Tikilluarit

21 avril 2014 par Frank Laisser une réponse »
Survol de la mer encore gelée...

Survol de la mer encore gelée...

Tikilluarit*

(Bienvenue*)

Si les voyages forment la jeunesse, ils inspirent le poète, ils happent le rêveur, ils envoutent l’aventurier à cloche pied. Le vol pour Kangerlussuaq est en retard, peu importe le nomade est partout chez lui, alors ici où ailleurs ces détails ne l’effleurent même pas. Mes voisins attendent, je crois que je fais parti du lot, leur langue ? Le kalaallisut ; un parlé inédit. Adieux « latinerie », langue orientale, les mots claquent au fond du palais, les phrases sont toute englobées, impossible de comprendre le moindre sens. Imaginer, il ne me reste plus que ça pour être là, je ne serais jamais l’un d’eux ; c’est tellement difficile d’être soi-même. L’île d’Apoutiaq est en face mais comme le dit le proverbe groenlandais : seuls la glace et le temps sont maîtres. Depuis des milliers d’années ils ont vécu en totale autonomie, la météo ils en ont fait un jeu de patience, l’homme ici a gardé sa part animale, les prévisions ne sont qu’une invention de blanc qui veulent toujours tout gérer, ici seul le présent compte, c’est très certainement pour cela que je suis à mon aise. Là-bas c’est le pays du silence, les conversations ont un ton apaisant, la langue n’est pas violente, un air de toundra semble envahir mes oreilles. Je pense à mes aïeux, j’imagine les leurs, un abysse nous sépare. Mon chez moi, la méditerranée, source de guerre depuis la nuit des temps, ici Kalaallit Nunaat, l’un des rares pays qui n’a pas d’armée. Si le combat est une essence essentielle pour l’homme, à mes yeux il se trompe trop souvent d’adversaire, le seul ennemi à jouter est sa part obscure. La bagarre ici n’existe pas, nanouk veille aux querelles, le blizzard cadre le rebelle, le froid coupant tord le combattant des ombres. Mon frère de glace est de l’autre bout de la mer, il me tarde de l’étreindre, nous avons quelques jours pour nous retrouver, pour faire ses silences qui mènent aux rires mystérieux. De grâce faites qu’une carte ne nous tombe pas sous les yeux, la pointe d’un crayon dérobé dans une chambre d’hôtel d’aéroport nous mènera sur quelques fjords oubliés, sur des baies archéologiques abandonnées. Peut-être nous y découvrirons une nouvelle route pas encore empruntée, et si nous retrouvions par hasard les vestiges de la flottille de Leif, fils d’Erik le Rouge, découvreur de la terre promise. Voilà chers amis, le carnet de voyage reprend du sens, l’essentiel va devenir compagnon de route, dans quelques jours l’équipe du Défi Polaire va poser le pied ici, sur la plus grande île du monde, en attendant sans le moindre bruit je vais de nouveau ouvrir la porte d’un rêve de gosse.

Inuulluarit*

(Aurevoir)*

3 commentaires

  1. bb franky pinta ( peace and love pour pascal!!!) dit :

    merci franck de tant de poesie merci de nous faire rever bienvenue a la super equipe qui arrive bientot pace et salute

  2. Daniele dit :

    Merci de vos textes qui nous emportent dans ses contrées si lointaines et inaccessibles. Fidèle de vos mots ont vous suit.

  3. Yves dit :

    Accroc de vos récits vite un autre billet…

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