Finalement la machine à vider les tripes s’est arrêtée et le vent a pris la bonne direction (nord, 10 n?uds). La yole est stable est la vie à bord n’est plus un enfer ! Le moral est repassé au beau fixe car ce départ fût un véritable calvaire.

Nous avons choisi la route des alizés qui nous assure une bonne navigation mais du coup nous voyons les autres partir comme des balles de tennis. Ca casse le moral et en plus de ça avec une mer hachée de travers : « faut vraiment être cabochard pour s’obstiner sur ce cap ! » Mais les autres c’est leur histoire…

Même pas une église dans ce patelin ! Tanpis alors on rame.

Les autres concurrents sont entrain de nous lâcher tant mieux on verra qui a fait la bonne route par rapport au vent, Dame Atlantique seule jugera… Il y a moins de vagues sur le travers donc la situation est moins éprouvante.

Le vide, le néant, vous et nous quelque part sur une autre planète. Le temps ne compte pas ; ramer, manger, dormir à l’infini…

Bonjour le mal de mer ne nous lâche pas mais ça va. Le vent est de travers et dans la cellule de survie c’est un peu comme dans une machine à laver.

Rien que d’écrire un mail est un miracle nous pensons bien fort à vous tous, vous nous manquez !

48 heures que nous sommes partis, le mini mal de mer nous lâche, la mer est désordonnée et nous secoue un peu. Le moral joue aux « montagnes russes » : un coup en haut, un coup en bas. Mais nous tenons ferme.

Cette nuit aux alentours de 23h00 trois globicéphales (famille des dauphins) sont venus nous croiser à l’avant de l’étrave. Nous entendions leurs souffles mais surtout leurs odeurs, peut-être sont-ils venus pour nous encourager.

Nous nous forçons à manger mais rien ne veut descendre, ce qui nous rassurent c’est que tous les rameurs ont les mêmes problèmes au départ.

Départ sur les chapeaux de roue avec un vent de 30 n?uds venant de derrière. Beaucoup d’émotion et de tension nous envahissent. Le dernier bateau accompagnateur nous laisse je vois le regard de Véronique (la femme de Frank) je serre les dents, pas le droit de flancher maintenant.

Pour l?instant il nous est impossible de se nourrir, nous avons l’estomac noué et un léger mal de mer nous gagne ; question d’adaptation…

La nuit fut très très longue, nous n?avons fait que ramer : aucune envie de dormir, trop d’émotion, nos joues sont salées mais pas d’eau de mer ! Le premier petit jour de cette croisade nous est chaperonné par un ciel qui est gris comme nos coeurs.

Avant le départ ma « crevette » Véro nous a remit 3 grosses enveloppes remplies de 120 messages à ouvrir un peu au hasard tous les jours, merci à tous ! Ca nous réconforte et nous soutient. Aujourd?hui midi, objectif atteint : 60 nautiques au compteur.

Encore et toujours une nuit mouvementée ! On commence à s’y habituer ! Le vent a molli pour l’instant mais pas dans le bon sens !

La patience est la politique des sages, un jour le vent s’orientera dans le bon sens et l’esprit léger nous voguerons vers notre destinée ; « LIBERTA » : libre de dormir sans chahut, libre de regarder l’horizon sans y chercher cette terre promise qui n’en finie pas de ne pas apparaître, libre de boire l’eau des fontaines, libre de manger le fruit sur son arbre. Mais surtout libre d’avoir accompli ce message de liberté à tous ceux qui croyaient que la « LIBERTE » ne leur été plus destinée.

En raison de mauvaises conditions météo, le départ de la course Atlantic Rowing Race est repoussé de 5 jours soit au mercredi 30 novembre 2005 à 12h00 heure française.

Frank et Dume poursuivent donc leur préparation physique et mentale pour ce long périple qui les attend !

Hier la dépression qui devait passer a 300 nautiques au large des îles est venue nous effleurer avec des vents de 40 noeuds comptant des rafales maxi à 63 noeuds et des vagues de sud de 4.5 mts.

Dans la petite marina la houle a mis un énorme désordre et beaucoup d’entre nous ont passé la journée et la nuit sur le pont à vérifier les amarres qui cassaient régulièrement. Ce matin la pluie ne cesse de nous inonder mais le vent est passé au nord.

Demain à 12h00 heure francaise nous prendrons le large, c’est pas l’homme qui prend la mer c’est la mer qui prend l’homme !!!

Ce matin sur l’île de la Gomera, le vent est de 30 noeuds de sud ouest. C’est-à-dire parfaitement dans l’axe de la course. De plus le territoire subi en ce moment même des pluies diluviennes.

Malgrè tout le moral de l’équipe est au beau fixe, cet après-midi la situation devrait se renforcer pour tourner dans la nuit et prendre tout doucement la bonne direction. Tous les bulletins météo s’accordent pour un vent de 15-20 noeuds venant du nord pour mercredi, jour du départ.