Premier jour

18 avril 2017

Le vent toute la nuit a bousculé notre cabane, le soleil s’est fait kidnapper par des averses de neige et de belles bourrasques de zef. Mais la vie se moque bien de ces « bricoles ». 

Charlotte, épouse de Julien, vient nous récupérer pour nous guider au départ.

Une grande plaine avec des centaines de chiens de race Groenlandaise, est le lieu de la préparation.

Chaque jeune est présenté à son propre musher esquimau. Les binômes sont très importants, le voyage va être engagé.

L’attelage est composé de 15 chiens, les traineaux pèsent au maximum 350 kilos. Là-bas vers l’est une montagne nous barre le chemin. Il va falloir la grimper en courant à côté des attelages.  Le premier col nous glace les os, le vent augmente la sensation de froid, les sourires se crispent, l’inconnu s’invite avec ses craintes.

Maxence ne dit rien mais elle semble souffrir du froid, la journée va être longue… Enfin une cabane rouge est au bout du chemin, les traineaux sont désattelés et le poêle va être mis en route.  Kim comprend à merveille : il sort comme par miracle une paire de kamiq (bottes) en peau d’ours que notre jeune aventurière va chausser; le froid ne sera qu’un souvenir. Les chiens sont enchainés, les sacs remisés mais ce n’est pas fini: il faut trouver une veine de glace pour la découper à l’aide d’une lance appelé « Toq », ce qui nous servira d’eau… L’ambiance est fabuleuse, bien que nos langues soient différentes, celles de nos cœurs nous unissent… A pluche.

Enfin arrivés à Ilulissat

17 avril 2017

 

Je me demande si les Dieux n’étaient pas avec nous, nous ont-ils quittés un jour d’ailleurs ! Le voyage fût parfait, pas de retard, des sourires en boucle et une arrivée au pays d’Apoustiaq comme dans un rêve. Pour notre plus grande joie, Julien nous attendais, direction la maison bleue vue sur la baie de Disko. Nous nous installons pour une seule nuit demain, l’expédition va se lancer. Ilulissat encore saupoudrée d’une averse de neige, est endormi par un lundi pascal très suivi. La première bataille de boules neige nous engourdi les mains, la fatigue, bien que présente n’arrive pas à nous accaparer.  La vie est un présent mais ça vous le savez déjà. Comme dîner d’accueil ce soir nous serons dans la jolie famille de Julien pour un ragoût de rennes. Les jeunes, la mascotte et moi-même nous vous disons à demain.

A bord du porte-avions Charles de Gaulle

11 avril 2017

photo Eric Duliére

Le 14 juillet 2016 mon nom était inscrit au Journal Officiel comme Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur, mais encore fallait-il l’officialiser par une cérémonie. Le chef de cabinet, qui était chargé du dossier, m’avait proposé toutes les possibilités dites classiques. Puisque c’était le Président de la République qui en était l’initiateur, en toute logique l’Elysée et le Chef d’Etat François Hollande devait me parrainer, mais ce n’est pas connaître le « Cabochard » qui sommeille en moi ! Demandant  les éventualités possibles, je comprenais qu’une personne déjà Chevalier pouvait s’en charger. En toute logique, mon « Fratellu » Bixente endossait ce « job » qui était une première pour lui. Mais où ? J’aime les belles histoires qui finissent bien, la vie en est souvent éloignée, mais là, je savais qu’une belle carte était à jouer, et si c’était à bord de notre porte-avions en service, le Charles-de-Gaulle ? Le chef de cabinet, tentait de m’en dissuader, par de son expérience c’était « mission impossible », j’allais droit à l’échec ! Le hasard c’est le nom que prend Dieu pour rester anonyme disait Cocteau. Dans mes amis, le patron des plongeurs démineurs, le commandant Bertrand de Lorgeril avait fréquenté en école navale, le Pacha du porte-avions, quelques mails, et coups de téléphone et mon souhait se réalisé. Seul un petit comité pouvait participer à la cérémonie, cela tombait bien puisque les grosses réunions ne m’ont jamais inspiré. La sécurité de l’accès à l’arsenal est stricte, le Pacha Eric Malbrunot nous reçoit. Etre à la tête d’un bateau à force nucléaire est une responsabilité énorme mais ce que je retiendrais de cet homme c’est son charisme, sa simplicité, sa vibration positive. Avant de poser la prothèse à bord, un court-métrage nous présente le fleuron de l’armée française. Le pont d’envol en image me remue les tripes, j’autorise les souvenirs à remonter en surface sans palier, tant pis s’il y a surpression ! Puis la délégation emboîte le pas du boss qui ne manque jamais de saluer et de donner un bon mot à son équipage. Hangar, passerelle, pont d’envol, catapulte… Tout est passé en revue. Puis là-bas à la poupe du PA, sous l’immense pavillon tricolore, un pupitre. Nous rentrons dans le vif du sujet. Le commandant Eric Malbrunot, ouvre la cérémonie. Derrière à ma gauche, mes amis, à ma droite l’équipe PEH, dont je suis le vétéran. Les mots du pacha, me remuent, je respire, je ne veux et ne dois pas flancher. Un pas devant tout le monde je suis caché de tous, mes lèvres tremblent. Maintenant c’est au tour de Bixente, je le sens serein mais au fil de ses mots de l’émotion grandit, bouscule le protocole, la fin de son discours se sale, notre amitié si profonde nous joue encore un tour. Un PEH porte un coussin où est agrafée la médaille rouge, Bixente me la remet, le commandant est au garde-à-vous, j’ai du mal à réaliser. Je n’ai pas préparé de discours, je veux juste que mes mots sortent de mon cœur. Pour commencer je fixe l’équipage, j’essaie de transmettre mon énergie positive qui m’a permis de m’en sortir. Puis je me tourne vers mes invités en comité restreint. Le déroulé de ma vie commence, bien-sur je remercie mes parents absents, nos vies nous ont séparés mais je leur dois mes premiers pas… Puis, à chacun de mes hôtes je dévoile une anecdote commune pour cimenter encore plus notre amitié. Et enfin j’en viens aux deux hommes qui ont changé mon existence, Dume et Bixente. Je m’emmêle les pinceaux je dis de Dume qu’il est la femme de ma vie, l’émotion me tacle, le seul rouge n’est pas un carton mais une médaille… Le pacha du PA a les yeux qui rougissent, mes invités aussi, moi je me demande si je ne vais pas me réveiller… Bixente poste une série de photos sur sa page Facebook. A ma grande surprise, dans les commentaires, je trouve des anciens du Foch qui m’avaient donné instinctivement leur sang, puis un texte  de l’officier de pont qui m’avait mis son gant entre les dents pour supporter ma souffrance, un autre se souviens de mon poème : le Pantin ; écrit au lendemain de mon accident et édité sur le magazine de la Marine Nationale… 34 ans après je peux enfin fermer ce livre rouge de sang, d’Honneur…

  Cette médaille c’est le fruit d’un travail de fond, sans relâche et je vous la dois à tous. Merci du fond du cœur…

A mes côtés le Pacha du porte-avions le Capitaine de Vaisseau Eric Malbrunot

Les bodys guards, Dume et Patrick, Karin assure l’arrière garde!!!

Mes amis m’ont rejoint…

L’émotion frappe à la porte de mes souvenirs…

Très fier d’être au milieu de l’équipe PEH* du PA
*Pont d’Envol Hangar

J’offre mon bachi* original à Bixente…
* Chapeau de marin portant mon matricule et usé!

Suivi pas à pas

22 mars 2017

Une balise satellite vous permettra de suivre pas à pas la progression de l’expédition sur une carte qui sera en ligne ici.

 

Peut-on vivre dans un Monde qui va mal?

17 mars 2017

Mes départs me semblent salutaires, toniques, les sédentaires y voient une fuite, les solitaires une croisade pacifique, on fond de mes tripes, c’est un vrai stage de bonheur énergisant. La première question est sans réponse : est-ce la solitude qui m’a choisi ou le contraire ! A défaut de m’isoler, elle m’offre aux autres, mais pour ce présent elle me cajole au sein de ses entrailles pour enfin me libérer sans contrainte. Mais le sujet semble s’éloigner, alors revenons-y : peut-on vivre dans un Monde qui va mal ? Elle est pourtant liée à mon raisonnement précédent ! Le Monde va mal, serait le verbatim du moment, désordres après scandales, conflits après révolutions, épidémies après pandémies, tous nous poussent au plus grand pessimisme, mais est-ce le Monde qui va mal ou les Hommes qui y gravitent ? Depuis sa création, par un Big bang, la planète tient bon le rythme, ces cycles ne varient pas d’un iota, 24 heures par année, rien ne bouge. L’astronome américain Edwin Hubble  serait des premiers à l’affirmer, ma sensibilité Darwiniste me le suggère aussi. Le Monde se moquerait-il des religions, des possessions, des obsessions ? Les glaciers ont grandi puis fondu, les forêts ont recouvert les déserts puis péris, mais le Monde ne c’est point déréglé, il tourne sans métronome d’une précision parfaite. Un jour les Hommes se sont érigé, Homo erectus, puis, les plus savants ont découvert le feu, la première convoitise était en lumière. Le foyer protégeait, chauffait, rassurait, éloignait les prédateurs mais attirait aussi les « autres », ceux qui en rêvaient, car ils ne le maîtrisaient pas encore. Puis les grottes ont été murées, les cabanes assemblées, les murailles maçonnées, les portes blindées, le partage est devenu une sorte d’utopie sanguinaire. Les Hommes se sont regroupés pour mieux lutter, la solitude fût mise à la diète, mais des « sages » des ascètes, des oblates, ont résisté, on les a souvent pris pour des hérétiques, des sorciers, des illuminés. Les plus charismatiques ont su fédérer mais leurs mots ont été traduit, interprétés pour en faire des barrières et non des ponts. Le mot traduire viendrait de l’italien : Traduttore, traditore, expression signifiant littéralement : «Traducteur, traître », soit : « Traduire, c’est trahir ». Mais le solitaire ôte cette mue qui nous carapace dans la routine violente, dans le marasme psychique qui demande « du toujours plus » ! L’ascète se nourrit de rien, car il pratique le vide qui est propice à recevoir. Une cruche ne peut se remplir qu’à condition d’être vide, c’est encore mieux si elle est propre, car elle pourra nous désaltérer sans filtre. Mais le vide fait peur, le silence terrorise, notre Monde est de plus en plus bruyant pour peut-être cacher inconsciemment nos angoisses. Le nanti collectionne l’inutile pour ne jamais le partager, la foule propose le lynchage plutôt que la réflexion, l’émotion est mise en cage, le partage devient virtuel, aimer est un like, les larmes sont canalisées, alors oui le Monde va mal. Mais une part de la population ouvre les yeux, son cœur pour plus de simplicité, de silence, de quiétude, alors même si le Monde va mal, j’en suis convaincu nous pouvons vivre heureux, j’en suis sur c’est contagieux.

Et vous ?

Survie en compagnie de Zeus!

9 mars 2017

 

 

Premier arrêt, les doutes s’installent.

 

Ce qui me fascine dans ces stages de sur-vie douce c’est la diversité des participants, qui rendent chaque aventure différente. La date de début mars n’est pas un hasard, les conditions météos se prêtent à de vraies situations de crise à gérer, et une fois de plus l’on a été gâté ! Même protocole de fouille des sacs pour constater souvent des erreurs de matos qui me font à chaque fois sourire, presque tout le monde est en mode « ww », ça sent le neuf ! Pas de blabla dans la marche d’approche, je ferme la colonne, tout en observant « mon » équipe. Au bord du lac, rempli à bloc, les fesses dans la menthe, un sombre nuage nous annonce le menu. Quelques gouttes s’empressent de tester les coupe-vents tous neufs, certains ne cachent pas leur crainte de la première nuit sous les averses. Mon rôle est d’initier sans jamais materner, chacun doit trouver ses clés pour sur-vivre. Le premier montage des bâches est toujours fastidieux, la confection des nœuds s’associe à la recherche du bon spot pour étendre son sac de couchage, un savant dosage pas toujours évident. Une fois le camp monté, il y a le module feu, alors chacun à la tache de la récolte de tous les types de bois pour que le foyer puisse tenir une nuit même sous la pluie. Les plus costauds extrairont des souches de bruyères quant aux autres ce sera la collecte de bois mort pas encore tombé au sol. Une seule allumette par soir, le défi est simple mais ludique. La boule de bruyère séchée a des vertus magiciennes, alors un doux fumet envahie le bivouac du premier soir. La pluie ne loupe pas le rendez-vous, c’est que dans la vallée perdue, elle n’a pas trop l’occasion de tremper des touristes, alors elle s’en donne à cœur joie. Tout au loin de la nuit des frontales illuminent les bâches, signes d’insomnie, pour certain. Au petit matin les visages en disent long sur la nuit blanche, mais les émotions doivent être remisées au fond du sac à dos, qui aujourd’hui, devra faire le teste du maquis impénétrable. Le dénivelé s’annonce sympa puisque le module matinal s’avère être la recherche d’un sommet pour se faire voir par l’hélico de recherche. La montée est violente, l’eau ne cesse de tomber, en même temps que le moral de certain qui donneraient cher pour un toit chauffé ! L’ascension éprouve les organismes, les ronces déchirent les mains blanches, les racines raclent, les pantalons dégoulinants de trop d’eau et le guide sur une patte, se taille la belle toujours en tête pour mettre encore plus de pression. Mais le sommet est atteint enfin, nous sommes tous trempés mais heureux de l’effort et de cette symbiose que l’équipe dégage. Un exercice me met à mon tour la pression puisqu’une paire de binôme se perd pendant 1h30, le maquis ne fait aucun cadeau aux étourdis… La « balade » s’est poursuivi en toute quiétude et chaque jour à apporter sa part de victoire mais un invité surprise nous en pris en douce, Zeus ! Non pas le Dieu grec mais la tempête qui a traversé la Méditerranée, je vous rappelle que Zeus est le dieu des dieux, le dieu suprême. Tout comme Hésiode le spécifiait, « L’œil de Zeus voit tout, connaît tout ». Du haut du mont Olympe, Zeus surveille les humains et décide de leur sort. Il est le dieu du ciel qui décide du temps météorologique en fonction de son humeur et de ses caprices : orages, tonnerres, foudre, pluies, … Je peux vous dire que pour la dernière nuit nous fûmes gâtés, des rafales à plus de 120km/h nous ont secoués sans pour autant enlever la bonne humeur du groupe. Ces 4 jours de maquis ont été, une vraie odyssée de découverte et de cette escapade, nous nous en souviendrons longtemps, très longtemps.

 Un souvenir ne s’achète pas il se vit…

 Le prochain stage où il y a encore de la place, sera à la Toussaint

Seuls au monde!

Un bivouac bien douillet!

Emmanuelle s’est révélée très déterminée, une vraie guerrière…

Roland, la force tranquille…

Christophe, un futur Sylvain Tesson du Canada!

Benoit, découvreur de nouvelles limites…

Florian , le cadet de la bande au grand cœur…

Accalmie comme récompense…

Brancardage système D!

Concentration au plus haut niveau!

Détermination

Avec le sourire

Il l’a fait!

Un feu pour réchauffer le groupe

8° c’est l’heure de la baignade pour Florian et Christophe. Ils sont de vrais découvreurs de limites

 

 

Remi l’aventurier au grand cœur…

19 février 2017

Si vous deviez définir un ambassadeur des jeunes de l’association Bout de vie Remi serait celui-ci. Quelle surprise en lisant ce bel article du quotidien l’Yonne, sur son parcours de « gamin » un peu différent.

 C’était en 2004, je ne sais plus par quel miracle j’étais devenu le gardien de la Star team du Prince Albert II de Monaco, ce jour, j’avais un invité de marque qui devait me rejoindre, Rémi. Il devait avoir une dizaine d’années, mais il était en retard au rendez-vous, j’étais en fin d’échauffement, quand enfin, ont m’informé qu’il n’avait pas pu accéder au vestiaire et qu’avec sa famille il était dans les tribunes. Ni une ni deux je demandais au service d’ordre de m’ouvrir une porte dérobée pour aller le chercher. Avec mes chaussures crampons je montais deux à deux les escaliers, quitte à me vautrer devant les spectateurs mais je voulais plus que tout au monde qu’il soit au milieu des légendes du sport présent. Impressionné, il me donnait la main pour traverser le stade, le public applaudissait, je sais qu’il était en apnée complète. Vous en vouliez du beau monde, mais « crêpe sur la myrtille » c’est le Prince en personne qui l’accueillait. Entre une pichenette au pauvre Schumacher et une franche poigné avec Deschamps c’était le multiple champion du monde de saut à la perche, Bubka qui s’en occupait, pendant que je me faisais trouer dans les cages ! Mais oublions ces paillettes pour aller à l’essentiel, Rémi.  Suite à ce match, Bout de vie l’invitait au stage de plongée aux Lavezzi, un bout entrain incroyable, humour et joie de vivre sont ses caractéristiques majeures. Ah l’époque un stage de ski dans les Alpes italiennes offrait une semaine de glissade aux 10 « éclopés » inscrits. Puis ce fût le départ pour de grands périples, l’Antarctique en croisière australe en passant par les Malouines et la Géorgie du Sud. Je n’avais pas dû le forcer beaucoup, pour aller faire de la luge sur un névé immense, qui laissait de glace les manchots, qui nous observaient. Puis ce fût sur le fleuve Yukon qu’il dût aller chercher loin dans son mental, en binôme sur un canoë avec 5 autres acolytes un peu secoués par la vie il goutait aux joies de monter son bivouac entre un nuage de moustiques et quelques ours qui n’étaient pas très loin. Au Groenland il participait à un stage de survie pour une « robinsonnade » polaire de 2 semaines, un stage de survie aussi dans le maquis Corse etc etc. Rémi le gagneur qui ne lâche rien, même si par moments il a su me faire péter les plombs, comme à l’aéroport d’Ushuaia ! J’avais eu la mauvaise idée de confier à chaque aventurier le billet pour le retour sur Buenos-Aires, mais « mosieur » tête en l’air l’avait perdu, ce qui lui valut une panique terrible… Pour conclure les perles de ce jeune que j’apprécie beaucoup, en partenariat avec la société Oxylane sous-groupe de Décathlon, Eric était à l’époque le grand boss et m’avait demandé de lui transmettre des CV de jeunes volontaires pour sa société. Remi lui avait envoyé le sien en toute innocence, avec comme référence. 2001 : cueilleur de cerises ; 2002 : cueilleur de cerises ; 2003 : cueilleur de cerise ; 2004 : vendeur de cerises … Du haut de son insouciance, il avait dit la vérité et en grand classe, Eric le PDG l’appelait en personne pour le faire rentrer comme vendeur dans un Décathlon en région Auxerroise. Après un Erasmus en Argentine il s’est lancé dans la vie d’adulte comme commercial en liège pour la confection de bouchon… Régulièrement il m’envoie des messages qui me font chaud au cœur, ce printemps il fera parti des 4 jeunes qui vont partir sur les traces de Paul-Emile Victor au Groenland. Je vous laisse le soin de lire ce très bel article. Et n’hésitez pas à lui laisser des messages il en sera ravi.

A pluche Rémi et que Dieu te prothèse !

Devant une baleinière abandonnée en Antarctique.

 

Groenland été 2015

Devenir championne, champion…

8 février 2017

L’une des actions de Bout de vie c’est de communiquer avec de jeunes amputés, pour les soutenir, leur apporter un peu de recul et surtout une lumière dans ce long tunnel noir qu’est la « mutilation ». Une jeune stagiaire m’a écrit un courriel qui m’a touché, qui m’a demandé réflexion et analyse. Son rêve est, de devenir championne, une athlète imbattable. Cabochard je suis, Cabochard je resterais, je lui ai posé la question qui tue : pourquoi ? Oui, pourquoi s’entêter à devenir championne, à sacrifier sa vie pour « battre » les autres. Du haut de ses 14 ans, j’ai vu dans la semaine passée à bord de la Galiote, une battante, une ado qui a su regarder son cancer droit dans les yeux en lui disant : Je t’ai donné une jambe mais tu n’auras pas ma vie. Mais ma question est restée sans réponse, la première réflexion est : doit-on le savoir ? Doit-on absolument comprendre nos pulsions ? Un demi-siècle s’est écoulé et j’ai enfin trouvé des réponses, pourquoi partir dans des aventures les plus folles ? Oui j’ai extrait mes « réponses », mais ce que j’ai compris c’est qu’elles ne peuvent être figées, elles s’étirent, se modèlent au fil des années, des rencontres, des « exploits ». Une vie n’est qu’un chemin chaotique qui nous fait trébucher, certains d’ailleurs ne s’en relèveront jamais, d’autres se cacheront derrière leurs « injustices » et une poignée se relèvera pour devenir plus fort, pour aller encore plus loin. Inscrire son nom dans un palmarès est certainement glorieux mais je m’entête à penser que cela n’est qu’une ombre de la vérité. Nos frustrations seraient-elles nos motivations, l’apitoiement des autres serait-il le seul moteur. Avant leur accident de vie, beaucoup avaient une vie monocorde, puis au lendemain de leur tragédie, un truc en moins leur a offert une folle envie de plus. Le résultat n’est vraiment pas important, c’est le chemin qui y mène. A triomphe sans péril, victoire sans gloire disait Corneille dans le Cid, et c’est là où je pense qu’il est bon de chercher. Je prends souvent en référence Oscar Pistorius qui après tous ses titres handisport c’était mis à taquiner les « valides ». Je vous rappelle que le terme valide dans le Larousse signifie : Qui est en bonne santé, capable de travail ou de sport ! Donc le Sud-Africain commençait à faire trembler les « valides » en risquant de perdre sa notoriété, de champion handisport. Hélas, une folie meurtrière l’a définitivement écartée. Mais c’est là où le sujet devient intéressant : Champion, Vainqueur, Meilleur, prend un autre sens, une autre qualité. Pourquoi, commence à perdre son masque. Chacun a ses raisons, mais, hélas les télés rendent les brebis très rapidement célèbres pour vite les parquer dans le clos des bestiaux à abattre, jusqu’au prochain. Et dans une jeunesse à la recherche de « Graal » cela fausse la route. Je pense que ce n’est pas le but de devenir Champion, mais de tout donner pour aller découvrir de nouvelles limites, sans jamais les dépasser. Devenir le Meilleur est une utopie, juste une histoire d’égo, car il y a toujours meilleur. Mais donner son meilleur en se regardant droit dans un miroir est gratifiant. Tricher un entraînement, gagner sans effort, ce n’est pas ça le Champion. L’extrait du poéme de Rudyard Kipling convient à merveille

..//..Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite 
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front, 
Si tu peux conserver ton courage et ta tête 
Quand tous les autres les perdront..//.. 

Donc le but de devenir Champion reste une perception personnelle, une quête intime et si chacun rêve de sommet la seule chose que je crois savoir c’est que dans cette ascension seule les rencontres, même pour le solitaire, permettent de l’atteindre.

Alors belle jeune fille va de plain-pied vers la gloire mais méfies-toi d’elle, je crois qu’elle boite un peu, et c’est à toi à la faire marcher droite.

Vos témoignages sont importants, donc n’hésitez pas à poser votre pierre à l’édifice.

 

2017 du bon pied!

14 janvier 2017

 

La nouvelle année a déjà perdu quelques plumes et il est temps que Bout de vie vous envoie ses vœux pour 2017. C’est déjà la quatorzième année de rencontres, d’échanges, de rire, de pleur, de joie, de doute, le tout, teintés d’une certaine souffrance. Etre amputé, c’est accepter la douleur sans se laisser submerger, c’est une satanée emboiture qui use, qui tuméfie un moignon pas toujours coopérant. Mais chacun de nous, entiers et raccourcis, devons accepter nos souffrances. La vie est souffrance ! Mais non je ne suis pas devenu pessimiste, bien au contraire mais la vérité est bonne à dire, cacher, c’est trahir. Alors la nouvelle année Bout de vie va tenter d’apporter encore un bout de bonheur aux futurs stagiaires. Des stages, oh oui il va y en avoir. Le stage de plongée va se transformer en stage de découverte « mer », la Galiote et son équipage ont pris une retraite méritée et c’est dans le sud Sardaigne qu’elle repose pour une vie plus reposante. Alors il va y avoir une autre semaine, d’un autre angle. Plus une croisière farniente, mais une vraie vie de mer avec ses quarts, ses corvées, ses responsabilités. Non ce ne va pas être le bagne mais ensemble nous allons tenter de créer un renouveau. Les dates et le bateau restent encore à officialiser. Deux stages de survies sont aussi prévus, le premier début mars, est d’ores et déjà complet celui de la Toussaint a encore des places disponibles. Le 16 avril une expédition, au Groenland est déjà calée, 4 jeunes « hors-normes » vont tenter de suivre les traces de l’explorateur Paul-Emile Victor, chacun en binôme avec un chasseur de phoques, Julien Caquineau sera le chef d’expédition, une histoire qui ne les laissera pas de glace ! Puis du 15 juin au 15 septembre, je partirai en solo avec mon kayak entre Ilulissat et la baie de Melville, soit 1200km pour une balade poétique sur la côte nord-ouest du Groenland. Sans transition en partenariat avec la Fondation d’entreprise Française des Jeux, début octobre, se déroulera l’opération des Cols et des Ecoles, un peloton de cyclistes amputés traverseront la Corse en vélo tout en rencontrant les scolaires l’après-midi. Bien sur d’autres événements seront aux programmes, le film Frères de sport sera diffusé par la chaîne Ushuaia TV début mars, le même mois le magazine Carnets d’aventures va consacrer une grande partie de son édito sur le thème du handicap et de l’aventure, il paraît que j’ai eu droit à plusieurs pages. Donc une belle année de partage et de rencontre, mais avant de conclure ce billet je tenais au nom de l’association à remercier vous tous les « gens » de l’ombre, organisateur de récoltes de fonds pour Bout de vie, sans vous rien ne serait possible. Je ne peux pas nommer tout le monde mais certain se reconnaîtront : Fred, Corinne, Tof, Antoine, Philippe, Dalila, Stéphanie, Charlotte, Ludo, Franck, Patrick, Julien et plein d’autres, mille mercis. Les autres, venez rejoindre Bout de vie en adhérant ici le lien.
Un grand merci et que la paix et la santé soient vos alliés.

Nouvelle année, nouvelle vie…

29 décembre 2016

Pour conclure cette année, une idée m’a traversé le cœur, j’aimerais vous parler de la Vie, vous savez, celle qui est unique, celle qui nous fait souffrir autant qu’elle nous enchante. Mais pourquoi vit-on ? Je n’ai pas de grandes réponses, mais ce qui est certain c’est qu’elle est un cadeau inestimable, la mort n’est pas importante, les regrets oui. On ne regrette jamais ce que l’on a fait mais plutôt ce qu’on n’a pas fait.  Les rêves sont des objectifs mais ils ne doivent pas nous posséder, on ne rêve pas d’un rêve, on le réalise. Pourquoi vivoter alors que le sablier se vide sans aucune chance de s’arrêter. Les chemins se présentent à nous, choisissons le plus compliqué, celui qui a le plus de virages. Se mettre en danger n’est pas sans risque, mais la vie se veut aventureuse, pourquoi ne pas en changer, pourquoi ne pas tout mettre en œuvre pour réaliser ses rêves. Les plus grands génies, au début de leur carrière, étaient dans le doute, les autres leur disaient qu’ils ne pouvaient pas, qu’ils se trompaient de route, puis ils se sont entêtés et ont réussi des choses incroyables. Les chercheurs, les médecins, les explorateurs, les sportifs, n’ont écouté que leur envie de vivre leur rêve. N’ayons pas peur de ne pas y arriver, regardons devant, laissons les autres dans leur doute, vous, vous pouvez y arriver. Les échecs sont constructifs les doutes nous enferment dans une prison infernale. L’histoire des Hommes le démontre sans cesse, quand Christophe Colomb rêvait de la route des Indes, l’église lui prédisait un horizon où le vide allait faire sombrer sa flotte, à son retour le monde trouvait logique que la Terre fût ronde. Plus près de nous, dans mon cercle d’amis très proches, Bixente Lizarazu démarrait le foot sous de très mauvais hospice, son entraineur de l’époque s’obstinait à lui enlever de la tête son rêve de devenir professionnel de football, trop maigrichon, trop petit ! Heureusement qu’il ne l’a pas écouté, tout le monde connaît son extraordinaire carrière. Dominique Benassi quelques années après son amputation, décidait de se mettre au Triathlon, mais on lui interdisait, trop handicapé, trop dangereux, pas fait pour lui. Ce rêve il ne l’a pas rêvé, il l’a concrétisé en réalisant les plus grandes compétitions du monde pour accrocher 15 titres de champion du Monde .Mon parcours est identique, j’ai du m’extirper d’un abysse de contrainte, je me souviens de ma prof de français qui me disait que je n’étais qu’un âne, d’un certain entourage qui ne croyait pas en mon parcours d’aventurier. On m’avait même prédis que je finirais clochard ou repris de justice ! Le rêve qui vit en toi, en nous, doit te faire avancer, nous faire avancer, la douleur sera inévitable mais il vaut mieux souffrir pour concrétiser son rêve que souffrir de ne rien avoir tenté, les regrets sont bien plus douloureux que les échecs. Les doutes sont des pauvres herbes que l’on voit que si l’on s’arrête, marchons à notre pas, même s’il est douloureux, boiteux, marchons avec nos rêves. Nous sommes tous des génies, inventons nos vies, coute que coute, la violence, les doutes, les regrets, la rancœur, la vengeance, sont des simples ombres ne nous vous y abritons pas, préférons la lumière douce d’un soleil qui se lève sur nos projets. Ne croyez-vous pas que Mandela a souffert avant de bâtir enfin son rêve ! Il affectionnait le poème de William Ernest Henley, Invictus : Je suis maître de mon destin, capitaine de mon âme… La vie est un cadeau, un match où il n’y a pas de prolongation ou de temps additionnel, notre vie est un trésor, laissons derrière les personnes toxiques, ne leur en voulons pas, ne perdons plus notre énergie avec ça. Quoi que l’on fasse, l’amanite phalloïde nous tuera, ne l’écrasons pas, il n’y a qu’à la contourner, pour la laisser dans sa toxicité, elle a sa raison d’être là, accompagnons nos rêves, nous ne serons jamais seuls, le bien amène le bien. La nouvelle année est là avec ses résolutions, vous êtes tous fantastiques, alors faites ce premier pas. Les claques que nous avons pris jusqu’à présent sont des leçons, révisons nos devoirs et nous comprendrons la raison de ces brimades, si nous les mettons de côté elles reviendront en boucle, encore et encore. Allez ouvrez-vous, serrez les fesses, laissez la peur de côté et allez au bout de vos rêves les plus fous, ils ne sont pas si fous que ça puisque c’est les vôtres.

Je conclurais ce billet par la citation de : François Garagnon : « Il vaut mieux vivre ses rêves que rêver sa vie ».