Ligne d’arrivée enfin passée…

5 octobre 2012

Bonsoir à tous, je serais très bref car la journée fût aussi longue que fantastique.

De l’émotion, du partage, du rire, quelques larmes, et beaucoup de joie d’avoir enfin conclu cette incroyable aventure Arcticorsica.

Encore un coup de mes anges gardiens, l’équipe du JT de 20h de TF1 a filmé l’arrivée. Rendez-vous samedi 6 octobre à 20h30 avec Claire Chazal…

Promis demain je reviendrais sur ce bouquet final…

Corse olympique !

28 septembre 2012
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Dumé: Porteur de flamme d'accord, mais surtout offreur d’énergie...

Me voilà enfin prêt sur une plage en face de l’île d’Elbe. Je n’aurai pas traversé les 54km qui m’en sépare mais vu l’état de la mer je suis apaisé d’y avoir renoncé. La houle se brise sur la berge et je pressens un départ sportif. Dume a repris le relais de Steve et je suis tout heureux d’être en sa compagnie. A l’embouchure du fleuve Golo je remonte Immaqa, j’ai du mal à croire que je suis en Corse, je dois me pincer pour en être bien sur. Quel bonheur de retrouver Dumé, il vient de remporter son 13éme titre de champion du monde de triathlon à Las-Vegas, une sorte de routine. De sa voiture il me sort un objet sous étui ! Depuis plus de trois mois que je suis parti j’en ai loupé des news, je n’ai rien vu des JO de Londres. Sous mes yeux, mon « frangin choisi », sort comme par magie le flambeau qui a transmis la flamme olympique depuis Olympe en Grèce à la capitale Anglaise. Il a eu l’honneur d’être ce porteur de flamme, symbole de la lumière éternelle. Nous déjeunons ensemble sur la plage, seuls au monde, des grands moments de sérénité. Je dois reprendre le cours de mon aventure, presque une semaine que je trépigne.  Je mets mon kayak face aux déferlantes, mais je me sens maladroit, je ne suis pas assez concentré, pas encore dans le travail qui m’attend. Dumé me pousse mais les vagues ont reçu un contrat de la Méditerranée jalouse de ma longue absence. Je passe avec beaucoup de difficultés les rouleaux qui se brisent sur le sable. Immaqa se met en travers, sa stabilité n’est plus à prouver mais je peine à sortir des rouleaux compresseurs. Je ramasse de gros paquets de mer sur la tête, je suis trempé de la caquette à la prothèse. Finalement j’ai passé la barre, Dume me salue une dernière fois, je reprends ma « kayakerie » vers le sud. Le vent est nul mais la mer est désordonnée, houle croisée de sud-est et de nord-est. Je me fixe 20km car il est déjà tard. Je monte, je descends, les images de mon périple en mer de Botnie me remontent au visage, je dois retrouver mes automatismes. Le bout de la commande du safran a sauté de son réa, je dois me déhancher pour remettre avec ma pagaie mon gouvernail en action, j’ai oublié de fixer ma montre sur mon tableau de bord, je ne suis pas à l’aise. Je tente de me concentrer, cette sortie m’est nécessaire, une remise à niveau comme à l’école. Finalement il m’aura fallu 5heures pour parcourir ces 20km de cabotage. Je prends l’option de m’arrêter dans le port de Taverna, qui est très bien abrité de la houle grossissante. Un port abrite les bateaux mais y monter la tente y est plus compliqué. C’est vrai,  je ne suis plus en terre étrangère, Daniel leader du groupe musical I Mantini m’attend, ce soir je dormirai chez lui. Le nomade errant cherche dans son voyage son vrai « moi » et pour ça il vit sans toit !!!

A pluche !

Steve sur zone…

26 septembre 2012
Steve à l'essai sur mon vélo, un nouveau raid en perspective!!!

Steve à l'essai sur mon vélo, un nouveau raid en perspective!!!

Le vent n’a toujours pas molli bien au contraire, mais ma décision me permet de rester serein. Steve qui a repris le flambeau avec brio de ma logistique est enfin arrivé. Un pro de l’organisation pas besoin de longues explications il est en connexion avec mes attentes, je peux vous dire que c’est un vrai bonheur de le retrouver. Nous ne perdons pas de temps, nous bossons les images manquantes de mon raid en vélo, nous faisons une matinée cinéma. Puis c’est le petit restau planqué avec des gens très accueillants, qui comprennent à nos t-shirts Arcticorsica, que nous sommes une « squadra ». Une famille d’origine Corse, mais d’il y a quelques générations, qui se sont exilées à Elba pour un fait d’honneur. Ils voient là bas au large l’île de beauté régulièrement et la neige sur les montagnes les pousseraient à faire un pas chez nous, mais pour l’instant cela reste une histoire sombre d’une vendetta du 19éme siècle. Pas possible de payer, on est reçu comme en famille. Mais nous ne sommes pas en vacances, il faut effectuer le transit, vélo, kayak. Nous sortons toutes les caisses du fourgon, l’équipe précédente n’a pas pensé à vider l’eau de mes jerricans et tout est croupi, moisi. Steve, n’a pas besoin de directive, il a déjà tout compris. Minutieusement je vérifie tout, pour ne rien oublier quand mon pote me laissera demain soir à Bastia. Tout est pensé depuis quelques mois mais je ne veux rien laisser au hasard. Une après-midi de labeur à deux, ce soir tout est ok demain il suffira de prendre le ferry pour la Corse. Steve a bien sur participé au stage de plongée Bout de vie mais surtout  à un voyage d’exception en Antarctique avec trois autres adhérents de l’asso. Une croisière australe exceptionnelle grâce à Nicolas Dubreuil. Moi « le grand navigateur » fut le premier à donner à manger aux poissons, ce qui me valut bien des moqueries de mes jeunes protégés ! Malouines, Géorgie du sud, péninsule Antarctique avec un retour mythique par le canal de Drake et le cap Horn. Une faune et une flore encore intactes, un souvenir fantastique.

Voilà un p’tit bout de vie partagé. J’ai lu avec attention vos mots et vos réactions suite à ma décision sage de ne pas tenter cette balade de 54km, je vous en remercie du fond du cœur. Dés que je serai en mer sur les côtes corses, je pourrai vous donner une date presque juste d’arrivée aux Lavezzi. A cette heure il m’est absolument impossible de dire quoi que se soit. Je vous souhaite tout le meilleur du monde.

PS : Les mascottes devront êtres mises en quarantaine dés notre arrivée en Corse, vu dans l’état de crasse avancée dans lesquelles elles se trouvent. Interdiction formelle de s’approcher dans un rayon de 10mts sous risque de contagion !!!

A pluche !

La Fenice…

21 septembre 2012
Vue d'en haut c'est encore plus beau, mais il faut le suer...

Vue d'en haut c'est encore plus beau, mais il faut le suer...

Je reprends les bonnes habitudes de France Bleue Frequenza Mora en donnant la météo du vendredi à 7h37 en compagnie de mon très cher Jean-Pierre Aquaviva… Je sais qu’aujourd’hui sera une étape difficile de montagne mais je ne pouvais imaginer ce qui m’attendait. « Si j’avais su, j’aurais pas venu ! » Pendant 45’ je grimpe en douceur pour passer une sacrée bosse qui me fera dévaler sur Lavagna, il ne fait pas encore trop chaud mais malgré tout je suis déjà en sueur. Le trafic urbain est fouilli et je peux vous dire que je suis prudent, ici le clignotant est en option et les stops, c’est bien connu c’est pour les couillons ! J’ouvre l’œil et le bon ! Je retrouve enfin le calme mais le long et tortueux massif des « Cinque terre » m’attend de pied ferme. Je ne dois surtout pas penser à la moyenne, le col du Bracco a mauvaise réputation. La route est devant moi, je dois y aller molo. Je grimpe et un émouvant souvenir me vient en tête. Il y a presque 50 ans mon parrain Walter, prof de sport était parti de Menton pour rejoindre la Toscane en vélo, il m’avait souvent raconté le fameux Passo del Bracco. La grimpette est monstrueuse mais je ne suis plus seul, il m’accompagne, j’entends encore son rire. Je lui cause, non je vous promets je ne prends pas des produits illégaux. Il est parti subitement quelques semaines avant mon expédition au Yukon et quand mon moral était en berne il apparaissait. Il y en a qui vont dans des églises où des « trucs » du genre pour prier, moi je cause avec les disparus. Chacun sa bible !  Mais Dieu que c’est dur, Jo Zef se demande si Marlène, Gilles et Taïko vont venir nous enlever du poids ! Eh ben non la mascotte, y sont trop loin, à nous de nous débrouiller. Quelques cyclistes nous doublent en nous encourageant mais c’est long, c’est épuisant, c’est éreintant ! Soudain alors que je reprends ma causerie avec mon ange gardien je sens une présence derrière moi, un cycliste est dans ma roue. La route est tellement isolée que l’on peut rouler de front, ce vieux champion veut faire un bout de chemin avec moi, il est impressionné par le poids que je monte et par mon bout en moins. Sergio est de bonne compagnie, il a beaucoup d’expérience et sait que sa présence me donne de l’énergie, on papote, on échange mais il doit retourner chez lui. On se serre la main comme si on se connaissait depuis toujours. Cela fait 2h30 que je grimpe, je commence à sentir une lassitude, finalement un panneau m’annonce le village de Bracco, je crois être arrivé au sommet. Un bar est ouvert, je vais tellement doucement que je peux saluer les clients devant l’entrée, je décide de stopper pour un café. Je suis la diversion du jour, ici personne ne passe, l’autoroute canalise le flux routier et un unijambiste en vélo cela se fête. J’ai droit à mon expresso explosif et mon verre d’eau gazeuse, pour récupérer un peu de sels minéraux. Je ne peux pas payer mon café, tout le monde est enthousiaste et me souhaite bonne route. Je fais l’erreur de demander le dénivelé jusqu’à La Spezia, on me prévoit encore du dur !!! En vérité je ne suis qu’au village, le col est encore à 4km plus haut, je prends mon mal en patience mais je ne sais pas où je vais chercher cette énergie pour grimper, aucun « bobos » ne se réveille et mon moignon bien cicatrisé ne fait plus le malin pour se faire remarquer. Finalement atteints le sommet, je suis cuit, extra cuit. Je roule en libre en me croyant sorti d’affaire, je ne pédale même plus en descente, ce qui est une erreur car je n’élimine pas mon acide lactique, mais je zappe le protocole pour récupérer différemment. Je m’aperçois que je perds trop vite du dénivelé, ça sent le piège. J’arrive dans un bled et découvre devant moi un mur, le col du Bracchetto me fait un pied de nez. Du 10% pendant 2 bornes avec les derniers 100mts à 15%, je ne pose pas pied à terre en mémoire de mon parrain disparu, mais je peux vous dire que je force comme un bœuf. Je reprends une longue descente, je pense que cette fois ci je suis sorti d’affaire. Pour être léger j’ai fait le choix de ne pas avoir ma nourriture de midi, mais je n’avais pas anticipé que cette route était déserte. Pour l’instant ça descend alors j’oublie mon déjeuné. Je retrouve une rivière, je sens la fin de mon calvaire, elle doit descendre à la mer donc il ne devrait plus y avoir de côte. Enfin un village animé, il y a un bar restaurant, je stoppe ma « pédalerie ». Pas de plat à emporter, au diable le protocole, je m’attable. Alors que je me déshydrate avec une grande bouteille d’eau gazeuse, je m’aperçois que le local se nomme : « La Fenice » le Phoenix en français. Je cause avec le gérant sur ce nom, renaître de ses cendres comme le phœnix, ca me parle. Une date avec un patchwork de photos est dans mon dos, il est écrit la date du 25 octobre 2011, pour ne jamais oublier. Je prends le soin de détailler les images, il semble qu’une inondation aurait ravagé le village. Effectivement des pluies très violentes ont en amont formé un barrage de branchages et quand il a cédé une très grosse vague a envahi la région. 3 morts et des vies de labeurs mis à terre, Davide est très jeune et il vit mal, l’après drame. Le village au lieu de s’unir, s’est divisé et une mini guerre s’est installée. Il me parle de partir travailler au Mexique mais la peur le freine, peur de l’inconnu, peur de ne pas savoir s’adapter. On cause un bon moment, il me prend pour un surhomme mais je lui cause de mes craintes quotidiennes. Elles ne m’arrêtent pas, bien au contraire, elles sont justes là pour m’avertir du danger et je découvre que je peux les surmonter. Allez Davide, fait ton sac et tu verras que la Terre n’est qu’une petite île, où que l’on soit on y rencontre que de bons voisins… Je reprends la route ventre repus et cœur léger de cette belle rencontre, j’aime bien transmettre de l’énergie positive à qui veut la recevoir. Mais la route est longue encore une grosse montée le vent dans le nez, j’abdique, je baisse la tête et fait le vide il faut que j’avance c’est tout. Enfin, j’arrive aux abords de La Spezia, deux routes se présentent à moi, droite, gauche ? C’est une longue descente, je vais vite et je n’arrive pas à détailler ma carte, je choisis celle qui mène vers le Sud-est. Hasard ou pas je me trompe d’itinéraire, j’avais décidé de stopper dans ce grand port mais c’est une périphérie qui me l’a fait éviter. Ok, j’ai compris ce sera une très longue journée, le plat descendant au programme, ce n’est pas si mauvais quand même. J’avance, le compteur affiche bientôt les 100km, je trouve une auberge de campagne, ok les mascottes, on va pas faire les difficiles. Une chambre proprette pour une poignée de figue, c’est le camp de ce soir. On est à la frontière avec la Toscane.

A pluche…

Au 100éme jour, la Méditerranée…

20 septembre 2012
100 jour que j'attendais ce moment...

100 jour que j'attendais ce moment...

Ce matin je ne fais pas le mariolle, je dois traverser le massif des Apennins ligure avec mon poids-lourd de vélo ; qui vivra verra !Je suis motivé, derrière la grande bleue m’attend. Je suis au fond d’une vallée très encaissée, autoroute, train et route nationale se partagent l’étroit lit de la rivière traversant les villages, un vrai capharnaüm. Un mémorial me rappelle que c’est ici qu’a grandi le champion Fausto Coppi, la route lui rend hommage. Je redoute encore plus la journée, il est rare qu’un grand cycliste s’entraîne sur du plat. Les montagnes rendent la vallée obscure, la route est jonchée de détritus, ce n’est pas un coin pour romantique. Je suis agréablement surpris, les lacets ne sont pas violents et j’arrive à garder une bonne moyenne. Je suis pratiquement seul, le gros du flux routier est sur l’autoroute qui dessert Genova. Au bout d’une heure trente j’attaque le col, une pauvre bosse de 2,5km/h que j’avale à 11km/h, je crois que je suis motivé !!! En haut, le village de Passo dei Giovi, un magasin a écrit en gros sur sa devanture : Chi cerca trova, (qui cherche trouve) ! Un clin d’œil de plus. Je cherche et je trouve à donner mon meilleur, à petit pas j’avance. J’enfile mon coupe vent couleur poussin valaisan et fonce vers la mer. Je suis prudent mais c’est tout de même grisant que de savoir que le Mare Nostrum est à quelques encablures. J’encourage, tous les cyclistes qui grimpent le massif à l’inverse de ma descente, je suis aux anges. La chanson Bel Ciao me vient en tête, je me mets à la chanter à haute voix, je n’ai pas le talent d’Yves Montant mais ses paroles me portent encore plus. Je me surprends à sangloter en même temps que je roule en roue libre, yes i’m a free man.

« Una mattina mi son svegliato, o bella, ciao! Bella, ciao! Bella, ciao, ciao, ciao! Una mattina mi son svegliato e ho trovato l’invasor…//… È questo il fiore del partigiano morto per la libertà!» »

A ma grande surprise j’arrive au centre de Genova seulement après deux heures de route, j’en avais prévu au moins quatre! Je m’autorise un arrêt café dans un bar au hasard où je peux mettre mon vélo à vue. Un expresso bien serré et une brioche, je l’ai méritée. La serveuse est curieuse, mon barda, ma dégaine, mon accent… Je lui raconte mon périple, elle me demande si à part l’italien je parle une autre langue. Drôle de question ! Elle entame la conversation en espagnole, je ne la maitrise pas comme la langue de Dante mais j’essaie de comprendre où elle veut en venir. Equatorienne elle a émigrée en Italie, plus précisément elle est née à Guayaquil. J’y ai posé mes pieds il y bien longtemps, à l’époque je pouvais dire mes pieds ! Le voyage en train jusqu’à Quito restera gravé à tout jamais dans mes souvenirs. 12 heures de montée dans les Andes avec une micheline tellement bondée que les voyageurs font le voyage sur le toit du wagon. Puis les Galapagos encore tranquille, il y a au moins trente ans. Liliana m’offre le café, une fois de plus en quelques minutes la magie du voyage a opéré… Je traverse le grand port ligure, un vrai bonheur. Je connais par cœur le coin, j’y ai fait escale à maintes reprises avec mon Cabochard, j’y ai été marin au pair pour une belle italienne. Ne vous inquiétez pas Véro connais Lucia, dans mon premier livre je lui rends hommage. Grâce à elle, j’ai compris que je pouvais réaliser et vivre mes rêves. Elle, la piémontaise, est venue dans le monde macho de la voile professionnelle une figure de la régate. Elle fût élue skipper de l’année par les journalistes des magasines spécialisées en voile, italiens. Pour un hiver j’étais l’homme à tout faire, elle faisait partie de l’équipage féminin qui avait gagné  la course de l’Europe, contre des : de Kersauson, Parlier et autres pointures… De son côté Autissier, Chabaud, Arthaud et bien d’autres formaient un équipage de charme mais de choc… Je reprends ma « pédalerie » le cœur léger. Comme tous les grands ports du monde, la foule est multiraciale, en quelques pas on change plusieurs fois de continent. Je suis prudent, la conduite ici est périlleuse, mais j’ai confiance. Je quitte la mégapole par le lieu où se déroule annuellement le salon nautique, il y a bien longtemps le Cabochard avait dû user de tous ses charmes pour empêcher le sacrilège de l’échanger contre un plus gros en « plastoque » ! Je pousse vers le Sud Est, au loin le promontoire de Portofino, il me coupe la route je vais devoir le gravir. 37’ en plein « cagnard » à 6km/h. En bas le cap de San Fruttuoso où une statue de Madone est fixée par -18mts, de l’Europe entière les couples de plongeurs viennent s’y marier, j’y ai fait des bulles. Vous voyez je n’ai plus le temps de déprimer…

Aujourd’hui cela fait 100 jours que je me suis élancé en kayak depuis l’océan Arctique en Norvège pour arriver en Méditerranée, 100 jours de doute, de volonté, de rire, de pleure, de partage, de solitude. 100 jours pour crier à tue tête : Yes i’m a free man.

PS : Je viens de faire gouter aux mascottes une spécialité locale, la farinata. De Nice à Menton et même à Bastia, elle porte un autre nom, on appelle cette galette de farine de pois chiche, la socca… Un vrai régal, mais un poil pesant pour le cycliste en effort !

A pluche !

Le col Simplon…

17 septembre 2012
Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien...

Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien au sommet du col...

A peine sorti de la ville de Brig la route prend du dénivelé, je sais que ce sera long et difficile. Je m’efforce de ne pas y penser, aujourd’hui je dois me moquer du kilométrage pour me concentrer sur cette ascension. Je redoute les blessures, tout est réparé, cicatrisé, ça passe ou ça casse ! Le pourcentage est déjà bien engagé, je me cantonne sur une fréquence de pédalage moyenne, je ne dois pas me mettre en surchauffe. La vitesse est faible, 6,5km/h, un panneau indicateur me nargue, il indique le sommet du col à 24km. Le moignon n’est plus blessé donc plus douloureux, le tendon d’Achille est comme neuf et le genou gauche n’a plus envie de se faire plaindre, le bonheur ! Un cycliste hier m’a fortement conseillé d’emprunter la route cantonale, (l’équivalent de la nationale en France), elle est plus fréquentée mais plus régulière. Je suis ces conseils, à ma grande surprise peu de monde en cette matinée de septembre me double. Prudent, tous les quarts d’heure j’avale une gorgée d’eau mais lâcher le guidon d’une main à cette vitesse devient un exercice de cirque. Mon premier arrêt au bout d’une heure, je récupère bien, il ne me semble pas de trop forcer. Je reprends ma « pédalerie », le rythme s’installe et je peux me permettre de rêver. Les jambes montent mon corps, mon esprit, lui balade vers le sud. Je sens une voiture qui ralenti derrière moi, Marlène, Gilles et leur fidèle Taïko ont tenu leur promesse. Ils ont laissé leur gîte de la Lourantze pour venir m’accompagner. Gilles prend ma caméra pour fixer quelques images mais au prochain parking je vais m’alléger de mes lourdes sacoches. Oui je sais,petit joueur le Frank mais entre vous et moi , je veux arriver entier ! Je reprends la route mais il me semble voler, 17kilos en moins cela fait une franche différence, je me sens nu mais quel bonheur de grimper sans crainte de blessure. De 6,5 je passe à 10km/h, je papillonne. Le col n’est plus qu’à 11 bornes et je me suis bien habitué à cette cadence. Les tunnels abris avalanches se succèdent et les travaux avancent avant le retour de la neige, je zig-zag entre les plots. Finalement le Simplon montre le bout de sa chemise, j’en vois son col ! 2h45 pour atteindre les 2005mts d’altitude, le point culminant d’Arcticorsica. Mes amis m’attendent, nous immortalisons l’instant par quelques photos et pour fêter cela nous nous installons au café du coin pour une grosse part de tarte à l’abricot bien méritée. Je remonte tout mon barda, je suis soulagé que cette partie du raid se soit très bien passée. Il est temps de se dire au revoir, ce n’est pas un adieu, le Valais et ses habitants me ravissent et je profiterais de la première occasion pour y remettre ma prothèse. Je file à grande vitesse vers l’Italie, je suis grisé de cette longue et belle descente, mais je reste vigilant, la route n’aime pas les insouciants. Je passe la frontière transalpine sans soucis, les douaniers italiens ne s’inquiètent pas trop de mon passage. Je ne veux pas être trop gourmand, je stoppe ma journée de vélo à Domodossola, mon compteur affiche 65km avec un grand col alpin franchi. Bien-sur la machine à cogiter tourne plein pot, environ 500km avant Piombino, j’évalue, j’anticipe mais ma conscience me rattrape, il n’est pas bon de penser trop en avant, juste le moment présent est important.

Il y a deux sortes de temps : Il y a le temps qui attend et le temps qui espère… Jacques Brel

A pluche !

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Quai de gare…

16 septembre 2012
Souffrance, mutilation, amputation qui unis les hommes... Sacrée vie!

Souffrance, mutilation, amputation qui unies les hommes... Sacrée vie!

Quai de gare : Il devient beau, quand ma  bien-aimée arrive et croule de tristesse quand elle me quitte…

Un week-end merveilleux de partage, pour finir en beauté. Mettre des mots m’est impossible, je ne saurais assez remercier tous nos amis valaisans, amis ne convient certainement plus, je dirais, famille d’adoption. Merci de vos sourires, merci de votre disponibilité, de votre sincère gentillesse. Une soirée au refuge de la Lourantze avec ma belle, pour énergiser nos âmes, endroit de carte postale qui possède des vibrations fantastiques. Réunis autour d’une table j’ai oublié quelques instants la dureté de vie que je me suis imposé pour ce périple, j’ai pu faire un lâché-prise si indispensable pour continuer. Gaby, stagiaire Bout de Vie 2010 avait fait le déplacement depuis Besançon, un autre plaisir partagé à l’écouter raconter sa deuxième vie. Plus de diététique, plus de contrainte, ma princesse me soigne, me gâte, je me régénère, je cicatrise. Mais le temps passe, le sablier n’a pas de sentiment, il nous file entre les doigts. Nous traversons la montagne pour retrouver Crans-Montana, encore des sourires, des échanges, c’est vrai que c’est bon le partage. Ma veste verte disparue, une jaune apparait, de grenouille bruyante, je deviens poussin itinérant !  Gâté à en rougir je ne saurais comment tous vous remercier. J’ai une idée, j’irais au bout de ma croisade en apportant vos sourires. Il y a bien longtemps un avion de chasse m’a broyé, humilié, martyrisé, son nom était « Crusader », en anglais cela signifie : Croisé. Je suis repartis dans ma croisade, pas de croix sur ma bannière, pas d’arme autour de ma taille, de l’amour et de la détermination. Ce soir je me sens seul physiquement mais mon âme est comblée de nouveau. Je viens de dresser mon camp à Brig, devant moi a surgi un grand dragon, le col du Simplon. Alexandre le grand aurait passé les Alpes avec des éléphants, moi je vais tenter à vélo sur une patte, il serait simpliste de croire que seul les moyens changent le voyage, pourtant c’est certain, je poursuis ma route pour un motif , un cri, un appel. Je me répète, je ne le fais pas pour une cause car je suis la cause. Plus de trois mois avec le même objectif, arriver au bout de mon rêve, donner mon meilleur pour finir tout là-bas, qui est de moins en moins loin. Merci à vous tous, ma belle m’attend au bout de la route, j’ai revêtu mon armure et vais repartir affronter mes peurs, mes doutes, mes souffrances, j’esquiverai les coups portés le sourire aux lèvres. Avancer, il n’y a plus que ça qui compte. Si ce soir la solitude est de nouveau ma compagne, vos rires tintent encore tout au fond de moi. Merci de tout mon cœur, je reviendrai…

Le profile du col Simplon...

Le profil du col Simplon...

Terre valaisane, terre d’amis…

13 septembre 2012
Les Alpes soupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Les Alpes saupoudrées de blanc, le Léman en frisonne...

Il m’est difficile de réaliser que je suis arrivé en Suisse romande pourtant ce n’est pas un rêve mais bel et bien une réalité. Une nuit sous un toit d’amis change les données, le partage, les retrouvailles, un pur bonheur. Ce matin je pars pour plus de 100km de route mais cette journée sera bien différente des autres ! Pour commencer, Maurice voisin de mes hôtes Juliette et Alex, passionné par le cyclisme, à ma grande surprise a sorti son vélo pour m’accompagner sur un bout de chemin. Plus de carte à contrôler je n’ai qu’à suivre. A Vevey on se dit au revoir et je poursuis. Au bout du Léman je fais une pause café, les montagnes sont saupoudrées de blanc, l’automne semble vouloir prendre sa place. Je vois que la presse romande est lue, une dame me félicite pour mon parcours sans que la connaisse. Le vent est dans le bon sens et il prend de la force, je suis la piste cyclable qui, à la différence des allemandes ou alsaciennes, est super bien indiquée. J’ai un rendez-vous dans quelques kilomètres alors je ne veux pas perdre de temps. Trop de pommiers pour ne pas être tenté, j’en chipe une, mais de la haut on m’a vu et l’on me puni ! Je perds ma veste de pluie, vert pomme ! Je peste, je râle, c’est inadmissible, dans un coin isolé égaré ce type de vêtement pourrait être fatale. Il faut que je reste concentré mais je sais ce qui m’attend ce soir, j’en perds les pédales ! Au nord de Martigny, je m’égare, tête en l’air, le cabochard aujourd’hui !!! Par téléphone je retrouve mes potes, que d’émotions, puis des autres arrivent. Je suis aux anges. Alex, Ricky, Yves et sa compagne m’escortent. Crans-Montana comme éclaireur, un sacré privilège. Ils retrouvent la piste et vent dans le dos nous filons vers Sion. On papote, on échange, je ne sens même plus les kilomètres parcourus. Le voyage partagé, c’est un peu comme faire un gâteau pour les personnes qu’on aime. « C’est Jo Zef qui m’a soufflé cette comparaison ». Ce soir je suis hébergé par d’autres amis, alors on m’accompagne jusqu’au moment où par hasard Gilles et son fidèle Taïko nous doublent en voiture, plus besoin de chercher l’adresse il n’y à qu’à suivre. 107 km de bonheur pour arriver au nord de Sion, l’équipe de Crans-Montana me laisse, on se reverra samedi pour une belle soirée en perspective. Gilles me loge dans sa maison d’enfance et repartira ce soir pour son refuge au lac de Tseusier. Vous allez vous dire : mais il va encore être seul , l’aventurier à cloche pied. Eh ben NONNNNNNNNNNN !!! Ma princesse arrive et ce soir après plus de trois mois d’absence nous allons enfin nous retrouver. Vous avez bien compris que demain matin je ne reprendrais pas la route, un long week-end en perspective pour un finish en beauté, comme l’île !!! Demain matin nous monterons au magnifique alpage du Rawil et Gaby ancien stagiaire de Bout de vie fera le déplacement, si cela vous tente vous êtes les bienvenus. Le lien du gîte de la Lourantze.

PS: 4300km  en trois mois depuis Mehamn pour arriver en Valais, les mascottes se demandent si en avion on n’aurait pas fait plus vite !!!

A pluche…

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

Un pur bonheur de retrouver mes amis valaisans...

Lausanne…

11 septembre 2012
Lausanne sous la pluie...

Lausanne sous la pluie...

Ne jamais se fier aux amis même proches pour vous donner des infos sur les dénivelés en vélo !!! Je ne donnerais pas de nom !!! Je me doutais bien qu’il était impossible qu’il n’y ait que du plat jusqu’au bord du Léman. Alors que je range mon bivouac les biquettes tentent de m’escroquer quelques bricoles à grignoter. Va pour un biscuit chacune ! La campagne est apaisante, et je file droit vers le sud, cela devient un rituel. Je passe la ville charmante d’Estavayer-le-lac pour me diriger vers Yverdon. Première surprise du jour une côte assez sportive en guise d’expresso. « Je le savais » pourrait être le refrain de l’hymne Arcticorsica. La piste cyclable 5 qui traverse la Suisse me donne Lausanne à 75km, la nationale, elle est à 55km. Mon choix est fait, goudron, camion on roule comme des avions ! Ouais, bof pour la rime ! Je me fais un  petit tour en rond dans Yverdon, ça aussi cela devient un rite dans les villes imposantes. Finalement je retrouve ma nationale et un long, très long dénivelé. Je monte entre 7 et 9 km/h, le vent au fil de ma grimpette devient violent, j’ai l’impression que quelqu’un d’invisible me tient le front pour ne pas que j’avance. 12 bornes à suer mais j’avance vers mon destin, alors je mouline. Je n’arrive toujours pas à réaliser que je suis proche de plein d’amis, cela me semble impossible. J’allume mon « natel » (portable en romand) et les SMS se succèdent, c’est bon les potes… Je fais abstraction de la fatigue et du cumul des mois passés, je veux arriver au plus vite dans la capitale vaudoise. Je rentre par le nord de la ville et je recherche l’auberge de jeunesse où je vais me poser. Je passe devant un palace luxueux où j’avais donné une conférence il y a une paire d’années. Je tente une expérience ! Je traverse la route à contre sens et me pointe devant l’hôtel de prestige. Du personnel abonde pour aider les riches clients à sortir leurs paquets des taxis. Un homme en costume de parade me demande expressément de ne pas rester là, je sens que je dérange. Je connaissais déjà la réaction du groom, cela me réconforte dans mon choix de vie, être libre c’est choisir ses contraintes. J’allume mon GPS et tombe nez à nez avec mon guest house. Je suis à Lausanne, c’est incroyable. Je vais faire un break demain et profiter de la ville pour effectuer quelques taches pour la suite des événements. En face, les Alpes, dans quelques jours je vais m’attaquer au col de Simplon mais pour l’instant je suis le pied dans le lac Léman. Pour finir mon journal de bord je voudrais juste vous faire partager ceci.  Ce matin au poste j’ai écouté les infos : Fin de la dictature en Birmanie ! Bonne nouvelle ! Coca cola va pouvoir s’implanter sur le territoire ! Les birmans sont libres, ils vont pouvoir avoir du diabète et des cancers sournois comme les occidentaux !!!

PS : Jo Zef poursuit ses leçons de langue à Norra. Ils sont en cours intensif de suisse romand : Fondu, raclette, croute, bec, septante, nonante et pour finir en beauté, becs.

Saluuuuuuuuuuuuuut et à pluche !

Concerto privé pour violon sur les bords du Rhin…

7 septembre 2012
Violonceliste chinois en concert sur les bord du Rhin!

Violoncelliste chinois en concert sur les bord du Rhin!

Cette journée de break m’a bien reposé et je me sens d’attaque. Je fais une grossière erreur en me changeant le pansement du moignon juste avant de partir, j’arrache une partie de la croute et pendant une heure je suis gêné avant que tout rentre dans l’ordre. Un petit 9° de bienvenue et je rejoins la piste du romantique du Rhin. J’espère que la partie française sera plus agréable que celle allemande. Je suis pour de bon sur la berge du grand fleuve et le revêtement est un vrai tapis, cela me présage une belle journée. Un faisan ne semble pas vouloir me faire passer, parole de mascotte il a failli finir dans la sacoche cambuse. Quatre biches nous observent sans être trop apeurées par le convoi d’anges heureux ! Un vol d’oies filent vers le sud, je retrouve enfin la sensation d’être proche avec la nature. Mais tout a une fin, un panneau me fait filer vers l’ouest loin du Rhin. Adieu, veaux, vaches, cochons, les affres des nationales nous tendent un piège. Je traverse un village quand je tombe nez à nez avec une voiture immatriculé 2B. Jo Zef jette l’ancre, il faut le trouver, un bastiais en Alsace ça ne court pas les chemins. Je raisonne la mascotte, vu l’heure matinale il ne serait pas éduquer de réveiller un village pour retrouver notre compatriote, nous poursuivons. Les panneaux ont du être vendus, plus aucune indication sur la route du Rhin, je suis la nationale qui se dirige vers Strasbourg, il y a une piste cyclable donc pas trop de stress à avoir. Mais je râle un coup, normal non ? Je croise des cyclistes qui m’indiquent comment rejoindre la piste. Finalement je suis de nouveau dans le bon sens. La capitale européenne s’approche, déjà l’heure du déjeuné. Je me pose dans un parc sur un banc quand arrive un étudiant chinois avec son violon. Juste à porté d’oreille il se lance dans un concerto privé assez insolite. Cissé est venu étudier la philosophie en France et parle notre langue couramment. Nous échangeons philo malgré mon manque de bagages scolaires mais l’école de la vie m’a donné des cours du soir ! Je me lance dans la grande ville en confiance, il doit y avoir un parcours fléché pour rester sur le bon chemin. Eh ben non ! Je suis excédé par cette fausse pub que certains panneaux affichent : la piste cyclable du Rhin est tellement bien indiquée que l’on peut la pratiquer sans carte… Une heure de galère, des gens gentils à tour de rôle me font retrouver la route. Finalement je rejoins le canal navigable du Rhin et sa voix cyclable jusqu’à Bâle. Je souffle, je suis enfin sorti de cette pieuvre géante. Le canal est droit à n’en plus finir mais plutôt agréable la température monte d’un cran, cependant une longue allée de platanes donne une sensation de fraîcheur. Je dépasse le cap des 100km, au prochain village je vais me trouver un coin pour poser ma tente. Ce soir entre le Rhin et son canal je suis enfin en bivouac, ce n’est plus l’été mais en tout cas cela lui ressemble. La Suisse est à 115km, ça s’approche doucement…

A pluche !

PS: Une pensée pour Dominique Benassi qui va défendre son titre de champion du monde de triathlon half Iron man à Las-Vegas ce week-end… Forza Dumé…