Le grand voyage…

17 octobre 2018

 

 C’est à la suite d’un voyage de 4 années en compagnie de mon vieux bateau en bois le bien nommé Cabochard, que l’association Bout de vie est née en 2003. Depuis que j’ai dû me séparer de lui à grand regret, en 2017, une idée a germé !

La mer est un lien entre les peuples, les cultures et les rêves. Cette « odyssée » m’a porté vers le désir de partager ma vie si atypique. Depuis la création de mon association, de jeunes amputés sillonnent le globe à mes côtés en rêvant d’une vie debout. Bout de vie doit avoir son propre voilier pour un long voyage de partage. C’est d’une logique implacable.

Sa première longue escale sera le Groenland. L’hiver, la mer se fige, la nuit est permanente, la vie devient survie et les tracas prennent un autre sens. A quelques encablures de ce mouillage polaire, se trouve le hameau d’Oqaatsut de 21 âmes, où j’y possède une maison. Ce sera le premier périple de ce tour du monde de partage. Un été boréal verra des équipages de « boiteux » se croiser. Puis le bateau reprendra la route vers le sud pour poursuivre son grand voyage vers l’Océan Pacifique et boucler un tour du monde en plusieurs années. Plus qu’une aventure cela se veut un hommage à la vie, un pied-de-nez aux malheurs qui ne sont pas des punitions mais des défis à relever. Là-bas au large, la nature ne juge pas, elle vit.

Un leitmotiv me poursuit donc depuis ce jour funeste où je fus amputé.  A chaque projet dans lequel je me suis lancé, je me suis entendu dire : « Tu ne peux pas le faire ». Puis en me voyant insister, cette phrase retentissait : « Tu vas te faire mal, c’est trop risqué ». Et finalement quand j’y suis arrivé, les mêmes m’ont confié en boucle : « oui mais toi c’est normal que tu y arrives ». Ce projet commence à voir le jour, il est entreprenant, intrépide, osé, aventureux et hardi. N’est-ce pas le grand Sénèque qui disait : « le monde appartient aux audacieux »… Alors le voyage est déjà en route. Mon enthousiasme ne m’a jamais lâché, même au lendemain de toutes les catastrophes que la vie m’a affligées, je suis debout et je ne boite pas dans ma tête. Etre un Homme libre n’est pas donné à tout le monde, alors dans le sillage de ce beau bateau, des Femmes et des Hommes « abîmés » trouveront aussi leur chemin et appliqueront à leur tour le leitmotiv de ma vie : « tu ne peux pas le faire, tu vas te faire mal si tu continues, puis en réussissant ils diront oui mais avec toi c’est normal… »

En vous joignant à ce projet, vous offrirez un élan d’espoir à des « cassés » de la vie. Vous apporterez ce rayon de soleil qui fait du bien après la tempête. Vous et votre entreprise serez les témoins privilégiés de ces renaissances.  Plus qu’un mécénat, c’est un échange et un partage. Le journal de bord qui sera mis en ligne au quotidien sur mon blog fera naître un livre, puis un film dont vous en serez également les acteurs … Les liens sociaux seront le relais entre tous ceux qui ont osé le premier pas à bord et ceux qui n’osent pas encore. Le rêve de voyage est déjà un voyage disait le sage Marek Halter.

Le bateau est un monocoque en aluminium dériveur intégral capable d’être pris dans les glaces quand la mer gèlera et qu’il sera immobilisé pour un long hiver, sa taille de 15mts est un compromis pour pouvoir être manœuvrable seul et avoir la capacité d’accueil d’équipiers. L’équipage sera là pour épauler les manœuvres mais la réussite de ce voyage sera la facilité de vie à bord sans qu’il soit adapté pour autant. Les invités se relayeront à tour de rôle. Pour certains ce sera la première fois qu’ils mettront le pied à bord d’un bateau. Le perpétuel roulis d’un voilier est une épreuve de chaque instant pour une personne fraîchement appareillée.

Nous l’appellerons Niviarsiaq qui a une double signification en groenlandais. En premier lieu cela veut dire « jeune fille » mais c’est aussi le nom de l’épilobe à feuilles larges qui est l’emblème du Groenland. Niviarsiaq est surtout le symbole de la renaissance. Cette fleur boréale semble fragile, pourtant chaque année après un hiver des plus rudes, elle ressurgit pour offrir sa parure pourpre au pays de Nanoq (ours polaire en groenlandais). Ce bateau sera un acte de renaissance pour celui qui aura la chance d’y devenir équipier A chaque escale l’équipage changera, à leur tour en rentrant chez eux ils seront les messagers de l’espoir, à leur tour ils soutiendront les nouveaux arrivants dans le monde du handicap. Plus qu’une croisière ce sera un long voyage de l’intérieur où les questions sombres et irrationnelles trouveront leurs réponses.

Avant j’étais un voyageur solitaire, depuis je suis devenu un aventurier solidaire…

 

 

L’une de mes protégées à bord du voilier polaire Vagabond en escale à Ilulissat sur la côte nord-ouest du Groenland été 2015…

A la rencontre de France et Eric les armateurs du beau voilier polaire Vagabond...

Rencontre de France et Eric à bord du voilier Vagabond…