Col de L’Iseran 2770 mts d’altitude…

19 août 2009 par Frank Laisser une réponse »

Comme vous devez le savoir la région de la Vanoise est encerclée de grands cols alpins, je ne pouvais pas rester insensible à l’appel de l’un d’eux.

Vers les 8h30 je quitte Tignes pour rejoindre Val d’isère, la descente qui me mène sur le barrage du Chevril est vivifiante mais la nationale qui me dirige au pied du géant est décevante, même ici la pollution est devenue patronne. Aprés avoir cohabité avec les monoxydes de carbone je suis à la sortie de Val d’Isère et me prépare à gravir l’un des itinéraires le plus haut d’Europe, le col de L’Iseran.

La randonnée d’hier m’a rendu les cuisses un peu dures mais l’objectif est bien ancré dans ma tête, donner de mon meilleur pour l’ascension. Les marmottes sont déjà en forme et leurs sifflements me comblent de bonheur, un panneau m’indique la longueur et le pourcentage : 15 kilométres à 7% de denivelé de moyenne. Je me concentre et rentre dans le vif du sujet, la semaine dernière en Suisse avec Dumé j’ai fait une sortie vélo de 65 kilométres en compagnie de Laurent Dufaux (ancien pro qui à été le coequipier de Richard Virenque chez Festina), tout en roulant nous avons discuté et quand je lui annonce mon intention de gravir l’Iseran il m’apprenait qu’à l’occasion de son premier tour de France à l’age de 22 ans il avait abandonné dans ce col mytique !

Je suppose que la tache sera ardue mais je ne veux pas me laisser impressionner par qui que ce soit, je me cale sur mon rythme et rien d’autre, dans un faux plat montant j’aperçois un groupe de 4 cyclistes, leur cadence me semble inferieure à la mienne et malgré moi ces pauvres cyclistes se transforment en « victimes » j’augmente la puissance sans exagérer et juste avant le pont St Charles qui enjambe le ruisseau qu’est l’Isére, je les double gentiment. La pente se fait plus sévére et je reprends une bonne cadence, mes jambes se décoincent et je retrouve mes sensations, je suis à 18 kilométres heures de moyenne je sais que je ne vais pas pouvoir tenir le rythme mais pour l’instant je suis bien.

A quelques 200 métres devant moi un duo se laisse rapprocher, je me mets à l’affut comme le loup devant sa proie, j’essai de me rapprocher sans me faire remarquer, à porté de roue je me cale derrière, ils ne m’ont pas entendu, ma fréquence cardiaque retrouve sagesse et là je léve les fesses de la selle et envoie une cartouche, ils n’ont pas le temps de rentrer dans ma roue et je prends rapidement une bonne distance.

Au total se seront 18 « victimes » que j’aurai mangé ! Mais il y a eu aussi ce Britannique qui m’a doublé à une vitesse foudroyante et malgré un effort surhumain je n’ai pu rester dans sa roue. Alea jecta es !

Mais la chose qui fut magnifique est la rencontre de « l’homme en bleu », tout au long de mon périple je remarquais loin devant moi ce point bleu qui ne voulais pas se laisser se rapprocher, mais il paraît que je suis un peu « Cabochard » et je me suis mis en tête de le rattraper avant le sommet. J’augmentais la cadence de pédalage, mon coeur suivait le rythme et l’ecart diminuait, je me mets en danseuse et envoie comme un malade, finalement 25′ m’auront été necessaire pour rejoindre » l’homme en bleu.

Je reste caché derrière lui et je me cale à son rythme, pendant 5′ je me fais oublier et décide enfin de le dépasser. Il est surpris de ma visite et comme je m’en doutais il se colle à ma roue, la bataille est déclarée. Je garde un rythme haut et sans me retourner je prends confiance, l’altitude est ma compagne je me sens bien acclimaté et ne ressens pas le manque d’O2, l’homme en bleu ne veut rien savoir et le mince écart qui nous sépare est stable, je n’ai pas fait de repérage et du coup ne sait pas où je peux attaquer.

j’improvise et me fie à l’instinct, un faux plat montant ! C’est décidé j’envoie toute la « voilure », il décroche, ça me rassure et je fais encore un gros effort pour augmenter la distance. Ce serait fabuleux de tenir le coup ! Je me cale bien sur le vélo et dans tous les virages plutôt que de subir la courbe je mets un coup de collier et enfin je vois l’homme en bleu qui craque.

A un kilométre du sommet deux victimes à portée de pédale, l’effort est énorme mais je suis tenté et juste avant l’arrivée je les double.

Les touristes sont nombreux à cette saison et en un clin d’oeil je deviens le « monument  » à photographier au moment où tout « degénère » car une dame se souvient de mon passage chez Fogiel !!!

Au fait l’homme en bleu se nomme Christian et nous nous serrons la main avec toute la sincerité de l’effort procuré.

Sur mon petit cahier d’écolier où je note toutes mes sorties j’ai écrit Tignes-Col de L’Iseran 2770 mts d’altitude A/R 61 km à 21 km/h de moyenne.

« Dans la nuit, les étoiles scintillent ça et là…
« Trempé des larmes de peine et de souffrance
« Mon lit se trouve comme posé sur des flammes…
« Arrosé du courage un rien devient perle
« S’il atteint le courant de ma volonté.
« A l’image d’un jardin à l’approche du printemps. »
General Massoud

Cet aprés midi avec ma maman nous sommes allés balader sur un lac d’altitude et l’envie folle de me baigner dans une eau vivifiante ma prise, que du bonheur…

A pluche

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