Temps de vivre…

3 novembre 2019

Tour de Caldarello cliché de ce matin retravaillé.

Certains ont la montre, toi tu as le temps…

C’est ce que j’ai reçu ce matin par texto, en remerciement de l’écriture de mon dernier livre : Carnet de voyage d’un homme libre.

Jour des défunts, jours des morts et il parait, journée de la gentillesse ! Dehors c’est enfin l’automne, orage violent, pluie, tonnerre, la vie au ralenti peut reprendre ses esprits. Le temps va enfin s’écouler sans bruit, sans paraître, sans accélération.  J’ai rougi en recevant ce message, mais tout compte fait, cela est bien vrai. J’ai appris du temps, pour prendre mon temps.

 La liberté n’a pas d’agenda, la mort se moquera de nos rendez-vous essentiels. La souffrance et les drames viennent toujours à l’improviste, riches, pauvres, grands, petits, célèbres, inconnus, ils se moquent de nos émotions, alors prenons le temps.

Cloué sur mon lit d’hôpital, ma seule survie était le souvenir, mon présent était souffrance et mon avenir définitivement foutu. Le temps s’installait, il me paraissait interminable, chaque seconde semblait une heure, une journée un siècle… On aurait dit que je l’avais pressenti, avant mon amputation je n’avais jamais le temps de m’arrêter, une vraie machine infatigable, le lit était un objet bizarre qui me permettait de m’étendre que quelques heures, mais vraiment pas plus. Jamais je n’aurais imaginé rester allongé des semaines, des mois, à regarder passer le temps. Sylvain Tesson dit : le silence c’est le bruit du temps qui passe.

Il n’y a pas de mauvais ou de beau temps, il n’y a pas de bon temps aussi. Le temps est l’instant présent.

Prendre le temps c’est oser. Prendre le temps c’est une philosophie de vie, un arrêt sur image. On entend en boucle je n’ai pas le temps, alors qu’il est là, impondérable, immuable, nous ne sommes que son passager, le temps d’une courte vie.  Les pensées, les lieux, les personnes, les métiers parasites, le rangent aux oubliettes. On griffonne sur un post-it, une ardoise, sur un écran, ce que l’on doit faire sans prendre le temps. Le lapin d’Alice au pays des merveilles court après le temps. Le conte de Lewis Carrol ne dit pas si un jour son personnage a réussi à stopper le temps. Dans chacune de mes expéditions la météo m’a cloué dans ma tente, mon abri. Je pouvais prendre le temps. L’extérieur ne pouvait plus me polluer, m’interpeler, me transmettre l’info qui ne sert à rien. Un sac de couchage, un peu de nourriture et le temps prenait son sens. Je me souviens de cette traversée polaire, nous n’avions plus de nourriture, nous étions amaigris et l’hélico qui devait nous récupérer sur la calotte était cloué au sol pour cause de mauvais temps. Avec mon binôme, nous explosions de joie, nous avions du temps pour nous. Le temps d’écouter le silence de la glace, du vent dans les haubans de la tente. Le grand marin, Bernard Moitessier fait partie de ses peu d’hommes qui m’ont fait rêver. Dans ses écrits, le temps est assis à ses côtés tout au long de sa longue route. Dans sa course en solitaire à la voile autour du monde, il avait renoncé à son sacrement de vainqueur et poursuivit contre toute attente, son périple autour du globe. Il avait planté en moi sans le savoir cette graine de liberté. Car oui, prendre le temps c’est être libre. Libre de penser, libre de devenir.

 Etre plutôt que paraître.

Du Camp des Solitudes…

8 septembre 2019

 

Le camp des Solitudes. Ce petit bout de maquis si isolé, que je n’y ai jamais vu personne, sauf mes hôtes et ils sont rares.  C’est là où je dis au revoir à mes amis les « anges gardiens », quand je pars pour longtemps barouder au bout du monde. C’est là encore où je reviens en premier leur raconter comment étaient les qivitoqs qui ont bien joué avec un boiteux un poil têtu. Ici je me sens bien, apaisé, comme si plus rien ne pouvait m’atteindre. Il est situé à quelques kilomètres à vol d’oiseau, des plages encore sur fréquentées, du bruit, des choses qui à mes yeux n’ont pas leur place en bord de mer. Comme je ne peux rien changer, c’est moi qui transhume !  Déjà deux mois où je suis parti, deux petits mois pour partager, offrir un peu de liberté à ceux qui n’ont pas encore ma chance de réaliser leur rêve. Là-haut sur la terre du grand Nanoq, ils sont venus écouter le silence, comprendre un peu plus la beauté de la nature. Ne leur dites pas qu’ils sont courageux, ils vont se moquer de vous, c’est sur. Ils sont vivants et ça ils le savent.                                                                                                                                          Je repense à mes escapades solitaires puis à celle avec ma compagne, un vrai délice. Et puis ce fameux Mont Blanc, sans aucune préparation, avec une prothèse qui m’a laminé le moignon pendant 2 longs mois. J’ai réussi cette « put… » de traversée par les 3 monts sans que je comprenne encore maintenant comment j’ai pu faire. Mais voilà comme dirait Bastien : Mont-Blanc fait !!! MDR  

 Devant le feu ce soir j’ai le temps de repenser, de dérouler le film de cet été polaire, j’imagine comment décrire au mieux les paysages boréaux pour ceux qui ne connaîtront jamais le Groenland, à ceux qui se sont emprisonné dans une vie virtuelle. Je peux enfin écouter la radio et la comprendre, je peux surfer sur le net… Mon dieu, mais quel gâchis ! Tout se mélange, tout se contredit, les paradoxes s’entrechoquent ! Je critique le virtuel et j’écris un billet sur mon blog que pourra lire le terrien du bout du monde. Je fuis les écrans et j’anime une page Facebook, pour passer mes messages, mes humeurs, mes colères, mes joies. La perversité de la vie nous rend addict, nous emprisonne, mais j’ai encore la chance de pouvoir le gérer, de le ranger par moments au fond du coffre de mes contraintes. Le camp des solitudes me rattrape, ses anges gardiens aiment bien me bousculer, je redeviens le petit garçon perdu dans la forêt. Alors j’écris, je prends des notes et un malin plaisir à me moquer. Dans certains stages de survie, je passe par le camp des solitudes, mais je ne fais que l’effleurer, ici c’est trop personnel, trop mon « moi » pour le livrer. Une nuit et hop il me faut vite le libérer. J’ai essayé d’y amener du monde pendant plusieurs jours mais je me suis senti pris au piège d’un partage impossible. Ce coin je l’ai sué, j’y ai versé mon sang à plusieurs reprises, les blablas, le bruit des pas des autres m’est difficile à encaisser. Ce soir je crois l’avoir compris vraiment. Oui ici c’est une partie de mon âme, je n’aime pas qu’on se l’approprie, pourtant c’est moi qui les ai amené, c’est moi qui ai essayé de leur transmettre ma vibration. J’y ai vécu plusieurs mois d’affilée seul pour écrire mon dernier bouquin « Carnet de voyage d’un homme libre », j’y ai beaucoup réfléchi, on me prend souvent pour un dingue. J’aime me qualifier d’ « extra-merrestre ».Ancien habitant de la mer, devenue trop fréquentée et qui a déménagé au fond d’une vallée perdue. Oui bien des choses ont changé, évolué depuis la découverte de ce petit coin de paradis. Ce soir la lune joue à cache-cache avec de gros nuages noirs, ce soir un petit feu me réchauffe, me reénergise, je me sens vidé, cuit juste envie d’être là parmi eux mes « anges-gardiens ». Envie d’être égoïste, envie de silence immense, envie de vie rustique, envie de m’endormir là au milieu de ceux que les autres appellent : lieu sauvage !

Deux jours sont passés, deux jours rien que pour moi. Chut c’est mon secret. Demain je repars pour transmettre par le biais des conférences, des films, des écrits. Je vais poster des messages sur les liens sociaux, accepter mais juste un peu, ceux qui me diront qu’ils savent ce que j’ai vécu, ceux qui croient connaitre mes secrets ?   Oui je ne vais pas me refaire, je suis un cabochard têtu comme une vieille mule corse mais paraît-il très attachant. Lisez mon dernier bouquin, de toute façon j’ai bien compris que cette histoire était devenue la vôtre…

Takuss.

 

La théorie du rat!

20 novembre 2015

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Après l’attentat de Charlie j’avais écris un billet au titre de : Jamais plus ça. Quelques mois plus tard le venin était de nouveau déversé. La haine a pris une excuse, la religion. Mais d’où peut-elle venir, comment des « gens » peuvent en arriver là ? Cette funeste réflexion m’a rappelé un texte qui traite de la hiérarchie des rats qui d’après les scientifiques est très proches des hommes ; je vous l’ ai retrouvé.

Pour mieux comprendre ce mécanisme de hiérarchie, Didier Desor plaça six rats exploiteurs ensemble. Ils se battirent toute la nuit. Au matin, ils avaient recréée les mêmes rôles. Deux exploiteurs, deux exploités, un souffre douleur, un autonome. Et on a obtenu encore le même résultat en réunissant six exploités dans une même cage, six autonomes, ou six souffre douleur.

Puis l’expérience a été reproduite avec une cage plus grande contenant deux cents individus. Ils se sont battus toute la nuit, le lendemain il y avait trois rats crucifiés dont les autres avaient arraché la peau. Moralité: plus la société est nombreuse plus la cruauté envers les souffre douleur augmente. Parallèlement, les exploiteurs de la cage des deux cents entretenaient une hiérarchie de lieutenants afin de répercuter leur autorité sans même qu’ils aient besoin de se donner le mal de terroriser les exploités.

Autre prolongation de cette recherche, les savants de Nancy ont ouvert par la suite les crânes et analysés les cerveaux. Or les plus stressés n’étaient ni les souffre-douleur, ni les exploités, mais les exploiteurs. Ils devaient affreusement craindre de perdre leur statut privilégié et d’être obligés d’aller un jour au travail.

Je ne suis ni scientifique ni chercheur en la matière mais je pense qu’il serait bon de faire un rapprochement avec cette expérience. Plus les gens souffrent ou ont souffert et plus à la moindre occasion ils tentent de s’emparer du « pouvoir ». Les grandes révolutions du monde l’ont prouvé, quand les monarques furent décapités les insurgés devenaient à leur tour des monstres, Robespierre, Danton, Panis et Marat en sont la preuve. En Yougoslavie à la chute de Tito les libérateurs se sont montrés démoniaques, en Libye idem et la liste est longue. Les peuples qui ont été oppressés sous les dictatures se métamorphosent en fanatiques et sans aucun signe tentent de frapper de manière des plus anarchiques et cruelles. Nous en payons les conséquences.Un autre fait marquant que personne ne relève: les pays touchés sont ceux qui vendent le plus d’armes, une balle est tirée dans notre pied et nous dansons ! Que faire ? Oh mes amis n’attendez pas que je trouve une solution mais mes yeux sont ouverts ainsi que mes sens, la guerre civile nous pend au bout du nez, car personne ne veut changer. Petit article passé inaperçu sur le journal Le Monde, en 2015 la France bat le record de vente d’armes, les pays clients ? La péninsule Arabique !!! Je ne suis d’aucun parti politique mais les 30 000 personnes en France qui travaillent dans ce secteur le savent, nous donnons le bâton pour nous faire battre. Je n’aurais jamais pu croire qu’aux 21éme siècle en France on puisse parler de couvre-feu dans certains quartiers et pourtant nous y sommes arrivés. Je suis de nature très optimiste mais sincèrement je ne suis pas certain que la situation aille en s’améliorant, les amalgames vont encore plus pourrir la situation, les imbéciles vont sortir leurs plus belles étoffes pour nous gratifier d’actes insupportables qui vont encore plus aggraver la situation. A l’habitude mes billets sont plutôt optimistes mais ce soir le vent d’Ouest ne pas réconforté sur notre devenir d’homme libre.

Pour conclure cette pensée de Sénèque: Si tu veux être heureux Etre un homme libre. Laisse les autres te mépriser.

PS: Si vous voulez vous exprimer allez y je ne vais rien censurer sauf les propos injurieux…

La St Silence…

23 juin 2014

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Le 21 juin est le jour le plus long de l’année dans l’hémisphère Nord, depuis la nuit des temps nos ancêtres ont su rendre hommage à la lumière bienfaitrice, mais un Vau d’or a envouté les innocents, que ma taquinerie passagère se plait à nommer les « moutons » ! 1 mai l’eternel muguet, St Valentin et son « bô » présent d’amour, Noël au cadeau revendu à la St Ebay, fête des voisins et sa réunion de palier festive, fêtes des pères, des mères et des grand-mères, j’ai oublié les anniversaires forcés, mariages ennuyeux, baptêmes sans conviction et communions pour le cadeau; pour finir de manière funeste le St Graal : les enterrements ! Ne venez pas au mien, je n’y serai pas moi-même !!! Oui je me moque, c’est ma manière de fêter le système perfide de la surconsommation et de la « moutonisation ». Je pense donc je suis, n’est pas de ma plume mais si je vous pique par ces mots c’est pour un simple rappel, devenons ce que nous sommes et nous ne faisons pas bouffer par les « autres ». En écoutant les infos je viens d’apprendre avec « joie » que bientôt trois couleurs criardes arboreront nos produits alimentaires ; trop salés, trop sucrés et trop « je ne sais plus ». Le GPS dans la voiture pour ne plus s’égarer, le panneau jaune de la prochaine auberge en randonnée montagne, il ne manque plus qu’une balise sur chaque écueil en mer et nous serons enfin certain de ne jamais sortir des clous !!! J’aime me perdre c’est toujours un bon moyen pour trouver un nouveau chemin, zut encore une de mes phrases, cabocharde, mais revenons à nos moutons. Mais quelle mouche m’a piqué cela ne me concerne pas, cela fait un moment que mon bout de chemin me mène dans mes propres réflexions, sans jamais me prendre pour quelqu’un d’autres. Mais je suis épaté de constater que quasiment personne ne tente de sortir de la fourmilière. La fête de la musique va saupoudrer les villes de bruits cacophoniques tout un week-end, les boules Quiés vont être à la fête elles aussi, pour ceux qui désirent le calme. La pollution la plus sournoise est le bruit. Mais qu’est ce que le bruit ? Bonne question et merci de vous l’être posé !!! (Mais non je ne suis pas atteint de dinguote !!!) Un bruit de talon qui claque dans un couloir vous indiquera qu’une amie vient enfin vous rendre visite à l’hôpital, un pas lourd sur le ponton où vous êtes amarré vous mettra en alerte d’un maraudeur en quête de larcin, deux bruits de pas qui pourtant ne donneront pas la même émotion. Notre passé que l’on peut définir comme image de référence, vibre de manière différente à chaque syllabes de notes musicales. Un Richard Cocciante fredonnant ; Marguerite, me donne sans cesse la chair de poule, mon passé resurgit, pour un autre cela sera ringard à n’en plus finir, cette mélodie ne lui rappelle rien. Nos sens sont trop personnels pour pouvoir être partagés à notre insu, c’est là que la musique devient vacarme, le bruit dangereux. Les urbains ne connaissent plus les nuits de silence, le stress les accapare car le cerveau ne se repose plus, à la moindre étincelle et c’est le feu d’artifice, injures, violence et toute la panoplie du début de la « guerre ». Puisque certain l’on fait avant moi pour des thèmes divers et variés, je vais proclamer un jour de fête, celle du silence ! Une journée sans parler, sans sonnerie téléphonique, sans musique, sans bruit de moteur, sans radio ni télé, une journée ou la seule musique autorisée sera celle de son cœur qui bat pour les personnes que l’on aime. Une « Saint silence » où aucun achat ou billet d’entré ne sera vendu, ou réflexion sera le buffet à volonté de la soirée. Je vous laisse le choix de la date, ici au camp du temps qui passe cette fête c’est toute l’année…

A pluche.

Le voyage immobile…

12 mai 2013
Ce n'est pas le temps qui passe, c'est nous qui passons...

Ce n'est pas le temps qui passe, c'est nous qui passons...

Je me souviens de cette conversation intime avec Sylvain Tesson, sa vie d’ermite sur le bord du lac Baïkal l’a à tout jamais transformé. Captant ses paroles, j’essayais avec mes propres images de référence de m’y transposer. Je ne suis pas au fin fond d’une région sibérienne mais dans une rare vallée corse encore et totalement isolée. Pas de route, pas de réseau ni hameau et encore moins de sentier. Ce coin paumé tant rêvé je l’ai enfin trouvé, ma cabane est une tente lapone, le torrent se moque bien de mes états d’âme, il suit son cours sans jamais quitter son lit. Cette histoire m’inspire, vivre le voyage immobile, un défi des plus fou à réaliser. Comme Sylvain, j’ai parcouru le monde sans jamais m’arrêter, pourquoi l’aurais-je fait ; il y a tellement de choses à voir. Mais vous connaissez ma devise, quand deux chemins se présentent à moi je choisis toujours le plus difficile. Véro m’a accompagné jusqu’au bout de la piste, je la vois s’éloigner en 4X4, je dois prendre le maquis, retrouver une sente qui me mènera au départ d’un début de voyage immobile. Ce soir je n’aurai pas à pointer sur la carte ma longitude et latitude, pas d’immense feu à allumer pour éloigner les prédateurs, ce soir je dois laisser le vide m’envahir. Une panique, me prend, il faut que je bouge, il faut que je consomme du kilojoule, la tétraplégie complète me bouleverse. Je pourrai aller gravir la montagne d’en face, pas de piste que des ronces et des murs de granit, je pourrai monter quelques murailles de pierres sèches, des pièces dépassant le quintal me défient du regard, pourtant il faut que je commence mon voyage. Une sorte de mise à mort de mon vivant ! Le passé prend du volume, je peste, c’est moi qui aurais dû chanter : Non rien de rien, non je ne regrette rien. Si un piaf sifflote devant ma fronde je le plume ! Nous sommes 7 milliards et chacun fourmille ; tout le monde court contre le temps, mais lui, il reste c’est nous qui passons. Je suis mal, je suis en manque, je veux ma dose, je dois faire un truc, bouger quoi. Aucune chance de me confier au téléphone, pas de 3G pour un simple mail, la connexion n’est qu’avec le maître des lieux ; l’écorché vif qui sommeille en moi. Je me dépouille, je dois tenter le passage de ces rapides du temps qui passe. La vie est une roue, un cercle souvent repris par les religions  de « l’omo-speedus », je ne veux pas, je ne dois pas, et si je tentais la spirale, celle qui monte sans fin. Je dois devenir dingue, le bruit du torrent me berce, m’envoute peut-être, je ne sais plus si je dois continuer ou arrêter. Le compte à rebours, lui ne cesse jamais. Un jeu cruel serait qu’un génie nous dépose notre avis de décès daté, les règles du jeu seraient faussées, la fin du voyage annoncé. Ici au pays de l’immobilisme, il faut qu’équilibre trouve sa place, le mot me plait il est composé de libre, mais que veut bien dire « équi » ? Equi tation, équi valent, « et qui » tu es toi, pour m’embrouiller autant ? L’écran, anesthésie le tête en l’air, plus de place au vide, on vit à cran, la réflexion est dans le couloir de la mort, peine capitale pour qui ose la pause. Un seul maux, pourquoi ! Pourquoi, quoi ? Mais pourquoi tout, c’est si simple. Quand nous naissons nous sommes condamner à mourir, le mot définitif devrait être amputé du dictionnaire, tout est éphémère. Je ne trouve plus mon chemin, je m’égare, le voyage immobile demande une grande concentration, tout est là pour me distraire. Le mal rode, il veut ma peau je le sais, je vois «  pourquoi » en tenue camouflée, je les entends ricaner : On le prend par surprise mais il nous le faut vivant. Puis le temps me sourit, je trouve une oreille sérieuse à qui me confier, tient le bruit du torrent n’a plus la même mélodie. Mon corps est statique mais chose incroyable, mon esprit le devient aussi…

Cinq jours ont passé, c’est déjà du passé, je ne me suis pas laissé dépasser, s’en est assez. J’ai compris je ne suis pas entrainé pour ce type de voyage, il va falloir bosser, travailler l’isolement, habillé un peu l’écorché vif et retenter le voyage du temps qui passe…

Je vais quitter provisoirement la spirale pour rentrer de nouveau dans le cercle, ne me demandez pas de suivre le flux du courant c’est assez compliqué de tourner en rond !

Eloge du moignon…

5 avril 2012

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Pour apprendre je m’enfouis quand je le peux dans des livres de philo et pour beaucoup ils commencent souvent par : Éloge de quelque chose !…

Sans me prendre pour un autre cela faisait un moment que j’avais envie de me lancer dans l’éloge du moignon !!!

Moignon, ablation, mutilation, amputation… Des mots terribles, des maux tabous. « Je vous en conjure n’ôtez pas votre prothèse, je ne saurais voir !!! » La montagne à gravir est énorme, le moignon terrorise le non initié. Pourtant il est souvent tout rose comme un nouveau né. Au départ c’est vrai il nous a un peu forcé le destin pourtant avec le temps on le découvre, on lui cause, on le caresse pour l’apaiser et au plus romantique il peut être peloté par une tiers personne. Eh, on se calme, pas tout le monde a le droit à cette fantaisie, il faut montrer patte blanche. Toujours en spectateur on assiste à la rencontre du moignon et de l’emboiture. Un moment intense de  réalité pourtant la trahison pointe son nez ! Les mots reviennent : « Vous allez voir, ce sera comme une vraie jambe, les autres n’y verront que du feu. »  Oh rage, oh désespoir, oh prothèse immonde comme tu es laide, lui le beau moignon ne peut-être enfermé dans cette prison de carbone. Puis la tête ordonne, le « guibologue » essaie, puis c’est le premier pas. Il est comprimé, non en un seul mot, pas con primé, quoi que ! Lui, moignon frais,  se sent à l’étroit, il pousse et a envie d’hurler, « au secours laissez-moi sortir ! » Encore prisonnier, il tente le tout pour le tout, petite plaie à tribord, flictène à la proue et comme ce n’est pas suffisant,  boule purulente pour enfin retrouver la liberté. Faut voir après les premiers jours de « tole » comme on prend soin de lui. Pansement, pommade, massage mais les sagouins recommencent et ils recommencent. Maudit premier pas ! Il abdique, il se  dégonfle, il se résigne à être « emboité » et il s’habitue… Le temps passe monsieur moignon commence à apprécier sa geôlière, elle se nomme « Magui » Magui bol ! Le couple se forme ; l’un sans l’autre cela devient difficile. Monsieur moignon est taquin, de temps à autre pour corser le pas, il provoque quelques plaies pour se rappeler le bon temps. Magui qui semble forte, à l’improviste se brise, s’use mais le guibologue travaillant « d’arrache pied » est un technicien de l’art plastique et remboite le pas. Le Geppetto de l’emboiture de ceux qui ne seront jamais plus paire cherchant inlassablement leurs « paspas » !!! Vous n’avez pas encore votre moignon ? Mais qu’attendez-vous ?  Allo, ne coupez pas !!! Un moignon c’est un bout de chair en moins mais un bout de vie en plus. Ôtez une lettre et il deviendra mignon ! O !!!

Que Dieu vous prothèse…