Des Cols et des Ecoles: Corte-Ajaccio

25 juin 2013
Deux hommes, deux vèlos, deux jambes mais une infinité de courage...

Deux hommes, deux vélos, deux jambes mais une infinité de courage...

Col de Vizzavona atteint, le sourire au rendez-vous.

Col de Vizzavona atteint, le sourire au rendez-vous.

« Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent. »

Cette citation de Nicolas Machiave pourrait-être celle du jour. Corte 8h12 c’est un départ pas comme les autres la difficulté va être une amie collante et perfide, mais « l’éclopé » n’est pas facile à charmer ; il ne prend son pied que rarement ! La température est idéale, la brise d’Ouest nous annonce une difficulté de plus mais l’équipe Bout de vie en a vu d’autres. A peine quitté  la capitale historique de l’île, la côte nous nargue, on va devoir travailler d’arrache pied ! Le tandem lorrain est en forme, quand à Jérôme la confiance l’envoute à son insu. Le rythme est vite retrouvé, mais la première avarie survient, Hervé et Franck crèvent, Laurent solidaire du groupe déchire son pneu avant ! Mais il en faut plus pour décourager nos amis, la caravane repart de plus belle, je pense que la communication autour de cet événement y est pour beaucoup, les véhicules qui nous surpassent nous encouragent à grand coups de klaxons et de hourra ! Encore un coup dur pour les lorrains leur dérailleur casse net ; ils jettent l’éponge sans pour autant que leur sourire s’envole, nous avons tous vécu des situations bien plus pire que ces bricoles mécaniques. Tandem chargé dans le fourgon, ils nous suivent de près warning scintillant, une sorte de convoi d’anges heureux. La belle descente de Vivario nous permet de chasser l’acide lactique cumulé. Le mur de Vizzavona nous offre son lit ; Laurent ouvre la route, je le suis de près pour barrer l’effet du vent sur Jérôme et Dumé. Le pin larricu est le maitre des lieux, il a dû en voir des nomades de la route, il nous offre ces fragrances qui nous transportent aux pays des rêves où la souffrance n’est plus que souvenir. Mètre par mètre nous prenons de l’altitude, l’effort est payant, la joie pointe le bout de son nez, puis, la délivrance le col est atteint. Notre jeune sarthois ne dit plus rien, il sait « qu’il l’a fait », je suis, nous sommes, fiers de lui. Mais nous ne sommes pas là en touristes mais en porteurs de flambeau d’espoir et de prudence. Nous dévalons à plus de 65km/h la côte Ouest du géant. Le Monte d’Oro insensible à la vantardise humaine semble ému d’une si belle troupe. La pleine de Peri nous surprend en plein délire, nous sommes à 42km/h de moyenne, l’euphorie est maitresse de bien de vertus mais il faut s’en méfier, elle est amie intime avec épuisement ! Nous redevenons sages, la cadence devient plus humaine, aux portes d’Ajaccio un supporter de choix nous attend, Thierry Corbalan, alias U Dolfinu nous ouvre ses bras et son si beau sourire, accolade et nous filons vers notre hôtel vu sur le golfe d’Ajaccio… Vous avez dit handicapé ?

Mais comme vous le savez maintenant, nous sommes aussi là pour témoigner, ce soir nous sommes reçus par Eric Pasero au Creps d’Ajaccio, une belle soirée de rencontre et d’échange.

A pluche

Avannaa- Kujataa…

4 avril 2013

Quel vent contraire les copains ! c’est un coup à perdre une jambe !!! Je pédale mais ma tête vagabonde, mon petit camp planqué là-bas entre torrent et maquis m’occupe l’esprit, une manière originale d’envoyer le Grégale* se faire voir. C’est quand même bizarre de toujours vivre en marge de la société, je vous promets je ne me force pas, c’est un équilibre qui me rend serein. Mais en y pensant bien mon quotidien est souvent teinté de solitude choisie et je l’alimente, une alchimie où j’emmagasine beaucoup d’énergie que de temps à autre j’aime partager. Mais en y réfléchissant bien nous y sommes une poignée à vivre de cette manière ! Entre deux rafales j’entends le chant des grenouilles, non pas celles des marais mais du signal de mon portable qui indique un SMS, mais la pensée est plus forte que le virtuel. 70 km après je procède à mes étirements quand je réalise qu’un fournisseur de téléphonie a gagné une action en bourse grâce aux messages que l’on m’a laissé ces derniers jours ! Ce n’est pas vrai ; Niko mon frère de glace m’envoie un kutaa* de Kullorsuaq sur la côte Ouest du Groenland, il y retape sa bicoque. Waouh mais je ne suis plus seul à faire des trucs pas dans les clous ! Voilà une news qui fait du bien, la routine tue tout, une petite maison, un petit boulot, le samedi les courses, « krotte en tas » à la télé pour la touche d’exotisme, les 50 ans du copains, le baptême du p’tit dernier, le mariage du cousin et la même station de ski familial depuis 20 ans ! Une corde, une corde messieurs les bourreaux ! Niko a tout plaqué pour être libre et vivre sans fil au pied ; un privilège à notre époque. Tout le monde est devenu otage du conformisme et dans ce frère de glace je retrouve ce côté insaisissable qui nous rend libre comme le vent. Dans mes voyages du bout du monde de temps à autre je croise un frère ou une sœur nomade, leurs choix de vie est simple : quitter la voie tracée pour ouvrir un sentier inconnu. De plus en plus nous avons la chance de pouvoir communiquer mais une fois de plus le trop tue le nécessaire. Plus personne ne tient ses promesses, les avis changent aussi vite que le vent tourne en Méditerranée, alors pourquoi vouloir refaire le monde, il suffit de construire le sien sans vouloir ressembler à qui que ce soit. Au plus vite je vais aller encore monter quelques murs de pierres sèches, là-bas dans mon repaire de brigand, loin des paons qui paradent. A propos savez-vous comment communiquent ces volatiles ? Non ! Soyez attentifs, je suis sur qu’il y en a autour de vous, souvent ils criaillent « moijaifait » et « jauraipuêtre ». Je ne suis pas chasseur mais c’est vrai que la chevrotine me tenterait bien ! Les bruits des clous qui fixent la planche de la cabane  verte à Niko  croisent les martèlements de la massette qui ajuste le bout de granit pour bientôt y abriter bientôt une laitok*. Lui, au Groenland où dans la langue inuit pour dire femme on dit « Arnaq » et fille « Panik », moi, en Corse où arnaque et panique ont toutes autres significations ! Par la pensée je vais lui envoyer un peu de figateddu arrustitu* et lui m’enverra un bon suaasat*…

Comme le disent si bien ces peuples du grand Nord : La terre ne nous appartient pas elle nous a été prêtée par nos enfants.

* Avannaa- Kujataa : (inuit) Nord-Sud.

* Grégale : (corse) Vent d’Est.

*Kutaa : (inuit) Bonjour.

* Laitok : (lapon) Tente saame.

*Figateddu arrustitu : (corse du sud) saucisse de foie de cochon grillée.

* Suaasat : (inuit) Bouillon de phoque.

Quelques clichés que j’ai chipé sur le face book de Niko: Copyright  bien sur:

Une cabane du bout du monde; home sweet home...

Une cabane du bout du monde; home sweet home...

En hiver la nuit dure deux mois.

En hiver la nuit dure deux mois.

Ce n'est pas du folklore à deux balles, juste un moyen.

Ce n'est pas du folklore à deux balles, juste un moyen.

Un voisin chasseur...

Un voisin chasseur...

Corse olympique !

28 septembre 2012
P9280009.JPGweb

Dumé: Porteur de flamme d'accord, mais surtout offreur d’énergie...

Me voilà enfin prêt sur une plage en face de l’île d’Elbe. Je n’aurai pas traversé les 54km qui m’en sépare mais vu l’état de la mer je suis apaisé d’y avoir renoncé. La houle se brise sur la berge et je pressens un départ sportif. Dume a repris le relais de Steve et je suis tout heureux d’être en sa compagnie. A l’embouchure du fleuve Golo je remonte Immaqa, j’ai du mal à croire que je suis en Corse, je dois me pincer pour en être bien sur. Quel bonheur de retrouver Dumé, il vient de remporter son 13éme titre de champion du monde de triathlon à Las-Vegas, une sorte de routine. De sa voiture il me sort un objet sous étui ! Depuis plus de trois mois que je suis parti j’en ai loupé des news, je n’ai rien vu des JO de Londres. Sous mes yeux, mon « frangin choisi », sort comme par magie le flambeau qui a transmis la flamme olympique depuis Olympe en Grèce à la capitale Anglaise. Il a eu l’honneur d’être ce porteur de flamme, symbole de la lumière éternelle. Nous déjeunons ensemble sur la plage, seuls au monde, des grands moments de sérénité. Je dois reprendre le cours de mon aventure, presque une semaine que je trépigne.  Je mets mon kayak face aux déferlantes, mais je me sens maladroit, je ne suis pas assez concentré, pas encore dans le travail qui m’attend. Dumé me pousse mais les vagues ont reçu un contrat de la Méditerranée jalouse de ma longue absence. Je passe avec beaucoup de difficultés les rouleaux qui se brisent sur le sable. Immaqa se met en travers, sa stabilité n’est plus à prouver mais je peine à sortir des rouleaux compresseurs. Je ramasse de gros paquets de mer sur la tête, je suis trempé de la caquette à la prothèse. Finalement j’ai passé la barre, Dume me salue une dernière fois, je reprends ma « kayakerie » vers le sud. Le vent est nul mais la mer est désordonnée, houle croisée de sud-est et de nord-est. Je me fixe 20km car il est déjà tard. Je monte, je descends, les images de mon périple en mer de Botnie me remontent au visage, je dois retrouver mes automatismes. Le bout de la commande du safran a sauté de son réa, je dois me déhancher pour remettre avec ma pagaie mon gouvernail en action, j’ai oublié de fixer ma montre sur mon tableau de bord, je ne suis pas à l’aise. Je tente de me concentrer, cette sortie m’est nécessaire, une remise à niveau comme à l’école. Finalement il m’aura fallu 5heures pour parcourir ces 20km de cabotage. Je prends l’option de m’arrêter dans le port de Taverna, qui est très bien abrité de la houle grossissante. Un port abrite les bateaux mais y monter la tente y est plus compliqué. C’est vrai,  je ne suis plus en terre étrangère, Daniel leader du groupe musical I Mantini m’attend, ce soir je dormirai chez lui. Le nomade errant cherche dans son voyage son vrai « moi » et pour ça il vit sans toit !!!

A pluche !

Le col Simplon…

17 septembre 2012
Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien...

Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien au sommet du col...

A peine sorti de la ville de Brig la route prend du dénivelé, je sais que ce sera long et difficile. Je m’efforce de ne pas y penser, aujourd’hui je dois me moquer du kilométrage pour me concentrer sur cette ascension. Je redoute les blessures, tout est réparé, cicatrisé, ça passe ou ça casse ! Le pourcentage est déjà bien engagé, je me cantonne sur une fréquence de pédalage moyenne, je ne dois pas me mettre en surchauffe. La vitesse est faible, 6,5km/h, un panneau indicateur me nargue, il indique le sommet du col à 24km. Le moignon n’est plus blessé donc plus douloureux, le tendon d’Achille est comme neuf et le genou gauche n’a plus envie de se faire plaindre, le bonheur ! Un cycliste hier m’a fortement conseillé d’emprunter la route cantonale, (l’équivalent de la nationale en France), elle est plus fréquentée mais plus régulière. Je suis ces conseils, à ma grande surprise peu de monde en cette matinée de septembre me double. Prudent, tous les quarts d’heure j’avale une gorgée d’eau mais lâcher le guidon d’une main à cette vitesse devient un exercice de cirque. Mon premier arrêt au bout d’une heure, je récupère bien, il ne me semble pas de trop forcer. Je reprends ma « pédalerie », le rythme s’installe et je peux me permettre de rêver. Les jambes montent mon corps, mon esprit, lui balade vers le sud. Je sens une voiture qui ralenti derrière moi, Marlène, Gilles et leur fidèle Taïko ont tenu leur promesse. Ils ont laissé leur gîte de la Lourantze pour venir m’accompagner. Gilles prend ma caméra pour fixer quelques images mais au prochain parking je vais m’alléger de mes lourdes sacoches. Oui je sais,petit joueur le Frank mais entre vous et moi , je veux arriver entier ! Je reprends la route mais il me semble voler, 17kilos en moins cela fait une franche différence, je me sens nu mais quel bonheur de grimper sans crainte de blessure. De 6,5 je passe à 10km/h, je papillonne. Le col n’est plus qu’à 11 bornes et je me suis bien habitué à cette cadence. Les tunnels abris avalanches se succèdent et les travaux avancent avant le retour de la neige, je zig-zag entre les plots. Finalement le Simplon montre le bout de sa chemise, j’en vois son col ! 2h45 pour atteindre les 2005mts d’altitude, le point culminant d’Arcticorsica. Mes amis m’attendent, nous immortalisons l’instant par quelques photos et pour fêter cela nous nous installons au café du coin pour une grosse part de tarte à l’abricot bien méritée. Je remonte tout mon barda, je suis soulagé que cette partie du raid se soit très bien passée. Il est temps de se dire au revoir, ce n’est pas un adieu, le Valais et ses habitants me ravissent et je profiterais de la première occasion pour y remettre ma prothèse. Je file à grande vitesse vers l’Italie, je suis grisé de cette longue et belle descente, mais je reste vigilant, la route n’aime pas les insouciants. Je passe la frontière transalpine sans soucis, les douaniers italiens ne s’inquiètent pas trop de mon passage. Je ne veux pas être trop gourmand, je stoppe ma journée de vélo à Domodossola, mon compteur affiche 65km avec un grand col alpin franchi. Bien-sur la machine à cogiter tourne plein pot, environ 500km avant Piombino, j’évalue, j’anticipe mais ma conscience me rattrape, il n’est pas bon de penser trop en avant, juste le moment présent est important.

Il y a deux sortes de temps : Il y a le temps qui attend et le temps qui espère… Jacques Brel

A pluche !

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Un gros coup de blues…

18 août 2012
Un dernier échange complice avec Valentin avant le départ...

Un dernier échange complice avec Valentin avant le départ...

Le zip d’une tente qui s’ouvre, Valentin a du m’entendre ranger mon vélo, on discute ensemble. Je l’observe partir vers les sanitaires, privé de ses deux jambes il n’est pas appareillé. Je vois en lui un gamin serviable, toujours souriant qui malgré sa double amputation fémorale est la joie de vivre. Je suis à fleur de peau, ces 3000km de vélo me font des soucis, ai-je bien estimé l’effort ?  Il revient, je me maudis d’être aussi axé sur mon égo, au loin il me sourit, je me mords les lèvres. Le cumul des deux mois passés peut-être, je me mets à pleurer comme un gosse. Je m’agenouille, il me prend dans ses bras. Promis, « neveu de vie », pour toi je donnerai le meilleur de moi-même, promis !

Aujourd’hui je vais me retrouver seul, le camion va rentrer pour la France, je ne dois rien oublier. Je vérifie une énième fois mes sacoches et nous partons. Je n’ai pas récupéré de la journée d’hier, je crois plutôt que c’est mon mental qui est en bas. Je fais mouliner mes jambes mais ça ne veut pas venir, je tente le vide. Je connais ces situations, il faut les contourner plutôt que les affronter. Jusqu’à midi, c’est difficile. A l’entrée de la ville de Norrköpping, l’autoroute me barre la route, je n’ai pas l’énergie de me perdre, je charge le vélo dans le fourgon. Une fois passée la plus grande ville de la région, nous nous arrêtons pour le déjeuner sous des pins. Nicolas et Robin sont euphoriques de savoir qu’ils vont repartir pour la France, quant à Valentin je le sens triste de cette séparation. On se serre la main et je reprends ma route en solo. Le soleil me cuit le cerveau, je pédale mais je n’y suis plus. Au 100éme km je stoppe tout. Un hangar oublié au bout d’une route fermée, me servira d’abri pour ce soir. Je n’ai pas beaucoup d’eau mais je vais m’arranger pour tenir le coup jusqu’à demain, je trouverai bien une ferme sur mon chemin. Je monte ma petite tente, la tristesse m’a bien en main, mon rendez-vous hebdomadaire du vendredi 17h40 sur France Bleu Frequenza Mora me demandera beaucoup d’effort pour rester dynamique. J’appelle ma princesse, deux mois qu’on ne s’est pas vu, elle me manque. Je crois qu’il va me falloir une bonne nuit de repos pour retrouver mon énergie habituelle. Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas dissimuler mes ressentis, quand ça ne va pas trop fort, je ne dois pas vous le cacher. Une expédition aussi engager demande beaucoup d’énergie, plus mental que physique. Je m’autorise de temps à autre, à vider le trop plein. Ce soir je ressemble plus à un clochard des routes qu’à un bel aventurier qui ne redoute rien. J’ai mes peurs et ce soir je crois qu’elles seront dans mes doutes embrumés.  Je vais serrer très fort mes deux protégés, comme le fait un gosse qui a peur du noir, demain il fera jour et le guerrier pacifique reprendra sa croisade.
Bise à tous.

Jour de repos et rencontre…

30 juillet 2012
Encore et toujours un bel accueil chaleureux, quel bonheur !!!

Encore et toujours un bel accueil chaleureux, quel bonheur !!!

L’été suédois continue de sévir, pluie discontinue toute la nuit, il parait que c’est le pire depuis quelques décennies ! Je suis en avance sur mon programme de navigation, je décide de rester là aujourd’hui. Je sens que mon corps et surtout mon esprit ont besoin de calme, de reprendre un peu d’énergie. Hier soir j’ai appris que le village était à 5km et qu’il y a avait une épicerie. Tranquillement muni de mon sac à dos je pars en balade. Des fraises des bois grosses comme des cerises que personne ne ramasse, certainement la peur d’attraper la maladie transmise par les renards. A l’Ouest une barre bleue d’azur, certainement le retour du soleil. Au détour d’un virage une biche traverse, sans se soucier de moi, la route..  belle rencontre matinale. La route semble mener à nulle part, à la première maison habitée je m’informerais. Pour l’instant tout semble vide, puis une cabane blanche a la porte ouverte. Un homme en peignoir me sourit, je lui demande si je suis sur la bonne route pour le village et à quelle distance exacte est-il ? Encore 5 bornes mais il n’ouvre qu’à 9h, je dois y aller moi aussi me dit-il. Je le remercie mais je préfère un peu marcher dans ce cadre magnifique, la pluie fait ressortir toutes les fragrances de la forêt, je m’enivre de bon matin ! Un taxi me double et ralentit, il me demande ma destination, mais je ne veux pas de ses services. Il insiste, sa cliente derrière ne dira rien, elle a un lourd déficient mental, il l’amène dans un centre spécialisé. Entre vous et moi je crois surtout qu’il a surtout envie d’avoir une compagnie, sa cliente est très agitée et je le sens un peu perdu !!! Finalement il me déposera sans me demander quoi que ce soit devant la superette, ma casquette avait l’air de plaire à la jeune fille qui n’arrêtait pas de vouloir me la chiper.
Je fais mes courses en essayant de ne rien oublier, ma liste en main je salive déjà du festin de tout à l’heure. A la caisse je reconnais l’homme en peignoir, qui ne l’est plus d’ailleurs. Il discute avec moi et me propose de me ramener jusqu’à mon camp. Lars travaille au parlement à Stockholm et semble passionné par ma « croisade ». Il me demande si j’ai contacté les médias suédois ? Je ris en lui répondant, vous savez en ce moment je ne pense qu’à une seule chose, avancer en restant entier, façon de parler ! Il me propose de le faire pour moi. Je lui laisse mes coordonnées sans trop y croire. Alors que je me prépare un petit déjeuné pantagruélique, mon téléphone sonne, une journaliste veut me rencontrer. Ce matin je ne savais pas si je reprenais la mer et me voilà avec un agent en communication qui veut faire la promo de Bout de vie ! Jana, est attentive et demain dans le journal régional, Arcticorsica sera décrit en suédois. Mais Lars ne veut pas en rester là, il est convaincu qu’il faut que ce soit du national, il s’engage à le faire pour moi, pour vous, pour nous.
Tak Lars !

PS : Jo Zef reprend du poil de la bête, le lyophilisé ça nourrit pas la mascotte et puis il a une grosse excuse avec Norra…
A pluche !

Bout au vent…

16 juillet 2012
Il la protége, lui sussure le Sud, la Méditerranée, une île où les hommes sont rebelles mais ont un coeur gros comme le monde...

Il la protège, lui susurre le Sud, la Méditerranée, une île où les hommes sont rebelles mais ont un cœur gros comme le monde...

Encore et toujours une pluie fine, le soleil est certainement trop occupé à cramer la Méditerranée ! Un bon coup de Nord-ouest se prépare et à 5h25, heure de mon départ, il est déjà en forme. Le grand golfe d’Omnefjärden prend une allure moutonneuse, mais je passe sans problème.
Bien à l’abri je louvoie très prés de la côte pour m’éviter, les pires rafales. Hier j’étais  protégé du Sud-est ce matin planqué du Nord-ouest, ici le vent ne connait pas de répit. J’arrive à la deuxième baie du programme, je passe mais cela devient plus engagé, un poil sportif ! Je retrouve une côte sous le vent mais quelques grosses risées me plaquent au kayak, j’en ai failli perdre la pagaie. Au détour d’un cap je dois bifurquer cap au Nord-ouest sur 400 mètres, je ne dois surtout pas baisser la garde. Je mouline pour gagner du terrain, finalement je m’en sors pas trop mal. Le crachin ne cesse de jouer les supporters mais je crains la prochaine traversée, le Gaviksfjärden est profond de 6km et il aura assez d’espace pour lever un sacré clapot, cela va être dur à gérer. Je me cache derrière un gros caillou pour prendre un peu de répit et manger quelques bricoles qui vont m’aider à affronter cette épreuve. Je m’élance, branche la caméra et envoi les watts, je suis à fond, je ne peux pas donner plus. Je ne suis même pas sur que j’avance, une demi heure pour gagner 500mts et je sens que j’y passe une incroyable énergie. Sur mon tribord un fjord protégé apparait, je vais essayer de tirer un bord sur lui sans trop me mettre en travers des lames pour ne pas finir sans dessus dessous. Finalement je touche la plage, je crois que seule la pluie est mon témoin du jour, pourtant depuis un moment j’étais observé par un homme qui possède le cottage où j’ai beaché Immaqa. Je m’étire quelque peu, je m’extirpe avec peine du kayak et touche enfin la terre ferme. Je vois déjà où je pourrai monter ma tente, mais avant, ma conscience « professionnel » m’exige de comptabiliser la journée. 24km, il manque 6 pour faire mes 30 que je me suis imposé ! Mais hier j’en ai fait 42, ok, je reste !!! Oui je sais cela peut vous faire sourire, mais la rigueur et la discipline sont nécessaires dans des raids aussi long, si l’on passe sur certaines choses à la fin le projet avorte. Pendant que je me bois une tasse de café brulant, un homme apparait, il m’a surveillé à la jumelle et vient à ma rencontre. « Belle bataille, monsieur ! » Je souris et lui répond qu’avec la Botnie, il n’y a ni combat, ni lutte, juste une volonté d’avancer au mieux, aujourd’hui’hui je n’ai plus de jus pour continuer. Il m’invite dans sa maison et debout devant un feu de cheminée je me sèche de cette dure matinée pluvieuse et venteuse. Il m’offre un café et me propose une cabane voisine de la sienne. Je refuse gentiment, j’ai pris l’habitude d’être sous ma tente mais accepte d’aller prendre ma deuxième douche brulante en deux jours !!! En préparant ce projet, j’avais lu pas mal de bouquins sur les pays que j’allais traverser et souvent je remarquais que les suédois étaient froids sans accueil pour l’étranger !!! Je ne sais pas si c’est ma chance légendaire mais depuis que je suis dans ce beau pays je n’arrête pas d’être reçu comme un frère.
PS : La petite rescapée d’hier commence un peu à sécher et Jo Zef l’a prise en affection, je crois qu’elle va venir avec nous jusqu’au bout du voyage. Le Cabochard sera sa prochaine demeure, la mascotte partagera son coussin de bannette.
A pluche !

Rencontre de Gilles Elkaim…

19 juin 2012

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim...

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim et son compagnon d'aventure l'illustre Pouchok...

Aujourd’hui sera une journée de récupération pour mes petites « guiboles ». Je tente un coup de poker, une visite au camp Arktika créé par Gilles Elkaim. Cet aventurier fût le premier homme à réaliser la traversée de l’Arctique eurasien sans moyens motorisés Expédition ARKTIKA, du cap Nord au détroit de Béring 12 000 km, 4 ans en solo, en traîneau à chiens et kayak. L’année dernière avec Véro nous avions eu le bonheur de passer plusieurs jours dans ce petit paradis finnois. Gilles a posé à quelques kilomètres d’Inari, son sac pour regrouper une cinquantaine de chiens sibériens autour d’un lac et accueillir quelques passionnés d’aventure polaire. Une yourte et deux cabanes pour une vie différente… Nous empruntons une route en terre mais j’ai prévenu les jeunes qu’il y aura peu de chance de croiser Gilles, peut-être nous y verrons Gladys son assistante ! Tiens, tiens une voiture de location immatriculée en France ? Les chiens hurlent dés que nous descendons du camion, je pars en repérage. Le camp semble vide, soudain je croise le regard d’une jeune fille :                                                  Désolé de vous déranger, je cherche Gladys. Elle est partie la journée ! Tant pis, dites lui que je suis passé. Attendez, je vais appeler Gilles !!! Depuis longtemps nous nous connaissons que par nos livres respectifs, nous avons tous les deux été récompensés par la Guilde européenne du raid, mais jamais physiquement nous nous étions croisés. Nous sommes surpris, émus, ravi de ce face à face. Je fais signe aux jeunes de venir nous rejoindre. Deux jeunes assistantes en formation vétérinaire nous rejoignent. Les deux vieux loups solitaires avec de la relève éventuelle. Sans se concerter nous faisons une sorte de colloque sur le dépassement de soi. Une jeune fille ose se plaindre que la vie au camp est dur et que personne ne la félicite de son travail, ce matin j’ai remis une couche au jeunes sur le respect de soi et des règles de vie en groupe. Avec Gilles nous sommes complices comme si l’on avait préparé notre débat depuis bien longtemps. Le silence est et doit être la récompense, anticiper, prévoir, apprendre. Si nous avons réussi nos entreprises c’est que nous sommes intransigeants avec nous même, donc très exigeanst avec ceux qui veulent être initiés. Le dialogue me plait. Les filles invitent les garçons, à rencontrer les chiens, Gilles m’amène dans sa cabane pour un thé… Nous sommes heureux d’être ensembles, nos vies bien que différentes comportent beaucoup de similitudes… Nous parlons de nos présents mais aussi des lendemains… Gilles vient de restructurer un bateau en aluminium pour naviguer dans le grand Nord, actuellement amarré à la Rochelle, il prendra la mer dés que possible pour rejoindre avant juillet la côte Est du Groenland. « Pourquoi pas » amener des jeunes amputés sur les traces de Charcot… Notre hôte a du boulot, demain il reprendra la route pour rejoindre son bateau. Avec gentillesse il nous prête un canoë pour aller découvrir les lacs environnants… Je croiserai aussi avec joie Gladys…

Le hasard n’existe pas j’en suis convaincu…

Deux aventures qui se croisent...

Deux aventures qui se croisent...

Dernier soir à Mehamn…

14 juin 2012
Coup de vent sur Mehamn...

Coup de vent sur Mehamn...

Robin sur des airs d'Eagles...

Robin sur des airs d'Eagles...

Quelle riche idée de ne pas être parti ! Petit coup de blizzard assez sympa pour congeler un cycliste un poil cabochard ! La vie se déroule au ralenti, ici dans ce comptoir de pêche pas grand-chose, à part le vent et la pluie. Ces endroits rendent le moment simple et serein. Pas de course contre le temps, pas de surconsommation chronophage, chacun laisse faire le temps. Les langues se délient, les souvenirs ressurgissent, la vie est pleinement vécue. Hier les jeunes ont donné la main à Tina et Ruan qui aménage une cabane sur le bord d’un lac. Pas d’eau ni électricité, le confort essentiel, un toit, un poêle et un calme si rare à notre époque. Pendant ce temps là le grand « frère » faisait la cuisine, Jo Zef d’ailleurs n’en loupait pas une : Entrée, plat principal et dessertsss !!! Le vent redouble de force, la maison de nos hôtes est une aubaine. Ce soir c’est notre dernier soir, alors comme diner d’au revoir une rafale de crêpes sera au menu… Vivre des moments pareils semble simple pourtant c’est l’essentiel. Ma chambre est un capharnaüm de préparation, le duvet sèche, les bottes perdent leur odeur de fauve, la mascotte d’ailleurs proteste d’une telle présence. L’ordi ouvert pour classer les photos et le petit cahier bleu toujours présent pour noter à la volée quelques mots de maux. Les jeunes me visitent. Mon dernier écrit, juste pour eux… Robin rajoute le mot de fin.

La limite entre le bruit et la musique ? Le cœur…

Demain matin départ à 8h… Juste avant un petit direct sur France Bleu Frequenza Mora à 6h40…

Yakapédaler…

Fin du 10éme stage de plongée…

2 juin 2012
Au petit matin je contemple ce paysage apaisant, La Galiote à la droite du décor abrite mes stagiares, c'est simple le bonheur...

Au petit matin je contemple ce paysage apaisant, La Galiote à la droite du décor abrite mes stagiaires, c'est simple le bonheur...

Le dixième stage est déjà fini… Quelle semaine mes amis ! Tout d’abord un grand merci à Eole qui a su être clément et nous gratifier de condition exceptionnelle, la réputation venteuse des Lavezzi en a pris pour son grade, calme plat ! Les dauphins nous ont encore accompagnés, une escorte de rêve. Roselyne, Yann et leurs amis de la sécurité civile de Bonifacio ont permis aux stagiaires une visite guidée en mer des falaises de calcaire  et le baptême d’hélicoptère qui est toujours un grand moment d’émotion. Le survol des bouches de Bonifacio donne encore plus la dimension du décor de rêve où la semaine s’est déroulée. Dernière soirée en intimité dans un restaurant spécialisé en poisson ouvert que pour nos marins et la dernière nuit sur la Galiote… Le départ à l’aéroport était silencieux mais je sais, que désormais dans les moments de doutes et de révoltes le chant des oiseaux marins des Lavezzi leurs donneront du courage pour continuer à faire ce pas parfois douloureux.

Que Dieu vous prothèse !

Je me demande si Jo Zef ne serait pas chouchou de Clara???

Je me demande si Jo Zef ne serait pas chouchou de Clara???

Une belle escorte...

Une belle escorte...

L'hélico est une sorte de bouquet final, merci Yann...

L'hélico est une sorte de bouquet final, merci Yann...