Une étrange ressemblance, vous ne trouvez-pas?

Une étrange ressemblance, vous ne trouvez-pas?

La légende de ce petit garçon, parti avec les oies découvrir son pays la Suède, est inconsciemment la genèse du raid que je réalise Arcticorsica. Déjà plus de deux mois que je suis dans cette grande contrée, deux mois que je rêve les yeux ouverts. On m’avait promis mauvais accueil j’ai été reçu comme un frère ou un fils, je me doutais de sa beauté et j’en suis encore sous le charme. Ce matin je démonte mon bivouac, je ne suis pas sûr, mais je pense que c’est la dernière fois que je le ferai sur la terre de Scanie. Je reprends la route, je dois retrouver la nationale 108 qui me mènera à Trelleborg. Les voies rapides ici sont des coupes gorges à cyclistes, je tente de bien rester sur ma droite mais je sens les poids lourds me frôler, le seul reproche que je peux faire à la Suède c’est leurs routes du sud, de vraies roulettes russes. 10 km de frayeur, je roule cap au sud. Le Danemark est rejoint par un pont immense et les îles qui s’en suivent ne sont que des morceaux d’autoroutes interdites aux vélos. La seule solution le ferry. Après 50 bornes me voilà en train de pédaler dans le port de commerce le plus sud de Scandinavie. Le comptoir de la compagnie est vide, une dame me voit débarquer avec tout mon barda et comprend que j’arrive de loin. Elle est chaleureuse avec moi, mon voyage l’intéresse son mari est journaliste, elle lui en touchera deux mots, elle me prend une photo. Il est à peine 9h, elle me demande à quelle heure je veux partir ? Le premier s’il y a de la place. Ok il part dans 40’ !!! Incroyable, quelle coïncidence, moi qui croyais encore devoir patienter je ne sais combien d’heures voir de jour, me voilà sur un beau ferry pour une courte croisière qui me mènera en Allemagne. Le port s’éloigne, la Suède va devenir un souvenir, j’y ai souffert, j’y ai douté, pleuré mais qu’est ce que ce pays m’a envouté et appris. Les gens sont comme j’aime, rudes, directs et sincères. Pas de blablas, de causeries inutiles. Quand j’étais plus jeune j’avais une phrase qui irritait les latins, je te regardais droit dans les yeux et balançais : Parle utile ! Ici c’est le cas, la rudesse de l’hiver a rendu les gens dégourdis, proche de la nature. En deux mois à leur coté j’ai compris combien ils savaient apprécier le moment présent sans les futilités que développent la facilité des régions du soleil. Encore un clin d’œil de la vie le ferry s’appelle Nils Holgersson, une manière de boucler la boucle. Le voyage est loin d’être fini, j’en ai fait 3000, il m’en reste 2000 !  J’aurais mis 64 jours pour rallier le point le plus nord au point le plus sud de la Scandinavie, je n’arrive pas à y croire le départ de Slettnes me semble tellement loin. Un gros morceau m’attend, l’Europe continentale, je vais tenter d’avancer au mieux et de mettre en application tout ce que j’ai déjà appris… Mais vivons le moment présent. Merci à toutes les personnes qui sans me connaître m’ont apportées confiance, chaleur, soutien et amitié, tack så mycket. I’m a free man.

A pluche !