Désormais une étoile porte le nom de Laura…

17 mai 2011
La vie est une île où certaines tempêtes sont fatales...

La vie est une île où certaines tempêtes sont fatales...

La vie est injuste, c’est par moment une bien triste réalité. Les guerres et autres croisades sont du manque de tolérance des hommes qui aiment le bruit des bottes… Si l’homme meurt arme au poing,  je ne vais pas pleurer, nous sommes responsables de nos actes…

Mais, quand des enfants sont grignotés par la maladie, une sensation d’injustice nous envahit, nous étouffe. L’association Courir ensemble de Genève s’occupe de gamins atteints de cancer, chaque été ils viennent dans la région de Bonifacio et j’avais eu le bonheur de partager un bout de vie avec eux. Je n’ai jamais entendu de plainte ou de vindicte envers la maladie ou qui que ce soit, bien au contraire. J’ai le souvenir que de rires et de fraternité et bien des adultes devraient en prendre de la graine.

Ce matin Laura est allée rejoindre les étoiles et de là haut elle veillera sur ses petits frères et sœurs de maladie…

On ne doit ni pleurer, ni protester, le jour viendra pour tous et il est trop irrationnel de vouloir en donner une raison, ce n’est, ni bien, ni mal, c’est comme ça ! Quand j’entends qu’un ancien nazi, est toujours en vie, presque centenaire, j’ai du mal à me contenir, mais il faut se forcer à ne pas vouloir donner de raison à la mort qui veille sur nous tous, elle n’est pas là pour nous punir…

On naît pour mourir…

Pensée caline et saline…

12 mai 2011
Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...

Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...


Ca va ça vient…

La guerre, la paix. La vie, la mort. La rencontre, la séparation. La pluie le beau temps. La blessure, la guérison.

Mon havre de paix est cette solitude qui m’apaise et me donne tellement d’énergie si mystérieuse pour certains. Je ne dis pas, je fais, pas d’utopie que des rêves réalisés. Ne pas ressembler à quelqu’un ou à quelques histoires je taille ma route, certes à cloche pied, mais ce sentier est de mon invention. Parsemé, de souffrance, de trahison, de rencontres aussi ; d’amour, de sourire et surtout de partage.

Le vent ici me raconte tellement d’histoires, la mer me donne toute sa force, le soleil son énergie, la nuit m’ôte mes doutes, l’orage me prépare au pire.

Oh non mourir ne me fait depuis longtemps plus peur. Souffrir non plus !

Ce bref passage sur terre ne doit pas être gaspillé, vivre pleinement de tous ses sens.

Le soir j’adore faire le silence et écouter la profondeur de la nuit.  Elle répond à toutes mes questions et c’est grâce à elle que je suis devenu non pas plus fort mais un homme à part entière car je n’ai plus peur de moi même…

Femme de mer…

18 avril 2011

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Depuis quelques nuits je suis plongé dans la lecture d’une biographie d’une sacrée femme Ellen Mac Arthur, marin hors norme qui a déverrouillé pas mal de record à la voile autour du globe, aussi bien en équipage qu’en solitaire. Etrange sensation de découvrir un bout de ma vie ! Non rien à voir avec les records ou autre mais plutôt avec cette jeune femme que je vais vous conter comme une belle histoire salée

Il y a une vingtaine d’années, j’étais en train de prendre une voie nouvelle, mais ce choix me perturbait. Peut-on vivre différemment ? Au bras d’une belle « pépé », j’étais à l’arrivée d’une course de grands voiliers en Sardaigne, dans cette réunion de bateaux des plus élégants les uns que les autres, l’un d’eux m’ avait subjugué, le skipper était une capitaine. Un ketch de 28 mètres manœuvré par une jolie jeune femme ! L’accostage s’effectuait sans aide extérieure, uniquement en jouant avec les voiles, sur ce type d’unité le moteur n’a pas sa place. Devant des centaines de spectateurs médusés, la mise à quai spectaculaire lui avait valut une bronca d’applaudissements. Vu le nombre de télés et journalistes présents je me doutais que le marin en jupon devait être connue et reconnue.

Ma « cops » de l’époque avait peut-être eu de l’intuition en me lançant : « Voilà la compagne qu’il te faudrait ! »

Me dégageant peu élégamment de mes obligations de fiancé je me retrouvais engagé quelques mois plus tard comme plongeur sécu sur la plus grosse réunion de voiliers de Méditerranée, la Nioulargue de St-Tropez. 700 bateaux de toutes sortes sur l’eau, c’était un spectacle époustouflant. Je partageais le bord d’un très proche ami et pour nous faire un peu remarquer, puisque notre place était à coté de la vedette des gendarmes, nous avions planté un petit drapeau corse de plusieurs mètres carrés. La musique insulaire engagée, couvrait le brouhaha du port.

Tous les soirs c’était un défilé d’invités surprises, tout le monde voulait trinquer avec les Corses. Alors que je m’attelais à faire des crêpes, déjà adepte à l’époque, pour nos nouveaux amis, un groupe de marins nous souriaient. Je mettais un moment à comprendre que l’équipage n’était composé que de filles !!! Libre comme le vent nous les convions à partager nos galettes (Jo Zef s’est évanoui). Mais là, une surprise de taille m’attendait, le chef était la fille que j’avais vu manœuvrer en Sardaigne. J’en perdais mes moyens. Elles trouvaient la Corse et ses habitants merveilleux et moi je me vidais de toute initiative.

Devant moi, j’avais un grand marin et malgré ses grands yeux verts je n’y voyais que des couleurs d’océans conquis. Pendant la semaine quand des photographes rejoignaient notre bord ils recevaient mon ordre de mitrailler la skippeuse rien que pour moi ! En fin de journée j’essayais toujours de me trouver à l’accostage. Le dernier soir était cocktail, elle m’invitait à bord, je ne savais plus quoi dire, je serrais la main de plein de marins qui avaient écrit les livres de bord du Cabochard, amis, je peux vous dire que quand Mr Éric Tabarly entamait une brève conversation avec moi j’étais persuadé que j’allais me réveiller.

Le matin de son départ le Noroit et le crachin rendait l’aurore glauque, elle me remettait un papier avec ses coordonnées chez ses parents, puisque, nomade sans domicile fixe, elle aussi. Elle me promettait de me retrouver un jour. « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme », disait Renaud, mais là c’était un marin qui avait fait flanché pour un autre marin !

Un mois après, alors que je bricolais sur mon bateau un gars de la capitainerie venait m’amener un message bref. « Suis entre deux courses et voudrait te rencontrer avec ton Cabochard … »

Élue deux fois d’affilé marin de l’année dans son pays, son parcours était époustouflant, des grandes courses gagnées devant les ténors de l’époque alors que de ses 1,60mts pour 50 kilos elle semblait si frêle.2éme Quebec- St Malo en solitaire; 1ére tour d’Europe en équipage (Que des filles à bord et non des moindres, les plus fortes de l’époque)

Les mois s’écoulèrent entre deux régates et deux convoyages ; elle m’apprenait le métier de la voile en course. Après sa saison, elle se devait de ramener des bateaux aux quatre coins des mers et m’engageait comme matelot. Je lui rabâchais qu’à part quelques courses gamin, je ne comprenais pas grand-chose aux bateaux à ficelle, mais elle ne démordait pas et me donnait toute les tâches les plus difficiles. Des anecdotes j’en aurais de quoi faire un livre mais l’une de mes préférées est celle-ci :

Nous devions ramener, un « truc » en carbone qui avec un pet de vent, part comme une Formule1.Tirer des bords dans le fond d’un golfe doit être amusant avec ce gadget, mais traverser une Méditerranée hivernale allait s’avérer un parcours du combattant. La météo ne me plaisait pas du tout, du Nord-Est 20 à 30 nœuds avec des orages. Des vivres pour une semaine et nous voilà partis sur une mer d’encre. Le baro de bord effectuait une chute libre et le ciel prenait une couleur de mort, prévoyant le coup je préparais une grosse plâtrée de pâtes, car je me doutais bien que la nuit allait être longue et  très éprouvante. Trois ris et nous volions sur l’eau, impossible de rester plus de 15 secondes le cul collé au siège baquet, à l’intérieur le bruit était dément, on aurait dit que des hommes frappaient la coque avec des poutres. Notre allure ne baissait pas, entre 16 et 20 nœuds, nous avions dû mettre des masque de plongée pour ne plus avoir les yeux brulés par le sel. Un orage d’une violence rare s’abattait sur nous et il nous fallait affaler pour envoyer le tourmentin, mais quelque chose coinçait !!! MERDE ! La jeune femme, en deux temps trois mouvements me donnait les directives : «Je vais grimper en milieu de mat et tu dois maintenir le bateau dans cette gîte bien précise, ni plus, ni moins. » Je ne pouvais plus avaler ma salive, une erreur et ma dulcinée partait au bain éternel. Pendant 16 minutes, 16 longues minutes elle bataillait comme un pantin sur une branche secouée par des démons pour débrouiller l’affaire… Finalement 70 heures après nous amarrions sans casse le voilier à sa place…

Mais comme tous les gens de mer nous avions de forts caractères, sa vie était la compétition, la mienne le vagabondage… Sans trop se perdre de vue par la presse spécialisée j’ai toujours suivi son parcours et un jour dans mon courrier je recevais un livre. Dumé qui était à côté de moi ce jour là ne comprenait pas qu’est ce qu’il m’arrivait, mes yeux s’embuaient car le prologue de sa biographie était consacré à notre bout de vie en commun bref, mais fort.

Pendant ma traversée à la rame Véro avait retrouvé son contact et je ne saurai jamais ce qui c’est dit mais ce qui est sûr c’est qu’elle avait rassuré ma « Vrai » en lui disant que même dans la débâcle que connaissait notre course (14 abandons dûs à la tempête tropicale Omega) j’aurais la force de ramener à bon port la yole et son équipe…

Voilà chers amis, le beau livre D’Ellen MacArthur « Les pieds sur terre » a fait ressurgir une rencontre qui m’a permis de m’affirmer pour le restant de mes jours…

Il y a ceux qui vivent, ceux qui meurent et ceux qui naviguent…

Pensée printaniére…

7 avril 2011

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Le printemps a déjà une saveur estivale, les moutons sont prêts pour la tonte, les salades du maquis abondent, l’ail sauvage embaume, la Corse exulte.

Ce matin un brouillard épais emmitoufle mon petit bateau, résultat d’une mer encore froide  avec des températures très chaudes pour la saison, manie citadine, tique urbain, à défaut de télé j’allume la radio ! Charnier découvert en Côte d’Ivoire, Libye en pleine guerre civile et la pub des fameux régimes de printemps. Je me précipite pour couper la boîte à vocifération, on parle de faire maigrir les gros alors que la moitié de la planète crève de faim. Un sentiment d’injustice me fait rager, un budget pour maigrir, une main tendue pour un bol de riz…

Un abysse nous sépare, l’été dernier en Amérique du nord je découvrais une pub qui rappelait aux américains qu’ils étaient un peuple fort et devaient avoir de la volonté pour relever le pays qui tombait dans un laxisme déroutant !!! Je restais abasourdi d’une telle propagande.

La vielle Europe est en train d’en prendre le chemin, tout le monde revendique le cul assis sur une chaise,  le monde exige en prenant sa voiture pour 500 mètres. Les pubs sont le reflet de ce que notre société est. Devenez mince sans effort, soyez célèbre en un claquement de doigts, obtenez la richesse en grattant le bon ticket ???

L’effort quotidien est aboli, l’école de la volonté est en prison pour perpétuité, les mecs comme moi, dérangeons, et c’est très bien ainsi. Tous les jours, sont des cadeaux de la vie et je trouve que beaucoup l’ont oublié. L’abondance est vicieuse car elle amène dans son cortège, faiblesse, oisiveté et laxisme. L’effort et l’autoréflexion sont les deux moteurs pour grandir. Souvent avec une pointe d’humour un peu tordue on me dit que j’ai la belle vie ! Seuls quelques proches connaissent le prix d’efforts quotidiens que je m’impose pour en arriver là. Dans beaucoup de contrée l’eau est à plusieurs heures de marche du domicile, les récoltes qui nourriront la famille dépendent des Dieux des vents, des pluies. Et si elle n’est pas bonne les plus faibles s’éteindront. Chez nous chaque « urinerie »  : 6 litres d’eau potable partis dans les égouts, de quoi faire boire 6 personnes. Tout le monde parle du risque de catastrophe nucléaire, que faisons-nous dans notre quotidien pour l’empêcher ? Baisser son chauffage, supprimer son congélateur, réduire les éclairages des villes… Oui j’ouvre encore ma gueule mais je ne peux m’en empêcher.

Pour dernière estocade, le monde du handicap en occident est tout autant morose, nos prothèses sont des plus fiables et leurs techniques sont en constante progression et malgré cela j’observe des torrents de plaintes sur le sujet. Prenez un sac à dos et voyagez, amputés avec des moignons indescriptibles qui n’auront jamais la moindre chance d’avoir un bout de bambou en guise de jambe de bois qui se débrouillent tant bien que mal pour avancer car ils n’ont pas le choix… A chaque retour j’apprécie le pays qui a vu ma naissance, mais atterré par pas mal de gens qui y vivent et sont aveugles dans leur cocon de soie.

J’ai quelques amis voyageurs, pas en avion ou paquebot, non de vrais poètes errants. Des nomades qui partent à pied, autostop, vélo et qui parcourent le monde avec aucun, voire, peu de moyen. Leur retour en Europe est toujours aussi violent, le pays est merveilleux mais plus personne ne le voit.

Je vous conseille quelques lectures intéressantes de copains voyageurs.

Sylvain Tesson : Petit traité sur l’immensité du monde, édition Pocket.

Philippe Sauve : Sibéria, édition Les presses de la renaissance

Mathilde et Edouard Cortés : Un chemin de promesses, édition XO

Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt

Enfant de Gaia…

22 mars 2011

Oser le plongeon d'une vie nouvelle...

Oser le plongeon d'une vie nouvelle...

Gaia divinité qui enfanta les mers, les océans, les montagnes… Invention des hommes craignant la mort et la souffrance. Dans son ventre elle avait aussi des monstres et des titans.

Vous, moi, eux sommes les enfants de Gaia, la souffrance et la mort nous effraient et pour cause.

La grande famille Bout de vie rassemble les blessés de la vie, chaque semaine la famille s’agrandit et il en sera ainsi pour toujours. Se retrouver avec un ou plusieurs bouts en moins est une épreuve de taille à surmonter. Pour les plus chanceux les proches sont là, pour les moins chanceux la solitude sera compagne de chambrée. Mais dans tout cela il y a quelque chose de sournois qui nous rassemble. Les proches ne peuvent pas comprendre ! Attention n’y voyez pas une attaque, ou une offense. Se retrouver mutilé est une injustice colossale, que ni l’amour, ni les mots ne pourront atténuer. La seule lueur d’espoir est de rencontrer des gens comme soi. Dans ma convalescence, mon moral était en dent de scie, en haut en bas. Une épreuve pour moi, mais aussi pour mon clan. Je ne supportais plus les : « Tu es courageux et puis tu es un héros maintenant » Une belle jambe de bois, les décorations et l’habit de héros de la nation…

Quelques mois de greffe en greffe et puis le centre de rééducation, le moral au fond de l’emboîture et une injustice grandissante. Qui s’approchait de moi, y laissait des plumes. Un prothésiste m’appareillait avec un truc immonde, moitié en plâtre, moitié en bois !  Et dire qu’on m’avait promis que j’aurais une sorte de vraie jambe !  La personne qui s’occupait de moi me harcelait sur ma manière boiteuse de marcher, jusqu’au jour où j’allais lui faire un truc qui fait mal ; c’est alors qu’il leva son pantalon pour me dévoiler sa prothèse…

De ce jour je compris et me sentis moins seul…

Bien-sûr chacun le vit différemment et la chose la plus importante est de faire un pas après l’autre. La rage et l’envie furieuse de hurler est normale. Gérer, comme l’alpiniste qui attaque la face Nord de la montagne la plus haute du monde. Il ne pense pas au sommet, mais à chaque pas qui va le conduire au toit du monde. Bien-sûr, il y a un objectif, mais il faut penser au présent. Combien de fois en sauvetage en mer au lieu de me précipiter sur mon embarcation, je me calmais, je mangeais, je prévoyais tout doucement la dangerosité de l’intervention pour finalement arriver sur zone à 100 % de mes possibilités.

Être amputé est une épreuve qui doit être vaincue doucement, trop d’éclat au départ et la chute fait encore plus mal. L’injustice par moment est une douleur quasiment physique : Ce foutu « pourquoi moi » revient sans cesse. Le grand Jacques chantait : « L’homme n’oublie pas, il s’habitue c’est tout… ».

Vous souffrez et seul vous, savez à quel point, je ne peux pas grand-chose à votre place. La solution est au fond de vous. Se foutre en l’air ? Pourquoi pas, mais entre vous et moi je trouve que c’est dommage. La vie est tellement pleine d’imprévue que le suicide n’est pas la panacée. Les drogues ? Déjà que nous avons un truc assez balèze à gérer en plus il faudra surmonter ce monstre immonde ! Une autre solution et celle-là, je la trouve sympa, c’est tourner la page. OK, je vous entends dire facile à dire moins à faire. Un pas après l’autre. Sur mes expéditions tous les jours pendant une minute je crie, non, je hurle… Une manière d’évacuer le stress. Technique que j’ai appris à l’hosto.

Je ne vais pas vous tenir la prothèse trop longtemps, mais sachez en tous les cas que vous n’êtes pas seul et dés que vous en aurez envie, un grand frère est là pour vous botter le cul et avec une lame en carbone ça fait mal !!!!

PS : Vous savez que j’aime bien finir par des citations, alors j’ai ressorti un vieux cahier où pendant des années j’ai griffonné des mots de maux, celui-ci est de circonstance.

« Une porte ne peut être ouverte, poussée, fracturée que seulement si elle existe… »